L3 Didactique des mathématiques – Géométrie 2
Au IIIe siècle avant J.-C., Euclide organise les savoirs géométriques de manière logique
à partir de définitions, d'axiomes et de propriétés démontrées. Ses Éléments constituent sans
doute le plus célèbre ouvrage de l’histoire des mathématiques qui rassemblent tous les savoirs
mathématiques de son époque, ils comportent 13 livres portant des thèmes différents : la
géométrie plane, la théorie des nombres, la géométrie des solides.
Le mot axiome est ici à prendre au sens de « vérité indémontrable mais évidente pour
quiconque en comprend le sens, principe premier, et considérée comme universelle. »
(Dictionnaire Le Robert). Citons par exemple, en langage actuel :
- étant donnés deux points distincts, il existe une droite unique passant par ces deux points ;
- pour tout point A et tout point B distinct de A, il existe un cercle unique de centre A
passant par B ;
- parallèlement à une droite donnée et par un point donné, il passe une droite et une seule.
Remarquons que l’évidence des axiomes vient de la référence au monde réel, à l’espace
physique.
Du IXe au XIIIe siècle, les mathématiciens arabes traduisent des ouvrages grecs, les
commentent et les enrichissent notamment de la trigonométrie. Ils développent des méthodes
de calcul d'aire et de volume et la géométrie de la sphère pour les besoins de l'astronomie. Le
monde occidental de l'époque ignore tout de ces travaux et les redécouvre pendant la
Renaissance. À cette époque, parce que le dessin et la peinture se veulent réalistes, se
développent la géométrie projective et la perspective.
3. Avec la géométrie analytique, la géométrie devient algébrique
Par l’introduction des repères, les points sont caractérisés par leurs coordonnées et les
ensembles de points, comme les droites et certaines courbes, se caractérisent par des
équations. Les questions géométriques peuvent alors se traduire algébriquement ce qui
facilite parfois les démonstrations. C’est à Descartes (1596-1650) qu’on doit l’introduction
des repères et Lagrange (1736-1813) est le premier à utiliser les équations de droites et de
plans. Monge (1746 - 1818) invente la notion de vecteurs.
4. Les géométries non euclidiennes
Au XVIIe siècle les mathématiciens commencent à questionner la théorie
géométrique : la question qui se pose est de savoir si l’on peut ou non démontrer que, par
un point extérieur à une droite on peut mener une parallèle à cette droite et une seule.
Cette question change le travail des mathématiciens sur la géométrie qui est interrogée
en tant que théorie : les axiomes demandés par Euclide sont-ils suffisants, autrement dit n’y
a-t-il pas des propriétés qui sont utilisées implicitement dans les raisonnements ? et sont-ils
tous nécessaires ? Les axiomes d’Euclide deviennent alors des postulats : le fait qu’on les
admette n’est pas lié à une évidence en référence au monde réel, ils ne sont pas tenus pour
vrais, mais ils sont considérés comme des fondements d’un système déductif. Après plusieurs
tentatives infructueuses pour démontrer l’axiome des parallèles, Gauss (1777-1855) démontre
qu'on ne peut pas le démontrer. Cet axiome est donc un postulat nécessaire à la théorie
géométrique.
Il en découle que cette propriété est bien admise, qu’elle n'est pas obligatoire, et qu’il
est donc théoriquement possible de prendre un postulat contraire. Bien sûr, ce faisant, on ne
prétend plus décrire l’espace physique, réel, et la géométrie s’éloigne radicalement de son
objectif premier. Cette découverte stimula le travail de mathématiciens qui construisirent des
théories géométriques réfutant l’axiome d’Euclide.