AGRONOMIE TROPICALE
XXXVII
-
4
1’.
.
4
METHODE DE CARTOGRAPHIE DES MILIEUX NATURELS
,DU
SENEGAL ORIENTAL
Evaluation des possibilités agro-sylvo-pastorales
R. BERTRAND*
-
J. VALENZA”
RESUME
-
Les auteurs présentent leur carte d’évaluation des
possibiliths
agro-sylvo-pastorales des milieux naturels du SBn6gal Oriental
au
l/~.~.
.Dans
la première partie sont
exposees les bases de la méthode suivie pour réaliser
la carte, L’utilisation de documents divers, tant dans leur précision
que leur nature a
conduit les auteurs
à
se poser le problème du niveau de perception du milieu natu-
rel. Ils ont retenu 4 niveaux d’organisation :
I’icor6gion.
I’&ofaci&s,
l’kotope,
l’bcovariant.
Chaque niveau est caractérisé par un groupe de facteurs homogènes
(descriptifs ou dynamiques) et par un arrangement défini
(akatoire
OU organisé).
La démarche de perception utilisée pour cette carte est globale ou intégrée. Cha-
que type de milieu est considéré immédiatement comme un système identifié par un
ensemble de caractères particuliers liés par un ensemble d’interactions. Cette
démarche est comparée à la démarche synthétique qui suppose l’analyse thémati-
que préalable des
él6ments
du milieu, puis leur
synthkse
par addition des divers thè-
mes, parfois nuancée par une certaine pondération.
L’bvaluation
des
potentialit$s
agro-sylvo-pastorales a été réalisée
inddpendam-
ment de tout choix d’utilisation. Les auteurs ont donc laissé ce choix aux respon-
sables du développement. Cette évaluation repose sur l’interprétation de l’ensemble
des données du milieu. Ces données sont traduites en termes de contraintes,
c’est-
à-dire de facteurs limitant la production. Les potentialités du milieu varient en sens
inverse de la gravité et du nombre des contraintes. Suivant le type de production
considéré, les facteurs pris en compte ne sont pas nécessairement les mêmes ou
n’ont pas le même poids. Ainsi par exemple, pour évaluer certaines potentialités, le
facteur modelé, ou le sol intègrent au mieux les caractéristiques du milieu, tandis
qu’à une autre échelle ou pour une autre production, la végétation ou le régime
hydrique en sont le meilleur reflet. On aboutit ainsi
à
la notion de facteurs
«discri-
minants»
pour l’évaluation intégrée des
potentialitbs
du milieu.
Dans la deuxième partie, les auteurs décrivent sommairement les écorkgions
qu’ils ont
Cartographi&es
au
Sénkgal
Oriental.
La troisiéme partie est
Consacr&!e
à
des réflexions sur les perspectives du dévelop-
pement agro-sylvo-pastoral en fonction du milieu naturel.
Mots-cl6
: cartographie, mkthode, milieux naturels, évaluation, possibilités agro-sylvo-
pastorales, Sénégal oriental.
I
-
PRINCIPES ET METHODE
INTRODUCTION PRINCIPES DE BASE
La carte présentée ici, caractérise et situe les grands
L’usage du milieu, pour telle ou telle production, est lié
types de milieux du SENEGAL
ORIENTALIFtant
dans
bien entendu aux facteurs naturels, mais il dépend aussi
leurs composantes naturelles que dans leurs potentialités d’un certain nombre de composantes humaines
(histori-
d’utilisation par
l’homme. En ce sens, il s’agit d’une
véri-
table carte écologique
:
celle des milieux où vivent et se ques, économiques, sociologiques, politiques..
.)
sus-
ceptibles d’évoluer dans le temps en fonction des
reproduisent les hommes. besoins ou des priorités humaines du moment.
.-.
*
BERTRAND IR.)
-
Service
de
Pédologie
et
de
Cartographie IRAT/GERDAT
-
BP
5035
-
24032
MONTPELLIER
Cedex
*
330
*
*
-k
AGRONOMIE TROPICALE
XXXVII
-
4
Si comme
écologues
ou agropédologues, nous ne
maîtrisons pas ces derniers critères de choix, nous som-
mes, par contre,
à
même d’évaluer d’une manière conve-
nable, les potentialités de production du milieu pour les
grands types de spéculations habituels (agriculture, éle-
vage, forêt). Aussi nous sommes-nous abstenus de faire
les choix qui reviennent de droit aux amenagistes et aux
politiques. C’est pour cela que nous n’avons privilégie
aucune des utilisations possibles ou envisageables. Aussi
notre carte se démarque-t-elle
délibérement
du nombre
de cartes dites de vocation ou
.d’aptitude
à
certains
types de production ou d’activités humaines.
Notre position en la matière est que si tel type de
milieu est favorable
à
l’agriculture, il l’est sans doute
aussi
à
l’élevage ou la forêt. II ne nous appartenait pas
dans ce travail de cartographie, de nous substituer aux
aménagistes, mais au contraire de leur donner les rensei-
gnements susceptibles de guider leurs décisions en toute
connaissance de cause. Nous pensons que I’écologue
doit garder une certaine neutralité, seule garantie de sa
crédibilité. Ceci ne l’empêche cependant pas d’avoir des
vues personnelles, mais elles doivent être réservées
à
d’autres tribunes ou exprimées dans d’autres conditions
ou dans les documents annexes de la carte.
II est certain par ailleurs que dans une équipe integrée
chargée du plan d’aménagement d’une région,
I’écolo-
gue se doit de faire valoir son point de vue et de négocier
les compromis que constituent chaque choix ou déci-
sion.
METHODE
CONCEPTION GENERALE DE LA CARTE
Cette carte découle d’une démarche par intégration et
non d’une démarche additive progressant du simple au
genéral
qui
caracterise
les cartes dites de synthèse.
Aussi, comme elle
considére
chaque
«écotope»
et ses
possibilités d’utilisation comme un bloc indissoluble, on
peut dire qu’il s’agit d’une ((cartographie globale» ou
bien d’une
icartographie
intégrée».
Les conditions d’élaboration tiennent moins
à
la ren-
contre, au travail en commun ou
à
la somme d’expé-
rience des auteurs, qu’a leur disposition d’esprit.
L’agro-
pedologue
a fait appel
à
des notions qui s’écartent de la
pédologie proprement dite; I’agrostologue ou le
phytoso-
ciologue a provisoirement fait l’impasse sur ses listes
botaniques pour ne retenir que les facteurs de la produc-
tivité réelle des pâturages.
CARTOGRAPHIE ET UNITES D’ORGANISATION DU
MILIEU NATUREL
Pour réaliser une telle carte couvrant une superficie
assez importante, en peu de temps, il est indispensable
de faire appel
à
toute la documentation disponible.
Essentiellement les cartes climatologiques, géologiques,
géomorphologiques, pédologiques, agrostologiques,
phytosociologiques. Les échelles, les niveaux de détail
de ces documents sont très variables : du
1/5
000 000 au
1120 000. L’utilisation de documents de base aussi divers
et hétérogènes, nécessitait une réflexion
méthodologi-
que sur les niveaux d’organisation du milieu naturel. La
finalité est d’éliminer les données redondantes ou hétéro-
gènes
à
l’échelle retenue et de ne sélectionner pour
I’ela-
boration de la carte que les critères significatifs, indis-
pensables et homogènes.
Cela nous a amené
à
définir quelques termes pour
désigner les espaces écologiques considérés
a
chaque
niveau d’organisation.- Chacun d’entre eux est, bien
entendu, identifiable
à
un niveau de perception corres-
pondant; il est cartographiable
à
une échelle adaptée.
Nos préoccupations étant tournées vers la satisfaction
des besoins humains, nous avons retenu 4 niveaux
d’organisation correspondant
à
peu près aux structures
humaines traditionnelles.
a)
A l’ethnie nous ferons correspondre
I’Bcorbgion
ou
région naturelle dont la dimension varie de quelques
dizaines
a
quelques milliers de kilomètres carrés. Cette
unité est
caract&is&e
par un type de climat régional
à
peu près homogène, avec un habitus de relief et de types
de sols particulier. La végétation est variable mais pré-
sente des caractéristiques typiques.
Ces régions naturelles correspondent
à
peu prés aux
g&sysrémes
de G. BERTRAND
(19701,
aux régions
éco-
logiques
de M. JURDANT
(1975)
ou de LONG (1969) ou
aux domaines écologiques de GALLOUX
(1967)
ou
encore aux grandes situations agricoles (TOURTE).
Ces
&corégions>)
sont cartographiables
à
partir de
l’échelle du
1/200
OC0
et
à
des échelles plus petites.
b)
Ellea
comprennent plusieurs
bcofacib
qui corres-
pondent
à
des territoires susceptibles d’être habités par
une tribu. La dimension varie entre quelques kilomètres
carrés et quelques centaines de kilometres carres. Le cli-
mat général peut être considéré comme
homogene.
Le
relief et les sols ont un faciès et une organisation ordon-
nes. Ils presentent de forts indices de liaison qui résultent
en grande partie des processus de genèse et de leur
dynamique de fonctionnement (en particulier du bilan
morphogenèse-pédogenbse).
La végétation a un
habitus
particulier. Mais les types
de
végetation
ne presentent pas nécessairement une
organisation
spatiale
ordonnée suivant une loi de distri-
bution unique.
Ces
&cofaciès»
ont été
designés
par les pédologues
de I’IRAT sous le nom
d’unitbs
motphop6dologiques.
Parfois ils correspondent aux
«associations de sols»
de
nombreuses cartes
pedologiques
françaises. Ils peuvent
être assimilés
à
la notion de terroir bien connue. On peut
AGRONOMIE TROPICALE
XXXVli
-
4
aussi les rapprocher du
((géofaciès))
de G. BERTRAND
(1970). Ils recouvrent les notions de district
kologique
et de
syst&me
kologique
de M. JURDANT
(1975)
OU
bien
de
secteur
kologique
et de
district
kologique
de
GALOUX (1967) ou
dectland
system»
de
C.S.I.R.O.
Du
point de vue agronomique les
.«écofaciès»
montrent une
situation agricole spécifique (TOURTE).
Les ecofacies peuvent être couramment cartographies
depuis l’échelle du
1/20
oo0
ou du
1/50
OCXI
jusqu’au
1/250
CO0
parfois plus.
c)
L’kotope
est une unité d’organisation du milieu
naturel dont la dimension, beaucoup plus réduite, se
situe entre quelques dizaines d’hectares et quelques kilo-
mètres carres : il correspond
à
la dimension du
finage
d’un village ou d’un clan.
Le relief et les sols y sont quasi homogènes, mais mon-
trent cependant quelques variations de detail. La végéta-
tion a un faciès particulier et s’ordonne suivant des lois
de répartition simples. Cette homogénéité du modelé et
des sols et cette organisation de la végétation résultent
essentiellement de la dynamique de fonctionnement
actuelle que l’on peut exprimer par exemple par le degre
de stabilité du milieu
et/ou
par la
dominante
de certains
processus de fonctionnement
(regime
hydrologique par
exemple).
Les écotopes sont localement cartographies sous le
nom
d’unitk
morphop6dologiques
par les pédologues
de I’IRAT. Ils correspondent
à
peu
pres
au type
Bcologi-
que de M. JURDANT
(1975)
ou bien
à
la famille de sols
de nombre de cartes pédologiques françaises.
Les écotopes sont cartographies depuis l’échelle du
l/lO
OGO
jusqu’au
1/50
CO0
voire au
I/l00
OC9
suivant
I’hétérogénéite
du milieu naturel.
d)
L’kovariant
est une unité d’organisation du milieu
naturel qui occupe une surface de quelques ares
à
quel-
ques hectares, c’est-à-dire une superficie voisine de celle
qui est cultivée par une famille. Sols et végétation y sont
homogènes. Cette unité d’organisation a une dimension
voisine du
((polypedon))
des pédologues ou de
((station»
des phytosociologues. Elle peut être assimilée
a
la
«phase écologique)) de
Mr.
JURDANT (1975) et dans
une certaine mesure
à
la notion de c(géotope» de G. BER-
TRAND
(1970).
Elle peut aussi être assimilée
a
l’«exploi-
tation agricole ou
à
l’Unité de production agricole ou
à
la
parcelle d’exploitation agricole.»
L’écovariant ne peut guère être cartographie qu’aux
très grandes échelles
à
partir et au-delà du
l/lO
COO.
Chaque écovariant ne différant des autres que par la
variation d’un ou plus rarement de plusieurs- caractères
de détail du sol ou de la végétation.
A l’échelle du
1/500
Ooo,
retenue, nous pouvions donc
cartographier
deux niveaux d’organisations :
-
des
Bcor6gions
à
climat relativement homogène et
caractérisés par un habitus
particulier de relief, de sois
associes
à
un complexe de végétation particulier. Ces
unités de milieu n’ont pas
eté
individualises mais appa-
raissent nettement dans la carte grâce au choix de tein-
tes coordonnées (par exemple des dégradés de rouge
pour
l’ecoregion
des «Plateaux du Continental Terminal»
OU de vert pour le «Bas glacis de la vallée de la
Falemé)).
-
des
BcofaciBs
a
climat relativement homogène,
à
modele
et types de sols
à
faciès typique dont les varia-
tions sont ordonnées suivant des lois de répartition et de
liaison connues et particulières
à
chaque écofaciès. Ces
caractéristiques expriment une
resultante
dynamique.
331
Les
uégétations
spontanées et rudérales ont un
habi-
tus typique. Ce sont les unités de milieux qui ont été éva-
luées et cartographiees individuellement (par exemple les
((couvertures éoliennes sur plateau du continental termi-
nal» ou bien le «remblaiement colluvo-alluvial des val-
lées» ou encore le ((bas-glacis de la basse Falemé».
DISCUSSION
Comparaison avec les «cartes de ressources en sols»
Du fait de l’approche intégrée du milieu naturel, du fait
de l’absence de préjugé pour l’évaluation des
potentiali-
tes agro-sylvo-pastorales, la conception et, par suite,
l’utilisation de cette carte s’éloignent notablement des
«cartes de ressources en
sol))
proposées récemment
(BOULET 1976). Ces dernières ont en effet été établies
en ne tenant compte,
à
peu de chose près, que du fac-
teur sol. Elles n’envisagent que les
possibilites
pastora-
les. Aussi, du fait de cette polarisation, ces «cartes de
ressources en sols)) montrent-elles :
a)
une hétérogénéité de présentation
b)
une limitation des renseignements susceptibles
d’intéresser les planificateurs ou les amer-rageurs du tarri-
toire.
cIune
frustration des pédologues fauteurs) en raison
de la «perte d’informations» par rapport aux cartes pédo-
logiques utilisées comme seules bases.
Au contraire, les
ctcartes des types de milieux et de
leurs
possibilit6s
d’utilisations» donnent pour
I’ensem-
ble du territoire tous les renseignements intéressant le
planificateur au niveau de
géneralisation
requis. Les
«pertes d’informations)) pour certaines disciplines sont
plus que compensées par les données afférentes
à
des
thèmes complémentaires (géomorphologie,
climatoio-
gie.. . , associations végétales pour le pédologue ou bien
pédologie pour
I’agrostologue).
Chacun des facteurs du
milieu naturel est ramené
à
sa juste valeur, son rôle est
pondéré en fonction des autres composantes du milieu.
Tant&
le facteur sol intègre au mieux les caractéristiques
du milieu,
tant&
le type de végétation en est le meilleur
reflet; en d’autres lieux, c’est le regime hydrologique ou
la dynamique du modelé qui seront les «primitives» de
l’intégration.
332
ll
est
à
noter que
le
type de carte présenté peut
être
realise
à
des niveaux de généralisation
très
divers, puis-
que de
teks
cartes ont déjà Bté réalisées au
1
/
100 000 et
au
J/~O
000.
Suivant le niveau de détail auquel on se
Place,
les
CareCtêreS
significatifs ou
discriminants
e
rete-
nir
seront
adaptb
et précisés. De même l’éventail des
Potentialités
à
apprécier
pourra être évidemment
réduit
ou au contraire élargi
à
des utilisations
specifiques
ou
a
des modes de faire valoir précis ou plus particuliers. Que/
que Soit le niveau de détail, la démarche methodologique
et le mode de présentation resteront les
mêmes.
ComParaison
avec les cartes dites de
«zonage»
On assiste actuellement
à
une production un peu
désordonnée de cartes dites de zonage, réalisées
à
divers propos. Le terme de zonage s’applique
a
une
repartition de l’espace géographique en bandes plus
ou
moins parallèles. Il s’adapte assez bien aux concepts de
zonalité
climatique ou écologique (végétation, sols).
D’une
facon
moderne le mot a été un peu galvaude et se
rapporte
à
une répartition du territoire souvent sans réfé-
rence
à
la forme allongée des zones, c’est ce qui est,
pour le moins, un abus de langage.
Ces cartes s’appuient, soit sur des observations ou des
mesures thematiques, telles que les caractéristiques cli-
matiques par exemple, soit sur un nombre plus ou moins
élevé de
donnees
du milieu qui sont utilisées telles quel-
les ou après simplification en classes. Le
«zonage»
est
alors obtenu par addition des différents facteurs pris en
compte.
La principale critique est sans doute que ces essais ne
sont pas assez soutenus par une réflexion
méthodologi-
que approfondie, en particulier sur le plan taxonomique.
Tous les facteurs sont pris en compte au même niveau.
L’accumulation des données est seule prise en compte
pour délimiter des unités de milieux ou ctzones». Dans les
meilleurs cas,
à
une échelle déterminée, les données ont
été choisies puis pondérées d’une manière plus ou moins
empirique, ce qui donne des résultats intéressants.
Mais le plus souvent aucun choix des données, vrai-
ment significatives
à
l’échelle considérée, n’est réalisé.
Ainsi
les niveaux d’organisation du milieu bcologique
ne sont guère pris en compte. L’élaboration d’une carte
à
petite échelle sera réalisée en se basant sur les mêmes
types de données de base qu’une carte
à
plus grande
échelle. Seule la maille ou le nombre des données est
éventuellement modifié. Alors que suivant l’échelle de
cartographie retenue, le niveau de perception doit être
modifie et la nature des données prises réellement en
compte, doit être adaptée. Ainsi
à
grande échelle le cli-
mat devrait être considéré comme invariant et donc
exclu
des critères de zonage tandis que l’accent devrait
être donne aux séries de sols ou
à
des particularités du
pedoclimat. Au contraire
à
petite échelle, le climat
est
un
facteur primordial tandis que la série de sol ou le pédocli-
mat local peuvent être négligés.
Y
~
D
AGRONOMIE TROPICALE
XXXVII
-
4
Les cartes de zonage actuellement présentées dérivent
donc d’une démarche additive ou synthétique qui pour-
rait être notablement améliorée par une approche plus
globale où,
a
chaque niveau de perception, on ferait cor-
respondre un faisceau de données
à
prendre en compte
avec une pondération susceptible de ramener l’impor-
tance de certains facteurs
à
leur juste valeur.
Les buts de ces cartes de zonage sont évidemment
très divers, mais sont le plus souvent limités
à
une seule
application. Ces résultats ne sont donc pas
à
la mesure
de l’ampleur des travaux
à
réaliser pour les obtenir.
Comparaison avec la
mbthode
dite de planification
bcologique.
Cette démarche inspirée de
1.
MC HARG s’applique
à
des échelles qui varient entre le
1/5
NIO
et le
I/l00
Ooo
.(M.
FALQUE, 1972 et 1975). Elle est basée sur une carto-
graphie systématique d’un grand nombre de facteurs du
milieu
à
la même précision, puis
à
leur traduction en ter-
mes de capacité ou d’aptitude vis-à-vis de diverses utili-
sations envisagées.
Par superposition de ces cartes
élementaires,
on
obtient la carte d’aptitude
à
une utilisation déterminée.
La combinaison de ces diverses cartes permet d’obte-
nir une
carte
dite
d’aptitude synthbtique
qui peut servir
de base
à
un aménagement écologique raisonne.
Cette méthodologie synthétique par additions succes-
sives donne des résultats satisfaisants aux échelles
d’application habituelles de la méthode; c’est-a-dire
1/25 000 ou 1 /lOO 000. Elle exige cependant I’établisse-
ment d’inventaires cartographiques exhaustifs dont le
coût n’est peut-être pas toujours
a
la mesure des résul-
tats. Ces résultats au moins jusqu’à des échelles du
1/25
000
ou du
1/50
000 pourraient être obtenus beau-
coup plus rapidement et
à
un coût infiniment moindre
avec une méthodologie par intégration.
La conception de la planification écologique s’applique
mal aux petites échelles où le choix des critères explica-
tifs du paysage permet une cartographie infiniment plus
rapide, plus sûre, qui ne s’encombre pas d’innombrables
données souvent redondantes.
Conclusion
La carte des milieux naturels et des potentialités
agro-
sylvo-pastorales du Sénégal Oriental a été établie grâce
à
une approche globale des milieux écologiques. A
l’échelle du
1/500
C00
les caractères climatiques, géo-
morphologiques et de matériaux ont été les critères
d’intégration significatifs retenus en raison de leur forte
liaison avec la nature et la repartition
spatiale
des types
de sols et des associations végétales typiques. L’évalua-
tion des potentialités agro-sylvo-pastorales a été réalisee
sans préjuger de f’affectation la plus favorable, le but
AGRONOMIE TROPICALE XXXVII
-
4
étant de renseigner et d’orienter les aménagistes sans
pour autant opérer les choix qui leur incombent. Nous
avons voulu élaborer une carte qui serve de référence et
de base de décision.
Cette conception s’écarte de celle des «cartes de res-
sources en
sols))
qui évaluent uniquement ou presque le
potentiel agricole
à
partir des seules données de sols. Elle
s’éloigne aussi par son
appreciation
globale du milieu
écologique des «cartes de zonage» et de la méthode dite
de ((planification écologique)) qui procèdent d’une
démarche de synthèses par accumulation successive de
toutes les données sans
hierarchisation
bien exprimée
des niveaux’de perception du milieu.
Par contre notre démarche se rapproche beaucoup
des conceptions de M. JURDANT sur ((l’inventaire
eco-
logique du territoire)) ou bien des «unités de paysage» de
G. BERTRAND.
REALISATION DE LA CARTE
En raison, d’une part de l’échelle de la carte et d’autre
part de l’impact recherche, il convenait de limiter le nom-
bre d’unités cartographiques. Cela posait, comme on
vient de le voir, des problèmes de choix du niveau taxo-
nomique de ces unités. Par ailleurs, il importait que la
légende, tout en restant simple, donnât un maximum de
données descriptives des types de milieux.
Limitation du nombre d’unitbs
Nous avons ainsi distingue 19 types de milieu corres-
pondant
à
des
6cofaciBs
définis par un type de relief et
par des sols
a
faciès typiques et organisés suivant des
lois de répartition particulières. Ces écofaciès montrent
une végétation spontanée,
((naturelle»,
typique et parti-
culière. En raison de l’action de l’homme (cultures,
déboisements...) et pour des variations minimes des
caractéristiques morphopédologiques, cette végétation
type et originale n’est ni homogène, ni ordonnée suivant
les mêmes lois de repartition que le modelé et les sols.
Ces écofaciès peuvent être regroupées
a
un niveau de
généralisation plus élevé en 4
«6cor6gions»
ou régions
naturelles caracterisées par un climat relativement
homo-
333
gène et un type original de relief et de sols associes
à
un
complexe de végétation particulière :
-
les plateaux du continental terminal,
-
les couvertures éoliennes sur plateaux du continental
terminal,
-
le bas glacis sur socle primaire de la vallée de la
Falémé,
-
les glacis cuirasses sur socle primaire méridional.
Bien que leurs dimensions soient marginales pour être
considérées comme région écologique, nous pourrions
distinguer
à
ce niveau de I’écorégion :
a) d’une part la petite portion de la vallée du Sénégal
située -aux environs de Bakel et qui appartient
à
cette
vaste écorégion qu’est la moyenne vallée du
Sér$gal,
et
d’autre part,
b)
les Monts
Bassaris
et les dépressions périphériques
qui leur sont associées dans la vaste région des Glacis
cuirasses sur socle primaire.
Choix du type de bgende
Nous avons choisi une présentation de la
legende
en
tableau
a
double entrée. Les lignes sont consacrées
à
la
description des caractères et des potentialités
agro-
sylvo-pastorales d’un même écofacies. A l’opposé, les
colonnes donnent les renseignements essentiels corres-
pondant
à
un même thème pour tous les écofacies. Nous
avons ainsi prévu :
-
trois colonnes pour la description du milieu naturel,
-
une colonne pour exprimer les contraintes du milieu
vis-à-vis des
possibilites
de production,
-
trois colonnes pour l’expression de l’évaluation des
potentialités agricoles, pastorales et forestières.
Ce type de présentation a été retenu, car il permet de
donner un
raccourci suffisant et
homogbe
des carac-
tkes
de chacune des unités; description qui éclaire
l’évaluation des potentialités du milieu et qui devrait per-
mettre
a
un voyageur un peu initié aux choses de la
nature d’identifier les écofaciès sans être obligé de se
plonger dans la lecture de nombreuses pages de rapport.
Ceci reste bien entendu indispensable pour réaliser les
choix qui incombent au planificateur et
à
I’aménageur.
II
-
LE MILIEU NATUREL ET SES POTENTIALITES
CLIMAT
Dans cette vaste région qui s’étend du
12’
SO’
a
pres-
que
15O
de latitude Nord on passe d’un climat tropical de
type soudanien
à
soudano-guinéen au sud
à
un climat de
type sahélien au Nord.
La pluviométrie varie de 1 250 mm en 75 jours au sud
à
environ 500 mm en 40 jours au Nord.
Ce climat tropical est caractérisé par l’alternance de 2
saisons :
-
une saison des pluies
étalee
sur 4 mois au Nord et
presque
6
mois au Sud, en été, entre juin et octobre. Les
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