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revue de presse
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pourrait être à l’origine des comporte-
ments de toxicomanie induits par la mari-
juana. En définitive, le cannabis n’appa-
raît pas comme une innocente drogue
récréative. Parmi les effets indésirables, on
peut citer la dépersonnalisation, les
attaques de panique, la tachycardie, l’im-
munosuppression, des troubles de la
mémoire et du cours de la pensée. Les can-
nabinoïdes partagent également un méca-
nisme d’action neuronal qui est commun
à d’autres substances susceptibles d’in-
duire des toxicomanies, comme la mor-
phine, l’éthanol et la nicotine.
Mots clés. Cannabis – Cannabinoïdes –
Cerveau.
Effets résiduels
du cannabis
Baltimore (États-Unis)
L’ usage du cannabis est en
constante progression, en particulier chez
les jeunes. Une enquête anglaise récente
révèle qu’environ 30 % des étudiants arri-
vés à l’examen de fin d’études ont essayé
le cannabis. Parce que beaucoup de
consommateurs fument leur joint le soir
ou le week-end et retournent à l’école ou
au travail le lendemain, il est important
d’en comprendre les effets résiduels. Le
Dr Fant et ses collaborateurs ont examiné
les effets, tant aigus que résiduels, d’une
cigarette de marijuana (Fant R, Heisman
S, Bunker E et Pickford W. Acute and resi-
dual effects of marijuana in humans. Phar-
macol Biochem Behav 1998 ; 60 : 777-
84). Ils se sont intéressés aux effets
subjectifs et physiologiques, mais aussi
aux éventuelles modifications de perfor-
mances, chez dix volontaires sains âgés de
24 à 31 ans. Les sujets étaient des usagers
modérés de marijuana, c’est-à-dire qu’ils
reconnaissaient fumer de la marijuana au
moins deux fois par mois. Toutefois, leur
consommation ne devait pas excéder
3cigarettes par semaine. Au cours de
3sessions, séparées d’au moins 3 jours,
les sujets avaient à fumer une cigarette qui
comprenait soit 0 %, soit 1,8 %, soit 3,6 %
de D9THC. La façon de fumer (nombre
de bouffées, durée de rétention, intervalle
entre les bouffées) était strictement codi-
fiée. Les données physiologiques, cogni-
tives et subjectives étaient enregistrées
avant la consommation de la cigarette, puis
après la cigarette 5 fois au cours de la
même journée, et 3 fois le lendemain
matin. Les sujets rapportaient la présence
d’importants effets subjectifs, quelle que
soit la dose de THC dans la cigarette, avec
un retour à la normale dans les trois heures
et demie. Le rythme cardiaque augmen-
tait, et le réflexe pupillaire à la lumière
diminuait en fonction de la dose adminis-
trée. Là aussi, le retour aux performances
normales avait lieu le jour même. Aucun
effet résiduel n’était observé le lendemain,
ce qui signifie que les effets résiduels
d’une unique cigarette de marijuana sont
minimaux. Toutefois, l’absence d’effets
résiduels après une prise unique chez des
sujets consommateurs modérés de mari-
juana ne doit pas être assimilée avec les
effets à long terme de la consommation
chronique de cannabis qui sont, eux, bien
réels, en particulier sur la mémoire. Ainsi,
dans une autre étude menée avec des
grands fumeurs de marijuana (plus de
7fois par semaine), Block et Gonheim ont
constaté des diminutions de performances
à des tests mathématiques et verbaux, qui
n’étaient pas observées chez des sujets qui
fumaient moins fréquemment.
Mots clés. Cannabis – Effets résiduels.
Cannabis et mémoire
La Jolla (États-Unis)
Parmi les effets comportemen-
taux des cannabinoïdes les plus souvent
rapportés, les perturbations de la mémoire
et de l’apprentissage tiennent une place
prépondérante. Les études scientifiques de
ces effets chez l’homme sont évidemment
bien plus rares que celles menées chez le
rat. Toutefois, des études comportemen-
tales menées chez l’homme révèlent que
la marijuana perturbe de façon aiguë les
performances dans des tâches de mémoire.
La marijuana a des effets amnésiants anté-
rogrades, c’est-à-dire qu’elle altère la
capacité des sujets à rappeler une liste de
mots appris sous l’action de la substance.
Ces effets sont sensibles aussi bien immé-
diatement après la présentation de la liste,
ce qui signe une perturbation de la
mémoire à court terme, qu’après un cer-
tain laps de temps, ce qui signifie que la
mémoire à long terme est également per-
turbée. Dans le cas du rappel immédiat, on
constate que les mots présentés à la fin de
la liste sont plus facilement rappelés que
les mots du début, ce qui suggère une per-
turbation de certains aspects du stockage
en mémoire. En outre, la marijuana a des
effets amnésiants rétrogrades sur la
mémoire à long terme, c’est-à-dire que les
sujets oublient plus facilement des choses
apprises depuis un certain temps (une
semaine, par exemple) et apprises lors-
qu’ils n’étaient pas sous l’emprise du
médicament. Ils font plus souvent égale-
ment ce qu’on appelle des intrusions : ils
prétendent se souvenir de mots qui n’ont
en fait pas été présentés. Ce profil de per-
turbation se rapproche de celui observé
chez des patients souffrant de dysfonc-
tionnement de l’hippocampe, comme lors
de l’encéphalite herpétique, du syndrome
de Korsakoff ou de la maladie d’Alzhei-
mer. Des expériences in vitro démontrent
que l’activation des récepteurs des canna-
binoïdes réduit la libération de neuro-
transmetteur en deçà des taux requis pour
déclencher des modifications synaptiques
à long terme dans l’hippocampe. Les can-
nabinoïdes réduisent la libération de glu-
tamate par l’intermédiaire de l’inhibition,
médiée par une protéine G, des canaux cal-
ciques responsables de la libération du