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Introduction
L’Espagne reconnait depuis quelques dizaines d’années déjà différentes pratiques de
l’économie sociale (ES). La Constitution espagnole de 1978, rédigée après la chute du régime
franquiste, cite plusieurs organisations de l’économie sociale : les coopératives, les
associations et les fondations.
Au contraire de nombreux pays européens, l’Espagne connait
une inflation législative dans le domaine de l’économie sociale «
avec des lois distinctes pour
chaque type de coopérative ou niveau de gouvernement (national et régional)
» .
La dernière
version de la loi nationale sur les coopératives date de 1999 et, dans le même temps, quinze
législations régionales ont été créées dans les Communautés autonomes. En effet, l’Espagne
est un pays fédéral dans lequel les régions, Communidades autónomas, ont énormément de
compétences.
Toutefois, il a fallu attendre 2011 pour qu’une loi nationale encadre le secteur de
l’économie sociale et la reconnaisse institutionnellement comme favorisant à la fois le
développement économique et social du pays. La CEPES, Confédération Espagnole des
Entreprises de l’Économie Sociale, créée en 1992, est l’organisation intersectorielle
représentant l’économie sociale en Espagne. L’importance de son lobbying dans les années
2000 a permis la reconnaissance par tous les partis politiques espagnols de l’utilité sociale
de l’économie sociale. Son action a ensuite été décisive dans l’élaboration de la loi de 2011.
Dans un contexte européen où plusieurs pays ont décidé de mettre en place des
mesures visant à encadrer et reconnaitre l’économie sociale comme un secteur économique
à part entière (loi-cadre de l’économie sociale et solidaire en France courant 2013), le cas
espagnol est remarquable par la forte régulation de l’économie sociale que permet
l’organisation institutionnelle du pays, le fédéralisme. Il est, toutefois, intéressant de se
questionner quant à l’efficacité de cette diversité de mesures et de la concurrence qui peut
exister entre le droit de l’État et des diverses régions.
Dans une première partie est étudiée la législation espagnole nationale sur
l’économie sociale, notamment la loi-cadre, première en son genre en Europe. Dans la
deuxième partie, l’encadrement juridique régional est examiné plus précisément. Enfin, le
fonctionnement de différentes entités de l’économie sociale espagnole (sociétés de
travailleurs associés, coopératives d’initiative sociale) est décrit dans une troisième partie.
Royaume d’Espagne,
Constitution espagnole de 1978
,
http://www.boe.es/legislacion/enlaces/documentos/ConstitucionFRANCES.pdf, consulté le 08/04/2013.
Art.129.2 : « Les pouvoirs publics encourageront de manière efficace les différentes formes de participation à
l’entreprise et favoriseront, par une législation adéquate, les sociétés coopératives. Ils créeront aussi les moyens qui
facilitent l’accès des travailleurs à la propriété des moyens de production. »
Article 22: droit d’association. Article 34 : droit de fondation.
Rapport d’information élaboré pour le Comité économique et social européen par le Centre international de
recherches et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative (CIRIEC),
L’économie sociale dans
l’Union européenne
, http://www.eesc.europa.eu/resources/docs/qe-30-12-790-fr-c.pdf, 2012, p. 79, consulté le
20/03/2013.
Ibid. p.93.