Guide de l’épargne et des finances solidaires en PACA sommaire page introduction Le guide de l’épargne et des finances solidaires, une réalisation collective L’épargne citoyenne au service des initiatives solidaires L’argent, outil de transformation sociale ? Investir « utilement » à travers une épargne de « conviction » page que faisons-nous avec notre argent ? Nature, sens et utilité de l’argent Redistribution publique, inégalités et pauvreté Comment peut-on utiliser son argent sous forme de don dans une optique solidaire ? page page 12 page 20 page 22 épargne et finances solidaires Enjeux Comment ça marche ? Transparence et garanties En quelques chiffres Qui sont les acteurs/actrices ? page 4 page 5 page 7 page 9 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca page 26 page 41 page 45 page 47 page 50 comment utiliser mon argent de manière solidaire ? page Je suis clientE d’une banque Je deviens associéE d’une structure de financement solidaire Je deviens investisseur/se directE page page 66 page 74 page 90 je cherche un financement pour mon projet Je sollicite un organisme de financement de développement local Je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’économie sociale et solidaire Je cherche unE actionnaire solidaire Nous finançons nous-mêmes notre projet Je sollicite des aides et/ou des partenariats Comment je construis le plan de financement de mon projet ? page 100 page 104 page 122 page 126 page 131 page 141 page synthèse Tableaux Glossaire Bibliographie Liste des sigles Index Comment s’est réalisé le guide ? Partenaires / remerciements page 148 page 152 page 155 page 157 page 158 page 159 page 160 sommaire introduction Le guide de l’épargne et des finances solidaires, une réalisation collective L’édition de guides pratiques est née de la nécessité pour l’Apeas de rendre visible et lisible dix ans de collecte d’informations, de rencontres avec des projets alternatifs, de travail de réseau et de mise en liens. De la nécessité également de donner une unité à un ensemble d’activités économiques et sociales qui participe à un même objet : proposer un modèle de développement alternatif. Ce travail d’observation a constitué le socle du projet d’édition des guides pratiques de l’économie solidaire. Pour transcrire les réalités du terrain, nous nous devions d’inviter d’autres acteurs impliqués dans ces pratiques à participer à l’élaboration de ces guides. C’est ainsi que l’Apeas a invité dans le comité de pilotage du guide de l’épargne et des finances solidaires une quinzaine d’acteurs régionaux. La plupart travaille avec les épargnants solidaires et/ ou des entrepreneurs solidaires et sont également mobilisés dans des réseaux. Le rôle qu’ont bien voulu endosser les membres du comité de pilotage a été déterminant pour la réalisation du guide. Le comité de pilotage a permis de compléter et de valider les contenus. Les réunions du comité ont également permis d’orienter et d’affiner la structuration du guide, ainsi que de suivre les décisions principales prises pour son lancement. La plupart des membres du comité de pilotage ont aussi participé directement à la rédaction de certains articles. Nous remercions chaleureusement toutes les personnes ayant participé à ce comité. Grâce à cette participation, nous pouvons présenter ici un ouvrage, certes perfectible, mais qui a l’avantage conséquent de réunir des réseaux d’acteurs variés autour d’un même objectif : développer et participer à une citoyenneté économique. Pour connaître la composition de ce comité, rendezvous au texte présentant les partenaires à la fin de cet ouvrage ! Nous avons eu dans ce guide le souci de mettre en avant l’égalité homme/femme en « genrant » les textes. Il y a des oublis mais nobody is perfect. On fera mieux la prochaine fois ! Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca introduction par BRUNO LASNIER L’épargne citoyenne au service des initiatives solidaires J e suis heureux de vous présenter ce deuxième ouvrage de la collection des Guides pratiques de l’économie solidaire édité par l’Apeas. Après la Consommation responsable et solidaire en PACA, nous vous présentons aujourd’hui le Guide de l’épargne et des finances solidaires. Le point de départ de ce guide reste le même : En tant que citoyen nous pouvons tous, par nos pratiques de tous les jours, ré-interroger le sens que nous donnons à l’économie, que ce soit par nos manières de consommer comme nous l’avons abordé dans notre premier guide, ou par notre rapport à l’argent comme nous l’abordons dans celui-ci. L’argent est au centre de nos vies et de notre société, il participe à l’organisation des échanges et au modèle économique. Parler de l’utilité et du sens de l’argent est donc éminemment politique. Cela nous renvoie à la question : dans quelle société souhaitons-nous vivre ? Aujourd’hui, le modèle économique dominant, basé sur le capital, donne une place prépondérante à l’argent et plus particulièrement à la finance. Il conduit à faire du profit la finalité de l’économie au détriment de l’économie comme moyen au service des hommes. Où est le vivre ensemble ? La mondialisation en cours, en favorisant la libéralisation des marchés des capitaux, accentue les inégalités entre une minorité qui profite de ce système et une majorité qui le subit. En plus de l’accroissement des inégalités sociales, ce système a un impact de plus en plus négatif sur la gestion de la planète, la gestion des biens communs de l’humanité (pillage des ressources naturelles, destruction de la bio diversité...). L’argent, à travers la marchandisation accrue des biens et des services, s’infiltre au coeur de tous nos échanges. Ce qui avant relevait du troc, de l’échange de services ou de la solidarité familiale devient aujourd’hui une prestation de services à la personne. Tout s’achète et tout se vend, prône le libéral convaincu. La société humaine est en fait un vaste marché où l’offre et la demande se régulent pour le bien-être de l’humanité. Cette vision d’un monde basée sur les valeurs du marché, qui institue comme finalité la recherche de profit et comme moyen la concurrence, devient chaque jour plus prégnante. Cette logique nous entraîne à ne plus nous questionner sur nos besoins réels ou nos envies mais à répondre constamment aux nécessités du marché, à consommer quitte à s’endetter, à placer son argent dans l’espoir d’en tirer un profit maximum qui nous permette de consommer davantage, etc. Le cercle vicieux s’installe. A l’opposé de cette approche, des citoyens se regroupent, s’associent pour construire des alternatives. Ils se questionnent sur la valeur de l’échange, sur une autre conception du développement plus respectueux des hommes, de la redistribution des richesses, du développement durable, du respect de l’environnement. Ils réinventent des manières d’échanger autrement, de consommer autrement, d’entreprendre autrement, que ce soit dans une économie non marchande (réseau d’échange de savoir, système d’échange local...) ou au coeur de l’économie marchande (commerce équitable, insertion par l’économie, tourisme solidaire, écodéveloppement...). En tant que consommateur, nous pouvons faire nos choix dans nos modes d’achat. Nous pouvons aussi décider d’utiliser notre argent à d’autres fins que la consommation. Etre un épargnant solidaire, c’est décider de donner une autre utilité à son argent. C’est choisir d’utiliser cet argent pour soutenir des initiatives solidaires, que ce soit par une participation directe à un projet ou par un don d’une partie des gains de son épargne à une cause solidaire. Entreprendre au sein de l’économie marchande dans une démarche d’économie solidaire, c’est placer une finalité sociétale (protection de l’environnement, solidarité, partage du savoir, lien social) au centre de son activité en lieu et place du profit et de la rentabilité financière. Cette situation place « l’entreprise » solidaire dans un double défi : assurer une viabilité économique pour permettre de pérenniser son activité et remplir sa mission d’utilité sociale. Cette nécessité de maîtriser à la fois gestion économique et utilité sociale se confronte à une difficulté supplémentaire : trouver des financeurs. La finalité sociale est beaucoup moins attractive que la finalité de profit d’une entreprise classique pour les banques ou les investisseurs traditionnels, puisque c’est le profit qui intéresse l’investisseur. Introduction introduction De plus l’entreprise solidaire est souvent innovante ce qui ne garantit pas sa viabilité économique à court terme. Cette situation a amené les acteurs de l’économie sociale et solidaire à réfléchir sur les moyens de contribuer au financement des initiatives solidaires, tant du point de vue de la collecte que du financement. − Comment utiliser mon argent pour contribuer à l’émergence d’initiatives solidaires ? Comment investir directement, placer mon épargne dans des instituts de finances solidaires, redonner une partie de la rémunération de mon livret d’épargne ? Quels choix en terme de prise de risque ? Pour quelle participation ? Comment est utilisé mon argent ? Quelle transparence ? Fonds éthiques, épargne solidaire, quelle différence ? − Comment trouver des capitaux pour mon projet ? De quoi ai-je besoin : participation au capital, prêt, garanties financières... ? Qui fait quoi ? Comment ça marche ? D’où vient l’argent ? L’objet de ce guide est de vous présenter à la fois : − les enjeux, pour comprendre et contribuer à redonner du sens, − les acteurs et les outils de l’épargne et des finances solidaires pour vous permettre en pratique de faire des choix en cohérence avec vos valeurs, que vous souhaitiez épargner ou financer votre activité. Et parce qu’on n’est pas tous des experts de la finance (!) , un glossaire est présent à la fin du guide pour vous expliquer certains mots relatifs à l’économie. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Bruno Lasnier Directeur de l’Apeas introduction par Philippe Chesneau L’argent, outil de transformation sociale ? A ctuellement, profitant de la hausse de l’immobilier et des actifs financiers, la France d’en haut consomme allègrement. Mais la surmonétarisation des uns alimente la spéculation et aggrave la sousmonétarisation des autres condamnés de plus en plus souvent à l’exclusion. La spéculation boursière aggrave la désindustrialisation, le pillage du tiers-monde, la destruction de l’environnement (gaz à effet de serre, l’accumulation de déchets nucléaires dangereux pour des milliers d’années), la fracture sociale (deux millions de chômeurs, six millions de pauvres en France). Chacun constate que le capitalisme financier n’apporte plus rien de positif. Il nous faut donc une autre économie, une économie alternative. Déjà au XIXème siècle, s’est constituée l’économie sociale pour apporter une réponse collective à l’individualisation des risques face, aux accidents du travail, à la maladie et à la vieillesse. D’où les mutuelles, coopératives. Ces problématiques ressurgissent aujourd’hui, comme quoi rien n’est définitivement acquis. À la fin du XXème siècle, face à la pénurie de travail, à la pénurie d’argent, s’est constituée l’économie solidaire. Au début du XXIème siècle, les défaillances de l’Etat font de l’économie sociale et solidaire un acteur clé de l’organisation de la régulation sociale. L’économie sociale et solidaire a trois ambitions : répondre à des besoins non satisfaits (services à la personne, produits recyclés…), remettre l’économie à sa juste place (au service du plus grand nombre), redonner de l’espoir dans l’avenir (valeur du lien social et des choix élaborés démocratiquement). Pour que l’économie sociale et solidaire prenne toute sa place, il faut s’en donner les moyens. Notamment en développant la finance solidaire. Depuis le début des années 80, se développent les monnaies sociales. Elles tentent de récupérer l’argent, en le débarrassant de ses tendances spéculatives et d’accumulation inégalitaire. Ainsi l’outil monétaire est mis au service de trois objectifs majeurs : dynamiser les échanges entre les acteurs locaux, encourager des échanges et des activités que la monnaie officielle ne valorise pas, et favoriser la cohésion. L’échange est l’occasion, non seulement de satisfaire ses demandes, mais aussi de valoriser ses compétences. Les monnaies sociales, si elles se développent, reste extrêmement marginales : elle concerne un million de personnes sur la planète pour trois mille associations différentes situées dans près de quarante pays. Il ne faut pas imaginer qu’il suffirait de changer de monnaie pour changer le monde. Il s’agit au contraire de dépasser l’opposition entre la logique commerciale des monnaies officielles et la logique sociale des monnaies sociales. Entre le profit et le lien, certains outils de finance solidaire proposent des chemins complémentaires. A chacun de se questionner sur ses choix financier et de placer son argent en cohérence avec sa philosophie. Aux politiques de favoriser l’émergence et le développement d’autres rapports d’échanges monétaires. La finance socialement responsable ou l’épargne éthique respecte des critères environnementaux, la responsabilité sociale, l’équité avec les fournisseurs et les sous-traitants. Elle exclue l’armement, le tabac, l’alcool. Elle vise à responsabiliser des entreprises déjà présentes sur le marché. L’épargne solidaire permet de financer des projets qui ne trouvent pas de financements dans les circuits financiers classiques ; lutte contre l’exclusion, entreprises créées par ou pour des personnes en difficulté, logement de familles en situation précaires, territoires marginalisés, développement durable, solidarité nord-sud. La collecte et la gestion solidaire de l’épargne participent de la citoyenneté économique sur les territoires de projets et de vie : agglomérations, pays, parcs naturels…. Un territoire de projet est un territoire qui s’organise, qui compte d’abord sur ses propres forces, qui construit son avenir en prenant en compte toute sa richesse, qu’elle soit naturelle, économique ou humaine. Après des siècles de centralisme, il s’agit maintenant de renouveler nos pratiques vers des approches Introduction introduction locales, transversales et autogérées qui inventent ou réactualisent des modes de concertation et de coopération. La Région en partenariat avec France Active, la Caisse des dépôts, des banques de l’économie sociale et l’Etat a créé un fonds pour les projets d’économie sociale et solidaire : ESIA Economie Solidaire et Insertion Active. La Région intervient également auprès d’autres outils financiers et sur la promotion de l’épargne solidaire (cf. page consacrée à l’intervention régionale). À côté de l’aide des pouvoirs publics et de l’intervention d’outils spécifiques, comme ESIA, il s’agit de développer la collecte et la gestion solidaire de l’épargne. Les finances solidaires sont acceptées par la Commission des Opérations de Bourse et chemin faisant, elles sont reconnues par les grandes institutions comme la Banque Mondiale. Il est nécessaire également d’activer l’épargne solidaire pour que les projets solidaires puissent faire appel aux banques qui développent des produits solidaires. On peut citer les Fonds d’amorçage comme Capital local provençal, Garrigue (capital risqueur solidaire), Cigales (club d’investisseurs militants), l’Adie, La Nef… Et quelques organismes de structuration : Finansol, l’organisme qui labellise les produits bancaires dont 10 % doivent s’investir dans les entreprises solidaires. La Fédération européenne de finances et de banques alternatives (Febea) qui réunit 14 Banques Éthiques et Alternatives, la Société d’investissement et de développement international (Sidi). Il s’agit pour chacun de croiser idéaux et pratiques. Comment agir avec son épargne ? Comment utiliser son argent autrement ? Qu’est-ce qu’un organisme de finances solidaires ? Comment les organismes de finances solidaires interviennentils dans des projets solidaires ? C’est pourquoi la Région soutient et apprécie le guide de l’Apeas qui propose enfin de répondre à ces questions et de faire connaître l’étendue des possibles. C’est grâce à des outils de cette qualité que les valeurs et les pratiques de l’économie sociale et solidaire ensemenceront nos sociétés pour un monde où l’économie et l’argent seront des outils de bonheur. Philippe Chesneau, Conseiller régional Vice-Président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur Délégué à l’emploi et aux politiques territoriales Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca introduction par Jocelyn Zeitoun Investir « utilement » à travers une épargne de « conviction » A ux antipodes du chacun pour soi, l’épargnant solidaire témoigne d’un sens aigu des problèmes de notre temps : préservation de notre environnement, création d’emplois au profit des personnes qui en sont exclues, développement de nouveaux services privilégiant la qualité de vie, la santé, l’éducation… En souscrivant à un produit d’épargne solidaire, il associe deux termes qui conjuguent l’expression d’une confiance en l’avenir et un futur construit solidairement avec les acteurs de la vie sociale et économique de notre département. Investir « utilement » à travers une épargne de « conviction » contient la promesse d’un avenir plus solidaire dans une société de plus en plus rude pour les plus vulnérables, où le sens de l’intérêt général acquiert une fonction vivante qui irrigue le présent. L’utilité sociale devient alors une ressource pour l’ensemble de la société : entreprises, associations, citoyens. Face à l’émergence de « consommateurs responsables », c’est l’ambition de cet ouvrage que d’éclairer par des informations précises, nos concitoyens, et tous les décideurs sur les enjeux de la finance solidaire, dans une perspective où l’argent n’est plus une fin en soi. Jocelyn Zeitoun Conseiller général des Bouches du Rhône, Délégué à l’économie sociale et solidaire Introduction Film documentaire Film documentaire « Pour une consommation responsable » Ce DVD Rom comprend : Film documentaire « Pour une consommation responsable » de 55 minutes réalisé par Christophe Gay scénario Bruno Lasnier - Anne Catherine Josset Christophe Gay - Fabrice Sanchez Deux animations « Utilitest de Fabrice » de 2*2 minutes réalisé par Christophe Gay et Florian Braizat Une filmographie, webliographie et bibliographie Financé dans le cadre de l’appel à projet « consommation durable » lancé par : Synopsis En regardant la télévision, qui lui livre des images de la société de consommation, de la bourse, des publicités, des catastrophes naturelles et industrielles, ce téléspectateur se pose la question « on ne peut pas faire autrement ? » et il découvre le guide de la consommation responsable. En consultant ce guide, ce citoyen décide d’aller à la rencontre d’entrepreneurs solidaires. Son parcours initiatique se construit au fur et à mesure des rencontres, chaque personne le guidant vers un autre entrepreneur. Contact presse Fabrice Sanchez Développeur régional 04 91 99 02 40 [email protected] Association loi 1901 : 49 rue de Village, 13006 Marseille - Tél: 04 91 99 02 40 / Fax : 04 91 99 02 41 / www.apeas.fr 1 que faisons-nous avec notre argent ? PAR BRUNO LASNIER Nature, Sens et utilité de l’argent L a monnaie est un instrument de mesure et de conservation de la valeur d’un bien, c’est un moyen d’échange. La monnaie est un objet dont la valeur fictive repose sur une garantie, c’est une convention et non une marchandise, elle est un produit social. Dans le langage courant, l’argent est un mot qui contient plusieurs sens. A l’origine l’argent est un métal. Mais aujourd’hui son sens le plus usuel est celui de l’argent synonyme de monnaie : on sort son argent de son porte-monnaie, on paye argent comptant ou en liquide, ou encore on retire l’argent de son compte en banque. Enfin, dans l’expression « avoir de l’argent » par exemple, on voit que le mot argent renvoie à la notion de capital. On ne peut donc pas aborder la question de la nature, du sens et de l’utilité de l’argent sans aborder la question de la monnaie et du capital. Un peu d’histoire Aussi loin que nous pouvons remonter dans l’histoire, les hommes ont toujours compté leurs biens et pratiqué des échanges. Rapidement, des instruments d’échange s’imposent : coquillages (c’est le cas des cauries dont l’emploi apparaît en Chine en 1100 av. JC et s’étend jusqu’en Afrique d’où l’usage ne disparaît qu’au milieu du XXème siècle), minéraux précieux ou utiles comme le sel (à l’origine du mot salaire), petits lingots de métal (fer, puis argent ou or), etc. L’apparition de la monnaie permet alors de représenter la valeur de biens que l’on ne pourrait pas échanger facilement. L’étape suivante est la mise en place d’une monnaie permettant de représenter une grande quantité de monnaie métallique laissée en dépôt et en lieu sûr. Ainsi apparaît la monnaie papier (le billet de banque est connu en Chine dès le VIIIème siècle ). Jusqu’au XIXème siècle, l’argent et l’or sont les monnaies étalons, toutes les monnaies sont définies à la fois par rapport à l’or et à l’argent. Chaque Etat, 12 en fonction de ses disponibilités métalliques, utilise selon ses préférences l’un ou l’autre métal. Mais les évolutions d’une économie qui se mondialise et le développement de la monnaie papier et du crédit permettent de limiter les besoins de métal et de supprimer l’argent-métal comme étalon. L’or devient alors le seul étalon. La monnaie-papier est un substitut à l’or. Le taux de conversion de chaque monnaie en or est fixe, entraînant des taux de conversion fixes entre les monnaies. En 1914, l’étalon de change-or est mis en place. Il s’agit d’un système mixte qui permet de conserver les avantages de l’étalon-or, tout en permettant aux pays qui le veulent d’avoir des taux de change variables. Ce système va très vite être remis en cause. Le coût de la Première Guerre mondiale entraîne une forte dévaluation de toutes les monnaies européennes par rapport à l’or. Lors de la conférence de Gênes, en 1922, un nouvel ordre monétaire est mis en place où seuls les États-Unis conservent l’étalon-or classique. Le dollar repose sur l’or, la livre britannique sur le dollar, et les autres monnaies européennes sur la livre britannique. Cependant, en 1931, le Royaume-Uni abandonne le système de change-or afin de pouvoir augmenter sa masse monétaire. Les accords de Bretton Wood sont alors signés en 1944 : le dollar, seule monnaie encore ancrée à l’or devient la monnaie étalon. Mais en 1971, les ÉtatsUnis, ne pouvant plus maintenir le prix de l’or à 35 dollars l’once ni éviter une dévaluation du dollar, abandonnent l’étalon-or. Dès lors les monnaies varient entre elles librement, suivant l’offre et la demande, et donc en principe selon la quantité de crédit émise par chaque pays (une baisse de l’émission de crédit se traduit par une baisse de la valeur de la monnaie par rapport aux autres devises). Il n’y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette. C’est le régime des changes flottants. Nature et fonction de l’argent L’argent, c’est ce que représente la monnaie.Bien que le terme argent vienne d’une des formes matérielles de la monnaie, il est difficile de définir celle-ci par ses formes matérielles qui ont énormément évolué Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca que faisons-nous avec notre argent? au cours de l’histoire et demeurent aujourd’hui multiples. On peut par contre définir la monnaie (« l’argent ») par sa nature et ses fonctions. La monnaie a donc trois fonctions : 1. c’est un instrument de compte qui permet d’estimer la valeur d’un bien ; 2. c’est un instrument d’échange qui permet d’effectuer le paiement ; 3. c’est un instrument de réserve de valeur liquide, que l’on peut stocker. La monnaie est une unité de compte : L’économiste Walras démontre cette fonction dans Elément d’économie politique pure : afin de simplifier les échanges, une marchandise sert de référence pour mesurer les autres, elle devient le numéraire dans lequel on exprime tous les prix. Cette fonction est la base pour qu’un système d’échange s’établisse. Il est alors possible de faire circuler des produits uniquement grâce à une unité de compte qui s’accompagne de procédure d’enregistrement et de stockage. C’est cette fonction que l’on retrouve dans divers modes d’échanges : troc, don et contredon, opération à terme, crédit, système d’échange local (SEL)... Pour remplir cette fonction, peu importe sa forme, sa seule finalité est de compter. Ce qui ne nécessite ni l’existence d’un prix ni celle d’un marché puisque des équivalences suffisent. N’importe quelle marchandise peut jouer le rôle de numéraire, le grain de sel par exemple. Mais l’essentiel est que la monnaie choisie soit reconnue socialement comme unité de compte. La monnaie n’est donc pas juste un instrument de comptabilisation ou une marchandise ordinaire, c’est une unité de compte validée socialement dans le temps et dans l’espace. de la monnaie n’est plus exclusivement en lien avec sa valeur intrinsèque, elle devient une convention. Ce n’est plus une marchandise mais un produit social et c’est à ce titre que l’on doit la considérer comme fiduciaire, c’est-à-dire basée sur la confiance accordée à celui qui l’émet. Mais que ce soit par sa valeur intrinsèque (or, argent...) ou par sa valeur-signe, la monnaie permet de se libérer de ses dettes, c’est un instrument de paiement. Le moyen de paiement est sans doute la fonction qui caractérise vraiment la monnaie puisque, dans ce rôle, la monnaie a un monopole. Légalement, une dette ne peut être éteinte que par un transfert de monnaie. Il est vrai que d’autres moyens de paiement sont possibles, par exemple en nature, la généralisation de la monnaie en tant que moyen de paiement n’a pas fait disparaître l’échange des biens les uns contre les autres. En fait, la monnaie a supplanté le troc pour des raisons essentiellement techniques. Pour que le troc puisse fonctionner de manière globale, il nécessite de passer d’un mode d’échange bilatéral à un mode d’échange multilatéral. Pour cela, il faut accepter deux conditions : - un individu n’acceptera un bien que parce qu’il en a besoin ou qu’il y a une demande pour ce bien ; - pour qu’un échange se fasse, il doit y avoir adéquation entre la quantité offerte et la quantité demandée. Cette double coïncidence des désirs rend difficile la généralisation du troc. Pour accepter le règlement d’une dette il faut être sûr de la valeur du paiement et de la possibilité de payer ses dettes avec d’autres moyens que la monnaie et seule celle-ci permet de se libérer sans opposition ni restriction grâce à sa qualité de réserve de valeur liquide. La monnaie est un instrument de paiement : La monnaie est un instrument de réserve de valeur : Si on a longtemps considéré la monnaie à partir de sa valeur intrinsèque, faisant des métaux précieux la seule véritable monnaie, on a admis progressivement comme le dit Scipion de Grammont que « la monnaie n’emprunte point sa valeur de la matière dont elle est composée mais bien de la forme qui est l’image ou la marque du Prince ». La monnaie est alors un signe de valeur représentant un pouvoir d’achat conféré par une autorité (monétaire, sociale, étatique...). La valeur Par réserve de valeur, on entend la capacité que possède un bien financier ou réel de transférer du pouvoir d’achat dans le temps. Ainsi, un actif réel (un bien immobilier par exemple) constitue une réserve de valeur puisqu’il peut être acheté aujourd’hui et revendu dans le futur en procurant un pouvoir d’achat à son détenteur. Mais à la différence de la monnaie, les actifs réels sont soumis au risque de perte en capital ou à l’opportunité d’une que faisons-nous avec notre argent ? 13 augmentation en capital. Au contraire, la monnaie a une valeur constante (un billet de 20 euros vaudra 20 euros dans un an). Même si la monnaie n’est pas à l’abri de variation de son pouvoir d’achat (inflation), sa valeur, elle, est constante. En effet, si nous acceptons la monnaie comme moyen de paiement, c’est parce que nous sommes assurés que demain sa valeur sera la même et que nous pourrons à notre tour nous en servir comme moyen de paiement à tout moment. Cette qualité qui permet de récupérer une valeur sans risque et sans délai s’appelle la liquidité. La monnaie est le bien le plus liquide, le plus facilement échangeable, c’est cette notion de valeur échangeable à tout moment et sans perte qui a conduit historiquement au choix des monnaies (barre de sel, coquillage, métal, or...). C’est le bien le plus liquide qui devient monnaie, c’est-à-dire celui qui a le plus de facilité à être accepté dans l’échange, et non la monnaie qui devient un bien liquide. La monnaie est un instrument de réserve de valeur liquide que l’on peut stocker. Cette dernière fonction qui permet le processus d’accumulation du capital est essentielle dans le développement de l’économie moderne, dont la définition première nous vient d’Adam Smith dans son oeuvre La Richesse des Nations (1776). Elle est en substance définie comme la gestion de ressources rares et elle est caractérisée par une pénurie d’argent due à la compétition liée au processus de maximisation du capital. Elle ouvre la voie à l’accumulation de monnaie pour en tirer un profit et non par principe d’économie. C’est également cette dernière fonction qui introduit la notion d’épargne. Qu’est-ce que l’épargne ? L’épargne est une somme économisée. Elle est le fruit d’une gestion où les dépenses sont maintenues en dessous des recettes afin de constituer une réserve. Ce qui fait dire à Bainville que : « L’épargne est à l’origine du capital, comme elle est la justification morale du Capitalisme puisqu’elle représente une privation, un effort et même un sacrifice ». Selon Marshall, trois idées essentielles motivent le comportement d’épargne des individus : la rationalité et la prévoyance, l’investissement humain et la recherche du gain (intérêt). Si la prévoyance 14 amène l’individu à faire des calculs économiques, Marshall note que le facteur d’épargne le plus puissant est l’investissement humain : éducation, préparation de la retraite, développement de la famille... L’épargne non investie dans le capital humain l’est dans les placements financiers. Ce comportement est pour Marshall un acte volontaire d’affectation du revenu entre consommation (ce dont j’ai besoin maintenant : le présent) et épargne (ce dont j’aurai besoin demain : le futur), mais il est également affecté par l’intérêt (ce que je peux en tirer : le gain). L’épargne n’est pas seulement un choix entre consommation et prévoyance, il est également le fruit de l’intérêt. Le taux d’intérêt est un des facteurs incitatifs à l’épargne. L’épargne est donc une somme d’argent qui n’est pas affectée à la consommation mais employée : – soit sous forme d’épargne liquide (espèce, compte courant, compte rénuméré) afin de rester disponible ; on parle alors de thésaurisation ; – soit sous forme d’investissement dans des moyens de production ou des placements (comptes d’épargne, livret d’épargne, valeur mobilière). Un placement est le fait de bloquer pendant un certain temps un montant d’épargne dans une opération financière pouvant rapporter un gain. La notion de placement comporte donc un espoir de gain (rentabilité) couplé à une prise de risque. L’argent affecté à l’épargne devient un outil de financement. Qu’est-ce que la finance ? La finance est d’une part l’obtention de ressources monétaires et d’autre part l’utilisation de ces ressources sous forme de placements ou d’investissements, au fil du temps et en présence de risque. Les principaux intermédiaires de la finance sont la banque, l’assurance et les Bourses d’un côté et les budgets publics de l’autre. La finance nécessite donc d’abord la création de ressources monétaires. Mais comment se crée l’argent ? A l’origine, quand un bien était reconnu par tous comme monnaie, tous ceux qui pouvaient produire Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca que faisons-nous avec notre argent? ce bien pouvaient émettre de la monnaie. Mais du fait du pouvoir que conférait cette possibilité, très rapidement les autorités politiques ont cherché à contrôler et à se réserver cette capacité. Aujourd’hui, contrairement à une croyance commune selon laquelle l’Etat, via les banques centrales, est l’organe producteur de monnaie, ce sont les banques qui sont devenues les émetteurs de monnaie. L’émission monétaire se fait essentiellement sous forme de monnaie scripturale par l’octroi de crédit et la récolte de dépôts à vue. Seule une petite partie de la monnaie créée se transforme en monnaie fiduciaire. En fait, tout part de la demande des agents économiques de monnaie. Les banques répondent à la demande principalement par des opérations de crédit et créent alors de la monnaie scripturale en que faisons-nous avec notre argent ? 15 fonction des besoins ; et à l’occasion d’opérations monétaires, les banques centrales, elles, créent la monnaie fiduciaire (billet et monnaie). Le schéma ci-dessus montre les différentes étapes du processus. Les banques prêtent de l’argent à leurs clients. Ceux-ci à leur tour déposent en banque une partie de l’argent emprunté. La banque garde alors une partie (obligation de 10 %) de cet argent en réserve pour faire face à ses besoins en liquidité, c’est ce qui est appelé le coefficient de réserve. Mais elle utilise la plus grosse partie pour faire de nouveaux crédits, cet effet multiplicateur est ce qui permet la création monétaire. Ce mécanisme constitue comme l’épargne un instrument de financement. Les principaux domaines de la finance sont : – la finance d’entreprise (financement et investissement des entreprises, épargne salariale) ; – les marchés financiers qui comprennent les marchés d’actions, les marchés de taux d’intérêt (marché monétaire pour le court terme et marché obligataire pour le long terme) et le marché des changes. Ils constituent aujourd’hui les principaux circuits de financement de l’économie en remplacement des banques ; – les marchés de matières premières (blé, pétrole...) ; – les finances publiques : financement et budget de l’Etat, des collectivités publiques (dont les collectivités locales) et des organismes sociaux ; – les finances privées (gestion du patrimoine, des revenus personnels, prévoyances...). Le système financier, aujourd’hui mondial, est donc le rassemblement d’un ensemble d’acteurs (banques supranationales, banques centrales, banques privées nationales, sociétés financières, caisses de prévoyance, compagnies d’assurance, trésor public...) au sein d’un marché financier dont le but est de permettre l’équilibrage de l’offre de moyens financiers (épargne des ménages, fonds de prévoyance...) et de la demande en besoin de financement (entreprises, Etat...). Ce système financier est devenu un élément essentiel de notre économie. Il traduit un recours de plus en plus important des agents économiques (citoyens, entreprises, Etat...) au financement et à l’endettement. On parle de financiarisation de l’économie. Cette financiarisation est le fait d’une 16 multiplication des outils financiers et des opérations financières au niveau international. Depuis plusieurs décennies, on assiste à un décloisonnement et à une déréglementation du système financier. La politique économique de nombreux pays les a amenés à supprimer les barrières existant entre les différentes sources de financements, ce qui a fait passer d’un système d’économie d’endettement, dans lequel les activités bancaires n’étaient pas en concurrence, vers un système de financiarisation favorisant la navigation des flux financiers et la concurrence entre les banques. Des alternatives à la financiarisation de l’économie : du rôle de l’argent à l’épargne et la finance solidaires La financiarisation accrue de l’économie renforce la place du profit financier au détriment de la production et entraîne de plus en plus l’économie vers une finalité d’accumulation de capitaux et de concentration des richesses. La mondialisation de l’économie, en facilitant les transferts financiers à travers le monde, fragilise les économies locales notamment dans des pays soumis à des tensions internes. Le retrait brutal des capitaux investis face à un risque de perte peut entraîner l’effondrement brutal d’une économie, comme cela a été le cas en Argentine en décembre 2001. Cette financiarisation de l’économie renforce la pratique de la spéculation et notamment d’une spéculation subjective (bulle financière) au détriment de la valeur économique réelle, provoquant des crises comme celle qu’a connu le secteur de l’informatique. Cette orientation de l’économie vers une économie financière mondialisée est aujourd’hui remise en cause par un nombre important de personnes qui revendiquent de redonner à l’économie sa place de science au service d’un projet social basé sur des valeurs de répartition des richesses, de solidarité et de développement durable : l’économie alternative et solidaire. Cette économie alternative et solidaire propose de repenser le sens que nous donnons à l’économie et de réfléchir à d’autres manières de gérer les échanges. Comme nous l’avons déjà souligné, la monnaie Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca que faisons-nous avec notre argent? remplit à la fois une fonction d’instrument d’échange et une fonction d’instrument de réserve de valeur. C’est cette dernière qui aujourd’hui a pris le plus d’importance dans le modèle économique. Elle permet le processus d’accumulation du capital et conduit à une économie ayant pour principale finalité le profit. En favorisant ce processus d’accumulation du capital, elle détourne les capitaux du cycle de la production et des échanges entre agents économiques et renforce la concurrence. Cette fonction de l’argent a donc été remise en cause. Des monnaies alternatives ont été conçues. On peut citer : les monnaies complémentaires, les monnaies sociales, les monnaies fondantes, les Systèmes d’Echange Local (SEL), les monnaies libres ou open money, etc. Toutes ces monnaies ont en commun de remettre en cause la capacité de thésaurisation : on ne peut ni les accumuler ni en tirer un intérêt. Toutes sont fondées sur la volonté de recentrer la monnaie sur ses fonctions d’instrument de compte et d’échange, et de lui retirer sa fonction de réserve de valeur. Elles existent toutes parallèlement aux monnaies officielles et ont pour objet de lutter pour une pacification des échanges, une meilleure répartition des richesses et un développement de l’activité locale. Ces monnaies n’ont cessé de se développer dans le temps et elles démontrent que l’on peut développer les échanges quand la rareté de l’argent officiel l’empêche. En somme, ces monnaies favorisent la coopération plutôt que la concurrence. Au-delà des alternatives sur le rôle et l’utilité de la monnaie, les acteurs d’une économie alternative et solidaire ont oeuvré en faveur de l’épargne et du financement solidaire : – en agissant auprès des banques pour que les épargnants affectent une partie des gains obtenus sur leur épargne à des projets de solidarité ou ayant une utilité sociale ; – en créant des outils financiers solidaires : club d’investisseurs, outils de capital risque... ; – en favorisant la participation directe, et la prise d’intérêt de citoyens au sein des entreprises ; – en réfléchissant à d’autres manières d’entreprendre et de soutenir la création d’activité dans une démarche d’utilité sociale (Scic, pôles locaux d’économie solidaire, couveuses d’activités, coopératives d’activités et d’emploi., etc.). Ce sont ces alternatives que nous vous présentons dans ce guide. Bruno Lasnier Directeur de l’Apeas “Les moyens puissants sont oppressifs, les moyens faibles sont inopérants” Simone Weil que faisons-nous avec notre argent ? 17 pour aller plus loin L’explosion des monnaies sociales Article paru dans la revue Territoires n°447, avril 2004 (www.adels.org) Si, dans l’inconscient collectif, le seul outil d’échange valable est la monnaie officielle d’une nation, on assiste depuis vingt ans à une véritable explosion de systèmes d’échanges alternatifs, également appelés « monnaies complémentaires ». Loin d’être un débat d’experts financiers, la question de la monnaie est centrale si l’on pense le développement solidaire des territoires et le changement social. Car, comme le dit en substance Margrit Kennedy, spécialiste des monnaies complémentaires, quand les inégalités sont si intolérables que le peuple se révolte, on peut à ce moment là partager autoritairement les richesses, mais si l’on ne change pas le fondement des inégalités (accumulation de la monnaie à un bout de la chaîne et croissance exponentielle de la dette à l’autre), peu de temps après les inégalités redeviendront ce qu’elles étaient. Plus un colloque, plus un groupe de travail sur la crise de notre modèle de développement - surdéveloppement au Nord et survie au Sud étant les deux faces de la même pièce - qui n’évoquent les alternatives à ce modèle : en plus des désormais traditionnels discours sur l’économie solidaire (subordonner l’économie au politique en concevant de nouvelles façons de consommer et de produire), on entend désormais parler de nouveaux systèmes d’échanges, de monnaies « sociales », libérées des taux d’intérêt. Bernard Lietaer, autre économiste de référence sur le sujet, définit la monnaie comme « un accord à l’intérieur d’une communauté, qui consent l’utilisation d’une “chose” comme moyen d’échange ». Ce que réalisent les systèmes de monnaie complémentaire, créées par et pour une communauté sur un territoire, c’est de créer un outil d’échange, sans contrôle démocratique, qui serve au développement solidaire de ce territoire. Car le « doux commerce » entre peuples pacifie les relations, alors que la guerre économique ne produit que domination et accaparement. Une chose est sûre, l’économie de demain aura besoin de plusieurs systèmes de transactions, et pas d’un 18 seul et unique outil, l’argent, comme c’est le cas aujourd’hui. Les taux d’intérêt, cancers de la monnaie C’est dit : le taux d’intérêt, appliqué aux monnaies à travers l’histoire, et d’autant plus avec la mondialisation néo-libérale actuelle, minore les deux fonctions utiles à la société (fonction d’étalon pour mesurer la valeur et fonction d’échange pour permettre l’échange entre offreurs et demandeurs sur un marché), et sur-valorise la fonction de réserve de valeur (capitalisation). Les taux d’intérêts, véritables cancers de la monnaie, favorisent le transfert de monnaie des plus pauvres vers les plus riches. Les monnaies complémentaires pratiquent l’inverse du système avec taux d’intérêt : elles pénalisent l’accumulation de la monnaie par une petite taxe (dite parking fee, soit littéralement «honoraires de stationnement», ou encore « démurrage »), incitant les détenteurs de monnaie à la réinjecter dans le circuit économique. Ainsi, emprunter de l’argent est gratuit (pas de taux d’intérêt), mais en détenir et ne pas l’utiliser coûte, par le système de démurrage. Ces monnaies sont à parité avec la monnaie officielle, on en achète et on en vend librement, et elles ne concurrencent pas la monnaie officielle qui continue de circuler. Particuliers ou entreprises entrent dans ce système et acquièrent de la monnaie locale pour acheter ou vendre des biens et services et non pour l’accumuler. La confiance devient un élément fondamental des systèmes de monnaie complémentaire, qui sont gérés par un organisme central régional sous contrôle démocratique (souvent une coopérative bancaire, mais le statut de banque n’est pas nécessaire), qui émet la monnaie et la rachète. Souvent, le système de paiement est informatisé, les magasins et les clients adhérents sont dotés de terminaux de paiement, ce qui permet aussi à la coopérative financière de rendre les comptes transparents à tous. Toujours d’après Bernard Lietaer, ces monnaies Guide pratique de l’épargne et des finances solidiare en Paca que faisons-nous avec notre argent? locales se développent à un rythme soutenu, surtout depuis les années 1990, leur essor actuel, sans équivalent dans l’histoire, dépassant très largement la précédente vague importante des années Ce sont de plus en plus des collectivités locales qui témoignent un intérêt pour ces systèmes. Car les effets des systèmes les plus anciens et les plus important sont très encourageants, en termes économiques, de cohésion sociale et territoriale. L’organisme chargé de gérer les comptes tire un petit pourcentage de chaque transaction qui alimente un fonds qui peut ainsi être affecté au développement social ou territorial (voir l’exemple des Chiemgauer en Allemagne). De Pharaon à Lignières en Berry Bernard Lietaer dénombre quelques 5 000 monnaies locales actuellement en activité de par le monde. Il signale que plusieurs périodes de l’histoire ont utilisé des monnaies fondantes (taux d’intérêt négatifs). Par exemple, les dynasties égyptiennes ou les royaumes du moyen âge du Nord de l’Europe avaient mis en place une monnaie locale fondante, complémentaire de la monnaie officielle. Contrairement aux croyances habituelles, ces sociétés connaissaient une forte expansion économique qui leur a permis de financer les chantiers des pyramides et les grandes cathédrales. Actuellement, les systèmes se développent principalement en Australie, au Japon, en Amérique latine et en Europe. Parmi les exemples historiques , citons celui de Lignières en Berry (1950) ou celui plus notoire du comté de Wörgl en Autriche, de 1931 à 1933. Le maire de Wörgl, devant la crise économique et devant les forts besoins d’investissement de sa collectivité dans les services d’intérêt général, plutôt que d’endetter la collectivité auprès d’une banque, convertit les shillings officiels en « attestation de travail » utilisables pour le commerce local. Cette monnaie locale étant taxée à 1 % par mois pour inciter les familles à ne pas l’épargner (en période de crise, l’épargne augmente proportionnellement au revenu). L’effet sur l’emploi, le désendettement de la collectivité, les investissements publics et le développement du territoire sont remarquables en peu de temps. L’expérience prendra fin au terme d’un procès intenté par le gouvernement du Tyrol pour atteinte au droit exclusif de la banque centrale à émettre des billets. De façon parcellaire et arbitraire, on peut également citer des systèmes dont le fonctionnement diffère légèrement mais qui constituent également des expériences de monnaies alternatives : Peanuts au Japon (canton de Shiba), Vecksel en Russie, Cercles de troc en Argentine, Ithaca Hour aux États-Unis, Roland, Bethel-Euro et Chiemgauer (voir encadré) en Allemagne, Talent et WIR en Suisse, LETS en Angleterre, Crédito et Banques du temps en Italie (voir journal de Territoires n°443) et évidemment Systèmes d’échanges locaux en France. En savoir plus sur les monnaies complémentaires : En français : – site consacré aux monnaies sociales animé par l’Alliance 21 : http://money.socioeco.org/fr/ – The Transitionner, site (très fourni) de « Intelligence Collective dans l’Economie », comporte de nombreux articles sur les monnaies sociales : http://www.thetransitioner.org/wikifr – le site de la banque Wir en Suisse : http://www. wir.ch/index.cfm En anglais – http://www.reinventingmoney.com/ – http://www.transaction.net/ Cédric Lefebvre Chargé de mission à l’Apeas Sur l’exemple de Lignières en Berry : http://www.silesfemmescomptaient.com/fr/bibliographie/ silence_lignieres-en-berry_10&12.htm Sur l’exemple de Wörgl : http://www.silesfemmescomptaient. com/fr/bibliographie/silence_worgl_8-9.htm Sur l’exemple de Wir: http://www.globenet.org/transversales/ generique/58/transf.html 1 que faisons-nous avec notre argent ? 19 par Jean Gadrey Redistribution publique, inégalités et pauvreté L e rôle de l’État dans la réduction des inégalités est sans doute le sujet où la controverse est la plus vive et la plus ancienne entre les libéraux et leurs opposants lorsqu’il est question de cohésion sociale. Pourtant, parmi les idées libérales, il en est peu qui soient aussi nettement contredites par les faits que celle qui préconise de réduire la voilure de l’État pour favoriser la cohésion sociale. Parmi les méthodes d’évaluation de l’efficacité de la redistribution publique pour réduire les inégalités et la pauvreté, la plus simple consiste à se demander ce que seraient les inégalités et la pauvreté monétaires en l’absence des « prestations sociales », et à comparer cette situation hypothétique à la situation réelle, avec prestations. Selon l’Observatoire National de la Pauvreté, la proportion de ménages pauvres aurait été, en 2001, plus de deux fois supérieure sans les prestations sociales : 13,1 % contre 6,2 %. Selon la même source, les prestations ciblées ou minima sociaux (hors allocations chômage) représentent 40 % des revenus des 10 % de ménages les plus pauvres, ce chiffre passant à 52 % si l’on tient compte des allocations familiales. Autant d’indices convergents d’une efficacité incontestable de ces dépenses pour réduire la pauvreté et donc les inégalités. On obtient un autre bon indice par le biais des comparaisons internationales, qui aboutissent à une « corrélation » forte : les pays dont les dépenses sociales sont les plus élevées (en proportion du PIB) sont systématiquement ceux dont les taux de pauvreté sont les plus bas. 1 Mais les politiques publiques de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales ne se limitent pas à l’assistance aux pauvres et aux dépenses sociales. Bien d’autres politiques économiques et sociales y contribuent. C’est le cas des logements sociaux et d’infrastructures et services publics accessibles à tous. C’est aussi le cas des politiques d’accès aux soins et à l’éducation, à la justice, aux crèches, aux services pour les personnes âgées, etc. On peut donc se poser la question à un niveau très global : est-ce qu’un niveau plus élevé d’intervention publique, reflété par le fameux taux de prélèvements obligatoires, s’accompagne ou non d’inégalités plus faibles ? Une comparaison internationale permet de répondre positivement, et la corrélation est forte : les pays les moins inégalitaires (les pays nordiques) sont systématiquement ceux qui ont les budgets publics les plus importants en proportion de la richesse nationale. Les constats qui précèdent ne signifient pas que l’intervention publique a le pouvoir magique de produire de la cohésion sociale, ni que « toujours plus » équivaut à « toujours mieux ». Il faut donc évaluer au cas par cas l’efficacité sociale des dépenses publiques. Mais, dans un système où la concurrence est de plus en plus déséquilibrée en faveur des puissants, recréant spontanément de fortes inégalités, l’État (et les partenariats qu’il forme avec les associations) reste la principale institution capable de réduire l’emprise de la « société de marché », d’une part par la régulation et l’affirmation de droits, d’autre part par la redistribution et la présence de services publics vraiment universels. Voir par exemple UNICEF, Bilan Innocenti 2000. 20 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Jean Gadrey Economiste, Université de Lille 1 que faisons-nous avec notre argent? pour aller plus loin Quelques chiffres sur les écarts de richesse dans la société Extraits du premier chapitre du livre « En finir avec les inégalités », Jean Gadrey, éd. Mango, coll. En Clair, octobre 2006, Paris, 250 pages) Si l’on s’en tient à une mesure souvent utilisée dans les comparaisons internationales, le revenu moyen après impôts des 10 % les plus riches est en France, au début des années 2000, environ neuf fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Mais pour évaluer l’ampleur des écarts que notre société tolère, on ne peut se contenter de comparer la situation des 20 % ou des 10 % des deux extrémités. Il nous faut tenir compte des revenus des « très très riches ». On peut s’appuyer sur les travaux de l’économiste Thomas Piketty dans son livre « Les hauts revenus en France au XXème siècle ». En 1998, le revenu annuel moyen des 1 % les plus riches était ainsi de 34 RMI ou de 15,4 SMIC à temps plein. Quant au revenu moyen des 0,01 % les plus riches, il était de 240 RMI ou de 108 SMIC à temps plein. On peut donc dire que les écarts de revenus (avant impôts) en France ne sont pas de 1 à 10, ni même de 1 à 50, mais plutôt de 1 à 200. Après impôt, cela doit faire un éventail de 1 à 120. Au sein des « très riches », il faut encore distinguer le sommet, constitué par les grands patrons et leurs proches. Considérons la rémunération globale brute moyenne des patrons des entreprises du CAC 40, c’est-àdire les salaires et la valeur estimée des « stock options » qui leur sont attribuées annuellement . Sur cette base, un patron du CAC 40 gagnait en moyenne 6,47 millions d’euros en 2003, soit l’équivalent de 1310 RMI ou de 444 SMIC annuel brut . Un chiffre largement dépassé par les patrons de L’Oréal (22,6 millions d’euros en 2003) et de LVMH (16,2 millions) qui, il est vrai, s’octroient des montants particulièrement généreux de stock options (respectivement estimés à 16 et 12,4 millions ). Á la rigueur, objectera-t-on, s’il ne s’agit que des grands patrons du CAC 40, ce ne sont que quarante individus très privilégiés. Et, indépendamment de toute considération de morale ou de mérite, du point de vue économique, la redistribution de leurs revenus en excès ne changerait guère la situation des plus pauvres qui se comptent, eux, par millions. Mais tel n’est pas le cas. Selon les mêmes sources, ces revenus extrêmes en tirent beaucoup d’autres vers le haut, à commencer par ceux des membres des « équipes dirigeantes » (directoires, conseils d’administration) et autres « collaborateurs » immédiats au sommet de la hiérarchie. Et ceci dans les entreprises du CAC 40 comme dans celles du SBF 120, indice boursier qui complète le premier par 80 autres entreprises. 1 Les hauts revenus en France au 20ème siècle, T. Piketty, éd. Grasset, 2001 3 Montant du SMIC mensuel brut en 2003 pour 169 heures de travail (39 heures par semaine) : 1215 euros. Montant annuel : 14.580 euros. Montant du RMI mensuel en 2003 pour une personne seule : 411,7 euros. Voir le communiqué de presse 2005 de la société « de conseil aux investisseurs » Proxinvest, accessible en ligne sur le site www.blogbilger.com/blogbilger/2005/11/index.html 2 Jean Gadrey Economiste, Université de Lille 1 4 Ibid que faisons-nous avec notre argent ? 21 par jessica holc Comment peut-on utiliser son argent sous forme de don dans une optique solidaire ? « L’argent collecté est un ancrage fondamental du lien social que nous promouvons » Solidarités Nouvelles face au Chômage : un mouvement de citoyens pour agir à échelle humaine. D ès son origine, il y a plus de vingt ans, Solidarités Nouvelles face au Chômage a étroitement associé la solidarité humaine à la solidarité financière, dans une même logique de partage, pour lutter contre l’exclusion par le chômage. Partage de temps, pour accompagner les demandeurs d’emploi dans leur recherche ; partage d’argent, pour créer et financer des emplois. Solidarité humaine Chaque demandeur d’emploi est accompagné par deux membres bénévoles – un binôme d’accompagnateurs – qui offrent une double écoute et un double regard, et permettent d’élargir les pistes de réflexion et d’action et de garantir une réelle disponibilité. A l’occasion de rencontres régulières placées sous le signe de la convivialité, ils permettent à la personne accompagnée de restaurer un lien social souvent rompu par le chômage, d’être soutenue sans être jugée, stimulée dans une recherche d’emploi incertaine et souvent décourageante. Cet accompagnement, qui n’est pas limité dans le temps, propose donc une relation qui met en avant l’écoute et le dialogue informel où la personne accompagnée trouve appui, valorisation et stimulation pour sa recherche d’emploi, retrouve confiance en elle et aussi en l’autre. Pour prendre du recul et agir avec efficacité, les membres accompagnateurs se retrouvent chaque mois pour échanger et s’entraider dans un groupe local de solidarité ; ces groupes sont soit rattachés à un quartier, soit à une ville ou à une entreprise. Nous proposons une forme d’auto-organisation, via les groupes de solidarité, qui recrée de la solidarité et de la rencontre là où il y a évitement. 22 Solidarité financière Les membres de chaque groupe local font appel à leur réseau pour collecter des dons. L’argent collecté a une double vocation : proposer un tremplin vers l’emploi et créer des emplois dans des associations. Souvent l’accompagnement suffit, mais ce n’est pas toujours le cas. Alors, nous finançons des emplois temporaires - d’un an en moyenne pour des personnes accompagnées. Ces emplois – dits « emplois de développement » - font partie intégrante de l’accompagnement et sont initiés par les groupes locaux de solidarité. Ils s’adressent en priorité aux personnes dont la situation requiert un retour à l’emploi par étapes. La personne accompagnée accède à un travail valorisant qui lui donne une place dans la société même si le marché du travail ne lui offre pas d’opportunité. Nous considérons – et le constatons – qu’une telle démarche a des effets profitables sur ses revenus, sur son moral, mais aussi sur ses chances de trouver un emploi durable sur le marché du travail. Les emplois de développement sont créés dans des associations partenaires car nous voulons, par notre action, contribuer aussi au développement du secteur associatif et de l’économie solidaire, facteurs de lien social et de sens. Notre action extrêmement qualitative peut être menée grâce à cette chaîne de solidarité privée, composée de bénévoles et de donateurs, qui souhaitent participer, à leur échelle, à des initiatives citoyennes qui créent directement des emplois, soutiennent le secteur associatif tout en aidant ceux qui en ont le plus besoin. Mutualisé et conjugué à l’engagement bénévole des membres accompagnateurs, l’argent collecté est aussi un ancrage fondamental du lien social que nous promouvons inlassablement depuis plus de vingt ans. Car, qu’est l’appel au don d’argent, si ce n’est aussi une occasion de susciter une réflexion sur nos propres modes de consommation, nos choix personnels et citoyens, notre participation à la vie sociale ? Le don d’argent s’inscrit ici dans un mouvement à la fois global et de proximité. En se rassemblant dans un groupe de solidarité, on peut agir : Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca que faisons-nous avec notre argent? mettre en commun de l’argent pour créer des emplois utiles ; mettre en commun du temps pour accompagner des personnes au chômage sur le chemin de l’emploi. Et ce faisant, leur offrir considération et dignité. Chacun peut faire preuve d’initiative et de solidarité, s’organiser, écouter, accompagner l’autre, et partager un minimum avec lui. www.snc.asso.fr Jessica Holc Solidarités Nouvelles face au Chômage Solidarités Nouvelles face au Chômage en chiffres en 2005 Création d’emplois :58 110 heures de travail financées par l’association pour 81 personnes accompagnées qui ont bénéficié d’un « emploi de développement » au sein de 68 associations partenaires. Accompagnement vers l’emploi : plus de 1800 demandeurs d’emploi accompagnés par 1000 bénévoles répartis en France dans 89 groupes de solidarité ; près de 700 accompagnements terminés à l’issue desquels 60 % des personnes accompagnées ont retrouvé un emploi. Dons : 2000 donateurs dont 97 % de personnes physiques ; 752 000 euros de recettes dont 96 % de dons privés. Depuis 2004, possibilité d’épargner solidaire avec le livret Agir contre le chômage en partenariat avec le Crédit Coopératif. Fondée à l’initiative, notamment, de Jean-Baptiste de Foucauld, Solidarités Nouvelles face au Chômage est une association loi 1901, indépendante de tout parti politique et de toute confession religieuse. Siège : 2 cité Bergère – 75009 Paris - & 01 42 47 13 41 RFA (Réseau Financement Alternatif ) a lancé une campagne de mobilisation pour interroger les principales banques belges sur leur financement d’industries d’armement, non éthiques... Cette image a symbolisé leur volonté de ne pas associer l’argent des citoyens belges et l’armement. © RFA – www.rfa.be que faisons-nous avec notre argent ? 23 Prix de vente 8 € 2 épargne et finances solidaires par gabriel marc CONTEXTE GLOBAL DE LA FINANCE L es politiques désignent volontiers la «mondialisation» comme la cause des maux de notre pays, s’exonérant ainsi à bon compte de leur responsabilité. De quoi parle-t-on réellement en abusant de ce terme ? De manière générale la «globalisation», comme préfèrent dire les Anglo-saxons, c’est la considération du monde et de l’humanité comme une totalité et non plus seulement nationalement comme naguère quand les relations économiques internationales comptaient assez peu. Vue ainsi la mondialisation recouvre toutes sortes de domaines nourris par le progrès des communications, par exemple la culture et les médias, la population et ses mouvements, la géopolitique, la science et la technologie…. Dans le discours des politiques, en fait la mondialisation est réduite principalement au seul domaine de l’économie financiarisée. Le terme peut dérouter et l’on présume qu’il recouvre une réalité complexe. En taillant à la machette dans ce maquis touffu, on peut pourtant en donner une idée. Jusque dans les années soixante-dix les firmes internationales étaient limitées dans leur expansion par les barrières douanières grâce auxquelles les pays protégeaient leur production, limitées aussi par la rigidité du système monétaire et du crédit. Les monnaies nationales avaient alors des parités fixes avec le dollar, lui-même gagé sur l’or. Or depuis 1970 les monnaies fluctuent entre elles, ainsi qu’en témoigne le rapport changeant d’un jour à l’autre entre le dollar, l’euro et le yen. Depuis le début des années 1980 le crédit échappe aux réglementations nationales et le marché de l’argent s’internationalise. Depuis les années 1990, l’OMC s’emploie à supprimer les dernières barrières nationales au commerce extérieur. Un système s’est donc rapidement mis en place. Les grandes firmes en concurrence accrue entre elles, ont besoin de beaucoup d’argent pour acquérir de la puissance. Elles l’empruntent principalement aux banques ou en intervenant sur le marché boursier. Elles émettent des titres, actions et obligations, qui sont acquis par des actionnaires divers : des 26 banques ou, par l’intermédiaire de celles-ci, des fonds de placement collectifs (SICAV, FCP, fonds de pension, etc.). La valeur des titres varie constamment d’une bourse à l’autre comme en témoignent les indices boursiers, en France le CAC 40. Il est donc possible de spéculer sur ces variations à condition de posséder la bonne information et les ressources nécessaires. Chaque jour une masse évaluée à 1500 milliards de $, voire davantage, circule dans tous les sens sur la planète à la recherche de profits spéculatifs, grâce au progrès vertigineux de l’électronique de communication. C’est l’équivalent des deux tiers du PIB annuel français ! Avec le temps la spéculation s’est développée grâce à des produits financiers nouveaux, appelés produits dérivés qui reposent sur des paris à terme court. Des sommes colossales sont ainsi engagées. C’est ce qui a donné le sobriquet «d’économie casino» pour désigner ce marché spécial. On parie sur tout, la valeur des monnaies, les actions de grandes sociétés, leurs performances financières, le cours des matières premières, etc. Sur cette base s’élèvent des constructions très sophistiquées. Il y a quelques années une célèbre banque anglaise qui, il y a deux cents ans prêtait de l’argent aux rois, a fait faillite après qu’un de ses agents à Singapour ait mis sur pied un tel pari qui s’est avéré perdu ! Les titres sont attrayants et recherchés par les spéculateurs lorsque les bénéfices réels ou présumés sont élevés. Un profit élevé s’obtient de plusieurs manières, y compris la fraude parfois (la faillite d’Enron aux Etats-Unis par exemple), dont la principale est évidemment la compression des coûts pour satisfaire des actionnaires devenus très gourmands. Pour cela on peut agir sur deux fronts. Le premier est celui de la masse salariale que l’on s’efforce de minimiser en faisant pression sur les salaires et sur l’emploi, aussi en utilisant la délocalisation vers des pays où la main d’œuvre est abondante et bon marché, enfin par fusions et concentrations qui éliminent les doubles emplois. Le second consiste à obtenir de l’Etat une baisse ou une annulation des charges fiscales et sociales (ou encore en passant par des paradis fiscaux). La production des biens et des services à toujours plus grande échelle et à un coût toujours moins Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca enjeux élevé devient ainsi la vache à lait des actionnaires qui désormais comptent bien davantage que les salariés dans la valeur ajoutée et sa distribution. S’il faut produire plus il faut aussi vendre plus à une clientèle solvable et la persuader d’acheter par une publicité insistante qui crée sans cesse de nouveaux besoins. Dans les pays riches la consommation de la plupart des gens dépasse largement les besoins fondamentaux de la vie humaine. Quand la saturation survient il faut mettre sur le marché de nouveaux produits pour relancer la vente. L’inépuisable ingéniosité technologique est orientée vers cet objectif. Par là on mesure combien la plupart des gens, de pays riches surtout, sont acteurs du système. Comme travailleurs ils le vilipendent et se ressentent comme ses victimes impuissantes car le marché de l’emploi s’étrécit et se fluidifie, les salaires sont insuffisants, la précarité s’étend, l’avenir devient incertain. Comme épargnants, ils figurent, consciemment ou non, au rang de ceux qui souhaitent que leur argent fructifie au maximum. Comme consommateur ils sont les moteurs du système qui s’enrayerait si la consommation devenait raisonnée. Sans vendre les firmes ne peuvent produire, ni bien sûr engranger des dividendes distribuables. On peut se demander quelle est la viabilité de ce système à court et à moyen terme. A court terme le système est fragile, repose sur des châteaux de cartes, ce qui le met à la merci d’une panne – il y a eu des cracks boursiers ces dernières années ainsi que des faillites retentissantes – ou d’une crise politique ou financière majeure dans un groupe de pays ou, comme maintenant, quand le coût de l’énergie s’élève fortement. Il peut s’effondrer s’il est trop tendu ou mal géré puisque par fondation aucune autorité ne le gère. Sans compter les produits dérivés qui le rendent vulnérable. La principale menace cependant est à terme de quinze ou vingt ans. Une nouvelle donnée s’inscrit dans le devenir planétaire : c’est la limitation de capacité de la planète. On est en train de s’en aviser : les prélèvements sur les ressources sont désormais plus grands que leur reconstitution. L’humanité consomme son capital vital et s’apprête en même temps à grossir de deux milliards de personnes supplémentaires. On ne peut plus faire comme si la croissance du produit matériel était indéfinie. Le système devra bien ou s’effondrer ou se réformer fondamentalement. Il n’est pas viable longtemps comme il est actuellement. On imagine que cela entraînera de grands bouleversements dans la vie de chacun, surtout des gens de pays riches. La raison voudrait que l’on commence à s’y préparer en expérimentant la viabilité de recherches alternatives et en déplaçant les mentalités. Cela existe au stade embryonnaire mais c’est essentiel et l’usage devrait montrer si l’extension est viable ou pas. Le Guide de l’épargne et des finances solidaires qui est présenté ici en recense un bon nombre. Il est clair que l’économie solidaire, dans sa plus large définition constitue une alternative apte à surmonter les futurs probables ébranlements du système. On comprend qu’il est vital de la développer sous toutes ses formes. Gabriel MARC Ancien Administrateur de l’INSEE Ancien président du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) épargne et finances solidaires 27 par jean-paul vigier Histoire de l’épargne et des finances solidaires L orsque, au début des années quatre vingt, naissent les tout premiers instruments de la finance solidaire en France avec la création du Fonds commun de placement « Faim et Développement » et la mise en place de la Sidi, peu de choses existent en Europe dans ce domaine. Chez nous, il fallut la demande de création d’entreprises par des organisations polonaises désireuses de créer des emplois à des personnes licenciées lors de l’état de guerre décrété par le Général Jaruzelski, pour que le CCFD et le Crédit Coopératif conçoivent ce premier fonds de partage et l’outil commercial nécessaire à ce dessein. C’est à partir de réflexions menées avec des communautés religieuses féminines disposant de ressources importantes issues de vente de terrains ou d’immeubles et préoccupées de gérer ces sommes en conformité avec leur vœu de pauvreté et leur volonté de solidarité que ce premier fonds de partage a été conçu. En même temps ces mêmes religieuses créaient le premier fonds de placement éthique français. Dans le même temps des initiatives semblables mais d’origine diverses voyaient aussi le jour : la NEF, les clubs CIGALES, la société de capital-risque GARRIGUE, d’autres encore. Bientôt après France Active était créée avec l’intention de financer les entreprises d’insertion. Vint ensuite l’ADIE qui introduit et développe en France le micro-crédit inspiré directement du succès de la Grameen Bank du Bengladesh. Tout ceci émerge dans une société encore largement dominée par la référence à l’Etat-Providence mais déjà inquiète de la montée de la pauvreté liée à la précarité, au chômage et au blocage de l’“ascenseur social “. C’est l’honneur de certaines associations ou courants de pensée que d’avoir porté, soutenu et promu ces idées neuves. Dans ces premiers temps, le concept d’épargne ou de finance ou de crédit solidaire attirait dans les milieux officiels et dans l’aire bancaire au pire un dédain général et au mieux un sourire compatissant. Quelques hauts fonctionnaires, plus éclairés ou plus ouverts sur la vie montraient heureusement un intérêt réel et apportait un soutien utile. Il est bien clair que la considération se mesure à 28 l’importance que l’on a ou que l’on vous attribue. L’essentiel pour toutes ces initiatives était donc de se faire connaître pour se faire reconnaître. Persuadées de leur capacité à proposer un chemin nouveau dans les mécanismes financiers, les organisations de la finance solidaire décident de se constituer en une association. Chacune d’entre elles étant trop modeste pour pouvoir agir seule, elles conviennent de se regrouper pour se présenter ensemble et proposer, de concert, une approche inédite de la solidarité financière. Ce fut la création de Finansol, dont l’objectif premier était de mettre en commun les efforts des uns et des autres pour faire découvrir à la société française et aux pouvoirs publics la réalité de leurs actions et la finalité de leurs projets. La mise en place d’un label destiné à garantir la qualité éthique et solidaire des placements financiers a permis de distinguer et de promouvoir les produits de placement et les actions d’investissement tournées vers la solidarité. A ce jour près de cinquante produits de ce type ont acquis ce label FINANSOL. Tout cela a rendu possible une meilleure connaissance du grand public pour l’épargne solidaire et a facilité le dialogue avec les pouvoirs publics et le milieu bancaire. Quelques facilités fiscales ont été, ainsi, obtenues qui ont ouvert un peu plus la porte de la finance solidaire à de nouveaux épargnants, augmentant ainsi, considérablement, leur nombre dans les cinq dernières années. Cf. le Baromètre de l’épargne solidaire publié par FINANSOL. Mais surtout l’élément déterminant de l’action des milieux politiques a été la création de l’épargne salariale dont une partie s’est tournée,conformément à la loi, vers les placements solidaires. En France la loi sur l’épargne salariale recommande aux fonds où s’investit cette épargne de placer jusqu’à 10 % de l’encours dans des entreprises solidaires. A ce point de vue, l’action de FINANSOL a été une réussite. Mais aussi, de part son originalité qui lui fait rassembler, à la fois, des financeurs solidaires et des groupes bancaires, essentiellement coopératifs ou mutualistes. FINANSOL est le seul organisme de ce genre en Europe dans ce secteur financier. Voir les sites : www.finansol.org www.febea.org Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Jean-Paul Vigier Président de la FEBEA enjeux par giovanni acquati contexte sur la question des spécificités locales et des enjeux sur le territoire J e voudrais développer cette thématique autour de quatre notions : le territoire, les citoyens, les pouvoirs publics et l’argent sous forme d’épargne. Ces quatre éléments interagissent toujours de manière complémentaire. Pour toutes les initiatives ou interventions et pour ceux qui s’occupent du développement local, économique et social, la question du territoire est un élément clé de discussion. En effet, le territoire est le premier et le plus important espace de relation sociale et humaine, de contact avec la réalité de chacun : c’est le lieu où nous vivons, où nous lions amitiés et connaissances. En plus, chaque territoire est, en petit, ce que nous vivons à un niveau plus général : politique, économie, finance, culture, relations humaines et problèmes sociaux. Ici, chacun entre en relation avec les problématiques de la vie et peut exercer et expérimenter la « citoyenneté active ». Si le premier pas de chaque être humain est donc se mettre à l’épreuve localement, il est encore plus important de comprendre que chaque réalité locale n’est pas « tout », mais seulement une « petite partie du tout ». En dehors de nos espaces, il y en a d’autres qui ont des caractéristiques et des potentialités différentes dues aux personnes qui les habitent, à la spécificité de l’économie territoriale, aux conditions environnementales et climatiques, etc. Seule la relation entre plusieurs territoires, qui mettent en commun leurs propres expériences et ensemble expérimentent de nouvelles propositions et modèles, rend possible une globalité d’approche et donc des solutions innovantes. Ce concept est identique à celui utilisé quand nous pensons au sens de « faire réseau » : transformer un petit territoire ne veut pas dire transformer le monde. Nous ne pouvons donc pas nous arrêter à «vivre bien» dans notre propre réalité (l’île heureuse) et penser que notre tâche est terminée. Non, nous avons seulement fait le premier pas, nous avons simplement expérimenté et démontré que les choses peuvent fonctionner autrement à petite échelle. Après, il faut mettre en commun les expériences des différents territoires, étudier de nouveaux modèles d’intervention pour mettre en œuvre les changements dans une réalité toujours plus vaste. Il faut donc atteindre le point où l’on arrive à penser, projeter ensemble et partager les expériences. Le territoire est donc le premier lieu de vie et d’expérimentation, le point de départ de chaque changement. Mais en pratique, aucune expérimentation ne sera jamais possible sans la volonté des citoyens qui l’habitent. Ceux-ci sont les vrais protagonistes de la vie dans un territoire et leur comportement est la vraie valeur qu’un territoire est en capacité d’exprimer. Les pouvoirs publics ont évidemment une très grande importance à ce niveau pour garantir à tous les citoyens une égalité de droits et de chances. L’action à mener devra donc être : d’une part s’employer à responsabiliser les citoyens avec des actions d’information et un encouragement actif ; d’autre part considérer de manière prioritaire la partie de la population la plus faible et la plus en difficulté, celle qui a le plus besoin d’assistance pour réussir à vivre dignement. Enfin, ils doivent créer les conditions pour que toutes les initiatives sociales, culturelles et de solidarité existantes aient l’espace pour pouvoir s’exprimer pleinement. Un des facteurs essentiels du développement d’un territoire est évidemment la finance, et notamment la manière dont l’argent est localement utilisé : soit les fonds des pouvoirs publics, soit l’épargne des citoyens. En lisant l’histoire de la finance, on peut facilement vérifier que l’argent était à l’origine un «instrument au service des citoyens». En effet, auparavant, les intermédiaires financiers locaux l’utilisaient exclusivement pour le développement du territoire dans lequel il était récolté, à travers un rapport de connaissance directe des bénéficiaires. Les banques, à la fin du 19ème siècle - début du 20ème siècle, prenaient en dépôt l’argent des personnes qui en avait le plus pour le donner à ceux qui en avaient besoin, avec un intérêt plus bas que celui des usuriers privés. Les financements étaient plus ou moins de l’ordre du microcrédit aujourd’hui réalisé dans les pays les plus pauvres de la planète. Aujourd’hui, le monde financier traditionnel a épargne et finances solidaires 29 complètement perdu la liaison entre argent et territoire et seulement très peu de ses acteurs essayent, et en partie seulement, de maintenir cette caractéristique : les banques coopératives agricoles ou territoriales en sont un exemple. C’est face à cette réalité qu’à partir de la fin des années 1970, en Europe et dans le monde, ont commencé à naître de nouveaux instruments financiers qui ont reposé la réflexion sur la question de l’argent. Et ce, surtout quand nous en arrivons à traiter les questions telles que : économie sociale, personnes faibles et exclues, pauvreté, chômage, c’est-à-dire des thématiques qui nécessitent directement d’intervenir de manière plus solidaire. Dans le monde entier, existent des expériences extraordinaires qui démontrent la puissance de l’argent et son utilisation consciente, soit liées à des territoires spécifiques, soit à des projets d’intervention sociale et solidaire ou de développement d’une autre économie. Je rappelle, par exemple, l’efficacité de l’intervention financière pour le développement du commerce équitable en Italie : à partir du moment où a été réalisé un instrument coopératif financier dédié pour recueillir de l’argent des citoyens destiné spécifiquement à ce secteur, pour anticiper les paiements à un prix juste aux producteurs locaux et favoriser les réalités locales des plus pauvres et des plus exploités, on a vu une explosion de l’activité commerciale ! Mais je voudrais vous décrire une autre expérience simple, emblématique et très significative, qui exprime exactement le sens du concept que je veux vous transmettre. Je me trouvais au Sénégal l’année passée pour une réunion internationale. J’ai eu la possibilité de visiter un village très pauvre de l’intérieur du pays : 150 habitants qui vivent en maisons de paille et au milieu du sable. Presque tous les habitants nous accueillent sous un baobab et avec fierté nous présentent le modèle financier de leur village. Deux cassettes : une verte et une rouge. Dans la verte, les citoyens mettent leurs petites sommes d’épargne destinée aux microfinancements du village et soumise aux décisions d’un groupe de personnes du village-même. Dans la rouge, chaque personne met, chaque mois, une somme, encore plus petite en donation qui doit servir en cas de difficulté de quelqu’un du village ou pour des frais exceptionnels : en trois ans d’expérimentation, cette caisse rouge a dû intervenir seulement deux fois. 30 La somme à leur disposition était autour de 3000 ou 4000 euros, une somme très importante pour eux, et ils étaient fiers de leur système parce qu’ils avaient déjà réussi à résoudre beaucoup de problèmes. Il n’y a pas beaucoup à ajouter : ceci est l’essence de ce que signifie « citoyenneté active » et soutien aux initiatives du territoire. A travers l’utilisation de l’argent et la disponibilité d’une somme à fonds perdus (une sorte de garantie en cas de difficulté), on peut soutenir de manière fiable les initiatives des citoyens d’un territoire, favoriser le développement local et plus particulièrement avoir la disponibilité pour intervenir en faveur des personnes faibles et en difficulté par des initiatives de solidarité. L’importance d’avoir localement des instruments financiers spécifiques est donc évidente, des instruments adressés aux besoins du territoire, qui agissent en complémentarité avec toutes les instances du territoire, auxquelles participent directement les citoyens. Et ceci devient encore plus important quand on doit intervenir pour aider l’économie sociale et solidaire du territoire, qui n’est pas soutenue par le circuit financier traditionnel. La finance locale, participative et voulue par les citoyens avec leur épargne, est le point de départ de chaque changement et de chaque révolution locale. Les pouvoirs publics doivent seulement faire leur métier : créer les conditions d’un développement harmonieux du territoire et permettre à chacun d’avoir son espace. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Giovanni Acquati Président d’Inaise (International Association of Investors in Social Economy) enjeux une initiative en PACA Une Plateforme de proximité Aujourd’hui certaines volontés d’entreprenariat ne peuvent pas s’accomplir, les porteurs de projets étant confrontés à une double exclusion : – exclusion du circuit classique de financement des entreprises car ils ne disposent pas de garanties financières suffisantes – exclusion due à la nature de leur projet qui rentre difficilement dans le cadre de référence habituel des investisseurs. L’épargne solidaire est l’une des réponses possibles à cette situation : elle peut prendre différentes formes et s’opérer à plusieurs niveaux dans des circuits très divers. Le groupe Epargne et Finances Solidaires du Collectif des Solidarités 2000 s’est lancé dans un projet ambitieux dont le but est de lutter contre cette double exclusion du système économique qui touche une partie de la population. L’objectif est de permettre ainsi l’émergence et le développement de projets d’utilité sociale et environnementale. Pour atteindre ce but (ou au moins y participer), l’idée est née de créer une plateforme locale des acteurs de la finance solidaire sur les Alpes Maritimes : Cigales, Nef, Adie, Crédit Coopératif. les financeurs et les entrepreneurs ainsi que le montage de co-financements. – des outils de communication communs (plaquette, expositions…) pour permettre à tous (épargnants ou entrepreneurs) de savoir à qui s’adresser localement pour investir solidaire ou accéder à des financements alternatifs. Elle apparaît déjà comme un outil de développement économique dans les projets de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis (CASA) notamment au sein de la Maison de l’Emploi et de la future plate-forme d’initiative locale. Elle pourra intervenir auprès du Centre de Promotion des Entreprises de la Communauté d’Agglomération Pôle Azur Provence (CAPAP) Aujourd’hui, les finances solidaires ne peuvent plus être considérées comme marginales et réservées à des micro-projets (elles peuvent intervenir par leur complémentarité dans des projets conséquents) ; leur singularité et leur force réside dans la mise en réseau des acteurs. Une preuve qu’elles sont un véritable outil de développement local liant épargnants et entrepreneurs. La complémentarité entre les différents acteurs de la finance solidaire est évidente et reconnue par chacun. Se connaître, créer des liens personnels entre les structures au niveau local, rendre plus lisible « qui fait quoi » sur le territoire sont des objectifs partagés par les acteurs qui se sont engagés dans ce projet. Aujourd’hui des permanences de la Nef et de CIGALIA (club Cigales) sont organisées au sein de la MEDS à Valbonne Sophia Antipolis. L’ACS 2000 propose à ses partenaires d’y participer et envisage d’organiser des réunions régulières d’information sur d’autres communes du département avec les acteurs de ce projet. La plateforme veut mettre en place deux types d’actions : – des espaces de rencontres et d’échanges (réels et virtuels) pour faciliter la rencontre entre Groupe Epargne et Finances Solidaires – ACS 2000 Contact : Maria Lee (ACS2000) – Jacques Decams – Mireille Novellas & 04 92 38 94 26 - [email protected] épargne et finances solidaires 31 par prosper wanner Enjeu local, enjeu global L es finances solidaires : nouvelle consommation « responsable » pour certains, enjeu démocratique pour d’autres ? Aujourd’hui, les choix de développement durable, d’économie solidaire ou de commerce équitable doivent souvent trouver leur financement hors des marchés financiers. Et cela ne concerne pas seulement les entreprises dites « de l’économie sociale et solidaire ». Pour être compétitifs, les gestionnaires de l’épargne ont un taux de rentabilité imposé (15 à 20 %°), parfois au détriment des entreprises dans lesquelles ils investissent. Ce n’est plus la rentabilité de la production qui régule la rémunération de l’épargne. Le taux de retour sur investissement à court terme s’impose. La variable d’ajustement devient couramment le facteur travail, voire l’environnement, la qualité ou la durabilité de l’entreprise. La prise de risque est transférée vers les facteurs de production. De nombreuses entreprises ne peuvent prétendre à de tels rendements ou font des choix de développement qui ne sont plus compatibles avec la logique des marchés financiers. Cette situation constitue un véritable frein au développement économique d’entreprises. Ces dernières années ont vu l’apparition de placements et produits financiers cherchant à associer épargne et comportement citoyen. Actuellement, des questions se posent quant à leur rôle et à leur poids dans le financement de projets pour une économie sociale et solidaire. Ainsi, par exemple, en voulant conjuguer des placements financiers alliant attractivité et « éthique », la finance dite « éthique » a masqué l’enjeu d‘une citoyenneté économique. Ici, l’épargnant reste un consommateur et, même si les sommes ainsi mobilisées en France dépassent les 8,75 milliards d’euros en 2005, dont 3,6 milliards épargnés par des particuliers, la quasi-totalité de l’épargne ainsi collectée reste investie sur les marchés financiers (sources www.novethic.fr). Au final, ceux qui entreprennent restent encore les seuls à assumer les risques et les décisions d’orientation : bien moins de 1 % de cette épargne est investi sur des motifs « éthiques » au capital d’entreprises non cotées. Une autre logique, moins visible et largement moins 32 mobilisatrice d’épargne, est celle d’un capital risque solidaire. Il s’agit ici d’apporter aux entreprises les capitaux indispensables à leur développement au regard des enjeux qu’elles défendent. À partir du moment où le choix d’épargner « autrement » dépasse la seule stratégie marketing, il modifie considérablement les modalités de l’échange : que ce soit pour partager collectivement la propriété d’une voiture (auto partage), les aléas d’une production agricole avec un producteur (paniers paysans), le préfinancement d’une commande avec un commerçant (commerce équitable) ou le lancement de son entreprise avec un/une entrepreneur/se (club d’investisseurs solidaire), il nécessite l’exercice de responsabilités nouvelles qui vont à contresens de nos habitudes d’épargnant, consommateur de produits financiers. La décision de s’associer, de « faire société », « l’affectio societatis », revêt une double signification : d’une part, il traduit l’intention de travailler en commun, c’est-à-dire une volonté de participer à la vie sociale de l’entreprise d’une façon active et intéressée. Autrement dit, l’épargnant ne se contente pas de manière passive de faire des apports et au mieux d’attendre qu’on lui envoie les comptes sociaux. Il cherche, au contraire, à comprendre le fonctionnement et à faire prospérer l’entreprise en participant à sa vie sociale. D’autre part, la participation de l’épargnant s’exerce sur un pied d’égalité : tout lien de subordination est exclu et les risques sont partagés. Ni client, ni donateur, l’épargnant cherche à s’associer à la gestion de son épargne et de ce fait à acquérir de nouveaux droits et devoirs en matière d’économie. Sa responsabilité n’est pas déléguée à un tiers, diluée ou socialisée au travers des mécanismes de garanties. Cette position se joue par une participation aux risques, le mode de gouvernance et de gestion, et les retours attendus. Le retour sur investissement se joue non plus sur le seul registre financier mais également sur la capacité de l’entreprise à conduire une stratégie ayant les effets attendus. L’exigence de suivi, au-delà de la seule lecture des éléments comptables, porte sur la manière dont leurs enjeux sont défendus. Par ce biais, l’épargnant/citoyen peut évoluer d’une position de « consommateur » d’un produit financier, même labellisé « éthique », vers une position de responsabilité permettant d’assumer différemment le rapport au risque. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca enjeux Partant de là, l’exigence de rentabilité du capital et de partage du risque se pose en des termes différents. Il ne s’agit plus de chercher à tout prix un retour sur investissement le plus rapide possible, mais d’asseoir une rentabilité suffisamment « modérée » pour ne pas dévoyer l’objet de l’entreprise. Cette posture contribue à consolider la structure dans une perspective de durabilité, et par voie de conséquence, à protéger le capital investi. Les conditions d’évolution du contexte économique peuvent difficilement reposer uniquement sur des solutions internes à l’entreprise. La capacité financière de prise de risque d’une entreprise, et donc ses possibilités de faire des choix de développement, est intimement liée aux politiques des marchés financiers et, de ce fait, aux modalités de gestion de l’épargne. Notre capacité à gérer démocratiquement nos choix de développement économique dans l’intérêt de tous et des générations futures ne peut s’extraire de la question de la gouvernance et de la régulation des marchés financiers. Loin d’apporter des réponses clef en main, la finance solidaire, dans son rapport au partage du risque, ouvre un espace d’action/réflexion sur notre rapport à l’économie et à son mode de régulation. Elle s’apparente ici à un processus de citoyenneté économique. Prosper Wanner SCOP PLACE www.finance-solidaire.info BILAN DE LA PREMIERE SEMAINE DE L’EPARGNE SOLIDAIRE ORGANISEE PAR FINANSOL EN 2003 : UN SUCCES POUR LES BANQUES L’évaluation des résultats de cette semaine organisée en 2003 en PACA fait apparaître : – Une augmentation de 16 % du nombre d’épargnants solidaires, soit 500 épargnants solidaires de plus. – Une augmentation de 22 % de l’encours global, soit 3, 5 millions d’euros collectés. Soit une augmentation de presque autant d’épargnants qu’en un mois sur l’ensemble de la France. Ces résultats ont été obtenus notamment par : – la convergence entre la campagne globale nationale et les communications et actions spécifiques; – Habitat et Humanisme qui a lancé son appel public à l’épargne en octobre 2003, a augmenté le nombre d’épargnant dans HHD (Habitat et Humanisme Développement) de 400 % et le capital de HHD de 343 % (soit respectivement + 70 épargnants et + 97 418 euros) ; – La fédération régionale du Crédit Agricole PACA a créé des outils propres de communication qui rappelaient que cette action de communication se faisait dans le cadre de la Semaine de l’Epargne Solidaire. Elle a par ailleurs fixé des objectifs de vente de deux produits labellisés Finansol à ses équipes dans les agences (objectif : 300 000 euros). Elle a atteint son objectif à 85 % puisque 285 000 euros ont été collectés sur ces produits pendant la Semaine, soit une augmentation de 78 % ; – le Crédit Coopératif a collecté sur cette période près de 2 millions d’euros sur les 11 produits d’épargne labellisés Finansol. épargne et finances solidaires 33 par jean-paul vigier L’épargne et les finances solidaires en Europe Q uelle est la situation de ce champ d a n s l’Europe en-dehors de la France ? Les exemples sont divers et multiples. Président d’une fédération, la FEBEA (Fédération Européenne de Finances et de Banques Ethiques et Alternatives), je connais les vingt-trois membres qui la composent, originaires de onze pays européens. Il m’est donc difficile d’en dresser, ici, un tableau exhaustif d’autant plus que d’autres n’adhèrent pas à la Febea. Je prendrai quelques exemples qui illustrent la diversité et la richesse de ces initiatives. Aux Pays-Bas, tout d’abord, deux organisations occupent dans le créneau qui nous intéresse, une place importante et ancienne. Oïkocrédit, tout d’abord, né sous le nom plus terre-à-terre de Société Coopérative Œcuménique de Développement. Créée à l’instigation du Conseil Œcuménique des Eglises, elle a été la première à mettre en œuvre une structure bancaire tournée explicitement et uniquement vers le financement de petites entreprises dans les pays ou les milieux défavorisés. Ses premiers sociétaires furent, au départ, des Eglises protestantes que sont venus compléter des milliers de coopérateurs regroupés en de nombreuses associations régionales. Oïkocrédit est la plus importante institution de ce genre en Europe, elle collabore avec la Sidi. Toujours, dans ce même pays, Triodos Bank. Créée, elle aussi au début des années 80, après une étude et une expérimentation de plus de dix ans, elle propose des financements éthiques à partir d’une épargne solidaire. Elle centre son action sur une approche délibérée sur le rôle des personnes dans la société et la protection de la planète. Dans ce même esprit, elle a suscité la création de filiales en Belgique, au Royaume-Uni et en Espagne. Elle se réclame à l’origine des idées de Rudolf Steiner. Dans ce pays, un régime d’avantages fiscaux s’applique aux investissements qui oeuvrent dans la défense de l’environnement, l’énergie solaire ou éolienne, l’agriculture biologique, la construction durable, etc. « Investir dans le systèmes des « fonds verts » signifie que des investisseurs individuels prêtent leur argent « à bon marché » aux banques à un taux d’intérêt plus bas et récupèrent leur manque à gagner sous forme de dégrèvement fiscal. » Tout fonds d’investissement soutenant un projet environnemental doit obtenir du ministère une « attestation verte » certifiant l’intérêt de ce projet. Les 34 investisseurs bénéficient d’une réduction d’impôt qui accroît leur retour sur investissement de 2,5 %. Au Royaume-Uni, le « Community Development Tax Relieef Scheme » encourage les investissements dans des collectivités désavantagées en accordant aux épargnants prêts à investir dans des entreprises locales pendant au moins cinq ans, un dégrèvement fiscal égal à 5 % du capital. Ces investissements doivent être gérés par des « Community Develoment Finance Institutions » qui accordent des prêts aux entreprises des zones défavorisées et plus spécialement à celles qui ne peuvent attirer des financeurs traditionnels. Il convient aussi de noter le statut particulier concédé par la Banque d’Angleterre à Charity Bank. Initiée par une grosse organisation d’aide au plus démunis, Charity Aid Foundation, cette institution s’est vue reconnaître un statut particulier qui lui donne les caractéristiques d’une « charity » et d’une banque. Il s’agit là d’un cas très particulier qui, à titre expérimental ouvre des perspectives très intéressantes pour l’étude d’un statut européen des banques éthiques. En Italie, l’origine et l’évolution de l’épargne solidaire et éthique sont encore différentes. Il y a vingt-cinq ans (à cet égard il convient de noter, la simultanéité de toutes ces initiatives nées, sans concertation, à la même époque), des coopératives d’épargne et de crédit les « MAG » se sont développées dans la péninsule, certaines tournées vers le financement des personnes en difficulté en Italie ou dans les pays du Sud. L’aboutissement de ce foisonnement fut, en 1999, la création à Padoue, de la Banca Popolare Etica, appelée « Banca Etica » qui a regroupé toutes ces réalisations en leur donnant un statut officiel de banque. L’intérêt de la naissance de cette nouvelle banque à la fois « normale » et très particulière est sa détermination à agir dans la plus grande transparence – comme d’ailleurs la Triodos Bank - mais aussi à traduire dans toutes ses activités une entière volonté d’éthique financière. La composition de son sociétariat est aussi remarquable. Des associations, des régions, des syndicats, des diocèses catholiques s’y retrouvent en bonne intelligence. Cette institution est, à ce point remarquable, que les deux chambres du Parlement italien ont voté, à l’unanimité, une résolution demandant au gouvernement de proposer un statut particulier pour elle, et pour d’autres banques éthiques éventuelles. A ce jour, le gouvernement italien n’a pas donné suite à cette démarche. En Belgique, le gouvernement fédéral belge a créé un Fonds de développement de l’Economie Sociale et Durable. Ce fonds est alimenté par la mise sur le marché d’obligations garanties par l’Etat et qui financent les institutions de finance solidaire, elles-mêmes Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Voir les sites : www.finansol.org www.febea.org tournées vers le prêt aux personnes défavorisées et aux associations d’économie solidaire ou de développement social. Les souscripteurs bénéficient d’une réduction d’impôt de 5 % du montant souscrit. Il vise le soutien du développement de l’Economie sociale et durable par des prises de participation et des prêts à des structures répondant aux 5 principes suivants : – primauté du travail sur le capital – autonomie de gestion – finalité de service aux membres ou à la collectivité plutôt que de profit – processus décisionnel démocratique – entreprenariat socialement responsable dans le cadre d’un développement durable. Ce financement s’effectue de préférence par l’intermédiaire des « acteurs financiers alternatifs ». Autre pays, autres situations. En Espagne, se sont les Caisses d’épargne qui ont suscité, dans le domaine de l’épargne solidaire des initiatives novatrices. Obligées par la loi à utiliser une partie de leur bénéfice pour le financement de projets d’intérêt général, ces caisses ont créé des fondations dotées d’une capacité financière autonome qui apportent des ressources à la lutte contre la précarité, la rénovation du patrimoine, le respect de l’environnement et le soutien des pays en développement. La Caixa Catalunya à Barcelone, la BBK à Bilbao ont développé dans ces domaines des actions originales. Aux Iles Baléares, la Caixa Catalunya est allée plus loin en créant un fonds autonome et éthique qui investit directement l’épargne des particuliers volontaires dans des créations d’entreprises d’insertion ou de commerce équitable. Là, le Parlement de la Région des Baléares a voté une résolution allant dans le même sens que celle déjà votée par le Parlement italien. Enfin une nouvelle initiative vient de se faire jour audelà des Pyrénées avec l’organisation FIARE, située, elle aussi à Bilbao, qui veut, à l’instar de la Banca Etica de Padoue, créer une Banque éthique espagnole. La plupart de ces banques mettent en place également des micro crédits, rejoignant en cela l’impulsion généralisée de cette technique en Europe. En Europe centrale le même mouvement se fait jour, mais plus lentement. Déjà, dès la chute du pouvoir communiste en Pologne, une banque la Bise, impulsée par le Ministre du Travail, M. Kuron et soutenue par le Crédit Coopératif français a mis en place des financements pour des chômeurs et des personnes en difficulté. Cette banque a évolué, ensuite, vers une extension de ses activités à d’autres secteurs. Une de ses filiales, la Tise, créée avec la Sidi française a développé une activité de capital risque dans le même domaine. En Slovaquie, une très originale initiative, la coopérative Vernus créée par la fondation Integra organise un réseau d’institutions de micro crédit en Slovaquie et fédère enjeux des réseaux analogues en Russie, Roumanie, Croatie et Serbie. Son objectif est de devenir une institution financière de plein exercice. Les institutions que l’on vient de décrire brièvement sont membres de la Fédération européenne de finances et de banques alternatives (FEBEA). Cette organisation qui va fêter en octobre 2006 son cinquième anniversaire s’est donné comme vocation de créer des outils financiers pour répondre aux besoins des institutions européennes de finance solidaire pour renforcer leurs moyens et faciliter leur développement. Pour cela, elle a créé plusieurs outils : un fonds de garantie, une société de financement, un fonds de placement éthique et solidaire, un observatoire de la finance éthique et solidaire en Europe. Un groupe de travail étudie avec les organismes intéressés la mise en place d’instruments spécifiques pour aider au financement de la coopération avec les pays du Sud et du commerce équitable. Un autre travaille sur le même objectif pour les institutions de micro crédit. Mais l’ambition réelle de la Febea demeure la création d’une Banque Solidaire Européenne, destinée à être la banque de refinancement des membres de la Febea, mais aussi des structures financières solidaires désireuses de recevoir un financement pour se développer ou se transformer. Tous ces établissements agissent dans des domaines différents, selon des cultures, des pratiques différentes, mais se réfèrent tous, quelle que soit leur taille ou leur origine à une même charte exigeante sur la qualité de leur transparence et de leur relation avec les épargnants ou les clients, mais aussi sur la nature solidaire de leurs financements. Tous les secteurs de la vie sociale sont ainsi touchés : la création d’entreprises, le micro crédit, les énergies renouvelables, les soins aux personnes handicapées, l’agriculture biologique, l’enseignement, le logement social et la sauvegarde du patrimoine etc. Un seul secteur décisif , n’est pas encore suffisamment pris en compte, celui de la culture et de la production artistique. C’est là, en effet, que se découvre la vie profonde des régions et des hommes reliant leur patrimoine artisanal,artistique et culturel,au mouvement des idées et des arts du monde d’aujourd’hui. C’est là un secteur peu connu, mais aussi décisif pour le développement des territoires et des personnes que le sont les créations d’entreprises commerciales et industrielles. Des gisements d’emploi y sont terrés que peu, aujourd’hui, mettent à jour. C’est là un espace à combler et un terrain à défricher. La finance solidaire, en raison de sa vocation, de ses méthodes et de ses expériences peut devenir dans ce domaine un acteur essentiel. Jean-Paul Vigier Président de la FEBEA épargne et finances solidaires 35 par jean-michel servet Atouts et limites d’un outil de l’épargne et des finances solidaires : la microfinance Q u’est-ce que la microfinance, quelle est sa fonction ? Jusqu’à une période relativement récente, les associations en charge de programme de réinsertion utilisaient Photo © Marie-Hélène Isnard le terme microcrédit, repris de l’anglais. La coopération française parlait plutôt de systèmes financiers décentralisés. Aujourd’hui, le terme de plus en plus courant est microfinance. Il rend compte de la diversification des programmes et des organisations et désigne un ensemble de services financiers. Ils tendent à aller bien au delà du crédit avec l’épargne, la garantie des prêts, l’assurance, l’encaissement de chèques et de transferts de fonds par des migrants à leur pays ou région d’origine. Les microcrédits sont des prêts à petit montant consentis à des groupes d’emprunteurs solidaires ou à des emprunteurs individuels par des institutions qui peuvent être des organisations non gouvernementales, des banques ou des programmes publics. La cible affichée par les programmes de microfinance est celle de personnes ou de groupes à faible revenu ou subissant des discriminations sociales et culturelles. Dans les pays ayant connu un appauvrissement brutal de larges fractions de la population (comme en Argentine après sa crise financière ou en Europe centrale et orientale après la chute du Mur), le microcrédit est largement destiné aux “ nouveaux pauvres ” des couches éduquées. Dans les pays dits “ en développement ”, la plus large fraction de la population se trouve en situation d’exclusion financière et constitue une clientèle potentielle pour une large gamme de services financiers. Dans les pays dits “ développés ” où le salariat est dominant, il s’agit essentiellement de microcrédits qui s’adressent à une proportion limitée des travailleurs car l’auto-emploi ne peut y être qu’une solution limitée à la question du chômage et des travailleurs pauvres. La disproportion en France est flagrante entre une annonce de 40 000 ou 60 000 microentreprises qui seraient créées chaque année et une masse de plus de 2,5 millions de chômeurs 36 enregistrés cherchant un emploi, auxquels on doit ajouter un nombre important de travailleurs à temps partiel non désiré et de chômeurs non déclarés. En 2005, plus de 92 millions d’emprunteurs (dont 66 millions de personnes dites “ pauvres ”) auraient été clients d’une des dix mille organisations de microfinance actives sur la planète. Une croyance largement répandue est que rapidement elles pourraient devenir financièrement autonome. Non seulement la lutte contre la pauvreté pourrait se faire sans contribution publique mais elle pourrait même rapporter. Pour lutter contre ces illusions il suffit d’indiquer que seulement 1 % des institutions de microfinance sont actuellement financièrement rentables. Les résultats des études socio-économiques d’impact du microcrédit apparaissent, quant à elles, contradictoires. Elles ne permettent pas d’affirmer que le microcrédit joue un rôle positif pour les fractions les plus pauvres de la planète. Globalement, on peut estimer que du fait d’un microcrédit 15 % des emprunteurs voient leurs revenus s’accroître, que 15 % se trouvent en situation de surendettement et que pour 70 % il n’y a ni accroissement, ni diminution du revenu. Peut-être que sans la microfinance leur sort aurait empiré… A quoi sert donc pour le plus grand nombre sur la planète, la microfinance ? Principalement, je pense à permettre une meilleure gestion dans le temps entre ressources et dépenses des familles. Elle ne lutte donc pas fondamentalement contre la pauvreté au sens économique et limité du terme, mais elle contribue surtout à lutter contre l’exclusion financière qui frappe des couches sociales bien au-delà de populations matériellement démunies. En ce sens, la diversification de ses services, notamment par l’épargne, la microassurance et les opérations de transfert pour les migrants, m’apparaît aujourd’hui plus essentielle que le simple microcrédit. J’ai effectué une mission de recherche dans le sud de l’Inde qui en montre aussi toutes les difficultés : comment développer des entreprises qui soient gérées selon une logique entrepreneuriale et qui ne soient pas des réservoirs de solidarité et de protection si les risques de la vie ne sont pas par ailleurs couverts et comment développer la Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca enjeux microassurance en matière de couverture des frais médicaux et d’hospitalisation s’il y a une déficience forte des structures de soin ? Comment contraindre les compagnies d’assurance à aller largement sur les marchés des pauvres si elles pensent qu’elles trouvent des segments de marché beaucoup plus profitables parmi des populations riches ? Les expériences de la microfinance sont-elles différentes selon les contextes ? L’organisation de la microfinance varie considérablement d’un pays à l’autre. Il existe des différences marquées qui s’expliquent notamment par la différence des réglementations bancaires : l’existence ou non d’un taux d’usure, la possibilité de collecter ou non l’épargne tout en faisant du crédit, la possibilité de proposer des services d’assurance, de recevoir des fonds de l’étranger, etc. D’autres facteurs de différence sont également en jeu. La densité démographique fait varier de façon considérable le coût de transaction. Une forte densité bancaire peut expliquer un modèle de microfinance où il y a adossement bancaire des groupes locaux d’épargne et de prêt dont la mise en place est le plus souvent soutenu par des organisations de la société civile. Par ailleurs, la différence entre les continents implique une diversité de taille des organisations, par exemple plusieurs millions en Asie et généralement pas plus de quelques dizaines de milliers de clients ou membres en Afrique. Avec ces exemples nous sommes très loin des micro-projets qui ont quelques centaines de bénéficiaires… et pourtant tous sont réunis sous la même appellation de microfinance. Des institutions aux finalités très diverses et au volume financier sans commune mesure participent régulièrement aux grandes messes des sommets du Microcrédit qui sont supposés contribuer à la lutte contre la pauvreté et qui réunissent dans des hôtels de grand luxe plusieurs milliers de participants. Une idée fausse est courante : le microcrédit serait caractérisé par la petite taille des instances qui en seraient les principaux acteurs. On observe une très forte concentration qui se renforce sous la pression des bailleurs de fonds encourageant la normalisation du microcrédit. Selon la Campagne des Sommets du Microcrédit, une quinzaine d’organisations regroupent environ la moitié des emprunteurs. On est donc bien loin du romantisme de certains articles de presse. Depuis quand la microfinance connaît-elle un essor ? Il existe aujourd’hui plus de 10 000 institutions de microfinance à travers la planète. Aujourd’hui rares sont les pays qui ne la développent pas. Le microcrédit était presque inconnu au début des années 1990 en dehors d’un cercle étroit de spécialistes. Il a connu depuis une médiatisation croissante. La coopération multilatérale, les coopérations bilatérales, les programmes chargés de lutter contre le chômage et pour le développement local le présentent aujourd’hui le plus souvent comme un instrument parmi les plus efficaces pour éradiquer la pauvreté. Il est notamment instrumentalisé par les pouvoirs publics dans le cadre des stratégies mises en place pour atteindre en 2015 les objectifs du Millénaire de lutte contre la pauvreté. Sa diffusion a été fortement soutenue aux échelles nationales par l’ensemble des actions menées en 2005, déclarée Année du Microcrédit par l’Organisation des Nations Unies. Existe-t-il un rapport entre le contexte actuel d’une économie libérale mondialisée et le développement de la microfinance ? Pour les néo-libéraux, le microcrédit est pensé comme un moyen de mise au travail par l’autoemploi. Il peut être un moyen particulièrement insidieux de démanteler les politiques d’aide aux chômeurs et aux personnes démunies dans les zones et pour les groupes les plus marginalisés des pays dits développés. Ces aides constitueraient des dépenses sociales passives alors que le soutien apporté à des microprêts relèverait des dépenses sociales actives et serait plus efficace pour permettre le développement économique local. Ce qu’oublient souvent les promoteurs de ce genre de proposition c’est que les systèmes d’assurance chômage sont des institutions fondées sur une organisation de protection contre un risque de perte d’emploi et que l’on ne peut donc pas simplement transférer ces sommes d’une affectation à une autre sans le consentement formel des bénéficiaires potentiels. L’essor des micro-entreprises dont les activités pourraient entrer en concurrence avec le système salarial risque aussi de contribuer au démantèlement des systèmes traditionnels de solidarité et de protection, d’exercer une concurrence à la baisse des rémunérations, de faire peu de cas des épargne et finances solidaires 37 normes environnementales et des conditions de production et même d’encourager le travail des enfants. La lutte pour la création d’emplois risque alors de devenir un moyen de régression sociale instrumentalisé par les néolibéraux. En outre, des organisations diffusant les standards d’évaluation des institutions de microfinance deviennent des rentiers de cette idéologie en captant une partie de l’aide à la microfinance. Ce ne sont sans doute pas ceux qui profitent de soutiens publics aux programmes de microfinance et tous les courtiers en développement, vendant un mirage à des politiques et des décideurs qui ne demandent pas mieux que d’être illusionnés, qui vont dénoncer l’échec prévisible du microcrédit comme instrument de lutte contre la pauvreté. Cette contribution à la machine néolibérale passe aussi par son immersion croissante dans les processus de financiarisation et l’apparition de nouvelles opportunités de placements. A côté de fonds à caractère non lucratif et de placements éthiques, des institutions de microcrédit deviennent l’objet d’une concurrence et d’un enjeu qui est de les transformer en objet de placement (sous forme de participation ou de prêt) pouvant rapporter, estil promis, jusqu’à 15 % l’an. Dans un pays comme le Pérou, où les banques ne connaissent pas de limite comme le taux d’usure il existe des opportunités de gain importantes. Ceci n’est pas généralisable. Le microcrédit a séduit bien au-delà des militants néo-libéraux. Son succès supposé est véhiculé par des histoires de vie d’emprunteurs (en général d’emprunteuses) qui connaissent grâce à de petits prêts un changement considérable de leur vie : non seulement ils, et surtout elles, accroissent leur revenu de façon notable, réalisent de petits investissements productifs, mais aussi dans leur habitat, scolarisent mieux leurs enfants, peuvent se soigner, s’opposent avec succès à l’alcoolisme des hommes, gagnent une autonomie d’action. Les succès financiers de certaines organisations, appuyés sur l’idée que les femmes sont de meilleures clientes que les hommes eu égard aux taux de remboursement, sont donnés à penser comme la preuve d’un effet positif du crédit pour les bénéficiaires des prêts. Une étude comparée réalisée par le BIT, l’université de Genève, l’université de Cambridge et l’IUED montre que rares sont les institutions de microfinance ayant des critères rigoureux de mesure de la pauvreté supposée de leurs clients et de l’évolution de leurs 38 revenus. Un nombre croissant d’organisations de microfinance, sous la contrainte de chercher à devenir rentables, excluent de plus en plus les pauvres de leur clientèle. Pour les mêmes raisons, on observe aussi le passage dans de nombreuses organisations du prêt solidaire de groupe aux prêts individuels ; la Grameen Bank en 2002 a été obligée d’abandonner ce qui apparaissait comme une de ses options fondatrices et qui a été exagérément médiatisée, en créant des illusions sur la possible généralisation d’un modèle aux conditions locales particulières. Quelle est l’ambiguïté microfinance ? du rôle de la Comme nous l’avons évoquée en la définissant, la microfinance est bien souvent réduite, en particulier dans les pays dits développés, à son rôle dans la création d’auto-emplois ou de micro-entreprises. En fait, l’efficacité de microprêts destinés à l’essor des activités économiques des plus pauvres est limitée, notamment parce que ses crédits sont à court terme et parce que la rentabilité du capital de ces unités de production est restreinte. Pour développer le microentrepreneuriat, le crédit est bien souvent l’élément le moins essentiel à côté de l’accompagnement professionnel technique et commercial des créateurs d’activité, du désenclavement de leur lieu de vie, du développement de l’assurance et de la protection contre les risques en matière de santé, de vie, de capacités productives des biens, contre les incendies, les inondations, etc. Sinon, il s’agit seulement d’activités de survie à la limite de l’informalité et dont la proportion de celles qui se transformeront en entreprises prospères est très limitée. Dans les pays dits “ développés ”, il suffit de comparer le nombre d’entreprises qui pourraient être créées par le microcrédit et la masse des chômeurs et des travailleurs pauvres pour percevoir les limites de ce type de politique et surtout ses dangers. Le risque est celui d’une précarisation généralisée des conditions des travailleurs. Que l’on donne toutes les capacités de créer à ceux qui le souhaitent ne peut qu’être soutenu comme un droit. Que l’on crée des discriminations positives pour les économiquement exclus qui veulent créer, est une politique innovante. Que cela devienne une solution quasi unique pour lutter contre le chômage est une stratégie contournée de démantèlement des systèmes d’autodéfense des salariés et d’interdiction de l’usure, qui ont mis presque deux Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca enjeux siècles pour se consolider. Si ces risques sont prévenus, la microfinance est un instrument financier qui peut agir comme un levier en matière de développement local, notamment par une synergie entre différents acteurs publics et privés. Ainsi le microcrédit a révélé une grande efficacité pour renouer à travers des liens financiers des liens sociaux et pour apporter des ressources indispensables dans des situations post conflits ou post crise comme au Bangladesh, en Ouganda, au Cambodge, en Bosnie ou au Kosovo. Mais il faut que ses potentialités ne soient pas exagérées et que ses limites soient bien comprises par les décideurs publics, les agents locaux de développement et par les épargnants qui souhaiteraient, par leurs placements, contribuer à son essor. Jean-Michel Servet IUED (Institut Universitaire d’Etudes du Développement) Genève Auteur de Banquiers aux pieds nus. La microfinance, aux éditions Odile Jacob, septembre 2006 (voir bibliographie) une initiative innovante GLOBAL ETHIQUE Le monde bancaire français ne comporte pas de banque éthique de plein exercice, c’est-à-dire de banque fondée sur des valeurs fortes, partagées concrètement entre épargnants et emprunteurs, grâce à la transparence sur les circulations d’argent. Des banques éthiques existent pourtant dans les principaux autres grands pays européens. La Nef exerce depuis 25 ans une activité bancaire qui permet de financer de manière transparente des projets respectueux de l’être humain et de son environnement, mais dans le cadre d’un agrément de « société financière » qui limite son impact. En outre ces projets manquent souvent d’outils adaptés à leurs besoins, notamment pour renforcer leurs fonds propres (en dehors des outils dédiés à l’insertion par l’activité économique). En effet, certains outils financiers solidaires, comme Garrigue, les Cigales ou des fonds régionaux, interviennent en capital sur les secteurs d’innovation sociale et environnementale (commerce équitable, énergies renouvelables, filières bio, technologies de l’environnement...), mais sur des montants limités ou sur des territoires restreints. Enfin il est souvent difficile d’être accompagné par des spécialistes de ces domaines d’activités. Or ces secteurs représentent probablement l’avenir de l’économie. Ils sont potentiellement créateurs de nombreux emplois pérennes, de qualité, ancrés sur les territoires. Leur développement passe aussi par une coopération constructive entre les acteurs existants. Confrontées à ces trois constats, une vingtaine de personnalités et d’organisations se sont réunies en juillet 2004 autour de la Nef, dans le but de réfléchir à la possibilité d’apporter une réponse globale aux besoins techniques et financiers de ces différentes filières. Le dispositif Global Ethique, né de cette réflexion collective, entend réunir quatre familles d’outils : – Banque éthique : mise en place de la première Banque éthique française, qui aurait pour vocation de représenter toute personne consciente de l’impact social et environnemental des circulations d’argent. – Capital éthique : création d’un fonds d’investissement dédié aux projets à plus value sociale et environnementale, en s’inscrivant dans la durée (capital patient). Ce fonds entend se positionner en complément des financeurs solidaires existant : sur des montants plus élevés, pour des durées d’intervention plus longues, avec des exigences de rendement soutenables. – Comptoirs éthiques : mise en relation des entreprises qui font partie du même secteur d’activités – ou qui veulent y entrer - pour les inciter à une collaboration constructive ainsi qu’à une éventuelle mutualisation de moyens et de services, et leur offrir pour cela les espaces physiques et/ou les prestataires appropriés. – Fonds de garantie : développer un fonds de garantie pour sécuriser ou tout simplement rendre possible les interventions financières de Banque éthique et de Capital éthique : prolongement du « fonds de garantie solidaire » existant, il est abondé par les dons des individus de la société civile engagés dans la réinvention d’une économie au service de l’être humain. Contact : [email protected] « La vision régionale est pour les acteurs locaux de proximité une dimension déjà très élargie. L’identité territoriale plus diffuse de la région ouvre cependant des champs de collaboration dont le territoire est toujours le coeur même si la proximité terrain est moins grande. La Région PACA est depuis quelques années au coeur d’initiatives remarquables. En ce qui concerne Global Ethique, les projets de collaboration entre la région PACA et la région Rhône-Alpes sont engagés sur deux thèmes : – la construction de filières agro-alimentaires respectueuses de l’homme et de l’environnement au travers des services de coopération décentralisée des conseils régionaux, – la construction de plateformes de rencontres et d’échanges entre les producteurs et les consommateurs. Un certain nombre de réseaux d’entrepreneurs intervenant sur l’une ou l’autre de ces deux régions commencent également à établir des liens en vue de construire des projets communs. » Christian Davy – Les Maîtres du Thé (Marseille, partenaire dans le projet Global Ethique) épargne et finances solidaires 39 enjeux par finansol LE DYNAMISME DE L’EPARGNE ET DES FINANCES SOLIDAIRES Les raisons d’une évolution favorable D epuis 2003, on observe un intérêt croissant des épargnants vers les placements solidaires (un triplement du nombre d’épargnants en 2003 et un doublement en 2005). En 2005, le nombre d’épargnants solidaires dépasse la barre de 200 000 personnes. Cette tendance s’explique par plusieurs éléments : – Les lois sur l’épargne salariale (loi Fabius en 2001, reformée par la loi Fillon en 2003), pour lesquelles Finansol a motivé la création d’une option solidaire, ont engendré un nouveau type de produits d’épargne solidaire. Ainsi, les salariés des entreprises bénéficiant d’un plan d’épargne salariale peuvent choisir, parmi les différents fonds qui leur sont proposés, des Fonds Commun de Placements d’Entreprise solidaires (FCPE Solidaires) dont 3 sont labellisés Finansol (5 à 10 % des encours sont investis dans des projets solidaires). Lorsqu’une entreprise décide de basculer ses fonds d’épargne salariale vers des fonds d’épargne salariale solidaire, la particularité de ces produits est de faire monter de manière importante le nombre de souscripteurs et le montant de l’encours. L’épargne salariale solidaire joue donc un rôle important dans la progression de l’épargne solidaire, mais ce n’est pas le seul levier. – La démocratisation de l’épargne solidaire rendue possible grâce à l’émergence de nouveaux produits bancaires : les livrets solidaires. Simples d’utilisation, ils permettent de garder son argent disponible, d’avoir un rendement financier stable (entre 2 et 3 % par an) et de soutenir des causes d’intérêt général. En effet, l’épargnant peut, selon le type de produits qu’il choisit, partager une partie de ses intérêts avec un grand choix d’ONG ou mettre à disposition une partie de son épargne pour des projets financés par les IFS (Institutions Financières Solidaires). Ce type de placement permet d’élargir le public de l’épargne solidaire et de permettre à Monsieur et Madame tout-le-monde de devenir épargnant solidaire. Ainsi, ils contribuent à la progression de l’épargne solidaire. – Les avantages fiscaux dont bénéficient les produits d’épargne solidaire peuvent également jouer un rôle dans la décision d’épargner solidaire. Depuis dix ans, Finansol et ses membres ont travaillé pour faire reconnaître l’utilité sociale des produits d’épargne solidaires pour faire accorder aux épargnants des avantages fiscaux. Les personnes morales ou les particuliers peuvent bénéficier actuellement de réduction d’impôts sur le revenu ou sur les sociétés en épargnant solidaire. – 25 % de réduction d’impôts sur le revenu pour les actions non cotée (avantage Madelin) L’épargne solidaire investie dans des actions non cotées bénéficie de la loi 2003-721 du 1er août 2003 pour l’initiative économique qui porte la réduction d’impôts à 25 % de l’investissement réalisé, dans la limite annuelle de 20 000 euros pour un célibataire et de 40 000 euros pour un couple avec effet rétroactif au 1er janvier 2003. – 66 % de réduction d’impôts pour les dons générés par les produits de partage solidaires : Les produits de partage solidaires bénéficient d’avantages fiscaux. Elle permet une réduction d’impôts pour les particuliers et pour les entreprises de 66 % du revenu reversé sous forme de dons, dans la limite de 20 % du revenu imposable pour les particuliers et de 5 pour mille du chiffre d’affaires pour les entreprises. Cette réduction d’impôt est de 75 % pour les associations offrant aide alimentaire, soins et hébergement aux démunis. – Exonération de l’impôt sur le revenu pour l’épargne solidaire dans un plan d’épargne salariale. L’épargne salariale investie dans les Fonds Communs de Placement d’Entreprise Solidaires est exonérée d’impôts sur le revenu, ainsi que les revenus et les plus values éventuelles de cette épargne. L’épargne doit être cependant bloquée à moyen ou long terme (5 ans pour un PEE ou jusqu’à la retraite pour les PERCO) pour bénéficier de ce dispositif. L’impact de l’épargne solidaire est réel sur l’économie puisque depuis l’origine : Au niveau international : – plus de 4 000 000 de micro-crédits ont pu être accordés avec l’appui des finances solidaires, à travers le financement local de 820 institutions de micro-finance, dans 94 pays En France : – 109 000 emplois ont pu être créés avec l’appui des finances solidaires, pour des personnes en situation de grande exclusion, – à travers le financement de 60 000 projets, – tandis que plus de 6 000 familles traversant une période de précarité ont pu être logées. Finansol 40 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca comment ca marche ? C omment ça marche ? Pourquoi et comment faire Comment ça marche ? Pourquoi et comment faire ?... Vous trouverez ci-dessous des explications quant au fonctionnement des circuits financiers solidaires. Il s’agit de mettre en exergue les raisons d’exister de ce circuit, mais également de vous exposer l’ensemble de la démarche. La fonction de l’épargne et des finances solidaires Ces circuits financiers ont une forte rentabilité sociale et environnementale et ont une double fonction : – répondre aux besoins de financements des projets solidaires non satisfaits par le marché des capitaux gérés par les banques classiques parfois frileuses pour le financement ; – offrir une alternative aux épargnants qui souhaitent placer leur argent autrement, non plus uniquement en vertu de principes financiers mais en fonction de critères éthiques et solidaires, et qui souhaitent également une transparence dans le placement de leur argent. Il s’agit d’une adéquation entre des épargnants, réels acteurs du devenir de l’argent, en quête de sens, et des porteurs de projets s’inscrivant dans une démarche alternative motivés par des valeurs éthiques fortes. Les acteurs – l’entreprise/l’association : c’est un individu, ou un groupement d’individus, qui veut créer une association ou une entreprise avec une démarche différente de production en développant les circuits courts, en ayant une politique salariale cohérente avec des valeurs éthiques, en internalisant ses coûts environnementaux et sociaux, etc. Dans des champs divers : insertion, solidarité Nord/Sud, environnement, commerce équitable, logement social... – les acteurs financiers : ces acteurs sont regroupés dans les institutions financières solidaires (Garrigue, Nef, Sidi, Oikocrédit, Habitat et Humanisme, Cigales...) et les banques (pouvant servir d’intermédiaires entre les épargnants solidaires et les institutions financières solidaires). – l’épargnant solidaire : c’est un individu souscrivant à un produit d’épargne solidaire. La chaîne de l’épargne et des finances solidaires L’épargnant souscrit à des produits d’épargne, qui alimentent des circuits financiers solidaires. La collecte de cette épargne peut passer : – directement aux porteurs de projet, – ou par une institution financière solidaire qui finance ensuite le projet, – ou encore par la banque qui donne ensuite l’argent à une structure financière solidaire finançant le projet L’association ou l’entreprise reçoit financements : – sous forme de prêts, – de prises de participations dans son capital, – de subventions. des Des démarches diverses quant à la prise de risque et l’implication de l’épargnant Le degré de prise de risque varie selon la démarche d’épargne solidaire adoptée. En souscrivant à un produit bancaire d’épargne solidaire, vous acceptez de donner une partie des revenus de votre épargne (entre 25 et 100 %), dans le cas des produits de partage. Ces dons vont à des associations en général. Vous pouvez également souscrire à un produit d’épargne solidaire où une partie de votre épargne peut être investie dans des projets solidaires, mais la sécurité de cette épargne est garantie. Dans un Fonds Commun de Placement (FCP) ou une Société d’Investissement à Capital Variable (SICAV) solidaire, 5 à 10 % de l’argent sont placés dans des entreprises solidaires et 90 à 95 % sont destinés à des entreprises cotées en bourse, la plupart du temps mettant en oeuvre une démarche de développement durable, ce qui réduit le risque pris quant au placement de votre argent. Il n’est pas possible de garantir une rentabilité financière sur la seule base des entreprises solidaires. En effet, ces projets alternatifs ne sont pas sur des logiques financières cherchant un profit à tout prix qui leur permettraient de vivre avec de l’argent fluctuant à court terme. Ce type de produits solidaires (bancaires et financiers) convient donc à des personnes qui cherchent un produit sécurisé et qui doivent donc accepter de placer leur argent épargne et finances solidaires 41 dans des entreprises « classiques ». Si vous souhaitez prendre des parts ou des actions dans le capital d’entreprises solidaires, le risque que vous prenez est plus important qu’avec les deux produits précédents. La totalité de votre épargne est investie dans des projets solidaires. Vous rejoignez alors le risque inhérent à tout actionnaire, y compris ceux plaçant de l’argent dans des entreprises cotées en bourse. Vous récupérerez votre argent si l’entreprise se développe mais vous courrez le risque de le perdre si elle fait faillite. Votre relation avec l’entrepreneur est beaucoup plus proche. Vous le connaissez bien ainsi que son activité. Vous avez choisi le projet dans lequel vous souhaitez intervenir. Vous êtes en relation beaucoup plus directe que dans les deux démarches précédentes, ce qui vous permet d’avoir des informations précises sur votre argent et d’être complètement acteur dans le devenir de votre épargne. Une économie solidaire subventionnée Est-ce à dire que l’économie solidaire ne pourrait exister sans aide ? L’existence d’un circuit spécifique de financement pour les projets solidaires tente de compenser les handicaps liés à des façons d’entreprendre où solidaire prime sur profit. L’aspect innovant de ces projets est la prise en compte de certains paramètres de production au détriment d’une logique purement financière. Il fait parfois peur aux banques, qui n’hésitent pas à prêter à des projets économiques plus orthodoxes... Par ailleurs, les entreprises classiques bénéficient elles-mêmes de subventions déguisées. Comment peut-on appeler autrement les exonérations fiscales, patronales d’entreprises employant des contrats 42 aidés ou s’installant dans des zones franches ? Il semble alors difficile d’opposer une économie solidaire non viable existant grâce à des aides financières et une économie libérale existant grâce à sa seule activité économique rentable. Un exemple : si l’agriculture biologique bénéficiait des mêmes subventions que l’agriculture productiviste, ces produits seraient nettement plus abordables pour les consommateurs, rendant caduc un des argument principaux contre l’agriculture biologique. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca transparence et garanties PRESENTATION DU LABEL ET DE FINANSOL Finansol, la plateforme de développement des finances solidaires Les circuits des finances solidaires mettent en relation les porteurs de projets solidaires (individus, groupements d’individus, associations), les acteurs financiers solidaires (banques et acteurs de terrain), et les épargnants solidaires, par l’intermédiaire des produits d’épargne solidaire. Dans cet environnement, Finansol a pour mission de fédérer, stimuler, informer et assurer la transparence. – FEDERER les acteurs français des finances solidaires afin de mettre en commun les énergies et projets pour mieux grandir. – STIMULER des réflexions communes, une reconnaissance du secteur, des échanges de savoirfaire entre les acteurs des finances solidaires au niveau territorial, national et européen. – INFORMER et former les particuliers et les institutions concernées au fonctionnement et à l’offre d’épargne solidaire. – ASSURER la transparence de ces circuits en clarifiant ses tenants et aboutissants et en mettant en évidence la traçabilité de l’épargne solidaire. Fondée en 1995 par des acteurs financiers solidaires de terrain et des établissements financiers souhaitant s’engager et soutenir cette démarche, Finansol est la seule organisation française fédérant l’ensemble des acteurs des finances solidaires. D’origines diverses, les membres de Finansol sont répartis en 4 collèges : – le premier collège : des acteurs solidaires de terrain collectant l’épargne solidaire, rencontrant et finançant les porteurs de projets, – le deuxième collège : des établissements financiers engagés dans une démarche de solidarité gérant l’épargne solidaire et soutenant les membres du premier collège, – le troisième collège : des institutions et personnalités qualifiées soutenant les buts de l’association, – le quatrième collège : des personnes morales et des collectivités locales qui soutiennent également les buts de l’association, mais pour ce collège qui vient d’être créé les membres sont libres du montant de leur cotisation et ils ne prennent pas part au vote lors de l’AG et du CA. Le label Finansol est l’outil de référence pour permettre d’identifier les produits d’épargne solidaire. Décerné pour la première fois en 1997, le label Finansol garantit la transparence, l’éthique et la solidarité des produits d’épargne qu’il distingue. Le label Finansol est sous la responsabilité du Comité du label Finansol, composé de personnalités indépendantes représentatives de la société civile. Il définit les critères d’attribution du label et contrôle annuellement les produits d’épargne labellisés. Ces critères concernent l’utilisation de l’épargne ou des revenus de cette épargne et la transparence dans sa gestion. Une partie de cette épargne doit ainsi travailler en faveur de projets solidaires et les épargnants doivent être tenus informés des activités menées grâce à leurs souscriptions. Les placements solidaires qui portent le label Finansol participent au financement des activités suivantes : En France : – La création d’entreprise pour et/ou par des personnes en difficulté (chômeurs de longue durée, bénéficiaires des minima sociaux, personnes handicapées…) ; – La création d’activités économiques, associatives ou culturelles sur des territoires marginalisés (quartiers dits sensibles ou zones rurales en voie de désertification) ; – Le développement d’activités contribuant à équilibre dans les relation Nord-Sud (commerce équitable) et à une solidarité avec les générations futures (commercialisation des filières bio, énergies renouvelables…) ; – L’achat et la réhabilitation de logements pour accueillir des familles en grande difficulté. Dans les pays du Sud et de l’Est : – Le développement de communautés et d’une économie locale à travers l’octroi de micro-crédits. Aujourd’hui, on compte 53 produits d’épargne solidaire labellisés Finansol, en 1997 ils n’étaient que neuf. épargne et finances solidaires 45 pour aller plus loin QUELQUES DEFINITIONS POUR COMPRENDRE LABEL Le label est une marque spéciale créée par un collectif d’acteurs, un syndicat professionnel, etc. et apposé sur un type de produit destiné à la vente, pour en certifier l’origine, les conditions de fabrication, etc. C’est une marque collective qui se matérialise par des signes distinctifs (nom, logo,..) et qui peut être utilisée par les différentes marques se conformant au cahier des charges du label. Pour le consommateur, un label donne une information sur le produit, qui le distingue d’un autre produit. Le label reflète la sélection de certains critères, implique le respect d’un cahier des charges. Le contrôle du cahier des charges peut être effectué par un comité de contrôle indépendant, composé de personnes extérieures aux producteurs ou aux diffuseurs du produit concerné. Le label émane d’une démarche volontaire d’une société et va au-delà d’un respect d’une norme. NORME La norme est une règle fixant les conditions de réalisation d’une opération, de l’exécution d’un objet ou de l’élaboration d’un produit dont on veut unifier l’emploi ou assurer l’interchangeabilité. C’est un document élaboré par une commision de normalisation dans le cadre d’un bureau de normalisation (par exemple : l’AFNOR) qui donne des exigences et des critères pour la fabrication de matériel ou de produit. Certaines normes sont d’application volontaire. D’autres sont obligatoires si la loi le stipule. CERTIFICATION La certification est une activité par laquelle un organisme reconnu, indépendant des parties en cause, donne une assurance écrite qu’un produit, processus ou service est conforme à des exigences spécifiées. L’organisme tiers vérifie la mise en place au sein d’une entreprise d’un système de management d’une dimension spécifique de l’activité de l’entreprise : la qualité, les impacts environnementaux, les pratiques sociales. La démarche de certification implique un label avec des critères définis. 46 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca en quelques chiffres l’épargne solidaire en france : baromètre finansol 2005 En 2005 : – Le nombre d’épargnants solidaires dépasse la barre de 200 000 personnes, ce qui représente une augmentation de 54 % par rapport à 2004 – L’encours de l’épargne solidaire atteint, fin 2005, 888 millions d’euros et se rapproche de plus en plus de la barre symbolique du milliard d’euros mobilisé. Cela représente une augmentation de 45 % par rapport à 2004. En 2005, l’épargne solidaire a permis de : – financer 11 000 entreprises (+38 % par rapport à 2004), – financer 477 initiatives liées à l’environnement, le bio, la culture, – créer ou consolider 19 000 emplois (+ 41 % par rapport à 2004) ; – financer 92 nouveaux logements (+18 %) et de loger 605 nouvelles familles (-24 %). Cette année, on constate que la rotation des familles est moins rapide car elles ont de plus grandes difficultés à sortir de ces logements pour aller dans des HLM ou logements privés classiques. – Enfin, 820 Institutions de MicroFinance (IMF) dans 94 pays du Sud et de l’Est ont octroyé des centaines de milliers de microcrédits. Répartition de l’encours par type de support : Actions non cotées et comptes à terme 14.45 % Livrets bancaires 16.30 % Sicav et FCP 38.35 % Epargne salariale 30.90 % épargne et finances solidaires 47 Répartition en pourcentage des secteurs financés Les attitudes des épargnants (potentiel de souscription, souhaits de financement, souscription d’un produit solidaire sur 100 euros, attente des épargnants) ? Potentiel de souscription : 29 % des personnes interrogées estiment qu’elles pourraient souscrire un produit d’épargne solidaire « compte tenu de ses objectifs, même si le rendement financier est moindre ». En septembre 2005, plus d’un tiers (42 %) l’envisageaient. On peut dans ce résultat discerner une forme de crispation de l’opinion, dû aux difficultés économiques, les français au moment de l’enquête perçoivent une dégradation générale du climat économique et social en France. Cette perception négative sur la situation économique a un effet direct sur la confiance à l’égard de l’évolution du niveau de vie du foyer, et, incidemment, sur son comportement d’épargne. Ils sont moins enclins à être solidaire avec leur argent. 48 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca en quelques chiffres Les incitations : Interrogés sur ce qui pourrait les convaincre d’investir dans un produit d’épargne solidaire, les personnes intéressées continuent de demander en premier lieu à ce que ces produits soient labellisés (44 %), de manière à avoir la garantie « de la bonne utilisation des fonds recueillis ». Ce score est en progression de 4 points par rapport à 2005. En revanche, l’avantage fiscal, « vous permettant de déduire de votre déclaration de revenus une partie des sommes versées ou des intérêts perçus » subit une légère érosion, passant de 28 % (en septembre 2005) des personnes interrogées, à 23 %. La concrétisation : Les personnes qui se déclarent potentiellement intéressées par cette offre placeraient la moitié de leur épargne sur un produit d’épargne solidaire, le reste étant réparti sur des produits d’épargne classique. épargne et finances solidaires 49 ADIE Association pour le Droit à l’Initiative Economique L’Adie (association pour le droit à l’initiative économique) a été créée en 1989 par Maria Nowak, l’actuelle présidente de l’association, en adaptant le principe du microcrédit à la France. Sa mission : ouvrir le droit à l’initiative économique à toutes les personnes exclues du système bancaire : – en les finançant – en les accompagnant pour leur assurer une insertion progressive dans les circuits bancaires classiques – en leur permettant de créer leur propre emploi. Le public de l’Adie est essentiellement composé de chômeurs et d’allocataires du RMI porteurs d’un projet de création d’entreprise. L’Adie part du principe que l’esprit d’entreprise est indépendant du statut social, de la richesse et même du niveau d’éducation. Ce qui a été démontré par les créateurs financés, dont les activités sont aussi pérennes, voire plus, que la moyenne des créations d’entreprises au niveau national. L’Adie est présente sur tout le territoire français avec 22 délégations régionales qui regroupent 110 antennes et assurent des permanences dans 380 lieux. Son public se trouve aussi bien dans les zones urbaines (dont 18 % dans les quartiers défavorisés) que rurales. Les projets financés vont du commerce et du service de proximité à l’agriculture, en passant par l’artisanat, la vente ambulante, la restauration, le bâtiment ou l’esthétique. Grâce à ses 300 salariés et 800 bénévoles, l’Adie apporte le service le plus adapté aux porteurs de projet, en termes de crédit mais aussi de conseil et d’accompagnement à la création d’entreprise. C’est avec le soutien des partenaires bancaires et des collectivités que l’Adie se rapproche de son objectif : construire un modèle économique viable qui permette de bâtir un secteur financier ouvert à tous. Contact régional Adie Délégation PACA 1 rue Sainte, 13001 MARSEILLE & 0 800 800 566 (N° vert gratuit depuis un poste fixe) www.adie.org 50 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? CIGALES Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire La première Cigale est créée en 1983 par l’Aldea, Agence de Liaison pour le Développement de l’Economie Alternative. Il s’agissait de créer un outil financier solidaire (une structure de capital risque) qui se différencie de la logique du don. L’Aldea a détourné le statut des clubs d’investissement, qui venaient d’être créés pour initier les classes moyennes à la Bourse, pour le mettre au service d’une économie alternative. capacité chaque citoyen qui le désire de s’intéresser, de se mobiliser et de s’investir concrètement dans le devenir social et économique de son village, de sa commune, de son pays ; – de stabiliser et parfois de conforter l’ancrage territorial de réseaux partenaires en faveur du développement local (Finansol, Mouvement de l’Economie Solidaire, Nouvelle Economie Fraternelle, Garrigue, etc.). Une Cigales rassemble entre 5 et 20 personnes physiques qui épargnent ensemble pour investir dans le capital d’entreprises locales et collectives. C’est un lieu d’échanges, d’auto-formation sur les questions économiques et de développement local, où investisseurs et porteurs de projet font l’expérience d’une économie socialement responsable et solidaire. La Fédération des Cigales, association de loi 1901, agréée entreprise solidaire et jeunesse et éducation populaire, a pour objet l’animation et le développement du mouvement constitué par les Cigales, leurs associations territoriales et association de soutien. Elle est garante de l’utilisation du nom Cigales et de la charte des Cigales. Elle favorise le partenariat entre les Cigales et les autres réseaux d’aide à la création d’entreprise et de financements solidaires. Elle est responsable de la politique de communication à destination des acteurs institutionnels et socio-économiques. Elle est membre de Finansol, regroupement national des financeurs solidaires et d’Inaise, regroupement international. Depuis 1983, 400 clubs ont vu le jour, environ 3 millions d’euros ont été collectés et plus de 500 entreprises ont été aidées. Les Cigales ne peuvent être réduites à de simples clubs d’investisseurs. Leur contribution au fil des années a permis : – d’asseoir et d’amplifier en France la notion d’épargne alternative, éthique, de proximité et solidaire ; – d’inscrire de nouvelles pratiques d’appui à la création d’entreprise sur un territoire en mettant en Contact régional Antenne Régionale des Cigales PACA Apeas, 49 rue de Village, 13006 MARSEILLE & 04 91 99 02 40 - [email protected] www.cigales.asso.fr et www.apeas.fr épargne et finances solidaires 51 CLEFE Club Local d’Epargne pour les Femmes qui Entreprennent Un Clefe est un groupe de personnes qui decide d’épargner pour constituer un capital, qui sera prêté à une ou plusieurs femmes qui veulent entreprendre. C’est une participation au développement local que ce soit par la création de richesses, d’activités nouvelles ou encore la survie d’un service de proximité. Le Clefe est un facteur de dynamisme, d’initiative et de solidarité et un acteur à part entière de l’économie solidaire. Le Clefe est : – un Club : c’est un groupe de personnes qui s’implique volontairement et solidairement. – Local : il est lié à une proximité géographique et une problématique (exemple : un village qui veut créer une crèche) – d’Epargne : le choix d’agir se fait économiquement – pour les Femmes : l’action s’effectue en direction d’une population fragilisée économiquement et isolée par des préjugés – qui Entreprennent : l’entreprise est un facteur de maintien de cohésion sociale et de production de richesse locale. RACINES (Réseau d’Accompagnement des Créations et Initiatives avec une Nouvelle Epargne de Solidarité) coordonne le mouvement des Clefe. Ce réseau a été créé en 1989 avec l’objectif de voir les femmes justement reconnues dans l’initiative économique. Ce réseau s’est concentré sur la mise en oeuvre de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes dans la création d’entreprise et l’accès à la finance. Aider les femmes à créer et développer durablement leur entreprise, cela signifie : – leur apporter un soutien et une écoute pour leur permettre de réaliser ou développer un projet – participer à la pérennisation des très petites entreprises par un suivi adapté à l’aide d’une méthodologie fournie par Racines – mettre en place un outil financier spécifique au moment du démarrage ou dans le cours du développement – sensibiliser les pouvoirs publics, collectivités locales, associations, partenaires privés et organismes financiers aux difficultés des créatrices Depuis 1999, Racines ne fait plus directement d’accueil des créatrices, puisque cette responsabilité est maintenant confiée aux Clefe. Racines se consacre dorénavant au développement, à l’accompagnement et à la formation des Clefe. Racines est à l’origine des Clefe et les implante dans toutes les régions de France. Chaque Clefe est autonome et a une existence juridique bien distincte mais le concept appartient à Racines. Racines assure : - des réunions d’informations auprès des acteurs locaux – la mise en place, le suivi et la communication des Clefe – des sessions de formation auprès des épargnants et des gérants des Clefe En accompagnant les entreprises de femmes, notamment au travers des Clefe, Racines représente toute une réflexion autour de nouveaux concepts et de nouvelles pratiques inhérents à la création d’entreprise par les femmes. Contact national Hélène Romanini Racines, 8 rue des Mariniers, 75014 PARIS & 01 45 43 19 99 [email protected] - www.racines-clefe.com 52 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? CREDIT COOPERATIF Créé à la fin du XIXème siècle par des coopérateurs pour avoir accès au crédit, le Crédit Coopératif est une banque complète : il collecte et gère les fonds de ses clients, finance leurs investissements, trouve des solutions bancaires et financières pour leurs projets, traite leurs flux financiers, leur propose des moyens de paiement... Une banque complète pour la vie d’une entreprise, quel que soit son statut, ou d’un particulier. les acteurs d’une économie soucieuse de la persone : coopératives, groupements d’entreprises, de PMEPMI, mutuelles, associations, organismes d’intérêt général,... Ses clientèles sont présentes dans des secteurs très divers : sanitaire et social, éducation et formation, sport, culture, environnement, solidarité et insertion, tourisme, logement social, collectivités territoriales, industrie, transport, artisanat, distribution, agroalimentaire, bâtiment, etc. Pourtant le Crédit Coopératif n’est pas une banque comme les autres : il appartient à ses clients-sociétaires, essentiellement des personnes morales. A la fois clients et “actionnaires”, ils en sont les propriétaires, constituent son conseil d’administration, participent à sa vie dans des instances locales, régionales, nationales. Ils ont avec “leur” banque une relation de partenariat durable d’où naissent des produits et services répondant leurs attentes. Il s’adresse aussi aux particuliers, avec tous les produits et services et un “plus” : les produits solidaires et socialement responsables. Le Crédit Coopératif est un pionnier de la finance solidaire. Pionnier pour avoir lancé, il y a plus de vingt ans, le premier placement de partage. Pionnier aujourd’hui encore, en France et en Europe, en matière de microfinance, d’épargne et de crédit solidaires. Le Crédit Coopératif est la banque des entreprises de l’économie sociale, de leurs adhérents, et de tous Contacts régionaux Agences à Marseille, Aix, Toulon, Avignon, Nice. Retrouvez-les sur : www.credit-cooperatif.fr épargne et finances solidaires 53 ESIA Economie Sociale et Insertion Active Esia (Economie Solidaire et Insertion Active) est une association loi 1901 co-fondée par l’Etat, la Région PACA, la Caisse des Dépôts et Consignations et France Active. Son conseil de surveillance regroupe, outres les membres fondateurs, les Conseils généraux des Bouches du Rhône, de Vaucluse, des Alpes de Haute Provence et des Hautes Alpes. La Communauté du Pays d’Aix, et la Fondation Macif sont également administrateurs d’Esia aux côtés de ses partenaires bancaires, la Caisse d’Epargne, le Crédit Coorpératif, et la Banque Martin Maurel. Esia a pour mission d’accompagner techniquement et financièrement les initiatives du champ de l’insertion des nouveaux services et de l’économie solidaire en mettant en œuvre une offre financière structurante, complémentaire aux politiques de subventions, fondée sur un principe de remboursement et incitatrice de l’intervention bancaire (garanties de prêts bancaires, concours en fonds propres). L’action Esia repose sur trois principes : – La volonté de soutenir les projets par une pratique éthique et solidaire de la finance, alliant ressources publiques, contributions des partenaires privés et produits d’épargne, – L’exigence d’adosser le financement des projets à un accompagnement de proximité tant au niveau de l’émergence, que de l’aide au montage et du suivi économique et gestionnaire, – La volonté d’impliquer la communauté bancaire dans le financement des projets, tant en court terme qu’en moyen terme. Ainsi, Esia appuie son action technique sur les compétences existantes déployées par les opérateurs et les organismes qui, sur le terrain, accueillent et accompagnent les projets. Son action qui a une vocation régionale s’adresse ainsi : – aux structures d’insertion par l’activité économique (par SIAE on entend : les entreprises d’insertion, les Régies de quartiers, les Associations intermédiaires, les entreprises d’intérim d’insertion, les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification…), – aux associations porteuses de nouveaux services dont le projet est de se pérenniser par l’activité économique ; on entend par là, les structures associatives qui souhaitent développer des produits ou services dans le but d’autofinancer même partiellement leur fonctionnement, – aux projets d’entreprises et d’entreprenariats collectifs d’insertion et de solidarité. Ces entrepreneuriats d’insertion et de solidarité sont, en PACA, essentiellement associatifs, parfois sociétaux (nouvelles coopératives et entreprises d’insertion notamment, mais aussi entreprises solidaires qui souhaitent réserver une partie de leurs postes à des publics prioritaires dans le cadre d’un projet de développement). Depuis 2002, Esia a expertisé plus de 400 projets, en a financé plus de 100 et engagé 6 millions d’euros. L’action d’Esia est conduite avec le concours du Fonds Social Européen L’action d’Esia est donc mobilisatrice des acteurs des différents bassins d’emplois, dans la mesure où les conseils dont ont besoin leurs créateurs requièrent la proximité géographique. Contact régional Esia 82, rue de la république, 13002 Marseille & 04 91 59 85 70 (Fax : 04 91 59 85 74) [email protected] - www.esia.org 54 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? GARRIGUE Grâce à l’épargne de ses actionnaires, Garrigue, société de capital risque solidaire, accompagne financièrement des entreprises en création ou en développement avec pour objectif, la plus-value sociale en terme d’emplois stables, de vie démocratique, de respect de l’environnement et de lutte contre l’exclusion. Son ambition ne s’arrête pas à la création d’emplois, mais tente d’encourager une pratique citoyenne et maîtrisée de l’économie en présentant une alternative concrète et économiquement viable aux épargnants recherchant une affectation utile de leur épargne. Solidaire (Cigales) : ces derniers étant sous forme d’indivisions volontaires, limitées dans le temps à 5 ou 10 ans, il s’était révélé nécessaire de créer une structure coopérative pérenne capable de reprendre et d’abonder les participations de ces clubs dans les entreprises financées. Garrigue poursuit actuellement une politique de régionalisation pour répondre d’avantage au désir exprimé des souscripteurs de participer à du financement dans la proximité. Créée en 1985 sur le plan national, Garrigue complétait le dispositif de financement des entreprises mis en œuvre par les Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Contact National Garrigue 61 rue Victor Hugo, 93500 PANTIN & 01 49 91 90 91 - www.garrigue.net épargne et finances solidaires 55 HABITAT ET HUMANISME Habitat et Humanisme est né d’un constat : – trop d’hommes et de femmes n’arrivent pas à trouver un toit ; – trop de familles vivent encore dans des logements insalubres, surpeuplés, précaires ; – trop de quartiers concentrent l’exclusion et engendrent inégalités et violence. Habitat et Humanisme se veut un mouvement de résistance au sein de la cité pour bâtir une ville à visage humain. Le mouvement, à travers ses 1500 bénévoles et ses 94 salariés, et par la création d’outils innovants, permet aux familles en difficulté : – d’accéder à un faible loyer, situé dans un quartier équilibré, – de bénéficier d’un accompagnement de proximité favorisant une véritable insertion. Présent dans plus de 70 villes en France, Habitat et Humanisme bénéficie du soutien de 10 000 personnes engagées à ses côtés dans le bénévolat et le financement solidaire. Depuis sa création, Habitat et Humanisme a permis de loger plus de 7000 familles. Habitat et Humanisme en Provence C’est autour d’un groupe composé d’une dizaine de personnes, issues du logement social, de la Banque et du monde associatif, qu’a été créé en 1995, à Marseille, Habitat et Humansime Provence. Dès l’origine, ce groupe a été appuyé très fortement par Bernard Devert, fondateur du mouvement. La composition du Conseil d’admnistration issu de ce groupe a été fondée autour de deux idées : – pas d’exclusion cultuelle : l’association Habitat et Humanisme Provence n’est pas un mouvement d’Eglise, bien que son éthique soit chrétienne ; – pas d’exclusion politique : l’association Habitat et Humanisme Provence accueille toutes les personnes ouvertes au développement et à l’épanouissement de l’homme, de tout l’homme. Habitat et Humanisme est un espace d’innovation et n’hésite pas à bousculer le monde du logement pour le conduire sur d’autres champs d’investigation que ceux qui sont convenus ; à sa suite, Habitat et Humanisme Provence oeuvre au mieux. Tout d’abord, conformément aux orientations que s’est données le mouvement : participer au débat public, poursuivre nos initatives en matière d’offre de logement en multipliant les modalités, mettre l’accompagnement au centre du mouvement, prendre toute notre part dans le développement de l’épargne solidaire et faire appel aux dons et subventions, renforcer notre structure et notre organisation, nous souhaitons confirmer notre vocation initiale de loger des familles en développant les moyens d’acquisition et de réhabilitation de logements par la Société Foncière Habitat et Humanisme. Pour cela, la recherche de donateurs et souscripteurs marseillais et provençaux aux dispositifs financiers de la Société Foncière devra se poursuivre et s’intensifier dans les prochaines années. Habitat et Humanisme : Lieu d’innovation pour toutes les formes de logement répondant à toutes les formes de besoins. Contact régional Habitat et Humanisme Provence 169 rue Francois Mauriac, 13010 MARSEILLE & 04 91 26 28 17 [email protected] www.habitat-humanisme.com 56 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? La Nef Société Coopérative de Finance Solidaire Nouvelle Economie Fraternelle Depuis 25 ans, la Nef considère l’argent comme un bien commun précieux pour l’Homme et s’attache à le préserver en lui redonnant du sens. Lui donner du sens c’est lui rendre sa fonction de lien entre les personnes, c’est aussi s’assurer qu’il sert au financement d’initiatives respectueuses de l’homme et de l’environnement. Constituée au démarrage en association, la Nef a obtenu en 1988 un agrément de société financière. En tant que coopérative de finance solidaire elle exerce une double activité de collecte d’épargne et de crédit, rassemblant 15 000 sociétaires, épargnants et emprunteurs. L’épargne collectée sur des comptes de dépôts à terme ou sur des comptes courants est déposée par des particuliers, des associations et des entreprises. Légalement et juridiquement, rien ne différencie la Nef d’un autre établissement financier : C’est dans ses valeurs affirmées au quotidien que s’affiche sa singularité : L’éthique La Nef sélectionne les projets qu’elle finance en fonction de leur utilité écologique, sociale et culturelle. Elle privilégie des initiatives qui visent le développement local de l’économie et choisit délibérément de n’encourager aucune action qui nuirait à l’Homme ou à son environnement. La transparence La Nef publie chaque année dans son rapport annuel la liste de tous les prêts versés en précisant leurs principales caractéristiques et en racontant chaque petite histoire derrière les chiffres. À travers cette publication adressée à tous les sociétaires, chaque épargnant voit à quoi sert son argent. La fraternité Pour la Nef, l’économie est le domaine d’activité humaine au sein duquel devrait s’exercer la fraternité, au sens de coopération et de solidarité. Dans son action au quotidien, elle offre à chaque individu la possibilité de rentrer dans une relation d’entraide et d’exercer sa responsabilité sur les flux financiers. L’action de la Nef s’inscrit au cœur d’un réseau européen de banques éthiques rassemblées au sein de la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives. Toutes s’inspirent d’un modèle de développement humain et social dans lequel la production et la distribution de richesses sont fondées sur des valeurs de solidarité et de responsabilité vis-à-vis de la société, en vue de la réalisation du bien commun. Contact national Société financière de la Nef 114 bd du 11 novembre 1918, 69 626 VILLEURBANNE Cedex & 0 811 90 11 90 (coût d’un appel local à partir d’un poste fixe) [email protected] - www.lanef.com épargne et finances solidaires 57 OIKOCREDIT Origine du nom « Oiko » est dérivé du mot grec oikos, qui signifie la maison, le lieu où les gens vivent ensemble. « Crédit » fait référence non seulement aux crédits financiers mais aussi au verbe latin credere, « croire ». Le crédit est un acte de confiance envers des gens qui méritent que l’on croie en eux. Mission Oikocrédit est une banque coopérative à capital variable, fondée en 1975 à l’initiative du Conseil Œcuménique des Eglises, à laquelle participent activement les organisations catholiques. A l’échelle mondiale, elle œuvre pour la promotion d’une justice globale en encourageant les particuliers, les Eglises et autres institutions à partager leurs ressources par le biais d’investissements socialement responsables et en donnant, grâce à des crédits, un pouvoir d’action aux plus démunis. La mission d’Oikocrédit est de mobiliser des capitaux faiblement rémunérés, collectés essentiellement dans les pays riches pour les redistribuer sous forme de prêts, à intérêts modérés aux populations des pays pauvres, essentiellement à travers des Institutions de Micro Finance (IMF). Oikocredit est convaincu que des prêts destinés à la création d’entreprises sont une incitation plus forte à l’autodéveloppement que des dons, car ils préservent notamment la dignité des emprunteurs. Quelques chiffres Capital social : 242 millions d’euros (au 31 décembre 2005) Investisseurs : – 504 Eglises et organisations de type religieux –26 000 particuliers et congrégations religieuses locales, par le biais de: –37 associations de soutien rassemblant plus de 2 000 personnes dans 19 pays – 55 banques, organisations et fondations pour le développement – 41 membres partenaires de projets Dividende : généralement 2 % Nombre de projets financés : plus de 465 dans le monde Financement de projets en cours : 163 millions d’euros Montant des prêts aux entreprises ou institutions de micro-finance : 50 000 à 2 millions d’euros, redistribués sous forme de prêts individualisés pouvant démarrer à quelques dizaines d’euros. Passations par pertes et profits : moins de 10 % des montants cumulatifs déboursés Employés : 22 équivalents temps plein. Territoire d’intervention Oikocrédit est présent sur les cinq continents par l’intermédiaire de 12 bureaux régionaux, de 16 bureaux nationaux (en Afrique, Asie, Amérique latine, Europe centrale et orientale) et d’un bureau de soutien international aux Pays-Bas. Son siège est en Hollande. Chaque bureau emploie des spécialistes originaires de la région d’implantation. Contact régional : Oïkocrédit Méditerranée 34 boulevard des Platanes, Colonel Gondret, 13009 Marseille & 04 91 75 13 53 [email protected] www.oikocredit.org/site/fr/ 58 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? PFIL Plateforme d’Initiative Locale Créé il y a 20 ans, France Initiative est le premier réseau associatif pour le financement de la création et de la reprise d’entreprises. Il fédère aujourd’hui 236 associations locales appelées Plates-Formes d’Initiative Locale (Pfil) dans toute la France (y compris dans les départements d’Outre-Mer), couvrant ainsi plus de 90 % du territoire. Le réseau FIR en quelques chiffres (2005) : – 44 500 projets accueillis et orientés. – Près de 10 900 projets financés. –23 600 emplois générés au démarrage. – 10 900 entreprises créées. – 87 % des projets financés par un Prêt d’Honneur ont été accompagnés d’un financement bancaire. – Pour les projets soutenus, un taux de pérennité à 3 ans de 84 %. Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Pfil se sont développées dans les années 90 pour aujourd’hui intervenir au nombre de 23. Fortement ancrées sur le territoire régional, les Pfil participent au développement économique local, à la création et au maintien d’emplois. En 2005, les Pfil de la région PACA ont soutenu 1 470 projets ayant permis la création de 2 368 emplois au démarrage. Les Pfil travaillent en partenariat avec les acteurs clés de l’économie locale : entreprises, collectivités territoriales, financeurs publics et privés, banques, organismes. Elles sont tenues d’accueillir et d’informer les porteurs de projets, ainsi que de leur fournir une aide technique et financière (Prêt d’Honneur, intermédiation bancaire…). Toutefois, chaque Pfil demeure une association autonome et responsable, libre d’orienter son champ d’intervention en fonction du milieu local. Coordinateur régional Pays d’Aix Initiatives Le Quatuor B, 42 route de Galice 13090 Aix en Provence & 04 42 64 63 70 [email protected] Contact national France Initiative Réseau (FIR) 55 rue des Francs Bourgeois 75181 Paris Cedex 04 & 01 40 64 10 20 [email protected] - www.fir.asso.fr épargne et finances solidaires 59 SIDI Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement Du CCFD à la Sidi Le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), association de développement créée dans les années 60, a pour vocation de collecter des fonds auprès du public, afin de satisfaire dans le Tiers-Monde des besoins primaires, mais aussi de participer à l’éducation au développement en France avec un regard tout particulier pour les milieux jeunes. Avec le temps, les partenaires du Sud se sont aguerris, ont davantage défini leurs besoins. Puis ils ont entamé, avec le CCFD, une réflexion sur les moyens à inventer pour pouvoir vivre chez eux, de leur propre travail, donc de développer leurs activités économiques. Parallèlement, en France, le CCFD et nombre de congrégations religieuses de femmes ont mené des réflexions entre la foi et l’argent. De cette double réflexion est née, dès le début des années 80, une idée nouvelle en Europe : – créer une structure spécialisée dans l’appui au développement économique dans les pays du Sud, qui agit en investissant ou en prêtant, pour se démarquer d’une logique de don, – la financer grâce à un outil financier éthique et de partage. Le principe est de créer un produit de placement, en demandant aux acquéreurs potentiels de donner automatiquement au CCFD une partie du revenu annuel généré par le produit. En 1983 le premier Fonds Commun de Placement de partage, « Faim & Développement », vit le jour. Cet apport financier a permis au CCFD de créer, dès 1983, la Sidi (Société d’Investissement et de Développement International, devenue depuis Solidarité Internationale pour le Développement 60 et l’Investissement), dont le rôle est d’investir dans des « Structures Financières de Proximité » (banques locales spécialisées dans le petit prêt à court terme auprès de populations défavorisées), afin de les pérenniser. La Sidi La Sidi, qui intervient auprès de cinquante partenaires dans plus de 35 pays, leur apporte deux éléments complémentaires : – Un soutien financier, – Un soutien « technique » Les ressources de la Sidi proviennent du Fonds Commun de Placement « Faim & Développement » et du capital de la Sidi, aujourd’hui de neuf millions d’euros. Le capital de la Sidi est détenu à 50 % par le CCFD et les congrégations de religieuses, fondateurs de la structure, à 10 % par des institutions financières, et 40 % par des citoyens solidaires, détenteurs d’une ou plusieurs actions. Correspondant régional Sidi/CCFD Jean Jamet 1 rue J. d’Arbaud, 06100 Nice [email protected] Contact national Sidi 12 rue Guy de la Brosse, 75005 PARIS & 01 40 46 70 00 [email protected] - www.sidi.fr/ Contact national CCFD 4 rue Jean Lantier, 75001 PARIS & 01 44 82 80 00 www.ccfd.asso.fr/ (Des produits d’épargne solidaire soutiennent le CCFD : SICAV Eurco Solidarité, le FCP Ethique et Partage) Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca qui sont les acteurs / actrices ? SOFINEI Société de Financement des Entreprises d’Insertion Née le 20 juillet 2005, Sofinei (Société de Financement des Entreprises d’Insertion) est une société anonyme coopérative à capital variable qui a pour objet d’investir dans les entreprises d’insertion pour favoriser leur développement social et économique. Elle a été créée suite à la volonté de mettre en place un outil financier dédié aux entreprises d’insertion. Le Cnei (Comité National des Entreprises d’Insertion) s’est penché sur la problématique du financement des entreprises d’insertion, souvent sous-capitalisées. L’expérience des entreprises d’insertion montre une insuffisance de fonds propres, notamment au démarrage de l’activité, la dépendance aux financements publics et peu d’interventions de structures de capital-risque. La nécessité de créer un outil clairement destiné à ce type d’entreprises est apparue. En parallèle à ces débats au sein du Cnei, l’IDES (Institut de Développement de l’Economie Sociale – Société Anonyme créée en 1983 par les institutionnels de l’économie sociale désireux d’aider financièrement d’autres entreprises du secteur) a sollicité le Cnei pour la création d’un produit commun qui viserait au développement des entreprises d’insertion. La concrétisation de l’idée a alors abouti à l’association du troisième partenaire : le Crédit Coopératif. Les trois partenaires apportent des compétences complémentaires : connaissance de la réalité de l’entreprise d’insertion avec le Cnei, gestion bancaire avec le Crédit Coopératif, montage d’outils de développement avec l’IDES. Son capital social initial est de 225 000 euros, détenu par le Cnei, le Crédit Coopératif et l’IDES, et des entreprises adhérentes au Cnei. Les sociétaires sont répartis en deux collèges : sociétaires usagers et sociétaires non usagers. Un appel public à l’épargne, de janvier à juin 2006, a permis à Sofinei de porter son capital à 1,725 millions d’euros. Investir dans Sofinei, c’est participer activement à la lutte contre l’exclusion en permettant à des personnes en difficulté de trouver un emploi et une formation et assurer leur réinsertion sociale et professionnelle. Les entreprises d’insertion Depuis bientôt 30 ans, les entreprises d’insertion, en alliant militantisme et professionnalisme, se fédèrent autour d’un principe commun : « personne n’est a priori inemployable ». En utilisant l’espace de l’entreprise, avec ses contraintes, ses droits et devoirs, ses impératifs de production et de qualité, elles mettent en place les bases de la restructuration humaine, sociale et professionnelle de personnes se trouvant en situation de marginalisation et d’exclusion. S’appuyant sur la pédagogie du contrat de travail en offrant l’accès à un véritable statut de salarié, elles développent une démarche qualité au travers de la Charte Nationale des entreprises d’insertion. Aujourd’hui, le Cnei fédère 23 Unions Régionales, pour un total de 622 adhérents, développant plus de 380 millions de chiffre d’affaires, et employant près de 40 000 personnes par an (dont 33 500 salariés en insertion). Contact régional UREI PACA 216 chemin du Charrel, BP 537, 13400 Aubagne & 04 42 18 43 99 www.cnei.org épargne et finances solidaires 61 BON DE COMMANDE À compléter et à renvoyer accompagné de votre règlement à Maison des Economies Solidaires 2, rue Louis Funel – Garbejaïre 06560 Valbonne Sophia Antipolis téléphone: 04.92.38.94.26 courriel : [email protected] Destinataire de la commande : NOM:................................................................................................................ Prénom:........................................................................................................... Structure:......................................................................................................... Adresse:........................................................................................................... ........................................................................................................................... Code Postal: ....................................... Ville: ................................................................. Téléphone: ......................................./............................................ Courriel: ............................................. @ ........................................................... Nbre d’exemplaires 1 2 3 4 5 Total Coût 6€ 12 € 18 € 24 € 30 € Frais de port 1,57 € 2,90 € 3,77 € 3,77 € 4,98 € Coût total 7,57 € 14,90 € 21,77 € 27,77 € 34,98 € Règlement par chèque à l’ordre de ACS 2000 ou par virement administratif. 3 comment utiliser mon argent de manière solidaire par jeanne meunier Que faire de son argent ? L ’écart entre revenus ne cesse de s’accroître et la couverture sociale diminue. Il y a plus d’argent en circulation ce qui alimente le plus souvent d’une part la consommation et d’autre part les marchés financiers. Mais l’insécurité professionnelle et les craintes sur l’avenir peuvent aussi inciter à placer son argent autrement. La question est donc que voulez-vous faire de cet argent dont vous n’avez pas besoin pour vivre au quotidien ? « Il est désormais possible d’utiliser son épargne pour être solidaire. Conscients de la portée de leurs actes économiques quotidiens sur le fonctionnement de la société, un nombre de plus en plus important de citoyens souhaitent participer à la construction d’une société plus humaine. Pour exercer cette citoyenneté, les produits d’épargne solidaire sont un outil efficace. Ils permettent à tous les citoyens d’orienter leurs placements, non plus uniquement en vertu de principes financiers, mais également en fonction de leurs critères éthiques, de solidarité et de proximité et en direction d’action de solidarité nationale et internationale qui leur tiennent à coeur, porteurs de changement et de lien social. Ils répondent aussi aux interrogations et au besoin de transparence des épargnants sur l’utilisation faite de leur épargne. » Extrait d’une documentation Finansol. Les possibilités d’épargner solidaire sont de plus en plus nombreuses et la disparité dans ce champ s’en trouve agrandie. Le label Finansol ne permet pas de différencier entre produit éthique, produit solidaire, implication personnelle, délégation de gestion des fonds, investissement de proximité, aide au développement du Sud. C’est à chaque épargnantE, investisseurE potentielE de faire son chemin dans 64 ce dédale où le marketing peut brouiller le fond. Quelques questions à se poser et qui peuvent permettre de choisir ce qui vous convient le mieux à vous. Que recherchez-vous d’abord ? Que votre argent vous rapporte ? Qu’il soit utile ? Son impact économique ? Une fiscalité avantageuse ? Quel temps êtes-vous prêtE à consacrer au management de votre “surplus” financier ? Quelle place accordez-vous à la dimension éthique ? A la finalité du placement ? Le désir de comprendre comment fonctionne le système financier ? La proximité entre investisseurs et entrepreneurs ? Soutenir le développement local ? Il y a une différence significative entre l’aide directe qui permet d’apporter des fonds à des projets rejetés par les circuits financiers classiques et des fonds de partage dont une partie seulement des bénéfices annuels est reversée à une action caritative spécifique selon les fonds alors que la masse de ces investissements est investie sur le marché classique. A vous de savoir à qui /à quoi vous voulez que votre argent rapporte d’abord. Cherchez-vous à donner un « petit coup de pouce » ou êtes-vous prêtE à faire societé avec d’autres ? Certes la prise de risque n’est pas la même ni non plus le sens. Parce que l’union fait la force il est aussi intéressant d’envisager d’investir dans l’épargne salariale. Ce n’est plus une décision individuelle mais un choix collectif qu’un comité d’entreprise d’entreprise peut faire valoir. Depuis la loi Fabius de 2001, les entreprises doivent reconnaître la volonté des salariés à investir dans des fonds d’épargne solidaire (cf. « L’épargne salariale » dans « Je suis clientE d’une banque »). Ainsi l’argent que vous gagnez en tant que salariéE peut contribuer à permettre à d’autres d’accéder au monde du travail. Bonne recherche… Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Jeanne Meunier Co-présidente de l’Apeas comment je peux utiliser mon argent de manière solidaire précisions Epargne solidaire et fiscalité Investir dans des produits d’épargne solidaire ouvre la porte à deux réductions d’impôts sur le revenu : au titre de la souscription au capital des PME et des dons aux œuvres. Si vous investissez directement dans une entreprise ou une structure solidaire financière, vous pouvez bénéficier d’une réduction d’impôt de 25 % de votre investissement dans la limite de 20 000 € pour un contribuable célibataire, veuf ou divorcé ou de 40 000 € pour un couple marié ou pacsé (case CF de la déclaration 2042 C). Il est à noter que cette réduction d’impôt n’est valable (et sera reprise dans le cas contraire) que si la détention est maintenue au minimum cinq années après l’année de l’investissement (sauf en cas de licenciement, invalidité ou décès de l’un des conjoints). (CGI, art. 199 terdecies-0 A ; DB 5 B-3391 ; BOI 5 B-23-94, 5 B-16-02 et 5 B-29-05, PF 106 ; loi pour la confiance et la modernisation de l’économie du 26 juillet 2005, art. 2). financiers au profit d’une fondation ou association à vocation solidaire : vous effectuez donc un don qui ouvre à une réduction d’impôt. S’il s’agit d’un organisme d’aide aux personnes en difficulté (case UD de la déclaration 2042), ces dons ouvrent droit une réduction d’impôt de 75 % dans la limite de 470 € (donc une réduction maximale de 353 €). Au-delà de ces 470 € , ces dons peuvent être reportés sur les dons aux autres œuvres et au financement des partis politiques (Case UF de la déclaration 2042). Ces dons ouvrent droit à une réduction d’impôt de 66 % dans la limite de 20 % du revenu global. (CGI, art. 200 ; DB 5 B-3311, BOI 5 B-1-97, 5 B-4-02, 5 B-25-05, 5 B-17-99, 5 B-12-00, 5 B-11-01, 5 B-18-01 et 5 B-9-04 ; PF 100 et 106). Si ces mesures existent depuis plusieurs années déjà, il convient de noter que les données ici détaillées portent sur les revenus 2005 et que les dispositions fiscales sont susceptibles d’évolution dans le temps. En investissant dans des produits de partage, vous renoncez à tout ou partie des revenus comment utiliser mon argent de manière solidaire Benoît Borrits 65 par jean jamet Profit & Partage : deux mots antinomiques et cependant associés ! Dès 1981/82, le CCFD interroge les milieux bancaires pour réfléchir à ces problèmes. La plupart des banques contactées ne croient pas à ces projets ! Pensez donc, il est peu probable que des personnes acceptent de partager une partie de leurs revenus ! … ou la longue histoire de la mise en route du réseau bancaire envers les fonds éthiques et de partage ! A la fin des années 70, des partenaires associatifs du Sud (Maghreb, Afrique noire, Amérique Latine, Asie) réfléchissent avec le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) pour développer un partenariat susceptible de prendre en compte leur désir de créer ou de développer des activités économiques. Ces partenaires reconnaissent l’importance et la nécessité des subventions octroyées par le CCFD, pour développer notamment des projets de santé, d’éducation, de formation. Or, ceux-ci soulignent aussi la nécessité d’un autre type d’intervention financière pour des projets concernant le développement d’activités économiques. L’emprunteur retenu par les réseaux bancaires se heurte aux taux de remboursement relativement élevés des prêts octroyés, et qui doivent être remboursés en monnaie forte ! Une réflexion s’enclenche au sein du CCFD qui ne peut répondre directement à ces problèmes qui ne relèvent pas des domaines d’interventions des associations. Plutôt que de mettre en oeuvre de nouveaux instruments financiers, la décision est prise de partir de ce qui existe déjà dans ce domaine. L’hypothèse retenue consiste à utiliser les outils financiers classiques (Fonds Commun de Placement-FCP et Société d’Investissement à Capital Variable-SICAV) en y introduisant la notion de partage ! Autrement dit, il s’agit de proposer aux épargnants de céder une partie des revenus annuels de leur épargne au profit de projets de développement économique. 66 Le Crédit Coopératif répond néanmoins favorablement à cette demande dès 1982 pour au moins trois raisons : − un état d’esprit général proche de la solidarité soutenue, notamment, par le CCFD − la volonté manifestée par un allié de poids, au sein de la Direction Générale de la banque, très favorable à cette initiative − la taille réduite de la banque qui favorise l’esprit d’initiatives et la mise en route d’expériences. Le Crédit Coopératif prend à sa charge les aspects techniques en transformant des outils financiers déjà existants (FCP ou SICAV) pour qu’ils puissent répondre aux exigences du CCFD et de ses partenaires. Le premier Fonds Commun de Placement de partage “Faim et Développement” est alors créé en 1983. Dans la foulée, le CCFD met en route la Sidi (Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement), société au capital fixé aujourd’hui à 9 millions d’euros, pour mettre en oeuvre sa dynamique socio-économique et répondre aux premières demandes de financement déjà formulées. Le CCFD prend en charge la promotion de ce produit d’épargne solidaire auprès de son réseau, en le mobilisant à tous les niveaux : national, départemental et local. Cette information auprès des épargnants est nécessaire car il est plus difficile de convaincre des souscripteurs potentiels de souscrire sur des fonds “éthiques et de partage” que sur des fonds simplement “éthiques”. En effet, les fonds dits « éthiques », contrairement aux fonds « de partage » assurent juste à l’épargnant la certitude d’une bonne conduite des entreprises soutenues par son épargne et sont donc, de ce fait moins contraignants. Néanmoins, la réponse à cet appel à souscrire s’avère très importante. Il faut également souligner l’implication importante prise Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je suis clientE d’une banque par les Congrégations Religieuses féminines lors de ces appels de fonds. Cette réaction est bien sûr un atout de taille pour le Crédit Coopératif et le CCFD pour assurer l’avenir du produit. Les acteurs associatifs, invités par le CCFD, suivent très vite la dynamique engagée : Frères des Hommes, Terre des Hommes, le Comité Français Contre la Faim rejoignent ce fonds. Habitat et Humanisme met en oeuvre d’autres produits de ce type. Cette expérience réussie intéresse alors les banques commerciales qui, mesurant les résultants obtenus, constatent qu’elles peuvent également y trouver un intérêt certain : notoriété, intérêts financiers ... Le Crédit Agricole, la Poste, etc. vont, à leur tour, lancer des produits de partage vers 1988/89. Le concept se développe également à l’International. La CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité) qui rassemble les organisations catholiques de solidarité au niveau international et dont le CCFD est membre actif, fait connaître cette initiative qui se développait déjà de manière différente dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Espagne, Pays Bas, Danemark ..) pour rentabiliser au maximum l’argent qui leur est confié ! « En voulant développer des produits de partage, vous me faites faire un autre métier que le mien ! - me dit un jour un Directeur de banque - Notre rôle consiste à engranger le maximum de disponibilités de la part de nos clients et de les faire fructifier au maximum ! Libre à eux d’en disposer comme ils le souhaitent ! ». Les associations restent cependant à la pointe de la dynamique lancée en 1983. La promotion des produits de partage restant, souvent, à la charge des seules associations concernées ! Une implication plus importante des services bancaires pour faire connaître davantage ces produits par leurs personnels est souhaitable ! La mise en route de nouveaux souscripteurs serait ainsi facilitée… Cette implication ne peut-elle s’envisager et s’amplifier ? Ensemble construisons un monde meilleur en modifiant déjà notre comportement usuel ! Jean JAMET Correspondant Sidi / CCFD en région PACA En 1992, une nouvelle étape est franchie avec la mise en réseau de plusieurs banques françaises pour créer une SICAV : Là encore, la société civile est un moteur dans le développement des produits d’épargne solidaire. Le CCFD décide de provoquer la rencontre entre le Crédit Lyonnais, la Caisse des Dépôts et Consignations, le Crédit Coopératif et la banque Dexia. Cette mise en réseau aboutit à la création de la SICAV “Eurco Solidarité”, gérée par le Crédit Lyonnais, dont les revenus sont destinés à la lutte contre l’exclusion en Europe centrale et en France. Le partenariat s’est donc d’abord construit entre les banques de l’économie sociale et les associations. Les banques coopératives, comme le Crédit Coopératif, étant, par nature, plus sensibles à l’épargne solidaire, les relations entre ces banques et les associations sont relativement faciles. En revanche, les rapports peuvent être plus délicats avec des banques commerciales. L’état d’esprit est différent. Ces banques sont davantage sollicitées comment utiliser mon argent de manière solidaire 67 par nadine richez-battesti PANORAMA DES BANQUES C ontrairement à certains pays européens, et notamment l’Italie avec la Banca Etica, la France peine à développer des banques solidaires. Son paysage se caractérise plutôt par une diversité d’intervenants au sein desquels les banques coopératives, et particulièrement le Crédit Coopératif, occupent une place significative. Depuis un peu plus de vingt ans, toute une série de produits bancaires et financiers innovants ont été développés par des banques et des institutions financières. Ces organismes mettent en œuvre des circuits financiers et la distribution de produits d’épargne solidaire ouverts au grand public. Ils assument ainsi une fonction d’intermédiation entre les épargnants et les organisations, majoritairement associations et ONG, et en leur sein, les projets, vers lequels sont dirigées les sommes ainsi collectées. A qui vous adresser ? Vous pouvez vous appuyer sur une banque, et notamment une banque coopérative, ou une institution financière solidaire qui serviront d’intermédiaires. Les banques coopératives acteurs clés de la finance solidaire Les banques coopératives (Crédit Coopératif, Banques Populaires, Crédit Mutuel, Crédit Agricole, Caisse d’Epargne) se distinguent des autres banques (dites banques AFB - Association Française des Banques ou banques SA – Société Anonyme) par le fait que leur capital est détenu par des sociétaires et non des actionnaires. Ces sociétaires participent à la gouvernance de la banque selon le principe “ d’une personne-une voix ”. La double qualité de sociétaire et d’usager de la banque d’un côté et, de façon liée, la permanence d’un projet de solidarité expliquent en partie l’engagement des banques coopératives dans l’épargne solidaire. Cet engagement s’exprime de deux manières : − D’une part, elles développent des produits financiers solidaires (Investissement solidaire) qui permettent de soutenir des projets, exclus des circuits 68 financiers classiques (petites entreprises solidaires, logements sociaux, projets de développement Nord-Sud) et des fonds de partage dont une partie des bénéfices annuels est reversée aux associations caritatives auxquelles le fonds est dédié. Ces instruments financiers solidaires reposent donc sur des partenariats avec des associations ou des ONG. − D’autre part, elles sont parties prenantes de l’émergence d’autres institutions financières et de collectifs ou de réseaux à l’échelle nationale et européenne dont l’objectif est de contribuer à la reconnaissance et à la diffusion de la finance solidaire. Le leadership incontesté du Crédit Coopératif En France, le Crédit Coopératif, banque coopérative rattachée au Groupe Banque Populaire, a été pionnier en matière de placements de solidarité. Il est à l’origine du premier produit financier de partage créé en Europe en 1983, le Fonds Commun de Placement (FCP) Faim et Développement, en lien avec le CCFD (Comité Contre la Faim et pour le Développement). Ce FCP a pour objectif de promouvoir des initiatives économiques durables et de favoriser la mise en place d’un tissu économique et social pour favoriser le développement des pays du Sud. Les souscripteurs acceptent de faire don de tout ou partie du revenu ou de la performance de leur placement à un organisme de leur choix. Le Crédit Coopératif reste encore aujourd’hui le leader en France sur la gamme des produits solidaires qui vont des livrets de partage, aux comptes chèque éthiques en passant par les livrets éthiques, des SICAV (Société d’Investissement à Capital Variable) et une Carte Bleue Agir. Les autres banques coopératives développent à une moindre échelle des fonds de partage et autres instruments solidaires. Par exemple, le Crédit Mutuel développe un fonds commun de placement (FCP) en direction des entreprises qui emploient des personnes en difficulté en lien avec France Active. Le Crédit Agricole développe un fonds monétaire “ Pacte Solidarité Logement ” dont une partie des revenus est versée à la Fondation mutualiste pour l’Aide au Logement, ainsi qu’un fonds obligataire “ Pacte vert Tiers monde ”.La Caisse d’Epargne à travers ses missions d’intérêt général soutient des initiatives locales dans le cadre des Financements des Projets d’Economie Locale et Sociale (PELS) tandis qu’elle développe aussi un FCP Insertion Emploi en lien avec France Active. En complément de leur engagement dans les produits solidaires, les banques coopératives contribuent à structurer la finance solidaire. Elles ont participé à Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je suis clientE d’une banque l’émergence de FINANSOL et en lien avec la Caisse des Dépôts et Consignations, elles constituent l’un des trois collèges de l’association. Le Crédit Coopératif est aussi membre fondateur de la FEBEA (Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives) créée en 2001 pour promouvoir la finance solidaire et préfigurer un modèle de banque éthique et alternative à l’échelle européenne. Des banques SA (Sociétés Anonymes) centrées sur la finance éthique Les banques non coopératives, quant à elles, restent peu présentes sur le marché de la finance solidaire. Seules deux d’entre elles se sont engagées modestement : le Crédit Lyonnais commercialise une SICAV Eurco Solidarité et un FCP Habitat et Humanisme, tandis que Meeschaert Gestion Privée diffuse le FCP Ethique et Partage en lien avec le CCFD. Elles lui préfèrent en général les fonds éthiques et l’investissement socialement responsable (ISR), plus en lien avec la finance de marché. Les fonds éthiques, à fort potentiel de développement, visent à favoriser des placements qui conservent une excellente rentabilité financière tout en sélectionnant des valeurs mobilières relativement au respect des droits sociaux ou de l’environnement. Certains de ces titres financiers sont susceptibles d’obtenir une labellisation Investissement Socialement Responsables (ISR) par des organismes de notation tels Vigeo. Les banques SA sont fortement impliquées dans ces produits financiers, tandis que les banques coopératives sont plus en retrait, laissant percevoir une relative spécialisation de chacune d’entre elles Que retenir de la différence entre la finance éthique portée par les banques SA et la finance solidaire plus en lien avec les banques coopératives ? Tout d’abord l’importance plus ou moins forte accordée à la rentabilité financière du placement relativement au projet alternatif et innovant. Ensuite, la capacité à répondre à des besoins qui ne sont pas satisfaits par le marché relativement à un engagement sur le respect de certaines valeurs. Enfin ce sont les critères d’évaluation des projets retenus qui diffèrent. Le soutien des banques à des organismes financiers dédiés aux financements solidaires Au coté des banques coopératives qui développent des produits solidaires et collectent des fonds pour des organismes solidaires, des établissements financiers solidaires consacrent la quasi totalité de leurs activités au financement de projets solidaires. Ils peuvent prendre le statut d’association, de fondations, de sociétés de capital risque, de sociétés financières, de clubs d’investisseurs…. Ils mettent en oeuvre des prêts, des prises de capital et des systèmes de garantie en direction de projets dans les pays développés ou en voie de développement. Ces organismes fédèrent, à des degrés divers, de multiples parties prenantes. Le plus souvent, ils entretiennent des liens avec les banques coopératives et les fondations issues des assurances mutuelles qui sont généralement à l’origine de leur création et contribuent ensuite à des abondements financiers. Ils sont aussi soutenus par des collectivités locales et les pouvoirs publics. Enfin, ils peuvent bénéficier de l’engagement d’épargnants citoyens, soucieux de contribuer volontairement à la création d’activités socialement utiles. Ainsi la Nef (Nouvelle Economie Fraternelle), qui mobilise un réseau de sociétaires constitué de personnes physiques et morales, dans l’objectif de soutenir des projets environnementaux ou sociaux, est une société coopérative de finances solidaires associée au Crédit Coopératif. Elle développe en interne des produits bancaires de type compte à terme, et en lien avec le Crédit Coopératif, des livrets et des comptes chèques. L’Association France Active, dont Esia (Economie Solidaire Insertion Active) est la déclinaison locale, fédère quant à elle des fonds territoriaux qui garantissent des prêts bancaires consentis à des entreprises à vocation solidaire. Elle a été créée à l’initiative du Crédit Coopératif, de la Caisse des Dépôts et Consignations et de la Fondation Macif. Autre exemple l’Adie (Association pour le Droit à l’Initiative Economique), organisme de financement et d’accompagnement de chômeurs créateurs d’entreprises est financée par des fonds publics locaux, nationaux et européens et les prêts sont accordés en partenariat avec des banques coopératives majoritairement, notamment le Crédit Mutuel. Les banques coopératives sont donc, directement ou indirectement, un acteur incontournable de la finance solidaire. Nadine Richez-Battesti Directrice du Master Professionnel RH : Economie sociale : Management des projets et des compétences Ce master créé en 2000 à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de la Méditerranée est destiné à des formations initiales et continues ; il développe fortement la VAE. Il se déroule sur deux jours par semaine pendant une année avec quatre mois de stage a minima. Il vise à renforcer les compétences sur les outils de gestion et de pilotage des organisations et des projets ainsi que sur l’animation de réseaux et l’évaluation, dans un objectif de contribution au développement des territoires. & 04 91 14 08 79 - [email protected] comment utiliser mon argent de manière solidaire 69 pour aller plus loin L’Europe réglemente les banques Les contraintes européennes pèsent lourdement sur les banques et influencent leurs pratiques, notamment celles des organisations financières de l’économie sociale et solidaire. Celles-ci offrent aux collectivités et aux particuliers une forme d’épargne alternative dont le rendement n’est pas d’abord financier, mais avant tout social et humain. Elles accordent également du crédit à des projets sociaux qui n’ont pas accès au crédit bancaire ainsi qu’à des initiatives touchant les plus démunis et les exclus. C’est à partir de la fin des années 1970 qu’a été initiée l’intégration ou la libéralisation du marché bancaire. Plusieurs directives bancaires européennes ont été adoptées jusqu’aux plus récentes, le 14 juin 2006. Ces dernières répondent à l’un des principaux axes d’action de l’Union européenne, à savoir la mise en place d’un environnement réglementaire permettant de fournir des services bancaires sur une base transfrontalière. Pour y parvenir, ces directives ont prévu que les mesures qu’elles contiennent au sujet des banques s’appliquent le plus largement possible, c’est-àdire à toute entreprise dont l’activité consiste à recevoir du public des dépôts ou d’autres fonds remboursables et à octroyer des crédits pour son propre compte. Par ailleurs, ces entreprises se sont vues imposer des conditions souvent difficiles pour accéder à ce statut bancaire et exercer leur activité. Relevons deux difficultés majeures que présente cette législation européenne, l’uniformisation et la monopolisation du statut bancaire. Les directives bancaires ont enlevé autant que possible les différences entre les banques commerciales et les banques de développement. Toutes les particularités qu’avaient ces dernières, comme des facilités fiscales, des garanties publiques… qui leur permettaient de remplir leurs fonctions de développement local, ont en grande partie disparu. Si la compétition a sans doute augmenté sous l’effet de l’uniformisation du statut bancaire, l’éventail des services offerts et des 70 publics visés a, quant à lui, diminué, obligeant certains gouvernements à forcer les institutions de crédit à offrir des services bancaires de base aux consommateurs. Peut-on encore parler de concurrence lorsqu’on constate une absence de produit ou de service ou des franges de population délaissées par l’offre bancaire ? La raréfaction du crédit professionnel, par exemple, a progressé dans des zones tant urbaines que rurales d’Europe. Une réponse adéquate à cette situation peut résider dans les organisations financières de l’économie sociale et solidaire. Encore faut-il qu’elles puissent soit accéder au statut bancaire, soit exercer leurs activités sans devoir se soumettre aux conditions imposées par ce statut. Se pose ici une deuxième difficulté majeure de la législation européenne, la monopolisation du statut bancaire : il faut être banque pour pouvoir collecter de l’épargne. En outre, ce statut a été rendu beaucoup plus difficile d’accès et l’exercice de cette activité sévèrement réglementée, en sorte qu’il est beaucoup plus difficile aujourd’hui pour une communauté locale de créer sa structure si elle se sent négligée par les structures existantes. La réponse traditionnelle est beaucoup plus difficile, voire impossible à mettre en place. Deux pistes sont certainement à creuser pour favoriser un meilleur accès au crédit bancaire: – au niveau de l’Union Européenne: exemption générale pour les organisations financières de l’économie sociale et solidaire, en les autorisant à opérer, sous certaines conditions, sans acquérir le statut bancaire et s’astreindre aux contraintes qu’il suppose – au niveau des Etats membres: assouplissement des conditions d’accès au statut bancaire pour les organisations qui souhaitent recourir à ce statut. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Bernard Bayot, Directeur du Réseau Financement Alternatif www.rfa.be je suis clientE d’une banque PRODUITS PROPOSéS par les banques Source : Finansol Produits bancaires solidaires Les produits bancaires solidaires regroupent les livrets d’épargne, les bons de caisse et les comptes à terme solidaires labellisés Finansol. Ils sont solidaires car leur encours et/ou une partie des revenus sont utilisés pour le financement d’institutions financières ou de projets solidaires. Le livret d’épargne regroupe trois sortes de produits : − Livret bancaire : c’est un compte rémunéré. Cette formule d’épargne est très sûre et permet de disposer de son argent ou de faire des versements à tout moment et par tous moyens (remise de chèque, dépôt d’espèces ou virement). Les intérêts sont calculés tous les 15 jours et créditent le compte au début de chaque année civile. − CODEVI (Compte pour le Développement Industriel) : c’est un livret d’épargne réglementé. Selon des normes fixées par l’Etat, son taux est identique à celui du Livret A des Caisses d’Epargne ou de la Poste. Sa rémunération est calculée par quinzaine, elle est nette d’impôt et de charges sociales. Le montant des dépôts est plafonné à 4 600 euros. Proposé par toutes les banques, exclusivement aux particuliers, c’est un placement liquide et très sûr. − Livret Jeune : Livret d’Epargne réglementé, réservé aux jeunes de 12 à 25 ans. Selon des normes fixées par l’Etat, son taux est identique à celui du Livret d’Epargne Populaire. Sa rémunération est calculée par quinzaine, elle est nette d’impôt et de charges sociales. Le montant des dépôts est plafonné à 1 600 euros. Proposé par toutes les banques, c’est un placement liquide et très sûr. Le compte à terme est un placement nominatif ouvert par une personne morale ou physique. C’est un contrat entre les banques et son client qui précise le montant, la durée et le taux de rémunération. L’argent est bloqué pendant une durée déterminée (souvent deux ans minimum) : la rémunération est d’autant plus élevée que la période sur laquelle l’épargnant s’engage est longue. verser des intérêts à échéance déterminée. Ce sont des placements sûrs dont on connaît à l’avance le rendement. L’argent est immobilisé sur une durée déterminée (souvent deux ans, maximum légal cinq ans). Produits financiers solidaires Les produits financiers solidaires regroupent les FCP, les SICAV, les contrats d’assurance-vie solidaires labellisés Finansol. Ils sont solidaires car leur encours et/ou une partie des revenus et/ou une partie des frais d’adhésion et de gestion sont utilisés pour le financement d’institutions ou de projets solidaires. Le FCP (Fonds commun de placement) est un portefeuille de valeurs mobilières géré en copropriété par un dépositaire agréé. Le FCP se distingue de la SICAV par une taille souvent moindre, donc un objectif de gestion plus spécialisé, et par une cotation de la part moins fréquente. La SICAV (Société d’Investissement à Capital Variable) est l’un des instruments privilégiés des particuliers lors de leur investissement en Bourse. Il existe plusieurs types de SICAV avec chacune des compositions de portefeuille différentes : les SICAV Actions Françaises, les SICAV Actions Etrangères, les SICAV Monétaires ou bien encore les SICAV Obligataires. La liste n’est pas exhaustive et permet à l’investisseur de déléguer la gestion de son argent à la SICAV qui le gérera en fonction du profil recherché par l’investisseur. L’assurance-vie est un contrat permettant de transmettre à une personne désignée une somme d’argent résultant de l’épargne ou d’une prime versée pour recevoir une indemnité à l’issue de la réalisation d’un risque garanti. Pour trouver le tableau des produits bancaires et financiers solidaires, contactez Finansol ou rendezvous sur : www.finansol.org Les bons de caisse sont un document établi par la banque envers un dépositaire d’argent dans lequel elle s’engage à lui rembourser son capital et à lui comment utiliser mon argent de manière solidaire 71 pour aller plus loin L’épargne salariale solidaire L’investissement de l’épargne salariale dans l’économie solidaire a connu une impulsion importante depuis la loi du 19 février 2001 dite loi Fabius, qui a prévu l’obligation de proposer aux salariés un fonds solidaire dans le cadre du PPESV (aujourd’hui PERCO). Une présentation succincte de l’épargne salariale L’épargne salariale est un terme générique qui regroupe 4 dispositifs différents : – l’intéressement est une prime collective, obligatoirement instituée par un accord collectif dans l’entreprise, qui est versée en cas de réalisation d’objectifs fixés par l’accord (il s’agit dans 2/3 des cas d’objectifs de rentabilité économique ou financière de l’entreprise). Elle peut être versée au salarié en numéraire ou placée sur le Plan d’Epargne d’Entreprise (auquel cas elle est exonérée d’impôts) ; – la participation est au contraire obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés. Elle permet de redistribuer au personnel une partie du résultat de l’entreprise si ceux-ci sont suffisants. Elle est obligatoirement bloquée 5 ans ; – le plan d’épargne d’entreprise (PEE) est un dispositif d’épargne dans le cadre de l’entreprise. Le salarié choisit de placer une partie de ses économies sur le PEE, l’employeur ayant la faculté d’abonder cette épargne (par exemple il verse 100 euros si le salarié épargne 100 euros). Ce dernier peut également verser sa participation sur le PEE. Les sommes sont en principe bloquées 5 ans ; – enfin, le PERCO (Plan d’Epargne Retraite Collectif) est un PEE dans lequel les sommes versées par les salariés ne peuvent être débloquées qu’au Plan Partenarial d’Epargne Salariale Volontaire. Il s’agissait d’un plan d’épargne salariale dans lequel l’épargne était bloquée 10 ans, contre 5 pour l’épargne salariale classique. Le PPESV a été remplacé par le PERCO lors de la réforme des retraites de 2003. 1 72 moment de la liquidation de la retraite (toutefois il existe quelques cas de déblocage anticipé comme l’acquisition de la résidence principale). Les fonds déposés sur le PEE (environ 70 milliards d’euros fin 2005) sont investis en OPCVM dénommés FCPE . Ces FCPE peuvent être investis en actions, en obligations ou en titres monétaires. L’épargne salariale est porteuse de plusieurs risques dont une organisation syndicale ne peut se désintéresser : – un risque de concurrence avec le salaire : elle fait dépendre en partie la rémunération du salarié du résultat financier de l’entreprise ; – un risque de substitution de l’épargne salariale aux hausses des salaires du fait de l’effet incitatif de l’exonération des charges de l’épargne salariale, exonération qui ne se retrouve pas s’il y a hausse des salaires ; – elle est coûteuse pour la protection sociale du fait de l’exonération de cotisations sociales dont bénéficie l’épargne salariale (100 euros versés sous forme d’épargne salariale représentent une perte de recettes de 40 euros pour la protection sociale) ; – enfin elle draine l’épargne salariale vers les marchés financiers et donc bénéficie surtout aux très grandes entreprises cotées en bourse au détriment des PME. L’épargne salariale solidaire L’épargne salariale peut être investie dans l’économie solidaire à travers des FCPE solidaires. Ces FCPE solidaires doivent être obligatoirement investis à hauteur de 5 à 10 % dans des entreprises solidaires, et pour le solde sur les marchés financiers. Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières Fonds Commun de Placement d’Entreprise Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je suis clientE d’une banque Pour pouvoir bénéficier de ce mode de financement, les entreprises solidaires doivent demander un agrément comme entreprises solidaires, qui est accordé par le préfet du département, sur la base de divers critères. L’un des principaux domaines d’intervention de ces fonds solidaires est l’insertion par l’économique (salariés en situation d’exclusion de l’emploi, insertion des travailleurs handicapés) ou encore l’aide au logement des personnes défavorisées. Cette épargne salariale solidaire bénéficie de divers avantages. En particulier, l’abondement des employeurs peut donner lieu à constitution d’une provision pour investissement en franchise d’impôts, à condition que celle-ci serve effectivement à financer des investissements. Par ailleurs, l’accord collectif instituant un PERCO (le dispositif d’épargne salariale en vue de la retraite) doit obligatoirement prévoir un fonds solidaire. L’épargne salariale solidaire représente un incontestable progrès, puisqu’elle permet aux salariés qui le souhaitent de contribuer au développement de l’économie solidaire et d’aider au développement d’activités socialement utiles, mais qui ne sont pas rentables aux yeux des critères de gestion capitalistes. Il est donc extrêmement souhaitable d’assurer un développement plus important de cette épargne salariale solidaire. De ce point de vue, on ne soulignera jamais assez que si la loi Fabius a rendu obligatoire la présence d’un fonds solidaire dans le PERCO, elle n’a nullement interdit d’en proposer un dans le cadre du PEE à 5 ans. Il est souhaitable que cette évolution soit renforcée à l’occasion du projet de loi sur la participation et l’actionnariat salarié, qui sera discuté à l’automne au Parlement. C’est pourquoi le Comité intersyndical de l’épargne salariale, composé de la CGT, de la CFDT, de la CFTC et de la CFE-CGC, qui a mis en place un dispositif de labellisation des offres d’épargne salariale, fixe parmi les conditions d’une labellisation la présence dans l’offre du gestionnaire d’un FCPE solidaire. Pierre-Yves Chanu Conseiller confédéral de la CGT Membre du Comité intersyndical de l’épargne salariale comment utiliser mon argent de manière solidaire 73 par benoît borrits pourquoi s’associer à une structure de financement solidaire ? T outes les structures présentées dans cette rubrique sont des sociétés financières qui prennent des participations ou accordent des prêts dans des entreprises solidaires. On devient associé en apportant de l’argent en fonds propres à cette structure. L’apport en fonds propres signifie qu’on s’interdit de le réclamer à tout moment ou d’exiger une rentabilité prédéterminée. Ce type d’investissement ne peut donc se faire que dans une optique de long terme (plusieurs années). En échange de l’argent investi, on devient associé de cette structure et cela a deux implications conjointes : on suit la gestion de son argent et on accepte le risque de capital. Comme dans toute entreprise, la gestion est généralement déléguée à une équipe de direction. Celle-ci peut être professionnelle ou bénévole suivant la structure. Cependant, être associé signifie avoir son mot à dire sur la nomination de l’équipe ainsi que l’orientation de la structure. Comme on ne représente généralement qu’une faible proportion des droits de vote, il va de soi que l’orientation ne peut être changée du tout au tout, ce qui fait que l’on choisira d’investir dans une structure en fonction d’une orientation préalablement établie. 74 La finalité d’une structure de financement solidaire n’est pas d’offrir une rentabilité à ses souscripteurs mais de leur garantir que l’argent sera mis au service d’objectifs sociaux et/ou écologiques. Il est toutefois important de rappeler que devenir associé signifie aussi être exposé au premier chef à une perte éventuelle sur le capital investi. Bien que cette éventualité ne soit pas à écarter, il convient cependant de noter que les structures ici présentées existent depuis de nombreuses années et ont largement prouvé leur compétence et efficacité. Il convient, à cet égard, de rappeler que la performance financière va de pair avec le risque : qui veut gagner beaucoup s’expose obligatoirement à des pertes (les marchés boursiers nous l’ont amplement montré sur la décennie passée). Par ailleurs, l’investissement dans une structure de financement solidaire ouvre droit à une réduction d’impôt de 25 % des montants investis (voir encadré « épargne solidaire et fiscalité »), ce qui assure une sécurité financière supplémentaire à ce type d’investissement en cas de pertes partielles. Au final, ces outils sont idéaux pour tout épargnant solidaire : − qui est prêt à investir à long terme et souhaite déléguer le choix de ses investissements dans le cadre de ses préférences sociales et/ou écologiques − qui ne souhaite pas investir sur un ou quelques projets − mais préfère répartir son risque sur un nombre d’investissements significatif. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Benoît Borrits Garrigue je deviens associéE d’une structure de financement solidaire définition Sociétaire ou actionnaire ? Lorsque l’on s’associe dans une structure de finance solidaire, on en devient sociétaire ou actionnaire suivant la forme juridique de celleci. Dans toute entreprise ou structure financière collective, la participation au capital s’exprime par un nombre d’actions (ou de parts dans les sarl) détenues au prorata du montant de leurs engagements. Dans les entreprises de capitaux traditionnelles, l’objet de l’investissement est le rendement financier : de ce point de vue, la prise de décision collective dans ces entreprises est fonction du montant investi et se traduit donc par la règle : une action (ou une part) donne droit à une voix. On est alors actionnaire de l’entreprise (dans le cas des sarl traditionnelles, on parle cependant d’associé). L’économie sociale représente une contestation de la suprématie des entreprises de capitaux sur l’économie au profit d’une économie tournée vers la satisfaction des besoins humains. De ce point de vue, les coopératives et mutuelles nées au XIXème siècle ont refusé que la prise de décision se fasse sur la base du montant investi dans la structure. Si les actions et parts sociales existent toujours et expriment la détention du capital, les prises de décision se font sur la base du principe démocratique « un individu égale une voix ». Dans ce cas, plutôt qu’être actionnaire de la structure, on préfèrera parler de « sociétaire ». Bien que ce critère ne soit nullement un signe d’appartenance à l’économie solidaire, il n’est guère surprenant de constater que beaucoup de structures de financement solidaire ont adopté la forme coopérative dans la mesure où l’objectif essentiel de l’investissement n’est plus le rendement financier mais la qualité sociale ou écologique de celui-ci. comment utiliser mon argent de manière solidaire Benoît Borrits 75 outils GARRIGUE Créé en 1985 sur le plan national, Garrigue poursuit depuis cette date une politique de régionalisation pour répondre d’avantage au désir exprimé des souscripteurs de participer à du financement dans la proximité. C’est ainsi qu’elle a, en 1990, contribué avec le GIEPP (Groupement pour l’Insertion et l’Elaboration de Projets Professionnels) à créer « Autonomie et Solidarité » avec un même objet pour la région Nord-Pas-de-Calais. En 1998, Garrigue a repris par fusion-absorption l’héritage physique et moral de Génération Banlieue SA COOP dont l’objet était de « prendre des participations dans des entreprises implantées ou s’implantant dans des zones d’habitat difficile (grands ensembles, cités, quartiers), ou portées par des personnes issues des populations résidentes et plus généralement dans toute activité économique favorisant le développement économique et social de ces zones ». Du 15 novembre 2003 au 31 mars 2004, Garrigue a lancé un appel public à l’épargne pour accroître sa notoriété et ses moyens d’intervention auprès des entreprises solidaires. Cette opération a débouché sur la constitution, avec le soutien du Fonds Social Européen, de la création d’une section spécifique Ile-de-France qui aura comme souci premier de poursuivre ses objectifs de développement des zones délaissées de la région. Cet appel public à l’épargne a été également soutenu par la Préfecture de région Ile-de-France (appel à projets Dynamiques Solidaires 2001) et le Conseil général des Bouches-du-Rhône. des entreprises qu’elle a financées, Garrigue encourage une pratique citoyenne de l’économie en présentant une solution concrète, alternative et économiquement viable aux épargnants qui recherchent une affectation utile de leur épargne. Garrigue entend poursuivre et amplifier son action au service d’une économie alternative et solidaire ; il faut pour cela lui en donner les moyens et participer à son capital en souscrivant une ou plusieurs parts sociales d’une valeur de 77 euros l’action. Les projets que nous accompagnons sont évalués d’après leur utilité sociale et leur viabilité financière, dans les secteurs de votre choix : − énergies et environnement, − commerce équitable, − produits et magasins bio, − insertion et développement local. En tant que sociétaire, vous contribuez au fonctionnement de Garrigue : participation aux assemblées générales qui fixent les orientations de la société et élection du conseil de surveillance qui nomme un directoire chargé de la gestion de la coopérative. Nous vous tenons régulièrement informés des investissements réalisés, des activités et des résultats. Vous pouvez participer, proposer, vous impliquer dans les actions de Garrigue. Forte de son expérience et de la réussite www.garrigue.net 76 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire témoignage Une sociétaire de Garrigue : Véronique Jourde, Vallauris (06) J’ai connu Garrigue en 2003, lors de sa très clair : une transparence totale sur les campagne d’appel à l’épargne pour augmenter investissements réalisés et l’information des son capital. A ce moment-là je m’intéressais sociétaires, des critères compatibles avec mes déjà à la finance solidaire, ayant réalisé que je valeurs pour le choix des projets financés, et ne pouvais pas faire profiter de mon argent des des domaines d’intervention qui me tiennent à entreprises dont les valeurs comme les objectifs cœur. étaient opposés aux miens : marchands Dernièrement, j’ai acheté des produits de très d’armes et de pétrole, groupes grande qualité fabriqués en France agro-alimentaires promouvant la par une coopérative financée par malbouffe et les OGM, acteurs du Garrigue (Ardelaine), et je suis fière nucléaire, industriels pollueurs, d’y avoir participé ! multinationales aux pratiques antiBien sûr je ne mets pas toute mon sociales, etc. épargne dans le même panier, avec J’avais commencé à chercher des Garrigue il s’agit de capital-risque, informations précises sur la façon et le capital n’est pas complètement dont l’argent est investi dans les garanti. Je suis également sociétaire produits financiers classiques de la Nef où j’ai des livrets d’épargne Photo © K. Calder notamment les rares produits que plus classiques (et là aussi je sais les banquiers vantent comme éthiques- ce qui exactement quels sont les projets financés avec m’a permis de constater que l’opacité est totale mon argent). Je trouve que ces deux types et qu’il était impossible d’obtenir ni précisions d’épargne se complètent bien. ni garanties. Avec le recul et l’évolution de la société, Du côté de la finance solidaire, et notamment j’entrevois d’autres raisons qui renforcent des produits de partage (les intérêts sont ces choix, notamment la volonté de ne pas partagés avec des associations agissant dans cautionner un système financier complètement les domaines sociaux et environnementaux), fou où les raisons humaines et économiques je n’étais pas satisfaite non plus. Selon moi, ne pèsent plus rien. Avec Garrigue, on va au les critères de transparence et de garantie de contraire vers une relocalisation de l’économie et Finansol ne vont pas assez loin dans le suivi. l’argent reprend tout son sens d’outil au service Le message de Garrigue au contraire était de projets qui n’en manquent pas. comment utiliser mon argent de manière solidaire 77 outils HABITAT ET HUMANISME Comment agir ensemble : Pour acheter et réhabiliter les logements qu’elle propose à faible loyer aux familles en difficulté, Habitat et Humanisme a besoin de fonds. Vous pouvez aider Habitat et Humanisme : - en devenant actionnaire et en investissant dans le capital de HHDéveloppement ou de la Foncière Habitat et Humanisme. Si vous êtes un particulier : Vous pouvez acheter des actions HHDéveloppement, Société en Commandite par Action (SCA), qui finance les logements d’insertion. Le prix de l’action est de 118 euros. Cet investissement est déductible de votre impôt à hauteur de 25 % sous réserve de garder vos actions pendant 5 ans. Pour souscrire, contactez Habitat et Humanisme. Si vous êtes une personne morale : Vous pouvez acheter des actions de la Foncière Habitat et Humanisme, SCA agréée par l’Etat pour produire des logements d’insertion. Le prix de l’action est de 123 euros. Pour souscrire, contactez Habitat et Humanisme. En épargnant, vous pouvez : − souscrire des parts du Fonds Commun de Placement (FCP) éthique et solidaire Habitat et Humanisme dans tous les établissements financiers (code ISIN FR 000 745 79 99). Vous acceptez de donner le quart du revenu de vos parts du FCP à Habitat et Humanisme. Votre don est déductible de vos impôts à hauteur de 75 %. Le Crédit Lyonnais, gestionnaire du fonds, rétrocède une partie des frais de gestion et des droits d’entrée à Habitat et Humanisme. Ce FCP est géré selon un profil prudent. Performance 2005 : 4,8 %. Durée conseillée : 3 ans. − souscrire un contrat d’assurance-vie Habitat et Humanisme géré par la compagnie AVIP. Dans ce contrat, 10 % des sommes sont investis dans la Foncière et vous bénéficiez des avantages fiscaux liés à l’assurance-vie. Par ailleurs, AVIP reverse à Habitat et Humanisme une partie des 78 droits d’entrée et des frais de gestion. Vous pouvez effectuer librement des versements et des retraits et vous bénéficiez des avantages fiscaux de l’assurance-vie (capital garanti, réduction d’impôt, droits de succession réduits). Pour souscrire, contactez Habitat et Humanisme. − ouvrir un livret AGIR pour Habitat et Humanisme au Crédit Coopératif. Avec ce livret bancaire classique, vous acceptez de donner la moitié des intérêts annuels à Habitat et Humanisme. Votre don est déductible de vos impôts à hauteur de 75 %. Taux d’intérêt au 01/08/06 : 3,77 %. Versements et retraits libres et sans frais. Plafond 15 300 euros. Pour souscrire, contactez le Crédit Coopératif. − utiliser le service “Conciliance” de la Société Générale pour Habitat et Humanisme. − souscrire un FCPE (Fonds Commun de Placement d’Entreprise) Solidaire. Vous êtes salarié d’une entreprise, vous pouvez, dans le cadre de l’épargne salariale, prendre des parts d’un FCPE Solidaire dont Habitat et Humanisme est bénéficiaire : une partie du FCPE Solidaire est investie dans Habitat et Humanisme. Vous pouvez également : − mettre à disposition un bien immobilier − faire des dons et legs à Habitat et Humanisme Avec vos placements solidaires et vos dons, vous permettez à Habitat et Humanisme de faire un apport en capital de 30 % du prix d’acquisition d’un logement. Ces 30 % permettent d’obtenir le complément de financement en subventions et prêts. 30 % d’apport + 35 % de subventions + 35 % de prêts = un logement Votre investissement crée une vraie solidarité : A partir de 15 000 euros de fonds propres, Habitat et Humanisme loge une famille. L’effet de levier est important ! Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca isme.org www.habitat-human je deviens associéE d’une structure de financement solidaire témoignage Une chaîne de solidarité à Marseille “Marseille, un petit quartier paisible «la Pauline», cela aurait pu être un cadre de vie idéal pour ce couple et leur jeune enfant. Et pourtant, suite à de graves problèmes financiers, l’engrenage a commencé jusqu’à ce que la Commission de surendettement prenne en charge le dossier de cette famille et décide de la mise en vente publique de leur seul et unique bien : le logement. La famille est au point d’être expulsée quand se met en place une chaîne de solidarité : le Secours Catholique alerte Habitat et Humanisme qui entame des démarches auprès de la Banque de France afin de trouver une alternative à la vente du logement, sans succès. Il ne reste qu’un recours : Habitat et Humanisme décide de se porter acquéreur du logement pour maintenir la famille dans les lieux. Cette opération qui nécessite des fonds propres importants sera rendue possible grâce au mécanisme d’effet de levier de la société Foncière Habitat et Humanisme. Le coût total de l’achat et de la rénovation du logement s’élève à 56 400 euros. Pour atteindre cette somme, il suffit à la Foncière Habitat et Humanisme ou HHDéveloppement de réunir environ 10 000 euros, le complément de financement est apporté par des subventions et des prêts à long terme : c’est l’effet de levier. Pour Habitat et Humanisme Provence, l’urgence était de mobiliser des personnes souhaitant aider cette famille en investissant une somme d’argent dans la Foncière ou dans HHDéveloppement. Une quinzaine de personnes a répondu à cet appel, certains pour 118 euros d’autres pour 1180 euros, mais ensemble, ils ont réuni les fonds nécessaires. A partir de cet investissement solidaire, la Foncière a pu solliciter des partenaires institutionnels pour obtenir les compléments de financement. Aujourd’hui, la famille a repris une vie normale, dans un appartement remis à neuf. Elle paie un loyer de 274 euros par mois, une fois déduites les aides au logement. Les bénévoles d’Habitat et Humanisme sont présents aux côtés de la famille pour un accompagnement amical. Jamais les quinze actionnaires n’auraient pu penser qu’ils arriveraient à transformer ainsi l’avenir d’une famille en voie d’expulsion !” comment utiliser mon argent de manière solidaire 79 outils la Nef Epargner pour donner du sens à son argent : Dans un monde où la majorité de nos actes de production, de consommation ou encore de communication, n’ont pas d’autre sens que la recherche d’un bénéfice maximum, la Nef restaure un autre rapport à l’argent : au rendement financier l’épargnant préfère la plusvalue écologique, sociale ou culturelle. Toute personne physique ou morale peut ouvrir un compte à la Nef. Faire ce choix c’est : − Exiger une gestion plus transparente et plus responsable des ressources financières. − Exercer sa propre responsabilité sur son argent et sur le monde. − Se relier à d’autres acteurs pour participer à la construction d’une architecture sociale et économique saine et solidaire. La Nef offre la possibilité à chacun d’orienter son épargne. Elle propose différents produits d’épargne solidaire, tous labellisés par Finansol : L’épargne à moyen-long terme : Les parts de capital de la coopérative : le capital est l’assise d’une banque. Son montant minimum est fixé par la loi bancaire et sa progression régulière est nécessaire pour permettre le développement de l’activité. De lui dépend la capacité de la Nef à faire des prêts. Le capital, destiné à être immobilisé dans la durée, est un placement fiscalement intéressant puisqu’il permet une réduction d’impôt de 25 % du montant de la souscription (loi de finance 2006). Les comptes de dépôt à terme : les dépôts à terme sont des comptes d’épargne à moyen-long terme sur lesquels l’argent est immobilisé pour une durée minimum de 25 mois. Les dépôts sont rémunérés en fonction de la durée. Il existe trois comptes de dépôts à terme à la Nef : le Compte épargne Nature, le Compte épargne Insertion et le Compte à terme Nef. Ce type de compte permet à l’épargnant d’orienter son épargne en choisissant un domaine d’affectation prioritaire : insertion et logement social, écologie, agriculture bio, énergies renouvelables, pédagogie, activités culturelles, etc. Le Plan d’épargne Nef : ce plan d’épargne permet la constitution d’une épargne progressive par le biais de prélèvements automatiques ou de versements libres au gré de l’épargnant. Les comptes d’opération courante : La Nef propose à ses sociétaires d’accéder à un certain nombre de services bancaires en s’appuyant sur le réseau bancaire du Crédit Coopératif : − un compte-chèques Nef-Crédit Coopératif − un compte sur livret Nef Crédit Coopératif Ces comptes, ouverts dans les livres du Crédit Coopératif, bénéficient à l’action de la Nef à travers une convention de partenariat entre les deux organismes financiers. L’argent déposé est utilisé par la Nef pour son activité de prêts. L’épargnant peut ainsi donner un sens à son argent au quotidien, bénéficier d’un chéquier aux couleurs de la Nef et avoir accès à toute la gamme des services bancaires du Crédit Coopératif. www.lanef.com 80 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire témoignage Epargner en toute confiance Evelyne (Yvelines) « L’unique raison qui m’a poussée à rejoindre la Nef, c’est la transparence des fonds déposés. En tant que militante pour la cause animale, je ne sais pas ce qu’une banque classique fait de notre argent. Elle peut prêter cet argent à des entreprises dont je ne partage pas les idées. Exemples : tests sur les animaux pour les cosmétiques, fourrures, etc. Alors que la Nef publie un rapport annuel où tout est indiqué quant à l’utilisation des fonds déposés. » Mireille (Loire-Atlantique) « Ouvrir un compte à la Nef a fait partie pour moi d’un processus de ré-appropriation de ma vie, de mon énergie et de ce à quoi elle sert. Je souhaite participer le moins possible à la mondialisation et donc aux marchés financiers internationaux. Dans un souci de proximité, il me paraît donc plus intéressant de savoir que ma propre énergie, matérialisée et circulant là sous forme d’argent, peut permettre à des gens de mettre en place des projets qui n’auraient pas vu le jour dans un cadre financier « classique ». J’ai ainsi l’impression d’être partie prenante, d’une façon beaucoup plus consciente, d’un circuit alimenté par de meilleures intentions et plus respectueux de l’humain, où l’argent redevient un outil au service de réalisations, et non pas une fin en soi. Et puis, ayant travaillé moi-même pendant dix ans au sein d’une grande banque internationale, peut-être que je cherche aussi un tout petit peu à me déculpabiliser… » comment utiliser mon argent de manière solidaire 81 outils OIKOCREDIT Comment investir dans OIKOCREDIT Les particuliers, congrégations locales et autres organisations investissent dans Oikocrédit par l’intermédiaire d’une Association de soutien telle que Oikocrédit Méditerranée. Les institutions ecclésiastiques sont habilitées à devenir des membres directs d’Oikocrédit et acheter directement des actions Oikocrédit . Pour les informations légales requises, veuillez consulter le site : www.oikocredit.org En tant que particulier, il est nécessaire d’adhérer à une des Associations Françaises de soutien à Oikocrédit, association de type loi de 1901 « dont la mission est de promouvoir Oikocrédit et de collecter en France les dépôts des particuliers ». Comment faire ? − Faire un dépôt à Oikocrédit : Les dépôts de fonds (multiples de 200 euros) auprès d’une des Associations de Soutien à Oikocrédit sont intégralement reversés à Oikocrédit. Ils font l’objet d’un accusé de réception détaillant le nombre de parts sociales de Oikocrédit auquel votre dépôt a donné droit. − Simultanément, régler votre cotisation annuelle à l’association française de soutien à Oikocrédit à laquelle vous aurez versé votre dépôt. Cette cotisation permet de couvrir les frais de fonctionnement inhérents à la collecte de fonds et à la promotion de Oikocrédit. Cette cotisation est fixée à 20 euros en 2006. − Si vous souhaitez, à un moment quelconque retirer votre dépôt, L’association de soutien à laquelle vous adhérez, s’engage à vous le reverser dans un délai d’environ un mois. Pourquoi aider OIKOCREDIT ? Investir dans l’Humain Des millions de personnes à travers le monde jouissent d’un niveau de vie plutôt confortable. Heureusement, nombre d’entre elles, églises et autres organisations ont compris l’importance de partager leurs ressources financières avec ceux qui n’en ont pas. De tels investissements socialement responsables peuvent changer beaucoup de choses. Accéder à l’autonomie Partout dans le monde, des millions de personnes luttent chaque jour pour gagner de quoi vivre. En apportant du crédit pour soutenir leurs activités, Oikocrédit leur offre la possibilité de sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Oikocrédit : La réalisation d’un rêve En prêtant votre épargne à de petits entrepreneurs des populations démunies. En contribuant à la croissance économique des populations défavorisées. En développant la justice sociale parmi ces populations. En évitant de privilégier certaines couches favorisées par leur situation politique ou culturelle. En promouvant l’autonomie de ces populations en les aidant à s’organiser. La mission d’Oikocrédit est de mobiliser des capitaux faiblement rémunérés, collectés essentiellement dans les pays riches pour les redistribuer sous forme de prêts, à intérêts modérés aux populations des pays pauvres. Oikocrédit met en œuvre une formule originale de prêts bancaires. Elle propose des prêts à intérêts modérés à des petits groupes de personnes qui s’associent pour créer et gérer une entreprise le plus souvent sous forme coopérative, structure qui développe les qualités de solidarité et de responsabilité. Oikocrédit finance actuellement par ses prêts quelques 465 projets dans plus de 80 pays dans le monde. 85 % de ces projets sont des succès. Une activité économique est créée, les prêts sont remboursés, de nouveaux projets peuvent être financés. www.oikocredit.org 82 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire LA SIDI Comment participer à la chaîne de solidarité de la SIDI ? L’investissement solidaire : Devenir actionnaire de la Sidi Le capital de la Sidi est intégralement investi auprès de ses partenaires pour renforcer leurs capacités financières. Les partenaires ainsi soutenus peuvent accroître leur offre en services financiers adaptés auprès des populations exclues des circuits bancaires classiques. Le pacte entre le CCFD, les Sœurs Auxiliatrices et les Sœurs Ursulines de Jésus garantit l’objet social de la Sidi. Chacun peut acquérir des actions de la Sidi au prix fixe de 152 euros l’unité. Il n’y a aucun frais de gestion. L’épargne de partage : souscrire au FCP « Faim & Développement » Le fonds commun de placement « Faim et Développement », premier placement financier solidaire en France, atteint un encours de 55 millions d’euros, apportés par plus de 6000 souscripteurs. Ses revenus, partagés, permettent au CCFD de soutenir l’action d’accompagnement et d’appui technique apportée par la Sidi à ses partenaires. Chacun peut ouvrir un compte gratuit auprès du Crédit Coopératif, afin de souscrire des parts de ce produit d’épargne de partage. Pour tout renseignement, appeler la plate-forme du gestionnaire, au 0810 63 44 44. Ces deux produits ont obtenu le label Finansol, qui garantit leur transparence et leur solidarité. www.sidi.fr Résultats Ces quatre dernières années, plus de deux millions de prêts ont été octroyés par le réseau des partenaires de la Sidi. Ces prêts sont remboursés à plus de 96 %, soit plus que la moyenne des grandes banques françaises. La Sidi favorise la mise en réseau de ses partenaires. Ainsi, en Afrique, elle a participé à la création du MAIN, qui fédère aujourd’hui 70 institutions dans 17 pays, et participe à la formation de ses membres, organise des échanges de procédés, commande des missions d’expertise sur des sujets de réflexion… comment utiliser mon argent de manière solidaire 83 outils SOFINEI Modalités de prise de participation. L’investisseur devient directement actionnaire de la Sofinei. Il s’agit d’une souscription au capital de Sofinei, qui sert à financer les entreprises d’insertion. Comme toute société de capitalrisque, le capital n’est pas garanti. Toute personne physique ou morale peut souscrire des actions. Le montant de l’action est de 30 euros. Deux possibilités existent : − les parts A : elles sont rémunérées au taux de l’inflation (sur décision de l’Assemblée Générale) ; − les parts B : pour y souscrire, il est nécessaire de détenir au moins 10 parts A et de souscrire au moins 100 parts B lors de la première souscription. Elles sont rémunérées deux points au dessus de l’inflation (toujours sur décision de l’Assemblée Générale). Si le placement dure 5 ans, il est possible de déduire 25 % du montant des souscriptions de son impôt sur le revenu (personnes physiques uniquement). La première augmentation de capital a été clôturée fin mai 2006. Pour toute nouvelle souscription, il est nécessaire de se rapprocher de Sofinei ([email protected]) pour connaître les dates des prochaines ouvertures de capital. www.cnei.org 84 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire en Corse… Un actionnariat populaire Femu Quì est une société anonyme au capital de 3,5 M€, créée en 1992 par appel public à l’épargne. Elle compte 2130 actionnaires privés, personnes physiques, entreprises ou associations, qui détiennent 52,5 % du capital. Une gouvernance transparente Le capital social est réparti entre petits actionnaires privés (39 % du capital et 1000 € en moyenne chacun), gros actionnaires privés (13,5 % du capital et plus de 20k€ chacun) et institutions (Collectivité Territoriale de Corse, CDC Entreprises et Chambres de commerce pour 47,5 % du capital). Les 12 administrateurs sont élus par l’Assemblée Générale : 7 représentent les petits actionnaires, 2 représentent les gros actionnaires, 3 représentent les institutions. Le président est obligatoirement issu des petits actionnaires. Les actionnaires savent en temps réel et de façon exhaustive où sont investis les fonds confiés. Une épargne solidaire et dédiée L’épargne est collectée sous forme d’actions, sans revenus ni liquidité garantis. Les investissements sont encadrés par une charte qui stipule : – Femu Quì inscrit son action dans une démarche au service des intérêts collectifs du peuple corse, corses d’origine et corses d’adoption, ses femmes et ses hommes, sa culture, sa terre, ses ressources, ses valeurs. Elle veut rétablir la confiance entre le peuple corse et son économie; – Femu Quì ne s’inscrit pas dans la seule logique de haute rentabilité financière. Elle s’inscrit dans la construction d’une économie où le capital est au service de l’homme, pour son épanouissement social. Femu Quì veille à la rentabilité de ses interventions, qui doit permettre une valorisation de l’épargne confiée; – Femu Quì par ses interventions, entend contribuer à la création et au maintien d’emplois en Corse, avec des priorités : dégager une valeur ajoutée créatrice d’emplois qualifiés, réduire la dépendance économique de la Corse, participer à la valorisation des ressources locales et à la défense de l’environnement. Des interventions en fonds propres Femu Quì intervient pour des besoins en création, développement – diversification, consolidation, reprise ou transmission ; pour une durée de 5 à 7 ans ; pour un montant compris entre 70K€ et 220K€, et sous forme de capital, prêt participatif, compte courant ou obligations convertibles en actions. Au 30 juin 2006, Femu Quì a un encours de 2,5 M€ pour un portefeuille de 22 entreprises. Une initiative locale inscrite dans une démarche globale Femu Quì est membre de l’UNICER (Union nationale des investisseurs en capital en régions) et de la FEBEA (Fédération européenne de banques et finances éthiques et alternatives). Femu Quì est labellisée « Finansol » et ses investissements sont soutenus par l’Union Européenne à travers le fonds Feder (Fonds européen de développement régional). Contact Chambre de Commerce Nouveau port, 20200 BASTIA & 04 95 5444 75 [email protected] www.femu-qui.com comment utiliser mon argent de manière solidaire 85 dans le Nord de la France… AUTONOMIE et SOLIDARITE AUTONOMIE et SOLIDARITE est une coopérative de capital-risque créée dans le Nord-Pas de Calais par appel public à l’épargne en 1990. La région Nord-Pas de Calais, peuplée de 4 millions d’habitants, est une terre de solidarités locales et intergénérationnelles qui a donné naissance à de nombreuses innovations sociales (1 % logement, allocations familiales). Dès les années 60, elle a été confrontée à des reconversions industrielles: crise du textile et délocalisation en Afrique du Nord, fermeture des puits de mines de charbon, arrêt de la sidérurgie à Valenciennes-Denain, fin d’activité des chantiers navals de Dunkerque… Depuis, la région compte environ 40 % de chômeurs de plus que la moyenne nationale. A la fin des années 70 et au début des années 80, des initiatives économiques favorisant la création d’emplois pour des chômeurs ont commencé à voir le jour, portées par des syndicalistes, des jeunes diplômés ou des travailleurs sociaux. Ainsi, le Groupement pour l’Initiative et l’Elaboration de Projets Professionnels (GIEPP) est né en 1984-85 pour créer des entreprises privilégiant des emplois pérennes, par une alliance de cadres-techniciens militants avec des demandeurs d’emploi voulant vivre de leur travail. Dès sa constitution, le GIEPP s’est rapproché de l’ALDEA (Agence de Liaison et de Développement de l’Economie Alternative) qui venait d’inventer à Paris le concept de CIGALE (Club d’Investissement pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire). Le GIEPP a donc contribué à l’émergence des Cigales dans la métropole Lille Roubaix Tourcoing pour favoriser le financement en fonds propres des premières entreprises solidaires en création. En 2 ans, une douzaine de Cigales est née à LilleRoubaix-Tourcoing, regroupant des dirigeants et des cadres du secteur privé et des militants 86 associatifs. Au-delà de leur rôle financier, les « cigaliers » apportaient des réseaux et des connaissances qui facilitaient le démarrage des entreprises qu’ils finançaient. En 1988, les entreprises soutenues par le GIEPP étaient de plus grande taille et avaient besoin de fonds propres que ne pouvaient plus apporter les Cigales. Le GIEPP a donc décidé la création d’un outil financier régional solidaire reposant sur la même philosophie d’appel à l’épargne locale mais qui permettrait d’apporter des participations significatives et serait plus abordable pour les épargnants car moins contraignant au niveau de leur engagement. Le modèle de cet outil existait déjà sur le plan national avec GARRIGUE, la première coopérative de capital-risque créée en 1986 par l’ALDEA et, sur le plan régional, avec HERRIKOA, S.A. créée en 1982 au Pays Basque. Le choix de la coopérative s’imposait puisqu’elle repose sur le principe « 1 homme=1 voix » et qu’elle permet une entrée et sortie des épargnants sans frais, grâce au capital variable. Pour créer cette coopérative de capital-risque solidaire , deux voies étaient possibles : – réunir un cercle restreint d’épargnants pour atteindre le seuil minimum de capital d’une S.A. coopérative : 125 000 F à l’époque soit environ 18 000 € – procéder par un appel public à l’épargne, ce qui nécessitait l’obtention du visa de la Commission des Opérations de Bourse (COB), un capital minimum de 1,5 MF (228 000 €) et une période de souscription de 6 mois maximum. Le GIEPP, avec ses deux partenaires: GARRIGUE et la mutuelle de Roubaix- Lannoy, a choisi la procédure de l’appel public. Après beaucoup de difficultés, la COB accorda son visa en 1990 et l’appel public à l’épargne fut lancé le 1er mai 1990. En moins de 6 mois, 720 souscripteurs apportèrent Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire le capital de 1,5 MF et la coopérative dénommée AUTONOMIE et SOLIDARITE fut officiellement constituée en septembre 1990. secrétariat général grâce à des aides publiques, et donc de consacrer son capital uniquement à son objet social. En 1993, un second appel public à l’épargne porta le capital à 8 MF (1,2 M €) pour 2000 « actionneurs » (épargnants d’AutonomieSolidarité). En 2002, un troisième appel à l’épargne, orienté vers les institutionnels (Conseil régional NordPas de Calais, FINORPA, Caisse des Dépôts) permet d’atteindre le capital de 2 568 104 €. En 2006, 1974 actionneurs détiennent le capital de 2,6 M €. AUTONOMIE et SOLIDARITE a réussi son pari: créer de l’emploi durable pour des chômeurs dans le cadre de l’économie solidaire grâce au soutien d’épargnants locaux. Les entreprises aidées par A. S. doivent créer un minimum de 5 à 10 emplois pérennes et répondre aux critères de l’économie solidaire : – Production de biens et de services utiles, – Respect de l’environnement, – Hiérarchie de salaires limitée, – Travailler en coopération et filières avec les clients et les fournisseurs. AUTONOMIE ET SOLIDARITE intervient en prise de participation minoritaire au capital et en apport en compte courant pour une période de 5 à 7 ans, pour un montant moyen de 37 000 €. AUTONOMIE et SOLIDARITE a effectué, depuis 1990, 136 prises de participation dans des entreprises qui ont créé et pérennisé plus de 1500 emplois pour un montant de 3 564 000 €. AUTONOMIE et SOLIDARITE est géré par un Conseil de Surveillance et un Directoire. La coopérative repose essentiellement sur le bénévolat d’une cinquantaine de ses membres : dirigeants, « parrains »qui suivent les entreprises, experts… AUTONOMIE et SOLIDARITE a créé en 1999 une association « Acteurs de l’Economie Solidaire » qui lui permet de financer des postes de Cette réussite est comparable à celle de HERRIKOA au Pays Basque et à celle de FEMU QUI en Corse. HERRIKOA a un capital de 2,5 M € détenu par 4100 actionnaires (54 % de particuliers, 21 % d’institutionnels, 10 % d’établissements financiers et 15 % d’entreprises). HERRIKOA a investi 5 M € dans 179 entreprises qui comptent 2303 emplois. FEMU QUI créé en 1992 a un capital de 3,5 millions €, détenu par 2130 petits porteurs, 15 gros porteurs privés et 4 institutionnels. FEMU QUI a investi dans 22 entreprises. Dans les années qui viennent, AUTONOMIE ET SOLIDARITE devra renouveler et rajeunir son actionnariat, mais aussi ses dirigeants et bénévoles qui lui sont fidèles depuis 1990. AUTONOMIE ET SOLIDARITE doit aussi rester exigeant sur la qualité éthique des entreprises financées, tout en les accompagnant dans leurs pratiques solidaires de l’économie. Enfin, AUTONOMIE ET SOLIDARITE ne doit pas seulement jouer un rôle d’investisseur financier solidaire mais doit aussi susciter des projets économiques, favoriser des filières et le développement régional de l’économie solidaire avec les autres acteurs. Christian Tytgat Président-fondateur du Conseil de Surveillance De 1990 à 1998 www.autonomieetsolidarite.fr comment utiliser mon argent de manière solidaire 87 en Italie… Le projet de Banca Etica Banca Etica est née comme instrument de rencontre entre : - personnes partageant l’exigence d’une gestion plus consciente et responsable de l’épargne dont ils disposent et - initiatives socio-économiques s’inspirant des principes d’un développement humain et durable, où la production de la richesse et sa redistribution se fondent sur des valeurs de solidarité, de responsabilité citoyenne et de réalisation du bien commun. Les finalités qui sont à la base de la création de Banca Etica, et qui caractérisent son action quotidienne, sont indiquées par l’article 5 de ses statuts: “La Société s’inspire des principes suivants de la finance éthique: La finance éthique est sensible aux conséquences non économiques des actions économiques. Le crédit, sous toutes ses formes, constitue un droit de la personne. L’efficacité et la sobriété font partie de la responsabilité éthique. Le profit obtenu de la possession et de l’échange de l’argent doit être la conséquence d’activités orientées au bien de tous, et doit être distribué équitablement parmi tous les sujets qui concourrent à sa réalisation. La transparence maximale de toutes les opérations est un fondement de n’importe quelle activité de finance éthique. Il faut favoriser la participation, non seulement de la part des associés, mais aussi de la part des épargnants aux choix de l’entreprise. L’institution, qui accepte les principes de finance éthique, gère selon ces principes toute son activité “. La banque se propose de gérer les ressources financières des familles, des hommes et des femmes, organisations, sociétés et institutions, en orientant l’épargne vers les initiatives qui poursuivent des objectifs à la fois sociaux et économiques, tout en respectant pleinement la dignité de l’homme et la nature. Parmi ses finalités Banca Etica inclut une fonction éducative vis-à-vis de l’épargnant ou du bénéficiaire du prêt, le premier se sentant responsable de connaître la destination et les 88 modalités d’emploi de son épargne, le second étant stimulé à développer son projet de manière responsable tout en devenant autonome et en menant à bien l’entreprise. Banca Etica est une banque populaire de droit italien reconnue par la Banque Centrale. Cette forme juridique lui donne la possibilité d’opérer au niveau national, en respectant pleinement les finalités de coopération et de solidarité contenus dans ses statuts. La banque populaire favorise l’actionnariat diffus ainsi que des processus démocratiques de décision et de participation. Grâce au principe « une personne, une voix », elle sanctionne la suprématie de l’associé/ actionnaire, en tant que personne, sur le capital financier. Seuls les associés/actionnaires ayant souscrit les principes de la finance éthique peuvent posséder, vendre, acheter des actions de la banque. Au moment de l’ouverture du compte, le client a la faculté d’indiquer une préférence quant aux domaines d’investissement et d’utilisation de ses dépôts. En outre, le client peut choisir le taux d’intérêt qui sera appliqué, entre un taux maximal fixé et connu et un taux zéro. La Banque se sert de comptes courants adaptés aux exigences des individus ou des organisations; de certificats de dépôt; de livrets d’épargne; d’obligations. Banca Etica accorde des prêts aux organisations de l’économie civile pour renforcer les projets caractérisés par une forte plus-value ou valeur sociale, de préférence constitués sous forme de coopératives, associations (il peut s’agir aussi de sociétés de capitaux si celles-ci sont contrôlées par des organisations sans but lucratif) dans les secteurs d’activité suivants: Coopération Sociale; Coopération Internationale; Environnement; Culture et qualité de la vie. A cet effet, la Banque est engagée dans des accords de partenariat avec des consortiums, le forum du tiers secteur, les membres fondateurs et d’autres institutions publiques et privées. L’analyse économique et financière traditionnelle des emprunts est accompagnée par une Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens associéE d’une structure de financement solidaire évaluation éthique des conséquences des diverses activités sur le développement humain, le bien commun, la nature. La Banque s’est dotée d’une analyse de responsabilité sociale et environnementale de l’emprunteur. Dans une logique de transparence, tous les financements sont publiés sur le site de la banque. Les associés/actionnaires représentent le véritable patrimoine de Banca Etica, leur engagement culturel dans le projet et leur participation à la vie démocratique ont beaucoup d’importance. Banca Etica a encouragé la création de 60 circonscriptions, qui rassemblent les actionnaires au niveau provincial autour des activités sociales et culturelles. Ces groupes représentent le réseau vital de la Banque et interagissent avec d’autres associations Trend de l’économie solidaire au niveau local. Le processus de décentralisation entamé par la Banque renforce les relations entre la Banque, le territoire et les circonscriptions locales. Les finalités de la Banque sont poursuivies par les organes institutionnels : le Conseil d’Administration, le Collège Syndical et le Conseil des Prud’hommes, dont les membres sont élus par l’Assemblée des Actionnaires. Afin de garantir la poursuite des objectifs éthiques et sociaux qui la caractérisent, les associés élisent un Comité Ethique composé de sept personnes. Le Comité, qui a un rôle consultatif et de proposition, dialogue avec le Conseil d’Administration et avec les Actionnaires afin d’orienter la Banque suivant l’article 5 des statuts. 31/12/02 31/12/03 31/12/04 31/03/05 31/12/05 30/06/06 Epargne récoltée 199 000 000 252 000 000 322 740 000 335 800 000 382 319 000 397 731 000 Prêts accordés 87 400 000 147 200 000 209 600 000 217 200 000 268 041 000 301 166 000 Capital social 14 188 000 16 078 000 17 340 000 17 576 000 18 443 000 19 010 000 19 991 22 245 24 436 24 730 25 923 26 639 Associés Pour information supplémentaire www.bancaetica.com Banca popolare Etica Piazzetta Forzaté 2, 35137 PADOVA (Italie) & 0049 877 11 11 (fax: 0049 66 49 22) [email protected] (site web avec section en français) comment utiliser mon argent de manière solidaire 89 par yves barnoux JE DEVIENS INVESTISSEUR/se DIRECT/e D ans les années 80 une banque annonçait : « votre argent m’intéresse ». Ça avait le mérite d’être clair ! Mais pour en faire quoi ? Cette interrogation demeure aujourd’hui encore. Il est difficile à la fois de refuser l’argent roi, la course aux armements, le tout nucléaire ou l’exploitation des hommes et des femmes, etc. sans se poser la question de l’utilisation de l’argent que nous avons mis en dépôt à la banque et que celle-ci utilise à des fins sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Il est possible de choisir une banque et de préférence une qui propose des placements éthiques, mais ça ne résout qu’une partie du problème. Alors faut-il laisser nos économies dans un bas de laine ou dans une boîte à chaussures ? Évidemment non car il existe diverses possibilités pour au moins en choisir l’utilisation. Ce sont par exemple les caisses solidaires, la Nouvelle Economie Fraternelle (Nef ), la société coopérative Garrigue, etc. Mais il reste que l’on délègue à d’autres le choix final de l’investissement et qu’on n’en contrôle pas le suivi. Si l’on veut maîtriser au moins une partie de son épargne, il reste certains organismes comme les tontines, les Clefe (Club local d’épargne pour les femmes qui entreprennent) et surtout les Cigales (Club d’investisseurs pour la gestion alternative et locale de l’épargne solidaire). Les cigalier(e)s qui composent ces clubs veulent tout d’abord mettre l’homme et la femme à la place qui devrait être la leur dans l’économie et l’entreprise, c’est-à-dire la première, qu’il et elle soient au centre des préoccupations économiques et non comme on l’entend souvent « une variable d’ajustement » au service de l’argent. L’argent n’est qu’un outil au service d’un projet et non une fin en soi. Par opposition à la froideur de l’argent qui, soidisant, n’a pas d’odeur, ils et elles veulent donner une dimension conviviale à leur épargne et désirent lui donner du sens, l’odorat est un des cinq sens ! Ce sont ces dimensions qui m’ont séduit et conduit dans cette démarche avec en plus l’idée et le désir d’avancer en quelque sorte vers l’autogestion ou au 90 moins vers la citoyenneté économique. Souvent les gens disent : « l’économie c’est compliquée, je n’y comprends rien ». Evidemment ils pensent macroéconomie. Mais l’économie au quotidien est en grande partie à la portée de tous. Et justement la discussion avec une ou un porteur de projet et d’autres ami(e)s d’un club ainsi que le suivi de l’entreprise se révèlent très formateurs. Quand en plus l’entreprise est près de chez soi qu’on peut la suivre, la conseiller - et oui l’épargnant(e)investisseur est à la fois conseiller et payeur - sortir le créateur de l’isolement et lui apporter de la convivialité, tout change. Implication dans un projet porteur de finalité sociale : entreprise d’insertion, coopérative ouvrière ou coopérative d’activité et d’emploi promouvant l’accès à l’entrepreneuriat, projet porté par un chômeur ou un rmiste qui donne ou redonne de la dignité à l’être humain. Soutien à des entreprises du commerce équitable que ce soit pour aider des artisans du tiersmonde ou des petits producteurs européens en difficulté, et à celles qui favorisent le développement d’un territoire : commerce de proximité, etc. Cohérence avec les choix de société et environnementaux : aide aux producteurs et aux distributeurs de produits bios, aux énergies renouvelables, etc. Lorsque l’on me parle de retour sur investissement, je réponds utilité sociale et je donne des exemples qui illustrent les valeurs ci-dessus et que les gens sérieux qui savent compter leur argent oublient. Et pourtant ce sont bien des retours sur investissements non monétaires et à long terme. C’est tout cela que les investisseurs solidaires apportent en plus aux porteurs de projet, que les banques et beaucoup d’autres ne leur apportent pas et qui pour moi est essentiel. C’est aussi ce que les Cigales m’ont, en partie, permis de découvrir tout au long de ma vie de cigalier depuis 1986. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Yves Barnoux cigalier – Fédération des Cigales outils Fonctionnement d’une Cigales Un club Cigales (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire) est une structure de capital risque solidaire mobilisant l’épargne de ses membres au service de la création et du développement de petites entreprises locales et collectives (SARL, SCOP, SCIC, SA, association…), qui défendent des projets alternatifs dans les manières de produire, de consommer et d’échanger. Le Club est constitué de 5 à 20 personnes physiques qui mettent une partie de leur épargne en commun. Cette épargne modeste mais régulière (variant pour chaque cigalier entre 7,62 euros et 457,25 euros par mois, et ce dans la limite de 5488,16 euros par an) constitue une « cagnotte collective ». Cette épargne collectée est gérée en commun en indivision volontaire et de manière démocratique (« un homme, une voix ») pour être investie dans le capital des petites et moyennes entreprises, dites d’utilité sociale. Le club se réunit plusieurs fois par an pour recevoir les créateurs, décider de leurs placements et affecter cette épargne collective. Ce sont les personnes composant la Cigales, appelées “cigaliers”, qui décident de la fréquence des réunions. Par ailleurs, lors d’un investissement, un ou plusieurs cigaliers vont être les interlocuteurs de l’entrepreneur et le rencontreront pour accompagnement entre une et trois fois par année. Pour cela, la Fédération et les antennes régionales dispensent des formations sur la création d’entreprises, l’accompagnement et le suivi. Mais la formation peut aussi se faire à l’intérieur même du club en fonction des compétences professionnelles et personnelles des cigaliers. La première année de vie d’une Cigales est en général une phase de collecte de l’épargne. Les clubs n’investissent qu’après cette première phase soit au cours de la deuxième année. Le club a une durée de vie de cinq ans, prorogeable une fois. Suite à cette période, un club passe en « gestion » afin de suivre les investissements qui feront par la suite l’objet d’un rachat de parts : par l’entreprise elle-même, par un cigalier qui à titre personnel souhaite poursuivre les relations avec l’entreprise, par une société de capital-risque telle la société anonyme coopérative Garrigue ou par la combinaison de ces possibilités. Dès lors que la Cigales ne possède plus de parts sociales, elle clôture ses comptes et peut être dissoute. Le club procède alors à la liquidation de son portefeuille, au prorata des apports des cigaliers. Chaque cigalier peut déduire de l’impôt sur le revenu 25 % de sa quote-part dans les sommes investies par la Cigales dans le capital des entreprises. www.cigales.asso.fr comment utiliser mon argent de manière solidaire 91 témoignage Danielle Pugliese (Trésorière de la Cigales La Mouette – Aix-en-Provence) Dans le cadre d’Attac Aix, le futur gérant de la Cigales - membre actif d’Attac, il y a quelques années, avait organisé une réunion sur l’économie solidaire. C’était nouveau pour moi, je ne savais pas ce que c’était. Lors de cette réunion, différentes manières d’être acteurs de l’économie solidaire ont été évoquées, dont la participation à une Cigales. J’ai mis ça dans un petit coin de ma tête. Dans les réunions d’Attac, nous passions beaucoup de temps à discuter ensemble, nous étions d’accord la plupart du temps, mais cela restait du domaine des idées. Quand la proposition a été faite de créer une Cigales sur Aix, j’ai été partante car c’était du concret pour moi. La Cigales permettait de faire quelque chose de précis. Nous avons été un certain nombre à y épargner. C’était un acte intéressant pour soutenir le développement économique local. La Cigales, un coup de pouce éthique et citoyen La Cigales permet de donner une opportunité à une structure de se créer, et pas n’importe laquelle. Nous avons des valeurs que nous avons définies ensemble, un idéal pour les projets que nous voulons soutenir. Quand nous plaçons notre argent dans les établissements financiers traditionnels, ceux-ci utilisent les fonds en fonction de la rentabilité qu’ils en obtiendront sans soucis de l’intérêt solidaire, équitable ou environnemental des projets. Les Cigaliers peuvent choisir comment utiliser leurs investissements, nous sommes maîtres de nos finances et de l’usage que nous en ferons en fonction des valeurs que nous avons nous-mêmes définies. La vie de la Cigales : des réunions, des choix d’investissements, des discussions... Quand nous avons constitué la Cigales, les 92 réunions étaient centrées sur les attentes de chacun, sur les domaines dans lesquels nous souhaitions rechercher les projets dans lesquels nous investirions notre épargne. Cela a été assez facile car nous étions tous de la même sensibilité. Notre objectif n’est pas d’aider des entreprises qui font du commercial pour du commercial. Pour nous, les entreprises doivent être acteurs dans le paysage économique local, tout en ayant en objectifs principaux le souci de l’environnement, la recherche du partage équitable, la création d’emplois et non le profit pour le profit. Nous ne sommes pas prêts à soutenir n’importe quelle activité. Mettre ces idées en application concrète a été difficile. Nous avons eu des difficultés à trouver des projets. En consultant Internet, j’ai vu qu’il y avait une Bourse aux Projets en Ile-de-France où des projets étaient soumis aux Cigales. Il n’y en avait pas en région PACA. Nous avons eu quelques propositions mais ça ne convenait pas. Du coup, nous avons été très contents d’être mis en rapport par le PILES avec les deux porteurs de Grain de Sable (salon de thé-restaurant utilisant des produits issus du commerce équitable et des circuits courts à Belsunce, Marseille). J’ai d’ailleurs participé avec un autre membre de la Cigales récemment à l’Assemblée Générale où ils ont exposé leur vision du devenir de leur activité. Nous avons été assez rapidement d’accord entre membres de la Cigales pour intervenir dans cette structure. Globalement, ça nous a bien plu. Quand l’occasion se présente, nous parlons d’eux afin d’encourager nos amis et connaissances à aller les voir, nous ne manquons pas une occasion d’y faire un sympathique repas quand nous sommes à Marseille. Nous sommes bientôt sur le point d’investir dans une recyclerie-ressourcerie. C’est un projet différent du premier. Mais leur volonté de Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je deviens investisseur/se directE préserver l’environnement et de recycler nous a semblé intéressante. Il y bien eu quelques questions sur leur rapport avec d’autres structures comme Emmaüs, mais cela n’a pas réellement posé problème. C’est vrai que parfois, par rapport aux entreprises qui nous contactent, nous avons un survol des choses. Jusqu’à maintenant, la Cigales est quelque chose de financier pour moi. Nous n’avons pas été amenés jusqu’à présent, à part Grain de Sable que nous avons soutenu, à être actif dans un projet. En tout cas, moi, je n’ai pas forcément envie d’aller beaucoup sur le terrain pour suivre les entreprises. C’est peut-être une autocritique. Mais il est difficile de s’impliquer autant sans trop bousculer la vie privée. Nos réunions ne sont pas vraiment des moments d’autoformation économique car le plan technique ne nous intéresse pas forcément. Mais nous allons en détail sur ce qu’est l’économie solidaire. Nous avons des discussions à bâtons rompus sur des sujets divers et nous apprenons beaucoup sur ce qu’est l’économie solidaire. Marseille Pourquoi aller dans une Cigales ? Il faut tout faire pour construire une économie alternative afin de faire échec au système capitaliste et libéral, basé uniquement sur l’augmentation d’une croissance anarchique. Ce système ne recherche qu’un profit maximum non partagé entre tous. Nous devons aussi lutter contre une consommation débridée. La Cigales est une opportunité de financement pour encourager des entreprises, qui ne pourraient peut-être pas se lancer sans cette intervention. L’économie alternative, c’est plein de pistes, comme, par exemple, les Amap (Association de Maintien pour une Agriculture Paysanne). Faire autre chose avec l’activité économique locale, même avec nos petits moyens. La volonté de créer une autre économie, c’est ma principale motivation. Et puis, il est toujours sympathique de retrouver les amis dans une réunion et de partager un thé à la menthe, c’est convivial. Cela permet de joindre l’utile à l’agréable ! Salon de Provence Cafés / restaurants solidaires cigalés en PACA comment utiliser mon argent de manière solidaire 93 outils CLEFE Comment ça marche ? Son objectif : participer au financement de la création ou du développement d’une entreprise créée et gérée par une ou plusieurs femmes. Son statut juridique : l’indivision volontaire (suivant la législation française, prévue par le Code Civil) souveraine dans ses choix et adhérente à Racines et à sa Charte déontologique. Le droit d’entrée : il est obligatoire et fixé par le Clefe ; il représente, en moyenne, une mensualité d’épargne ; il sert à payer la cotisation annuelle à Racines et à assurer les menus frais de fonctionnement de l’indivision (timbres, enveloppes, etc.). Le versement mensuel ou régulier de chaque épargnant : il est fixé par le Clefe et se situe entre 15 et 140 euros par mois, soit en moyenne 46 euros par mois par personne. La durée moyenne d’épargne est de 12 mois, mais elle peut varier (6 à 18 mois), ainsi que la périodicité des versements (mois, trimestre, versement unique), c’est le Clefe qui décide, c’est-à-dire les épargnant(e)s. L’argent est placé soit sur un compte courant, soit sur un compte courant rémunéré. Le remboursement aux épargnants : l’épargne des Clefe rapporte un intérêt lorsqu’elle est capitalisée sur un compte rémunéré en attendant d’être prêtée à une créatrice. Ce prêt est effectué moyennant un taux d’intérêt décidé par le Clefe. Après remboursement par la créatrice, la gérance répartit entre les épargnants ce capital. Mais certains Clefe préfèrent réinvestir les sommes générées par les intérêts plutôt que de se les répartir. Le Clefe est souverain dans ses décisions. La gérance : le gérant est nommé par les membres du Clefe au cours de l’Assemblée Générale constitutive. Mais c’est l’ensemble des épargnant(e)s qui anime le Clefe, la gérance n’ayant qu’un rôle de représentation auprès des organismes bancaires ou des partenaires ; elle veille également à son bon fonctionnement, c’est-à-dire à la rentrée régulière des fonds, à l’application des décisions prises par l’Assemblée Générale des épargnant(e)s qu’elle convoque périodiquement et à la diffusion des informations transmises par Racines. Réunions : le nombre de réunions est prévu dans les statuts (en moyenne une fois par trimestre, convoquées par la gérance). Durée : un Clefe a une durée de vie légale de 5 ans renouvelable une fois (cf. Code civil : Loi sur l’indivision), mais sa durée de vie peut être modifiée dans ce cadre par décisions des épargnant(e)s. Obligations du Clefe : − il fixe les conditions de son épargne, − il étudie les projets qui lui sont présentés : sur le plan financier, technique, commercial, développement..., − il signe une convention avec la ou les créatrices aidées et accompagnées, − il assure régulièrement le suivi de gestion des entreprises aidées, à partir des données chiffrées de l’exploitation, grâce à une méthodologie de suivi fournie par Racines et ce, en qualité de partenaire et non d’associé, − il aide les entreprises à corriger leur trajectoire pour en assurer la pérennité, − il assure les liens avec les autres partenaires des créatrices. Effectif d’un Clefe : il est de 5 à 15 personnes, nombre conseillé par Racines pour une meilleure gestion et animation du groupe. 94 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca www.racines-clefe.com je deviens investisseur/se directE témoignage Des femmes qui entreprennent L’économie solidaire, pour vous, c’est quoi ? Colette (Aisne) : C’est résoudre des problèmes collectifs avec des solutions collectives: en collectant des moyens humains et financiers qui permettent le montage de projet comme des associations ou des entreprises. Le but étant que ces implications collectives aient un rayonnement social et économique. Chantal (Isère) : C’est lutter contre l’injustice du libéralisme sauvage, défavorable aux plus pauvres, en inventant des solutions alternatives. Dans l’idéal, c’est favoriser un meilleur partage des ressources et des biens, permettre à tout un chacun de pouvoir produire et bénéficier des fruits de son travail. Comment expliquez-vous que les créatrices, une fois les capitaux versés par le Clefe, ne demeurent généralement pas dans le réseau ? Colette : La solidarité entre créatrices et créateurs n’est absolument pas un état d’esprit et un mouvement national humain. Il faut comprendre que chaque créatrice a beaucoup de difficultés à vivre et à survivre. Chantal : Au Clefe CREATION, toutes les créatrices ne disparaissent pas après remboursement. Une seule l’a fait pour l’instant. Les autres cheminent toujours. Comment avez-vous rejoint le réseau Clefe ? Colette : J’ai été contactée par Racines en 1990 et le premier Clefe a été monté en Picardie cette année-là par un groupe d’hommes et de femmes qui forment et parrainent les créatrices. Nous avons ensuite créé un deuxième Clefe dont je suis la gérante. Chantal : J’ai connu le Clefe via le CIDF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes), auquel j’adhérais dans l’Isère. L’une des conseillères du CIDF avait construit un projet innovant, qui n’a pu aboutir directement. Sur la lancée de ce projet, elle a su développer notre Clefe CREATION, que j’ai immédiatement rejoint. Quels sont vos espoirs et vos doutes éventuels quant à l’évolution des Clefe ? Colette : J’ai bien sûr l’espoir de la pérennité des Clefe. Tout dépendra de notre capacité à promouvoir nos expériences, et des contacts que nous aurons avec les structures susceptibles de mettre en place un Clefe. Chantal : J’espère que nous arriverons à essaimer en créant d’autres Clefe. Cet espoir est conforté par l’intérêt que je rencontre lorsque je présente notre action et nos projets. C’est très enrichissant ! Mes doutes ? Il est difficile de trouver des épargnants, ils sont très sollicités. comment utiliser mon argent de manière solidaire 95 iÃÊ>À`ÃÊ`iÊÕVi]Ê >À>V >}iÊLÊ`>ÃÊiÊ, iÊ­È® *ÀkÌÊcÊ£{näÊ`iÊ££nÊ£Îä «ÕÀÊ>ÊVÃÌÀÕVÌÊ`iÊV>ÕÝÊ >`ÃÌÀ>ÌvÃÊiÌÊ`iÊÃÌV>}i >Ê ivÊÊ££{]ÊL`Ê`ÕÊ££ÊÛiLÀiÊ££n ÈÈÓÈÊ6iÕÀL>iÊ i`iÝ v>ÝÊ\Êä{ÊÇÓÊÈÊänÊÇ VÕÀÀiÊ\Ê>ivJ>iv°VÊÊ ÜÜÜ°>iv°V 3 PUB QUADRI 145x105 1 ÃVjÌjÊV«jÀ>ÌÛi `iÊv>ViÃÊÃ`>Àià 13/09/06 10:13:38 Agor’elles : la revue bimestrielle du GRAIF Groupement Régional pour l’Action et l’Information des Femmes 14, rue Sainte Barbe 13001 MARSEILLE & 04.91.99.00.13 – Fax : 04.91.99 09.69 [email protected] – www.graif.fr 4 je cherche un financement pour mon projet par jeanne meunier Trouver des fonds par les finances solidaires L es finances solidaires combinent la mobilisation de l’épargne locale ou solidaire, le soutien financier et l’accompagnement de la personne qui crée son activité. Elles se fondent sur un constat : la plupart des organismes financiers ne prêtent pas sans garantie. Ainsi, pour obtenir un prêt, il faut généralement justifier d’un apport personnel. Or, nombreux sont les créateurs démunis financiérement. Parfois, pour des petits projets les sommes nécessaires sont jugées trop peu importantes pour susciter l’intérêt du banquier. Parfois aussi des projets peu orthodoxes sont évalués comme trop risqués par le système bancaire. Des réponses autres ont donc été élaborées par des financeurs solidaires. Vous trouverez dans ce guide un éventail des outils et dispositifs qui peuvent se trouver en PACA, à vous de choisir selon vos besoins et votre positionnement. N’oubliez pas que quand bien même entreprendre serait un acte désespéré - faute de suffisamment d’offres d’emplois salariés - c’est aussi un acte qui a une utilité sociale et qu’à ce titre il existe des aides publiques (cf. « Je sollicite aides et/ou partenariats ») qu’il y a lieu d’explorer avant de vous tourner éventuellement vers des aides solidaires complémentaires . Vous avez un projet, vous recherchez les moyens financiers pour le réaliser. En tant qu’entrepreneur, que recherchez-vous ? Des partenaires financiers ? Des actionnaires ? Entreprendre, c’est prendre des risques : Voulez-vous les prendre seul ? Vous engager uniquement à hauteur de vos biens propres ? Ouvoulez vous introduire des apporteurs de capitaux dans votre entreprise ? que vous ne voulez pas entraîner d’autres dans un éventuel « bouillon ». Alors il faut emprunter. Regardez donc les prêts d’honneur et les offres bancaires (cf. « Je sollicite un organisme de financement de développement local » et « Je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’économie sociale et solidaire »). Oui mais alors qu’est-ce qui servira de garantie ? Votre voiture ? Votre grand-mère ? Un fonds régional ? Un groupe d’amiEs ? Vous pensez qu’après tout entreprendre est une façon de contribuer au monde dans lequel vous vivez et qu’ensemble l’aventure aura plus de saveur ? Allez voir le chapitre « Je cherche unE actionnaire solidairE », les associéEs potentielLEs à qui vous pourriez présenter votre projet. Certains d’entre eux/elles offrent non seulement un apport en capitaux mais aussi des coopérations et compétences. S’associer c’est partager le risque, la responsabilité, les gains éventuels. Quelle place êtes-vous prêtE à donner éventuellement à ces apporteurs de capitaux ? Demandez-vous toujours quel est le degré d’équité de l’échange. Prise d’intérêts, partage des dividendes sont-ils proportionnés aux apports de chaque partie au succès de l’initiative ? Enfin, certainEs choisissent de se débrouiller par eux-mêmes (cf. « Nous finançons nous-mêmes notre projet » et se regroupent soit pour se prêter mutuellement de l’argent, chacunE son tour, ou bien pour contracter collectivement un emprunt dont chacunE rembourse une partie des mensualités. Vous préférez partir en solo soit parce que vous ne faites pas trop confiance à d’autres, soit parce 98 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Jeanne Meunier Co-présidente de l’Apeas introduction pour comprendre Spécificités des projets solidaires Les entrepreneurs qui portent un projet d’économie solidaire, qu’ils soient dans une dynamique collective ou porteurs d’un projet individuel, ont toujours à la base de leur projet la volonté de créer une initiative qui a du sens, aussi bien pour eux que pour la « collectivité ». Développer des modes d’échange plus logiques par rapport à des questions de répartition de richesse ou de préservation des ressources naturelles, répondre à un besoin collectif, lutter contre les inégalités, favoriser l’émergence de dynamiques citoyennes et collectives, ... voici quelques objectifs qui sont à la base du montage et du développement de tout projet d’économie solidaire. L’initiative économique se double alors d’un engagement « sociétal », engagement qui se trouve bien souvent au centre du projet. A partir de ce constat, quelles différences existent entre un projet d’économie solidaire et un projet « classique » ? Le fait qu’un projet d’économie solidaire trouve ses origines dans des valeurs de solidarité, de réciprocité, de respect de la personne humaine, exclue-t-il toute rentabilité économique du projet ? Bien au contraire, les porteurs de projet d’économie solidaire sont confrontés à une économie de marché hyper concurrentielle. Les problématiques liées à la démarche projet vont donc être les mêmes : A quel prix je vends mon produit ? Combien me coûte-t-il ? Est-ce que j’ai un nombre suffisant de clients ? Où vais-je m’installer ? Ces questionnements prendront une dimension particulière pour le projet d’économie solidaire. Dans la manière d’analyser ses coûts, l’entrepreneur va sûrement s’interroger sur le niveau de rémunération du producteur, sur l’impact environnemental du produit vendu... Dans la manière de construire ses prix, il va s’interroger sur la solvabilité du public et sur l’accessibilité du produit/ service. Peut-être que son intérêt principal ne sera pas de dégager une marge (prix de vente-coût de production) importante sur chaque produit vendu, mais au contraire de réduire les marges pour le rendre accessible. Dans ce cas, le nombre de clients potentiels à ce prix-là sera-t-il suffisant pour atteindre une rentabilité économique ? Ces quelques exemples montrent que le projet d’économie solidaire induit, par son essence même, des « facteurs » rendant le montage du projet encore plus « délicat ». Mais énormément plus « riche ». Dans sa manière d’appréhender le territoire, l’entrepreneur va s’attarder longuement sur les besoins qui y émergent. Il va s’efforcer de nouer des liens avec les acteurs du territoire afin que le projet puisse s’enrichir de ce travail coopératif. De la même manière, il réfléchira à des relations plus partenariales avec ses « concurrents » (lieu d’implantation, types de produits vendus) ou ses fournisseurs (« est-ce que je les paye plus tard alors que je peux les payer maintenant ? »). Un des éléments fondamentaux dans un projet d’économie solidaire est donc l’arbitrage entre la viabilité économique et l’utilité sociale du projet (les objectifs du projet). Découlent alors des questions de fond : Est-ce qu’en m’adressant spécifiquement à cette clientèle solvable, je ne perds pas une partie du sens du projet ? Est-ce qu’en essayant d’adapter « à tout prix » mon projet à des critères de financement, je ne « pervertis » pas mon projet original ? Est-ce qu’en utilisant telle matière première ou en traitant avec tel fournisseur, je ne remets pas en cause les valeurs que je porte ou les fondements idéologiques à la base du projet ? De fait, il y a bien souvent un équilibre à trouver entre une réalité économique et le « projet idéal » que l’on souhaite élaborer : le projet dans lequel tous les producteurs dans la filière sont rémunérés pour le travail réalisé, le projet qui intègre complètement le respect de l’environnement, le projet qui permet de rémunérer correctement les salariés, celui qui intègre une gouvernance démocratique exemplaire... Et cet équilibre se trouve parfois dans une remise en cause partielle de ce « projet idéal ». Il nécessite dans tous les cas un temps de réflexion capital dans la phase de maturation du projet. Du coup, les concessions faites traduisent la manière dont chacun envisage l’économie solidaire : c’est bien en cela que l’on peut dire que l’économie solidaire est une démarche avec parfois des aménagements du projet, et parfois un engagement dans une démarche progrès clairement affichée qui permet de se donner un « plan de route » vers un développement harmonieux de l’utilité sociale du projet. Aurélien Delsol Animateur PILES - APEAS je cherche un financement pour mon projet 99 par jean horgues-debat Intérêt du développement local intégré Les entreprises hors-sol Une certaine conception économique considère l’entreprise comme une entité économique indépendante qui dépend essentiellement de ses caractéristiques internes. Le lieu de son implantation importe peu. Dans certains cas, celui-ci vise à optimiser certains facteurs de production : main d’œuvre qualifiée, disponibilité d’une main d’œuvre peu chère, proximité de matière première, proximité des marchés ou opportunités foncières, avantages fiscaux... Cette logique conduit à la concentration des entreprises dans les pôles urbains industriels ou à leur délocalisation dans des pays à faible coût de main d’œuvre et à la fiscalité plus favorable. Cette logique incite aussi les entreprises à faire jouer la concurrence entre les territoires pour obtenir les meilleurs aides publiques. Les territoires les plus pauvres sont condamnés à le rester. Les entreprises intégrées au développement local Cependant, cette conception économique dominante ne permet pas d’expliquer le maintien d’entreprises dans certains territoires. L’analyse montre que le choix du lieu d’implantation obéit aussi à des principes qui échappent à la simple rationalité économique à court terme : cadre de vie choisi par le chef d’entreprise, besoins sociaux non satisfaits, logique de solidarité, cohérence avec un système de valeurs écologiques ou sociales, etc. Contrairement à ce que laisserait penser une approche froidement rationnelle, l’expérience des districts industriels italiens en particulier a mis en valeur l’intérêt économique de ces approches territoriales. Un territoire peut apporter à l’entreprise un ensemble de liens d’interdépendance vitaux: coopération et soustraitance entre les entreprises du territoire, relations avec les centres de recherche et les centres de formation, implication de la population, soutien des collectivités locales... Ce territoire « chaud », c’est un peu comme l’humus en agriculture, qui permet de faire pousser des produits sains, en quantité raisonnable, en préservant l’environnement et les 100 ressources locales. Les structures du développement local Le concept de développement local articule le développement économique local et la prise en compte sur le territoire de l’ensemble des autres facteurs d’attractivité que sont les services, le logement, le cadre de vie, la culture et les loisirs, ce qui fait qu’un territoire est socialement vivant. Beaucoup de politiques publiques se « territorialisent » et ne se déclinent plus simplement de manière thématique, verticale et cloisonnée. Les communautés de communes et les Pays sont porteurs de cette logique de projet de développement global du territoire. C’est dans ce cadre que des structures de financement de la création d’entreprise se sont créées. Outre l’apport financier et le conseil économique, le recours à ces structures présente l’intérêt pour le porteur de projet de lui permettre une bonne intégration dans le territoire : mise en relation avec l’ensemble des acteurs économiques ou institutionnels locaux, connaissance des spécificités locales (marché, opportunités foncières, ressources humaines, formation professionnelle, services aux entreprises…). L’intégration dans un réseau d’acteurs solidaires pour un développement équilibré du territoire présente un intérêt tant humain qu’économique. Cependant, le centralisme, le cloisonnement et l’individualisme issus de notre histoire imprègnent encore les mentalités et les pratiques. Le développement intégré d’un territoire ne se décrète pas : il se construit peu à peu avec les acteurs qui le composent. Les structures de financement de développement local ne constituent donc pas (encore) un modèle porteur de toutes les valeurs du développement durable solidaire. Mais elles participent certainement à ce mouvement émergent. Jean Horgues-Debat Association Régionale des Eref (Espace Ruraux Emploi Formation) PACA Les financements proposés par ces structures de financement de développement local sont : − des subventions pour le Pels − des prêts d’honneur pour les Pfil Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite un organisme de financement de développement local PELS Principe : Confirmant l’engagement historique des Caisses d’Epargne, la loi de 1999, qui les a dotées du statut coopératif, a mis en place les projets d’économie locale et sociale (PELS). Les Caisses d’Epargne affectent, chaque année, une partie de leurs résultats annuels au financement de ces projets. Depuis 2001, un budget global de plus de 200 millions d’euros a été consacré au financement des PELS. Les PELS permettent à des personnes d’acquérir ou de retrouver leur autonomie, de créer leur entreprise, ou encore de mieux s’insérer dans la société. Ce soutien prend la forme d’un financement, voire d’un accompagnement en collaboration avec des structures spécialisées. Axes d’intervention : L’autonomie des personnes Le soutien porte sur l’ensemble des apprentissages indispensables à la vie sociale (savoir lire, écrire, conduire, gérer son budget…), la contribution à l’autonomie des personnes dépendantes et la satisfaction des besoins vitaux (se nourrir, se loger, s’habiller…). L’emploi Les PELS permettent à des micro entrepreneurs de financer la création de leur entreprise lorsqu’ils sont en marge du marché du travail ou n’ont pas accès aux circuits de financement classiques (jeunes sans emploi, chômeurs, bénéficiaires de minima sociaux...). De plus, les PELS permettent de soutenir les professionnels de l’accompagnement en les finançant, ainsi que certaines sociétés de capital-risque. Les projets des structures, des associations ou entreprises d’insertion sont encouragés. Cet axe d’intervention a été considéré comme majeur dès 2001. Le lien social Il s’agit de soutenir des projets proposant aux personnes en difficulté des animations de quartier, des manifestations sportives et culturelles, protégeant l’environnement en favorisant la cohésion sociale. Par ailleurs, sont favorisés l’accompagnement et l’insertion bancaire de particuliers. Dispositif alliant trois partenaires : Le dispositif repose sur l’implication complémentaire de trois acteurs : − La Caisse d’Epargne ; − Un créateur d’entreprise ; − Un organisme d’accompagnement (sa présence est une condition nécessaire de l’octroi du crédit). Pour réussir cette action, la Fédération Nationale des Caisses d’Epargne a conclu des accords-cadres avec des associations spécialisées dans l’aide à la création d’entreprises pour les publics défavorisés : l’Adie, le Fonds Territorial et l’Association France Active, les Boutiques de Gestion et FIR. www.groupe.caisse-epargne.com Critères de financement : Le PELS doit répondre à certains critères : − Projet : il doit s’agir d’une initiative ou d’un projet concret avec un objectif, une évaluation, un calendrier. − Economie : c’est une activité, la création ou le développement de biens et services. − Local : la notion de proximité est un critère très important. − Social : cela fait référence à des populations cibles définies suivant des critères en cohérence avec les domaines d’intervention contenus dans la loi et précisés par la Fédération. Conditions de financement : Pour bénéficier d’un financement de PELS, un projet présenté à la Caisse d’Epargne doit respecter les critères suivants : − être réalisé au bénéfice d’une population identifiée, en recherche d’autonomie ou fragile, − faire partie d’un des thèmes d’intervention choisis par la Caisse d’Epargne (emploi, autonomie, lien social), − être porté par un organisme bien identifié, − comporter un calendrier de réalisation, un plan de financement, un budget prévisionnel, des partenaires éventuels, − avoir des retombées locales sur le territoire de la Caisse d’Epargne et des effets si possible démultiplicateurs et fédérateurs, − ne pas avoir d’impact négatif sur l’environnement, − seuls les créateurs en marge du marché de l’emploi ou en marge des financements bancaires classiques, qui se réinsèrent en créant leur propre emploi peuvent bénéficier du soutien de PELS. Enfin, le financement de la Caisse d’Epargne ne doit se substituer ni aux financements publics, ni aux financements bancaires du marché. Demande de dossier : La demande de financement de PELS doit être faite auprès de la Caisse d’Epargne du territoire sur lequel le projet va se dérouler prioritairement. Les dossiers sont disponibles auprès du responsable d’intérêt général de chaque Caisse d’Epargne. Type d’intervention : Le financement d’un projet peut se traduire par des apports en fonds propres, des crédits ou des subventions. C’est le projet qui est financé et non la structure en tant que telle. 2 556 projets financés en 2005 9 151 projets d’économie locale et sociale financés en 5 ans 51,5 millions d’euros engagés en 2005 Un soutien de 14,1 millions d’euros pour les micro-entrepreneurs en 2005 je cherche un financement pour mon projet 101 outils PFIL Les 23 Plates-Formes d’Initiative Locale (PFIL) de la région PACA sont des associations d’accompagnement au financement. Elles proposent : travaillent en partenariat avec les banques afin de faciliter l’accès des porteurs de projet à des prêts bancaires complémentaires. − Prêt d’Honneur de 1 500 euros à 15 000 euros − Parrainage et suivi Selon les PFIL, le suivi post création peut prendre différentes formes : − Soutien d’un tuteur pendant 2 ans (conseil en gestion, réseau professionnel, partage d’expérience). − Ateliers de sensibilisation au métier de chefs d’entreprise. − Audits / Missions d’aide au développement : opérations courtes et ponctuelles qui répondent à une problématique ciblée (développement commercial, plan de communication, questions juridiques…). − Club d’entrepreneurs : l’adhésion à une association professionnelle permet de briser l’isolement et de bénéficier d’un réseau de professionnels confirmés. Le Prêt d’Honneur est un prêt personnel à taux zéro sans garantie que le créateur ou le repreneur apporte en fonds propre à son entreprise. Il facilite l’accès aux prêts bancaires. Un dossier de création (ou de reprise) d’entreprise expertisé par une plate-forme rassure le banquier. Le Prêt d’Honneur permet également un effet de levier important. Cette démarche partenariale permanente concourt à une meilleure reconnaissance du travail effectué par le réseau et se traduit par deux résultats significatifs : 87 % des projets financés par un Prêt d’Honneur (montant moyen de 7 350 euros) sont accompagnés d’un financement bancaire (montant moyen de 52 400 euros). Après expertise du dossier de projet de création ou de reprise d’entreprise, le porteur de projet passe en Comité d’Agrément, instance décisionnaire sur l’octroi du Prêt d’Honneur. − Orientation, professionnel expertise et réseau de L’activité des PFIL en région PACA (2005) Projets financés : 1470 Montant accordé : 8 132 040 euros Emplois créés : 7 061 Effet de levier bancaire : 6,1 Taux de survie moyen à 3 ans : 81 % − Lien avec le réseau bancaire Acteur clé de l’économie locale, les Plates-Formes www.fir.asso.fr témoignage Marion GIBERT, Un Livre, Un Objet… Après 7 années passées comme attachée de presse à Paris, Marion GIBERT décide de vivre de sa passion : les livres. Elle se lance alors dans la conception d’un site Internet présentant les livres autrement, afin de les rendre plus accessibles. Elle passe ensuite une année à parcourir le globe pendant laquelle elle mûrit un nouveau projet : rendre réelle sa librairie virtuelle. Elle choisit Marseille pour le réaliser…et contacte le CPEM, la PFIL de Marseille, pour financer la création de son activité. Ainsi, en décembre 2005, sa librairie « Titre_ » voit le jour dans le quartier des antiquaires et des galeries d’art. Marion GIBERT y propose un concept unique où livres et objets sont mis en scène par thèmes, tranches de vie ou humeur du jour. Une fois par mois, une soirée « Mix & Drinks » a lieu mêlant exposition, musique, apéritif et … livres ! Dans l’avenir, cette jeune femme passionnée de lecture et d’échanges souhaite développer son idée d’ « un livre, un objet », ainsi que la vente en ligne. TITRE_ - 24 rue Sylvabelle, 13006 Marseille - & 04 91 92 04 52 - www.titresurlenet.com 102 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite un organisme de financement de développement local témoignage Kathy GURRIERI, pour une meilleure gestion de vos transports Après des études supérieures en Management (option commerce international) et plus de 5 ans d’expériences en tant que commerciale et responsable export, Kathy GURRIERI décide de créer sa propre entreprise. Partie du constat qu’un besoin réel existait dans le département du Var en matière de transports, elle passe l’examen nécessaire à ce type d’activité : Capacité de Commissionnaire en Transport Multimodal. A la recherche de conseils et de financement, elle contacte ATIRE, la PFIL de Toulon qui lui accorde un Prêt d’Honneur et lui permet de rencontrer des professionnels au travers de réunions réunissant chefs d’entreprise et jeunes créateurs. Créée en 2003, SOL EXPORT propose une offre de service de qualité pour le transport de tous types de marchandises à l’international. S’adressant tout particulièrement au PME PMI, SOL EXPORT leur permet de développer leur marché à l’international. SOL EXPORT - 1605 Chemin des Plaines, 83 220 Le Pradet - & 04 94 08 43 07 - www.sol-export.com témoignage Laurent LESIEUR, propreté et environnement Après une expérience de 10 ans au sein de grandes entreprises de nettoyage, Laurent Lesieur souhaitait être son propre patron. Après avoir essayé de reprendre une entreprise existante, il décide de créer, en novembre 2004, PROP’ECO, une activité de nettoyage écologique. A la recherche de financement, il rencontre un chargé d’affaires du CPEM, la plate-forme de Marseille, qui le conseille et instruit sa demande de Prêt d’Honneur. Aujourd’hui, Laurent LESIEUR propose aux entreprises des Bouches-du-Rhône des solutions de nettoyage en utilisant des outils d’exploitations adaptés à l’environnement comme des produits issus de la chimie verte, des fournitures et matériels « propres » (sacs poubelles, chiffons en microfibre, papier recyclé, etc.)… Depuis la création en novembre 2004 de son entreprise, Laurent LESIEUR a embauché deux personnes et peut maintenant se concentrer sur le développement commercial de son activité. PROP’ECO - Adret des Comtes BAT I2 - 78 avenue des Butris, 13011 Marseille & 04 91 88 62 71 - www.propeco.net je cherche un financement pour mon projet 103 par bruno rochegude je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’économie social et solidaire Qu’entend-on par organismes prêteurs de l’économie sociale et solidaire ? S’il n’existe ni définition arrêtée ni liste définitive de ces organismes prêteurs spécifiques aux champs de l’économie sociale et solidaire, quelques caractéristiques les distinguent cependant des établissements financiers traditionnels : − Ils s’adressent principalement (certains exclusivement) aux structures et projets relevant de l’économie sociale et solidaire qui mettent en œuvre ses valeurs et principes. − Ils ont, pour la plupart, une attitude face au risque différente des organismes financiers « classiques », en acceptant d’intervenir auprès de structures souvent sous capitalisées et sur des projets à faible visibilité économique. Cette prise de risque supplémentaire est souvent compensée par des expertises en amont approfondies et un suivi des projets dans le temps. − Ils attendent, pour la plupart, des rémunérations beaucoup plus faibles que les prix du marché. − Ils mobilisent des fonds provenant de sources variées : fonds privés, fonds publics, investisseurs institutionnels, épargne salariale… Pourquoi solliciter un prêt ? Les prêts réalisables par les organismes de l’ESS s’entendent à moyen terme (de 2 à 5 ans) et servent à financer des besoins permanents, tels les investissements (et le remplacement des équipements) et le besoin en fonds de roulement (qui augmente généralement en phase de développement)1. Ces prêts ne sont pas destinés à couvrir un pic de trésorerie de quelques semaines (généré par exemple par un retard de versement d’une subvention). Pour ces besoins ponctuels, des outils de court terme (recours à l’escompte, découvert sec et cession de créances dans le cadre de la loi Dailly, affacturage...) existent, mobilisables auprès du secteur bancaire. L’endettement est un moyen de développement efficace et parfois nécessaire lorsque les fonds propres d’une structure sont insuffisants pour faire face aux besoins financiers engendrés par les projets mis en œuvre, situation fréquente dans le secteur de l’ESS. Cet « effet levier » (réaliser davantage d’activité avec le même niveau de fonds propres) comporte cependant l’inconvénient de faire peser un endettement sur la structure et en particulier sur ses dirigeants (en particulier les présidents et trésoriers d’associations). Sans qu’il s’agisse d’un principe immuable, on admet généralement que le volume d’endettement (le capital restant à rembourser) doit être inférieur au volume des fonds propres. Avec quoi rembourse-t-on un emprunt à moyen terme ? Il est fondamental de bien comprendre que le remboursement d’un emprunt se fait avec l’argent qui provient des excédents (les financiers parlent de capacité d’autofinancement) qu’aura pu réaliser l’emprunteur, et ceci de façon récurrente, au moins pendant la durée du prêt. Dans la plupart des cas, ces excédents proviennent des marges réalisées sur la production d’un bien ou d’un service, et il est nécessaire que le résultat reste dans les fonds propres de la structure (distributions de dividendes faibles ou nulles aux associés, non récupération des reliquats de subventions par les financeurs publics en cas de résultat positif…). La condition principale pour solliciter un prêt Aussi, un organisme prêteur, qu’il soit de l’ESS ou non, s’attachera à comprendre la qualité de l’activité économique de la structure (marché, produits, organisation, rentabilité) passée et prévisionnelle. C’est pourquoi, afin de mettre toutes les chances de son côté, un emprunteur potentiel a tout intérêt à présenter des comptes justes et détaillés (de préférence certifiés par un professionnel inscrit à l’ordre des experts comptables) et des prévisionnels d’activités précis et réalistes, qui mettent en évidence la logique de génération d’excédent du projet. Cf. Le texte “Mode de montage” dans “Comment je construis le financement de mon projet” 1 104 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Bruno Rochegude Directeur Adjoint d’ESIA outils pour financer un projet ici ADIE Le financement : L’Adie intervient pour le financement de la création d’activité, la reprise d’entreprise, le développement d’entreprise (jusqu’à 5 ans d’existence) et le test d’activité. Les prêts à la création, reprise et développement d’entreprise : − Montant maximum : 5000 euros − Durée maximum : 24 mois − Différé du capital : 1 mois, possibilité jusqu’à 3 mois dans certains cas − Taux : 7,02 % (au 1er juillet 2006) − Participation à la contribution fonds de solidarité : 5 % − Garantie : caution solidaire de l’entourage pour 50 % du capital prêté − Possibilité de compléter avec un prêt d’honneur de 5000 euros à taux 0 Le prêt test : − Montant maximum : 1500 euros − Durée maximum : 12 mois − Différé du capital : 1 mois à 3 mois − Taux : 7,02 % (au 1er juillet 2006) − Participation à la contribution du fonds de solidarité : 5 % − Garantie : caution solidaire pour 50 % du capital prêté Articulation avec d’autres financements : Les prêts octroyés par l’Adie peuvent être cumulés avec d’autres outils financiers : − L’avance remboursable Eden (gérée par l’Adie sur certains territoires de la région PACA). − Une subvention du Conseil général dans les Bouches-du-Rhône. − Aide de l’Agefiph (Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées). − Prêt à la Création d’Entreprise. En plus du financement : Toutes les personnes financées par l’Adie PACA pourront bénéficier de services gratuits (le créateur devra se renseigner directement auprès de son conseiller) : − Un accompagnement individualisé après la création pendant deux ans sur les thèmes suivants : aide dans les démarches administratives, aide dans la mise en place d’une organisation comptable et d’un suivi de gestion, aide dans le domaine commercial, aide à la bancarisation. − Un accès à l’ouverture d’un compte bancaire professionnel à un tarif préférentiel grâce à un partenariat négocié avec des banques. − L’acquisition de matériel informatique à l’issue d’une formation : une formation informatique est organisée lors de laquelle le créateur apprend à utiliser les logiciels Word, Excel et Ciel facture. Il a également la possibilité d’acheter un ordinateur équipé des licences de ces mêmes logiciels, à un tarif attractif. − Une aide juridique : l’Adie a un partenariat national avec un cabinet d’avocats d’affaires pour aider les créateurs via leur conseiller ou leur bénévole accompagnateur à répondre à des questions ponctuelles d’ordre juridique (lecture de bail, litiges, problème avec un client, cessation d’activité…). − Des permanences spécialiées : aide à la rédaction de documents administratifs, aide fiscale, comptable et statutaire, libre accès aux ordinateurs sur certains territoires. www.adie.org je cherche un financement pour mon projet 105 pour aller plus loin EXCLUSION BANCAIRE En 1854, Friedrich Wilhelm RAIFFEISEN crée, en Allemagne, la première caisse de Crédit Mutuel de dépôts et de prêts. Franz Herman SCHULZEDELITZCH crée, un peu plus tard, les banques populaires. Leur objet social était de permettre l’accès au crédit pour les paysans et les artisans… Ces initiatives ont été reprises dans toute l’Europe et ces banques coopératives et mutualistes se sont considérablement développées puisqu’elles comptent plus de la moitié des Français comme sociétaires. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, sous l’effet de la crise économique, l’exclusion bancaire et financière s’est amplifiée : elle touche près de la moitié de la population qui vit des minimas sociaux. L’accès au crédit consommation et surtout au crédit immobilier est refusé aux chômeurs, précaires, intérimaires, travailleurs pauvres, malades, handicapés (faute de prise en charge d’assurance décès et invalidité) et aux personnes âgées. En outre, plus d’un million et demi de personnes est en situation de surendettement. Face à cette situation, depuis 2 ans, des organisations caritatives, certaines banques et l’Etat ont pris différentes initiatives. Ainsi, lancée par le Secours Catholique en octobre 2004 à Toulouse, une expérimentation s’étend sur 20 % du territoire français avec des banques mutualistes pour favoriser des crédits de moins de 2 000 euros destinés à financer des projets de personnes suivies par son organisation. Le Secours Catholique intervient dans les comités d’engagement des banques partenaires et prend en charge le risque financier à hauteur de 50 %. Le Crédit Mutuel Nord Europe (1 million de sociétaires sur 7 départements du nord de la France) a créé, en septembre 2005, une Caisse Locale basée à Lille dédiée à la lutte contre l’exclusion bancaire : la Caisse Solidaire CMNE. Elle offre des crédits consommation liés à des 106 projets qui améliorent la vie quotidienne des emprunteurs et des crédits immobiliers : elle propose aussi à ses emprunteurs un service minimum bancaire gratuit. La Caisse Solidaire CMNE travaille en partenariat avec des réseaux prescripteurs : entreprises, structures de l’économie solidaire, associations caritatives et collectivités locales… Certaines Caisses d’Epargne sont en train de créer le même type d’outil, mais sous forme associative et en exigeant de leurs futurs emprunteurs qu’ils suivent une formation de gestion de budget. L’Etat, dans le cadre de la loi Borloo, a créé en 2005 un fonds de garantie pour « les micro-crédits sociaux », dénommé Fonds de Cohésion Sociale. Il est géré par la Caisse des dépôts et devrait être financé à hauteur de 70 millions d’euros sur 5 ans. Seules les banques mutualistes et coopératives se sont engagées avec l’Etat pour développer des crédits qui pourraient être garantis à 50 % par le Fonds de Cohésion Sociale. Le gouvernement voudrait atteindre une couverture de 15 000 crédits dès 2006; ce chiffre paraît très optimiste. Par ailleurs, l’Etat, les associations de malades et les banques et assurances négocient pour améliorer l’accès au crédit consommation et immobilier des personnes malades en rémission ou handicapées. Cette mobilisation de mouvements caritatifs, de certaines banques et de l’Etat au plus haut niveau gouvernemental permet de mutualiser les risques financiers et de diffuser à plus grande échelle des pratiques innovantes de lutte contre l’exclusion financière. Les banques mutualistes qui s’y engagent retrouvent leurs valeurs historiques et l’objet social de leurs origines. Elles y gagnent une meilleure image et, peut-être demain, de nouveaux sociétaires solvables. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Christian Tytgat Président de la CAISSE SOLIDAIRE CMNE je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage L’ADIE c’est le bon chemin… Cathy Moirano, 46 ans, décoration d’intérieur à la Seyne-sur-Mer (83) « Avant, j’étais coiffeuse, mais je n’avais pas envie de continuer dans cette voie -là. Puis j’ai été au RMI. La décoration m’a toujours plu, j’ai toujours voulu faire les Beaux-Arts. Alors, j’ai commencé à m’occuper des meubles de mes amis, à les décorer…C’était quelque chose en moi, je sentais qu’il fallait que je me lance dans ce domaine. Mes amis croyaient en moi et m’ont conseillé de faire une demande de financement à l’Adie. C’est comme ça que mon activité a démarré. Aujourd’hui, avec mon entreprise de décoration intérieure, j’ai du travail tous les jours, et j’arrive à couvrir mes charges. J’ai tout appris toute seule et mon entourage est fier de moi. » Bernard Soprano, 28 ans, transport et messagerie légère à Marseille 1er (13) « J’ai été salarié comme chauffeur livreur pendant un certain temps. Et l’envie d’entreprendre m’est venue car j’avais envie d’être indépendant. On m’a orienté vers l’Adie pour monter mon projet et l’Adie a fait le chemin avec moi jusqu’au bout. Pour l’instant je démarre à peine, et j’ai du travail tous les jours. Je suis très content et fier de moi-même, ça fait du bien. Un conseil, si on a envie de se lancer, il faut aller jusqu’au bout car tout le monde peut y arriver. Si on est motivé et sérieux, l’Adie, c’est le bon chemin. » Pascal Filippozzi, 45 ans, ferme biologique à Avignon (84) « Après ma dernière activité dans la brocante, j’ai été quelque temps au chômage, et j’ai commencé à chercher un peu une autre voie. C’est alors que je me suis investi comme bénévole au sein d’une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (Amap). J’ai découvert que ce métier se rapprochait plus de mes valeurs personnelles, et j’ai monté un projet d’agriculture biologique avec un autre agriculteur. Aujourd’hui, on travaille sur un terrain de 6 hectares dans le Vaucluse, on produit uniquement des légumes de saison sous la certification « Nature et Progrès ». On vend nos produits sous forme de paniers hebdomadaires que nous achètent des clients eux aussi engagés pour préserver l’environnement. Avec le prêt de l’Adie, on a acheté du matériel, un tracteur et un motoculteur. Maintenant qu’on a concrétisé ce projet, on voudrait élargir notre activité à de la restauration alternative. » L’Adie, depuis sa création, a octroyé plus de 36 000 prêts, et contribué ainsi à la création de plus de 30 000 entreprises et 37 000 emplois. La délégation PACA a vu le jour avec l’ouverture de l’antenne de Marseille en 1996. Depuis, elle a ouvert 5 autres antennes et compte 18 salariés et 60 bénévoles. En 2005, l’Adie PACA a octroyé 533 prêts, dont 20 % à des créateurs issus de quartiers dits « sensibles », 18 % dans les zones rurales, et le reste en zones urbaines. je cherche un financement pourmon monprojet projet je cherche un financement pour 107 outils UN CLEFE Comment être financée ? Critères d’intervention : Les critères de choix de l’entreprise aidée sont divers et variés et laissés à l’appréciation du CLEFE. Ce qui est immuable, c’est que l’argent prêté doit être investi dans une entreprise créée et gérée majoritairement par une ou plusieurs femmes. Les CLEFE ne prennent jamais de participation au capital et peuvent donc investir dans n’importe quel type d’entreprise ( individuelle, EURL, SARL etc.). Cette particularité peut permettre à une femme de se sortir d’une situation économique difficile (RMI, chômage longue durée...) en créant une TPE, sans exclure une entreprise à contenu plus capitalistique (entreprise sociétale). RACINES met à la disposition du Clefe une méthodologie de recherche de projet reprenant les principaux critères à examiner pour faire un bon choix, sans pour cela posséder des connaissances particulières en économie de l’entreprise. démarrage de son activité, la créatrice effectue un remboursement mensuel ou global (capital et intérêts) selon les modalités discutées avec le CLEFE et formalisées dans la Convention de Prêt . A quoi sert l’intervention financière ? Le prêt sert le plus souvent aux Besoins en Fonds de Roulement (BFR) qui n’est jamais financé par les banques. Il peut aussi servir de Fonds Propres ou répondre à des besoins de trésorerie. L’engagement de la créatrice : Il est formalisé par la signature d’une convention où sont stipulées les modalités de remboursement et par la signature de la Charte des CLEFE. Elle s’engage aussi, moralement, lorsqu’elle s’estimera sortie des difficultés de la création, à faire preuve de solidarité en participant à un CLEFE ou en en créant un. Type d’intervention : C’est un prêt avec intérêt. Après la période de 108 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca www.racines-clefe.com je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage L’économie solidaire, c’est quoi pour vous ? Catherine (Aisne) Ce sont des gens comme vous et moi, qui ont financé mon projet, et m’ont permis de garder mon enthousiasme professionnel. Marie-Luce (Pyrénées-Atlantiques) C’est faire circuler son argent dans une économie de proximité et contribuer, dans la vie de tous les jours, à son développement. C’est aussi avoir son autonomie financière. L’économie sociale et solidaire, c’est le maillage de toutes les bonnes volontés, de compétences, d’échanges et de transmissions. Odette (Isère) C’est rencontrer des personnes qui partagent les mêmes valeurs humanistes et universelles, d’entraide, de solidarité, de générosité, de respect de l’autre. Après cette expérience, que pensez-vous du système des Clefe et de l’économie solidaire en général ? Catherine (Aisne) Le suivi et le conseil m’ont permis de faire une meilleure synthèse de la création de l’entreprise. Marie-Luce (Pyrénées-Atlantiques) Les Clefe apportent une solution là où les banques ne s’engagent pas et où les capitaux propres font défaut. L’économie solidaire, c’est un mode de vie au quotidien dans son environnement proche avec des risques, des engagements, un souci de faire partager, d’apprendre pour mieux semer, de récolter pour mieux partager. J’ai donné et j’ai reçu beaucoup en enrichissement personnel... Odette (Isère) Je le trouve excellent. Je partage entièrement cet état d’esprit et d’initiative. Je suis prête à m’investir personnellement dans un Clefe, pour aider à mon tour. Comment avez-vous connu le Clefe ? Catherine (Aisne) J’ai connu le Clefe par le biais du CEPAC (Centre de Formation et d’Accompagnement et de Suivi à la Création d’Entreprise) de Soissons. Le Clefe m’a attribué 4500 euros qui me manquaient pour réaliser mon projet. Sans cette somme, il n’aurait jamais vu le jour. Marie-Luce (Pyrénées-Atlantiques) J’ai assisté à la première réunion en Pays Basque qu’organisait RACINES. J’avais déjà, à ce moment-là, l’ambition de démarrer un jour ma propre activité mais je ne me sentais pas prête. La formule m’a beaucoup plu car elle collait complètement aux besoins de la réalité. C’est en tant qu’épargnante que j’ai donc fait partie du premier Clefe à Hasparren. Quand j’ai décidé de démarrer mon projet, j’ai créé un Clefe Odette (Isère) Pour lancer mon activité de consultante en communication d’entreprise, j’avais besoin de m’équiper en informatique. Une de mes relations, qui travaille dans l’économie solidaire à Grenoble, m’a fait savoir que je pouvais résoudre mon problème de financement par le biais du Clefe. J’ai donc obtenu un prêt de 775 euros. je cherche un financement pourmon monprojet projet je cherche un financement pour 109 je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS pour aller plus loin Les femmes dans l’épargne et les finances solidaires Le Graif, association régionale pour « l’action et l’information des femmes », réfléchissant à la question de l’enjeu de l’épargne et des finances solidaires pour les femmes, posée par l’Apeas, se réfère à ses précédentes rencontres avec des créatrices d’entreprises. Le premier point à souligner est que les créatrices d’entreprises reçoivent fréquemment et malheureusement un accueil peu enthousiaste de la part des organismes financiers. Par ailleurs, ne se reconnaissant pas toujours dans les modèles proposés par les structures d’informations et de conseils, elles effectuent souvent seules un grand nombre de démarches, suivant leurs propres interrogations. Quoiqu’il en soit, le plaisir ou le désir d’entreprendre existe et les femmes y voient parfois la solution qui permettra, tout en répondant à la pénurie d’emploi, de mieux organiser leurs différents temps de vie (professionnel, personnel, familial, citoyen), qui forment pour elles un tout. Des outils et des méthodes particulières tenant compte de leur spécificité et de leur approche de la création d’entreprise, sont nécessaires. C’est à ce moment que l’on pense à de nouveaux types d’épargne pour soutenir leurs investissements. Le Club local d’épargne pour les femmes qui entreprennent (Clefe), les Tontines -inventées en Afrique et importées de ce côté de la Méditerranée , les clubs Cigales font partie de ces outils. Encore faut-il en avoir connaissance ; il semble que c’est loin d’être encore le cas. Pour les créatrices, la méthode consiste à se réunir, s’organiser, échanger sur des projets, se former au contact de l’expérience des autres, fonctionner en réseau, et pouvoir accéder à une épargne collective. Et si un capital se crée, grâce à une somme d’investissements individuels et solidaires, il peut servir de fonds propres pour une créatrice potentielle ou devenir « effet de levier » auprès des institutions financières classiques. L’OCDE affirme que les femmes présentent des « projets insuffisamment ambitieux » et créent souvent de très petites entreprises fragiles … Si les femmes s’appuyaient entre elles, au plan de leur organisation même, recherchaient ensemble des investisseurs d’un type nouveau, solidaire, ne seraient-elles pas plus « compétitives » ? Les femmes ne sont pas encore suffisamment reconnues en tant que professionnelles, on leur oppose en particulier leurs responsabilités familiales. Et c’est justement parce qu’elles sont responsables d’un ensemble de fonctions -et qu’elles ne cherchent pas majoritairement à s’en soustraire- qu’elles ont besoin d’inventer un système plus adapté. Un réseau local peut permettre par exemple d’organiser mieux : − la prise en charge de l’information, − celle de la gestion et de la comptabilité (avec un emploi inter-entreprises), − la garde des enfants (création d’un espace pour les enfants dans le cadre d’une pépinière ou d’une entreprise), − et un investissement collectif et solidaire. L’information sur des dispositifs innovants d’épargne qui permettent à tous, et notamment aux femmes, de trouver ce qui permettra de lancer financièrement et solidairement leurs initiatives reste une priorité. Graif (Groupement Régional pour l’Action et l’Information des Femmes) 14 rue Sainte Barbe, 13001 Marseille - & 04 91 99 00 13 - [email protected] - www.graif.fr 110 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca outils CREDIT COOPERATIF 1. Financement à court terme Pour les associations et les organismes d’intérêt général Les solutions de financement court terme proposées par le Crédit Coopératif sont : − l’avance sur subvention dans le cadre de la loi Dailly L’avance sur subvention est une technique de crédit bancaire à court terme particulièrement utile pour résoudre les problèmes de trésorerie liés à l’attente des dotations et subventions. Le montant de l’avance versée par le Crédit coopératif peut couvrir jusqu’à 80 % du montant de la subvention attendue. La durée de cette avance est ajustée au rythme de l’encaissement et peut varier de un mois à un an. La domiciliation irrévocable par les collectivités publiques qui accordent la dotation ou la subvention est naturellement cédée à la banque. − l’affacturage Le Crédit Coopératif propose, en partenariat avec Natexis Factorem, des solutions adaptées aux besoins des organismes. Acteur majeur du marché de l’affacturage français, Natexis Factorem met son expertise au service des clients du Crédit Coopératif pour les accompagner dans le financement de leur activité, garantir leurs créances en France et à l’international et assurer le suivi et la gestion de leur poste clients. 2. Financement à moyen et long terme Pour les associations et les organismes d’intérêt général : Plusieurs prêts sont possibles : les crédits classiques, le prêt locatif social (une enveloppe spécifique pour la location sociale, dont le Crédit Coopératif est un des réseaux distributeurs), le prêt révisable indexé sur le taux du livret A, le prêt révisable à durée ajustable (pour bénéficier d’un taux variable en maintenant des échéances constantes), le prêt long terme alternatif (un prêt structuré en deux modules (taux fixe puis taux variable) pour optimiser le coût du crédit en fonction de sa durée). Pour les coopératives, PME-PMI, Groupements d’entreprises : Plusieurs prêts sont possibles : les crédits classiques, le prêt à la création d’entreprises, le prêt PME sur enveloppe BEI (prêt distribué par le Crédit Coopératif destiné aux projets de moins de 40 000 euros portés par des PME-PMI et entrepreneurs individuels) ainsi que les prêts en fonds de roulement et prêts d’investissement sur des durées de 3 à 7 ans et mis en place avec des partenaires comme Esia... Pour tout type de structure : Les solutions de financement à moyen et long terme sont : − le prêt Euri-Cap qui permet de bénéficier du taux variable sans prendre de risques ; − le prêt Long Cours est un prêt à taux variable multi-index, très souple, qui s’adapte aux besoins des structures et aux évolutions des taux (à partir de 760 000 euros) ; − le crédit bail mobilier, qui est une formule de financement souple et rapide qui permet aux entreprises de financer l’acquisition de véhicules ou de matériels à usage professionnel. Les opérations de crédit bail mobilier sont réalisées par Coopamat, filiale spécialisée du Crédit Coopératif, − le crédit bail immobilier, qui consiste à louer un bien immobilier à usage professionnel avec la possibilité pour l’entreprise locataire de devenir propriétaire du bien loué en fin de contrat. Le crédit bail immobilier s’adresse aux entreprises industrielles et commerciales souhaitant acquérir un bien immobilier à usage professionnel. Les associations exerçant une activité industrielle ou commerciale peuvent également être éligibles. Les opérations de crédit bail immobilier sont réalisées par Intercoop, filiale spécialisée du Crédit Coopératif. je cherche un financement pour mon projet 111 outils ESIA Les outils financiers : FONDS DE GARANTIE Objet : garantir des prêts à moyen terme destinés à financer les investissements et/ou le besoin en fonds de roulement. •Durée du prêt : 2 à 5 ans •Montant : 69 000 à 90 000 euros •Coût pour la structure : 2 % du montant du capital garanti (à la mise en place) •Durée de la garantie : 5 ans maximum •Montant garanti : 65 % du prêt pour les structures de moins de 3 ans, 50 % pour les autres CONTRAT D’APPORT ASSOCIATIF Objet : renforcer les ressources stables de la structure. Cette intervention pourra favoriser d’autres concours financiers, en particulier bancaires. •Durée : 2 à 5 ans •Montant : jusqu’à 30 000 euros •Coût pour la structure : Prêt à taux 0 % •Remboursement in fine ou en 3 annuités L’INTERVENTION EN CAPITAL DE LA SIFA (Société d’Investissement France Active) Objet : renforcer les fonds propres de structures (immobilisations corporelles ou incorporelles liées au développement de l’entreprise). Cette intervention pourra favoriser d’autres concours financiers, en particulier bancaires. •Durée : 5 ans maximum 112 •Montant : jusqu’à 320 000 euros, différé du remboursement en capital de 2 ans •Coût pour la structure : rémunération de 2 % par an LE FONDS COMMUN DE PLACEMENT INSERTION EMPLOI Objet : renforcement des fonds propres de structures créant des emplois pour des personnes en situation de précarité économique et sociale. Cette intervention pourra favoriser d’autres concours financiers, en particulier bancaires. •Durée : 3 à 5 ans •Montant : 50 % maximum du montant des fonds propres •Coût pour la structure : 2 % du montant prêté •Remboursement in fine LE FONDS D’AMORCAGE ASSOCIATIF Objet : couvrir les besoins de financement des associations à potentiel de développement et au modèle économique nouveau (outil obligatoirement couplé à une démarche d’accompagnement). •Forme de l’intervention : Apport associatif avec droit de reprise sans taux d’intérêt •Durée : 12 mois, prorogeable exceptionnellement jusqu’à 18 mois •Montant : de 5 000 à 10 000 euros Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca www.esia.org je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage Insercollect ZI Le Tubé, 21 rue Copernic, 13800 Istres & 04 42 55 91 03 [email protected] - www.insercollect.net/ INSERCOLLECT (13) Insercollect est une entreprise d’insertion créée en 1996, à l’initiative du PLIE (Plan Local d’Insertion par l’Economique), d’élus et de responsables associatifs. Cette association est spécialisée dans le recyclage des papiers, cartons, archives et la fibre textile. Insercollect travaille actuellement sur un projet de recyclage des bateaux de plaisance en fin de vie. La structure fournit également les prestations suivantes : les déménagements, la sensibilisation et la formation au développement durable, ainsi que les diagnostics sur la gestion des déchets. Ses clients sont les entreprises privées et les administrations. Elle emploie 9 ETP en encadrement et 9 ETP en insertion. En ce qui concerne son volet social et solidaire, elle travaille avec des personnes en “convalescence sociale” qui, après un accident de la vie, ont besoin de quelques mois de rodage pour remettre le pied à l’étrier. Les collectivités territoriales achètent ces prestations pédagogiques à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires (CA). 70 % du CA proviennent de l’activité marchande d’Insercollect. Les derniers 10 % proviennent de l’Europe, l’Etat, la Région ainsi que d’agences telles que ANVAR, ACRE... pour le financement d’infrastructures, le développement ou le maintien de l’emploi. “Esia est avec nous depuis le début. Nous avons été mis en relation par le Conseil Régional. Esia est intervenue à trois reprises : une caution bancaire pour une opération de développement à hauteur de 33 600 euros, une avance remboursable sans intérêt pour l’achat d’équipements à hauteur de 9 000 euros et un financement pour un avocat fiscaliste dans le cadre du DLA à hauteur de 4 000 euros. A chaque fois, Esia a été un coup de pouce décisif. Financier tout d’abord car c’est un gros effet levier. Quand Esia intervient, la somme est multipliée par deux avec les autres partenaires qui suivent. Mais surtout, ils nous aident à peaufiner les dossiers avec lesquels ils jouent les avocats du diable. Du coup, nous retravaillons dessus et ils tiennent le coup devant les banquiers et les élus. C’est une des différences avec la banque qui va juste regarder les documents financiers, alors qu’Esia a une réelle expertise dans le domaine de l’environnement et de l’insertion. Dès qu’on l’appelle, il y a un puissant réseau derrière lui, avec des études comparatives sur notre métier. C’est un vrai conseil. Mes relations avec Esia sont excellentes. Nous rendons des comptes et c’est normal, mais toute notre relation est basée sur un contrat de confiance. De plus, c’est un dispositif léger qui respecte nos contraintes. Ils ont une réelle expertise en ingénierie de projet innovant dans le champ de la production, alors que sur le volet social, c’est l’UREI (Union Régionale des Entreprises d’Insertion) qui est la plus compétente. Esia a été à chaque fois présent pour les changements de caps stratégiques de l’entreprise.” (Joël Soler, directeur) je cherche un financement pourmon monprojet projet je cherche un financement pour 113 je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage Tilt 10 rue du petit Puits, 13002 Marseille & 04 91 91 07 99 [email protected] - www.cinetilt.org TILT (13) Depuis 1996, Tilt fait bouger le cinéma et le public dans le centre-ville de Marseille. L’association vise à rendre les spectateurs actifs, par opposition à la passivité qui caractérise souvent la consommation d’images cinématographiques et audiovisuelles. Tilt souhaite également favoriser la rencontre entre de nouveaux publics et le cinéma et animer les quartiers jusqu’au bout de l’été. Leur coeur de métier est la diffusion cinématographique, dans une culture de proximité. Pour ce faire, deux axes d’activités : la diffusion et le petit conservatoire de l’image et du son. La diffusion se décline avec le “ciné en plein-air” l’été sur les places de Marseille, avec “Cour(t)s-yvite!” un événement courts métrages proposé par les enfants du club Cinétilt, et avec le “transport d’image dans des lieux transitoires”. Le petit conservatoire de l’image et du son comprend des classes cinéma, un atelier de programmation de cours métrages (Club Cinétilt) et des ateliers de réalisation vidéo et d’analyse filmique. “Nous avons été mis en contact avec Esia par Marseille Services Développement (MSD). Nous avions sollicité MSD pour être audité dans le cadre du DLA (Dispositif Local d’Accompagnement) par un cabinet conseil. Nous voulions développer notre association. Il nous fallait alléger l’activité 114 de cinéma en plein air qui prenait beaucoup de temps et de moyens humains. En mai 2005, Esia nous a financées pour l’achat d’un écran gonflable, équipement qui permettait cette transformation. L’intervention a été de 13 000 euros, en prêt à taux zéro. Ce soutien financier a été déterminant, mais c’est surtout notre rencontre avec Esia qui a été très bonne. Dans notre association, nous avons des compétences culturelles et événementielles, et nous avions peu de réflexion technique et financière sur la gestion de l’association. Le chargé de mission d’Esia nous a aidés à démythifier les documents financiers et les procédures, telles que “comment fait-on un plan de trésorerie ?”. C’est un fort apport en conseil, y compris en terme de développement et de commercialisation. Le suivi est important, nous les invitons aux AG... Une très bonne relation ! Pour nous, Esia a été de pair avec le DLA et Capital Local Solidaire (CLS) pour développer l’association. Esia est différent d’un soutien financier bancaire classique car il y a l’accompagnement. Nous n’avions même pas imaginé être financés par eux par un prêt à taux zéro mais le dossier a été élaboré grâce au chargé de mission d’Esia et nous avons obtenu le financement, pour développer l’activité !” (Martine Anglès, chargée de développement) Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca outils LA NEF Etre co-constructeur d’une économie responsable et solidaire La Nef n’est pas un organisme de crédit classique. Son action s’inspire d’une vision résolument humaniste : elle place l’attention pour la personne humaine au centre des systèmes économiques et financiers. Le crédit qu’elle accorde aux demandeurs est avant tout basé sur la confiance entre le ou les porteurs du projet et la personne chargée de représenter la Nef. Cette confiance résulte de la rencontre entre la Nef et le porteur de projet qui permet d’apprécier la nature du projet, d’évaluer sa viabilité, et de percevoir les motivations des entrepreneurs sur la base de critères qui prennent en compte : − l’impact du projet sur l’environnement et la société ; − la nature des relations aux autres dans sa mise en oeuvre ; − l’éthique du ou des entrepreneurs eux-mêmes. La Nef veille à écarter de son champ d’action tout projet qui porterait atteinte à la dignité humaine ou nuirait gravement à la qualité et à la durabilité de l’environnement. La Nef propose différents types de prêts destinés au développement et à la création d’activités ainsi qu’au financement de projets fonciers et immobiliers professionnels : − les Prêts professionnels et associatifs − les Prêts Bonifiés à l’Agriculture (PBA) pour des exploitations en bio et bio-dynamie − les Prêts à la Création d’Entreprises (PCE) Elle a développé une véritable expertise dans les domaines suivants : − Activités écologiques et environnementales : agriculture biologique et bio-dynamique, transformation et vente de produits biologiques et naturels, protection de la nature, énergies renouvelables, éco-construction, etc. − Développement social et solidaire : logement social, développement local et tourisme rural, artisanat, solidarité internationale, commerce équitable, santé, etc. − Culture et formation : formations et enseignements innovants, activités artistiques, développement personnel, édition, etc. Et bientôt les prêts aux particuliers : la Nef vient d’obtenir un agrément de la Banque de France pour distribuer des prêts aux particuliers, à l’automne 2006, elle sera en mesure de proposer deux offres de financement en faveur de l’éco-habitat : − Nef Immo : un prêt immobilier destiné à financer l’achat, la construction ou la rénovation de logement individuel ou collectif, à usage d’habitation principale, secondaire ou locative utilisant des matériaux écologiques. − Nef Eco : un prêt conciliant économie et écologie destiné à financer les investissements de maîtrise de l’énergie et les équipements dédiés aux énergies renouvelables. www.lanef.com je cherche un financement pour mon projet 115 je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage Thierry (Loire-Atlantique) « J’ai pu créer mon entreprise ainsi que mon emploi grâce à la confiance de la Société financière de la Nef. Vu le besoin croissant sur notre territoire, j’ai voulu créer une entreprise proposant des services aux personnes âgées, handicapées ou isolées. Je suis maintenant franchisé « Age d’Or Service » Gilles (Indre) « Pourquoi être venu à la Nef ? Tout d’abord par le hasard d’une rencontre pour un projet d’installation agricole et d’accueil social. Je ne connaissais pas la Nef et la rencontre avec Jean-Paul Mège, délégué régional, a été déterminante : enfin un établissement financier qui se déplace sur le terrain, s’intéresse au projet et à ceux qui le portent ! Je me suis demandé si j’avais en face de moi un extraterrestre de la finance ! Il ne voulait vendre ni carte de crédit, ni assurance-maison ou automobile, ni autres babioles financières ; il écoutait, s’intéressait au fond du projet, voulait comprendre. La suite est venue naturellement : un crédit qui a permis une installation agricole, puis d’autres projets liés aux changements professionnels de la vie, tous menés par la Nef dans le même esprit. Et puis dans ces conditions, la relation avec la Nef est pour moi un tout, domiciliation des comptes bancaires à la Nef - Crédit Coopératif, lui-même partenaire du dernier projet, ainsi que le placement de mon épargne dans un souci de solidarité pour d’autres bien évidemment ». Au 31 décembre 2005 Capital social : 8,7 millions d’euros Total du bilan bancaire : 104 millions d’euros Montant brut des prêts en cours : 27 millions d’euros Nombre de prêts mis en place en 2005 : 178 pour 9,1 millions d’euros Nombre d’épargnants et de sociétaires-coopérateurs : 3 873 La Nef accueille chaque mois environ 250 nouveaux sociétaires. 116 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca outils www.scop-paca.com URSCOP PACA Les Scop (Sociétés Coopératives de Production) sont des sociétés commerciales dont la réussite repose essentiellement sur l’implication et la motivation des salariés, associés dans l’entreprise. Présentes dans tous les secteurs d’activités (industrie, services, bâtiment), les Scop se développent aujourd’hui dans les nouveaux secteurs créateurs d’emplois : ingéniérie, informatique, communication, services collectifs, etc. Entreprises coopératives, elles poussent jusqu’au bout la logique de la participation en appliquant un partage effectif des bénéfices réalisés. Ce sont des entreprises responsables avec des salariés qui, tout en gardant l’intégralité des avantages de leur statut, deviennent des « entrepreneurs associés », directement concernés par la marche de leur entreprise. Sur la région PACA, les Scop représentent plus de 200 entreprises rassemblant 2 500 salariés. La solidarité étant une de leurs valeurs fondamentales, elles ont mis en place, grâce à des cotisations, une délégation régionale capable de répondre à leurs besoins, tant en termes de conseil que de financement : l’Union Régionale des Scop PACA (URSCOP PACA). Pourquoi des fonds dédiés aux Scop ? Aujourd’hui, un emploi coûte financièrement de 15 000 à 45 000 euros, selon le secteur d’activité. Il faut en effet financer le matériel et le besoin en fonds de roulement relatif à cet emploi. Face à ce coût, l’apport moyen de nos coopérateurs est de l’ordre de 1000 à 3000 euros par emploi ! Les actionnaires de ces sociétés sont en effet les salariés-mêmes. Ils ont donc beaucoup moins de capitaux que des groupes ou même des personnes privées détenant un fort capital. Des outils financiers collectifs ont été progressivement créés pour pallier à la faiblesse financière des Scop. Outils financiers de l’URScop L’URScop gère quatre instruments financiers : SOCODEN FEC pour les prêts en fonds de roulement, le FAC pour l’avance en relais d’aides publiques, SOFISCOP SUDEST pour le cautionnement des emprunts bancaires et PARGEST pour l’intervention en capitaux propres. SOciété COopérative D’ENtraide - Fonds d’Expansion des Coopératives (SOCODEN FEC) Créé en 1975, ce fonds est national et alimenté par une cotisation de 1/1000 du chiffre d’affaires hors taxes de toutes les Scop. Son objet est de faire des prêts aux Scop pour le besoin en fonds de roulement, prêts rarement accordés par des banques. Il s’agit de prêts à taux réduit sur 5 ans, sans caution ni garantie. Le montant maximum par Scop de ces prêts est calculé en fonction du nombre de salariés (maximum 2 000 euros par salarié). La décision et le versement se font sous 30 à 45 jours. Fonds d’Aide à la Création (FAC) Créé en 1990, ce fonds d’aide est régional et a pour objet de faire le relais des aides publiques (aide chômeurs, créateurs, prêt régional à la création d’entreprise, etc.) pour les créateurs. La société de caution SOFISCOP SUD-EST En 1983 a été créée la société de caution mutuelle régionale avec l’appui décisif du Conseil régional. Elle cautionne à 50 % les emprunts réalisés par les Scop auprès de la Banque Française de Crédit Coopératif. Le Conseil régional contregarantit à 50 % les engagements donnés par SOFISCOP SUD EST. Les Scop bénéficiaires des cautions doivent souscrire 1 % du montant en capital de SOFISCOP et 2 % en fonds de garantie remboursable à la fin du prêt. Sur 19 ans, 742 000 euros de capital et 577 000 euros de Fonds de Garantie ont été mutualisés. Cette société est un levier pour les investissements en matériel de nos Scop, même si ses moyens financiers relativement faibles l’obligent parfois à réduire ses ambitions. Le risque est limité à 180 000 euros par entreprise. PARticipation - GESTion : apports en fonds propres et capital risque (PARGEST) Les Scop ont difficilement accès aux sociétés de capital risque traditionnelles qui connaissent mal ce statut. Les banquiers exigeant de plus en plus de fonds propres significatifs pour intervenir, surtout dans les reprises, l’URSCOP a été amenée en 1989 à créer un outil financier intervenant en fonds propres. PARGEST intervient en fonds propres (capital) ou quasifonds propres (titres participatifs, prêts participatifs). Le montant maximum d’intervention par Scop est calculé en fonction du nombre de salariés (maximum 2 000 euros par salarié). La décision et le versement se font sous 30 à 45 jours maximum. PARGEST rassemble près de 3 millions d’euros de capitaux propres grâce à l’appui de nombreux partenaires et actionnaires. URSCOP PACA 8 rue des Fabres, 13001 MARSEILLE & 04 91 90 19 35 je cherche un financement pour mon projet 117 outils pour financer un projet à l’étranger Oikocrédit Partout dans le monde, les femmes et les hommes ont besoin d’un revenu pour faire vivre leur famille. S’ils n’ont pas d’emploi officiel, ils doivent trouver un autre moyen de gagner leur vie : comme couturier, chauffeur de taxi ou petit planteur de café par exemple. Pour développer une affaire, il leur faut du capital. Le micro-crédit ne relève ni de la charité ni de la subvention. Ce sont des prêts qui donnent à des particuliers, qui sont d’ailleurs souvent des femmes, la possibilité de monter une petite entreprise. Les bénéficiaires de tels prêts n’ont cessé de prouver qu’ils sont capables de créer une source de revenus stable tout en remboursant ces prêts. Habituellement, pour obtenir un prêt, il faut fournir des garanties. Mais quand on est pauvre, on n’a pas de garanties à donner ou très peu. La microfinance offre des solutions telles que les prêts de groupe, par exemple, quand des gens assument en commun la responsabilité d’un prêt, faisant de son succès un objectif partagé. Quand Oikocrédit met à disposition les moyens appropriés, les gens sont capables de se prendre en main dans des domaines très divers tels que : − Agriculture, élevage et pêche : production de produits alimentaires primaires. Exemple : aide à l’achat de vaches laitières pour lancer un projet de produits laitiers. − Transformation de produits agricoles : transformation de produits agricoles en produits prêts à la consommation. Exemple : aide aux planteurs de sisal pour fabriquer 118 des tapis. − Fabrication de produits durables : meubles, vêtements … − Commerce : commerce local et international de produits. Exemple : fonds de roulement pour une coopérative d’agriculteurs qui vend du café ou bien des artisants achètent un entrepôt pour mieux stocker leur produits. Critères de financement − Les prêts d’Oikocrédit sont destinés à des groupes de personnes n’ayant pas accès aux crédits bancaires usuels dans les pays en voie de développement : institution de micro-finance, coopératives ou entreprises présentant un potentiel d’impact social. − Les initiatives doivent être financièrement viables et gérées de façon adéquate. − Oikocrédit favorise tout spécialement les projets qui impliquent des femmes dans la gestion et/ou la mise en œuvre. − Les répercussions du projet sur l’environnement et la protection des animaux font l’objet d’une attention particulière. − Oikocrédit offre à ses investisseurs un rendement social élevé et a pu toujours offrir un rendement financier stable. Pour Oikocrédit, il ne fait aucun doute que les plus défavorisés peuvent se construire une existence meilleure à condition qu’on leur donne leur chance. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca www.oikocredit.org je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage Quand les femmes prennent les choses en main Cocovico, Côte d’Ivoire « Quand mon mari a perdu son emploi après les troubles politiques récents, notre vie s’est transformée en cauchemar. J’ai dû prendre les choses en main et j’ai décidé de devenir membre de la coopérative de vendeurs de produits alimentaires, Cocovico. J’ai commencé à vendre des tomates sur le marché et ce que je gagnais nous a permis d’envoyer notre fils à l’école et de construire notre maison. » Gbmamblé Lou Zamblé Philomène est l’une des commerçantes de Cocovico, cette coopérative qui compte s’installer sur le tout nouveau marché d’Angré à Abidjan, dont la construction vient de se terminer. L’initiative du marché de Cocovico s’inscrit dans la tradition d’une première génération de femmes décidées qui ont créé des marchés locaux à Abidjan. Ces femmes, exclues des marchés aux emplacements onéreux et surpeuplés, ont formé des groupes qui n’avaient d’autre choix que de s’installer dans les faubourgs de la capitale pour y démarrer leur commerce. Elles ont dû se battre pour gagner leur vie et pour faire face aux procédures administratives destinées à légaliser leurs initiatives et leurs commerces, malgré leur illettrisme. D’autres femmes, plus instruites, regroupées dans des structures coopératives comme Cocovico, ont bientôt suivi leur exemple. Oikocrédit travaille depuis le milieu des années quatre-vingt-dix avec des coopératives de ce genre ; Cocovico ayant eu un fort impact sur la communauté, grâce à l’autonomie accordée à ces femmes, Oikocrédit a souhaité aller plus loin : outre une aide financière sous forme de micro-crédit, ces femmes ont également pu bénéficier d’un soutien moral et technique. Une histoire de liberté Omro, Roumanie Après avoir hérité d’un lopin de terre en 1991, Andor Fejer, qui était tailleur de métier, a cherché un avenir meilleur dans l’agriculture. Il s’est acheté un petit tracteur, s’est installé dans son village natal et a commencé à travailler la terre. Mais après cinq dures années, les résultats se sont avérés décevants. « J’ai alors décidé de revenir à mon métier : tailleur. J’ai voulu investir tout mon argent mais ce n’était pas suffisant pour démarrer une affaire, c’est pourquoi, en 2001, je me suis adressé à l’Omro qui nous a fait confiance, à moi et à ma femme, pour nous aider à investir dans une nouvelle machine à coudre. » Cette histoire est celle de nombreux petits entrepreneurs dont l’espoir de liberté s’est réalisé après la chute de Ceaucescu. Enfin libérés, de nombreux Roumains se sont alors demandé comment user de cette liberté, dans quelle activité s’engager. Certains n’ont pas encore trouvé de réponse. D’autres ont vu leur vie et leur profession évoluer considérablement . L’Omro octroie des prêts aux petits entrepreneurs de Roumanie depuis 1995. Cette institution de micro-finance fait partie du réseau d’IMF « Opportunity International » qui entretient des relations étroites avec Oikocrédit . je cherche un financement pourmon monprojet projet je cherche un financement pour 119 outils SIDI La Sidi, qui intervient auprès de cinquante partenaires dans plus de 35 pays, leur apporte deux éléments complémentaires : − Un soutien financier, sous forme de prise de participation (donc à long terme), ou lorsque ce n’est pas possible, sous forme de prêt à des conditions « douces » (en monnaie locale, taux d’intérêt faible). Les apports financiers sont fonction des demandes des partenaires. − Un soutien « technique » : en plus d’opérer un suivi des opérations des partenaires, la Sidi leur apporte, à la demande et au cas par cas, un appui dans divers domaines tels que la comptabilité, l’informatique, la formation, la gestion… Ce double soutien, financier et technique, permet aux 50 partenaires de la Sidi de développer leur activité : de statuts différents (coopératives, banques solidaires, institutions de micro finance…), tous sont spécialisés dans le petit prêt à court terme (ce qu’on appelle le « micro crédit ») aux entrepreneurs, artisans, commerçants ou paysans, qui ont un projet économique mais ne parviennent pas à le financer. La Sidi veille en permanence à la « viabilité sociale » de ses partenaires : amélioration durable de la situation économique et sociale, du bénéficiaire mais aussi de sa famille. Il s’agit d’aller plus loin que la simple vérification du taux de remboursement des prêts, pour voir dans quelle mesure cet accès aux ressources financières permet aux populations défavorisées de, peu à peu, voir leur situation s’améliorer. Dernièrement, par exemple, des partenaires péruviens ont demandé à la Sidi de siéger pendant cinq ans au sein de leurs conseils, pour réfléchir à la meilleure manière de prendre en compte les problèmes qui se posent, alors que les défis sont multiples : l’état des pistes, l’accès à l’eau, les problèmes de santé, l’éducation etc www.sidi.fr 120 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS témoignage Claire, une cliente de TIMPAC, partenaire Sidi au Togo Au nord du Togo, dans la région des Savanes, le village de Naki-Est n’a pas la chance d’avoir un marché hebdomadaire, la petite école élémentaire en tôle est récente et la plupart des femmes sont illettrées. Elles doivent aller à Dapaong pour vendre leurs récoltes de céréales ou d’oignons, et la période de soudure est souvent difficile pour la famille. Quand Adèle, l’agent de crédit de TIMPAC (qui signifie « effort » en langue locale, le moba) arrive à Naki-Est sur sa moto un mois avant la récolte de l’année 2000, Claire se prépare à ramasser ses oignons mais elle sait que, comme tous les ans, elle devra les revendre à bas prix à cette époque de l’année : elle n’aura pas le choix. Elle écoute Adèle expliquer comment TIMPAC a prêté de l’argent a des femmes du village voisin pour faire du stockage de céréales. Débute alors pour elle une entreprise qu’elle ne se savait pas capable de mener à bien. Avec 5 de ses voisines, elle monte une association solidaire, qui dépose 100 euros auprès de TIMPAC : un mois après, TIMPAC leur débloque un prêt de 300 euros qu’elles se répartissent. Avec cet argent, Adèle peut conserver une partie de sa récolte dans un petit grenier à côté de sa case. Elle la revendra quelques mois plus tard, au marché de Dapaong, au double du prix d’aujourd’hui. Depuis cette année, elle a remplacé le rideau en pagne qui fermait sa case par une porte en bois, elle peut utiliser régulièrement du savon pour laver ses 2 enfants, qui font maintenant 3 repas par jour, et elle a décidé de mettre sa petite fille à l’école : c’est le plus grand rêve de la plupart des femmes de Naki-Est. La famille d’Hassan, cliente de l’UGPM, partenaire Sidi au Sénégal. Hassan a 48 ans. Il vivait à Dakar, mais il est revenu à Bayeme, son village à 5 km du « goudron », à la demande de son père. A la mort de celui-ci, il est resté sur l’insistance des anciens. Mais c’était sans enthousiasme : sur 4 hectares de cultures vivrières (les 4 M : Manioc, Mil, Maïs, Maraîchage), comment faire vivre une famille de 17 personnes « Hassan est adhérent à l’UGPM, l’Union des Groupements Paysans de Méckhé. Avec le soutien de la Sidi, cette union a mis en place récemment un programme de financement des exploitations familiales, nommé « Kiiraayu ker gi « (« Tout ce qu’on fait concourt à la protection « en Wolof). Pour la ferme « Ngaraf Keur Bay Hassan », cette mise en place s’est faite en janvier 2004. Hassan a bénéficié de trois prêts, d’un total de 1 287 euros, pour l’investissement, le fonds de roulement, et une autorisation de tirage en cas d’urgence. Avec cela, la physionomie de l’exploitation s’est transformée. Le petit frère fait de l’embouche avec une vache et 3 bœufs, et a ouvert la seule boutique de produits de première nécessité du village ; l’épouse de Hassan et une belle-sœur ont chacune un petit troupeau de moutons, et ont acquis ensemble un bélier reproducteur ; la femme d’un autre frère prépare et vend de la bouillie de mil ; les enfants élèvent des pigeons ; l’achat de quelques matériels agricoles sommaires, tirés par le cheval, a permis de dégager du temps pour ces activités complémentaires. Il est trop tôt pour parler de succès ou d’échec, mais Hassan nous dit qu’il est maintenant confiant en l’avenir. Il ne se sent plus menacé par les risques inhérents à une activité uniquement agricole et vivrière. je cherche un financement pourmon monprojet projet je cherche un financement pour 121 par dominique carliez devenir un actionnaire solidaire L a réussite de l’entreprise repose avant toute chose sur la qualité des personnes qui la composent, des relations entre ces personnes et son environnement socioéconomique : clients, fournisseurs, banquiers, comptables, éventuellement juristes seront des acteurs déterminants dans son histoire. Parmi ces différents acteurs, il en est un qui peut tenir une place privilégiée dans la période du démarrage et les premières années de cette vie, c’est l’investisseur solidaire de proximité. A la fois dans l’entreprise comme associé et à l’extérieur en tant que possédant une identité propre, cet investisseur est un médiateur entre l’entreprise et son environnement : − Il apporte le complément de capital nécessaire au bon démarrage, constitue le premier regard confiant dans l’avenir du projet et permet une relation plus équilibrée avec la banque. − Il est un oeil extérieur mais impliqué et bienveillant, hors des rapports de pouvoir, permettant ainsi des conseils pertinents. − Il fait bénéficier l’entreprise de son expérience des entreprises du même domaine d’activité et du réseau dans lequel il est inséré. Avec un club Cigales, l’entreprise peut bénéficier de compétences spécifiques réunies au sein de ce groupe de bénévoles. Il n’est pas indifférent de constater qu’alors que, selon les statistiques officielles, la moitié environ des entreprises créées ne franchissent pas le cap des cinq ans, celles qui sont accompagnées par un 122 investisseur de type Cigales - Garrigue obtiennent plus de 80 % de chance de réussite. Mais pourquoi l’investisseur solidaire de proximité possède-t-il toutes ces vertus ? Ce n’est pas dû à des qualités intrinsèques qui le rendraient meilleur que les autres... mais bien parce que la proximité lui permet de privilégier la qualité de la relation elle-même, davantage encore que l’objet de cette relation, l’argent. A ce titre, il ne peut exister d’institution financière réellement solidaire, seul l’être humain est capable de solidarité ; au-delà du retour financier – qu’il ne néglige pas pour autant – l’investisseur solidaire, et en cela il se distingue aussi de l’investisseur institutionnel de l’économie sociale au sens juridique du terme, profitera de retours humains « affectifs » : la satisfaction de voir exister près de chez lui une entreprise, qui est un peu la sienne, faisant vivre de leur travail des femmes et des hommes qu’il connaît, en procurant par ce travail des services et produits utiles à d’autres personnes d’un même territoire. Il s’attachera donc à financer et accompagner des activités répondant à de réels besoins sociaux et environnementaux, s’inscrivant dans un territoire à échelle humaine. C’est pourquoi le club Cigales, en assurant ce lien social sans intermédiaire, constitue la référence dans le domaine de l’investissement solidaire de proximité. Hors de la quête de puissance et du profit maximum, il peut ainsi se construire dans l’économie du territoire des rapports économiques plus humains ! Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Dominique Carliez Président de la Fédération des Cigales je cherche unE actionnaire solidaire Cigales Comment intervient-elle ? Dans une entreprise à utilité sociale Les Cigales interviennent sous la forme de prise de participation dans le capital de société de nature collective (SARL, SA, Scop, Scic...) en création ou en développement/ recapitalisation (les entreprises individuelles ne rentrent pas dans le cadre de ce dispositif). La participation dans l’entreprise, en capital et éventuellement en compte courant associé (à condition d’être déjà présente au capital à hauteur de 5 %), est volontairement réduite. En effet, l’objectif est d’accompagner l’entreprise débutante, et non de la contrôler. Les Cigales accompagnent le développement de l’entreprise pendant une période de 5 ans renouvelable : au soutien financier s’ajoute un soutien moral et technique. En tant qu’actionnaire, la Cigales est représentée aux assemblées générales et peut faire valoir son pouvoir consultatif. La Cigales peut apporter par ailleurs une aide en termes de conseils dans les domaines les plus divers : comptabilité, gestion, communication, effet de réseau... L’ensemble de leurs activités (intervention financière et accompagnement) fait l’objet de deux conventions négociées avec le porteur de projet au moment de l’investissement initial, afin que la transparence de l’intervention de tiers vis-à-vis de l’entrepreneur soit totale. Une première convention d’accompagnement désigne notamment les cigaliers chargés de représenter le club au moment des assemblées générales et des réunions d’associés, et de mobiliser le réseau de compétences du club. Une seconde convention est chargée de régler les modalités d’estimation de la valeur de la part ou de l’action et les conditions de sortie du club au terme des cinq ans. Dans une association à activité économique Les Cigales peuvent également investir dans des associations : en apport avec droit de reprise depuis 2001, sur une durée élaborée avec les responsables de l’entreprise. La Cigales négocie alors les conditions de sa participation qui doit avoir du sens : en tant qu’associée, elle doit adhérer à l’association, éventuellement devenir membre du conseil d’administration, aider si nécessaire à la tranformation juridique de l’association. L’ensemble des modalités du partenariat est défini dans une convention signée entre la Cigales et l’association. www.cigales.asso.fr témoignage Brasserie La Cornue (13) La Brasserie La Cornue est une brasserie artisanale crée fin novembre 1997 en plein coeur du Pays d’Aix, à Eguilles. Sous statut SARL avec une seule personne travaillant de manière non rémunérée durant deux ans, elle emploie actuellement quatre personnes. Première brasserie artisanale ouverte en PACA, elle s’inscrit dans le renouveau brassicole français, membre de Brasseurs de France, tout en s’en démarquant par ses méthodes de fabrication et son choix de production entièrement biologique certifié (contrôle ECOCERT). Comment La Cornue en est-elle venue aux Cigales ? “Je connaissais assez bien un cigalier Aixois, qui m’a proposé si nécessaire de monter un dossier. Etant plutôt alternatif moi-même et ne souhaitant pas faire appel à des financiers purs et durs - que nous avons tout de même rencontrés à de nombreuses reprises -, m’adresser à ces investisseurs m’intéressait. Ce membre de la Cigales, à qui le projet d’investissement tenait particulièrement à coeur, s’est occupé pour une grande part des éléments que je lui remettais. Ensuite, une réunion entre ce club Cigal’In et moi-même a été organisée classiquement.” (Jean-Jacques Cornu) Lors d’une recapitalisation pour combler les déficits antérieurs et faire de nouveaux investissements, Cigal’In a investi 6100 euros dans la Brasserie La Cornue. L’apport du club sans être décisif a permis alors à la brasserie de boucler son “tour de table” et de poursuivre ainsi son activité. Une relation de confiance “La Cigales n’a pas cherché à s’approprier la SARL en ne dépassant pas la minorité de blocage. Je n’ai pu noter aucune pression supplémentaire à celle des banques et des administrations, si ce n’est morale! Pour moi, ce sont les remerciements qui priment pour Cigal’In. Et je souhaite aux Cigales du courage pour continuer et du discernement dans le choix de leurs projets soutenus !” (Jean-Jacques Cornu) Brasserie La Cornue ZI Petit Valadet, 75 Chemin Valadet - 13 510 Eguilles - & 04 42 29 75 01 - www.lacornue.fr je cherche un financement pour mon projet 123 outils GARRIGUE Pour bénéficier d’un financement GARRIGUE, les entreprises doivent privilégier l’utilité sociale reposant sur 4 critères principaux : − Production d’utilité sociale, définie selon : a. la nature du produit, défini comme «durable», c’est-àdire un produit ou un service répondant à une demande sociale et ne poussant ni à la consommation inutile ni au gaspillage et préservant ainsi l’environnement physique et humain sur le long terme. b. l’accessibilité des emplois créés : les choix inscrivent l’action dans un cadre de lutte contre l’exclusion c’està-dire tentent d’ouvrir l’emploi à ceux qui en sont exclus par ailleurs. − Respect de l’homme et de l’environnement − Fonctionnement démocratique : Garrigue privilégie les entreprises mettant en oeuvre une forme de management fondée sur des relations de solidarité et de partenariats tant internes qu’externes. − Viabilité économique : C’est la condition nécessaire pour assurer la pérennité des activités et des emplois créés et accompagner le développement des participations. GARRIGUE place l’argent de ses actionnaires en fonds propres d’entreprises : le financement se fait sous la forme de prises de participations minoritaires (en générale comprises entre 5 et 30 % ) au capital de sociétés en création ou en développement (en général de moins de 7 ans). Il peut être éventuellement complété par un apport en comptes courants d’associés. La prise de participation s’effectue dans des entreprises, en général TPE (très petites entreprises) et PME (petites et moyennes entreprises), en nom commercial : société anonyme (SA), société à responsabilité limitée (SARL), société coopérative (SCOP), société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). La durée d’intervention de Garrigue est fixée à 5 ans. A l’issue de cette période, l’objectif de GARRIGUE est de revendre sa participation dans la société, totalement ou partiellement, aux salariés de la société. Ces parts peuvent également faire l’objet d’un rachat par des particuliers ou des institutionnels. Les financements maximum accordés s’élèvent à : Apports en capital Apports en comptes courants Entreprise en création 5 000 euros 10 000 euros Entreprise en développement 30 000 euros 30 000 euros SOFINEI - MODALITES D’INTERVENTION POUR LES ENTREPRISES D’INSERTION Qui peut bénéficier d’une prise de participation par Sofinei ? Seules les entreprises d’insertion, adhérentes au CNEI, peuvent bénéficier d’un financement de Sofinei. Pour bénéficier du concours de Sofinei, les entreprises d’insertion doivent, conformément à la loi sur les sociétés coopératives, en être sociétaires. Le montant du capital détenu par l’entreprise d’insertion doit être au minimum égal à 1 % du montant initial du concours accordé et au minimum à 3 parts sociales. Quel type d’intervention ? Sofinei prend des participations minoritaires dans les entreprises d’insertion. 124 www.garrigue.net www.cnei.org Comment déposer une demande d’intervention ? Il est nécessaire de se rapprocher du pôle d’ingénierie financière de son Union Régionale et du CNEI pour monter le dossier financier. Le dossier est ensuite analysé par ESFIN-GESTION (IDES). Le dossier est alors proposé au Comité d’Engagement de Sofinei, composé de cinq membres minimum. Le dispositif est en train de se mettre en place et sera opérationnel dès l’automne 2006. Les modalités précises d’intervention seront alors disponibles auprès de l’UREI PACA. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je cherche unE actionnaire solidaire témoignage GARRIGUE AUTOPARTAGE-PROVENCE (SARL Coopérative de Consommation) Vous habitez le centre de Marseille, en temps normal vous vous déplacez à pied ou en transports en commun, mais occasionnellement vous avez besoin d’une voiture pour quelques heures. La voiture partagée est faite pour vous ! L’AutoPartage est un service de location de voitures acquises en commun pour de courtes durées (une heure à une journée) sur abonnement. Outre l’optimisation économique et la moindre pollution, ce système de voiture partagée permet aussi de réduire les problèmes de stationnement et assurent plus de convivialité et de sécurité. Cela permet de baisser globalement l’utilisation de l’automobile et de moins occuper d’espace urbain : Une voiture partagée en remplace six à sept personnelles ! Ce sont autant de places de stationnement libérées susceptible de réintégrer l’espace public commun ! Les véhicules sont garés sur des places réservées à proximité de l’utilisateur, celui-ci y accède sur simple appel téléphonique ou en réservant par internet. Les véhicules sont accessibles 24h/24 sans autre formalité. Avec l’AutoPartage, tout est compris : voitures, assurance, parking non loin de chez vous et même le carburant ! Le fait d’adhérer à une organisation de voitures partagées permet souvent de constater qu’il est finalement possible de vivre sans voiture. C’est peutêtre le principal intérêt de cette formule innovante. Garrigue est intervenu à hauteur de 40 000 euros dans AutoPartage Provence dont 6 parts sociales (et fait ainsi partie des sociétaires investisseurs) et un prêt en compte courant d’associés de 34 500 euros. La société de capital risque a également mis en place une offre de mobilisation commune de l’épargne avec AutoPartage Provence. D’autres financeurs solidaires1 ont également investi dans la société : − la Cigales Décibelle de Marseille à deux reprises pour un total de 9000 euros. “En 2002, nous avons rencontré la coopérative Autopartage Provence dans le cadre d’un Club d’Investisseurs Solidaires, Cigales, que nous avions co-fondé à Marseille. Le projet nous a semblé emblématique, à plusieurs titres, des sujets sur lesquels nous travaillons : choix d’une gouvernance collective, d’une lucrativité régulée des capitaux investis, nécessité de transformer les modes culturels de rapport à la consommation, promotion d’une qualité de vie partagée, positionnement concurrentiel etc.. Le Club Cigales a choisi de s’associer à la prise de risque initiale, ce qui nous a permis d’expérimenter la mise en place d’une relation d’associé solidaire.” indique Philippe Oswald (cigalier de la Cigales Décibelle). La Cigales est un sociétaire investisseur de la coopérative. − Esia a accordé un prêt de 60 000 euros après une analyse financière poussée d’AutoPartage Provence pour soutenir cette entreprise. − La Fondation Macif a versé une subvention de 9000 euros pour l’achat d’un véhicule supplémentaire. La coopérative compte aussi trois autres sociétaires particuliers investisseurs, dont le gérant. Son capital social est également abondé par les sociétaires usagers. La dimension participative représente 40 % des apports financiers et la totalité du capital social d’AutoPartage Provence. Cette démarche participative a été déterminante pour permettre à la coopérative de se lancer et de se développer. Elle bénéficie d’un soutien public avec des subventions du Conseil régional et du Conseil général, notamment au regard de sa démarche innovante bénéfique pour l’environnement. Suite à un diagnostic stratégique réalisé par la Scop Place sur sa politique financière, pour se développer, la coopérative AutoPartage Provence fait aujourd’hui appel à ses usagers sous deux formes de finances solidaires : l’acquisition de parts sociales ou le prêt financier à moyen terme (titres participatifs). Informations tirées du Diagnostic de l’impact financier de la démarche participative de la coopérative AutoPartage Provence. Mise en Perspective, Scop PLACE, novembre 2005. 1 Contact : Yvon Roche - 134 rue de Rome, 13006 Marseille - & 04 91 00 32 94 [email protected] - www.autopartage-provence.com je cherche un financement pour mon projet 125 par fabrice sanchez Les finances solidaires, c’est également s’impliquer ensemble pour un projet. Décider collectivement de se lancer dans un projet et de le financer ensemble. Comment, au sein d’un même territoire, d’un même collectif ou d’une même communauté peut-on s’entraider et se soutenir financièrement ou intervenir financièrement dans une initiative, un projet ? A titre d’exemple, voici un échantillon de différentes initiatives toutes innovantes qui ont en commun d’avoir été financées collectivement par leurs porteurs. Que ce soit dans le domaine du foncier agricole, du logement ou de l’entraide entre associations, il est possible de partager un objectif commun et de réunir ensemble des fonds impossibles à trouver seul. Foncier agricole,comment associer les citoyens à la préservation de leur patrimoine économique ? Une mobilisation obligatoire en ces périodes de guerre ou une conscience individuelle nous rendant motivé et prêt à agir. de façon anarchique en accentuant les conflits entre agriculteur et les autres catégories d’utilisateurs. La tendance actuelle va vers une disparition de l’agriculture. Pourquoi mieux maîtriser le devenir des zones présentant des enjeux agricoles importants ? Le foncier est une ressource finie, non reproductible et non renouvelable, qui assume des fonctions fondamentales pour les sociétés. La question foncière dans les espaces ruraux apparaît de plus en plus comme un enjeu majeur. Le foncier est le support de l’activité agricole et forestière et des autres activités économiques. Il est également la matière première de l’aménagement des urbanistes. L’agriculture contribue à : − répondre à une demande croissante des consommateurs de mieux connaître l’origine des produits qu’ils consomment et les conditions de production, − réapprendre la saisonnalité des produits, la spécificité des terroirs, en développant des circuits courts entre producteurs et consommateurs et en contrôlant la qualité dans la chaîne de distribution, − maintenir une agriculture de proximité, − participer à la gestion des risques naturels, − créer et façonner des paysages vivants, − développer une diversité biologique. En France, le nombre d’entreprises agricoles diminue de 2,5 % par an depuis le début du 21ème siècle, rythme un peu ralenti par rapport aux 3 % annuels de la fin du 20ème siècle (étude du Ministère de l’Agriculture juillet 2006). Parallèlement, les exploitations individuelles représentent moins de deux sur trois exploitations contre neuf sur dix en 1988. Les agriculteurs sont poussés à fonctionner en commun (groupements agricoles d’exploitation en commun GAEC, entreprises agricoles à responsabilité limitée EARL, coopérative d’utilisation de matériel agricole CUMA, ...). Si la régulation entre les différents usages du sol devait se faire par l’ajustement entre l’offre et la demande, les terres agricoles disparaîtraient à un rythme accéléré. Ce sol qui permet de produire tout ce dont nous avons besoin pour nous alimenter, est actuellement de plus en plus convoité, exploité, sujet à des spéculations de tout ordre. Dans une perspective de développement durable et de maintien de notre indépendance et de notre sécurité alimentaire, la question de la maîtrise de l’usage des sols revêt, aujourd’hui, une acuité particulière pour l’ensemble de la société. (extrait du rapport du Conseil économique et social sur la maîtrise foncière clé du développement rural, 2005). Le laisser faire du marché risque à terme d’augmenter la consommation de terres pour des usages non agricoles et ainsi de faire croître les prix Aujourd’hui, la valeur travail est dévalorisée par rapport à la valeur capital. Avec la revente de sa propriété, un agriculteur peut obtenir 150 années 126 Pourquoi concilier le maintien de l’agriculture avec la dynamique économique du territoire ? Face à la pression foncière, à la déprise agricole, à une population agricole vieillissante, au développement des réseaux routiers, les surfaces agricoles disparaissent, d’une part au profit du bois, des friches et des landes, essentiellement à partir des surfaces en herbe, et d’autre part de l’urbanisation. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca nous finançons nous-mêmes notre projet de revenus de son travail. Peut-on penser qu’un jour la terre soit préservée de cette spéculation financière et utilisée pour notre indépendance et de notre sécurité alimentaire ? Elle serait confiée, en conséquence à des paysans pour la cultiver dans le cadre d’un bail et d’une charte de qualité. questions ponctuelles. En effet, rien ne garantit que les ayant-droit des sociétaires maintiendront leur participation à la société, même si l’apport en capital peut être perçu comme un don au départ. Pour sortir de ces sociétés, il faut trouver un acquéreur de ses parts. Quels enjeux de l’épargne de proximité et solidaire pour l’acquisition foncière ? Pour faire face à la spéculation foncière et pour maintenir une agriculture paysanne, des systèmes collectifs se constituent pour soutenir et/ou développer des projets agricoles, voire agri-ruraux. L’achat collectif de foncier permet de poser la question du sens des actions et des motivations des personnes qui s’impliquent : − partager sa finalité, − agir pour le développement de leur seul territoire, en impliquant des personnes et des organisations dans un projet ou en soutien à un type d’activité : moyen de financer l’accès au foncier, d’éviter l’endettement qui grève l’activité, − soutenir la création et le maintien d’activités proches et re-créer du lien social dans les territoires ruraux, − séparer la propriété de l’usage, − lutter contre la spéculation immobilière et conserver la vocation agricole des terres ... Quelles possibilités de réponses à ces freins ? Pour pallier à ces problèmes, des outils juridiques et financiers d’accès collectif au foncier sont en cours de construction par l’association Terre de liens. Quels statuts de gestion collective de la propriété ? Les Sociétés civiles immobilières (SCI) qui sont constituées d’un groupe de personnes qui détiennent en commun un bien immobilier. Des associations ont développé des Sociétés civiles immobilières (SCI) territoriales qui ont pour but d’acquérir et de gérer des terres à vocation agricole pour lutter contre la spéculation foncière et développer une agriculture respectueuse de l’environnement à l’échelle d’un territoire (pays, agglomération, région…) et non pas à l’échelle d’une exploitation. (exemple, l’association Alliance Paysans consom’acteurs d’Ile de France a développé une SCI territoriale) Les Groupements Foncier Agricole (GFA) qui sont des SCI particulières au domaine agricole et qui donne droit à des avantages fiscaux. Quels sont les freins ? Ces différents statuts de gestion collective de la propriété ne constituent qu’une réponse à des Une Fondation pour recueillir des dons et des donations, en espèce et en nature, ce qui présentera un triple intérêt : − recueillir les dons destinés à un projet particulier − faire un appel public à la générosité pour soutenir des projets respectueux des valeurs − recevoir des donations, notamment de fermes, et ainsi maintenir sur le long terme le projet de ces fermes, malgré les aléas de la transmission (frein à la spéculation immobilière). La Fondation utilisera les dons d’espèces pour prendre des parts au capital de SCI, ou de tout autre structure autorisant la prise de participation par des personnes morales. Par cette démarche, les donateurs allégeront la gestion des sociétés (en limitant le nombre de détenteurs de parts), tout en étant assurés que leur apport ira au projet qu’ils souhaitent soutenir. Une Société en Commandite par Action (SCA) qui permettra les mutations de parts simplifiera la gestion, limitera les coûts, et permettra aux épargnants de bénéficier d’une déduction fiscale. Cette structure permettra à terme une mutualisation de la gestion des SCI. Cet outil est utilisé par Habitat et humanisme qui a pour objectif l’insertion par le logement des personnes défavorisées. Les collectivités locales pourront devenir actionnaires de la SCA et faire des dons à la fondation. Fabrice Sanchez Chargé de missions à l’Apeas Elle permet ainsi aux familles en difficulté d’accéder à un logement à faible loyer, situé dans un quartier socialement équilibré et de bénéficier d’un accompagnement de proximité favorisant une véritable insertion. Constituée le 31 décembre 1986 sous forme de SCI, la Société Foncière d’Habitat et Humanisme a été transformée en Société en Commandite par Actions (SCA) le 6 juin 1994. 1 je cherche un financement pour mon projet 127 pour aller plus loin Le projet de GFA de Saint-Zacharie Saint-Zacharie est un petit village provençal dans un cadre de verdure exceptionnel au pied du massif de la SainteBaume à 35 km de Marseille. A l’entrée du village, la ferme de Montvert, l’une des dernières ! Des fermiers partent à la retraite, une page de l’agriculture locale tourne. Quelques éléments historiques pour comprendre... Il reste peu de terres agricoles sur Saint-Zacharie, mais une révision du Plan d’occupation des sols votée en décembre 2001 prévoyait l’implantation de 10 000 m2 de zone commerciale sur les anciennes terres de Montvert achetées quelque temps auparavant (comme par hasard) par le propriétaire du supermarché local. Une association de défense de l’environnement : le Défens, s’est attelée à contrer ce projet et a porté l’affaire devant le Tribunal Administratif. En face des terres convoitées pour le supermarché, la commune s’est encore réservée 5 ha de terres agricoles pour y aménager des espaces verts (alibi pour masquer les aménagements nécessaires à l’implantation du supermarché ? ). Une promesse unilatérale d’achat est alors signée avec la Safer. Nous l’avons appris trop tard pour intervenir en temps voulu mais voilà donc encore quelques hectares de moins pour l’agriculture alors qu’un jeune qui vient d’obtenir son Bac Professionnel cherche en vain, des terres pour s’installer en maraîchage. En décembre 2002, la commune n’ayant pas réuni les fonds pour acheter les 5 ha, demande au Conseil général du Var de se porter acquéreur et de faire les aménagements piétonniers et cyclables qu’elle ne pouvait pas assumer. La constitution d’un collectif pour acheter les terres collectivement Un collectif se mobilise rapidement pour contrer ce projet, proposer une alternative et monter un GFA (Groupement foncier agricole) de façon à acquérir collectivement les terres sous forme de parts et permettre ainsi au jeune agriculteur de s’installer et étant en partie dégagé du poids du foncier. Les promesses d’engagement financier sont nombreuses. Beaucoup de gens se mobilisent. Nous faisons jouer le réseau associatif dans lequel, nombre d’entre nous sont impliqués au plan local. Ceci permet une rapide diffusion de l’information et une mobilisation rapide d’un réseau de proximité dès le départ. Cette action permet un report de la décision d’attribution par le comité technique de la Safer. 128 La mobilisation du réseau associatif. Le réseau associatif a beaucoup joué pour diffuser l’information. Plusieurs d’entre nous font partie d’une Amap. Ce réseau a permis de créer de nouveaux partenariats entre agriculteurs et consommateurs et de sensibiliser de nombreux consomm’acteurs aux préoccupations des agriculteurs, plusieurs se sont engagés à nos côtés pour soutenir le projet de GFA. Nous avons aussi mobilisé quelques personnes au plan national en diffusant des articles dans la presse. Le réseau Terre de Liens Cependant, le réseau local n’est souvent pas suffisant pour réunir suffisamment de fonds pour permettre l’acquisition. Il est nécessaire d’élargir rapidement le réseau des preneurs de parts potentiels. Nous avons donc travaillé avec l’association Terres de Liens qui fédère au plan national les projets d’acquisition collective de foncier agricole et qui travaille à la mise en place d’un outil de collecte d’épargne solidaire à destination du foncier. Nous avons tous des racines, des origines plus ou moins rurales, un ancrage plus ou moins fort dans un terroir... et certains ont le souci de préserver un patrimoine rural pour qu’il ne soit pas bétonné à tout jamais. La possibilité d’ouvrir l’épargne à destination du foncier était donc très intéressante dans un projet comme celui de SaintZacharie. La présence de Terre de Liens est également capitale pour mutualiser les expériences, mettre les gens en réseau afin de bénéficier des acquis des autres, échanger avec des membres de GFA existants, c’est important car on ne sait pas toujours comment aborder les choses. C’est aussi un soutien logistique non négligeable : d’autres sont arrivés à concrétiser une expérience de GFA mutuel, pourquoi ne pas bénéficier de leur expérience ? Négociations : un manque de volonté politique Nous avons rencontré le maire de la commune, contacté les syndicats agricoles, le conseil général du Var, la communauté d’agglomérations (GHB), le conseil régional mais hélas, ni la commune, ni la Safer n’ont souhaité revenir sur leur décision d’attribution à la commune. Les terres sont donc toujours en friches pour le moment. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Christine Coquio nous finançons nous-mêmes notre projet L’autre – Tout simplement une association Du DAL (Droit Au Logement) à Habitat et Humanisme, il existe de nombreuses initiatives dont l’objectif est de sensibiliser aux problèmes des sanslogis ou de répondre aux manques de logements sociaux. Mais saviez-vous qu’il existe dans les Bouches du Rhône depuis 10 ans une initative de proximité qui oeuvre sans bruit et avec beaucoup d’efficacité pour assurer une traduction concrète au Droit au Logement ? L’Autre représente une forme originale d’engagement vis à vis de l’autre qui allie financement et partage de connaissances. En effet, les initiateurs ne se sont pas contentés de recueillir des fonds défiscalisés car dédiés au logement des plus démunis, ils ont introduit une dimension engagement dans ce don. Engagement à assumer collectivement l’acquisition d’un immeuble via la caution solidaire d’un prêt, engagement à soutenir le parcours vers un logement décent et stable. Ils ont créé un outil à la fois simple, efficace et sans intermédiaire. Simplement L’achat collectif d’un immeuble dans un environnement de proximité. A Lambesc par exemple 80 personnes ont acquis un premier immeuble de 3 appartements dont 2 studios grâce à une cotisation annuelle de 20 euros chacun, puis passant à 120 cotisants, un 2ème immeuble de 2 appartements pouvant accueillir des familles Efficace De bouche à oreille, via le site municipal, à travers un réseau de contacts, les demandes affluent et sont retenues dans la mesure des places disponibles et de l’adéquation d’un accueil temporaire. Si la demande est compatible avec l’offre un contrat de mise à disposition gratuite de 3 mois, renouvelable une fois, est signé. Ce contrat est l’équivalent d’un bail et signifie aux personnes accueillies qu’elles sont chez elles et que leurs droits et devoirs sont les mêmes que tout locataire. Ils ne sont en rien les obligés de l’association, ils règlent leurs consommations de fluides et prennent en charge entre occupants l’entretien des parties communes. Sans intermédiaire Toutes les tâches d’entretien des immeubles, de gestion, de négociation, d’accueil et de suivi sont assurées collecivement et bénévolement. Tout se fait à partir de réunion mensuelle du conseil d’administration (une quinzaine de personnes). A partir de la demande, faite forcément en directe par la personne concernée -, un premier contact est organisé afin d’évaluer la pertinence d’un accueil temporaire/l’urgence de trouver un logement. Le suivi du contrat est assuré par 2 administrateurs et implique de se soucier du bon état du logement et de soutenir les démarches des logés pour trouver une solution pérenne. Du fait de ce service, volontairement minimal pour respecter l’autre, et de la proximité qu’offre le village (“vous passez tous les jours devant les effets de votre cotisation”), les membres de l’association acquièrent une réelle connaissance des difficultés du marché du logement, un savoir sur les politiques publiques (municipalité, Conseil GénéralEtat) menés sur leur village et aux alentours. Au contact des personnes logées, chacun peut mieux se rendre compte de l’écart entre sa réalité et celle de l’autre, des difficultés qui s’amoncellent et qui pourraient entraîner l’exclusion sociale. Et tous profitent du savoir accumulé dans l’association et de sa notoriété qui permet parfois d’éviter qu’un dossier ne s’enlise dans une administration. Il existe maintenant 4 implantations : Eguilles, Lambesc, Aubagne et Marseille. Cette initative peut se développer dans de nombreux endroits ! Contact : [email protected] & 06 19 55 19 97 je cherche un financement pour mon projet 129 ESCARCELLE Plusieurs associations, ayant pour objet de répondre aux besoins des personnes défavorisées, ont cherché un moyen de se regrouper pour mutualiser leurs besoins matériels et financiers. Un tour de table a été effectué entre les associations, Garrigue et Esia pour trouver la meilleure solution. Après avoir abondonné l’idée des tontines, les associations décident de créer un collectif régional d’associations. Ce collectif est créé en 2002 et se nomme “Escarcelle”. Ce collectif rassemble entre autres : Voisins Citoyens en Méditerrannée, les Mécanos du Coeur, Boud’Mer... Le fonctionnement est très participatif et il existe une volonté affichée de ne pas avoir de président. Le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) et le dispositif Pels (Projet d’Economie Locale et Sociale) de la Caisse d’Epargne ont abondé le fonds ainsi que les cotisations des adhérents. Le Conseil Régional a octroyé une subvention pour les frais de fonctionnement. Quatre missions caractérisent ce collectif : − solidarité entre les associations adhérentes ; − mutualisation des moyens, des biens, des compétences ; − prêt financier ; − formation de ses membres. La solidarité entre les associations et la mutualisation sont des activités importantes d’Escarcelle. Cela se traduit par des échanges entre les associations 130 ayant des moyens divers et variés qui se prêtent du matériel par exemple. Pour bénéficier du prêt, il faut être adhérent de l’Escarcelle depuis six mois. En effet, ce collectif ne veut pas être uniquement un instrument financier et cherche à faire sens et communauté entre les associations, d’où la volonté d’impliquer l’association demandeuse dans le collectif. Ce prêt doit être lié à un projet. La demande est discutée en assemblée plénière. Un débat suit cette présentation avec des avis de principe sur le contenu, le montage financier. Puis trois associations font une étude poussée du dossier pour la validation de la demande de prêt. Ce prêt est à taux zéro et l’échéancier est fixé par l’association obtenant le prêt, mais pour qu’il n’y ait pas endettement le maximum est de deux ans pour le remboursement. Aucune garantie n’est demandée. Jusqu’à maintenant, le montant maximum du prêt a été de 3 000 euros. Ce système de financement a permis par exemple d’acheter un système d’irrigation pour des jardins collectifs, l’achat de machines à laver pour une laverie à Marseille et d’un pont pour les mécanos du coeur. Escarcelle chez Voisins Citoyens Méditerrannée 80 rue Paradis, 13006 MARSEILLE & 04 91 33 39 86 [email protected] - www.vcm.1901.org Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite des aides et/ou des partenariats Différents dispositifs de partenariat public Créactives Avec Créactives, la Région souhaite contribuer à l’émergence et au développement d’activités répondant aux principes du développement durable, plus particulièrement dans les domaines de l’économie sociale et solidaire, et de l’environnement. Les projets concernés dans le secteur de l’économie sociale et solidaire : Les projets retenus doivent viser à redonner à l’activité économique une dimension plus humaine, plus respectueuse des caractéristiques sociales et culturelles des habitants de la région. Il peut notamment s’agir : − d’activités favorisant le lien social avec les personnes écartées du marché du travail, − d’activités initiant des modes d’échanges personnalisés, − d’activités proposant des manières nouvelles de consommer. − secteur environnement : Les projets retenus dans le domaine de l’environnement, doivent concourir à la qualité du territoire, à la sensibilisation et à la qualification des métiers du secteur. Il peut notamment s’agir : − de l’entretien de l’espace, − d’activités environnementales collectives. Créactives s’adresse à des associations, des coopératives et des Scic (Société Coopérative d’Intérêt Collectif ), désireuses de participer à la création d’une activité nouvelle dans ce domaine, soit directement, soit en accompagnement. Le principe de conventionnement pluriannuel (trois ans) leur garantit un engagement de la part de la Région. Contact :Service Emploi du Conseil Régional PACA - 27 place Jules Guesde, 13481 MARSEILLE Cedex 20 & 04 91 57 55 15 (fax : 04 91 57 55 16) Le F.R.I.S. (Fonds Régional d’Innovation Sociale) La création du F.R.I.S. répond à plusieurs objectifs : − Favoriser, soutenir et renforcer les initiatives et les projets portés par des collectifs de sans-emploi ; − Contribuer à faire évoluer le statut et la place des chômeurs dans la société ; − Favoriser l’expression publique des populations sans-emploi, en leur permettant de se mobiliser et d’échanger ; − Soutenir des projets collectifs qui apportent une valeur ajoutée. Le Fonds est conçu pour accompagner le démarrage de projets innovants et des créations sociales dans tous les domaines (entraide, culture, sport, créations économiques et collectives). Les initiatives proposées doivent être portées par des associations, non par des individus. Ces associations de chômeurs ou de sans-emploi doivent répondre à plusieurs critères : − Comporter, dans leurs instances de décision une majorité de chômeurs et de personnes en situation précaire ; − Avoir été créées par des chômeurs. Contact :Service Emploi du Conseil Régional PACA - 27 place Jules Guesde, 13481 MARSEILLE Cedex 20 & 04 91 57 55 26 (fax : 04 91 57 55 16) je cherche un financement pour mon projet 131 Ministère Jeunesse et Sports - Dispositif Envie d’agir Défi jeunes, concernant les jeunes et leur engagement − Qui peut y prétendre ? Tous les jeunes âgés de 18 à 30 ans − Quels sont les dispositifs mis à la disposition des jeunes ? Le volet Défi du programme Envie d’agir met à la disposition des jeunes un dispositif qui est le concours régional Envie d’agir Défi. Ce concours concerne les projets structurés ayant un impact sur le projet de vie du jeune et souvent une visée professionnelle. − Montant de l’aide accordée ? Un prix d’un montant pouvant aller de 1 600 à 8 500 euros peut-être accordé aux lauréats régionaux, attribué par un jury régional devant lequel chaque jeune présente son projet. Les jury régionaux se réunissent une à trois fois par an. − Comment s’inscrire ? Pour s’inscrire, il faut d’abord prendre contact avec la direction départementale de la Jeunesse et des Sports de son département. La préparation d’un Défi peut prendre plusieurs mois et nécessiter un accompagnement adapté afin de réunir les meilleures chances de réussite devant le jury régional et, une fois l’aide obtenue, dans la mise en œuvre du projet. Toutes les informations concernant cet accompagnement seront fournies par la direction départementale de la Jeunesse et des Sports. Contact :Jean-Paul MIGNON - Correspondant Envie d’Agir [email protected] - & 04 91 62 83 00 - www.enviedagir.fr/ PS : Ce n’est pas spécifiquement un financement dédié à des projets d’économie solidaire, mais l’utilité sociale du projet apparaît clairement comme l’un des critères de choix dans le financement des projets Financements par le Conseil Général Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône a inscrit dans ses politiques publiques, une action volontariste en vue d’accompagner le développement de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Dans cette perspective, il a créé une délégation en avril 2001. Le Conseil général entend promouvoir les différentes formes dynamiques de l’économie qui se réfèrent aux valeurs de solidarité et de gestion démocratique. Qu’il s’agisse des sociétés coopératives, du mouvement mutualiste ou des associations impliquées dans les domaines économique, social, culturel, humanitaire et de manière plus générale des structures qui au-delà de leur statut juridique contribuent au développement des territoires et à la qualité de vie de leurs habitants. Les interventions du Conseil général revêtent la forme de subventions d’équipement et de fonctionnement. La Délégation apporte son soutien et contribue également à la promotion de l’ESS avec l’ensemble des acteurs. Depuis le 1er janvier 2002, cette délégation dispose d’un budget et de deux cadres : l’un affecté à la Direction Générale adjointe de la Solidarité, l’autre rattaché à la Direction de l’Economie. Ce choix reflète la nécessité de conjuguer les politiques publiques du Conseil général qui s’inscrivent dans les champs de l’Economie et de la Solidarité. En 2002, elle a soutenu 45 projets dont 25 dans le cadre d’un appel à projets spécifiques. Ces projets concernent des secteurs variés tels que : protection de l’environnement et énergies renouvelables, traitement et valorisation des déchets verts, traitement et valorisation des déchets plastiques, commerce équitable, humanitaire de proximité, santé et humanitaire international, jardins solidaires, production de jeux valorisant les valeurs de l’ESS, tourisme équitable, offre de véhicules partagés, financement solidaire et logement, culture et services de proximité. Sur la base des premiers résultats et en concertation avec les acteurs de l’ESS, le Conseil général entend conforter la dynamique instaurée dans le département et poursuivre l’effort engagé en vue d’accroître la visibilité de l’ESS. Contact :Conseil Général des Bouches-du-Rhône - Economie solidaire Geneviève AUNE : & 04 91 21 29 34 - Patrick BENOLIEL : & 04 91 21 22 51 www.cg13.fr/?page=economiesolidaire 132 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite des aides et/ou des partenariats pour aller plus loin Comment le Conseil général soutient-il la finance solidaire ? Au cœur de ses orientations, la politique publique du Conseil général en faveur de l’économie solidaire met l’accent sur la pérennité, la modernisation et la diversification des activités nouvelles générées par les entreprises solidaires du département des Bouches du Rhône. A cet effet, la mise à jour d’une offre financière solidaire adaptée aux besoins de ces entreprises, est aujourd’hui une réalité parfaitement maîtrisée par Esia, organisme d’intermédiation bancaire, qui outre son expertise financière participe pleinement à la mobilisation des banques de l’économie sociale, partenaires des pouvoirs publics. L’exécutif départemental apporte depuis 5 ans son concours à la mise à disposition des entrepreneurs solidaires, d’une expertise financière indispensable et abonde financièrement un contrat d’apport associatif, récemment complété par un fonds d’amorçage. A ces outils s’ajoutent bien entendu les instruments pour lesquels Esia bénéficie de son affiliation au Réseau National France Active : société d’investissement France Active (SIFA) et Fonds Commun de Placement Insertion Emploi (FCPIE), autant d’outils qui drainent l’épargne salariale solidaire, renforçant ainsi les fonds propres des entreprises, pour un montant de 4 millions d’euros, concernant près de 3 000 emplois dans notre département. Conseil général 13, Délégation ESS Capital Local Solidaire Capital Local Solidaire (CLS) vise à contribuer localement à la création d’activités économiques en repérant et en accompagnant la création de micro-projets d’économie sociale et solidaire. Il s’agit de fonds accordés par le Fonds Social Européen, dans le cadre de l’objectif 3, mesure 10b. Pendant 12 mois, les porteurs de projets (structures locales et porteurs de projet individuels) bénéficient d’un accompagnement technique (conseil personnalisé, expertise, formations, mise à disposition de matériel informatique...) et financier (subvention au fonctionnement et à l’investissement ou bourse d’achat). Le dispositif a déjà pris fin dans les Bouches du Rhône et prend fin d’ici la fin de l’année 2006 dans les autres départements. Ce financement sera reconduit mais les modalités ne sont pas encore connues. Les structures suivantes pourront vous renseigner sur le devenir du CLS. Bouches-du-Rhône Marseille Services Développement : www.marseille-msd.org/ Vaucluse Boutique de Gestion Activ Conseil : www.boutiques-de-gestion.com Alpes-Maritimes Coordination Locale des Acteurs de l’Insertion par l’Economique : www.claie06.org/ Vous pouvez également envisager d’autres partenariats publics : Pour l’Aide aux Demandeurs d’Emploi créant ou reprenant une entreprise (ACCRE), se renseigner auprès de la Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, (55 boulevard Périer, 13415 MARSEILLE cedex 20, 04 91 57 97 08, www.travail.gouv.fr ). Cette aide correspond à une exonération de paiement des cotisations sociales, au maintien du minima social et à la délivrance de chéquiers conseil. Pour le Prêt Régional à la Création d’entreprise (PRCE), se renseigner auprès de la Direction du Développement de l’Economie Régionale – Service des Initiatives Economiques et du Développement des Entreprises (SIEDE) (27 place Jules Guesde, 13481 MARSEILLE cedex 20, 04 91 57 50 57). Ce prêt – compris entre 15 000 et 75 000 euros – est destiné aux entreprises régionales en phase de création, de prise dans le cadre d’un RES (Rachat d’Entreprise par ses Salariés) ou de cession-transmission. Pour la garantie : − Le Fonds de Garantie Initiative des Femmes (FGIF) propose une garantie sur les prêts octroyés par des banques pour les entreprises de moins de 5 ans, créées par des femmes (Déléguée Régionale, Préfecture de Région, bd Paul Peytral, 13282 MARSEILLE cedex 20, 04 91 15 61 61, [email protected] ) − Le Fonds Régional de Garantie garantit les prêts bancaires pour les entreprises en création et en développement (Direction du Développement de l’Economie Régionale – Service des Initiatives Economiques et du Développement des Entreprises (SIEDE), 27 place Jules Guesde, 13481 MARSEILLE cedex 20, & 04 91 57 50 57 pour les PME) je cherche un financement pour mon projet 133 pour aller plus loin LE CONSEIL REGIONAL PACA ET LA FINANCE SOLIDAIRE L’intervention du Conseil régional PACA s’intègre dans une action plus globale en direction de l’économie sociale et solidaire. L’économie sociale et solidaire retisse du lien social en inventant des systèmes d’échanges au plus près des besoins de chacun et en prenant en compte les enjeux de territoire. Dans ce cadre, la Région a, ces dernières années, participé aux trois appels à projet nationaux « Dynamiques solidaires », passé des conventions triennales avec les principaux réseaux d’appui à l’économie sociale et solidaire en PACA et élaboré avec le programme « CREACTIVES » un dispositif d’aide aux projets d’économie sociale et solidaire. En ce qui concerne plus précisément la finance solidaire, la Région a pris un certain nombre d’initiatives : − Semaine régionale des finances solidaires avec le réseau FINANSOL. Cette manifestation, première en France à l’échelle d’une région, a permis de doubler la collecte de l’épargne solidaire et de mieux faire connaître la finance solidaire en PACA. − Création d’ESIA (Economie Solidaire et Insertion Active) : Cet outil financier, créé avec l’Etat, la Caisse des Dépôts et la fondation France Active intervient en conseil, expertise et accorde des prêts et garanties aux entreprises de l’économie sociale et solidaire − Aide au développement des CIGALES : dans le cadre de sa convention avec l’APEAS, la Région aide au développement des Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire (CIGALES). D’autres initiatives régionales participent aussi au développement de financements solidaires comme l’aide au micro–crédit par le soutien à la structure ADIE PACA et à son implantation sur l’ensemble des départements de PACA. Enfin on peut signaler que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a, pour la première fois, voté en juin 2006 une prise de participation au capital d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (Scic). Cette participation se situe dans la logique d’un appui à l’émergence des Scic en PACA, en collaboration avec l’Union régionale des Scop. Pour aller plus loin, le Conseil Régional PACA a initié en 2005-2006, en collaboration avec l’ensemble des acteurs régionaux de l’économie sociale et solidaire, un séminaire permanent de l’économie sociale et solidaire. A l’issue de cet exercice de démocratie participative de 18 mois et à partir des propositions des acteurs régionaux 134 de l’économie sociale et solidaire, la Région propose en octobre 2006, un programme régional dédié à l’économie sociale et solidaire. Ce programme s’articule en trois axes : − Définir le positionnement de l’économie sociale et solidaire au sein d’une économie plurielle. − Affirmer les critères d’appartenance à l’économie sociale et solidaire retenus par la Région Provence-AlpesCôte d’Azur afin d’inscrire les projets soutenus dans une démarche progrès. − Articuler et créer des dispositifs permettant le développement de l’économie sociale et solidaire. Ces dispositifs concernent le développement de la citoyenneté économique, l’ingénierie de projet (accompagnement, formation, finance, communication), et la structuration (articulation des initiatives solidaires, filières, recherche et anticipation, coopération internationale). La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur continuera à soutenir activement les initiatives en matière de finances solidaires, notamment pour − favoriser la mobilisation de l’épargne citoyenne au service des projets d’économie sociale et solidaire ; − mobiliser davantage les outils financiers régionaux (prêts création d’entreprise, prêts aux TPE – PME, capitalrisque) vers les projets d’économie sociale et solidaire ; − améliorer la coordination des outils financiers solidaires de Provence-Alpes-Côte d’Azur au service des projets d’économie sociale et solidaire ; − développer l’aide aux organisations de l’économie solidaire en matière d’expertise financière, cette expertise devant être adaptée aux caractéristiques propres de l’économie sociale et solidaire. Enfin, la région souhaite initier une réflexion et susciter des projets sur les solidarités concrètes à développer entre les différents acteurs de l’économie sociale et solidaire eux–mêmes. Sur ces différents projets, la nécessité d’un processus permanent de concertation entre Région PACA et acteurs de l’économie sociale et solidaire devrait s’en trouver renforcée. En conclusion, la Région tient à remercier l’APEAS pour ce travail. Ce guide doit permettre à tous ceux qui ont envie de s’associer autour d’un projet solidaire de trouver les pistes les plus pertinentes de financement. En espérant que de nombreux projets solidaire voient le jour. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Conseil régional PACA par daniel mayer les fondations I. Présentation des Fondations Les Fondations, et plus particulièrement celles relevant de l’économie sociale (associations, coopératives, mutuelles), répondent à des besoins que l’Etat et les collectivités publiques ne couvrent pas. Elles ont pour règle commune de ne pas se substituer aux pouvoirs publics et de participer aux besoins exceptionnels nécessaires principalement au démarrage des projets dans une réflexion globale. Généralement, les Fondations soutiennent les projets d’économie sociale sous garantie d’une pratique réelle d’utilité sociale, de solidarité et d’un impact sur les personnes. Les Fondations viennent ainsi compléter les financements traditionnels des structures de l’économie sociale qui proviennent de trois sources différentes : − la vente de prestations, − le financement public ou privé de la dimension sociale de l’activité, − des ressources dites non monétaires telles que le bénévolat. Définition « La Fondation est l’acte par lequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales décident de l’affectation irrévocable de biens, droits ou ressources à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général à but non lucratif ». Trois types de Fondations − la fondation reconnue d’utilité publique − la fondation sous égide − la fondation d’entreprise 1 - La fondation reconnue d’utilité publique : Ce statut est extrêmement réglementé par la loi. La création d’une fondation reconnue d’utilité publique est soumise à une procédure faisant intervenir le Ministère de l’Intérieur et le Conseil d’Etat, avec des exigences importantes. 2 - La fondation sous égide ou abritée : Les organismes habilités à abriter en leur sein une fondation créée par une entreprise sont : − la Fondation de France, − l’Institut de France, − la Fondation de l’Avenir pour la recherche médicale appliquée, − la Fondation du patrimoine. 3 - La fondation d’entreprise : De nombreuses entreprises ont décidé de réinvestir dans le social, en parallèle de leurs objectifs économiques et, d’exercer leur responsabilité et leur engagement social au vue des difficultés liées au contexte économique et social : crise de l’emploi, chômage structurel touchant près de 10 % de la population active, crise du logement, difficultés d’intégration, exclusions de toutes natures, désagrégement du lien social, difficultés d’insertion par l’économique… Elles participent au financement de besoins exceptionnels nécessaires à l’investissement et au démarrage de projets orientés dans tous les secteurs d’activités. C’est une entité juridique nouvelle, instituée par une loi de 1990 pour encourager les entreprises à s’engager dans la durée. Elle est réservée aux : − sociétés civiles ou commerciales, − établissements publics à caractère industriel et commercial, − coopératives ou aux mutuelles. La fondation d’entreprise a le statut de personne morale. A but non lucratif, elle agit pour la réalisation d’une œuvre d’intérêt général. Elle est créée pour une durée déterminée qui ne peut être inférieure à cinq ans. A la fin de cette période, les fondateurs, ou certains d’entre eux seulement, peuvent décider la prorogation de la fondation pour une durée d’au moins égale à trois ans. Elle peut être financée par des ressources annuelles apportées par la ou les entreprises fondatrices. Elle peut également recevoir des subventions publiques ou des rétributions pour des services rendus. En revanche elle ne peut pas faire appel à la générosité publique, ni recevoir de legs ou dons, en dehors des salariés de l’entreprise fondatrice. II. Rôle des fondations Les fondations constituent des acteurs-partenaires de l’économie sociale et solidaire susceptibles d’apporter une aide au développement de projets d’intérêt collectif. Les fondations ne se contentent plus d’apporter des fonds mais jouent un rôle de structuration je cherche un financement pour mon projet 135 et d’animation de projet, et peuvent également apporter une aide précieuse d’expertise, de conseil auprès des porteurs de projets. III. Constitution d’un dossier de demande de financement par une Fondation d’Entreprise : mode d’emploi Les principaux critères de sélection sont les suivants : − le projet doit obligatoirement s’inscrire dans une démarche d’économie sociale, de développement économique local, ou d’insertion par l’économique, − il doit garantir la pérennisation et la qualification des emplois en question, − il prend en compte, lors de l’examen de la demande, le respect du périmètre de l’économie sociale fidèle à l’objet social de la fondation, − la viabilité du projet. Pour présenter un projet, la demande de financement doit comporter : − le descriptif du projet lui-même (en précisant de manière détaillée, le nombre d’emplois créés, le statut des salariés concernés et la pérennité des emplois), − la liste des partenaires privés et publics impliqués dans le projet, − les statuts, − le compte de résultats des 2 derniers exercices ainsi que le budget prévisionnel de l’exercice en cours et à venir. 136 Sélection des dossiers pour financement par la Fondation d’Entreprise : En règle générale, les dossiers sont présentés à un Comité d’Engagement qui statue sur l’attribution ou non de la subvention demandée en fonction de : − la qualité des projets, − leur caractère pérenne, − l’utilité sociale du projet à financer, − la capacité de la structure à s’autofinancer à terme. Bien évidemment, les projets n’entrant pas dans une démarche d’économie sociale, de développement économique local ou d’ insertion par l’ économique et, les dossiers ne respectant pas les normes réglementaires pré-établies ne peuvent pas être pris en compte par le Comité d’Engagement de la Fondation d’ Entreprise. Par ailleurs, il est établi, chaque année en fin d’exercice, dans un souci de bonne gouvernance un bilan d’activités de la fondation qui récapitule, notamment les dossiers ayant fait l’objet d’une contribution financière de la part de celle-ci ; ce bilan est destiné à être présenté au Conseil d’ Administration de la Fondation et, est, par la suite, transmis à la Préfecture du département, dans un délai de 3 mois après la clôture de l’exercice. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Daniel Mayer Correspondant Régional de la Fondation Macif je sollicite des aides et/ou des partenariats Présentation d’initiatives et de quelques fondations ASFONDES (Association regroupant des Fondations de l’Economie Sociale) Les fondations de l’économie sociale se regroupent pour rendre plus visible la place, le rôle et les valeurs de l’économie sociale dans la société. Créée en mai 2003, l’Asfondes s’est placée délibérément sous l’égide du Conseil des Entreprises et Groupements de l’Economie Sociale, le CEGES, dont elle est devenue administrateur. L’Asfondes entend soutenir la création de nouveaux outils destinés à faciliter et développer les actions d’intérêt général et les programmes de solidarité des organismes de l’économie sociale. Elle veut être un centre d’initiatives pour l’ensemble de ses membres, au delà de leurs actions propres. Une initiative en région PACA Depuis fin 2004, un groupe des Fondations de l’économie sociale PACA a été créé, à l’initiative de la Chambre Régionale de l’Economie Sociale (CRES) et de la Fondation Macif. Le groupe, animé par la CRES, se réunit pour favoriser l’échange d’expériences (programmes d’intervention, programmes spécifiques, appels à projet…), la réalisation d’outils spécifiques ou de manifestations à thèmes. Il est essentiellement composé de la Fondation Abbé Pierre, Fondation Caisse Epargne, Fondation du Crédit Mutuel, Fondation de France, et de la Fondation Macif. Le but est d’impulser une synergie de leurs actions sur le territoire, par la complémentarité d’aides ou de soutien, voire même de réseau-relais qu’elles peuvent apporter aux porteurs de projets. Le groupe a, par ailleurs, participé activement aux côtés de la CRES, à l’élaboration d’un outil d’aide aux demandes de financements en PACA, le « guide des Fondations » qui recense les fondations présentes en Paca (fondations qui ont souhaité apparaître sur le guide) ; soit 27 fondations d’entreprises recensées en 2005 et 8 d’entre elles sont des fondations créées par des organismes relevant de l’économie sociale. (Guide téléchargeable sur le site de la CRES : www.crespaca.org) L’ensemble des Fondations constituant le Groupe étaient présentes au 1er Salon des Mairies de la Région PACA qui a eu lieu en juin 2006 à Marseille et ont organisé un atelier spécifique qui s’intitulait « L’action des Fondations : quel impact sur le territoire ». je cherche un financement pour mon projet 137 Fondation Macif Présentation Fondation d’entreprise, elle a été créée en 1993 pour concrétiser les valeurs mutualistes et solidaires de son fondateur. La Fondation est la traduction de l’engagement sociétal de la Macif sur son territoire. Etant elle-même issue d’une entreprise de l’économie sociale, son objet social est de contribuer à inscrire durablement cette économie sur l’ensemble du territoire français et européen, en soutenant la création d’entreprises de l’économie sociale. « entreprise » et « économie sociale » : Entreprise car la démarche entrepreneuriale est l’un des critères d’éligibilité de la Fondation Macif. Elle sous-tend une émancipation, souvent progressive d’ailleurs, des porteurs de projets par rapport aux collectivités publiques, lesquelles peuvent être dispensatrices de subventions, mais dans le même temps génératrices de dépendance, fragilisantes pour la pérennité du projet. C’est donc bien à des entreprises dont la solvabilisation de l’activité, dont la consolidation des emplois créés relèvent de l’économie marchande, que la Fondation Macif entend apporter des soutiens. Economie sociale car, en dépit des idées reçues, il n’y a pas incompatibilité entre économie marchande et économie sociale. La Fondation Macif a fixé des critères de sélection des projets qui doivent répondre aux exigences de l’une et de l’autre. Les initiatives que la Fondation Macif soutient doivent donc être de nature économique. Elles doivent générer de la plusvalue, monétaire si possible, et sociale forcément. Mais leur finalité ne doit pas être le profit. La Fondation Macif a choisi de s’appuyer sur onze délégations régionales dotées de la faculté d’initier des programmes et de les financer. L’activité de la fondation est relayée dans chaque région par un correspondant régional. La délégation Provence Méditerranée couvre les 5 départements de la région PACA, ainsi que le Gard, la Lozère, l’Hérault et la Corse. Les délégations régionales ont la possibilité de décliner localement les partenariats initiés au national et d’accorder leur soutien à des initiatives portées par les acteurs locaux. Formes du soutien : Dotations financières ou par de l’accompagnement local, selon les cas par les deux à la fois. Procédures : La Fondation n’exige pas de dossier type. Cf plus haut « Constitution d’un dossier de demande de financement par une Fondation d’Entreprise : mode d’emploi » Une commission régionale d’engagement se réunit quatre fois par an pour statuer sur les subventions. Si un avis favorable est émis sur un dossier, il doit être validé par le siège de la Fondation. Contact : Daniel MAYER - Correspondant régional - & 04 94 38 12 52 (Fax : 04 94 38 44 13) [email protected] - Direction Régionale Macif Fondation Les Kermès, BP 43, 83320 CARQUEIRANNE - www.fondation-macif.fr A noter : La Macif, mutuelle d’assurance, met en route le FCP Macif Croissance Durable et Solidaire, qui est le premier fonds solidaire investi en actions dans la zone euro, accessible à tout investisseur responsable et solidaire, et également à l’épargne salariale. 138 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca je sollicite des aides et/ou des partenariats Fondation Caisse d’Epargne Présentation La Fondation Caisse d’Epargne Provence Alpes Corse Réunion Guadeloupe est sous l’égide de la Fondation Caisses d’Epargne pour la Solidarité qui est reconnue d’utilité publique par décret du 11/04/2001. Elle concrétise la vocation de la CEPACRG dans son rôle d’acteur au service de l’intérêt général et contribue sur le plan local à la cohésion sociale, en s’engageant dans des actions de lutte contre les formes de dépendances et d’isolement liées au grand âge, la maladie, au handicap et à des situations d’illettrisme. L’objectif de la fondation est de développer une politique de soutien et de financement de projets innovants d’associations ou autres relevant des axes cités ci-dessus, et de multiplier des partenariats avec tout organisme qui partage ses convictions, souhaitant engager des recherches ou mener des actions s’inscrivant dans ses programmes. Un financeur de projets innovants Les dons reçus permettent de soutenir et d’évaluer des projets s’inscrivant dans le cadre d’opérations d’intérêt général dans le domaine de l’illettrisme et de la prévention et l’accompagnement des effets du vieillissement. par un partenariat local - Projet inscrit dans la durée dans un objectif de développement et de pérennisation - Projet innovant et reproductible - Projet en partenariat avec des personnes en difficulté Les critères pour l’octroi d’une subvention - Soutenir et accompagner des jeunes adultes en situation d’illettrisme - Développer des techniques et des outils pédagogiques - Mettre en place des relais éducatifs - Faire du soutien scolaire - Développer les formes du soutien à domicile - Prévenir et accompagner les effets du vieillissement… Procédures Dossier de présentation sur simple demande et pièces justificatives (Statuts, bilan et compte d’exploitation, budget…) La fondation est administrée par un comité de gestion qui décide de la stratégie à adopter. Il vote le budget de la fondation et décide des actions à soutenir et des montants à attribuer. Critères de sélection des projets - Projet ancré sur le territoire de la fondation et porté Contact : Monique DAUBET - Responsable de la Fondation CEPACRG - & 04 91 57 22 15 [email protected] Fondation Caisse d’Epargne - Siège en PACA - Place Estrangin Pastré, 13006 MARSEILLE je cherche un financement pour mon projet 139 Fondation de France Présentation La Fondation de France est reconnue d’utilité publique. Elle a été conçue pour encourager la générosité, pour conseiller ceux qui souhaitent en faire œuvre et pour gérer les fonds qui lui sont confiés. Privée et indépendante, elle agit au nom de l’intérêt général. Elle définit des programmes d’intervention précis qui accompagnent les transformations de la société. Elle soutient en priorité des opérateurs de petite taille qui n’ont pas les moyens de collecter eux-mêmes les fonds nécessaires à la conduite de leurs projets et soutient des projets proposés par des associations ou des services collectifs pour résoudre des problèmes peu ou pas pris en compte par les institutions. Elle est guidée dans tous ses programmes par la volonté de soutenir l’autonomie et l’insertion sociale des personnes. Dans une logique de proximité, la Fondation a implanté 7 délégations régionales dont une en Provence Alpes Côte d’Azur dont le siège est à Marseille. Les départements couverts par la délégation sont : Les Alpes de Haute Provence, les Hautes Alpes, les Alpes Maritimes, le Var, le Vaucluse, les Bouches du Rhône et le Gard. Les axes d’intervention et appels à projets - Des exemples dans le domaine Economie et Solidarité : habitat, développement social des territoires, emploi - Des exemples dans le domaine Culture : nouveaux commanditaires, initiatives d’artistes - Des exemples dans le domaine Environnement : ensemble pour gérer le territoire - Des exemples dans le domaine Enfance : ouverture au monde par la culture pour les enfants de 6 à 12 ans - Des exemples dans le domaine Santé et Recherche Médicale : promouvoir la santé des jeunes Formes du soutien L’intervention de la fondation peut prendre plusieurs formes : financement, appui méthodologique, conseils d’experts, recherches, outils de mise en réseau. Critères d’éligibilité et procédures Chacun de ces programmes fait l’objet d’un tableau synoptique détaillé spécifiant le type d’actions soutenues et l’interlocuteur à contacter en fonction du lieu de réalisation. Chaque appel à projet a ses propres critères d’éligibilité. Vous trouverez toutes ces informations sur le site internet de la Fondation de France : www.fdf.org Les examens et les propositions de décision sur les dossiers sont réalisés par des comités et des jurys composés de bénévoles de la Fondation de France et d’experts extérieurs. Contact : Cécile MALO - Déléguée Régionale - 04 91 90 08 77 (fax : 04 91 91 70 75) - [email protected] Fondation de France - Délégation Régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur Hôtel Dieu, 6 place Daviel, 13224 MARSEILLE Cédex 02 - www.fdf.org Pour tout renseignement : Catherine HEUZE Chambre Régionale de l’Economie Sociale Provence-Alpes-Côte d’Azur 30 Cours Pierre Puget, 13006 MARSEILLE & 04 91 54 96 75 (fax : 04 91 33 31 45) [email protected] - www.crespaca.org Auteur de l’article de la présentation des fondations : Daniel Mayer, correspondant régional de la Fondation MACIF 140 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca comment je construis le plan de financement de mon projet par bruno rochegude modes de montage Financer quoi ? Un projet, au-delà des ressources budgétaires qu’il requiert (chiffre d’affaires, subventions d’exploitation [de fonctionnement ou sur actions], aides aux postes, charges supplétives, contribution des bénévoles…) a des besoins permanents de financements : − Le besoin de financement des équipements, immatériels (logiciels, étude de faisabilité…), matériels (locaux, outils, matériel informatique…) ou des immobilisations financières (caution auprès d’un bailleur, garantie financière pour certaines professions …). − Le besoin de financement en fonds de roulement : beaucoup d’entreprises, ont de façon structurelle, c’est-à-dire en permanence et pas de façon ponctuelle, davantage de créances (l’argent que leur doivent les clients, les subventions…) que de dettes courantes (l’argent qu’elles doivent aux fournisseurs, au salariés, aux caisses de cotisations sociales, aux impôts). Ce besoin permanent en fonds de roulement s’accroît dans les phases de développement (nouveaux projets, accroissement de l’activité…). La couverture complète de ces besoins par des financements ad hoc est un facteur déterminant dans la réussite des projets, et cette condition est trop souvent ignorée des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). Un financement incomplet des équipements ou une sous estimation du besoin en fonds de roulement peuvent entraîner une situation de cessation des paiements, même si l’activité est saine. Ce défaut de financement, en particulier celui du besoin en fonds de roulement, est d’ailleurs à l’origine de la plupart des sinistres d’entreprises qui se développent. Les sources de financement Le financement de l’ensemble de ces besoins est souvent hybride et fait appel à des ressources nombreuses et de natures diverses. Rappelons les 5 principales sources de financement que les acteurs de l’ESS peuvent mobiliser, scindées en deux catégories : Les ressources internes − L’apport en fonds propres des associés (apport initiaux ou apport complémentaires sous formes diverses). Spécifique aux sociétés à capital, 1 Notons que les associations bénéficient parfois de dons sous elles démontrent l’engagement (et la capacité) des associés. Organismes de financement apportant des fonds propres : Cigales, Garrigue, Sofinei, Pargest (Urscop)... − La capacité d’autofinancement générée par l’activité au court des années. Déterminante dans les entreprises de l’économie ? classique ?, elle constitue, dans les structures saines, la majeure partie du capital. Elle est la conséquence directe de la performance économique de l’entreprise. Nécessaire dans les entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire, elle permet un certain degré d’autonomie à l’égard des financeurs institutionnels. Les ressources externes − Les subventions d’investissement au sens large : −sur biens renouvelables. Très utilisées dans l’économie sociale et solidaire pour le financement des immobilisations corporelles, elles sont souvent allouées pour un équipement bien identifié (on ne peut donc pas les utiliser à un autre objet). Elle interviennent généralement pour une partie seulement du financement de l’équipement, et rarement plus de 50 pour cent. Elles ont la particularité d’être versées sur présentation de facture acquittée du bien (il s’agit donc de faire l’avance auprès du fournisseur). −sur bien non renouvelables. −citons aussi des aides au démarrage sans affectation budgétaire particulière. Elles peuvent parfaitement être intégrées aux fonds propres ( et de fait ne pas être utilisées dans le fonctionnement de la structure et être considéré comme un produit d’exploitation). Elles ont la caractéristique de pouvoir être affectées au financement du besoin en fond de roulement, très utiles au démarrage d’une activité. Par le Conseil Régional, le Conseil Général, Pels... formes d’apports associatifs sans droits de reprise, de la part de personnes physiques ou morales. Ces dons viennent abonder le fonds associatif, correspondant au capital d’une entreprise. Son mode de calcul est complexe. Une estimation fréquente de la CAF est le résultat net de l’exercice augmenté des dotations aux amortissements et de certaines provisions. 2 je cherche un financement pour mon projet 141 par bruno rochegade − Les contributions des fondations. Elles servent généralement à l’équipement (ne financent pas le Besoin en Fonds de Roulement) et le plus souvent les actions innovantes. Chaque fondation a sa logique propre et des secteurs spécifiques d’intervention (le handicap, l’insertion sociale, l’environnement…). Elles n’ont pas de caractère récurrent (allouables une fois). Par la Fondation Macif, la Fondation de France... − L’endettement à moyen terme. (cf. l’introduction de « je sollicite un prêt auprès d’un organisme de l’ESS »). Par la Nef, Esia, Socoden Fec (Urscop), Adie, Clefe, Pfil, Pels, Crédit Coopératif... Quelques principes pour monter son plan de financement 1. Bien dimensionner ses besoins et leur évolution. Essayer d’avoir une estimation sur quelques années. Pour les équipements, cela suppose avoir une connaissance précise du déroulement de l’activité envisagée (processus, organisation, coût…), de prévoir les phases de développement. Pour le besoin en fonds de roulement, c’est la connaissance des pratiques du secteur et de la capacité du porteur de projets à négocier des délais de règlements les plus favorables. 2. Identifier les financeurs potentiels dont les logiques et les objets de financement sont adaptés au projet. Les collectivités publiques ont en effet des domaines de compétences bien identifiés, et spécifiques à chaque territoire. La recherche de fonds publics et/ou privés demande du temps et de l’énergie, il est donc préférable de cibler ses demandes, ce qui suppose une connaissance approfondie de son secteur et des politiques publiques en la matière. pour identifier ses interlocuteurs au sein de chaque organisme sollicité et suivre le dossier dans le temps. 4. Prévoir la mixité des ressources. De nombreux organismes demandent des co-interventions et ne financent pas seuls un investissement. 5. Appliquer le principe de prudence : sur estimer les besoins nécessaires et sous estimer les ressources mobilisables. Bruno Rochegude Directeur adjoint d’Esia QUELS MONTAGES POSSIBLES ? Il est tout à fait possible de rassembler divers types de financements pour obtenir l’assise financière nécessaire au démarrage ou au développement de votre activité. Vous pouvez prendre : une Cigales comme associée dans votre capital, puis la Nef et une Plate Forme d’Initiative Locale comme organismes prêteurs... ou encore : Vous pouvez avoir des actionnaires (Garrigue...), vous adresser au Crédit Coopératif pour obtenir un prêt et adosser à ce prêt une garantie d’Esia ou multiples autres possibilités ! 3. La recherche de fonds publics (ou de mécénat dans une moindre mesure) est une fonction constitutive de tout projet relavant de l’économie sociale et solidaire. Il s’agit donc de prévoir du temps, des compétences et un budget 142 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca ôkhra, Société Coopérative d’Intérêt Collectif Le projet coopératif « Depuis un territoire dont l’ocre nourrit la renommée internationale, promouvoir les arts, les sciences et les métiers de la couleur, en développant une coopérative culturelle, ouverte aux différentes générations de publics et de professionnels, au service de la diffusion des ressources et de la transmission des savoirs et des savoirfaire » : tel est le projet coopératif inscrit dans les statuts de la Scic (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) ôkhra. La vie coopérative d’ôkhra est forte avec 153 coopérateurs, dont 17 personnes morales. L’origine du projet Dans le montage de projet, la phase de définition est primordiale pour définir les possibilités de protection et de valorisation du patrimoine. Au départ du projet se trouvent Barbara et Mathieu Barrois, qui nourrissaient depuis longtemps le projet d’une entreprise à vocation culturelle. En 1993, ils tombent par hasard sur une friche abandonnée, l’Usine Mathieu à Roussillon (Vaucluse). Le « Colorado provençal », surnom de cette région du fait de la couleur rouge de sa terre et de l’érosion qui a sculpté un relief si particulier, a connu dans les années 50 le déclin de l’industrie du pigment naturel. L’association est créée en partenarait avec la commune de Roussillon en 1994 et se transforme en Scic en 2005. Le métier : rendre possible la couleur à travers 4 pôles d’activités − Le pôle « Patrimoine et Territoire » − Le pôle « Ressources et Matériaux de la Couleur » − Le pôle « Pratiques et Pensées de la Couleur » − Le pôle « Gestion et Développement de l’Entreprise Culturelle » Pour développer l’ensemble de ces activités, une équipe de douze salariés permanents travaille au sein de la Scic, renforcée par quelques saisonniers en haute saison touristique. Culture et économie : un mariage équilibré La coopérative permet de montrer qu’il est possible de marier culturel et économique. Au-delà d’une simple valeur culturelle, le patrimoine recouvre une valeur économique. Les activités économiques (visites, comptoir et librairie spécialisées...) financent les activités culturelles (formation, expositions, matériauthèque, bibliothèque...), et s’en nourrissent en retour. La Scic ôkhra participe au développement de son territoire, fondé sur le multipartenariat, en valorisant le patrimoine industriel et paysager, ainsi que l’usage des pigments naturels et le transfert des savoir-faire traditionnels. Des financements solidaires en appui de la Scic ôkhra ou comment des réseaux solidaires accompagnent un projet économique et culturel Divers organismes ont décidé de soutenir cette aventure. Deux prêts de 15 000 € chacun ont été obtenus auprès de France Active au titre de la SIFA et du FCPIE. La SA (Société Anonyme) Union des Scop Pargest, fonds de l’Union régionale des Scop PACA, a également participé au projet en accordant un emprunt de 40 000 euros à la structure. Les souscriptions au capital variable de la Scic, essentiellement pour subvenir aux besoins en fonds de roulement, sont également déterminantes dans les financements solidaires qui ont pu renforcer et développer la Scic. Le capital d’ôkhra est à ce jour de 64 200 euros. Ils témoignent d’une réelle solidarité de personnes convaincues par ce projet. « Ces financements ont effectivement été décisifs et correspondaient à une volonté de transformer l’association en Scic tout en développant les activités dans le temps. C’est un soutien financier nécessaire.» « Les finances solidaires correspondaient à une volonté de congruence et d’harmonisation de l’objectif culturel d’entreprise avec les réseaux du monde coopératif. Certes, appeler à ces financements a pu occasionner un temps de montage du dossier très long et complexe mais ayant pour avantage de requérir une logique et une rigueur nécessaires à la bonne évolution du projet. Puis, une fois le dossier monté, nous avons pu observer une grande réactivité de libération des fonds par rapport aux subventions publiques ; ainsi qu’un conseil et un suivi en matière de gestion clairs et précis ! Nous poursuivons aujourd’hui ce travail de recherche de partenariats financiers en direction des établissements bancaires classiques du secteur coopératif. » (Mathieu Barrois) Le Conseil régional PACA collabore activement avec ôkhra. Le 30 juin 2006, outre un soutien financier à la programmation culturelle et au développement de la coopérative, la collectivité territoriale a pris des parts sociales dans le capital. www.okhra.com Contact : ôkhra Société coopérative d’intérêt collectif - Ancienne usine Mathieu, 84 220 ROUSSILLON & 04 90 05 66 69 - [email protected] je cherche un financement pour mon projet 143 CASE A PALABRES La Case à Palabres : un lieu de convivialité et d’échanges La Case à Palabres est un salon de thé dans lequel se trouvent une épicerie de produits issus du commerce équitable et de produits locaux, ainsi qu’une galerie où exposent des artistes. Des repas sont proposés le mercredi midi et certains soirs. Y sont également organisées des animations culturelles, des conférences débats, des soirées jeux. De nombreuses associations y tiennent leurs réunions. Toutes ces activités sont menées dans une démarche de commerce équitable avec un souci de développer la convivialité et de proposer des produits de qualité. La Case à Palabres adhère au réseau Minga, association de 90 structures « pour un développement économique d’un commerce équitable ». Elle adhère aussi à l’association régionale Minga PACA, créée en juillet 2006. L’idée est d’offrir un lieu de convivialité, qui permette les échanges et les rencontres. La Case à Palabres souhaite participer à un commerce plus équitable avec le choix de fournisseurs engagés totalement dans le commerce équitable et de producteurs locaux respectueux de ces valeurs. Mais également, dans tous ses achats, en trouvant des alternatives (papier, droguerie…) et en respectant les engagements de la fédération Minga. La Case à Palabres tient aussi à propager et amplifier les initiatives associatives avec l’accueil de certaines associations (AG, permanences ou rencontres festives), des conférences ou informations sur leurs actions humanitaires ou solidaires et la participation à des manifestations. Une histoire collective Au départ, 3 personnes ont travaillé sur ce projet pendant quelques mois. Ils se connaissaient depuis 15 ans et avaient gardé ensemble un refuge de montagne. Ils ont eu envie de changer de métier et se tourner davantage vers l’accueil. 144 Ils ont créé une association, l’EquiTable Salonaise : 8 personnes ont travaillé pendant 2 mois. Puis 65 personnes les ont rejointes lors de la 1ère AG. En 2006, l’association comprenait 120 membres. C’est l’Equitable Salonaise qui est à l’origine de la Case. La Case à Palabres est organisée sous forme de Scop (Société Coopérative de Production) SARL. Deux personnes sont salariées depuis le démarrage. Par ailleurs, la Case à Palabres regroupe trois coopérateurs, les deux salariés ainsi que la Cigales Salounenco. Les finances solidaires et des citoyens engagés : un coup de pouce décisif Côté banques, aucune banque classique ne voulait leur accorder un prêt, trouvant le projet trop risqué. Seule la Nef a accepté, sans aucune demande de caution. Mais ils n’auraient pas pu démarrer le projet sans l’appui de 35 individus : la Cigales (comprenant 13 personnes) qui a investi dans le capital pour 2 500 € et la Société en Participation (comprenant 22 personnes) qui a prêté à la Scop une somme de 11 500 €. D’autre part, ils ont bénéficié assez rapidement de ces sommes : ils n’ont pas eu besoin de déposer de dossier ni d’attendre contrairement aux autres financements puisqu’il s’agissait d’individus. Cela a notamment été permis par une idée donnée par les membres de la Scop Place lors d’une formation effectuée avec eux au moment du montage du projet. Ce type de projet incite les proches du porteur à y participer (famille, amis, connaissances locales). En plus de la Nef, de la Cigales et de la Société de Participation, le Conseil général des Bouches-duRhône et le Conseil régional PACA ont également participé financièrement au projet. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca comment je construis le plan de financement de mon projet Les finances solidaires : des contraintes dues à l’innovation sur Salon de Provence... « Le temps de montage de la Cigales (qui n’existait pas au départ du projet) a été à prendre en compte. Il y a également eu le temps de trouver la structure adéquate (Société en participation) qui pouvait regrouper les investisseurs qui ne voulaient pas intégrer la Cigales. C’est la fédération des Scop qui nous a trouvé l’idée de ce type de société. » ...mais une plus-value indéniable « A la Nef, on sent que globalement on est avec des gens qui ont les mêmes objectifs que nous : les finances ne sont qu’un moyen de développer un monde plus respectueux des hommes et de la nature. » Le fait que 35 personnes aient investi dans ce projet avec la Société de Participation et la Cigales donne une dimension collective à laquelle ils tiennent beaucoup. « C’est ensemble, avec eux, que nous faisons avancer ce projet. Nous nous sentons soutenus. Nous connaissons les personnes qui ont choisi que ce café existe. D’ailleurs, nombre d’entre eux sont actifs pour faire connaître la Case et pour participer aux actions. » Des conseils sur les financements à des porteurs de projet solidaire « Chaque projet est spécifique. Chacun doit trouver ses meilleurs financements. La richesse d’un projet monté et financé par un collectif d’hommes et de femmes vaut vraiment le coup. D’1 ou 2 porteurs de projets, on devient 20 ou 30, voire 50 ou 100. Il faut cependant montrer un projet solide et sérieux, aux éventuelles personnes physiques voulant financer, quitte à demander à certaines d’entre elles d’aider au montage du projet. Qu’ils n’hésitent pas à s’adresser à nous en cas de besoin ! » Un message aux financeurs solidaires qui se sont impliqués et ont cru dans le projet : Ce projet tient grâce à cette dynamique collective qui ne concerne pas seulement le financement mais les travaux, la communication, la réflexion sur l’évolution, l’organisation des animations, les nouvelles idées. Les membres de la Case à Palabres souhaitent qu’ils continuent à rester autour d’eux et qu’ils ne s’arrêtent pas au seul financement. « Continuons ensemble à faire avancer nos objectifs ! » Les chiffres La Cigales La Salounenco : 2500 euros en prise de participation au capital La Nef : 35 000 euros en prêt Société de participation la SPCE (22 personnes investisseurs directs intéressés par le projet qui se sont fédérés) : 11 500 euros Conseil général des Bouches-du-Rhône : 8 000 euros Conseil régional PACA : 20 000 euros (Système Créactives sur 3 ans) res.fr www.lacaseapalab Contact : La Case à Palabres - 44 rue Pontis, 13 300 SALON-DE-PROVENCE & 04 90 56 43 21 - [email protected] je cherche un financement pour mon projet 145 par jean-francois gaudot garantie A de rares exceptions près, boucler le plan de financement d’un projet économique constitue une étape cruciale pour sa réussite escomptée. La plupart des créateurs et responsables économiques le savent, les investisseurs - terme qu’il faut entendre dans son sens le plus large car il englobe de fait ceux qui apportent du capital, qui prêtent, qui cautionnent et garantissent - n’aiment pas le risque inhérent aux activités nouvelles et de surcroît innovantes, en termes de produit, d’organisation, de mode de production ou de distribution. Autrement dit, ils n’aiment pas un risque qu’ils ont du mal à apprécier… Il ne faut pas leur en faire grief car on a trop vu le danger et les conséquences pour les épargnants et l’économie en général d’avoir accordé leur confiance, sans précautions suffisantes. A côté des investisseurs institutionnels, des associations et des fondations ont fait le choix de la solidarité et de la proximité pour permettre l’accès à la création d’entreprises à ceux qui ne peuvent pas monter leur projet dans de bonnes conditions financières faute de financements personnels. Ils apportent suivant les réseaux, un prêt d’honneur c’est-à-dire un prêt sans garantie et sans intérêt ou leur caution pour l’obtention d’un prêt bancaire… Si le taux de réussite des entreprises aidées et du remboursement des prêts contractés par les entrepreneurs est réellement exceptionnel, c’est que les dirigeants de ces organisations, qui disposent de moyens financiers modestes s’appuient, pour limiter leurs risques, sur trois types de ? garanties ? ou de services mobilisables gratuitement ou presque : − Des conseils pour une étude préalable au projet ainsi qu’un bon accompagnement amont et aval à la création proprement dite. Ce travail représente la meilleure des garanties de succès pour la nouvelle entreprise et donc pour les investisseurs concernés. − La mobilisation des fonds de garantie institutionnels (Sofaris qui est financée par les pouvoirs publics) ou des sociétés de caution mutuelle. Toutes interviennent comme des sociétés d’assurance auprès des financeurs extérieurs, les banques, les sociétés de capital-risque ou en contre-garantie auprès d’autres dispositifs qui ont la même vocation mais qui exercent leur activité pour des publics particuliers (France Active pour les chômeurs, le Fonds de Garantie pour l’Initiative des Femmes …) − Le travail en réseau et le parrainage d’un cadre ou d’un patron d’entreprise plus aguerri au monde des affaires. Il ne suffit pas en effet d’avoir une bonne idée et une assurance qui interviendra en cas d’accident de parcours, encore faut-il mettre toute les chances de son côté avec une préparation sérieuse de l’aventure, un montage financier qui prévoit un fonds de roulement suffisant pour gérer les inévitables aléas et des partenaires qui ne quitteront pas le navire aux premiers signes de tempête ! Les responsables de ces dispositifs associatifs sont tous des militants animés par la volonté d’aider à la réussite des projets d’entreprises, donc des créations d’emplois locaux. A ce titre, ils ne prennent pas les mêmes garanties que les banquiers. Ils s’attachent plus au sérieux du projet, aux qualités de l’homme ou la femme qui le porte. Ils ne demandent pas de caution personnelle même s’ils sont tentés de prendre plus de risques. A contrario, ils savent que faire un prêt d’honneur à un créateur, c’est non seulement lui faire confiance mais c’est aussi l’encourager à prendre des risques, c’est une responsabilité économique et morale. S’agissant par ailleurs de fonds publics (subventions ou dons défiscalisés) gérés pour le compte de la communauté, ces responsables associatifs estiment devoir rendre des comptes sur la bonne utilisation des fonds mis à leur disposition. Au fil du temps, tout en naviguant ? à vue ? entre le plus de souplesse, et le moins de risques, ils se forgent une doctrine plutôt satisfaisante pour tous. Mais le risque zéro n’existe pas. Il est donc normal que la collectivité prenne une partie en charge celui pris par les créateurs qui dans la quasi-totalité des cas engage personnellement ses propres biens et pour beaucoup la caution de ses proches, c’est bien le rôle de Sofaris et des centaines d’institutions consulaires ou associatives… Jean-François Gaudot FIR (France Initative Réseau) Pour retrouver les fonds de garantie dans ce guide, reportez-vous aux outils d’Esia et aux partenariats publics 146 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca 5 synthèse TABLEAU RECAPITULATIF EPARGNE La Nef Structure de Financement Solidaire Structure de Financement Solidaire Banque Banque Etablissement financier Compte à terme Nef Comptes épargne “Insertion” et “Nature” Habitat et Humanisme Faim et Développement (Sidi) Habitat et Humanisme Produit bancaire : Compte à terme Produit bancaire : Compte à terme Produit financier : Fonds Commun de Placement Produit financier : Fonds Commun de Placement Produit financier : Assurance-Vie * : sous réserve d’une immobilisation minimum de 5 ans - Argent immobilisé min. 25 mois - Sécurité garantie - Taux : choix du niveau de rémunération dans la limite de la grille des taux en vigueur La Nef Structure de Financement Solidaire Plan d’Epargne Nef Produit bancaire : Combinaison de dépôts à terme Prêt Prêt Soutien de réalisations en faveur du logement des personnes en difficulté Financement de l’appui technique, de la formation des partenaires de la Sidi Financement des logements d’insertion 100 % du capital destiné au financement de projets solidaires Soutien à des associations oeuvrant dans l’insertion sociale ou la protection de l’environnement via le don d’intérêt ¼ des intérêts donné à Habitat et Humanisme Rétrocession par LCL d’une partie des frais de gestion et du droit d’entrée Don de 50 % du produit au Ccfd, affecté au soutien de la Sidi 10 % du contrat investis (acquisition et réhabilitation des logements d’insertion) et une partie des frais du contrat rétrocédée à Habitat et Humanisme - Argent immobilisé min. 25 mois - Sécurité garantie - Taux : partage des intérêts - Argent Disponible Durée conseillée : 3 ans - Sécurité : gestion selon un profil prudent - Taux (2005) : 4,85 % - Montant min. (2006) : 169,44 € 3 compartiments : 1 monétaire / 1 mixte (actions, obligations) / 1 à taux garanti sur 3 ans - Contrat alliant sécurité et rendement - Avantages fiscaux liés à l’assurance vie Dans tous les établissements financiers Crédit Coopératif AVIP Prêt 90% de l’encours pour le livret et 75% pour le compte-chèques utilisés par la Nef pour le financement de projet à forte plus-value sociale ou environnementale 100 % du capital destiné au financement de projets solidaires Choix de l’orientation de l’épargne Financement de l’action d’Habitat et Humanisme en faveur du logement des personnes en difficulté Label Finansol ½ des intérêts : versée à Habitat et Humanisme Prêt - Argent immobilisé min. 25 mois - Sécurité garantie - Taux : possibilité de partage des intérêts Intervention dans le projet financé Plus value solidaire 100 % du capital destiné au financement de projets solidaires Don d’intérêts à des associations de solidarité internationale Choix de l’orientation de l’épargne La Nef - Compte-chèque : accès à tous les services bancaires traditionnels - Livret B La Nef – Crédit Coopératif Banque - Structure de Financement Solidaire Compte-chèque et compte sur livret Nef – Crédit Coopératif Produit bancaire : Compte-chèques et compte sur livret - Argent disponible - Sécurité garantie - Taux : 3,77 % - Montant entre 100 € et 15 300 € - Don déductible des impôts - Livret bancaire classique Crédit Coopératif Banque Livret Agir Habitat et Humanisme Caractéristiques techniques Produit bancaire : Livret d’Epargne Où trouve-t-on ce produit? Nom du produit Qui le met en oeuvre ? Nous avons relevé uniquement les produits bancaires et financiers indiqués dans le guide. Pour l’ensemble des produits bancaires, financiers et des produits d’épargne salariale, rendez-vous sur www.finansol.org Catégorie de produit 148 Epargnant investisseur Epargnant Investisseur Fondations Actions non cotées/ Parts sociales Actions non cotées/ Parts sociales Don * : sous réserve d’une immobilisation minimum de 5 ans Structure de Financement Solidaire Structure de Financement Solidaire Actions non cotées/ Parts sociales Actions non cotées/ Parts sociales Structure de Financement Solidaire Actions non cotées/ Parts sociales Structure de Financement Solidaire Structure de Financement Solidaire Actions non cotées/ Parts sociales Actions non cotées/ Parts sociales Structure de Financement Solidaire Actions non cotées/ Parts sociales HHDéveloppement Gestionnaires Produit financier: Fonds commun de placement d’entreprise Auprès d’entreprises ayant créé une Fondation Clefe Cigales Sofinei La Nef Habitat et Humanisme Sidi Oikocrédit Garrigue Entreprise (dans le cadre de l’épargne salariale) Dons pouvant bénéficier d’avantages fiscaux (loi « Aillagon » 2/8/2003) - Epargne libérée au bout de 15 à 18 mois - Sécurité selon la vie de l’entreprise soutenue - Taux faible de rémunération - Sortie au bout de 5 ans - Sécurité selon la vie de l’entreprise soutenue - Montant entre 7,50 € et 450 € - Déduction fiscale* sur les sommes investies et plusvalue de l’action - Libre sortie du capital (après avis de l’AG) - Déduction fiscale* et rémunération à hauteur de l’inflation - Libre sortie du capital - Montant min. 90 € - Déduction fiscale* - Montant d’une action : 118 € - Visa de l’AMF pour les augmentations de capital annuelle - Argent disponible : possibilité de rachat par la Sidi - Pas de dividende - Montant d’une action : 152 € - Libre sortie - reversement sous un mois - Rendement financier stable - Montant min. : 200 € Cotisation annuelle à l’association de soutien (20 €) - Libre sortie du capital - Sécurité garantie - Déduction fiscale* - Montant de l’action : 77 € Lutte contre les exclusions, lutte contre les discriminations, en faveur de la création d’emplois, etc. (selon critères d’intervention des fondations) Proximité, suivi bénévole par les membres, souplesse des conditions de remboursement Convivialité 100 % de l’épargne collectée placée dans des entreprises solidaires Insertion des populations en situation d’exclusion économique et sociale Soutien au développement de l’activité de la Nef (entreprise solidaire) Financement de projets solidaires l00 % du capital investi dans le financement des logements 100 % du capital investi dans des structures de financement de proximité dans les pays en développement Connaissance du Sud Appui à des projets dans des pays en voie de développement Lien social 100 % de l’épargne collectée placée dans des entreprises solidaires Au minimum 5% de l’encours sont investis dans les entreprises solidaires telles Habitat et Humanisme Subventions, aides Prêt Apport en fonds propres et compte courant d’associés Apport en fonds propres Prêt Financement des logements d’insertion Investissement et/ou Prêt Prêt Apport en fonds propres et compte courant d’associés Achat et réhabilitation des logements d’insertion 150 Acteur Pfil Adie La Nef Socoden-FacUrscop Crédit Coopératif Clefe Oikocrédit Esia (outil France Active : FCPIE) Pargest-Urscop Type d’interventions Prêt Prêt Prêt Prêt Prêt Prêt Prêt Apport en quasi-fonds propres : prêt participatif Apport en fonds propres et quasi-fonds propres (titres et prêts participatifs) Caractéristiques techniques Montant max. : calculé en fonction du nombre de salariés (2 000 € par salarié) - Montant : 50 % maximum des fonds propres - Taux : 2 % du montant prêté - Durée : de 3 à 5 ans - Remboursement in fine - Montant entre 3 000 et 6 000 € en moyenne - Durée : de 12 à 18 mois - Montant varié - Taux divers - Durée variée : court terme et moyen terme - Montant max. : calculé en fonction du nombre de salariés (2 000 € par salarié) - Taux : taux réduit sur 5 ans, - Durée : 5 ans - Sans caution ni garantie - Montant min. : 10 000 € - Taux : rejoignant ceux du marché - Durée : moyen et long terme (court terme pour les sociétaires déjà emprunteurs) - Montant max. : 5000 € - Taux : 7,02 % - Durée : 24 mois - Garantie : caution solidaire, 50 % montant prêté. - Montant entre 1 500 € et 15 000 € - Taux : 0 % - Création ou reprise Scop Sur le projet et pas la structure Institution de microfinance, coopératives ou entreprises présentant un potentiel d’impact social Tous types d’entreprises créées, dirigées ou développées majoritairement par des femmes et notamment les Tpe Associations, coopératives, Pme-Pmi, groupements d’entreprises, organismes d’intérêt général Scop Tous statuts Ei, Eurl, Sarl Associatif si vente de produits/services permettant de rembourser un crédit Entreprise Type de structure bénéficiaire TABLEAU RECAPITULATIF FINANCEMENT Structure: secteur d’activité Tous secteurs Structures d’insertion par l’activité économique Agriculture, élevage, commerce... Intérêt aux projets impliquant des femmes dans la gestion et/ou la mise en oeuvre et portant intérêt aux répercussions du projet sur l’environnement Tous secteurs Tous secteurs Tous secteurs Ecologie / Préservation de l’environnement Culture et formation Social Tous secteurs (commerce, services, artisanat, agricole, artistes…) Tous secteur Echelle Régional National Internationale National Régional National National Local Esia (outil France Active : SIFA) Sidi Cigales Garrigue Sofinei Cigales Esia Esia Fondations Esia Sofiscop Sud-Est -Urscop Prêt et Apport en fonds propres/compte courant Prêt et Apport en fonds propres Apport en Fonds Propres Apport en fonds propres Apport en fonds propres Contrat Apport associatif Contrat Apport Associatif Fonds d’amorçage associatif Subvention Garantie/caution Garantie/caution - Caution à 50 % des emprunts réalisés par les Scop auprès de la Banque Française de Crédit Coopératif. - Souscription de 1 % du montant en capital de Sofiscop et 2 % en fonds de garantie remboursable à la fin du prêt - Risque limité 180 000 € par entreprise. - Garantie de prêts d’un maximum de 90 k€ Maximum 65 % de taux de garantie - Coût de 2 % du capital garanti - Prêt de 2 à 5 ans Subvention versée après délibération d’un comité d’engagement - Montant entre 5 et 10 k€ - 12 mois prorogeables exceptionnellement à 18 mois - Remboursement in fine - Montant max. : 30 k€ et 50 % du plan de financement - Taux : 0 % - Durée de 2 à 5 ans - Montant moyen compris entre 1500 € et 5000 € - Taux : 0 % - Durée : à définir - Contrepartie morale, matérielle... - Participation minoritaire - De 5 à 30 % du capital (Montant max. : 30 000 € en création et 60 000 € en développement) - Durée : 5 ans - Participation minoritaire (entre 1500 et 5000 € en moyenne) - Durée de 3 à 5 ans - Rémunération de l’action Long terme pour prise de participation En monnaie locale et taux faible pour le prêt - Montant : 50 % maximum des fonds propres - Taux : 2 % par an - Durée : 5 ans maximum Différé de remboursement de 2 ans Scop Sur le projet et pas la structure Projets d’intérêts collectifs En fonction des critères d’éligibilité définis par chaque Fondation Association en démarrage ou en primo développement Association Association ayant une activité économique Entreprise d’insertion (Cnei) Sa, Sarl, Scic, Scop Sa, Sarl, Scic, Scop Coopératives, banques solidaires, institutions de microfinance Sur le projet et pas la structure Tous secteurs Structures d’insertion par l’activité économique, Structures employeuses développant des actions d’utilité sociale ayant des ressources marchandes pour partie Aide à la création d’emplois, Lutte contre les discriminations, Lutte contre les exclusions Aide pour la recherche Etc. Structures employeuses développant des actions d’utilité sociale innovante ayant des ressources marchandes pour partie Structures employeuses développant des actions d’utilité sociale ayant des ressources marchandes pour partie Associations à utilité sociétale dans divers champs d’activité Tous secteurs Energies et environnement/commerce équitable/produits et magasins bio/insertion et développement local Entreprises à utilité sociétale dans divers champs d’activité Structure faisant du microcrédit à court terme Structures d’insertion par l’activité économique, structures employeuses développant des actions d’utilité sociale ayant des ressources marchandes pour partie Régional Régional National Régional Régional Local National National Local Internationale National glossaire Action C’est un titre émis par des sociétés (SA, SAS et SCA) pour les investisseurs ayant apporté des apports au capital social de la société. L’investisseur, devenu actionnaire de la société, acquiert le droit de participer aux assemblées générales et participe à une partie des bénéfices (dividendes) de l’entreprise proportionnellement à ses apports. Les actions peuvent être non cotées lorsqu’elles sont prises dans des sociétés non cotées en Bourse ou être dans le cadre du marché boursier lorsqu’elles sont prises dans des sociétés cotées en Bourse. La valeur nominale de l’action est la valeur de départ de l’action, lors de la création de la société. Pour connaître la valeur nominale d’une action, il faut diviser le capital de départ par le nombre d’actions. L’action est un titre négociable, éventuellement sur le marché boursier. L’écart entre les valeurs d’achat et de vente fait naître des plusvalues ou des moins-values. Apport en fonds propres L’apport est nécessaire à la constitution de la société. Cet apport fait de l’investisseur un associé. Il n’est pas nécessaire que les apports des associés soient équivalents. Dans ce cas, les droits de chaque associé dans le capital sont proportionnels à l’apport. Ces apports, effectués lors de la création de la société, se transforment en actions constituant le capital social de la société. Apport avec droit de reprise C’est un apport en quasi-fonds propres associatifs qui permet d’augmenter les ressources durables de l’association et de réaliser un effet levier sur d’autres sources de financement, notamment public. Cet apport n’est pas un don, mais relève plutôt d’une sorte de prêt durable aux associations. Affacturage Il s’agit, pour une entreprise, de transférer certaines de ses créances commerciales à une société, c’est-à-dire une société d’affacturage. Cette société se charge du recouvrement des créances et fait en sorte que le recouvrement soit effectif, même si le débiteur est en défaillance permanente ou temporaire. Ces services sont effectués moyennant une certaine rémunération. BFR (Besoin en fonds de roulement) Le besoin en fonds de roulement résulte des décalages temporels entre les décaissements et les encaissements des flux liés à l’activité de production de l’entreprise. C’est un décalage de trésorerie provenant de l’activité courante de l’entreprise (l’exploitation). Il existe en effet un décalage temporel entre, d’une part, les dépenses engagées par l’entreprise pour produire et d’autre part, les recettes tirées de la vente des biens ou services produits par l’entreprise. Capital sociAL Il représente les fonds propres de l’entreprise et correspond à la somme des apports en numéraire ou en nature des associés lors de la création de l’entreprise ou lors d’une augmentation de son capital. Le capital social est divisé en parts sociales pour les sociétés 152 de personnes et les SARL ou en actions pour les SA ou les SCA. Le montant minimal du capital social est déterminé par la loi pour chaque type de société. Le montant du capital social est fixé par les statuts de l’entreprise. Hormis le cas particulier des sociétés «à capital variable», le montant du capital social ne peut être modifié que par une décision prise par les associés ou actionnaires réunis en assemblée extraordinaire. Capital risque Le capital risque est une activité de prises de participations, minoritaires et temporaires, dans le capital des entreprises naissantes ou très jeunes et non cotées. Dans une vision traditionnelle, le capital risqueur est un professionnel qui vise à dégager la plus forte rémunération, sous forme de plus-values, des capitaux qu’il investit dans les entreprises. D’où une forte importance des secteurs innovants et à potentiel de forte plus-value, tel qu’a pu l’être le secteur informatique et des nouvelles technologies. Dans une vision plus solidaire, des capital-risqueurs deviennent associés de l’entreprise pour soutenir des entreprises à forte plus-value sociétale. Capitalisation boursière La capitalisation boursière (ou valeur boursière) d’une entreprise s’obtient en multipliant le cours de son action en Bourse par le nombre d’actions qui composent son capital social. La capitalisation d’une place boursière totalise l’ensemble des capitalisations boursières des sociétés qui y sont cotées. Caution L’acte de caution signifie l’engagement d’une personne à exécuter les obligations d’une autre, dans le cas où cette dernière ne peut y faire face. Charge supplétive Une charge supplétive est une charge qui n’existe pas en comptabilité générale (exemple : la rémunération des capitaux propres). Compte courant d’associés C’est le prêt d’un associé à la société, considéré comme des fonds propres ou quasi-fonds propres. L’intérêt de ce type d’apport est de ventiler les prêts (banque, associé) et d’éviter une trop grande pression de crédit sur la banque. Il ne fait pas partie du capital, comme c’est un prêt et non un achat d’actions. Mais il peut être sur le long terme, d’où la considération d’être en quasi-fonds propres. Ce prêt peut être productif d’intérêts. Coopérative La coopérative est une société reposant sur trois fondements : libre adhésion à la coopérative, obligation de réserves (une partie des bénéfices est impartageable) et démocratie interne (une personne = une voix). Leur statut est défini par la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947. Dividendes Il s’agit de la part des bénéfices distribuée à chaque associé. L’assemblée générale annuelle décide de cette part lorsqu’elle approuve les comptes de la société. Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca synthèse Encours Un encours est le solde comptable d’un compte d’épargne, de prêt, de stock, etc. Autrement dit, il s’agit de la somme sur un compte d’épargne après avoir compté les entrées et les sorties. (espèces). L’émission en est strictement réglementée. Monnaie scripturale La monnaie scripturale se présente sous la forme de chèques bancaires, de chèques postaux et de virements émis par le titulaire d’un compte. Fiduciaire Voir monnaie fiduciaire. Fonds propres Les capitaux propres, ou fonds propres, désignent les ressources de l’entreprise - autofinancement - ou de ses propriétaires - apport en fonds propres des actionnaires. L’ampleur des capitaux propres détermine l’indépendance financière de l’entreprise. Elle agit également sur la solvabilité de l’entreprise et sur sa capacité à régler ses dettes. FCP (Fonds Commun de Placement) Les FCP sont une catégorie d’OPCVM. Ils ne sont pas dotés de personnalité morale juridique. Ce sont des portefeuilles de valeurs mobilières et de sommes d’argent placées à court terme ou à vue. Ces portefeuilles sont possédés en copropriété et gérés par une société de gestion. Ils reposent sur le même principe que la SICAV mais ils sont de taille plus réduite que celle-ci. Il s’agit d’un «véhicule» de collecte et de placement d’épargne. Fonds de partage Lorsqu’il souscrit à un fonds de partage, l’investisseur renonce à tout ou à une partie des revenus du placement. L’argent récolté est reversé à une association caritative ou à une organisation humanitaire. Selon les fonds, il s’agit d’organismes dédiés à des champs divers : développement dans les pays du Sud, environnement, lutte contre l’exclusion ... Garantie Une garantie est un engagement pris par un tiers d’assumer la responsabilité et les conséquences d’un remboursement, d’un engagement, dans le cas où le contractant ne peut les assumer. Indivision C’est un droit de propriété collectif, partagé par plusieurs personnes, sur un même bien. Ce bien ne peut être divisé en lots aux individus présents dans l’indivision. C’est une sorte de propriété collective, soumise à un régime juridique spécial. La fin de l’indivision intervient lorsque la décision de vendre provient d’un accord commun. Le montant de la vente est ensuite réparti. La fin de l’indivision peut également intervenir lorsqu’un des propriétaires rachète la part des autres, avec l’accord de tous. En France, selon le Code civil, l’indivision ne peut être que volontaire. Liquidité Il s’agit de la qualité d’une créance ou d’un bien à être transformé en argent, plus ou moins rapidement et facilement. Dans le cas d’un produit d’épargne, il s’agit de la rapidité ou non de pouvoir récupérer l’argent de son livret. Numéraire Il s’agit des billets et pièces ayant cours légal. Un apport numéraire est un apport en argent, différent de l’apport en nature qui correspond à des biens. Obligation Une obligation est un titre, au même titre qu’un emprunt, négociable et émis par une société de capitaux, permettant à son propriétaire d’obtenir une rémunération fixe. C’est un titre de créance qui fait partie des valeurs mobilières. Une obligation peut être émise par : − un État dans sa propre devise - on parle alors d’emprunt d’État; − un État dans une autre devise que la sienne - on parle alors d’ obligation souveraine; − une entreprise du secteur public, un organisme public, une collectivité locale - on parle alors d’obligation du secteur public; − une entreprise privée, une association ou toute autre personne morale, dont les Fonds communs de créances, et on parle alors d’obligation du secteur privé. OPCVM (Organisme de placements collectifs en valeurs mobilières) Ce sont des organismes ayant pour objet de constituer et de gérer un portefeuille de valeurs mobilières pour le compte de tiers. Ils sont habilités à collecter de l’épargne aussi modeste soit-elle en vue d’être investie en bourse selon une politique de placement bien définie. Cela permet aux épargnants ne souhaitant pas aller directement placer leur argent en bourse, de passer par une professionnel. Les OPVCM regroupent les FCP et les SICAV. Part sociale C’est un titre représentant une partie du capital d’une SARL ou d’une SNC. L’ensemble des parts sociales correspond à la somme des apports réalisés par les associés ou les actionnaires et mis à la disposition d’une société. La part sociale est l’équivalent de l’action pour les SA, SAS, SCA et elle donne les mêmes droits aux titulaires. Prêt d’honneur Le prêt d’honneur est un prêt personnel à taux zéro sans garantie. Quasi-fonds propres Il s’agit des prêts accordés par des créanciers ayant accepté que l’obligation de remboursement soit subordonnée à des conditions qui ont pour objet de faire participer les créanciers aux risques de l’entreprise. Ce sont des créances qui ne doivent être remboursées qu’à très longue échéance. Il peut s’agir de titres participatifs, d’avances conditionnées, etc. Monnaie fiduciaire Il s’agit de la monnaie utilisée sous forme de pièces et billets synthèse 153 glossaire Scriptural Voir monnaie scripturale. exercer la direction de l’entreprise, a un statut de salarié. SA (Société Anonyme) C’est une société dite « de capitaux » dont le capital est constitué par souscription d’actions. Une SA est une entreprise dont les principales caractéristiques sont les suivantes : responsabilité des associés dans la limite de leurs apports, minimum de 7 actionnaires, minimum de 37 000 euros pour le capital social, contrôle de gestion comptable par un commissaire aux comptes, libre cession des titres par les actionnaires. Cette société peut être dirigée par un conseil d’administration ou par un directoire et un conseil de surveillance. SCS (Société en commandite simple) La SCS est une société hybride, mélange des caractéristiques de 2 catégories de société : − celle d’une société de personnes pour les associés commandités ; − celle d’une société par actions, pour les associés commanditaires. SARL (Société à Responsabilité Limitée) C’est une société commerciale. Une SARL est une entreprise dont les principales caractéristiques sont les suivantes : responsabilité des associés dans la limite de leurs apports, minimum de deux associés pour une SARL pluripersonnelle, cession non libre des titres par les actionnaires, pas d’exigence de montant minimum de capital. Les SARL représentent la majorité de toutes les sociétés commerciales. La SARL est particulièrement adaptée pour les petites et les moyennes entreprises. SAS (Société par Actions Simplifiées) C’est une société de capitaux qui est très proche de la SA, avec le même minimum de capital. Mais son fonctionnement est plus souple et attire un nombre accru de créateurs d’entreprise en raison d’un formalisme simplifié. SCA (Société en commandite par actions) Cette société a une structure juridique originale. La SCA possède deux types d’associés : les commanditaires (actionnaires de la société, responsables des dettes uniquement à concurrence de leur participation au capital, leurs actions sont nominatives) et les commandités (statut de commerçants, nommés par les commanditaires, indéfiniment et solidairement responsables des dettes sur leurs biens propres) qui peuvent être également commanditaires. La société est administrée par des gérants nommés par les commanditaires avec l’accord des commandités. SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) La SCIC est une nouvelle forme d’entreprise coopérative qui permet d’associer autour du même projet des acteurs multiples : salariés, bénévoles, usagers, collectivités publiques, entreprises, associations, particuliers... Il s’agit du multisociétariat. Elle produit des biens ou des services qui répondent aux besoins collectifs d’un territoire par la meilleure mobilisation possible de ses ressources économiques et sociales, et présente un caractère d’utilité sociale. Elle peut être sous forme de SA ou de SARL. Le statut juridique de la Scic a été créé par la loi n° 2001-624 du 17 juillet 2001. SCOP (Société coopérative de production) Une SCOP est une société commerciale de type SA ou SARL sous forme de coopérative. La particularité tient au fait que les salariés sont les actionnaires majoritaires (au moins 50 % du capital). Chaque associé salarié dispose d’un poids égal à celui des autres associés. Le dirigeant, élu par les associés (Sarl) ou désigné par le Conseil d’administration (SA) pour 154 SICAV (Sociétés d’Investissement à CApital Variable ) Les SICAV sont une catégorie d’OPCVM dotée d’une personnalité morale. Leur fonctionnement est comparable celui d’un FCP. Les gestionnaires de ces sociétés se chargent de constituer et de gérer des portefeuilles composés de valeurs mobilières (actions, obligations) avec les fonds déposés par leurs souscripteurs. SNC (Société en nom collectif) C’est une société commerciale dite « de personnes », dont les associés sont indéfiniment et solidairement responsables avec la société des dettes sociales. Les décisions importantes sont, en principe, prises à l’unanimité. Société Au sens juridique du terme, une société est une personne morale. Elle résulte d’un contrat conclu entre plusieurs personnes qui décident d’agir en mettant en commun du travail et/ou du capital afin d’en partager les profits (ou éventuellement les pertes). Il existe différents types de sociétés. Pour certaines, c’est la personnalité des associés qui prévaut ; c’est le cas de la SNC ou de la SCS. On les appelle les sociétés de personnes. Pour d’autres, ce sont les capitaux qui comptent en priorité et non la personnalité des personnes associés ; c’est le cas de la SCA, de la SA et de la SARL. On les appelle les sociétés de capitaux. Société par actions La SCA est une société dont le capital a donné lieu à l’émission d’actions, souscrites par des investisseurs et des épargnants appelés actionnaires. Chaque actionnaire est porteur d’au moins une action. Il existe deux types de sociétés par actions : la SA et la SAS. Thésaurisation C’est une forme d’épargne consistant à garder son argent sans le faire fructifier par des placements. Valeur mobilière Les valeurs mobilières regroupent principalement les actions et les obligations. Une valeur mobilière est, par définition, cessible et peut donc faire l’objet d’une cotation en Bourse. Vous trouverez des définitions également sur : www.juritravail.com/lexique www.apce.com http://fr.wikipedia.org Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca bibliographie Des livres Lettre ouverte à ceux qui veulent rendre leur argent intelligent et solidaires Jean-Paul Vigier, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, 2003. 150 p., coll. Dossiers pour un débat, annexes, ISBN 2-84377-078-5, 12 € Investir contre l’exclusion : l’épargne solidaire en Europe Dossier de Economie & Humanisme, avril 2000, p. 1-77 Exclusion et liens financiers. Monnaies sociales. Rapport 2005-2006 Sous la direction de Jérôme Blanc, Paris, Economica, 2006,. 547 p., coll. Exclusion et liens financiers, bibliographies, sites internet, ISBN 2-7178-5216-6, 39 € Garrigue, une utopie concrète Eric Larpin, Pantin, Garrigue et Le Temps des Cerises éditeurs, 2005,. 88 p., liste des investissements, bibliogr., index, ISBN 2-84109-594-0, 5 € En finir avec les inégalités Jean Gadrey, Paris, Mango, à paraître en octobre 2006. 250 p., coll. En clair Le nouveau mur de l’argent. Essai sur la finance globalisée François Morin, Seuil, 2006. 288 p., coll. Economie humaine, ISBN 2-02-086870-9, 22 € Banquiers aux pieds nus. La microfinance Jean-Michel Servet, Paris, Odile Jacob, septembre 2006,. 512p., ISBN 2-7381-1717-1, 30 € Reconsidérer la richesse Patrick Viveret, La Tour-d’Aigues, Éd. de l’Aube, 2005. 237 p., Coll. L’Aube poche essai, Contient le texte d’une conférence prononcée à Lille en décembre 2002 et le texte remanié d’un rapport effectué à la demande de Guy Hascoët, alors secrétaire d’État à l’économie solidaire, en appendice, choix de documents, notes bibliogr., ISBN 2-7526-0120-4, 9 € Pourquoi ça ne va pas plus mal ? Patrick Viveret, Paris, Fayard, 2005. 264 p., coll. Transversales, en appendice, choix de documents, ISBN 2-213-62207-8, 18 € Les banques coopératives en France : gouvernance, solidarité et welfare Nadine Richez-Battesti, L’Harmattan, à paraître fin 2006. LA FIN DU CAPITALISME ET APRES ? Lucien Pfeiffer, Gap, Yves Michel, 2006. synthèse 155 Des guides Finances solidaires. Guide à l’usage des collectivités territoriales Finansol en collaboration avec Eficea et avec le soutien du secrétarait d’Etat à l’économie solidaire, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, 2002. 178 p., coll. Dossiers pour un débat, annexes, ISBN 2-84377-058-0, 10 € Guide pratique des finances solidaires en Ile-de-France à destination des responsables associatifs Finansol, Paris, 2005 Les placements éthiques. L’épargne alternative et solidaire en 80 fiches Hors-série pratique d’Alternatives Economiques, 6ème édition à paraître en septembre 2006. 192 p., lexique, ISSN 1291-1704, 9 € Des articles Finances solidaires. Guide à l’usage des collectivités territoriales Finansol en collaboration avec Eficea et avec le soutien du secrétarait d’Etat à l’économie solidaire, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, 2002. 178 p., coll. Dossiers pour un débat, annexes, ISBN 2-84377-058-0, 10 € Guide pratique des finances solidaires en Ile-de-France à destination des responsables associatifs Finansol, Paris, 2005 Les placements éthiques. L’épargne alternative et solidaire en 80 fiches Hors-série pratique d’Alternatives Economiques, 6ème édition à paraître en septembre 2006. 192 p., lexique, ISSN 1291-1704, 9 € et aussi… La revue FINANcité Magazine «Réconcilier finance et citoyenneté», trimestriel, publication du Réseau Financement alternatif, Bruxelles La revue Vif-argent Trimestriel, publication des sociétaires de la Nef, Edité par la Nef, Villeurbanne, ISSN 1771-0723 Le Baromètre des finances solidaires Annuel – parution à l’automne, Finansol, La Croix, Ipsos 156 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca liste des sigles ACCRE : Aide aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise INAISE : Association internationale des investisseurs de l’économie sociale ADELS : Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale IDES : Institut de développement de l’économie sociale ADIE : Association pour le droit à l’initiative économique AMAP : Association de maintien pour une agriculture paysanne ASFONDES : Association regroupant des fondations de l’économie sociale BIT : Bureau international du travail BFR : Besoin en fonds de roulement CAC 40 : Cotation assistée en continue (de 40 actions) CAF : Capacité d’autofinancement CEGES : Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale CDC : Caisse des dépôts et consignations CIDF : Centre d’information pour les droits des femmes CIGALES : Club local pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire CLEFE : Club local d’épargne pour les femmes qui entreprennent IFS : Institution financière solidaire IMF : Institution de micro finance INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques ISR : Investissement socialement responsable MSD : Marseille services développement NEF : Nouvelle économie fraternelle OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques OMC : Organisation mondiale du commerce OPCVM : Organisme de placements collectifs en valeurs mobilières PARGEST : Participation - gestion PBA : Prêt bonifié à l’agriculture PEE : Plan d’épargne d’entreprise PELS : Projet d’économie locale et sociale PERCO : Plan d’épargne retraite collectif CLS : Capital local solidaire PCE : Prêt à la création d’entreprise CNEI : Comité national des entreprises d’insertion PILES : Pôle d’initiative locale pour une économie solidaire COB : Commission des opérations de bourse PFIL : Plate-forme d’initiative locale CODEVI : Compte pour le développement industriel PLIE : Plan local d’insertion par l’emploi CPEM : Centre de promotion de l’emploi par la microentreprise CRES : Chambre régionale d’économie sociale CUMA : Coopérative d’utilisation de matériel agricole PPESV : Plan partenarial d’épargne salariale volontaire PRCE : Prêt régional à la création d’entreprise SA : Société anonyme DLA : Dispositif local d’accompagnement SAFER : Société d’aménagement foncier et d’établissement rural ESIA : Economie solidaire et insertion active SARL : Société à responsabilité limitée ESS : Economie sociale et solidaire SCI : Société civile immobilière ETP : Equivalent temps plein SCIC : Société coopérative d’intérêt collectif FAC : Fonds d’aide à la création SCOP : Société coopérative de production FCP : Fonds commun de placement SEL : Système d’échange local FCPE : Fonds commun de placement d’entreprise SIAE : Structures d’insertion par l’activité économique FCPIE : Fonds commun de placement insertion emploi SICAV : Société d’investissement à capital variable FEBEA : Fédération européenne des banques éthiques et alternatives SIDI : Solidarité internationale pour le développement et l’investissement FEDER : Fonds européens de développement régional SIFA : Société d’investissement France active FGIF : Fonds de garantie à l’initiative de femmes SOCODEN FEC : Société coopérative d’entraide - Fonds d’expansion des coopératives FIR : France initiative réseau FRIS : Fonds régional d’innovation sociale FSE : Fonds social européen GAEC : Groupement agricole d’exploitation en commun SOFINEI : Société de financement des entreprises d’insertion UREI : Union régionale des entreprises d’insertion URSCOP : Union régionale des sociétés coopératives de production GFA : Groupement foncier agricole synthèse 157 index Pour vous aider à retrouver les acteurs de l’épargne et des finances solidaires dans le guide ! 158 Adie pages 50 - 105 Cigales pages 51 - 91 -123 Clefe pages 52 - 94 - 108 Crédit Coopératif pages 53 - 111 Esia pages 54 - 112 Garrigue pages 55 - 77 -124 Habitat et Humanisme pages 56 - 78 Nef pages 57 - 80 - 115 Oikocrédit pages 58 - 82 - 118 Pfil pages 59 - 102 Sidi pages 60- 105 -120 Sofinei pages 61 - 84 -124 Urscop page 117 Guide pratique de l’épargne et des finances solidaires en Paca Comment s’est réalisé le guide ? ACHATS 9 502,00 € SUBVENTIONS PUBLIQUES 7 500,00 € 4 500,00 € Conseil régional PACA 3 000,00 € CG13, délégation ESS AUTRES SERVICES EXTERIEURS 1 060,00 € FINANCEMENTS PRIVES 2 500,00 € 2 000,00 € caisse des dépôts GRAIF CHARGES DE PERSONNEL 7 180,00 € 500,00 € AUTO FINANCEMENT 7 742,00 € 6 992,00 € Vente des guides 750,00 € Insertion publicitaire (NEF) VALORISATION DE BENEVOLAT 3 451,00 € VALORISATION DE BENEVOLAT 3 451,00 € TOTAL DES CHARGES 21 193,00 € TOTAL DES PRODUITS 21 193,00 € Par souci de transparence, nous présentons les éléments financiers de la réalisation de ce guide. Sa conception a implicé la participation de plusieurs personnes au sein de l’Apeas : − des permanents salariés : Bruno Lasnier, directeur, 17 jours de travail. Véronique Branger, coordinatrice du projet, chargée de développement de l’épargne et des finances solidaires, 3 mois de travail. Juliettte Moureau, documentaliste, 6 jours de travail. − des permanent bénévoles : Jeanne Meunier, co-présidente de l’Apeas et déléguée régionale de la fédération des Cigales, qui a consacré à titre bénévole l’équivalent de 10 jours de travail sur la coordination du projet. et Conseil général 13. La part des financements publics représente 35,3 % du coût total du guide ; − des financement privés : le Graif et la Caisse des Dépôts et Consignations, la part des financement privés s’élève à 11,7 % du coût total du guide. - des apports non monétaires : la contrepartie du temps bénévole, calculé à partir d’une estimation du temps engagé sur la base du SMIC, correspond à 16,3 % du coût total. Les ressources publiques, privées et bénévoles couvrent 63,3 % du coût total. Le reste dépend donc de notre capacité d’auto-financement : Enfin, les trente-sept contributions du guide ont été écrites bénévolement. − la vente d’espaces publicitaires dans le guide : nous avons choisi d’offrir l’espace publicitaire à des structures agissant au sein ou en soutien de l’ESS. Ces ventes constituent 9,7 % des besoins d’autofinancement et 3,5 % du coût total. − la vente du guide : le financement actuel comprend l’impression de 1500 exemplaires. Le prix de vente de 10 euros a été fixé le plus bas possible pour permettre son accessibilité. Il n’est possible que grâce à la part du bénévolat et des financements publics et au risque pris par l’Apeas. Pour obtenir un équilibre financier, nous devons vendre au moins 700 guides. En dehors du travail de rédaction, nous avons fait appel à différentes prestations de services : illustrateurs, maquettiste et imprimeur. Elles représentent 40 % des dépenses. Les guides vendus au-delà de ce nombre constitueront un bénéfice pour l’association qui s’engage à l’affecter le cas échéant à son projet associatif. Ces dépenses sont compensées par des ressources de nature différentes : − des subventions publiques : Conseil régional PACA Pour l’Apeas, Bruno Lasnier Conformément au principe de co-élaboration instituée dans l’élaboration des guides pratiques de l’économie solidaire, nous avons réuni un comité d’édition, composé de 12 personnes. Il s’est réuni 3 fois, les membres du comité ont participé bénévolement à ce travail. synthèse 159 Ont participé au comité de pilotage ACS 2000 - Cigales - Crédit Coopératif - Esia - Fondation Macif - Garrigue - Habitat et Humanisme - Les Maîtres du Thé - Nef - Oikocrédit - Pfil - Sidi - Scop Place Ont participé à l’éboration du contenu Maria Lee - ACS 2000 / Cigales / Clefe / Bruno Rochegude - Esia / Daniel Mayer Fondation Macif / Benoit Borrits - Garrigue / Habitat et Humanisme / Christian Davy Les Maîtres du Thé/ Nef / Oikocrédit / Pfil / Jean Jamet - Sidi / Prosper Wanner Scop Place / Giovanni Acquati – INAISE / Bernard Bayot – RFA / Patrick Viveret / Jean Gadrey / Gabriel Marc / Jessica Holc – Snc / Jean-Paul Vigier – Febea / Jean-Michel Servet – Iued / Global Ethique / Finansol / Nadine Richez-Battesti / Pierre-Yves Chanu – Comité Intersyndical de l’Epargne Salariale / Graif / Yves Barnoux – Fédération des Cigales / Dominique Carliez – Fédération des Cigales / Christine Coquio / Christian Tytgat – Caisse Solidaire CMNE / Conseil Régional PACA / Conseil Général 13 / Adie / M. Horgues-Debat – Eref PACA / Jean-François Gaudot – Fir / Crédit Coopératif Nous remercions l’ensemble de ces personnes et structures pour leur participation à ce guide ! Ce guide est réalisé avec le soutien de Le Conseil Régional Paca Le Conseil Général 13 La Nef La Caisse des Dépôts et des Consignations Le Graif Graphisme et mise en page Stéphane Brabant / sbgraphik Illustrations chapitres Yacine Cañamas Illustrations intérieures Christophe Magnet (Charmag) Flashage et impression Imprimerie Coloriage Communication visuelle 38 rue Sénac, 13001 Marseille & 04 91 78 92 05 - www.sbgraphik.com