Capital Risque et Valorisation de la Recherche - AFIC - 2005
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Quelques chiffres
En tout état de cause, le brevet constitue un indicateur privilégié du niveau de performance des pays
en matière de recherche-développement.
C’est ainsi que l’on a constaté que la France a connu une large diminution de sa part de marché dans
les dépôts de brevets. Avec moins de 7 % des brevets européens déposés, la France dépose deux
fois moins de brevets que l’Allemagne.
Aux Etats-Unis, la France ne représente que 2 % des brevets déposés, moins que l’Allemagne, le
Royaume-Uni, Taiwan ou le Japon.
Dans le cadre de ces chiffres, il convient de distinguer les dépôts de brevets effectués par les entre-
prises privées et ceux des centres de recherche publique qui sont nettement plus faibles.
Les obstacles au dépôt de brevets
●Pour quelles raisons, n’existe-t-il pas en France de " réflexe brevet ",
contrairement à d’autres pays tels que les Etats-Unis ou le Japon ?
Certaines sont propres aux organismes de recherche publique et d’autres aux entreprises privées.
Pour les centres de recherche publique, il n’est pas dans la culture des chercheurs de déposer des
brevets, ce dépôt reste secondaire. Ceci est lié au fait que dans le monde de la recherche, l’évalua-
tion des chercheurs s’effectue par référence aux publications effectuées, ce qui est incompatible
avec le système juridique français du dépôt de brevet, fondé sur le caractère de nouveauté. Il est
plus valorisant pour un chercheur de publier des articles que de déposer et de valoriser des brevets.
Pour les entreprises et particulièrement les PME, déposer un brevet et entretenir ce dépôt s’avèrent
être très onéreux. L’aspect financier constitue l’un des obstacles majeurs à l’utilisation des brevets
par les entreprises françaises.
Comment favoriser le dépôt et la licence de brevets ?
Malgré les efforts de sensibilisation des chercheurs au dépôt de brevets, ceux-ci restent relative-
ment faibles notamment pour les raisons précédemment évoquées.
Le plan en faveur de l’innovation propose certaines mesures intéressantes afin de développer chez les
chercheurs le fameux " réflexe brevet ". On peut citer la prime au brevet accordée à un ou plusieurs
chercheurs du secteur public ayant d’une part déposé un brevet et d’autre part, valorisé ce brevet.
En dehors des aides financières, beaucoup s’accordent sur le point que certaines modifications, plus
profondes, du système français d’évaluation des chercheurs doivent être envisagées. D’une part, il
conviendrait de modifier les critères d’évaluation des chercheurs actuellement fondés sur les publi-
cations effectuées et non sur leurs efforts en termes de valorisation de leur recherche. D’autre part,
les dispositions relatives à la publication des recherches par les chercheurs ne doivent pas être un
frein au dépôt de brevets comme c’est le cas actuellement. Ces dispositions doivent être compati-
bles avec le régime juridique du brevet comme c’est le cas aux Etats-Unis.
2.2 La valorisation
par le brevet : nécessaire
mais pas suffisante
Inciter les chercheurs à déposer plus de brevets est nécessaire mais pourtant pas suffisant, encore
faut-il que ce brevet soit valorisé.
Cette valorisation doit s’effectuer par le transfert de l’innovation vers le monde industriel composé
des grands groupes mais aussi des PME qui doivent pouvoir accéder aux technologies développées
dans les laboratoires.
Dans ce cadre, il est nécessaire de faire appel à l’ensemble des acteurs intervenant dans le domai-
ne de la recherche et de l’innovation, issus tant du domaine public (universitaires, chercheurs,
chargés de valorisation, porteurs de projets) que du monde privé (entreprises privées – PME ou
grandes entreprises- investisseurs, etc.).