BOURSE Le journal de la finance africaine Hebdomadaire www.lesafriques.com L’Anglo American et la CGI tirent l’indice AI40. Page 8 Bourse de Douala : nouvelle entreprise cotée. Page 8 Diac Salaf dans le giron du CMKD. Page 5 BANQUES, ASSURANCES Vers un pool africain des assurances contre les catastrophes naturelles. Page 6 PRODUITS DE BASE La Malaisie lorgne le cacao ghanéen. Page 10 La noix de cajou, nouvel enjeu économique. Page 11 Investissements INVESTISSEMENT Les Sud-Coréens vont investir un milliard de dollars à Bouinan. Page 13 Le Cameroun aura un nouveau port. Et la Guinée projette l’extension du sien. Page 14 ENTREPRISES ET MARCHÉS Moov marie GSM et satellite. Page 18 Le mobile en Afrique, une vache trop grasse. Page 18 Le ciment devient rare et cher. Page 20 Cameroun : la zone franche industrielle en demi-teinte. Page 15 ECONOMIE Entretien avec Supachai Panitchpakdi, secrétaire général de la CNUCED. Rédaction Trois sommets asiatiques et toujours le même constat. De nouveaux partenaires se présentent avec leur agenda face à un continent qui arrive dispersé, la fleur au fusil. L’offre africaine est encore trop éparpillée, ce qui explique le caractère déséquilibré des accords signés. Au total, ils étaient 44 chefs d’Etat, de gouvernement, ou viceprésidents pour cette quatrième Page 15 Des fiscalistes veulent la réforme de l’OHADA. Page 17 Burkina : nouveau système d’évaluation des fonctionnaires. Page 15 POLITIQUE Le gaz vendu à Israël fait des bulles en Egypte. Page 10 Brice Hortefeux prêche l’immigration choisie à Douala. Page 21 Poutine, le nucléaire iranien et l’offre aux pays émergents. Page 23 Dakar TICAD, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique, tenue du 28 au 30 mai dernier. Avant le Japon, l’Inde, moins heureuse en participants, avait réuni sept chefs d’Etat lors de son premier sommet IndeAfrique les 8 et 9 avril derniers. New Delhi ne leur en avait pas tenu rigueur au vu des accords signés, allant de l’accès préféren- N o 32 : 5 au 11 juin 2008 tiel à certains produits africains au crédit supplémentaire de 5,4 milliards de dollars pour 20072008. La Chine, en accueillant les Africains les 4 et 5 novembre 2006, avait promis, outre les nombreux contrats signés en marge, 3 milliards de dollars de prêts. Lire en pages 3 et 20 Yasuo Fukuda. Paris craint la défection d’Alger et de Tripoli au sommet de l’UPM Sécurité alimentaire : l'UA ressort le PDDAA. Colonel Mangly : la crise ivoirienne n’a pas affecté la Douane. Casablanca, Le Japon, après la Chine et l’Inde Page 12 Page17 : Alger, Paris redoute l’absence du Président Bouteflika. La présence, à un niveau élevé, de l’Algérie et de la Libye au sommet fondateur de l’Union pour la Méditerranée (UPM) du 13 juillet 2008, n’est pas confirmée. Si l’absence de Mouammar Kadhafi est presque sûre, celle de Abdelaziz Bouteflika est redoutée à Paris. La Libye et l’Algérie sont les principaux producteurs de pétrole et de gaz de la zone méditerranéenne. Or, l’énergie est l’un des piliers sur lesquels sera bâtie l’UPM. Cette initiative est entourée de « zones d’ombres », selon Tripoli et d’« aspects obscurs », selon Alger. Les deux capitales soufflent le chaud et le froid, Alger plus que Tripoli. Lire en page 23 Le gaz vendu à Israël fait des bulles en Egypte Le Premier ministre égyptien Ahmad Nazif a fini, après un mois de pression de l’opinion, par annoncer que son gouvernement est en négociation pour revoir à la hausse les prix du gaz vendu à Israël. Tout a commencé le 1er mai dernier lorsque la presse a révélé que la connexion du gazoduc reliant Marocaine Vie : pourquoi le GBP a fait arrière toute La transaction entre le Groupe Banques Populaires et la Société Générale pour une prise de participation conséquente du premier dans le capital de l’assureur Marocaine Vie n’aura finalement pas lieu. Un communiqué du groupe bancaire marocain le précise sans autres détails. Pour les observateurs, cette énième tentative de la plus grande institution bancaire marocaine de prendre pied dans l’assurance a butté encore une fois l'Egypte à Israël était enfin établie. L'information est double : le gaz naturel égyptien est non seulement vendu à Israël, qui assiège Gaza, mais il l'est, à un prix tellement bas que la presse le qualifie de « gaz subventionné ». Lire en page 10 subsaharienne : des taux d’inflation faibles, la possibilité que des investisseurs privés et institutionnels viennent dans la zone sans crainte de subir des pertes liées aux varia- Lire en page 6 Banques tunisiennes : retard dans la régionalisation Contrairement à leurs consoeurs marocaines devenues ces dernières années un acteur incontournable sur les marchés africains à forte croissance, les banques tunisiennes peinent encore à parachever leur développement à l’échelle nationale. A preuve : une délégation de la Banque mondiale a encore une fois « Difficile de faire aboutir les grandes idées sans argent » Pour le commissaire à l’UEMOA, El Hadji Abdou Sakho, « la politique monétaire a donné aux pays de l’UEMOA plusieurs avantages que n’ont pas les autres pays d’Afrique sur le lobbying de quelques membres de la Fédération marocaine des assurances qui ont tout à craindre de l’émergence d’un pôle puissant de bancassurance qui les délesterait d’une partie de leurs portefeuilles. Qui tire les ficelles ? La Fédération marocaine des assurances, le nouveau PDG de la banque ? A moins que cela ne soit le ministre des Finances luimême ? tions du taux de change ». L’expert fait le point sur les avancées économiques et les défis de la zone. Lire en page 16 pressé mardi dernier les autorités tunisiennes d’accélérer la réforme du système bancaire afin d’améliorer le positionnement des banques tunisiennes dans un marché exigu et de leur permettre de jouer la carte de la « régionalisation » dans quelques années. Lire en page 5 Alami Lazraq, PDG du groupe Alliances, leader de l’immobilier de luxe au Maroc répond à nos questions. Lire en page 13 Afrique CFA 1500 FCFA. - Belgique 1,9 a... - Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France 1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT - Canada 3,3 $ CAD. 2 AFRIQUE DU SUD Bharti Airtel abandonne son offre d’achat de MTN La plus importante compagnie indienne de téléphonie mobile, Bharti Airtel Ltd., a annulé son offre d’acquisition de l’opérateur de téléphonie mobile MTN Group à la suite d’un différend sur le contrôle de la société après rachat. Les deux parties sont arrivées à un accord de principe le 16 mai dernier. Justifiant son retrait, la compagnie indienne affirme que MTN a présenté une « structure complètement différente » de ce qui avait été discuté auparavant. Le retrait de Bharti ouvre la porte à d’autres prétendants au rachat de MTN. … Et Emirates telecommunications annonce sa candidature L’opérateur Emirates telecommunications a annoncé son intérêt pour l’achat de MTN. La compagnie émiratie de téléphonie mobile n’est pas la seule en lice puisque Deutsche Telekom AG et le Russe OAO VimpelCom envisagent eux aussi de lancer une offre d’acquisition de l’opérateur sudafricain. Vodafone a indiqué, pour sa part, qu’elle n’était pas intéressée. Reliance Communications en pourparlers avec MTN Selon The Wall Street Journal, la compagnie Reliance Communications est en discussions avec MTN Group. Plusieurs options sont envisagées. L’une d’elles concerne le rachat de Reliance par MTN. La joint-venture devrait avoir plus de 100 millions d’abonnés, soit bien plus que AT&T. Les mines d’or de l’East Rand affectées par la violence Les violences anti-immigration ont affecté la production dans les mines d’or d’East Rand, près de Johannesburg. Les travailleurs étrangers des compagnies DRDGold Ltd. et Pamodzi Gold Ltd n’ont pas rejoint leur lieux de travail en raison d’attaques survenues dans les régions environnantes. La mine de Primrose (Primevère) a même été fermée. La Chambre des mines d’Afrique du Sud, qui représente la plupart des compagnies minières du pays, prépare un « plan de contingence » dans le cas où la violence prendrait des proportions plus grandes. ieures. Eskom aura besoin de fonds publics si la hausse des prix est reportée Eskom Holdings Ltd., qui produit 95% des besoins électriques du pays, estime que si la hausse des tarifs qu’elle réclame depuis plusieurs mois est différée, cela impliquera un financement plus grand de l’Etat pour qu’elle puisse mener des projets d’extension de la production et du réseau d’un 45 milliards $. L’Autorité nationale de régulation doit se prononcer le 4 juin prochain sur la requête d’Eskom qui veut doubler les tarifs à partir d’avril 2009. La compagnie n’accepte pas la solution « d’injections fiscales », elle veut une véritable hausse de 61% cette année et 43% l’année prochaine. Les abonnés de Vodacom Mobile augmentent de 13% L’opérateur de téléphonie mobile Vodacom Group, le plus important du pays, annonce que le nombre de ses abonnés a CONDENSÉ atteint 34 millions en mars dernier, soit une augmentation de 13% par rapport à la même période en 2007. La compagnie, détenue conjointement par Telkom South Africa et Vodafone Group, a également annoncé une augmentation de 17% de ses revenus, ce qui correspond à 48,2 milliards de rands (environ 6,26 milliards $). La croissance économique atteint son plus bas niveau depuis 6 ans Au 1er trimestre 2008, la croissance économique du pays s’est établie à 2,1% (contre 5,3% lors des trois précédents mois), enregistrant ainsi sa plus mauvaise performance depuis 6 ans, en raison des coupures d’électricité qui ont touché l’industrie minière. ALGÉRIE Les négociations avec l’OMC s’accélèrent Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a fait état de l’accélération des négociations en vue de l’adhésion de l’Algérie, sans en fixer l’échéance. Enajuc Boufarik proposée à la privatisation totale La Société de gestion des participations de conserveries, jus et boissons (SGP-Cojub) annonce un appel à manifestation d’intérêt pour la cession totale de l’unité Enajuc de Boufarik (Blida). Cette entreprise, spécialisée dans la production et la commercialisation de jus et conserves, s'étend sur une superficie totale de 25 000 m2. Les 5 entreprises restant dans le portefeuille de la SGP-Cojub devraient être privatisées d'ici fin 2008. Une vingtaine d’autres, dont des unités de production d'eau minérale et brasseries, ont déjà été privatisées durant les 4 dernières années, pour un montant de 12,41 milliards DA. Le PDG de la CAAT à la tête de l’Organisation des assurances africaines Abdelkrim Djaafri, le PDG de la Compagnie algérienne des assurances (CAAT), a été élu à la présidence de l’Organisation des assurances africaines (OAA) pour un mandat d’une année. Djaafri a été élu lors des travaux de la 35e conférence et de l’assemblée générale qui se sont déroulés la semaine dernière à Alger. Il succède au Gabonais Léon-Paul N’Goulakia. Nouredine Smaïl succède à Ali Sadmi à la tête de la Cosob Nouredine Smaïl, l’ancien conseiller auprès du cabinet du ministre des Finances, a été nommé à la tête de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (Cosob), en remplacement de Ali Sadmi, dont le mandat est arrivé à expiration. M. Smaïl a déjà occupé les postes de directeur général de la Bourse d’Alger, puis de d’Algérie Clearing. La SNVI perd près de la moitié de son marché Selon son PDG, la part de marché de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) a chuté de 45 à 25%. Les raisons invoquées par Mokhtar Chahboub sont liées à la concurrence de l’importation, aux difficultés financières, aux capacités limitées de la production et aux contraintes de la commercialisation. A cela s’ajoute le désintéressement des clients institutionnels des produits de la société en lui préférant les véhicules importés. Le PDG de la compagnie, qui emploie plus de 8000 personnes, dit avoir reçu des assurances que l’entreprise sera assainie financièrement. Une 3e licence pour la 3G L’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour l’établissement et l’exploitation d’un réseau de téléphonie 3G. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 30 juin 2008. Les transferts d’argent des immigrés Près de 27% des 8 milliards d’euros transférés par les travailleurs immigrés en France sont le fait d’Algériens, rapporte un rapport réalisé par l’institution française Caisse nationale des caisses d'épargne (CNCE), pour le compte du Ministère de l'intérieur français. Les Algériens arrivent à la troisième position après les Marocains (33%), et bien loin derrière les pays d’Afrique subsaharienne qui totalisent 46% des transferts. Sonelgaz : nouvel emprunt obligataire Le groupe Sonelgaz lance le 1er juin prochain un nouvel emprunt obligataire ouvert au grand public, d'un montant de 25 milliards de dinars, pour financer, en partie, son programme d’investissement. Les obligations seront émises sous forme de titres au porteur dont la valeur nominale est de 5000 dinars chacune, avec des intérêts à taux progressifs atteignant les 6,5% la dernière année. Les souscripteurs se feront rembourser la totalité de leur capital à l’échéance de l’emprunt, soit le 1er juin 2014. Dix nouveaux pipelines en projet 10 milliards de dollars seront investis dans l’extension du réseau de gazoducs. L’objectif est d’accroître la longueur de ce réseau de 30% et d’augmenter les capacités de transport de gaz et de pétrole de 29%. Il y a actuellement 29 pipelines principaux de pétrole, de gaz et de condensat de gaz de pétrole liquéfié (GPL), couvrant une distance totale de 16 200 kilomètres pour une capacité de transport totale de 322 millions TEP (tonnes équivalent pétrole). En 2010, 10 pipelines supplémentaires de même envergure (dont 6 gazoducs et 2 GPL) pourraient être installés. Prêt-à-porter : « Mango » à Alger La chaîne de vêtements espagnols pour femmes « Mango » vient d’ouvrir son premier magasin en Algérie. La boutique de 300 mètres carrés est située dans le quartier de Hydra et devrait être « la première d’une série dans les mois à venir », selon la marque espagnole. « Cela représente une avancée cruciale », annonce le groupe espagnol qui prévoit de s’installer également à Oran et Constantine. Mango s’est récemment installés en Egypte et en Afrique du Sud. ANGOLA Thales décroche un contrat de 221 millions $ La compagnie française Thales SA, le plus importante firme européenne de composants électroniques militaires, a décroché un contrat de 140 millions d’euros. Elle fournira au gouvernement des équipements de télécommunications civils et militaires. Au cours de cette visite, la banque Société Générale a ouvert une ligne de crédit de 300 millions $ pour financer le commerce entre les deux pays. La SAL bénéficie d’une aide de 4 millions $ La Société d’aviation légère (SAL) va bénéficier d’une aide de 4 millions $ pour la récupération d’aéronefs et la réhabilitation de ses infrastructures, a annoncé le ministre des Transports, Augusto Tomás da Silva. Ce montant permettra à la compagnie de se relancer sur le marché de l’aviation légère, après plus de 5 ans d’arrêt suite aux pannes de ses aéronefs. Sur les 5 avions dont elle dispose, 3 sont en réparation en Afrique du Sud et 2 sont en panne. Créée en février 1992, la SAL est une compagnie aérienne publique détenue à 51% par la TAAG et 49% par l’ENDIAMA. Sagres investit 3 millions d’euros en campagnes publicitaires La centrale de bière et boissons Sagres, marque portugaise et internationale, va investir en 2008 3 millions d’euros en campagnes publicitaires pour consolider sa marque en Angola. Sagres a commercialisé plus de 30 millions de bouteilles dans les trois dernières années. BÉNIN Les arriérés de salaires seront payés Le gouvernement va apurer les arriérés salariaux, qui s’élèvent à 147,202 milliards FCFA, en émettant 300 000 titres dénommés « Certificats spéciaux de créances sur l’Etat ». Ces arriérés sont le cumul du blocage des avancements des salaires dans la fonction publique décidé par le gouvernement en 1987. Cette mesure a touché 69 132 agents permanents de l’Etat. Sur un total estimé à 174,904 milliards FCFA, l’Etat s’était déjà acquitté de 27,702 milliards. Bonne campagne agricole La campagne agricole 20072008 présente un bilan globalement positif au Bénin, selon des statistiques publiées par le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP). Les productions végétales donnent un taux de réalisation de 93,95% pour les céréales, 75% pour les racines et tubercules, 97% pour les légumineuses, 90% pour le coton, 91% pour l'ananas et 89% pour l'anacarde. 17 milliards FCFA de la BM pour la décentralisation La Banque mondiale va débloquer quelque 17 milliards de francs CFA pour la seconde phase du Programme de gestion urbaine décentralisée (PGUD-2) en cours dans plusieurs villes du Bénin. Le projet a pour but d’élargir l’accès aux équipements, infrastructures et services de base des populations des principales villes du pays, notamment celles à statut particulier (Cotonou, PortoNovo et Parakou), et de quelques villes secondaires. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 BURKINA-FASO La BOAD accorde 4 milliards de FCFA pour le financement d’un barrage La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a octroyé un prêt de 4 milliards de FCFA pour le financement partiel d’un projet de construction de barrage sur un bras du fleuve Mouhoun, dans la région des Hauts Bassins. Ce projet permettra la réalisation d’un aménagement hydro-agricole de 1500 hectares (ha) sur un potentiel de 21 000 ha, ainsi qu’une centrale hydroélectrique de 2,58 MW. Ce prêt porte à 136,9 milliards FCFA le volume global des approbations nettes et prises de participation de la BOAD dans le pays. Un financement autrichien de 18,6 milliards FCFA L’Autriche va accorder un financement de 18,6 milliards FCFA pour la période 20082013. Cette décision intervient à la suite de la signature, en Autriche, du Mémorandum d’entente sur le programme indicatif de coopération (PIC) entre les deux pays. Ce montant devra fournir un appui budgétaire ciblé, notamment dans les secteurs de l’artisanat et de la micro et petite entreprise, pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le bénéfice annuel de Safaricom augmente de 16% Safaricom, le plus grand opérateur de téléphonie mobile du pays, annonce une hausse de 16% de ses bénéfices annuels, et une augmentation de 68% de son nombre d’abonnés. Ses bénéfices nets ont atteint 13,9 milliards Sh (223,7 millions $) durant l’exercice fiscal cloturé le 31 mars 2008, contre 12 milliards Sh un an auparavant. Le chiffre d’affaires a grimpé de 47,7 à 61,4 milliards Sh. La compagnie compte actuellement 10,2 millions d’abonnés. CAMEROUN La société SAFACAM fait son entrée à la bourse La Société africaine forestière et agricole du Cameroun (SAFACAM) est désormais cotée à la bourse nationale des valeurs mobilières, la Douala stock exchange (DSX), qui compte maintenant 2 sociétés cotées. 20% du capital de la SAFACAM (estimé à 2 milliards FCFA) a été introduit en bourse, soit 82 800 actions. La société est détenue par l’Etat et le groupe français Bolloré. La Société des eaux minérale du Cameroun (SEMC), propriétaire du Editeur : Editions Financières du Sud Eurl, 11 rue de Bassano – F75116 Paris. Gérant : Koly Keita. Filiale à 100% de Les Afriques Edition et Communication SA. Genève. Administrateurs : Abderrazzak Sitail (Président), Michel Juvet, François-Eric Perquel, Dominique Flaux (Adm. délégué, directeur de la publication). Comité des Fondateurs : Philippe Séchaud (Président). Editeurs partenaires : Atlas Publications (Maroc). Avenir Communication (Sénégal). Directeur de la rédaction et rédacteur en chef Finance : Adama Wade (Casablanca). Rédacteur en chef Economie et politique : Ihsane El Kadi (Alger). Rédacteur en chef Gestion publique et coopération : Chérif Elvalide Seye (Dakar). Rédaction : Louis S. Amédé (Abidjan), Charles A. Bambara groupe français Castel, a été la première à faire son entrée en bourse au début des opérations de cotation le 30 juin 2006. transports publics n’avaient pas augmenté à la suite de la 1ére hausse, ils risquent de connaître des changements cette fois-ci. CONGO EGYPTE Total inaugure une plateforme pétrolière en offshore à Pointe Noire Le groupe français Total E&P Congo a inauguré une plateforme pétrolifère à PointeNoire, à 510 km au sud de Brazzaville. Ce nouveau champ pétrolier, baptisé MohoBilondo, qui a coûté 1000 milliards FCFA pour les études d’ingénierie, la remise en œuvre de l’outil industriel, le recrutement et la formation, devrait produire 90 000 barils par jour. Les réserves sont estimées à 230 millions de barils. Un appel d’offres pour trois centrales électriques La Compagnie égyptienne d’électricité (EEHC) va lancer, dans les 19 prochains mois, 3 appels d’offres (AO) internationaux pour la construction de 3 centrales électriques d’une capacité totale variant de 1662 à 2062 MW. La première centrale, un barrage hydroélectrique d’une capacité de 12 MW, sera construite à Assiout. La seconde centrale à cycle combiné (350 ou 750 MW) sera implantée à Sharm El-Sheikh. Une centrale thermique de 1300 MW sera construite à Ain El-Sokhna. Accord sur les services aériens avec la Guinée équatoriale Un mémorandum d’entente pour le développement du transport aérien avec la République de Guinée équatoriale a été signé récemment. Aux termes de ce document, les deux pays autorisent les compagnies aériennes désignées de droit congolais et equato-guinéen d’exploiter les services agréés dans leur Etat respectif, sans limitation de fréquence ni restriction de modules de capacités à mettre en exploitation. CONGO RDC L’exploitation de la bauxite intéresse des compagnies américaines Une délégation d’investisseurs américains, conduite par Sorin Petrotoni, patron de Briana SPRL, du Groupe Mag de Californie, a présenté aux autorités du Bas-Congo un projet d’exploitation de la bauxite dans la localité de Sumbi, dans le territoire de SekeBanza. Les recherches menées dans cette région prouvent de grandes capacités d’extraction bauxite sur environ 100 km. Certaines catégories de bauxite peuvent contenir jusqu’à 48% d’aluminium. Hausse des prix des produits pétroliers Les prix des produits pétroliers connaissent, à partir du 24 mai, une nouvelle majoration de l’ordre de 10 à 12%, selon les régions. Ainsi, le litre d’essence est passé de 705 à 790 FC (12,05%) dans la partie ouest du pays, de 780 à 870 FC (11,5%) à l’est, et de 860 à 950 FC (10,4%) au sud. Il s’agit de la 2e hausse après celle du 6 avril dernier, qui était de l’ordre de 4% environ. Si les prix des (Londres), Mohamed Baba Fall (Casablanca), Said Djaafer (Alger), Amadou Fall (Dakar), Daikha Dridi (Le Caire). Ont également participé à ce numéro : Walid Kéfi (Tunis), Aliou Diongue (Dakar), François Bambou (Yaoundé), Ougna Camara (Conakry), Mamadou Lamine Diatta (Dakar), Faycal Metaoui (Alger), Anthony Davis (Johannesburg), Rafik Sabounji (Alger), Achille Mbog Pibasso (Douala), Lyes Taibi (Alger), Bénédicte Châtel (Paris), Gilbert Tchomba (Douala), Robert Adandé (Cotonou), Sana Harb (Alger). Avec le concours d’African Investor - AI40 (Londres), S&P (Londres) et de CommodAfrica (Paris). Abonnements : Les Afriques, 19 rue de Veyrier, CH-1227 Carouge Genève. Tél : +41 22 301 96 15. Fax : +41 22 301 96 10. [email protected] ou formulaire sur www.lesafriques.com Investigations sur un naufrage survenu au 19e siècle L’Espagne prendra part à l’enquête sur le naufrage, survenu au 19e siècle, d’un navire soupçonné de contenir la momie de Khafre, pharaon de la 4e dysnatie. Khafre est connu pour avoir construit la 3e pyramide de Giza. La demande en or a augmenté de 15% « Le marché égyptien de l’or est le plus important de la région arabe », estime le Conseil international de l’or dans son récent rapport. En effet, la demande en or a augmenté de 15% au 1er trimestre 2008 par rapport à la même période de l’année précédente. 11,5 millions de visiteurs au Centre commercial d’Alexandrie en 2007 Le Centre commercial d’Alexandrie (Alexandria City Centre - ACC) a accueilli environ 11,5 millions de clients en 2007. Les ventes d’ACC durant cette année ont augmenté de 19% par rapport à 2006. Omar Gaafar, son directeur général, prévoit plus de réussite pour l’année 2008. Le centre va augmenter de 29 117 m2 d’espace commercial et verra l’ouverture de 90 nouveaux magasins. Revenus en baisse pour Raya Holding Raya Holding a annoncé des revenus nets de 13,1 millions LE (2,4 million $) au premier trimestre 2007, soit un déclin de 76% par rapport à la même période de 2007. HSBC augmente ses revenus de 58% au 1er trimestre HSBC Egypt annonce une hausse de 58% de ses revenus Maquette : Jérémie Flaux. Webmaster : Christian Zanardi. Corrections : Xavier Michel. Imprimé en France : Imprimerie Nouvelle, Saint Jean de Braye. Imprimé au Sénégal (Avenir Communication) et au Cameroun (Sopecam). Diffusion : NMPP, Sapress, Messapresse. Régie publicitaire : Sequence Media SA, 19 rue de Veyrier, CH1227 Carouge Genève (+41 22 301 96 15). Bureau de Genève : Virginie Deletraz +41 22 301 96 14 [email protected]). Benjamin Flaux (+41 78 758 77 09 [email protected]). Bureau de Casablanca : Saad Marrakchi (+212 22 23 34 77 [email protected]). Bureau Alger : Baya Saidoun ([email protected]). Bureau Dakar : Valérie Ndione ([email protected]). Dépôt légal : Juin 2008 © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur 3 ACTUALITÉ Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Après l’Inde et la Chine, le Japon Le triple A perd y va également de ses offrandes de sa valeur Le scénario a désormais un air de déjà vu. A la moindre invitation, c’est la noria des chefs d’Etat et de gouvernement africains. A Yokohama hier, comme à Delhi avant-hier et à Beijing le jour d’avant. Pour quelques milliards et du riz. Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar Au total, ils étaient 44 chefs d’Etat, de gouvernement, ou vice-présidents pour cette quatrième TICAD, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de Ces trois sommets partagent la même philosophie. De nouveaux partenaires se présentent avec leur agenda face à un continent qui arrive en ordre dispersé, la fleur au fusil. l'Afrique, tenue du 28 au 30 mai derniers. Les mariées, puisque l’Afrique vient à plusieurs, se concurrencent un peu. Le Japon l’a annoncé. Il va doubler son aide publique au développement. De 580 millions d'euros par an entre 2003 et 2007 à 1,16 milliard d'euros en 2012. Il entend également aider le continent à doubler sa production de riz dans les dix ans. Grâce au NERICA, le Nouveau riz pour l'Afrique, croisement de souches de riz asiatique et africain mis au point en Afrique de l'Ouest par une large coalition : outre le gouvernement japonais, le Programme des Nations unies pour le développement, la Banque africaine de développement, l'Agence américaine pour le développement international, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et la Fondation Rockefeller. On le dit doté d’une teneur élevée en protéines et résistant aux déprédateurs et autres maladies, sans compter un cycle de croissance plus court que les variétés locales. Contreparties attendues Avant le Japon, l’Inde, pour faire bonne mesure, a organisé son premiers sommet Inde-Afrique les 8 et 9 avril dernier. Moins heureux en participants que ses rivaux. sept chefs d'Etat seulement pour 14 pays représentés. New Delhi ne leur en a pas tenu rigueur. Accès préférentiel à certains produits africains et crédit supplémentaire de 5,4 milliards de dollars pour 20072008. La Chine, en accueillant les Africains les 4 et 5 novembre 2006, avait promis, outre les nombreux contrats signés en marge, 3 milliards de dollars de prêts. Ces trois sommets partagent la même philosophie. De nouveaux partenaires se présentent avec leur agenda face à un continent qui arrive en ordre dispersé, la fleur au fusil. Les annonces, pour spectaculaires qu’elles soient, sont des miettes par rapport aux besoins du continent et la contrepartie attendue. Qui plus est, elles sont présentées comme des cadeaux. Les Africains repartent avec force proclamation de satisfaction, oubliant que l’aide n’a jamais développé aucun pays et qu’il eut valu mille fois jouer donnant-donnant. Hélas, pour cause de vertu, les mariées n’entendent pas parler affaires. Seule compterait l’amitié… Lire également en page 20 Valeurs africaines Alderman Davis Lewis restitue 40 millions de livres sterling au Nigeria Jean Claude Masangu, pointé du doigt par la justice belge Le « Lord Mayor » de Londres, Alderman Davis Lewis, en visite au Nigeria, a déclaré que le gouvernement britannique était prêt à retourner 40 millions de livres sterling (environ 86 millions de dollars) au gouvernement nigérian, qui font partie de l'argent détourné par l'ex-gouvernement de l'Etat de Plateau, Joshua Dairye, et confisqué par la police londonienne. Selon le Guardian, le versement de cette somme fait suite à la remise d'un chèque de 150 000 livres sterling au procureur général et au ministre nigérian de la Justice du Nigeria, Michael Aondoakaa, à Abuja mercredi. L'argent sera restitué aux autorités nigérianes après que le processus judiciaire en Grande-Bretagne aura pris fin selon la loi et avec la coopération du procureur général du Nigeria. Joshua Dairye est l'un des quatre anciens gouverneurs nigérians accusés de blanchiment d'argent. Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Claude Masangu, a vigoureusement rejeté vendredi des accusations de blanchiment d'argent portées par la justice belge à l'encontre de son institution, au cours d'un point de presse à Kinshasa. « La Banque centrale du Congo n'a rien à se reprocher », a déclaré M. Masangu, rappelant que les faits incriminés remontaient à l'époque du président Laurent-Désiré Kabila (1998-2001), alors que le pays était sous le coup d'un embargo sur les armes. Affaire à suivre. Adil Douiri, mutatis mutandis L’ancien ministre marocain du Tourisme, Adil Douiri, revient à ses premières amours en lançant un fonds de capital transmission baptisé Mutandis. En deux mois, cette structure qui se définit comme une société d’investissement et non un fonds d’investissements a permis de réunir 800 millions de dirhams, démontrant ainsi que la crise de liquidité n’a pas encore atteint le « troisième compartiment » du marché financier marocain. Pour rappel, Adil Douiri est l’un des précurseurs du capital investissement marocain, avec notamment le fonds d’investissement CFG 25. Dix ans après son lancement, cette industrie qui compte douze acteurs actifs totalise 5 à 6 milliards de dirhams de fonds sous gestion. La SGBS conforte sa position de leader au Sénégal Avec 486 milliards de FCFA de total bilan, la Société Générale de banques du Sénégal (SGBS) devient leader du secteur bancaire sénégalais. La filiale de la SG dépasse de 30 milliards de FCFA la CBAO, selon les termes de son directeur général, Sandy Gillio. La SGBS entend poursuivre sur cette belle lancée avec l’ouverture de plusieurs points de vente en 2008 pour le développement de son réseau. Fort de ses 45 ans de présence, l’institution sénégalaise adresse ainsi un message fort à la concurrence. La justice éthiopienne sur les traces de Mengistu Hailé Mariam La Cour suprême fédérale éthiopienne a condamné lundi, par contumace, l'ancien chef de l'Etat Mengistu Haile Mariam et 16 autres responsables de la junte militaire (1974-1991) de l'Ethiopie (ou Derg en amharique). En 1974, Mengistu faisait partie des officiers qui ont renversé l'empereur Haile Selassie lors d'un coup d'Etat et était devenu le chef de l'Etat en 1977. La junte militaire a été renversée en 1991 par une coalition de forces rebelles, alors que Mengistu a fui au Zimbabwe et y a obtenu l'asile politique. La Guinée limoge son ministre de la Défense Le président guinéen, le général Lansana Conté, a limogé le général Mamadou Bailo, mardi, pour calmer la colère des soldats mutins qui réclamaient le départ de ce haut gradé de l’armée. « La nouvelle de mon limogeage est une rumeur. Pour le moment, je suis encore à mon poste », aurait déclaré l’ancien ministre au micro de Guinée 24. Outre le paiement des arriérés de leurs soldes et la baisse de prix de certaines denrées, le départ du général Mamadou Bailo était l’une des principales revendications des soldats. Adama Wade, Casablanca Les agences de notation n’ont plus le vent en poupe. Accusé d’être à la fois juge et partie, le secteur s’est vu sévèrement admonesté par l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), qui a tenu sa conférence 2008 à Paris. Dans le nouveau code de bonnes pratiques qui se profile, interdiction leur est faite notamment de noter des produits financiers desquels ils ont participé à l’élaboration. Soulignons toutefois que ce code n’a pas force de loi mais relève plutôt de l’éthique. Il revient aux pays membres de transposer les bonnes résolutions de Paris dans leurs lois respectives. Et aux acteurs concernés de prendre les devants pour garder toute la force de leurs signatures dans le système financier moderne. Pour le reste, le débat sur le pouvoir des agences et sur leur incapacité à prévoir les crises ne fait que commencer. Certes, on ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir vu venir le scandale de la Baring et celui d’Enron. Mais comment s’explique l’inefficacité du système de notation à évaluer correctement les risques liés aux produits financiers structurés, adossés aux crédits immobiliers des ménages américains à faibles revenus ? Ces produits, qui bénéficiaient de bonnes notes avant la crise, se sont effondrés comme des châteaux de cartes, provoquant la dépréciation de plus de 200 milliards de dollars d’actifs depuis novembre 2007. La facture est suffisamment salée pour pousser les Américains et les Européens à, non seulement adapter leurs législations pour prévenir les conflits d’intérêts, mais aussi à rediscuter du système de rémunération des agences. C’est là où se trouve le nœud du problème. Comment une agence peut-elle noter en toute indépendance la dette d’une entreprise qui la paie ? La question inclut toute une catégorie d’opérateurs, allant des cabinets de déontologues, aux agences chargées de la compliance de certains produits, à la loi islamique, en passant par les analystes financiers. Autant de professions exposées au risque du conflit d’intérêts. Les chiffres de la semaine 145 milliards de francs CFA. Facture pétrolière du Sénégal en 2007. Dans ce total, 107 milliards ont servi à l’achat du diesel pour la production électrique d’origine thermique. 280 000. Nombre de déplacés au Darfour en 2007. La région de l’ouest du Soudan est en guerre civile depuis 2003. 2500 dollars. C’est le prix de la nouvelle voiture économiquee lancée par Renault-Nissan avec le groupe indien Bajaj. Les ventes de la « ULC » démarreront en 2011. Nouvelle révolution dans le segment des voitures à très bas coût. 200 000. Demandes d’obtention de la carte d’identité biométrique au Maroc à la date du 22 mai 2008. 2,7 milliards de dollars. Total des indemnités versées par la Libye aux victimes de l’attentat de Lockerbie. Chaque famille devrait recevoir 10 millions de dollars. 9900 dollars. Cours de l’once du rhodium en milieu de semaine. Le métal le plus cher au monde conforte sa position. 200 millions. Le nombre de personnes qui pourraient se déplacer d’ici 2050 à cause des changements climatiques. Chiffres de l’ONU. 625 954 tonnes métriques. Quantité de pétrole vendue par la Côte d’Ivoire qui en a dégagé un montant de 325 millions d’euros durant le premier trimestre 2008. 100. Jours de captivité au 30 mai 2008 pour les otages autrichiens détenus dans le Sahara, probablement au Mali, par un groupe se réclamant d’Al Qaïda au Maghreb. 1,223 milliard. Montant des transferts des migrants tunisiens en 2007. Chiffres officiels publiés samedi. 600. Personnes appartenant à 20 pays africains qui ont été inscrites au Programme de bourses Iles Canaries-Afrique (PBCA), lancé cette année par le gouvernement canarien pour la formation des étudiants. 4 CONDENSÉ au 1er trimestre 2008, soit un montant de 281,6 millions LE. Comparés à décembre 2007, les emprunts ont augmenté de 9,3% pour atteindre 11,4 milliards LE, pendant que les dépôts ont augmenté de 12,1% atteignant 24,8 milliards LE. Ghana située au centre du pays. Le Japon promet également d'autres fonds sous forme de prêts concessionnaires qui permettront de boucler les travaux du tronçon. Renégociation des contrats de gaz Tous les contrats de vente de gaz naturel seront renégociés, y compris celui passé récemment avec Israël, en raison de la forte hausse des cours pétroliers. Moetaz Al-Alfi, président d’une des entreprises d’engrais situées dans une zone franche, a déclaré s’être mis d’accord avec le gouvernement sur un nouveau prix indexé à celui de l’engrais à l’exportation, ce qui assurerait la stabilité des profits. Les travailleurs de Telkom-K obtiennent 24% de hausse de salaire Les salaires des travailleurs de la compagnie Telkom-K seront augmentés de 24% à compter du 1er avril 2008. L’accord, qui devra être revu dans une année, a été signé entre des représentants de la compagnie et de l’Union des travailleurs. Le coût mensuel de cette hausse est estimé à 22 millions Sh. ETHIOPIE La firme indienne Emami Biotech produira du biocarburant La compagnie indienne Emami Biotech Ltd et la Commission investissement de l’Etat d’Oromia ont conclu un contrat d’un montant de 56 millions $ pour la production de biocarburant. Selon les termes de l’accord, la firme indienne s’engage dans la culture de la jatrophe, sur une superficie de 40 000 hectares, destinée à la production de bio-fuel. La création de plus de 10 000 emplois est attendue de ce projet qui démarrera en 2009. GABON L’explosion du pipeline de Perenco a causé une marée noire L’explosion, survenue le 12 mai dernier, d’un pipeline de la compagnie française Perenco SA a causé une marée noire dans une lagune fermée située non loin des côtes de Ferna Naz, une ville située à 228 km au sud de Libreville. Les résidents ont été avertis de ne pas consommer l’eau de cette lagune. Perenco produit 50 000 barils par jour de pétrole. GHANA Suppression des taxes sur le riz et les produits pétroliers Le gouvernement a décidé de renoncer aux taxes sur les produits pétroliers et sur le riz importé, pour faire face à la montée des cours du pétrole et des produits de base. Des mesures sévères sont annoncées contre ceux qui tenteraient de profiter de cet allègement fiscal sur le riz pour le reconditionner et le revendre dans d’autres pays. L’augmentation des cours du pétrole oblige le gouvernement à déroger aux principes d’équilibre budgétaire. Le budget 2008 était calculé sur la base d’un prix du baril à 85 $, alors que celui-ci est passé à 135 $. 200 millions $ pour l’importation de poisson en 2007 Le pays a déboursé 200 millions $ pour importer du poisson et satisfaire les besoins du pays en 2007. Une entreprise chinoise a déjà investi 45 millions $ dans la pisciculture pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations. Le Japon met 85 millions $ dans un projet routier Le Japon a accordé au Ghana une subvention de 85 millions $ destinée à la construction d'une importante route à partir de Yamoransa, dans la région de Kumasi, deuxième ville du KENYA Un nouveau président à la tête de Kenya Commercial Bank Peter Muthoka est le nouveau président de la Kenya Commercial Bank (KCB) Group. Il remplace Susan Mudhune après 5 ans à la tête de la banque. KCB a enregistré de bons résultats ces dernières années, en particulier en 2006 et 2007 où le bénéfice net est passé de 3,2 à 4,2 milliards Sh, soit 33% de hausse. Baisse du taux de croissance économique Selon le ministre du Plan et du Développement national, le taux de croissance de l’économie va passer à 4% en 2008 contre 7% l’année dernière. Wycliffe Oparanya, qui présentait le rapport sur les perspectives économique du pays, a expliqué que la situation est due à la période de violence qu’a connue le pays, mais qui s’est aggravée par la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires. Selon lui, le déficit budgétaire pour l’année fiscale 2007/2008 a été de 200 milliards de shillings (3,2 milliards $). 112 millions $ sont nécessaires pour attirer les investisseurs à Nairobi La capitale Nairobi a besoin de 112 millions $ pour attirer à nouveau des investissements à la fois au niveau national et international. Selon le gouvernement, cet argent est nécessaire pour « révéler les potentiels de la ville qui contribue pour 61% du produit intérieur brut (PIB) du pays ». Des travaux de décongestion des routes sont nécessaires pour améliorer les conditions de l’activité économie. Les cultivateurs de café lancent une nouvelle stratégie de marketing Pour maximiser leurs revenus, 23 coopératives de cultivateurs de café ont décidé de ne plus passer par les entreprises de vente. A partir de cette saison, les fermiers moudront leur propre café, et le mettront sur le marché sous leur propre marque, grâce à un moulin qu’ils ont acheté pour 60 millions de shillings. Ces coopératives, issues des régions de Thika, Murang’a Nord et Murang’a Sud, se sont payé les services d’experts locaux et internationaux dans l’industrie du café pour élaborer des stratégies de marketing et la recherche marchés potentiels. Baisse de la consommation de carburants Selon l’Institut du pétrole de l’Afrique de l’Est (PIEA), la consommation de carburants a décliné de 12% entre janvier et mars 2008, atteignant 844 653 m3 contre 958 804 m3 entre octobre et décembre 2007. Ceci est dû à la baisse du rythme économique. Un accord pour faciliter le paiement des factures Equity Bank et la compagnie des eaux Nairobi City & Sewerage Company (NCWSC) ont signé un accord pour faciliter le paiement des factures de consommation d’eau. Les 1,4 million de clients de NCWSC pourront payer leurs factures dans les 23 branches d’Equity Bank à Nairobi ou dans les 2500 terminaux installés dans les principaux supermarchés du pays. Vers l’instauration de liaisons aériennes directes avec le Japon Le président Mwai Kibaki a invité, lors de l’ouverture de la 4e Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD IV) à Yokohama, les compagnies aériennes japonaises et kenyanes à envisager l’instauration de vols directs entre les deux pays afin de booster les relations bilatérales. LIBERIA Appui chinois pour un programme agricole Le gouvernement chinois fournira des engrais, des pesticides et des semences d’ici la fin du mois de juillet de l’année en cours pour appuyer le programme agricole. Outre l’appui en intrants agricoles, des experts agricoles chinois seront déployés dans le pays durant la saison sèche pour apprendre aux agriculteurs libériens les techniques modernes de culture. LIBYE La NOC signe un contrat de partage de production avec Sonatrach Le consortium composé de Sonatrach International Petroleum Exploration et Production (SIPEX), Oil India LTD (OIL) et India Oil Corp (IOC) a décroché un contrat de partage de production portant sur le bloc 095/096, situé dans le bassin de Ghadamès. Le contrat a été signé par le PDG de Sonatrach et le président de la compagnie libyenne NOC, en présence du ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui effectuait une visite de travail en Libye. China Oilfield Services entame un forage La compagnie China Oilfield Services a commencé ses opérations de forage en Libye. Il s’agit de la 2e opération du genre dans le pays. MALI Un prêt de 6 milliards FCFA de l’AFD L’Agence française de développement (AFD) a accordé un montant de 6 milliards FCFA devant servir au financement du programme de développement à moyen terme de la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Près de 4 milliards de FCFA (6 millions d’euros) seront destinés au financement par la BNDA des investissements des PME. Les 2 milliards FCFA restant (3,68 millions d’euros) sont destinés à financer le programme d’assistance technique, le renforcement des capacités bancaires de la banque et la mise en œuvre d’un programme de microfinance. MAROC Les Emirats accordent une aide de 300 millions $ Les Emirats arabes unis (EAU) ont accordé un soutien financier de 300 millions $ pour aider le pays à faire face au surenchérissement de la facture pétrolière. Cette aide s’ajoute aux 500 millions $ accordés, le 6 mai dernier, par l’Arabie saoudite. Au 1er trimestre 2008, la facture énergétique a dépassé un milliard $, soit une hausse de 68,9% par rapport à la même période 2007. L’autoroute MarrakechAgadir livrée en 2010 Le chantier de l’autoroute Marrakech-Agadir bat son plein, les travaux se font conformément au planning. Elle sera achevée durant l’été 2010, a indiqué le ministre marocain de l’Equipement et du Transport, Karim Ghellab. La réalisation de ce projet a demandé la mobilisation d’une enveloppe budgétaire de 8 milliards DH. Une étude pour la réalisation d’une autoroute reliant Fès et Tétouan. Le président du conseil de la ville de Fès, Hamid Chamat, a annoncé le lancement d’une étude pour la réalisation d’une autoroute reliant Fès à Tétouan. Il a indiqué qu’une convention de partenariat (Ministère des transports, Conseil régional et Conseil municipal) pour la réalisation des études de ce projet sera bientôt signée. Ces partenaires financeront l’étude de faisabilité du tronçon autoroutier Fès-Tétouan pour quelque 470 millions de DH. Sur un linéaire de 252 km, la future double voie rapide permettra de diminuer la durée de voyage entre Fès et Tétouan de 4 heures 30 minutes (via Ouazzane) actuellement, à 2h20 min. Changement d’horaire L'heure légale est avancée d'une heure depuis le samedi 31 mai 2008 à 24h00, dans l'ensemble du Maroc, selon un communiqué publié mardi par le Ministère marocain de la modernisation des secteurs publics. Le retour à la normale se fera à compter du dimanche 28 septembre prochain à minuit, en retardant l'heure de soixante minutes à compter du samedi 27 septembre 2008 à 24h00. L’absentéisme dans l’éducation coûte 500 millions DH L’absentéisme dans le secteur de l’éducation a fait perdre 2 millions de journées, durant l’année scolaire 2006/2007, soit l’équivalent de 500 millions de dirhams. Ce montant équivaut au budget pour la construction de 100 collèges. L’ « Eden Andalou » ouvre à partir de juillet Le complexe touristique familial l’Eden Andalou ouvrira ses portes au public le 1er du mois prochain. Dessiné par un architecte de Cordoue et réalisé par deux architectes belges, le complexe appartient à Abdelali Chaoui, promoteur de ce projet et par ailleurs patron de l’agence Royal Tours. L’ensemble est composé de six riads comprenant 16 suites et 238 chambres de 44 m2 chacune, 3 restaurants, une discothèque, 3 salles de conférences, une piscine Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 chauffée et un espace multimédia, entourés d’un verger d’orangers, d’oliviers, de grenadiers et de fontaines. MAURICE (ÎLE) Pas de taxes pour des équipements de production d’énergie renouvelable Le gouvernement a décidé de lever toutes les taxes sur les équipements utilisés dans la production de l’énergie renouvelable dans le budget 2008-2009, qui sera introduit au parlement le 6 juin prochain. Le programme du gouvernement consiste à encourager les ménages à utiliser des chauffe-eau solaires, et autonomiser la production de l’électricité. Le gouvernement donnera aux hôtels, aux entreprises commerciales, aux sociétés et aux ménages les moyens de produire de l’électricité à partir du solaire et de l’énergie éolienne, a expliqué le ministre. MAURITANIE Adhésion au Fonds africain de garantie et de coopération économique Le gouvernement a annoncé l’adhésion du pays au Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE), un organisme de coopération africaine dont le siège est à Cotonou. « Par notre adhésion à ce Fonds, nous cherchons à encourager les institutions africaines de financement à venir investir en Mauritanie », a déclaré le ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, Sid-Ahmed Ould Rayes. Le Fonds appuie les financements dans les secteurs public et privé pour ses 13 Etats membres. MOZAMBIQUE Un appui financier de 774,3 millions $ au budget de l’Etat Un groupe de 19 pays s’est engagé à accorder 774,3 millions $ de subvention au budget national. Selon le représentant du Programme d’aide des partenaires (PAP), le montant sera divisé en deux tranches : 455,2 millions $ destinés à soutenir le budget de l’Etat et 329,1 millions $ au titre du fonds commun et aux programmes sectoriels. La baisse du dollar US avait contribué à la hausse de la valeur de l’aide, qui était de 627 millions $ en 2007. Les 19 bailleurs de fonds sont en majorité des pays européens et la Commission européenne, ainsi que l’Australie, le Canada, la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD). NIGERIA Les réserves de change atteindront 73,2 milliards $ fin 2008 Les réserves de devises étrangères vont atteindre 73,2 milliards $ à fin 2008, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI). Leur niveau actuel étant de 62 milliards $. La hausse des prix du pétrole a compensé la réduction de la production, même si la baisse du dollar en réduit de 40% la valeur des réserves, selon un conseiller économique du président. Toutefois, les autorités ne prévoient pas de libeller les réserves de devises en d’autres monnaies que le dollar. La NNPC réalise sa première exportation de pétrole par voie maritime La Compagnie nationale de pétrole (NNPC) a réalisé, la semaine dernière, sa première expédition de brut par le biais d’un pétrolier. Cette opération entre dans le cadre de la diversification des activités de la compagnie vers le secteur maritime. La NNPC a lancé deux sociétés maritimes pour ses exportations, NIDAX et NIKORMA, en association avec deux compagnies sudcoréennes de construction navale, Daewoo et Hyundai. Les Brasseries consolidées lancent un nouveau « Turbo » « Turbo King Dark Ale » est le nouveau produit lancé par les Brasseries consolidées (Consolidated Breweries). La nouvelle marque de bière, qui est déjà très populaire dans 4 autres pays africains, devrait connaître le même succès auprès des consommateurs nigérians, estime un responsable de la compagnie dont la politique est de produire « des boissons de bonne qualité à des prix abordables ». Turbo King est une bière brune à 6,5% de teneur d’alcool. Une nouvelle politique d’hypothèque destinée au secteur informel Un montant de 300 millions nairas a été consacré dans le budget 2008 pour permettre à la Banque fédérale d’hypothèque de lancer une formule pour inciter le secteur informel à entrer dans le système national de l’hypothèque. La nouvelle démarche permettra à plus de 30 millions de Nigérians actifs dans le secteur informel d’accéder à ce genre de financement pour la construction de leurs habitations. Les intermédiaires indésirables dans la distribution du riz L’Association des producteurs de riz (AFAN) de la région de Cross River a demandé au gouvernement fédéral de mettre un terme à l’intervention des intermédiaires dans le marché de la distribution du riz. Les autorités vont consacrer 80 milliards de nairas pour l’importation de riz, dont les prix risquent de flamber si le marché continue d’être parasité par les intermédiaires. OUGANDA 8,3% de croissance économique L’économie a connu une croissance annuelle de 8,3% au cours des cinq dernières années (sauf pour 2006 où elle a atteint 6,3%), a indiqué le président Yoweri Museveni en marge de la 4e édition de le Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD IV), qui se tient à Yokohama, au Japon. SÉNÉGAL 2 milliards FCFA, le coût d’une journée de grève Le Syndicat des impôts et des domaines estime que la journée de grève à laquelle il a appelé le 22 mai dernier a « probablement fait perdre 2 milliards de FCFA » à l’Etat. La grève, lancée par 4 syndicats « contre la vie chère », a été largement suivie par les travailleurs du secteur qui n’ont jamais débrayé auparavant. Les Impôts et Domaines collectent plus de 700 milliards de FCFA par an, selon une estimation des syndicats. Taux de réserves obligatoires handicapant pour les banques L'administrateur, directeur de la Société générale de banques au Sénégal (SGBS), M. Sandy Giliot, a demandé à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) de baisser le taux de réserves obligatoires au Sénégal pour permettre aux banques sénégalaises de mieux se développer. « Le taux de réserves obligatoires est de 8% au Sénégal, contre 3% en Côte d'Ivoire », a indiqué M. Giliot, qui l’estime « très élevé ». « Il faut le baisser le plus bas possible », a-t-il ajouté. TANZANIE 300 millions $ de recettes fiscales mensuellement Les recettes fiscales ont atteint 300 millions $ par mois cette année, soit 12 fois plus qu’en 2005, selon le ministre des Finances. Mustafa Mkulo a révélé que le pays a, pendant 2 années successives, dépassé les objectifs fixés. Ces résultats sont dus, explique-t-il, aux « politiques fiscales menées par le gouvernement et l’administration », et au maintient de l’inflation à un chiffre au cours des 6 dernières années. La croissance économique s’est stabilisée à 7% par an entre 2001 et 2007, malgré les mauvaises conditions climatiques, la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. TUNISIE Le 1er Forum méditerranéen des jeunes leaders en octobre 2008 Tunis accueillera, du 16 au 18 octobre 2008, la première édition du Young Mediterranean Leaders Forum (YML-Forum), dont la vocation est de « contribuer au rapprochement des deux rives de la Méditerranée ». Quelque 200 jeunes leaders, issus des pays d’Europe du Sud et du Maghreb, sont attendus au 1er Forum des YML qui a été fondé par Hakim El Karoui, président du Club du 21 e siècle, et Jérôme Cohen, directeur général de Regards. De grandes entreprises et personnalités françaises, tunisiennes et marocaines soutiennent cette initiative. ESSOUKNA a réalisé 1836 logements en dix ans Le promoteur immobilier privé ESSOUKNA a réalisé depuis sa création en 1983 quelque 1836 logements. Durant les 10 dernières années, 21 projets ont été accomplis pour une surface totale de 155 667 m2 (environ 15 000 m2 par an). ESSOUKNA est une société anonyme au capital de 3 millions DT, cotée en bourse depuis le 20 septembre 2006. Conjoncture financière Dans son dernier rapport sur la conjoncture, la Banque centrale de Tunisie (BCT) affirme être intervenue en mai pour éponger 354 millions DT d’excédent de liquidités enregistré depuis le mois de mars. Pour ce qui est de l’indice général des prix à la consommation, il a augmenté de 0,8% en avril contre 0,7% pour le même mois de l’année 2007. Sur le marché des changes, le dinar a enregistré, entre le 1er janvier et le 23 mai, une appréciation de 4,7% vis-à-vis du dollar US et une dépréciation de 1,9% par rapport à l’euro. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Les banques tunisiennes encore loin de l’expansion à l’international Lancée il y a plus de dix-sept ans, la réforme du système bancaire tunisien commence à porter ses fruits à l’échelle nationale. Mais l’atomicité du secteur empêche l’écrasante majorité des opérateurs de se lancer dans la course à l’international. Par Walid Kéfi, Tunis Contrairement à leurs consoeurs marocaines, devenues ces dernières années des acteurs incontournables sur les marchés africains à forte croissance, les banques tunisiennes peinent encore à parachever leur développement à l’échelle nationale. A preuve : une délégation de la Banque mondiale a encore une fois pressé, courant mai 2008, les autorités tunisiennes d’accélérer la réforme du système bancaire afin d’améliorer le positionnement des banques tunisiennes dans un marché exigu et de leur permettre de jouer la carte de la « régionalisation » dans quelques années. Tout en félicitant les autorités pour les efforts déployés en matière d’intégration des technologies de l’information et de la communication, l’institution internationale a noté que le volume important des créances classées et la mauvaise qualité d’actifs restent encore le talon d’Achille du secteur bancaire tunisien. Le constat de la Banque mondiale confirme les conclusions d’une étude publiée fin avril dernier par Fitch rating. « La gestion des risques demeure un des points faibles des banques tunisiennes, même si ces dernières poursuivent, à l’instigation des autorités de tutelle, leurs efforts pour être en mesure d’appliquer les directives de l’accord de Bâle II à l’horizon de 2010 », a indiqué l’agence de notation financière. Amélioration des indicateurs A la veille de la réforme du système bancaire lancée en 1995, le portefeuille crédit présentait des créances douteuses faramineuses, en raison notamment du poids important du secteur public, l’Etat favorisant l’endettement des entreprises qu’il détenait ou celles relevant de secteurs définis comme prioritaires ou très dépendants des aléas de la conjoncture économique internationale comme le tourisme. Beaucoup d’améliorations on été apportées ces dernières années, grâce notam- ment à la création de sociétés de recouvrement des créances, la titrisation qui consiste à transformer certaines créances en valeurs mobilières et des provisionnements importants favorisés par des conditions fiscales avantageuses. Conséquence : le taux des créances classées a baissé à 17,3% en 2007. De son côté, le taux de couverture des créances classées par les provisions a connu une amélioration significative, passant de 47% en 1997 à 54,5% en 2007, selon un rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Avec un taux de créances classées de 7%, la Banque de Tunisie (BT) dispose de la meilleure qualité d’actifs, suivie par la Banque de l’habitat (BH, 14%). Attijari Bank, filiale du groupe marocain Attijariwafa Bank depuis 2005, souffre encore d’un taux de créances douteuses élevé, hérité en grande partie de plus de trois décennies de dirigisme étatique. Selon la BCT, tous les établissements ont également poursuivi leurs efforts pour améliorer leur assise financière. Leurs fonds propres ont atteint 3,2 milliards de dinars, en hausse de 8,7% en un an. Du pain sur la planche Fitch rating estime toutefois que les banques tunisiennes doivent poursuivre leurs efforts de provisionnement pour se conformer aux recommandations des autorités bancaires locales qui visent un taux de créances classées de 15% et un taux de couverture de ces créances par les provisions de 70% en 2009. Un rapport consacré au secteur, publié début mai par Maxula Bourse, estime également que les banques tunisiennes sont plus que jamais appelées à s’orienter vers un « processus de fusion-acquisitionconcentration. Ce processus permettra aux établissements de crédit d’améliorer leur rentabilité et de se doter du poids nécessaire pour entamer une politique d’expansion à l’international », assure cet intermédiaire en bourse. Jusqu’ici seules deux banques privées ont réussi à s’implanter dans les autres pays du Maghreb : la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT), qui a ouvert un bureau de représentation en Libye, et l’Amen Bank, qui avait crée une filiale de leasing en Algérie. Maxula Bourse déplore en effet « l’atomicité » du secteur composé de 18 banques universelles, huit établissements offshore, deux banques d’affaires et neuf représentations étrangères. Aucun rapprochement entre des ban- Maxula Bourse déplore en effet « l’atomicité » du secteur composé de 18 banques universelles, huit établissements offshore, deux banques d’affaires et neuf représentations étrangères. ques tunisiennes n’a été enregistré depuis janvier 2001, date de l’absorption par la première banque tunisienne, la Société tunisienne de banque (STB, publique), de deux autres banques contrôlées par l’Etat, en l’occurrence la Banque de développement économique de la Tunisie (BDET) et la Banque nationale de développement touristique (BNDT). « A travers cette fusion entre trois banques publiques, le gouvernement a voulu monter la voie aux banques privées qui rechignent toujours à s’unir malgré un positionnement très difficile sur un marché local exigu », note un directeur à la Banque internationale arabe de Tunisie, première banque privée du pays. D’autre part, les privatisations se font toujours aux compte-gouttes. Après trois opérations réussies réalisées au cours des cinq dernières années, aucune autre banque publique ne figure désormais sur la liste des entreprises privatisables. Diac Salaf dans le giron du CMKD FinInvest réduit son exposition par rapport à un secteur risqué, le crédit à la consommation, pour se positionner sur le ciment. Consortium marocco-koweïtien de développement dans son capital. L’opération intervient alors que la FinInvest, qui contrôle 51% du capital de Diac Salaf, se prépare à s’engager dans un projet de 1,8 milliard de dirhams pour la construction d’une grande cimenterie à 15 km de Tanger, et réduire ainsi sa voilure sur un secteur marocain de crédit à la consommation en progression limitée. L’exercice 2007 de Diac Salaf n’a pas été de tout repos, avec un produit net bancaire en chute de 65,7% et un déficit de l’ordre de 50 millions de dirhams, reflétant les pertes de position sur le marché. L’encours net des créances sur la clientèle est en chute de 21,8%. Le repreneur devra s’attaquer en premier lieu aux frais généraux pour réduire un coefficient d’exploitation de 172,5%. Inquiétudes perceptibles Au-delà de Diac Salaf, c’est tout le secteur du crédit à la consommation qui souffre du relèvement de la TVA de 10 à 20% (depuis le 1er janvier 2008) sur le segment de la LOA. Des inquiétudes perceptibles sur le marché où l’indice sectoriel des sociétés de financement n’était plus que de 6% à la fin mai 2008, après avoir perdu 2,2 points depuis le début de l’année. Comparativement, l’indice du secteur de l’immobilier à l’amont duquel veut se positionner Fininvest était de 17% à la fin mai. A Afrique du Sud : tensions sur les taux Tito Mboweni, le gouverneur de la Reserve Bank sud-africaine, craint que les taux d’intérêt n’augmentent de deux points de base suite aux informations faisant état, mardi, d’un nouveau record d’inflation sur les cinq dernières années. « 200 points de base, c’est possible. A situation drastique, mesures drastiques », a déclaré M. Mboweni à l’agence Bloomberg. La banque n’a jamais augmenté les taux d’intérêt par deux points de base depuis 1998. La Mauritanie adhère à Fagace La Mauritanie a été admise, lundi, au Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE). L’accord a été signé par le ministre délégué auprès du Premier ministre mauritanien de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, Sidi Ahmed Ould Rayes et, pour Fagace, par Ngenang Joseph Désiré représentant le président du Conseil des gouverneurs du fonds. Les formes d’intervention de Fagace sont la garantie des prêts à moyen et long termes destinés au financement ou au refinancement d’investissements productifs, la promotion du commerce ou des productions locales et la reconfirmation des lettres de crédit documentaire en faveur des banques dans le cadre de la Facilité d’appui au commerce international (FACI). Attijariwafa Bank sur les traces de la Belgolaise au Congo Toujours en négociations pour la reprise de la BIA au Niger, la Marocaine Attijariwafa Bank se rapproche d’une autre ex-filiale de la Belgolaise, la Banque commerce du Congo. Enjeu, l’entrée dans le capital de la banque à hauteur de 25,6%. Contactée récemment par Les Afriques, la direction de la BCDC avait déclaré que ce n’était pas leur institution qui était à la recherche d’un partenaire, mais plutôt Fortis qui cherchait à vendre ses participations en Afrique. La Banque mondiale lutte contre la crise alimentaire La Banque mondiale (BM) va dégager une enveloppe de 1,2 milliard de dollars pour lutter contre la crise alimentaire, dont 200 millions sous forme de dons qui bénéficieront notamment à Djibouti, Haïti et au Liberia, a annoncé jeudi son président, Robert Zoellick. « La flambée des prix des denrées alimentaires risque d'aboutir à ce que les individus formant la frange la plus pauvre de la planète ne soient plus un mais deux milliards », a souligné M. Zoellick, pour expliquer cette mesure approuvée un peu plus tôt par le conseil d'administration de l'institution multilatérale. Plus de la moitié des Namibiens non bancarisés Un sondage révèle que près de 51% de la population namibienne est encore non bancarisée. Les faibles revenus et la méconnaissance des conditions exigées pour l’ouverture des comptes viennent au premier rang des raisons. En 2007, quelque 45,3% de la population disposait d’un compte. Par ailleurs, 1,5% des adultes souscrivaient à un produit financier comme l’assurance. Le consortium marocco-koweïtien CMKD est sur le point de finaliser la reprise de Diac Salaf. Diac Salaf, l’une des sociétés de crédit à la consommation encore indépendantes, est sur le point de vivre une nouvelle transition avec l’entrée du 5 BANQUES ET ASSURANCES Kenya Re investit 163 millions de shillings dans PTA travers cette opération, FinInvest réduit son exposition par rapport à un secteur risqué, le crédit à la consommation, pour se positionner sur le ciment, un créneau porteur à quelques encablures de l’Andalousie et du port de Tanger Med, dans une région où, désormais, la consommation du ciment rivalise avec celle de Casablanca. A l’heure où nous mettions sous presse, la conclusion des transactions était suspendue aux travaux de l’assemblée générale extraordinaire convoquée pour valider et enclencher la procédure. A.W Kenya Re a investi 163 millions de shillings dans la compagnie de réassurance PTA en accord avec sa stratégie de consolidation de ses participations et de sécurisation de ses marges. La PTA intervient en particulier dans la zone de la Comesa dans les secteurs de l’assurance et de la réassurance. La Kenya Re entend, dans un futur proche, se renforcer dans cette filiale en portant ses participations de 22 à 30%. Coopération Egypte-Russie dans le secteur bancaire Le gouverneur de la Banque centrale Farouk Oqda, et son homologue russe Sergey Ignatiev, ont signé un accord de coopération dans le secteur bancaire. Un groupe de travail devra faire des suggestions sur la manière de développer cette coopération bilatérale. La première réunion annuelle aura lieu à Sharm El-Sheikh. 6 BANQUES ET ASSURANCES Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Marocaine Vie : pourquoi le Groupe Banques Populaires a fait arrière toute Les fiançailles entre le Groupe Banques Populaires et la Marocaine Vie auront duré six mois. Le nouveau management en tête de la BCP n’a pas voulu concrétiser ce deal, qui faisait également l’objet de pressions diverses. Eclairage. Par Adama Wade, Casablanca Annoncé il y a quelques semaines, le deal entre le Groupe Banques Populaires et la Société Générale pour une prise de participation conséquente du premier dans le capital de l’assureur Marocaine Vie n’aura finalement pas lieu. Un communiqué du groupe bancaire marocain le précise sans aller dans les détails. Pour les observateurs, cette énième tentative de la plus grande institution bancaire marocaine de prendre pied dans l’assurance a butté encore une fois sur le lobbying de quelques membres de la Fédération marocaine des assurances qui ont tout à craindre de l’émergence d’un pôle puissant de la bancassurance qui les délesterait d’une partie de leurs portefeuilles. Une affaire personnelle Cet enjeu vital explique le fait que depuis 7 ans le GBP adresse des demandes répétées à la DAPS (Direction des Assurances et de la prévoyance sociale, dépendant du Ministère des finances) sans réponse positive ou négative. L’ancien PDG, Sénégal : la SGBS porte son capital à 10 milliards de FCFA La Société générale de banques au Sénégal (SGBS) a décidé de porter de 4,5 à 10 milliards de francs CFA son capital, a révélé mercredi à Dakar son directeur général Sandy Gillio. Le conseil d'administration a décidé en assemblée générale extraordinaire de porter à 10 milliards de francs CFA le capital de la banque par incorporation de ses réserves pour l'année 2008, a indiqué M. Gillio lors d'une conférence de presse. Auparavant, le capital de la SGBS s'élevait à 4,527 milliards de FCFA. Selon les nouveaux textes de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), pour ouvrir une banque ou continuer une activité bancaire au Sénégal, la structure bancaire doit augmenter son capital à 5 milliards dans un premier temps, et à 10 milliards dans un deuxième, à l'horizon 2011. Madagascar : nouvelle taxe sur les assurances L’Etat malgache a mis en place dans le cadre de la loi de Finances 2008 une taxe annexe sur les contrats d’assurance de véhicules automobiles, la Tacava. En plus de la TVA et de la taxe d’enregistrement de 4,5%, les automobilistes sont assujettis à la Tacava depuis le mois de février. Le taux de cette nouvelle taxe est de 10%. Ce taux est prélevé sur la prime nette (qui correspond à la garantie souscrite par le souscripteur) et les coûts de police à chaque souscription. Noureddine Omary, avait fait de l’acquisition d’un agrément une affaire personnelle. Les échecs essuyés entre 2001 et 2005 l’amèneront à changer de tactique à partir de 2006 quand il entreprend de s’allier avec un assureur déjà existant. Deux choix se présentent alors : la Zurich et la très active CNIA (Compagnie nord-africaine et intercontinentale d’assurance) dirigée par le président du patronat marocain, Moulay Hafid Elalamy. Dans l’esprit du management de la Banque Populaire, seule une prise de participation conséquente, de l’ordre de 35 à 40%, accompagnée d’une forte présence dans le conseil d’administration et dans le management, pouvait justifier l’alliance avec l’une de ces deux entités. Entamées en premier lieu, les négociations avec la CNIA échoueront sur les modalités de transaction. Idem avec la Zurich où les discussions butteront sur le prix et le mode de gouvernance. De plus, cette dernière option était impopulaire au sein de la GBP où l’on sait que la petite Zurich était insuffisante pour satisfaire les ambitions du groupe. En fait, tout le monde avait compris que dans ces négociations, l’ex président Noureddine Omary jouait ses dernières cartes. Très joli prix Une fois tous ces échecs digérés, le conseil d’administration décide alors de mener les négociations avec la Sogecap, société d’assurance vie et de capitalisation de la Société Générale, pour une prise de participation dans le capital de la Marocaine Vie. Détenue à hauteur de 58,72% par la Sogecap et à 28,35% par la Société Générale marocaine des banques (SGMB), la Marocaine Vie fait office de proie idéale avec un résultat net de l’ordre de 100 millions de dirhams et une difficile remontée en pente suite aux exercices tendus de 2001, 2002, 2003 et 2004.Autant dire que le Groupe Banques Populaires était en position de force pour négocier à son avantage. Un partenariat est ainsi conclu avec la Société Générale le 20 novembre 2007, pour arriver à terme à une prise de participation de 43,54% de la Marocaine par la BCP. Signé sans doute dans une logique d’équité, l’accord fixe un très joli prix d’acquisition à 117 dirhams par action, proche de la valeur nominale. Derrière, les stratèges de la Société Générale ont compris qu’ils y ont tout à gagner compte tenu du portefeuille mirobolant de la BCP. Pour preuve, le business plan tablait sur un résultat net de 200 mil- Ecobank va lever quelque 1350 milliards de francs CFA pour financer sa croissance dans les prochaines années. C’est l’une des grandes déclarations d’Accra, où s’est tenue le 16 mai l’assemblée générale du groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI) à l’occasion de ses vingt ans d’activité. La banque a réalisé durant l’année 2007 des résultats exceptionnels de l’ordre de 6,55 milliards de dollars. La BCEAO mène une enquête sur les flux des capitaux étrangers L'agence nationale de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) prévoit de mener une enquête sur l'impact des flux de capitaux étrangers sur les entreprises sénégalaises. L’enquête entre dans le cadre du Programme de renforcement des capacités en analyse des flux de capitaux privés étrangers (PRC CPE) mis en place par la Banque centrale des Etats d'Afrique en collaboration avec la Banque centrale des Etats d'Afrique centrale (BEAC). « Cette enquête est importante pour les pouvoirs publics et pour les entreprises, en ce sens qu'elle permet de savoir l'évolution du secteur dans lequel elles évoluent », a Les deux options pour le nouveau président du GBP Après avoir éconduit ce partenaire potentiel, deux options se présentent à Mohamed Benchaaboun : user de tout son poids pour obtenir de Salah Eddine Mezouar, ministre des Finances, un agrément en état. Deuxième option, revenir vers la CNIA ou la Zurich. Il se murmure d’ores et déjà qu’un partenariat stra- tégique se prépare avec le premier de ces deux nommés. L’hypothèse est d’autant plus recevable que la clause règlementaire bloquant à 5% au maximum toute participation d’un nouvel actionnaire dans le capital de la BCP a été amendée et portée à 20%. Le groupe Saham serait intéressé à prendre au moins 10%, selon les observateurs du marché. C’est dire que les prochains mois seront cruciaux pour la configuration du secteur de la bancassurance au Maroc, un secteur prisé en raison de ses marges prévisionnelles (30 à 40%) dépassant de loin la profitabilité du secteur bancaire. L’assurance cible une clientèle qui va largement au-delà des 7 millions de bancarisés (un client sur trois appartient à la BCP) que compte le Maroc. Au-delà du calcul d’apothicaire qui accompagne toute transaction, il serait intéressant de connaître la position du ministre des Finances dans cette opération. Le ministre ferait partie des gens qui ont rejeté l’opération, donnant libre cours à plusieurs interprétations entre ceux qui le rangent de facto dans le club des partisans de la thèse des « champions nationaux » et ceux, minimalistes, qui pensent qu’il a, lui aussi, cédé au lobby des assurances. Vers un pool africain des assurances Un Centre africain des risques sera bientôt mis en place « afin d’assurer les préventions des différents risques de catastrophes naturelles en Afrique ». Par Lyes Taibi, Alger Ecobank va lever 1350 milliards de francs CFA lions de dirhams, contre 15 à 20 millions auparavant. D’où, d’ailleurs, l’envolée du cours de la Marocaine Vie qui a évolué des environs de 200 dirhams jusqu’aux limites de 500 dirhams à l’annonce de l’entrée de la BCP. L’annonce du retrait de la BCP provoque actuellement le phénomène inverse. Fort de ses 2,5 millions de clients, dont 2 millions de particuliers, la BCP allait former avec Marocaine Vie une nouvelle locomotive de la bancassurance. Le schéma n’a pas convaincu Mohamed Benchaabou, le nouveau PDG du Groupe Banques Populaires, peu disposé à croire à la portée stratégique de cette transaction. En cela il rejoint quelques analystes financiers de la place qui pensent tout bas que le deal, tel qu’il a été couché sur Excel, est à l’avantage de la Société Générale France. La 35e édition de l’Assemblée générale de l’organisation africaine des assurances (OAA) s’est réunie à Alger du 26 au 28 mai derniers, en présence de près de 900 experts représentant 53 pays et près de 400 compagnies d’assurances. Rien que « Permettre la prise en charge de l’indemnisation des sinistrés et le développement de produits adaptés aux besoins des populations africaines. » pour l’année 2007, a-t-il été précisé lors de cette rencontre, pas moins de 18 pays africains ont été touchés à différents degrés par des catastrophes naturelles. La création du Centre africain des risques est une des priorités de l’OAA pour les cinq prochaines années. Dans ce but, l’organisation panafricaine a fait appel à la CNUCED. Dans une communication présentée le 27 mai, Mohamed Sbaâ, PDG de la CCR, a dessiné les contours d’une telle structure qui aurait non seulement pour but « de créer une espèce de concertation et des échanges d’informations et d’expériences entre les membres de l’OAA », mais devrait également « permettre de prendre en charge l’indemnisation des sinistrés et le développement de produits adaptés aux besoins des populations africaines ». A l’appui de la démarche qu’il préconise, M. Sbaâ cite l’exemple des deux pools existant et opérationnels depuis quelques années dans le cadre de l’OAA pour l’aviation civile, ainsi que pour les risques pétroliers et énergétiques. Croissance du secteur En ouverture des travaux de la rencontre, le chef du gouvernement algérien, Abdelaziz Belkhadem, ainsi que son ministre des Finances, Karim Djoudi, ont mis en exergue l’importance des progrès enregistrés et les perspectives ouvertes au secteur algérien des assurances. M. Belkhadem mentionne la « coopération du choix de l’ouverture du secteur aux investisseurs », qui a permis de faire passer le nombre de sociétés agréées de 6 à 17 et le chiffre d’affaires du secteur à 53 milliards de DA (environ 800 millions de dollars) en 2007. M. Karim Djoudi, insiste sur le rythme de progression de l’activité du secteur « supérieur à 15% au cours des dernières années », ainsi que sur l’installation prochaine sur le marché algérien « d’intervenants étrangers capables d’apporter les améliorations nécessaires en matière d’offre de produits d’assurance et de points de vente ». L’assemblée générale de l’OAA a mis a profit la rencontre d’Alger pour désigner un nouveau président. Il s’agit de l’Algérien Abdelkrim Djaâfri, PDG de la CAAR, compagnie spécialisée dans la couverture des risques industriels. Le comité exécutif de l’organisation africaine a également soumis à l’assemblée générale, qui l’a adopté, un plan stratégique (20082012) visant à « développer une industrie saine de l’assurance et de la réassurance et à promouvoir une coopération interafricaine dans ces domaines ». Ce plan d’action prévoit notamment le financement de plusieurs instituts africains de formation. Il vise également à faire passer le nombre de pays membres de 46 actuellement à 53 et à encourager les compagnies des pays membres à renforcer leur présence au sein de l’organisation. 8 BOURSES Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 L’Anglo American et la CGI tirent l’indice AI40 Les fiançailles dans les brasseries font des bulles en bourse. Qui du Sud-Africain Sab Miller ou de l’Américain Anheuser-Busch aura raison des hésitations du Belge In Bev ? En attendant cette concrétisation, les investisseurs misent sur les mines et la pierre. Algérie : la BDL relève sa quotité de financement sur l’immobilier La Banque de développement local (BDL) a relevé sa quotité de financement immobilier de 80 à 90%. Cette décision qui a fait l’objet d’une note administrative englobe aussi l’élargissement de la caution solidaire aux membres de la famille ayant un lien de parenté de premier degré avec le porteur du crédit. Une nouveauté dans le secteur bancaire algérien. Tunisie : le marché orienté vers la hausse La séance de clôture du mois de mai a confirmé la bonne orientation du marché, mais dans une ambiance plutôt calme, rapporte l’analyse Tustex. Le premier indice du marché a décéléré sa progression avec +0,23% à 2957,56 points, alors que le repli des échanges sur la plupart des valeurs qui animent le marché, comme la STAR et ASSAD, a affecté le volume total sur le marché central, baissant de moitié à 2,7 millions de DT. Abidjan : clôture positive du mois de mai La BRVM a clôturé sa séance de cotation du vendredi 30 mai 2008 en hausse par rapport à la séance précédente. L’indice BRVM Composite est passé de 237,43 à 238,70 points ; soit une progression de 0,53%. L’indice BRVM 10, pour sa part, a gagné 0,56% à 277,28 points, contre 275,74 précédemment. La valeur des transactions s’établit à 358,41 millions FCFA contre 265,17 millions FCFA réalisés le jeudi précédent. La négociation a porté sur 20 sociétés pour un total de 38 inscrites sur le marché des actions. Integra Bourse démarre ses activités à Casablanca Une nouvelle société de bourse vient de rejoindre le tour de table des sociètés actionnaires de la Société de bourse des valeurs de Casablanca. Integra Bourse entend s’attaquer en priorité aux petits porteurs, un créneau très disputé actuellement. La société est filiale du groupe Integra Partners, issu de la jonction de Tunisie valeurs, première société de bourse tunisienne non bancaire et important gestionnaire d’actifs, et de Tuninvest Finance Group. En baisse Au chapitre des baisses les plus marquantes, l’on signale Ai40 and Ai100 since inception (base = 100) 220 218 216 214 212 210 208 206 204 202 200 198 196 194 192 190 188 186 184 182 180 178 176 174 172 170 168 166 164 162 160 158 156 154 152 150 148 146 144 142 140 138 136 134 132 130 128 126 124 122 120 118 116 114 112 110 108 106 104 102 100 Ai40 la New Mauritus Hotel Limited (NMHL), en chute de 7,2% à 5,51 dollars. « Les investisseurs ont préféré alléger de leur portefeuille l’hôtellerie et la banque, deux secteurs d’activité de NMHL », avance Vikash Tulsidas, de C.A.C Ltd. Même défiance vis-à-vis des secteurs annexes au tourisme au Kenya, où le titre du transporteur aérien Kenya Airways a perdu 7 points sur la semaine. Ce qui traduit, selon les analystes, la perte d’appétit vis-à-vis juin. 08 avr. 08 mai. 08 fév. 08 mars 08 jan. 08 oct. 07 de cette valeur longtemps choyée avec le boom touristique kenyan. Il faut dire que les investisseurs ont largement anticipé les mauvais résultats trimestriels de Kenya Airways, qui reste pénalisé par le facteur kérozéne et la longue crise post-électorale. Pour sa part, Telecom Egypt (-6,6%) a clôturé à 3,26 dollars. Même mouvement descendant de la Banque de Tunisie, qui chute de 6,5% à 87,7 dollars. Cette dernière, qui a connu un rema- déc. 07 nov. 07 sep. 07 juil. 07 août. 07 juin. 07 avr. 07 mai. 07 fév. 07 mars. 07 jan. 07 déc. 06 oct. 06 nov. 06 sep. 06 juil. 06 août. 06 juin. 06 avr. 06 mai. 06 Ai100 fév. 06 Dans ce panorama, la AudAfricaine Anglo Platinum (AMS) connaît la plus importante variation positive, soit 10,1% en clôturant à 180,37 dollars. « Durant la dernière semaine, l’Anglo Platinum était en décote, ce qui explique la ruée des investisseurs qui ont poussé la valeur de 1250 R à 1460 R. En plus de ces éléments, l’envol du cours du platinum sur les marchés internationaux a contribué à rendre l’investissement dans AMS intéressant », explique Garth Mackenzie de lions de dollars, en croissance de 1,5 fois sur une année. Autre financière ayant le vent en poupe, la Nigériane United Bank for Africa, en progression de 6,2% à 0,52 dollar. « Cette appréciation est le résultat des réactions du marché suite aux derniers chiffres semestriels publiés par la banque. UBA a notamment annoncé un dividende de 0,002 dollar par action. De plus, une opération de split a été organisée à raison d’une action nouvelle pour deux anciennes, ce qui a stimulé les investisseurs », explique Pabina Yinkere, de la société Afrinvest West Africa Nigeria. Le top 5 des premières performances de la semaine est clôturé par la Sud-Africaine Sab Miller, en hausse de 5,9% à 24,25 dollars. « Cette remontée pourrait bien s’expliquer par le fait que le brasseur belge InBev, le deuxième mondial de par sa taille, ait échoué dans son OPA sur Anheuser-Busch (brasseur américain). Si l’information se confirme, le Belge pourrait s’intéresser à Sab Miller. Les analystes suivent cette opération de près ». mars. 06 En hausse BoE Stockbrokers (Af Sud). Autre performance de la semaine, celle de la Compagnie générale immobilière (CGI), en appréciation de 7,2% à 324,09 dollars. « la CGI a confirmé son intérêt pour les chantiers touristiques avec la signature d’une convention avec l’Etat sur le projet d’Imi Ouaddar Developpement à Agadir, partie intégrante du plan Biladi. L’annonce a séduit les investisseurs », commente François Conradie d’Integra Bourse. Troisième appréciation de la semaine, l’Egyptien Hermes Holding, en évolution de 6,4% à 9,79 dollars. La compagnie a présenté récemment des résultats trimestriels assez éloquents, avec une augmentation de 39,1% à 64,5 millions de dollars. Le revenu total a bondi de 47,8% à 123 millions de dollars. Le résultat net s’est quant à lui stabilisé à 73,8 mil- jan. 06 L’indice African Investor 40 a clôturé la semaine du vendredi 23 mai en territoire positif. Avec une hausse de 1,81%, le baromètre des entreprises africaines les plus liquides ramène sa performance depuis le début de l’année à 9,4%. niement de son directoire, continue d’entretenir la spéculation. Il en sera ainsi tant que la nouvelle stratégie ne sera pas dévoilée, expliquent les analystes. Dernière de la liste des fortes baisses, Orascom Telecom a cédé 4,9 points à 14,02 dollars. Les observateurs ne voient dans ce mouvement aucune raison d’ordre fondamental (bilan), ce qui laisse croire que la valeur a fait l’objet d’une légère correction due à des prises de bénéfices. Bourse de Douala : nouvelle entreprise cotée Une deuxième entreprise, la Société africaine forestière et agricole du Cameroun, vient d’être cotée à la Bourse du Cameroun, le Douala Stock Exchange. Par Achille Mbog Pibasso, Douala Plus de huit ans après sa création et pratiquement deux années après le début des cotations, la Bourse nationale des valeurs mobilières du Cameroun, le Douala Stock Exchange (DSX), vient d’enregistrer une nouvelle société. Il s’agit de la Société africaine forestière et agricole du Cameroun (SAFACAM). L’arrivée de ce groupe agroalimentaire, spécialisé notamment dans la culture de l’hévéa, du palmier à huile et du café, co- D’autres entreprises pourraient également faire leur entrée en bourse ; les dossiers de deux d’entre elles seraient d’ailleurs sur le point d’aboutir, selon la Commission des marchés financiers du Cameroun (CMF). propriété de l’Etat camerounais et du groupe français Bolloré, a été officialisée le 22 mai dernier à Douala par le directeur général du DSX. C’était au lendemain de l’assemblée générale des actionnaires tenue quelques jours plus tôt. La SAFACAM porte à deux le nombre de sociétés cotées au DSX, l’unique entreprise depuis le début des opérations de cotation le 30 juin 2006 ayant été jusque-là la Société des eaux minérale du Cameroun (SEMC), propriété du groupe français Castel. Cette entrée en bourse, a indiqué le directeur général du DSX, Pierre Ekoulé Mounagué, est consécutive à une offre publique de vente partielle des actions du portefeuille de la Société nationale d’investissement (SNI) portant sur 20% du capital de la SAFACAM. Avec un capital de 2 milliards de francs CFA, 3 millions d’euros, les 20% du capital de la SAFACAM pour cette opération représentent 82 800 actions, le prix d’une action revenant à 53 euros. « En procédant à la cession d’une partie de son portefeuille d’actions détenues sur SAFACAM, l’initiateur de l’offre publique de vente (OPV) partielle a clairement indiqué que son objectif premier était d’expérimenter la cession des titres du portefeuille de l’Etat par appel public à l’épargne dans le cadre du marché financier national », a expliqué le directeur général du DSX. Il a d’ailleurs fait observer que la quantité totale de titres détenus sur la SAFACAM par la SNI avant l’opération représente 31,16% du capital social de SAFACAM. Au terme de l’offre, l’initiateur conservera 11,16% du capital social et de vote de la SAFACAM. Nouvelles cotations D’autres entreprises pourraient également faire leur entrée en bourse ; les dossiers de deux d’entre elles seraient d’ail- leurs sur le point d’aboutir, selon la Commission des marchés financiers du Cameroun (CMF). Ces arrivées, pensent des experts, assureraient définitivement l’envol de la place boursière de Douala, dans un contexte de mutation économique nationale où le Ministère camerounais des finances prévoit de plus en plus une implication de la Bourse de Douala dans le financement d’importants projets de développement au Cameroun, entre autres dans les infrastructures minières, portuaires et énergétiques, qui nécessitent de lourds investissements. Créée en décembre 1999 par le gouvernement camerounais au lendemain du sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) à N'djamena, au Tchad, portant création de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), dont le siège se trouve à Libreville, au Gabon, le DSX est actuellement la seule bourse dans la région où les opérations de cotation ont réellement commencé. Toutefois, au regard de l’étroitesse du marché qui ne permettrait pas le fonctionnement de deux bourses en Afrique centrale, des voix s’élèvent depuis quelque temps, entre autres la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (COSUMAF), demandant la fusion des deux places boursières. Principale locomotive économique sous-régionale, le Cameroun détient pratiquement la moitié du PIB de la zone, selon des sources proches de la commission de la CEMAC. 9 BOURSES Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Permettre aux entreprises moyennes d’accéder aux marchés boursiers Lors de sa conférence annuelle, à Paris, l’Organisation internationale des commissions de valeur a analysé sévèrement les crises qui perturbent actuellement les marchés. Entretien exclusif avec le Chilien Guillermo Larrain Rios, président du Comité des pays émergents. Propos recueillis par Bénédicte Châtel, Paris L’Organisation internationale des commissions de valeur (OIC), qui regroupe les régulateurs des principales bourses dans le monde, les bour- Il s’agit d’utiliser cette vision globale qu’a l’OICV pour faire état à Marrakech des meilleurs pratiques au niveau international. ses elles-mêmes, les organisations financières, etc., a tenu à Paris, du 26 au 29 mai, sa 33e conférence annuelle, avec pour invitée d’honneur la ministre française de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, Christine Lagarde. Quelque 750 délégués étaient présents. Crise des subprimes, profondes turbulences du marché, analyse sévère du rôle des agences de notation (d’où l’adoption à Paris de nouveaux principes et recommandations à intégrer au code de conduite en cours d’élaboration à l’OICV et qui leur est destiné), concentration des firmes d’audit, sont autant de sujets de préoccupations abordés durant cette conférence. La montée en puissance des places financières dans les pays émergents a été aussi remarquée par les quelque 750 délégués présents. Un nouveau président du Comité des pays émergents a été élu, le Chilien Guillermo Larrain Rios. Ce Comité se réunira au Maroc du 7 au 10 octobre prochain. Musa Al-Faki, directeur général de la Securities & Exchange Commission du Nigeria, a été reconduit dans ses fonctions de président du Comité régional Afrique/Moyen-Orient (Amerc) de l’OICV, qui se réunira à Oman début 2009. Les délégations africaines présentes à la conférence étaient nombreuses : Afrique du Sud, Algérie, Cameroun, Egypte, Ghana, Kenya, Malawi, Maroc, Maurice, Namibie, Nigeria, Tanzanie, Tunisie, Ouganda, Zambie et UEMOA. Les Afriques : Vous venez d’être élu président de la Commission des marchés émergents de l’OICV, quelles sont vos priorités pour vos membres africains ? Guillermo Larrain Rios : Nous préparons la réunion de la Commission des marchés émergents qui aura lieu à Marrakech en octobre. Je viens d’avoir une réunion avec des représen- Les missions de l’OICV Les missions de l’OICV, consistent à renforcer l'efficacité et la transparence des marchés de valeurs mobilières, à protéger les investisseurs et à faciliter la coopération entre les régulateurs afin de lutter contre le crime financier, ont été réaffirmées à Paris. Depuis 2002, l’OICV s’est fixé comme objectif premier de faire signer d’ici 2010 une lettre d’intention (memorandum of understanding, MOU) à l’ensemble de ses membres ordinai- res que sont les organes de régulation des marchés, tendant à améliorer la coopération et l’échange d’informations entre eux. A ce jour, 48 membres de l’OICV ont signé, soit plus de la moitié de ses membres ordinaires. Celle-ci a un programme d’assistance, notamment à l’égard des pays dont les marchés financiers sont moins sophistiqués, comme certains pays africains, pour les aider à atteindre les standards internationaux. tants africains ; d’Ouganda, de Tanzanie, de Namibie, du Maroc, entre autres. Nous voulions recenser les points les plus importants, afin qu’en qualité, maintenant, de chef des marchés émergents, je puisse mettre à l’ordre du jour les problèmes importants pour la région, trouver les moyens pour les analyser correctement et établir un dialogue entre les différents types d’agents : les agents publics – les régulateurs – d’une part, les agents privés de l’autre, c’est-à-dire les entreprises, les intermédiaires de marchés de valeurs, les bourses, etc. Parmi les sujets proposés, quatre ont été retenus. Le premier tend à promouvoir le développement économique des pays et à aider les entreprises de taille moyenne à trouver dans les marchés boursiers des sources de financement et des leviers de croissance. Ceci soulève divers problèmes et chaque pays a sa propre réalité. Mais nous allons sûrement nous concentrer sur des aspects tels que la capacité des bourses à créer des échelons afin que ces entreprises moyennes puissent, non pas entrer de suite sur des marchés tels qu’il sont définis pour des entreprises grandes et structurées, mais y accéder via des échelons intermédiaires. Il existe de nombreuses expériences en ce sens, en France, en Angleterre, au Canada, en Corée, au Brésil, mais il faut identifier les meilleures. Il s’agit d’utiliser cette vision globale qu’a l’OICV pour faire état à Marrakech des meilleurs pratiques au niveau international. Ensuite c’est à chaque pays de déterminer, selon son cas précis, la façon de les appliquer. Un deuxième axe est l’éducation des investisseurs. Dans certains pays africains, le processus de privatisation des entreprises a incité des gens à acheter pour la première fois des actions. Au Nigeria, avec la mise en place d’un nouveau système de retraites, une partie de la popula- DIAC SALAF DELTA HOLDING STOKVIS NORD AFRIQUE BCP MEDIACO MAROC MICRODATA CGI CR SAADA J31/03/2008 CARTIER SAADA BERLIET-MAROC SALAFIN EQDOM ONA IB MAROC.COM DARI COUSPATE NEXANS MAROC AUTO NEJMA (100) RISMA TASLIF WAFA ASSURANCES PROMOPHARM S.A. AFRIQUIA GAZ S.M.IMITER SONASID INVOLYS HOLCIM ( Maroc ) FENIE BROSSETTE AUTO HALL (100) MAGHREBAIL BMCI J01/07/2007 BMCI CTM TIMAR ATTIJARIWAFA BANK LESIEUR CRISTAL CENTRALE LAITIERE MATEL SNI AGMA LAHLOU-TAZI Précedent 153,00 920,00 700,00 2 240,00 602,00 493,00 2 263,00 153,80 158,80 354,00 716,00 1 618,00 1 741,00 359,00 482,00 342,00 3 100,00 382,00 745,00 2 640,00 690,00 1 437,00 600,00 4 200,00 233,80 2 650,00 532,00 1 515,00 635,00 1 110,00 1 130,00 330,00 383,00 3 266,00 787,00 7 270,00 333,00 1 821,00 3 238,00 Actuel 222,50 1 246,00 784,00 2 500,00 670,00 539,00 2 470,00 167,00 172,00 383,00 773,00 1 730,00 1 848,00 380,00 509,00 360,00 3 250,00 400,00 779,00 2 760,00 720,00 1 499,00 625,00 4 320,00 240,00 2 720,00 545,00 1 550,00 648,00 1 130,00 1 150,00 334,50 388,00 3 300,00 795,00 7 340,00 335,30 1 830,00 3 250,00 Var (%) (*) 45,42 35,43 12,00 11,61 11,30 9,33 9,15 8,58 8,31 8,19 7,96 6,92 6,15 5,85 5,60 5,26 4,84 4,71 4,56 4,55 4,35 4,31 4,17 2,86 2,65 2,64 2,44 2,31 2,05 1,80 1,77 1,36 1,31 1,04 1,02 0,96 0,69 0,49 0,37 LGMC CIH BALIMA SOTHEMA LE CARTON CHERIFIENNE D'ENGRAIS AUTO HALL 01/01/2008 BMCE BANK LAFARGE CIMENTS CDM ITISSALAT AL-MAGHRIB ATLANTA MANAGEM SNEP OULMES ADDOHA LYDEC SOFAC REALIS. MECANIQUES FERTIMA (100) BRASSERIES DU MAROC UNIMER MAGHREB OXYGENE COSUMAR DISTRISOFT MAROC COLORADO REBAB COMPANY CIMENTS DU MAROC MAROC LEASING PAPELERA DE TETUAN ALUMINIUM DU MAROC BRANOMA ACRED M2M Group HPS SAMIR LA MAROCAINE VIE DELATTRE LEVIVIER LA : Il existe de longue date en Afrique des bourses qui ne se développent pas ou peu. Pourquoi selon vous ? Et ne faudrait-il pas que ces bourses soient plus régionales que nationales ? GLR : Ce sujet n’a pas été évoqué avec mes collègues africains, mais il s’agit d’une question de fond. D’ailleurs, en tant que régulateur du marché chilien, j’organise dans mon pays, fin juin, une conférence sur ce sujet. Les bourses se résument au marché national lorsqu’on parle du marché d’Ouganda, du Kenya, du Maroc… Néanmoins, dans plusieurs cas – et je ne fais pas référence aux pays que je viens de citer – les bourses ont des difficultés à réaliser qu’elles gèrent un bien public qui est le marché. Il faut induire un processus de réflexion dans ces organismes pour qu’ils prennent en compte, dans leur stratégie de gouvernance, qu’ils gèrent un bien très précieux, qui est le bien public du marché financier. Pictet lance un fonds MENA Bourse de Casablanca - Résumé du mois de mai LIBELLE tion a aujourd’hui accès au marché boursier de façon indirecte, à travers le fonds de pension. Donc, on assiste progressivement à une massification de l’accès aux marchés. Néanmoins, les gens ont une capacité limitée de compréhension de ces nouveaux paramètres, de ce que sont les risques et quels sont les instruments. C’est notre devoir en tant que régulateurs d’au moins poser le problème et voir comment le gérer. Sans doute, les gouvernements – et les régulateurs en particulier – ont un devoir de servir les investisseurs, de les former, de leur expliquer comment fonctionnent ces instruments. Mais d’autres « stakeholders » ont aussi un rôle à jouer dans ce processus : les bourses, les universités, les écoles, etc. Il existe un système financier et il faut y préparer les nouvelles générations. 560,00 601,00 2 064,00 901,00 328,60 337,00 1 455,00 3 208,00 2 191,00 910,00 199,05 1 315,00 492,00 1 310,00 965,00 2 160,00 281,00 440,00 671,00 335,00 1 905,00 851,00 221,00 1 180,00 613,00 780,00 518,00 2 400,00 379,95 169,00 900,00 1 898,00 1 520,00 825,00 1 075,00 718,00 350,00 800,00 560,00 601,00 2 064,00 901,00 328,55 336,10 1 450,00 3 180,00 2 171,00 901,00 196,80 1 300,00 486,00 1 290,00 950,00 2 115,00 275,00 430,00 655,00 327,00 1 850,00 825,00 214,05 1 141,00 590,00 750,00 498,00 2 290,00 362,00 160,00 850,00 1 786,00 1 428,00 769,00 996,00 660,00 300,00 680,00 (*) La variation est calculée sur la base des cours ajustés. 0,00 0,00 0,00 0,00 -0,02 -0,27 -0,34 -0,87 -0,91 -0,99 -1,13 -1,14 -1,22 -1,53 -1,55 -2,08 -2,14 -2,27 -2,38 -2,39 -2,89 -3,06 -3,14 -3,31 -3,75 -3,85 -3,86 -4,58 -4,72 -5,33 -5,56 -5,90 -6,05 -6,79 -7,35 -8,08 -14,29 -15,00 Pictet vient de créer un nouveau fonds investi sur les places boursières de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord. Dénommé PTF (LUX)-Middle East and North Africa, ce fonds est un compartiment de sa nouvelle Sicav Pictet Targeted Funds, qui est proposé également à la vente en France. Recourant à un processus d’investissement « bottom-up » orienté vers la valeur, cet OPCVM sélectionnera surtout des valeurs moyennes, en utilisant l’analyse fondamentale étayée par 250 réunions annuelles avec les directions des sociétés. Casablanca : la bourse présente la V900 Dans le cadre des projets initiés pour le développement de la cote, la Bourse de Casablanca a organisé, le vendredi 30 mai 2008, un séminaire sur la V900, nouvelle version du système de cotation, et son intérêt pour les sociétés cotées. La rencontre a permis, en outre, d’aborder le nouveau projet de nomenclature sectorielle de la cote. A travers cette manifestation, la Bourse de Casablanca vise à renfoncer sa relation avec les sociétés émettrices en les informant et en recueillant leurs opinions quant à des projets de développement d’envergure du marché boursier. Algérie : la Banque islamique d’Abu Dhabi demande une licence La Banque islamique d’Abu Dhabi (ADIB), qui contrôle désormais la banque du développement en Egypte, a déposé une demande de licence bancaire auprès des autorités monétaires algériennes, selon les propos rapportés par la presse de Khamis Buharoon, le directeur général du groupe. Les récents résultats financiers trimestriels ont vu les profits de la Banque d’Abu Dhabi augmenter de 47% par rapport à l’an dernier. 10 Burkina-Faso : contre-performance sur le coton L’objectif de 650 000 tonnes de coton pour 2008-2009 pourrait ne pas être réalisé. La Société des fibres et textiles (SOFITEX) a estimé que les résultats de la campagne écoulée étaient décevants. Au lieu des 600 000 tonnes prévues, la production n’a atteint que 300 000 tonnes, a regretté le directeur général de la SOFITEX, Célestin Tiendrébéogo, qui impute la contre-performance à la pluviométrie et au choix des producteurs d’abandonner la culture du coton. Malgré ces mauvais résultats, le Burkina-Faso reste deuxième, après l’Egypte, dans la filière coton en afrique. La RDC interdit l’exportation du minerai de cuivre brut La province de Katanga, qui détient le 10 e des réserves mondiales de cuivre, va bannir l’exportation de ce minerai à l’état brut. « Tout le cuivre qui n'a pas été traité ne sera pas autorisé à l’exportation », affirme le ministre des Mines de la province. Le 14 mai dernier, des cargaisons de minerai de cobalt destinées à l’exportation ont été stoppées à la frontière. « Nous allons en faire de même avec ce minerai », a ajouté le ministre qui n’a pas donné la date d’effet de cette décision. L’Etat du Mali réduit sa part à 17% dans les entreprises de la filière du coton Le Conseil des ministres a adopté un schéma de privatisation qui fixe à 17% la participation de l’Etat au capital des quatre filiales qui seront créées dans le cadre des réformes de la filière du coton. Le reste du capital sera détenu à 20% par les producteurs, 2% par les travailleurs et 61% par un « opérateur privé de référence ». Ces filiales remplaceront la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), au capital actuellement détenu à 92,38% par l’Etat et à 7,62% par Géo-coton (ex-Dagris). Nigeria : une usine « traitement complet » de riz à Bida Le gouvernement fédéral a signé avec le gouvernement sudcoréen un mémorandum d’entente pour la création d’un complexe de traitement complet de riz (Rice Processing Complex - RPC) à Bida, dans l’Etat du Niger. Le projet, dont le coût est estimé à 1,8 milliard $, sera réalisé durant l’année 2009, et destiné à améliorer en quantité et en qualité la production du riz dans le pays. NNPC signe un contrat de 3,1 milliards $ avec Shell Petroleum La compagnie pétrolière nigériane NNPC a signé un contrat de financement d’un montant de 3,1 milliards $ avec la compagnie Shell Petroleum Development (SPDC). Selon l’Agence d’information nigériane (NAN), cet accord entre dans le cadre de la politique de NNPC de recherche d’alternatives de financement pour ses projets dans le secteur des hydrocarbures. L’argent servira à la réalisation de projets de joint-ventures dans l’amont, mais également à payer les factures des fournisseurs locaux et internationaux. Misr Cement Qena veut lancer une usine de papier Le groupe égyptien Misr Cement Qena examine la possibilité de construire une usine de papier kraft et une ligne de production de gravier. Les études préliminaires de ces deux projets sont déjà en cours. « Nous pensons que ces projets vont créer une intégration verticale pour la compagnie. L’usine de papier va apporter de la valeur ajoutée en termes d’emballage, et le gravier servira dans la production de mortier ». PRODUITS DE BASE Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Le gaz vendu à Israël fait des bulles en Egypte C’est le type même d’entrée en exploitation qui tombe mal. Le gazoduc Egypte-Israël est prêt, mais le gaz - vendu à prix secret- ne passe pas dans l’opinion égyptienne. Par Daikha Dridi, Le Caire Le Premier ministre égyptien Ahmad Nazif a fini, après un mois de pression de l’opinion, par annoncer que son gouvernement est en négociation pour revoir à la hausse les prix du gaz vendu à Israël. Tout a commencé le 1er mai dernier, lorsque la presse a annoncé que la connexion du gazoduc reliant l'Egypte à Israël était enfin établie. L'information est double : le gaz naturel égyptien est non seulement vendu à Israël, qui assiège Gaza – ce qui n’était qu’une rumeur jusque-là –, mais il l'est, de plus, à un prix tellement bas que la presse le qualifie de « gaz subventionné ». Le contrat de vente de gaz entre l'Egypte et Israël remonte à 2005 et il y est question de la vente de 1,7 milliard de mètres cubes de gaz par an, ce qui représente, selon la presse israélienne, 20% de la consommation israélienne en électricité. Ce contrat, qui court sur une période de quinze ans, est susceptible de voir la quantité de gaz augmentée de 25% et sa durée de vie rallongée de cinq années. C'est ce qui est su officiellement d'une transaction qui semble mettre dans l'embarras le gouvernement d'Ahmad Nazif. Celui-ci a en effet refusé de répondre aux questions coléreuses des députés égyptiens qui demandaient à savoir le prix de détail de vente du gaz égyptien à Israël. Le précédent de la raffinerie d’Alexandrie Il est important de souligner que la fronde des parlementaires est loin d'être uniquement celle des Frères musulmans, car personne ne comprend vraiment pourquoi Israël bénéficie d'un gaz tellement bon marché que l'on préfère en dissimuler le prix, alors que le gaz que paie le consommateur égyptien ne cesse d'augmenter. Le ministre de l'Energie, qui a essuyé plusieurs salves d'attaques au Parlement, avait éludé la question du prix de vente en expliquant qu'il serait illégal de rendre public ce genre d'information sans l'autorisation des deux parties contractan- tes. A savoir le consortium East Mediterranean Gas (EMG), détenu par l'homme d'affaires égyptien et proche du président Hosni Moubarak Hussein K. Salem et l'Israélien Yossi Maiman, à la tête du groupe Mehrav. Deux hommes d'affaires qui ont en commun d'avoir tous les deux été des officiers du renseignement de leur pays, qui s'étaient déjà associés dans les années 90 dans la construction d'une raffinerie de pétrole à Alexandrie, un projet duquel le gouvernement égyptien avait fini par discrètement évincer la partie israélienne, en rachetant ses parts, pour cause de très vif mécontentement populaire au plus fort de la deuxième Intifada en 2001. Sawiris déconseille l’exportation du gaz Aujourd'hui, la transaction de vente du gaz égyptien à Israël suscite des critiques aussi nombreuses que variées, dans un contexte social rendu explosif par les grèves et protestations contre la hausse des prix. Les Egyptiens n'ont pas eu le temps d'oublier, en plus, la détresse des Palestiniens arrivés par milliers dans le Sinaï en janvier dernier à la recherche de nourriture et de carburant. Les critiques sont diplomatiquement formulées par des experts égyptiens en énergie, ou des hommes d'affaires tels que Naguib Sawiris, patron d'Orascom, qui recommande « le bon usage du gaz naturel égyptien en Egypte » et déconseille son exportation. D’autres avis sont moins réservés et s'offusquent que les règles du marché ne soient pas appliquées lorsqu'il s'agit de faire du business avec Israël. Enfin, et ce sont là les critiques les plus nombreuses et les plus virulentes : comment, d'un point de vue éthique, accepter que l'on vende du gaz à un Etat qui étrangle les Palestiniens de Gaza, obligés eux, pour cause de blocus israélien, d'alimenter les réservoirs de leurs moteurs en huile de table. Ce « cadeau d'anniversaire pour les 60 ans d'Israël », comme l'a qualifié un député égyptien, ne passe décidément pas et les initiatives se multiplient au sein et en dehors de « la campagne populaire contre la vente du gaz à Israël », une coordination de près de 8000 citoyens mise en place par le neveu du défunt président Annouar Sadate et ex-député Esmat Sadate, ainsi que son frère, fraîchement sorti de prison, Talaat Sadate. Al Azhar s’en mêle Les animateurs de cette campagne prévoient d'organiser des marches de protestation à partir du 5 juin, date anniversaire de la « naksa » de 1967, ils font circuler une pétition pour rassembler un million de signatures et ont, en attendant, tenté d'organiser un tribunal populaire pour juger le Premier ministre, le ministre de l'Energie ainsi que l'homme d'affaires Hussain Salem. Une coordination de près de 8000 citoyens, mise en place par le neveu du défunt président Annouar Sadate et ex-député Esmat Sadate, ainsi que son frère, fraîchement sorti de prison, Talaat Sadate. Une fatwa « prohibant aux employés égyptiens le fruit du travail au sein de la société qui vend du gaz à Israël » a été prononcée par un groupe d'ulémas d'Al Azhar qui s'oppose régulièrement au grand cheikh d'Al Azhar, obligé, lui, de se murer dans un silence total à cause de sa trop grande proximité avec le gouvernement. Enfin, des journaux ont rapporté que des « renforts de sécurité ont été dépêchés dans le Sinaï, au sein de la société exportatrice », afin d'empêcher toute velléité de grève sur place. Les termes de la transaction vont donc être renégociés, mais cela suffirat-il à éluder la question politique de la vente du gaz à Israël ? La Malaisie lorgne le cacao ghanéen Kuala Lumpur souhaite importer plus de fèves et investir dans la transformation du cacao au Ghana. Par Aliou Diongue, Dakar La Malaisie est peut-être en train de se positionner comme un important partenaire économique et financier de l’Afrique de l’Ouest. Après la finance islamique, voici que le cacao rapproche Kuala Lumpur des pays ouest-africains. Le 14 Motif de ces ambitions : une forte croissance de la demande de chocolat en Asie. mars dernier, la capitale sénégalaise abritait un séminaire sur la finance islamique organisé à l’intention des pays de l’espace UEMOA, sous l’égide de l’Islamic Financial Services Board (IFSB) de Kuala Lumpur. Aujourd’hui, la Malaisie s’intéresse au cacao du Ghana. Une mission malaisienne s’est récemment rendue au Ghana où elle a exprimé l’intention de Kuala Lumpur d’investir dans une usine de transformation du cacao d’Accra. Envie de chocolat La Malaisie est le premier broyeur de cacao de l’Asie. La production de cacao de la Malaisie a atteint en 1990 un pic de 247 000 tonnes. Kuala Lumpur veut accroître ses capacités de broyage d’un tiers pour les porter à 360 000 tonnes sur la période 2006/2011. Motif de ces ambitions : une forte croissance de la demande de chocolat en Asie. Le secrétaire général adjoint du Ministère de l’agriculture et des industries agroalimentaires de la Malaisie a affirmé à l’issue de la visite : « Nous considérons le Ghana comme un pays favorable et appro- prié pour établir une joint-venture dans le broyage du cacao. Nos conversations ont aussi porté sur notre volonté d’importer plus de fèves du Ghana ». Les importations malaisiennes de cacao en provenance du Ghana représentent 13 % de la totalité de ses achats étrangers. Le cacao a été l’épine dorsale de l’économie du Ghana au cours du XXe siècle. La production s’était effondrée dans les années 80. Elle a été relancée une décennie plus tard et a franchement rebondi à partir de 2003. Aujourd’hui, le cacao représente un tiers des exportations ghanéennes et près de 13% de son produit intérieur brut. La production ghanéenne s’est stabilisée au cours des dernières années autour de 400 000 tonnes, mais le gouvernement d’Accra voudrait la porter à terme à 550 000 tonnes, voire à 750 000 tonnes à plus longue échéance. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 La noix de cajou, nouvel enjeu économique Principal produit d’exportation de la Guinée-Bissau, la noix de cajou est également une source de conflit en Casamance, au Sénégal. Par Aliou Diongue, Dakar Des hommes armés supposés appartenir au MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance) ont, le 7 mai dernier, attaqué des cueilleurs de noix de cajou en Casamance, leur reprochant de se trouver sur des terres sous leur contrôle. En 2007 le Sénégal a, dans le cadre d’un programme d’appui de l’USAID (Agence américaine pour le développement international), exporté vers la France 15 000 tonnes de noix de cajou pour une valeur d’un peu plus de 3 milliards de francs CFA (7,2 millions de dollars), en hausse de 900 000 euros par rapport à 2006. Dans la Guinée-Bissau voisine, le gouvernement a mis en garde les spéculateurs qui, profitant de la crise alimentaire ambiante, procèdent à un troc avec les producteurs, sur la base d’un kilogramme de riz contre deux kilogrammes de noix de cajou, ce qui leur permet d’augmenter leurs marges bénéficiaires. Le gouvernement a toutefois décidé de ne pas intervenir dans la fixation du prix de référence aux producteurs. La noix de cajou représente 98% des revenus à l’exportation de la GuinéeBissau (6e producteur mondial). On 11 PRODUITS DE BASE estime que 95% de la population rurale tire directement ou indirectement son revenu de ce produit. La plus grande partie de la production bissau-guinéeenne est exportée sous forme brute. Le pays possède un seul centre de transformation de la noix de cajou, notamment en vin, le Quinhamel Training Center. L’instabilité politique et de fréquentes coupures d’électricité font qu’une infime partie de la production nationale de cajou est transformée sur place. Pour l’année 2007, les exportations bissau-guinéennes se sont élevées à 117 000 tonnes. La noix de cajou rapporte chaque année quelque 60 millions de dollars à la Guinée-Bissau et représente l’équivalent de 40% du budget national. La plus grande partie de la production bissau-guinéenne est exportée vers l’Inde. Industrie aéronautique Les principaux producteurs africains sont la Tanzanie (8% de la production mondiale), la Guinée-Bissau (8%), la Côte d’Ivoire (6%), le Mozambique (3%) et le Bénin (3%). Bien qu’il soit le dernier producteur africain, le Bénin a la chance de pouvoir mettre sur le marché une anacarde dont la qualité fait qu’on parle de « noix de référence ». La production béninoise, comme celle de la plupart des pays africains, est à 90% exportée vers l’Inde. L’Inde domine le marché mondial de la noix de cajou. Principal pays producteur, exportateur et importateur, l’Inde absorbe l’essentiel de la production africaine qu’elle conditionne et réexporte vers l’Europe et les Etats-Unis. Sa production a atteint 375 000 tonnes en 2001-2002. Sa capacité de transforma- La noix de cajou contient une résine utilisée dans l’industrie aéronautique. tion tourne autour de 600 000 tonnes par an et elle peut exporter jusqu’à 100 000 tonnes de produits finis par an. La production d’anacarde est un enjeu industriel qui dépasse la simple transformation du fruit en produits alimentaires ou cosmétiques. La noix de cajou contient en effet une résine utilisée dans l’industrie aéronautique. Les pays qui, comme ceux du continent africain, ne peuvent effectuer le traitement qui permet d’extraire cette résine perdent la possibilité de mettre sur pied cette activité industrielle à plus haute valeur ajoutée. Les recettes du tabac s’envolent au Zimbabwé Les ventes de tabac ont rapporté près de 30 millions de dollars au Zimbabwe depuis l'ouverture le mois dernier de la vente à la criée, a informé l'agence de presse d'Etat New Ziana. D'après les chiffres donnés mercredi par le Tobacco Industry and Marketing Board, comité zimbabwéen chargé du secteur, le tabac en feuille s'est vendu à un prix moyen de 3,12 dollars le kg, ce qui fait 29,9 millions de dollars pour les 9 572 343 kg vendus. Début de l’exploitation du nickel à Madagascar L'exploitation du nickel a commencé dans le nord de la grande île de l'océan Indien. Sheritt International Corporation, un consortium de l'entreprise minière canadienne SNC-Lavalin Inc. Sumitomo Corporation du Japon et Resources Corporation de la Corée du Sud, a investi 3,3 milliards de dollars pour l'exploitation du nickel et d'autres ressources à Ambatovy, à 80 kilomètres au nord-est de la capitale. Selon un accord signé entre Sheritt et le gouvernement malgache à la fin de 2006, Sherritt a le droit d'exploiter la mine pendant 30 ans. Le Nigeria soutient ses producteurs de riz Le gouvernement nigérian a décidé de débloquer un milliard de nairas (8,6 millions de dollars) pour subventionner l'utilisation de grains améliorés et de fournir un crédit de 10 milliards de nairas (86,2 millions de dollars) en faveur des cultivateurs de riz. Le crédit permettra d'achever les projets de réserves stratégiques alimentaires, a fait savoir le ministre nigérian de l'Agriculture et des Ressources de l'eau, Sayyadi Abba Ruma. Il a affirmé que le gouvernement ne serait pas directement impliqué dans l'achat d'engrais à partir de l'année prochaine. S'exprimant au comité spécial sur l'agriculture au Sénat, le ministre nigérian a déclaré que le gouvernement consacre 16 milliards de nairas (138 millions de dollars) pour subventionner 65 000 tonnes d'engrais cette année. 12 INVESTISSEMENT Maroc : Signature pour l’aménagement de la zone d’Imi Ouaddar La Compagnie générale immobilière -CGI- vient de signer une convention avec le gouvernement pour l’aménagement et le développement de la zone d’Imi Ouaddar, à Agadir, dans le cadre du plan Biladi visant à promouvoir le tourisme interne. Pour un investissement de 400 millions de dirhams, ce projet a pour objectif de mettre en place de nouveaux produits adaptés aux besoins des touristes nationaux à travers la réalisation de 284 appartements aménagés en résidences hôtelières, 480 résidences immobilières de promotion touristique, auxquels s’ajoutent 300 autres logements ainsi que 1030 emplacements de camping, sur une superficie globale de 33 hectares. Sénégal : électrification de St-Louis-Dagana-Podor Samuel Saar, ministre de l’Energie du Sénégal, Latsoucabé Fall, directeur général de Senelec, Modipo Diop, directeur général de l'Agence sénégalaise d'électrification rurale, et Younes Maamar, directeur général de l’Office national de l’électricité, ont procédé, le vendredi 30 mai 2008, à la signature du contrat de concession d’électrification rurale de la région St-LouisDagana-Podor. Cette concession, sur une durée de 25 ans, confie à l’ONE la mission d’équiper et de gérer l’électrification des zones rurales des trois départements du nord du Sénégal, St-Louis, Dagana et Podor. Atterissage définitif de la Camair La compagnie aérienne camerounaise (Camair) ferme définitivement ses portes ce jeudi à Douala, laissant plus de 400 employés au chômage, selon les médias officiels. Les 400 employés licenciés doivent attendre le début des activités de la nouvelle compagnie, la Cameroon Airlines Corporation, créée le 11 septembre 2006 par un décret du président de la République. Ce décret demandait à la nouvelle compagnie de recruter en priorité les employés de l'ex-Camair, mais n'indiquait pas que tous les ex-employés de l'ancienne compagnie devraient être recrutés. Selon les analyses, la Camair est tombée en faillite pour l'accumulation d’une dette vis-à-vis de ses partenaires qui s'élève à près de 80 milliards FCFA (environs 160 millions de dollars), la suspension de la subvention de l'Etat (3 milliards de FCFA par mois) et l'absence de flotte propre à la compagnie. Projet de cité sportive à Tunis Le groupe émirati Abukhater va investir 5 milliards de dollars dans un projet « gigantesque » prévoyant la construction d'une nouvelle cité sportive, a annoncé son président Abdulrahmane Abukhater. Lors d'une conférence de presse à Tunis, M. Abukhater a précisé que la future Tunis Sports City, qui sera fin prête dans moins de huit ans, s'étendra sur plus de 250 hectares. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 « La mondialisation devrait être plus inclusive » La CNUCED a récemment organisé au Ghana sa douzième rencontre internationale sur les investissements en Afrique. Secrétaire général de cette organisation, Supachai Panitchpakdi revient sur les conclusions de cette rencontre. Interview réalisée de Londres par Charles Bambara Les Afriques : Quelles sont les deux ou trois conclusions majeures de la récente conférence de la CNUCED au Ghana sur les investissements en Afrique. Supachai Panitchpakdi : Notre analyse critique a porté sur les conséquences inégales de la mondialisation, qui ont à la fois engendré du mieux-être et des emplois dans certaines régions, mais moins en Afrique. Il faut une mondialisation plus inclusive, plus équitable. La deuxième conclusion majeure, c’est qu’au cours des années passées, nous avons déclaré aux pays en développement que les marchés étaient très importants, qu’il fallait libéraliser et réformer ces marchés. Mais nous avons vu que ces marchés n’ont pas toujours eu l’impact que nous préconisions. Il n’est donc plus uniquement question de réforme de marchés. Il s’agit aussi de voir comment mettre en place des stratégies efficaces de développement. Enfin, troisième point, dans le cadre du forum sur l’investissement en Afrique, à côté des infrastructures, à côté des capacités de production, nous avons discuté de l’intégration régionale, qui est primordiale pour rendre l’Afrique plus attractive. LA : Selon les chiffres de la CNUCED, il y a toujours un déficit d’investissement en Afrique. Comment cela s’explique-t-il ? SP : L’ancien président tanzanien, Benjamin Mkapa, déclarait que l’Afrique devait se concentrer sur trois secteurs prioritaires, pour résoudre en partie le manque d’investissement : les infrastructures, l’agriculture et le secteur manufacturier. LA : Est-ce difficile pour une organisation comme la CNUCED d’encourager les institutions financières à financer ces secteurs ? SP : Nous essayons de faire en sorte que les pays soient réceptifs aux propositions de changements macroéconomiques, de bonne gouvernance, de développement des ressources humaines. Et au cours de cette rencontre d’Accra nous avons tenté d’emmener des investisseurs qui pourraient observer l’Afrique autrement. Nous espérons faire plus dans le domaine de l’agriculture. Nous sommes en contact avec des investisseurs du Moyen-Orient qui voudraient investir en Afrique, dans ce domaine. LA : 2,7% des exportations mondiales sont africaines, ce chiffre restera-t-il inchangé ? SP : Je crois personnellement que la tendance à la hausse des prix des matières premières se maintiendra pendant encore quelque temps. Parce que les pays émergents deviennent de plus en plus puissants. Mais nous tentons en même temps d’appeler à la prudence, même si l’Afrique bénéficie actuellement de cette hausse. Ces prix pourraient être volatiles. Il faudrait que les pays africains puissent se diversifier, en investissant leurs avoirs dans les infrastructures, l’éducation, les capacités productives, les investissements sociaux. LA : La CNUCED affirme aussi que le commerce Sud-Sud s’accroît. A-t-il réellement un impact en Afrique ? SP : Le commerce Sud-Sud s’accroît très rapidement et représente un tiers du commerce mondial, mais l’Afrique ne représente qu’une très faible partie de ce commerce Sud-Sud. Cette coopération économique Sud-Sud est essentiellement le fruit du commerce entre les principales puissances asiatiques. LA : Y a-t-il un modèle de partenariat que l’Afrique devrait privilégier ? Le modèle de partenariat développé avec les Japonais, les Indiens ou les Chinois ? SP : Nous, nous essayons de travailler avec ces trois entités en essayant de rendre aussi bénéfiques que possible ces programmes de partenariat. Par exemple, au Japon, nous avons parlé de la nécessité de ne pas seulement investir dans les secteurs les plus attractifs. Nous essayons Supachai Panitchpakdi : « Nous ne pensons pas que la seule croissance quantitative suffit pour régler ce problème. Il faut analyser la qualité de cette croissance. » aussi de promouvoir le modèle asiatique d’intégration économique. LA : Nous n’avons pas vu beaucoup de réduction de la pauvreté en Afrique malgré les taux de croissance intéressants… Pourquoi cela ? SP : La réduction de la pauvreté est un problème qui doit être résolu par un canevas de mesures. Nous ne pensons pas que la seule croissance quantitative suffit pour régler ce problème. Il faut analyser la qualité de cette croissance. Par exemple, une croissance réalisée à partir d’investissements dans le secteur agricole pourrait réduire la pauvreté plus que des investissements dans les secteurs extractifs. Il y a aussi cette grande portion de la population, les femmes, qui n’est pas assez prise en compte. Les Afriques : Etes-vous optimiste sur le développement du continent africain ? SP : Je crois que l’on avance sur tous les fronts : le renforcement des capacités, l’égalité des sexes, le développement agricole, l’intégration sous-régionale (car le commerce intra africain reste toujours très faible comparé à l’Asie). Si ces efforts sont poursuivis, l’Afrique pourra bientôt tirer bénéfice de la mondialisation. Difficile démarrage de l’accord d’Agadir Entré en vigueur en avril 2007, l’accord d’Agadir, qui lie quatre pays arabes du pourtour méditerranéen, fait son premier bilan. Résultats encore faibles. Une année après la mise en place de l’Accord de droit de douane nul entre le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, l’heure est au bilan. Les avancées sont certes réelles, à l’image de la ligne maritime Casablanca-Tunis, inaugurée en mars dernier, et des nombreuses missions d’hommes d’affaires entre les différents pôles, mais les volumes d’échanges ne s’envolent toujours pas entre les pays signataires de l’accord quadra. Les échanges commerciaux cumulés ne dépassaient pas 1,7% en 2007, contre 1,4% en 2004. L’Egypte dispose du niveau le plus élevé d’exportations vers les autres pays, soit 813 millions de dollars, et le plus faible niveau d’importation (150 millions de dollars). Le Maroc vient, quant à lui, en troisième position en termes d’export après la Tunisie, et en deuxième position pour l’import derrière la Jordanie. Ce dernier pays est le plus grand importateur des quatre pays de la zone. Crainte de la concurrence Ce n’est pas seulement le manque d’informations commerciales qui explique ce maigre résultat, à entendre le président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), Abdellatif Tableau des échanges Volume global en millions de dollars en 2006 Maroc Maroc Tunisie Egypte Jordanie Total 225,9 246,6 28,7 501,3 Tunisie Egypte Jordanie 225,9 246,6 178,5 28,7 14,2 539,2 178,5 14,2 418,6 539,4 964,4 582,2 Total 501,3 418,6 964,4 582,2 2466,5 % 20,3 16,9 39,1 23,6 100 Belmadani. Le cumul des règles d’origine, admis par l’accord, ne s’est pas transposé jusque-là sur le terrain. De plus, la volonté d’ouverture se heurte à la capacité même des industries locales de supporter la concurrence étrangère. Ainsi, l’Egypte, qui concentrait 40% du volume global des échanges inter-quad en 2006, ne se résout toujours pas à ouvrir son marché à la Logan montée au Maroc de peur de fragiliser l’industrie de montage locale. Dans l’autre axe, l’industrie marocaine de la papeterie souffre de la concurrence égyptienne, interpellant d’ailleurs régulièrement, dans ce cadre, la Douane, le Ministère du commerce extérieur pour une meilleure application de la règle d’origine et des procédures de délivrance des certificats d’importation. A ces problèmes sectoriels s’ajoutent, pour l’ensemble des pays concernés, une similitude des structures productives et un fonctionnement peu efficace des accords libéraux. Il y a aussi le recours aux règles de sauvegarde, prévues par cet accord et aussi par l’accord de libre-échange entre pays arabes (entré en 2005, celui-ci n’a pas encore eu d’effets), qui permettent de suspendre toute importation massive ou subventionnée. Autant de facteurs expliquant le fait que les échanges enregistrés en 2006 dans l’espace quadra sont 23 fois moins importants que le potentiel estimé, soit 11,6 milliards de dollars. S’agissant du Maroc en particulier, la prédominance du secteur primaire dans les exportations (environ 69%) milite pour une montée en gamme vers des niches à grande valeur ajoutée. En effet, comme le rappelle El Hassane Hzaine, directeur des études et de la formation au Centre islamique pour le commerce et le développement (CIDC), le potentiel commercial de la zone est important. A noter que cet accord, dont l’objectif est d’établir un marché de 100 millions de consommateurs, s’inscrit dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen initié à Barcelone en 1995. MBF Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 « A terme, il y aura une introduction en bourse du groupe Alliances » En 14 ans, le groupe Alliances s’est imposé sur le secteur marocain de l’immobilier de luxe et de la construction hôtelière. Président fondateur de cette entité, Alami Lazraq nous livre les perspectives du groupe. Propos recueillis par Adama Wade Les Afriques : Que représente aujourd’hui le groupe Alliances en termes d’engagements ? Alami Lazraq : Nous sommes aujourd’hui une référence en tant que premier opérateur immobilier et touristique intégré au Maroc. En effet, nous intervenons sur l’en- « L’Afrique pourrait faire partie de nos projets futurs, je pense notamment au Sénégal, à la Mauritanie et à l’Algérie, dans un premier temps. » semble de la chaîne de valeur des métiers de l’immobilier, et sur quatre domaines d’activités, à savoir l’hôtellerie, les resorts golfiques, l’immobilier résidentiel et tertiaire et enfin l’habitat intermédiaire. Nous intervenons dans de grands projets de construction d’hôtels au Maroc avec, par exemple, l’exclusivité de tout ce que fait Accor, que ce soit le Sofitel d’Agadir, celui de Casablanca, les Ibis de Tanger et d’Essaouira ou le Mercure de Fès, pour ne citer que ceux-là… Nous avons construit le Club Med Palmeraie à Marrakech, le projet Lucien Barrière dans la même ville. Parmi nos principaux projets en cours, il y a aussi le Park Hyatt de Marrakech, le « W » avec pour chacun un investissement de plus de 500 millions de dirhams. L’hôtel Raffles que nous réalisons pour le compte de la SOMED représente un investissement de 600 millions de dirhams. C’est aussi le groupe Alliances qui réalise le projet de TUI à Marrakech, ensemble de 2944 lits d’un investissement de 600 millions de dirhams. Nous intervenons aussi dans le segment du resort golfique, comme le projet Al Maaden et Akenza à Marrakech ; de même, le groupe Alliances est engagé sur deux projets phares à Tan Tan (Oued Drâa) et à Essaouira (Al Maaden Argana), ainsi que sur un cinquième golf au bord de la Méditerranée. Nous sommes aussi présents dans l’immobilier résidentiel et tertiaire avec des projets comme Atlas Nakhil, un ensemble résidentiel de 45 hectares au pied de l’Atlas, ou prochainement un projet à Tanger sur 25 hectares. En termes de services, l’une de nos filiales, ALGEST, est en charge des prestations para-hôtelières et de la gestion locative, produits que nous proposons sur tous nos projets. Nous avons aussi créé une filiale, ALDARNA, dédiée au développement de l’habitat intermédiaire, allant des logements économiques de 200 000 dirhams aux villas économiques autour de 1,2 million de dirhams. Pour les cinq années à venir, nous envisageons d’investir 11 milliards de dirhams pour la construction de 70 000 unités. LA : Pour en revenir aux projets W et Al Maaden, sont-ils tous l’œuvre d’investissements du groupe Alliances ? AL : Tout d’abord, l’hôtel « W » est l’un des trois hôtels à réaliser sur le resort golfique d’Al Maaden, la société Golf Resort Palace qui porte le projet d’Al Maaden contrôlant 20%. L’Américain David Barry, qui possède plusieurs « W » aux USA, détient 40%. Le reste, soit 40%, est détenu par un aménageur développeur international, M. Albert Maes, qui investit actuellement dans un énorme projet de 2 milliards de dollars au Mexique. Il y a aussi sur le site d’Al Maaden l’hôtel Park Hyatt, dont nous venons de signer les accords à Marrakech. Ce dernier est détenu à 100% par Golf Resort Palace. LA : Compte tenu de vos immenses besoins en fonds, l’introduction en bourse à moyen terme n’est-elle pas une suite logique ? AL : Il est vrai qu’un groupe qui se déve- Alami Lazraq : « Nous sommes aujourd’hui une référence » loppe à un rythme soutenu comme Alliances avec des projets capitalistiques a besoin de ressources. A terme, il y aura une introduction en bourse. Ce sera un changement très important. Pour l’heure, je ne peux pas vous dire exactement quand interviendra l’opération. LA : L’Afrique comme relais et accélérateur de croissance est-elle dans vos plans ? AL : Le groupe Alliances est surtout occupé à aller de l’avant dans les projets de développement au Maroc. L’Afrique pourrait faire partie de nos projets futurs, je pense notamment au Sénégal, à la Mauritanie et à l’Algérie, dans un premier temps. LA : Est-ce que le segment de l’immobilier marocain de luxe souffre aujourd’hui de la crise financière à l’international ? AL : Il va de soi que le Maroc ne peut pas rester indifférent à la conjoncture internationale. Par rapport à nos projets spécifiques, nous sommes conformes à notre business plan. Le fait que nous soyons présents dans tous les segments de l’immobilier constitue aussi pour nous un bon système de péréquation en cas de crise. Les Sud-Coréens vont investir un milliard de dollars à Bouinan Après des années d’attente, le projet de la ville nouvelle de Bouinan, au sud-ouest d’Alger dans le département de Blida, est en voie de concrétisation. Par Rafik Sabounji, Alger Un consortium d’entreprises sud-coréennes finalise un investissement de près d’un milliard de dollars dans la ville nouvelle de La zone comprendra des espaces spécialisés dans différents domaines, notamment l’énergie, les services financiers, les télécommunications et les TIC, ainsi que les résidences et les loisirs. Bouinan. Le projet des entreprises du matin calme s’étale sur cinq ans. Il est indiqué qu’elles construiront un ensemble immobilier à usage d’habitations et commercial. 13 INVESTISSEMENT Ainsi, il est prévu la réalisation de quelque 10 000 logements qui absorberont 80% des financements. Le reste du projet, c'est-à-dire 20%, est consacré aux surfaces commerciales. Ce projet intervient moins d’un mois après la conclusion d’un accord entre le gouvernement algérien et Gulf Finance House Bahrein (GFH) pour l’implantation d’une zone de développement économique dans la future ville de Bouinan. Elle s’étendra sur une superficie de 208 km2. Absorber la croissance L’investissement bahreini est estimé à 3 milliards de dollars américains. La Zone GF du futur centre économique, qui absorbera une partie de la croissance des villes de Blida et d’Alger, est la seconde du genre après celle de Bombay (Inde), lancée en 2007. La zone com- prendra des espaces spécialisés dans différents domaines, notamment l’énergie, les services financiers, les télécommunications et les TIC, ainsi que les résidences et les loisirs. A l’instar du projet bahreini, celui des SudCoréens est piloté par le Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme. Chérif Rahmani, l’actuel responsable du département, est décidé à réaliser ce vaste plan de villes nouvelles qu’il a mis au point dans les années 90. Son retour au département coïncide avec la relance des nouveaux pôles urbains qui commencent à prendre forme, surtout pour Sidi Abdallah, à l’ouest d’Alger. Cette nouvelle ville est dédiée aux nouvelles technologies, alors que Bouinan, sa jumelle au sud de la plaine de la Mitidja, est consacrée aux biotechnologies, particulièrement les applications relatives au monde agricole. Samsung produira en Algérie Le patron du groupe Cevital, Issaad Rebrab, a annoncé que Samsung produira en Algérie dès 2009. « Cette usine qui est en phase de réalisation à Beni Mered, dans la wilaya de Blida, produira des téléviseurs LCD et Plasma, des réfrigérateurs, des machines à laver et des climatiseurs… » Pas moins de 1000 postes d’emplois directs et quelque 2500 emplois indirects seront créés. Les sociétés algériennes d’assurances ne seront pas privatisées dans l’immédiat Le marché algérien des assurances est ouvert aux étrangers mais la privatisation des compagnies nationales ne figure pas dans l’agenda du gouvernement, a laissé entendre le ministre des Finances, Karim Djoudi. Il estime toutefois que le marché algérien a besoin d’intervenants étrangers capables d’apporter les améliorations nécessaires en matière d’offre de produits d’assurances et en nombre de points de vente. Le marché algérien des assurances enregistre une croissance annuelle de l’ordre de 15%. Le chiffre d’affaires réalisé en 2007 est de 53 milliards DA. La couverture du marché est très faible, une agence pour 28 000 habitants. Ouverture d’une 2e banque islamique au Kenya La compétition entre les banques islamiques s’intensifie avec la création d’une seconde banque qui fonctionne selon les principes de la Sharia. Il s’agit de Gulf African Bank (GAB), qui vient de rejoindre la First Community Bank en activité depuis une année. Basée sur un « profit fixe », la GAB dispose d’un capital d’un milliard de shillings détenu à 51% par des actionnaires kenyans. Elle compte étendre son réseau de trois agences actuellement à 17 dans les trois prochaines années. Standard Bank offre 4,4 milliards de rands pour Liberty Holding La Sud-Africaine Standard Bank Group (SBG) prévoit de consacrer 4,4 milliards de rands (570 millions $) pour acheter les 40,83% d’actions qu’elle ne détient pas dans Liberty Holdings (LH), la 3e plus grande compagnie d’assurances du pays. SBG va payer 219,25 rands l’action de LH, soit 23% de plus que la valeur de clôture du 26 mai dernier. Kenya : les assureurs devront payer 100 millions Sh de compensations Co-operative Insurance Company (CIC) est appelée à payer 100 millions Sh au titre des compensations des pertes subies lors des violences post-électorales de janvier et février derniers. Nigeria : les actionnaires demandent la privatisation complète de NICON L’association des actionnaires (NSRA) de la compagnie d’assurances NICON a demandé au gouvernement fédéral d’accélérer la vente au public de ses 30% de parts au sein de la société. La NSRA estime que le retrait de l’Etat du capital de NICON « sera un signal fort pour attirer des investissements étrangers vers le pays ». Le premier fonds d'investissement MENA sera lancé par Charlemagne Capital Charlemagne Capital, une société tunisienne de gestion de placements, va lancer son premier fonds d'investissement « Moyen-Orient et Afrique du Nord » (MENA) en juin 2008. Le fonds, baptisé Magna MENA, sera dédié aux investissements des sociétés ayant une présence significative dans le monde arabophone, y compris l’Afrique du Nord. 14 La SADC se penche sur le problème de la pénurie d’électricité « L'impact négatif des pénuries d'électricité sur les économies et les commerces des pays membres de la SADC est incalculable et grave », a déclaré le secrétaire général du forum parlementaire de la SADC, Kasuka Mutukwa, cité jeudi par le journal The Post. Au cours du forum parlementaire sur la crise énergétique en Afrique australe, M. Mutukwa a indiqué que « les baisses abruptes et parfois non annoncées d'électricité ont des impacts graves sur les vies et propriétés des citoyens ordinaires de la SADC », a rapporté The Post qui n'a pas précisé quand et où a eu lieu le forum. La production électrique des installations actuelles de la SADC est de 55 032 MW, alors que la production disponible est de 47 067 MW. La production fiable est réduite à 41 000 MW pour une demande de plus de 42 000 MW. 5 milliards de dollars d’IDE en Algérie En 2007, les investissements directs étrangers (IDE) en Algérie se sont élevés à 5 milliards de dollars et les investissements de capitaux arabes ont marqué une hausse, a annoncé jeudi le ministre algérien du Commerce, El Hachemi Djaaboub. Il a cité, entre autres, l'exemple du groupe émirati Dubaï, qui envisage de réaliser à Aïn Temouchent une usine d'aluminium qui pourrait créer 5000 emplois permanents, et celui du groupement égyptien El Izz Steel, qui devrait investir dans une unité sidérurgique dans la zone de Bellara (Jijel) pouvant employer 1500 personnes. Maroc : baisse du taux d’utilisation des capacités industrielles Selon les résultats de l’enquête mensuelle de conjoncture de Bank Al-Maghrib, le taux d’utilisation des équipements industriels s’établissait à 72% en avril dernier, en baisse de 3 points comparativement au mois précédent. Globalement, le solde d’opinion global relatif à la production s’établit à 9%. Par grand secteur, l’industrie mécanique et métallurgique arrive en tête, affichant un solde d’opinion de 80%, suivi par le secteur de l’électrique et de l’électronique à 40%, le secteur du textile et de cuir à 17% et enfin le secteur de l’agroalimentaire à 3%. Pour sa part, le solde d’opinion du secteur de la chimie et de la parachimie ressort en baisse à -18%. Sur le plan prévisionnel, les industriels du secteur de l’électrique et l’électronique demeurent les plus optimistes quant à l’évolution de la production durant les trois mois à venir, affichant un solde d’opinion de 88%. Le Parlement nigérien adopte une loi rectificative de la loi de Finances 2008 Les parlementaires nigériens ont adopté mercredi soir un projet de loi portant une rectification de la loi des Finances pour l'année budgétaire 2008. Le projet de loi prend en compte une modification des prévisions budgétaires portant sur des recettes de 78,38 milliards de FCFA (environ 186 millions de dollars). Cette modification des prévisions budgétaires est relative, selon le gouvernement, au renchérissement général des prix des produits de grande consommation et aux recettes additionnelles enregistrées dues à l'exploitation accrue des ressources minières, des retombées de la libéralisation du secteur de la téléphonie ainsi que des concours extérieurs. La rectification proposée permettra ainsi de nouvelles opérations en matière d'investissements. Extension de l’usine Jacob Delafon Maroc Filiale conjointe de Jacob Delafon (affilié à l’Américain Kohler) et du groupe El Alami, Jacob Delafon Maroc inaugure l’extension de son usine de production de sanitaires, sise à Tanger, sur une superficie supplémentaire de 18 000 m2. D’un investissement de 200 millions de dirhams, ce projet vise le doublement de la capacité de production du groupe à Tanger. Signalons, par ailleurs, que cette usine possède actuellement une capacité de production d’environ un million de pièces par an, dont plus de la moitié est écoulée au Maroc. INVESTISSEMENT Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 La Guinée projette l’extension de son port Le gouvernement guinéen, par l’entremise du Ministère des transport, a lancé un appel d’offres pour la mise en concession du terminal du port de Conakry, son extension et l’aménagement d’un espace de la gare ferroviaire. Par Ougna Camara, Conakry Selon le directeur général du Port autonome de Conakry, il s’agit de rendre le port guinéen plus compétitif et capable de répondre aux exigences du développement de l’économie nationale. Pour Baby Kabassan Kéïta, à terme, il pourra devenir une plateforme efficace de transbordement dans la sous-région et capter une large part de marché des pays continentaux. Les autorités portuaires guinéennes caressent plus particulièrement, derrière cette initiative, le marché malien. A ce propos, le « Le port de Conakry est le plus proche de Bamako. Mais nous n’en tirons pas profit. Notre objectif est de le rendre plus compétitif. » ministre des Transports, Boubacar Sow, ne cache pas ses ambitions. « Le port de Conakry est le plus proche de Bamako. Mais nous n’en tirons malheureusement pas profit. Notre objectif est de le rendre plus compétitif qu’il ne l’est aujourd’hui », dit-il. Le gouvernement guinéen entend égale- ment, à travers ce projet baptisé « Troisième projet portuaire », agrandir son espace ferroviaire pour mieux faciliter la réalisation de ses mégaprojets miniers. Des projets qui visent l’accroissement des revenus issus de l’exploitation des ressources minières du pays. Il faut dire que ce troisième projet portuaire suscite déjà à Conakry un véritable engouement. Et pour cause. Depuis la réalisation des deux premiers entre 1981 et 1992, pour un coût total estimé à plus de 100 millions de dollars, le Port autonome de Conakry n’a plus connu une seule extension. Toutes les initiatives sont restées vouées à l’échec, faute de financement des pouvoirs publics et d’incompatibilité de politique entre autorités et partenaires. Pour arriver aujourd’hui à ce résultat, Conakry a demandé le concours de la Banque européenne d’investissement, de l’ONG allemande KFW et de l’Agence française de développement. Le concours du secteur privé attendu En remettant le cahier des charges et le projet de convention aux soumissionnaires, pour la plupart européens, Baby Kabassan Kéïta a déclaré que son pays compte également impliquer les opéra- teurs privés dans le financement, la gestion, l’exploitation et l’extension du terminal à conteneurs. Et créer ainsi un partenariat public et privé pour, non seulement atténuer les coûts des infrastructures et équipements, mais aussi exécuter le projet dans un bref délai. « Nous sommes convaincus que l’implication des opérateurs privés dans le financement, l’équipement, l’exploitation, la gestion et l’extension du terminal à conteneurs permettra sûrement la réalisation, à court terme, de l’ensemble de ces objectifs ». Les attentes en chiffres Le port de Conakry est situé sur l’un des axes maritimes les plus intenses de la côte ouest-africaine. C’est le seul port par lequel la Guinée effectue 90% de ses échanges commerciaux avec l’extérieur. Paradoxalement, son trafic marchandises reste l’un des plus faibles de la sous-région. Selon les données livrées par le Ministère des transport, les travaux d’extension permettront de stimuler le trafic marchandises qui se chiffre aujourd’hui à sept millions de tonnes, contre un million il y a douze ans. En outre, les dimensions devront passer de 10 à 12 hectares pour la superficie et de 250 à 300 mètres pour le quai commercial. Le Cameroun aura un nouveau port Le gouvernement camerounais a obtenu le soutien des investisseurs pour la construction en BOT d’un port en eaux profondes. Objectif : faciliter l’évacuation des produits miniers et industriels, et soutenir le flux croissant d’échanges avec l’extérieur. 2015. C’est l’échéance que s’est fixée le gouvernement camerounais pour doter la côte camerounaise d’un port en eaux profondes dans la zone de Kribi. Un projet vieux de 30 ans, récemment dépoussiéré par le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze, à travers la première table ronde des investisseurs. Equipment Corporation, des entrepreneurs suisses et un groupe anglo-canadien, entre autres) se sont dits prêts à s’impliquer dans ce projet dont le coût est évalué à 282 milliards FCFA. Il y a même des chances pour que l’Etat camerounais, qui prévoyait de supporter les coûts d’infrastructures évalués à 41% du montant global, ne débourse finalement rien, puisque ces opérateurs entendent travailler sur le schéma du full BOT (built operate and transfer). Investisseurs engagés Industrialisation du pays L’objectif de cette table ronde du 9 mai, qui réunissait autour de l’administration les potentiels opérateurs et investisseurs, était de susciter les premières intentions de financement, de contribuer à la constitution des premiers regroupements entre opérateurs et/ou investisseurs, de poser les premières balises du chronogramme de mise en œuvre effective du projet du port en eaux profondes de Kribi. Objectif manifestement atteint, puisque des opérateurs et L’empressement du ministre Louis Paul Motaze à lancer ce projet est lié au contexte économique camerounais marqué par le lancement de projets industriels et miniers (aluminium, bauxite, fer, etc.) qui auraient grand besoin d’un port en eaux profondes pour leur évacuation. C’est cette exigence de renforcement dans la capacité d’évacuation des produits miniers et industriels qui a commandé la conception d’une architecture portuaire présentant six terminaux spécialisés (fer, aluminium, pétrolier, bois, conteneurs, céréalier). La création de ce port, que ses géniteurs souhaitent plus important que celui de Douala, est d’autant plus importante que, selon les ingénieurs du Ministère de l’économie, le port de Douala touche à ses limites et ne pourra plus soutenir, à terme, les flux croissants des échanges du Cameroun avec l’extérieur : « Le port de Douala, principal port de commerce du Cameroun (plus de 95% du trafic national et port de transit pour la sous-région), est situé à environ 30 km de l’embouchure du fleuve Wouri et est accessible par un chenal Par François Bambou, Yaoundé Le port de Douala touche à ses limites et ne pourra plus soutenir, à terme, les flux croissants des échanges du Cameroun avec l’extérieur. bailleurs de fonds de divers horizons (la Banque africaine de développement, la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, Camship, Douala Stock Exchange, China Harbor Engineering Company Limited, China National Electric artificiel de 50 mètres de long, dragué en permanence à la cote -6,50, dans sa moitié inférieure, permettant au mieux à des navires de 8,5m de tirant d’eau de passer en pleine mer. Cette faible profondeur, ajoutent les experts commis par le Minepat, limite la taille des navires pouvant atteindre le port de Douala, ainsi que les périodes d’accessibilité, ce qui occasionne un surcoût pour l’acheminement des marchandises (en particulier les marchandises conteneurisées) par rapport à l’utilisation des navires plus gros ». De fait, vu l’envergure que le ministre de l’Economie veut lui donner, le port de Kribi va permettre un meilleur aménagement urbain à Kribi, ainsi que la réalisation d’autres infrastructures routières et ferroviaires, pour permettre de relier les points de production aux points d’évacuation, sans compter que le port permettra aux pays enclavés de la sousrégion de disposer d’une seconde ouverture sur la mer, après le port de Douala. Ces projections permettent aux concepteurs du projet d’en situer la rentabilité à un taux de plus de 15% dans les hypothèses optimistes, soit quasiment le double du taux minimum requis. « Ce projet permettra, en optimisant la desserte maritime du Cameroun, d’accélérer l’industrialisation du pays, par la mise en exploitation de nombreuses ressources naturelles tels le fer, la bauxite, le nickel, le cobalt, pour lesquels des permis d’exploration ont déjà été délivrés », se réjouit M. Motaze qui avait déjà réuni les hommes d’affaires camerounais du Gicam, début mars, pour les sensibiliser au projet. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Cameroun : la zone franche industrielle en demi-teinte L’Office national des zones franches industrielles du Cameroun (Onzif), créée, au début de année 1992, a connu au cours de l’année 2007 un net recul de ses activités, à en croire son rapport édité le 24 mai 2008. Par Gilbert Tchomba, Douala La production des 25 entreprises de la zone franche industrielle de Douala a atteint une valeur d’environ 47,4 milliards de FCFA, soit une régression Selon le rapport, cette tendance à la baisse des investissements s’explique par l’instabilité de l’environnement juridique du régime de la zone franche industrielle. d’environ 30% par rapport à l’année précédente. Comme par le passé, l’industrie du bois a contribué pour près de la moitié à la production globale : 23,7 milliards de FCFA. En revanche, l’industrie agroalimentaire a connu d’énormes difficultés. Les entreprises spécialisées dans la torréfaction du café ou dans la transformation du cacao en beurre ou en pâte se sont heurtées à de nombreuses spéculations dans leurs filières respectives. Selon le rapport, seulement près de 16 455 tonnes de ces deux produits ont été transformées par la Société industrielle du cacao du Cameroun (Sic-cacao) et par la Torrecam, contre 28 879 tonnes en 2006. Les deux tanneries de la zone franche industrielle ont vu leur production passer de 1,2 à 0,7 million de tonnes. Emploi et investissements en recul Les statistiques de l’emploi indiquent une réduction notable de l’effectif travaillant sur la zone franche industrielle de Douala, celui-ci tombant de 4590 à 3465 personnes. Ces emplois comprennent 1293 saisonniers et 2172 permanents. Leur rémunération totale s’est élevée à près de 5,3 milliards de FCFA, contre 6,43 milliards de FCFA un an plus tôt. Les investissements de l’ensemble des entreprises installées ont marqué un recul d’environ 15,4% : 41,891 milliards de FCFA ont été investis contre 49,55 milliards de FCFA en 2006. Selon le rapport, Énergie électrique : la bouffée d’oxygène qui vient des Etats-Unis L’Agence américaine pour le commerce et le développement (Ustda) s’est engagée à financer, pour un montant global de près de 750 millions de dollars, deux projets énergétiques au Cameroun. Il s’agit d’une part, de la construction d’une centrale à gaz à Limbé, dans la province du sud-ouest anglophone, et d’autre part de l’amé- nagement hydroélectrique de Bini, à Warak, dans le septentrion, plus précisément dans l’Adamaoua. Les deux accords de financement ont été paraphés le 22 mai 2008 à Yaoundé entre Jean Bernard Sindeu, ministre camerounais de l’Énergie et de l’Eau, et Janet Garvey, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun. cette tendance à la baisse des investissements s’explique par l’instabilité de l’environnement juridique du régime de la zone franche industrielle. Depuis la création de cette zone en 1992, les investisseurs n’ont jamais raté l’occasion de dénoncer les incohérences de l’application concrète du régime spécifique sur le terrain : les avantages fiscaux prévus sont constamment remis en cause par les autorités fiscales et douanières. Alors que l’article quinze du statut de la zone franche prévoit que « les entreprises installées dans les zones industrielles bénéficient, pendant les dix premières années de leur exploitation, de l’exonération totale des impôts et taxes directs ou indirects, en vigueur ou à créer,ainsi que des droits d’enregistrement de timbre, de quelque nature que ce soit », il n’est pas rare d’entendre des investisseurs se plaindre que telle taxe ou telle autre soit incorporées au fils des ans dans la loi fiscale. D’après le rapport, le climat aux douanes n’est guère favorable aux investisseurs. Les délais de dédouanement des équipements et matériels divers dépassent les deux semaines. De même, l’obtention des demandes d’agrément se fait sur la base du régime de droit commun et non à partir des textes en vigueur sur les zones franches. Des incohérences dont, d’après le rapport, la tutelle qu’est le Ministère des mines et du développement technologique entend y mettre fin en mettant sur pied une plateforme de concertation avec tous les ministères impliqués dans la gestion des zones franches. Il s’agit notamment du Ministère des finances, de celui de l’économie et de l’aménagement du territoire, voire celui du développement commercial. Burkina : nouveau système d’évaluation des fonctionnaires Du nouveau système d’évaluation des fonctionnaires, l’Etat burkinabé escompte efficacité et performances accrues. L’agent y gagnerait une gestion plus équitable de sa carrière. Par Aliou Diongue, Dakar Une obsession de l’efficacité et de la performance semble habiter les autorités publiques du Burkina-Faso. Elle est perceptible dans cette volonté de réformer l’administration publique afin d’en L’évaluation se fait sur la base d’un contrat d’objectifs annuel passé avec chaque agent de la fonction publique. accroître le rendement. Une semaine après le démarrage, le 20 mai, de l’opération billettage 2008 de paiement direct des salaires aux fonctionnaires, le patron du département de la fonction publique a communiqué, le 28 mai dernier, les principales dispositions d’un nouveau système d’évaluation des agents de la fonction publique. Ce nouveau système vient modifier la 15 GESTION PUBLIQUE loi n° 013/98/AN votée par l’Assemblée nationale le 28 avril 1998, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique. Il vise quatre objectifs : le dialogue et la participation de l’agent au processus d’évaluation, la responsabilisation, la transparence et l’harmonisation des bases de notation. Transparence et équité Désormais, ce n’est plus le ministre de tutelle qui évalue l’agent placé sous son autorité mais le supérieur hiérarchique le plus immédiat qui est censé connaître le mieux l’agent, ses capacités et ses performances. L’évaluation se fait sur la base d’un contrat d’objectifs annuel passé avec chaque agent de la fonction publique. Après l’évaluation des résultats obtenus par rapport à ceux qui étaient attendus, la note attribuée et les observations de l’évaluateur sont discutées avec l’agent noté. La note s’échelonne de un à dix. L’agent qui a une note inférieure à six ne doit pas prétendre à un avancement. L’agent qui conteste sa note peut faire recours devant son ministre de tutelle, qui statue après avis d’un comité technique paritaire. Pour éviter tout abus ou toute complaisance, le supérieur hiérarchique qui attribue une note sur une base subjective peut être sanctionné. Rappelons que c’est le 20 mai qu’a été lancée officiellement l’opération billettage 2008 de paiement des salaires nets des fonctionnaires. Cette opération, qui nécessite la présence physique de l’agent, concerne 25 261 agents de la fonction publique relevant des ministères qui n’avaient pas été touchés par l’opération de 2006. Cette année-là, ce sont 69% des effectifs de la fonction publique qui avaient été concernés par l’opération billettage, et celle-ci avait représenté 71% du montant global de la masse salariale de la fonction publique. L’opération de 2008, qui prend fin le 2 juin, va porter sur une masse salariale de 3 milliards de FCFA. Le FFA veut promouvoir l’artisanat et les TPE Le Forum francophone des affaires a réuni à Paris 300 chefs d’entreprise ainsi que de nombreuses institutions économiques européennes et africaines afin de proposer aux chefs d’Etat et de gouvernement francophones des dispositifs à mettre en place en faveur de l’artisanat et de la petite entreprise des pays ACP. Parmi les recommandation du réseau FFA, la création d’une banque de développement spécialisée, d’un label « produit francophone », d’une centrale d’achat des produits francophones et d’un Observatoire économique du tourisme francophone. Sixième table ronde des bailleurs de fonds du Mali La sixième table ronde des bailleurs de fonds du Mali se tiendra les 12 et 13 juin 2008 à Bamako. Objectif, renforcer la concertation et le partenariat entre le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers autour des politiques et stratégies de développement du pays. La conférence se penchera, entre autres, sur la stratégie de croissance accélérée et son plan d'action, le plan décennal pour l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement, la gouvernance au Mali, l'investissement dans l'agriculture, le plan de financement du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Les pays émergents vont suppléer ceux de l’OCDE en 2017 Les pays émergents vont progressivement supplanter ceux de l'OCDE dans le commerce de la plupart des produits agricoles, qu'ils devraient dominer à l'horizon 2017, selon le rapport sur l'évolution des prix agricoles publié jeudi par l'OCDE et la FAO. Selon ces deux organisations, « les pays en développement affichent une progression plus rapide de la consommation et de la production pour tous les produits, à l'exception du blé ». Parmi les pays émergents, le rapport cite l'Argentine « parmi les nouveaux pays exportateurs ». Ce pays « devient un acteur de premier plan sur les marchés du lait entier en poudre et du fromage, grâce à l'accroissement de sa capacité de production laitière ». Plateforme commerciale portugaise au Cap-Vert Le président de l'Association industrielle portugaise (AIP), Rocha Matos, a annoncé que son pays envisage d'installer une plateforme d'exportation au Cap-Vert, afin de mettre ses produits sur les marchés de l'Afrique de l'Ouest et de l'Atlantique Sud, affirme mardi un journal capverdien. Rocha de Matos, cité mardi par le journal en ligne Asemanaonline, a expliqué que le projet des hommes d'affaires portugais, qui ont l'appui du gouvernement, s'inscrit dans un cadre stratégique approuvé lors du sommet Europe-Afrique, organisé en décembre dernier à Lisbonne. « Nous donnons privilège à ce pays, car je me rappelle toujours d'une expression du président Aristides Pereira - le premier président du Cap-Vert - qui disait ne pas savoir si son pays “était le dernier pays de l'Europe ou le premier pays de l'Afrique” », a déclaré le président de l'AIP, pour relever l'importance que l'archipel doit avoir dans la construction de ponts entre les deux continents. L’Etat se tourne vers le secteur privé pour moderniser Nairobi Le secteur privé sera sollicité pour investir des milliards de shillings pour moderniser la capitale Nairobi. Le ministre métropolitain, Mutula Kilonzo, a indiqué que l’Etat n’est pas en mesure de réunir l’argent nécessaire pour ce grand projet et a invité les opérateurs privés à jouer un rôle. Le privé sera sollicité pour investir dans les équipements de lutte contre les incendies, la gestion des déchets ménagers, et les systèmes de caméras de surveillance pour lutter contre le crime. Une enveloppe initiale de 1,65 milliard Sh est nécessaire pour lancer ces projets. Réunion des hommes d'affaires tunisiens d’Europe La ville allemande de Düsseldorf a abrité, récemment, les travaux du 10e forum des hommes d'affaires tunisiens résidant en Europe. Ont également pris part à cette rencontre des responsables d'institutions financières, des représentants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et de l'Office des Tunisiens à l'étranger. 16 L’Afrique du Sud diffère son choix pour la réalisation d’une centrale nucléaire Le gouvernement a différé à septembre prochain le choix de l’entreprise qui réalisera la centrale nucléaire pour un montant de 15,7 milliards $ en raison du « manque d’informations » dans les dossiers présentés par les soumissionnaires. Les soumissions de Westinghouse Ltd et Areva SA « ne fournissaient pas toutes les informations dont nous avons besoin », affirme un responsable de la compagnie nationale d’électricité Eskom. « L’investissement est trop important pour que nous fassions dans la précipitation », a-t-il dit. GESTION PUBLIQUE Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 « Il est difficile de faire aboutir de grandes idées sans argent » Commissaire à l’UEMOA, El Hadji Abdou Sakho vient de coéditer un ouvrage sur les enjeux des politiques macroéconomiques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Entretien. 2,5 milliards $ pour relancer le tourisme algérien Une enveloppe de 2,5 milliards $ est nécessaire pour mettre les prestations du secteur du tourisme aux standards internationaux, selon le directeur de la Coopération au Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du Tourisme. Sur une capacité de 84 000 lits, seulement 10 000 « sont conformes aux normes internationales », a affirmé Ghaouti Abdelkader, qui a précisé que l’objectif est de porter à 75 000 le nombre de lits conformes aux standards internationaux d’ici 2015. La participation de l’Etat sera à hauteur de 350 millions $. Signature d’un protocole de coopération Egypte-Ukraine Un protocole de coopération multisectoriel a été signé, le 22 mai dernier, avec l’Ukraine. L’accord porte sur le renforcement de la coopération dans le secteur bancaire, des hydrocarbures, dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, le sport, le machinisme agricole, la santé et la communication. Les deux pays ont également convenu d’équilibrer leurs échanges commerciaux actuellement en faveur de l’Ukraine, qui importe pour 140 millions $ à partir de l’Egypte contre un montant d’exportation de 900 millions $. Maroc : un fonds spécial face à la flambée des prix du pétrole Le Maroc mettra en place un fonds spécial pour faire face à la flambée des prix du pétrole et qui sera alimenté par les 800 millions de dollars fournis par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, a rapporté samedi la presse marocaine. Créée sur décision du roi Mohammed VI, ce fonds, premier en son genre au Maroc, s’assigne pour objectif d’atténuer l’impact de la facture énergétique sur l’économie du pays, indique le Ministère de l’économie et des finances. Sénégal : 850 millions de FCFA au Fonds de solidarité nationale Le gouvernement a versé 850 millions de francs CFA au Fonds de solidarité nationale pour l'exécution d'un plan visant à désenclaver les zones pauvres du pays, a annoncé la ministre de la Famille, de l'Entreprenariat féminin et de la Microfinance, Mme Awa Ndiaye. Inspiré d’une expérience en cours en Tunisie, le Fonds, institué en 2001, a pour but d’aider les localités pauvres en créant des activités qui génèrent des revenus. Vers un cadre législatif pour les privatisation libyennes Un cadre législatif et organisationnel intégré régissant l'action et déterminant les relations et les responsabilités du secteur visé par le transfert de la propriété assurant une compétitivité équitable et empêchant tout monopole : c’est ce qu’ont demandé les participants à la conférence sur la stratégie de privatisation des entreprises publiques en Libye. La conférence, organisée par l'Office général libyen de la privatisation des sociétés et unités économiques publiques, a débattu du programme de la distribution des richesses de la société libyenne décidé par le colonel Mouammar Kadhafi le 2 mars dernier. El Hadji Abdou Sakho. Les Afriques : Quels sont en quelques mots les enjeux des politiques économiques des pays de l’UEMOA ? El Hadji Abdou Sakho : Les pays de l’UEMOA sont confrontés à plusieurs défis que les décideurs en charge de la politique économique doivent relever : la réduction, voire l’éradication de la pauvreté pour faire émerger une classe moyenne, la plus nombreuse possible, comme dans les économies émergentes ; faire décoller la croissance économique en améliorant la compétitivité des entreprises et la productivité globale des économies, fluidifier dans l’espace communautaire la circulation des biens et services et celle des facteurs de production, c'est-à-dire la main d’œuvre, le capital physique et financier, pour que les marchés soient de vrais moteurs du développement ; enfin, il faut à tout prix maintenir les taux d’inflation à des niveaux bas afin d’éviter d’appauvrir davantage les populations. Les politiques économiques doivent poursuivre tous ces buts en même temps et dans la durée. LA : Les pays de l’UEMOA connaissent une certaine stabilité monétaire, mais at-elle vraiment servi à quelque chose ? La situation économique de ces pays n’est pas fondamentalement différente de ceux ayant connu l’ « hyperinflation ». EAS : La politique monétaire a donné aux pays de l’UEMOA plusieurs avantages que n’ont pas les autres pays d’Afrique subsaharienne : des niveaux de taux d’inflation faibles, la possibilité que des investisseurs privés et institutionnels viennent dans la zone sans crainte de subir des pertes liées aux variations du taux de change. Certes, cette stabilité monétaire ne s’est pas accompagnée de taux de croissance durablement élevés, pour des raisons qui n’ont pas grandchose à voir avec la monnaie mais qui viennent de la structure peu compétitive de nos économies. Les coûts de production demeurent élevés et les pays ne peuvent pas compter sur leurs exportations pour tirer la croissance économique. Vous avez parfaitement raison : certains pays non membres de l’UEMOA ont peut-être des taux de croissance plus élevés, en dépit d’une « hyperinflation », comme vous dites. Mais les populations de ces pays ne peuvent pas bénéficier de cette croissance, si leur pouvoir d’achat baisse. Dans ces pays, l’inflation a souvent été un impôt servant à redistribuer les richesses des consommateurs vers l’Etat, en particulier lorsque la monnaie est utilisée pour financer les déficits budgétaires. LA : De même l’intégration a-t-elle effectivement constitué un plus ? Encore une fois, ses effets sur le développement économique et social ne sont pas des plus évidents. Ou est-ce qu’en dépit des proclamations officielles, la région souffre de ne pas être suffisamment intégrée ? EAS : Il y a plusieurs lectures de l’intégration régionale. Lorsque vous regardez les zones frontalières, vous pouvez constater que les flux d’échanges de marchandises et les mouvements de personnes sont intenses. Dans certaines zones, d’autres monnaies coexistent même avec le franc CFA. Par contre, l’intégration est plus difficile à réaliser lorsque vous raisonnez à partir des frontières politiques. Les Etats restent un peu trop attachés à leurs prérogatives, ce qui se traduit par exemple par une forte segmentation des marchés, chacun protégeant ses acteurs économiques. Le secteur des transports est très symptomatique de ce point de vue. La zone n’a pas non plus pleinement exploité les économies d’échelle qui ont un impact sur la vie des populations, notamment dans le domaine des infrastructures routières et électriques. L’intégration ne fonctionne pas si les acteurs et les populations ne se sentent pas concernés. Or la structure actuelle des marchés, plus précisément la prédominance des oligopoles, empêche cela. LA : Existe-t-il des différences fondamentales entre les pays de l’UEMOA et les autres du point de vue des enjeux des politiques économiques ? EAS : Non, les objectifs sont les mêmes, notamment celui de vaincre la pauvreté et élever le niveau de vie des populations. Simplement, il est plus facile d’avoir un niveau d’éducation plus performant, un accès facile aux soins de santé, une plus grande performance dans le commerce, en faisant jouer les économies d’échelle. Dans la préface du livre, le président Wade relève que, pris individuellement, les pays sont trop faibles pour relever ces défis. Des solutions doivent donc être recherchées au niveau régional. En outre, même si tous les pays visent les mêmes enjeux, les moyens mis en œuvre ne sont pas nécessairement les mêmes, car il faut tenir compte des particularités propres à chaque zone. L’un des enjeux des pays de l’UEMOA est le pilotage des politiques fiscales, budgétaires et monétaires, dans un contexte où la pauvreté reste élevée et où les ressources financières sont rares, ces pays étant très endettés. Or, il est difficile de faire aboutir de grandes idées sans argent. C’est ce qui nous différencie des économies dites émergentes, qui ont un secteur financier et des marchés de capitaux assez développés. LA : La pauvreté peut-elle être vaincue dans la région ? A quelles conditions ? Que ne font pas les Etats, qu’ils devraient faire pour amorcer véritablement le développement, faire reculer la pauvreté ? EAS : La pauvreté recule indéniablement. Le niveau et la qualité de vie des populations n’est pas le même qu’il y a 25 ans. Mais la pauvreté ne recule pas suffisamment vite. La majorité de nos pays se trouve dans les derniers rangs des classements de l’IDH, des indicateurs de gouvernance, de croissance et d’ouverture commerciale. Notre difficulté vient de deux éléments. D’une part, l’effet de masse, c'est-à-dire le fait que les pauvres restent encore très nombreux, exige des efforts dont les effets ne sont visibles qu’à moyen terme, d’autant plus que la pression démographique reste forte. D’autre part, l’éradication de la pauvreté suppose que l’on utilise tous les leviers en même temps : éducation, santé, gouvernance, politiques économiques, infrastructures, etc. Cela demande à la fois des ressources financières considérables que nous n’avons pas toujours, et nécessite une coordination entre tous les acteurs du développement qui est parfois difficile à trouver, chacun restant cloisonné dans son domaine. Les deux grandes difficultés des Etats sont donc celles-là : la mobilisation des ressources financières et le leadership. Surtout le leadership politique. Propos recueillis par Chérif Elvalide Sèye, Dakar Enjeux des politiques macroéconomiques des pays de l'UEMOA. Sous la direction de Gilles Dufrénot et Sakho El Hadji Abdou, Economica, 266 pages Parution : 04/2008 Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Colonel Mangly : la crise ivoirienne n’a pas affecté la Douane En poste depuis quelques mois, le nouveau directeur général des Douanes ivoiriennes, le colonel Mangly Alphonse, estime que la crise politique n’a pas affecté son service. Propos recueillis par Mamadou Lamine Diatta, Dakar Les Afriques : Comment se portent aujourd’hui les douanes ivoiriennes ? Colonel Mangly Alphonse : Vous savez, j’ai été nommé le 31 mars dernier à la tête des Douanes ivoiriennes. Je peux vous affirmer d’ores et déjà que nous avons des douanes suffisamment modernisées et mon prédécesseur a fait un travail remarquable. Il s’agit pour nous de conserver les acquis et de les améliorer. En 2007, nous avons fait au moins 800 milliards FCFA de recettes (environ 1,2 milliard d’euros). Aujourd’hui, on veut continuer sur cette lancée car notre système informatique est très performant. Nous l’exportons même dans toute l’Afrique, même si beaucoup de choses restent à faire. Outre cette phase accélérée de modernisation, il nous faut insister sur la réorganisation des ressources humaines, parce que tout part des hommes et tout se termine par eux. Les machines ne sont qu’au service des hommes. C’est pourquoi le volet renforcement des capacités sera au cœur de notre combat. Nos Etats, qui sont déjà en difficulté, ont besoin de l’assistance de tous les services. Nous avons des industries qui s’installent et il faut donc faire leur promotion en leur donnant les moyens d’évoluer, d’être compétitives tout en préservant les intérêts de nos Etats. Ensuite, les Douanes ivoiriennes vont accentuer leur politique de lutte contre la fraude sous toutes ses formes pour que l’Etat dispose de recettes conséquentes. LA : Face à la crise alimentaire mondiale, avez-vous réduit vos droits de port sur les denrées alimentaires importées ? MA : Cette crise, nous ne la maîtrisons pas. Elle est internationale. Par conséquent, nous ne pouvons pas réduire les droits de port du jour au lendemain. Cependant, la Côte d’Ivoire essaie de s’adapter à cette crise en réduisant les taxes sur les prix des produits de première nécessité. Cela nous a d’ailleurs occasionné un manque à gagner de près de 14 millions d’euros sur les trois derniers mois. Nous sommes en train de réfléchir pour aboutir à des mesures plus générales et étalées sur une période beaucoup plus longue. LA : La Côte d’Ivoire est affectée par une sévère crise politique qui a conduit à sa partition. Comment cette situation s’est-elle répercutée sur la Douane ? MA : Il n’y a pas eu d’impact négatif comme on pouvait le craindre. C’est pendant cette crise que nous avons réalisé nos meilleures performances. Il faut comprendre que pendant les guerres les hommes se surpassent, font preuve de plus d’imagination et réfléchissent beaucoup plus pour trouver des solutions à leurs problèmes. C’est ce que nous avons fait. Actuellement nous sommes en plein dans une phase de pacification du pays et nous continuons de travailler. Il nous reste juste à assurer la sécurisation des frontières. Le travail principal des douanes au niveau des postes frontaliers, c’est la surveillance. Nous sommes en train de redéployer nos éléments dans les zones Pendant les guerres les hommes se surpassent, font preuve de plus d’imagination et réfléchissent beaucoup plus pour trouver des solutions à leurs problèmes. C’est ce que nous avons fait. nord, centre et ouest du pays. Et dans ce cadre précis, l’apport de l’Organisation mondiale des douanes (OMD) ne sera pas de trop. L’OMD est, il faut le dire, très importante pour nos pays en développement. Elle nous apporte toute la base juridique du travail que nous abattons au quotidien. S’agissant des recettes, nos principaux pourvoyeurs sont le Port autonome d’Abidjan et le Port de San Pédro, qui fournissent 90% de nos rentrées. Tant qu’ils continuent d’être performants, nos recettes resteront bonnes. Des fiscalistes veulent la réforme de l’OHADA Créée en mai dernier, la Société africaine de droit fiscal (SADF) veut la réforme des textes de l’OHADA relatifs à la fiscalité pour les adapter au nouveau contexte économique mondial. Par Achille Mbog Pibasso, Douala Des experts africains de l’administration fiscale réunis du 9 au 11 mai dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où a été portée sur les fonds baptismaux la Société africaine de droit fiscal (SADF), ont convenu de la nécessité de réformer les textes régissant le secteur fiscal, notamment l’Organisation pour l’harmonisation du droit en Afrique (OHADA), qui ne répondrait plus tout à fait à la nouvelle donne marquée par la libéralisation des économies. Cette initiative aurait pour finalité de rendre ce texte plus complet et mieux adapté au contexte économique africain, d’autant que « l’OHADA a été un texte non africain », bien que harmonisé au droit des affaires selon la SADF. L’un des participants à ces assises, le Camerounais Pierre Alaka Alaka, qui a du reste été porté à la vice-présidence de la nouvelle structure, a expliqué que 17 DROIT, FISC, DOUANES l’OHADA, telle qu’elle fonctionne actuellement, n’est pas un texte adapté à l’Afrique. En d’autres termes, il serait inopportun de parler d’une harmonisation du droit en Afrique puisque qu’il n’y a pas de « droit harmonisé ne serait-ce que sur le plan des principes, de la technique et des procédures, les politiques interventionnistes restant du domaine des Etats ». Dans une perspective visant une meilleure harmonisation entre le droit des affaires et le droit fiscal, la SADF, a déclaré son vice-président, se propose d’entreprendre très prochainement des démarches aussi bien envers la Commission de l’Union africaine, des regroupements économiques, que des organismes spécialisés, une réflexion susceptible d’aboutir à court terme à l’adoption d’un texte plus complet tant il est vrai que « le salut de l’Afrique passe aussi par une fiscalité harmonisée qui tienne compte de toutes les spécificités ». Harmonisation Les responsables de la structure nouvellement mise en place ont annoncé pour novembre prochain l’organisation d’un salon international à Abidjan sur « l’harmonisation fiscale en Afrique ». Des assises qui se veulent le regroupement de tous les responsables fiscaux africains de l’espace OHADA, bref, de tous les acteurs impliqués dans la mise en place d’un droit fiscal harmonisé. Depuis quelque temps, des voix s’élèvent pour demander la réforme de l’OHADA, pour l’adapter à l’évolution d’une économie libéralisée. C’est d’ailleurs des manquements constatés aussi bien sur les politiques fiscales inspirées par des bailleurs de fonds que celles des différentes administrations fiscales en vigueur en Afrique qui auraient amené des experts à mettre sur pied la SADF, qui se veut un « cadre formalisé et concerté pour réaliser des études, des publications, donner des avis scientifiques sur des questions fiscales ». La Douane algérienne contre la « mafia de l’import » Les Douanes vont accorder des facilités aux opérateurs honnêtes et sévir contre la mafia de l’importation, a indiqué le directeur général des Douanes. Dans un entretien accordé à l’agence APS, M. Bouderbala a fait état de la saisie de 2,3 millions d’articles contrefaits contre 800 000 en 2006. Devant l’ampleur que prend l’importation de produits contrefaits (en particulier dans des domaines sensibles comme les pièces détachées automobiles, les cosmétiques et les produits électriques), la Douane compte sévir. Mali : mise en circulation d’un passeport de la CEDEAO En accord avec les autres pays de la région, le Mali prendra toutes les dispositions pour mettre en circulation le passeport de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dès que les actions de sécurisation en cours seront achevées, a déclaré le Premier ministre malien, Modibo Sidibé. M. Sidibé s'exprimait lors du lancement de la Semaine de l'intégration, dont l'édition de cette année était placée sous le signe de la libre circulation des personnes, du droit de résidence et d'établissement dans l'espace CEDEAO, indique l'Agence de presse panafricaine. Le chef du gouvernement malien a estimé que le travail d'intégration africaine doit se poursuivre par un travail de mobilisation auprès des organisations de la société civile, dont le secteur privé, afin que la liberté de circulation, ainsi que le droit de résidence et d'établissement soient une réalité. Sénégal : vers la réforme foncière Les organisations paysannes membres du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) pensent impossible de se mobiliser suite à l'appel du chef de l'Etat sénégalais en faveur de la Grande offensive pour la nourriture en abondance (Goana) et demandent l'élaboration participative d'une loi de réforme foncière et d’une politique foncière, a annoncé ce vendredi soir à Dakar son président Samba Gueye. Cette décision fait suite à des réunions successives des organisations membres du CNCR, de son bureau exécutif et de son conseil d'administration pour analyser le projet Goana, précise vendredi l'Agence de presse panafricaine. Ces organisations ont décliné à ce sujet une déclaration lors d'une conférence de presse dans la capitale sénégalaise. Atelier UE-ACP sur les accords de l’APE Un atelier régional de consultation sur les produits de base agricoles, réunissant des représentants des pays Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) et des experts de l'Union européenne (UE), s'est ouvert à Dakar. Les participants à cet atelier de deux jours ont pu s'étendre sur le programme dit « Tous ACP » concernant les produits de base agricoles, programme financé par l'UE pour 45 millions d'euros. « Le budget alloué à ce programme est certes modeste. Mais on peut s'attendre à ce qu'il soit revu à la hausse. D'autant plus que beaucoup de partenaires de financement prennent part à l'atelier », a indiqué le ministre sénégalais de l'Agriculture, Hamath Sall, à l'ouverture de la rencontre. Côte d’Ivoire : appel à la révision de la loi d’amnistie La haut commissaire adjointe des Nations unies aux Droits de l'homme, la Sud-Coréenne Kyung-wha Kang, a appelé mardi les autorités ivoiriennes à réviser la loi d'amnistie promulguée en avril 2007 en vue de la rendre « conforme aux normes internationales » et aux « principes universellement reconnus du droit international et des pratiques de l'ONU selon lesquels aucune amnistie n'est envisageable pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité et autres violations graves des droits de l'homme », a annoncé Mme Kang lors d'une visite à Abidjan. Le secteur zambien du café en difficulté Le secteur zambien du café connaît de sérieuses difficultés, la production et le nombre d'exploitants étant en baisse depuis six ans maintenant, a indiqué mercredi le quotidien local Times of Zambia. La baisse du prix du café sur le marché international a également contribué à cette tendance, selon le journal. Pour la saison 2006/2007, la Zambie a exporté 3412 tonnes de café, contre 6017 tonnes la saison précédente, selon les chiffres du Comité zambien du café (CBZ). La production de café a été de 3432 tonnes en 2006/2007 contre 6092 tonnes en 2005/2006. 18 1400 experts participent à la conférence eLearning Africa La 3e conférence internationale consacrée au TIC pour le développement, l’éducation et la formation, eLearning Africa 2008, s’est tenue du 28 au 30 mai derniers à Accra, au Ghana. Plus de 1400 experts de 83 pays y ont participé. Cette troisième édition a débattu de thèmes tels que l’innovation et le droit d’auteur, la régulation, la gestion eWaste, l’usage des TIC comme soutien à l’apprentissage des langues maternelles africaines, les simulations, la création graphique sur ordinateur, et leur rôle dans l´apprentissage. eLearning Africa 2008 est une conférence annuelle consacrée aux TIC pour le développement, l’éducation et la formation en Afrique. L’OCDE et YouTube lancent l’opération « Futur de l’internet » « Comment Internet peut-il rendre le monde meilleur ? » C’est la question que l’OCDE pose aux internautes sur YouTube, l’une des principales communautés de diffusion vidéo en ligne, sur www.youtube.com/futureinternet. Les internautes peuvent partager leurs opinions avec les ministres et leaders d’opinions qui participeront à la réunion ministérielle de l’OCDE sur le « Futur de l’économie Internet » à Séoul, en Corée, les 17 et 18 juin 2008. A Séoul, tous les participants, y compris les ministres de plus de 40 pays et des centaines de leaders mondiaux, en provenance d’organisations intergouvernementales, d’entreprises, de la communauté technique de l’internet et de la société civile seront encouragés à envoyer une réponse depuis un stand YouTube spécial installé sur place. L’Algérie lance la 3G Le gouvernement algérien, via l’Agence de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), a officiellement lancé aujourd’hui le processus d’attribution de licences mobiles de troisième génération (3G). En effet, l’ARPT a lancé un appel à manifestation d’intérêt : les opérateurs souhaitant exploiter un réseau de type de 3G en Algérie devront le faire savoir avant le 30 juin prochain. Un questionnaire, destiné à répondre aux interrogations des candidats, est disponible depuis mercredi 28 mai au niveau de l’ARPT. Le document comporte 43 questions liées à la présentation de l’opérateur candidat, les potentialités du marché algérien de troisième génération, les critères de qualification… C’est sur cette base qu’un appel d’offres devrait être lancé dans les prochains mois. On ignore le nombre de licences mobiles qui seront attribuées, mais ce projet devrait permettre l’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché. HP Maroc part en guerre contre la contrefaçon HP Maroc consacre une équipe dédiée à la traque des contrefacteurs. La stratégie « repose sur une démarche de sensibilisation, d’éducation et de prévention », précise Aziz Bennis, responsable département consommables au sein de la compagnie. Le constructeur a déboursé 300 000 DH pour attirer l’attention du consommateur sur la contrefaçon du consommable qui atteint 30 à 40%. Le pays compte parmi les marchés les plus importants pour HP, qui a réalisé un taux de croissance de 35% en 2007. L’investissement s’élève à 250 millions DH, en plus du prix du terrain de 7 hectares, financé à hauteur de 30% par le promoteur et par des crédits bancaires auprès d’Attijariwafa bank et la BMCE. Kenya : croissance à deux chiffres avec Safaricom Les profits avant impôts du plus grand fournisseur kenyan de services de téléphonie mobile, Safaricom, sont en hausse de 16% à 19,9 milliards de shillings (320 millions de dollars) pour l'année fiscale qui s'est terminée le 31 mars 2008. Après impôts, ce chiffre est de 13,853 milliards de shillings (223 millions de dollars), soit une hausse de 15,3% par rapport aux 12,01 milliards de shillings (194 millions de dollars) de l'année dernière. Le PDG de Safaricom, Michael Joseph, a expliqué que pendant cette année, la société avait maintenu une campagne de croissance agressive à la fois pour attirer davantage d'usagers par des promotions et des investissements massifs à cette fin, et pour augmenter la capacité du réseau et améliorer la couverture des zones rurales. TECHNOLOGIES Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Moov marie GSM et satellite L’opérateur ivoirien Moov, après avoir investi près de 100 milliards de FCFA en deux ans, franchit un pas supplémentaire dans les services proposés à la clientèle avec une offre combinant les technologies GSM et satellitaire. Par Louis S. Amédé, Abidjan « Nous voulons être encore cette année les agitateurs des offres, à la fois tarifaires et technologiques, c’est-à-dire pousser la téléphonie mobile à franchir d’autres étapes, comme nous l’avons fait avec le prix pour le grand bonheur des consommateurs ». Ahmed Mamadou Cissé, l’administrateur directeur général du troisième opérateur de téléphonie mobile ivoirien Moov avait promis. C’est chose faite depuis quelques jours. Partout en Afrique Dans un délai, bien plus long que le timing initialement envisagé lors de son arrivée tonitruante sur le marché ivoirien en juillet 2006, l’opérateur vient d’enrichir son offre de services d’un produit nouveau, la téléphonie satellitaire : Moovsatellite. « Une offre d’accès universel à la téléphonie mobile, combinant les technologies GSM et satellitaire, et offrant aux clients la possibilité d’appeler et de rester joignables partout en Afrique et dans le monde à des tarifs très compétitifs », avec laquelle la filiale du groupe ivoiro-emirati Atlantique Telecom espère bien provoquer un big bang technologique – après avoir été à la base de l’ajustement des prix, il y a deux ans. La technologie retenue à cette effet est Thuraya, un produit de la compagnie émirati Etisalat – propriétaire de 70% du capital d’Atlantique Telecom – que Gervais Ehuy, directeur commercial et marketing de Moov Côte d’Ivoire qualifie de « technologie satellitaire la plus fiable au monde et offrant la couverture la plus étendue du continent africain, mais également de l’Europe et de l’Asie ». Prix promotionnel Moov Côte d’Ivoire, dont le réseau couvre, pour le moment, 42% du terri- « Se connecter au réseau cellulaire classique dans les zones non couvertes par le réseau GSM et bénéficier du réseau satellitaire dès que l’ont sort de la zone de couverture GSM. » toire national, compte bien, avec ce produit nouveau, étendre substantiellement sa couverture territoriale et accroître le nombre des ses abonnés. D’autant qu’avec le Moovsatellite, besoin ne sera plus « d’être dans une zone couverte par le GSM pour rester en contact téléphonique avec le monde ». Les détenteurs du pack vendu au prix promotionnel de 399 000 FCFA – et composé d’un téléphone Thuraya, un kit Moov avec option roaming et une année de communication – pourront « se connecter au réseau cellulaire classique dans les zones non couvertes par le réseau GSM et bénéficier du réseau satellitaire dès qu’ils sortent de la zone de couverture GSM ». La stratégie com- Un produit nouveau, la téléphonie satellitaire. merciale cible aussi bien les particuliers et professionnels que les revendeurs de trafic ou utilisateurs communautaires en passant par les entreprises privées et l’administration publique exerçant dans des zones non couvertes par le réseau GSM, avec le secret espoir que la barre des 2 millions d’abonnés soit franchie allègrement. Moov Côte d’Ivoire affichant actuellement à son compteur 1,5 million d’abonnés. Pas peu fier que la société dont il préside aux destinées soit la première sur le segment de la téléphonie satellitaire, Ahmed Mamadou Cissé ne cache pas sa satisfaction vis-àvis de sa nouvelle offre qui « repousse les limites de la téléphonie mobile ». Manière indirecte, pour lui, de faire un clin d’œil a l’étiquette « d’empêcheur de tourner en rond » sur le marché de la téléphonie cellulaire, dont jouit Moov dans l’imagerie populaire ivoirienne. Le mobile en Afrique, une vache trop grasse Si les gouvernements ne le considéraient pas comme un produit de luxe, le mobile serait une vraie poule aux œufs d’or sur le continent. Par Aliou Diongue, Dakar La téléphonie mobile devrait, sur la période 2000/2012, générer en Afrique subsaharienne la faramineuse somme de 29 891 milliards de FCFA (71 milliards de dollars) en taxes. C’est le principal résultat d’une étude menée par le GSMA et réalisée par Frontier Economics. Le volume des taxes encaissées par les Trésors publics aurait été plus important si les gouvernements n’imposaient des taxes trop élevées sur les « Ces taxes sont en train de brider l’adoption du mobile en Afrique, comprimant la croissance économique et, ironie du sort, abaissent les revenus collectés par les gouvernements. » équipements et accessoires du secteur des télécoms. De telles taxes, qui font du mobile un produit de luxe, alourdissent les coûts pour les consommateurs et découragent les investissements par les opérateurs des télécoms. Dans un rapport publié le 10 mai der- nier au Caire, l’Union internationale des télécommunications a estimé qu’avec 65 millions de nouveaux abonnés en 2007, l’Afrique était la région du monde qui connaissait la plus forte croissance du nombre d’abonnés au mobile. Avec 250 millions d’abonnés au début de cette année, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est passé de 1 pour 50 habitants au début des années 2000 à près d’un tiers de la population actuelle du continent. 4 millions d’employés L’étude estime que si toutes les taxes spécifiques qui frappent l’industrie du mobile avaient été levées en 2007, le secteur aurait enregistré, à l’horizon 2012, 43 millions d’abonnés supplémentaires, ce qui se serait traduit par une augmentation des recettes de 930 millions de dollars entre 2007 et 2012. Selon le premier vice-président du GSMA, le bras commercial de l’industrie du mobile, cité par l’étude : « Les abonnés du mobile en Afrique subsaharienne doivent faire face à l’un des plus lourds systèmes de taxation du monde, qui frappe plus durement les couches les plus pauvres de la société. Ces taxes sont en train de brider l’adoption du mobile en Afrique, comprimant la croissance économique et, ironie du « Les abonnés du mobile en Afrique subsaharienne doivent faire face à l’un des plus lourds systèmes de taxation du monde. » sort, abaissent les revenus collectés par les gouvernements ». En Afrique, a constaté l’étude, l’industrie du mobile employait, directement ou indirectement, en 2006, 3,5 millions de personnes. Sa contribution au PIB du continent était de 4%. Pour les cinq prochaines années, l’industrie du mobile envisage d’investir environ 50 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, chaque dollar investi générant 80 cents de taxe. L’industrie du mobile participe pour 7% aux revenus globaux des gouvernements du continent. MEDIAS - REFLEXION 19 Ben Ammar amène Berlusconi dans Nesma TV Mauritanie : naissance d’un groupement d’éditeurs de presse Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Les Maghrébins attendent un produit pour eux. Deux groupes de médias européens décident d’en être et d’accélérer le mouvement. multiples. Le marché potentiel de 90 millions de téléspectateurs maghrébins n’est pas négligeable. « Depuis que Mediaset a pris le contrôle total d’Endemol, durant l’été 2007, l’exigence était qu’il valorise ses produits auprès de nouveaux publics. La chance de Nesma TV est qu’elle était, avec ses petits moyens, sur le créneau », explique un concurrent maghrébin de l’agence Karoui et Karoui. Le président de Mediaset, Fedele Confalonieri, l’a d’ailleurs expliqué clairement lors de la cérémonie de présentation du nouveau partenariat en parlant d’ « un tremplin économique majeur » au sujet des chaînes de télévision privées au Maghreb que Berlusconi, accessoirement président du conseil italien, souhaite encourager. « Elles sont aussi un relais de croissance pour les chaînes européennes sur des formats qu'elles connaissent bien ». Il est également question, dans la bouche de Tarek Ben Ammar, de dialogue des civilisations et de lutte contre les extrémismes des deux bords de la Méditerranée. Un registre sur lequel le public aura été moins attentif compte tenu des idées du propriétaire italien de Mediaset, connu plutôt pour son islamophobie latente. Ihsane El Kadi, Alger La chaîne de télévision maghrébine Nesma TV, créée en mars 2007 par les frères Nabil et Ghazi Karoui, publicitaires tunisiens à succès maghrébin, a réussi un coup d’éclat en amenant dans son capital un acteur important des médias de la rive nord, le duo italien Quinta Communications-Mediaset, de Tarak Ben Ammar et Silvio Berlusconi. L’opération, annoncée lors d’une conférence de presse à l’hôtel Carlton, dans le cadre clinquant du festival de Cannes, consiste en une augmentation de capital de la jeune télévision de 30 millions de dollars à parts égales entre les deux groupes entrant. La présidence de Nesma TV a été attribuée à un spécialiste des médias, « sans risque pour le palais de Carthage », Fethi Houidi, ancien président de la radio et télévision publique (ERTT), ministre et ancien président du conseil d’administration de Orascom Télécom Tunisie (OTT). Le concept de base de Nesma TV va évoluer. La chaîne maghrébine de divertissement et de téléréalité – reprenant notamment les formats de Endemol, la société de production propriétaire d’une grande partie des émissions à succès dans le genre – se rapprochera de la chaîne généraliste avec des émissions de jeux, des variétés, des talkshows, du sport, des documentaires, des magazines (dont l’un façon « Envoyé Spécial »). Afef Jnifen, la figure tunisienne connue sur les chaînes italiennes (RAI Uno, Canal 5, etc.), animera une émission de talk-show. Pas d’informations politiques : Tarek Ben Ammar parle d’un problème de coût et non de liberté. Le plan A était d’attirer un partenaire arabe Concrètement, le champ audiovisuel maghrébin reste à unifier. Nesma TV a manqué son envol. Elle avait joué sur le terrain d’un succès avéré, la « Star Academy » arabe détenue par la Libanaise LBC. Nabil et Ghazi Karoui ont tenté, avec la naissance de Nesma TV, de diffuser une formule de la Star Academy recadrée sur le Maghreb après que la participation, notamment des Algériens, envahissants par l’envoi des sms, a été stoppé par une campagne de conservateurs choqués par « l’avant-gardisme dénudé » du plateau de Beyrouth. Au moment de l’annonce de la transaction à Cannes, « Relais de croissance au Maghreb » « C’est le premier groupe étranger qui participe au capital d’une chaîne de télé dans le monde arabe », a rappelé M. Tarak Ben Ammar à Cannes. Les motivations sont Tarif de base l’antenne de Nesma TV est occupée par des clips et un défilé de sms. Les plans médiatiques des frères Karoui ont été faussés par leur divorce en 2007 d’avec Nedjma, le troisième opérateur du mobile en Algérie dont ils produisaient une émission de jeu télévisé à succès sur un format connu. La stratégie était alors d’attirer un gros partenaire arabe pour apporter les fonds nécessaires au développement de la nouvelle chaîne. Le groupe Kipco (Al Watania dans les télécom) était alors pressenti et a envoyé des Les aventures de Karoui & Karoui dans la télévision l’ont obligé à réduire la voilure de ses autres engagements publicitaires, notamment dans le hors médias en Algérie où il espérait devenir un acteur majeur. missions d’audit de Karoui et Karoui au Maghreb. Sans suite. Le virage vers des partenaires du nord de la Méditerranée était alors une alternative inespérée. Les aventures de Karoui & Karoui dans la télévision l’ont obligé à réduire la voilure de ses autres engagements publicitaires, notamment dans le hors médias en Algérie où il espérait devenir un acteur majeur. L’agence continue de s’appuyer sur des clients-pivots dans les télécommunications, l’opérateur historique en Tunisie, Tunisie Télécom, et le troisième opérateur du fixe au Maroc. Les spécialistes affirment que les conditions d’entrée de Mediaset et de Quinta Communications dans Nesma TV devraient mettre à l’écart les frères Karoui dans un métier qu’ils ne connaissent pas bien. Tarif abonné fondateur (papier et web) (papier et web) 160 a Afrique 135 a Europe Autres pays 210 a WEB uniquement Enfin... 130 a 115 a Autres pays WEB uniquement Nom Fonction Adresse Code postal 185 a 50 a Prénom Société ou institution BP Ville Pays Tél. E-mail Je règle la somme de a Par chèque ci-joint à l’ordre de « Les Afriques » Dès réception de la facture sur mon adresse e-mail. Coupon à poster à Les Afriques, 19 rue de Veyrier, CH-1227 Genève-Carouge ou à faxer au +41 22 301 96 10 L’abonnement par carte bancaire est possible sur www.lesafriques.com Pour les abonnements multiples, contacter [email protected] Côte d’Ivoire : l’autorité de régulation de la presse écrite fait le ménage L'autorité de régulation de la presse écrite en Côte d'Ivoire va mettre à exécution dès lundi prochain sa décision de retirer du marché toutes les publications paraissant de façon irrégulière, a-t-on appris jeudi. « Le Conseil national de la presse (CNP) rappelle aux responsables de publications paraissant de façon irrégulière sur le marché ivoirien qu'à compter du lundi 2 juin les dispositions de fermeture initiées depuis le 18 avril seront mises en application », indique un communiqué de la structure publiée jeudi. Environ 31 entreprises de presse sont nommément connues en Côte d'Ivoire avec 97 titres, dont 26 quotidiens, 37 hebdomadaires et 24 mensuels. Selon le CNP, sur ces 97 titres, au moins 70 ne respectent pas les exigences de la loi sur la presse, votée en décembre 2004, notamment l'application de la convention collective qui fixe le salaire des journalistes et l'obligation pour tout organe de presse de se constituer en véritable entreprise avec une existence juridique. L’UNESCO distingue un institut sud-africain L'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a décerné le Prix de l'éducation pour la paix de cette année à l'Institut pour la justice et la réconciliation de l'Afrique du Sud. Cet institut, dont le siège se trouve au Cap, a été choisi pour ses « efforts remarquables en faveur d'une réconciliation durable pour l'éducation et contre l'injustice systémique en Afrique », a déclaré le jury. Fondé en 2000, l'institut cherche à encourager la réconciliation en Afrique du Sud après la fin de l'apartheid et à promouvoir la paix. Depuis cette date, il a aidé d'autres pays africains, dont le Rwanda, le Burundi, le Soudan, à engager une démarche similaire. Sénégal : bientôt une Maison nationale de la presse 130 a 115 a 185 a 50 a OUI, je souscris dès aujourd’hui un abonnement au tarif « abonné fondateur » Afrique Europe Les directeurs de 22 journaux indépendants mauritaniens, dont 18 sont reconnus et assistés par l'Etat, ont annoncé mercredi la création d'un Groupement des éditeurs de la presse mauritanienne (GEPM), indique un communiqué de leur instance dirigeante. Selon le texte, le nouveau groupement, qui fait fonction de syndicat, cherche à pallier « l'échec des associations de presse » existantes et à accompagner « le contexte institutionnel nouveau où les journaux se retrouvent désormais engagés dans le cadre de véritables entreprises de presse ». Le GEPM s'engage notamment à lutter contre des dispositions du code pénal portant sur la « qualification par les tribunaux de certains délits et crimes de presse et qui constituent une menace et une réelle pression d'autocensure exercées sur les journalistes ». Les travaux de construction de la Maison nationale de la presse vont débuter dans une semaine, a annoncé mardi Radio Sénégal en citant le ministre sénégalais de l'Information et des Relations avec les institutions, Abdoul Aziz Sow. Une somme de 2 milliards de FCFA (4,7 millions de dollars) est disponible pour le financement du projet, a précisé la même source. Le Premier ministre sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré a présidé mardi une réunion pour faire le point du projet de construction d'une Maison nationale de la presse. Les Ministères de la construction, du budget, de l'économie et des finances ont pris part à cette réunion. De grandes enseignes en Algérie La Société des centres commerciaux d’Algérie (SCCA) compte inaugurer, le 22 avril 2009, le grand centre commercial et de loisirs situé au cœur du quartier d’affaires de Bab Ezzouar, à Alger, a annoncé Alain Rolland, directeur général de SCCA. 61% des surfaces commerciales sont déjà louées ou réservées. De grandes enseignes, comme Lacoste, Swatch, Alain Afflelou, Geneviève Lethu, Carré Blanc, Celio, Etam, 1.2.3, Sergent Major, Yves Rocher, et bien d’autres figurent parmi les locataires de ce grand centre commercial qui sera « la réplique de celui de Genève ». Le coût de construction est estimé à 300 millions $. SCCA étudie l’éventualité d’implanter d’autres centres commerciaux à Oran, Sétif et Constantine. 20 L’Union africaine réussit sa médiation au Burundi L'Union africaine (UA) a salué mercredi la signature lundi de l'accord de cessation des hostilités au Burundi par le gouvernement de Bujumbura et la rébellion des Forces nationales de libération (FNL). La Commission de l'UA « salue la signature par le Palipehutu-FNL (branche politique de la rébellion) et le gouvernement du Burundi de la déclaration de cessation des hostilités », indique un communiqué publié au siège de l'UA à Addis Abeba, qui « exhorte gouvernement et rebelles à respecter les engagements pris ». Le gouvernement et les FNL ont déjà signé en septembre 2006 un accord global de cessez-le-feu, mais son application achoppe depuis sur la question du partage des pouvoirs politique et militaire. L’Espagne envoie 190 militaires au Tchad Le Parlement espagnol a approuvé jeudi l'envoi réclamé par le gouvernement de 190 militaires espagnols au Tchad (Eufor) et au Liban (Finul), avec le soutien de l'ensemble des groupes parlementaires. Cent militaires espagnols partiront dimanche en avion pour le Tchad, où il s'intègreront à l'Eufor, la force de l'Union européenne dans ce pays, a annoncé le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. L'Eufor a entamé à la mi-mars le mandat d'un an que lui a confié l'ONU pour sécuriser l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique, afin de faciliter le travail des humanitaires et de protéger les réfugiés du Darfour et les déplacés internes tchadiens ou centrafricains, soit plus de 450 000 personnes au total. Un autre contingent de 90 militaires partira samedi à bord d'un patrouilleur de la marine pour le Liban. Le Togo prépare sa commission « Vérité, justice et réconciliation » Les Togolais préparent activement une commission « Vérité, justice et réconciliation » sur des décennies de violences politiques, un exercice risqué et pourtant lancé par le président Faure Gnassingbé, le propre fils du général Eyadéma qui a régné 38 ans sur le pays. Depuis l'indépendance en 1960, hormis les brèves présidences de Sylvanus Olympio (assassiné en 1963 lors d'un coup d'Etat), Nicolas Grunitsky (renversé en 1967) et Kléber Dadjo (renversé en avril 1967), ce petit pays ouest-africain d'environ 5 millions d'habitants n'a connu en quatre décennies que deux dirigeants : Eyadéma père et fils. Le général Eyadéma a régné sans partage sur le pays pendant 38 ans, de 1967 jusqu'à sa mort en février 2005. Le SG de l’ONU désigne son représentant en Sierra Leone Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a désigné Michael V. der Shulenburg comme étant son représentant par intérim en Sierra Leone, qui tente de se reconstruire avec l'aide des Nations unies, a annoncé jeudi l'ONU. M. Schulenburg, de nationalité allemande, « responsable expérimenté de l'ONU », succédera à Victor da Silva Angelo, qui est actuellement représentant spécial de M. Ban pour le Tchad et la Centrafrique. Zimbabwe : le MDC ne mènera pas de campagne durant le second tour Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) du Zimbabwe a déclaré jeudi qu'il ne lancera pas de campagne pour le second tour de la présidentielle prévu le 27 juin, car la faible avance qu'il a remportée au premier tour lui assure la victoire. Le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, a déclaré à l'agence de presse officielle New Ziana que le parti et ses partisans ne feront pas campagne pour la prochaine élection, car cela ne ferait que les confirmer comme vainqueurs. « Nous avons fait campagne avant les élections du 29 mars », a déclaré M. Chamisa, et d'ajouter : « Nous n'allons pas faire une autre campagne pour le second tour car nous sommes occupés à célébrer. » POLITIQUE - ÉCONOMIE Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 IVe TICAD : l'Afrique et le Japon en ombres chinoises Le regain d’intérêt du Japon pour l’Afrique s’est clairement exprimé au cours de cette manifestation, la plus importante réunion panafricaine hors du continent. Par Sana Harb, Alger L'approche japonaise différente de celle des chinois Le sommet économique nippo-africain de Yokohama s'est ouvert par l'annonce du doublement de l'aide japonaise devant un parterre impressionnant de personnalités africaines. Ce sommet, le quatrième du genre, est désigné sous l'appellation de TICAD, acronyme anglais de Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique. Le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda a d'emblée marqué le coup en annonçant la création d'un fonds pour l'investissement en Afrique doté de 2,5 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros) et une enveloppe de 4 milliards de dollars de prêts pour les infrastructures et l'agriculture. D'autres aides seront spécifiquement dévolues à la santé et à l'éducation. Les organisateurs japonais se sont publiquement félicités que la IVe TICAD constitue la plus importante réunion regroupant des Africains tenue hors d'Afrique. En effet, la présence de pas moins de 2500 participants constitue un record inédit. L'allusion au sommet sinoafricain tenu il y a quelques mois à Shanghai a été parfaitement entendue par les observateurs présents. La dimension diplomatique du sommet de Yokohama n'est en effet pas négligeable, la comparaison avec celui organisé par les Chinois était dans tous les esprits. Mais si nombre d'observateurs s'accordent à dire que les annonces de l'accentuation de l'aide japonaise au développement du continent noir ne sont pas étrangères à des considérations de rivalité avec l'immense voisin asiatique, il faut constater que l'approche japonaise est différente. Le soutien japonais à l'Afrique est plus ancien et remonte à la fin des années soixante-dix. Il a été principalement orienté vers le financement des infrastructures. L'activité essentiellement commerciale des entreprises japonaises, peu présentes dans les secteurs extractifs ou miniers, est surtout visible en Afrique du Sud où leur présence est ancienne, et dans une moindre mesure en Afrique du Nord et au Nigeria. A la différence notable des sociétés chinoises qui ont souvent recours à leur propre main d'œuvre, les Japonais expatriés ne sont pas nombreux. Il s'agit essentiellement d'experts ou de représentants commerciaux. Pour l'économiste William Byrd, interrogé par Les Afriques, « la clarté et la dimension des intentions nippones telles qu'exprimées par le Premier ministre Fukuda sont encourageantes ». Il relève que ces annonces interviennent alors qu'en 2007 l'aide publique au développement de l'archipel nippon a reculé, passant de 2,6 milliards de dollars en 2006 à seulement 1,7 milliard de dollars en 2007. Ce connaisseur de l'Afrique, où il a exercé en tant que banquier et consultant, met en exergue les spécificités du soutien japonais :« Les Japonais ont traditionnellement, et efficacement, centré leur aide sur leurs voisins asiatiques. Et, en règle générale, pour l'Afrique, continent lointain, ils préfèrent la canaliser par la Banque mondiale et le PNUD notamment », qui sont, rappelons le, coorganisateurs avec le pays hôte de la manifestation de Yokohama. « Ils ont décidé d'aller à contre-courant de leur tendance enregistrée ces dernières années à réduire leur aide au développement (APD). La seconde économie de la planète, traditionnellement premier pourvoyeur d'aide, se classe depuis la crise des années 1990 au sixième rang des pays donateurs ». Objectif diplomatique et stratégie économique Selon notre interlocuteur, le regain d'intérêt pour l'Afrique est essentiellement nourri par un mix « de stratégie diplomatique pour un siège permanent au Conseil de sécurité et de stratégie économique pour les matières premières. » Le Japon, en annonçant l'élargissement de son aide, n'a pas manqué de réaffirmer ses préoccupations concernant la question de l'écologie, notamment celle des gaz à effet de serre. Pour les nombreux observateurs présents à Yokohama, l'aiguillon chinois a certainement du stimuler l'intérêt japonais et, ce qui est moins perceptible, contribuer à lever les inhibitions nippones à s'aventurer sur des territoires considérés comme faisant partie de la zone d'influence traditionnelle des Européens. Pour l'Afrique, la concurrence à fleurets mouchetés que se livre les deux géants asiatiques est bienvenue et devrait même s'élargir à d'autres acteurs majeurs. La sortie de la situation de tête-à-tête avec les partenaires historiques devrait renforcer une dynamique de croissance déjà bien réelle. Le IVe TICAD représente de ce point de vue l'étape japonaise d'une ouverture essentielle de l'Afrique vers d'autres interlocuteurs. A la condition toutefois que les engagements se traduisent par des réalisations concrètes. Le bilan sera fait dans cinq ans, au prochain TICAD. Le ciment devient rare et cher Forte hausse de la demande intérieure de ciment au Bénin et au Togo et baisse de leur capacité d’exportation. Pénurie et flambée des prix au Niger. Décidément, quand ses voisins toussent, le Niger n’a plus d’autre choix que de s’enrhumer. La demande intérieure de ciment s’accroît-elle au Togo et au Bénin et voilà que la pénurie s’installe sur les bords du fleuve Niger, où la construction, sur financement conjoint de la Banque islamique de développement et de la Chine, d’un barrage et d’un second pont pourrait être retardée. Il s’agit de deux chantiers de grande importance pour le Niger. Le deuxième pont, d’un coût de 18 milliards de FCFA, 27 millions d’euros, considéré comme le plus important ouvrage réalisé par la Chine en Afrique de l’Ouest, devrait être livré au bout de trois ans. Le barrage de Kandadji devrait permettre la mise en valeur de 122 000 hectares de terres irrigables et porter à 320 000 tonnes la production vivrière du Niger. Près de 450 millions d’euros devraient être investis dans la construction de ce barrage. coûtait entre 86 000 et 93 000 FCFA. Pourquoi donc le ciment est-il devenu rare et cher au Niger ? Pour deux raisons essentielles : la production intérieure, assurée par la Société nigérienne de cimenterie (SNC), ne couvre qu’environ 1/3 des besoins nationaux, et le volume des importations en provenance du Togo et du Bénin s’est contracté en raison d’une forte hausse de la demande intérieure dans ces deux pays. En réalité, la sous-région connaît une crise du ciment, si on peut l’appeler ainsi. Le 28 mars, le Premier ministre togolais Komlan Mally avait réuni autour de lui le ministre du Commerce et des responsables des deux unités nationales de production, Wacem et Cimtogo, pour se pencher sur une raréfaction du ciment due à une croissance de la demande intérieure. Au sortir de la réunion, la crise avait été qualifiée de « phénomène régional ». Peu auparavant, le Bénin avait annoncé que s’il voulait satisfaire la demande intérieure, il devrait se résoudre à importer du ciment du… Togo. an. Si les camions n’arrivent pas de Lomé et de Cotonou, c’est donc la pénurie, comme en ce moment. Le ministre du Commerce s’était rendu à l’usine de Malbaza, à 450 km de Niamey, pour s’enquérir de son état de fonctionnement et des mesures à prendre pour lui permettre de relancer sa production. La SNC a sollicité un concours financier de la Banque mondiale en vue de porter sa production annuelle à 250 000 tonnes. L’usine de Malbaza a été mise en œuvre en 1966 et privatisée en 1999. Elle n’arrive pas à se dépêtrer des difficultés qui l’assaillent et dont la moindre n’est pas la cherté du carburant qui la fait tourner. Elle Flambée des prix Relancer la production Conséquence de la pénurie, le prix de la tonne de ciment a accusé une hausse substantielle de 65 000 FCFA en quelques semaines, passant de 120 000 FCFA à 185 000 FCFA. En 1997, la tonne de ciment Le Bénin et le Togo assurent 70% des besoins annuels du Niger en ciment. Ces besoins sont estimés à 300 000 tonnes par an. La SNC ne peut mettre sur le marché que 80 000 tonnes de ciment par consomme quelque 18 000 litres de fuel par jour et sa consommation d’énergie représente 74% de ses charges. Malbaza a réalisé, en 2006, un chiffre d’affaires de 13,5 millions d’euros, qui a chuté l’année suivante pour se situer à 12 millions. Par Aliou Diongue, Dakar Le barrage de Kandadji devrait permettre la mise en valeur de 122 000 hectares de terres irrigables et porter à 320 000 tonnes la production vivrière du Niger. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Algérie : 14 islamistes condamnés par contumace La revue de presse africaine de Londres Actualité oblige, les principaux titres de la presse britannique se sont mis cette semaine au rendez-vous des relations Japon-Afrique avec la tenue à Yokohama du sommet de la 4e TICAD, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. L’Afrique à Yokohama « Sushi au menu pour les leaders africains », c’est le titre de The Economist évoquant ce sommet Japon-Afrique. Le journal énumère un catalogue de minerais vitaux pour l’économie nippone : « Le cuivre est utilisé dans les ordinateurs, le nickel pour les piles, le tungstène pour fortifier l’acier des voitures ». Jusque-là, affirme le journal, le Japon achetait ces minerais à la Chine pour assouvir ses besoins industriels dans le domaine électronique et de la construction automobile. Mais avec la croissance chinoise, la Chine pense surtout maintenant à son propre approvisionnement. Deuxième puissance économique mondiale, le Japon est donc obligé de se tourner ailleurs pour son approvisionnement. Et où trouver ces sources alternatives d’approvisionnement si ce n’est en Afrique. The Economist précise qu’alors que les précédents sommets étaient centrés sur l’aide au continent, ce dernier sommet s’est focalisé sur les ressources minérales. Ce faisant, le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda a annoncé le doublement de l’aide nippone à l’Afrique. Et les autorités se sont empressées de préciser que cette aide n’est liée à aucune conditionnalité, excepté un soutien africain à la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Le Financial Times, sous la plume de son envoyé spécial à Tokyo, précise que 45 pays africains se sont déplacés au Japon. Et à 71 ans, le Premier ministre Fukuda s’est engagé à rencontrer individuellement les 45 chefs d’Etat ou de gouvernement, soit au total 17 heures d’entretiens en tête-àtête. Le FT confirme que l’accès aux matières premières africaines est devenu une priorité au regard de l’appétit de ses rivaux chinois et indien. M. Fukuda a rappelé qu’au début des années 60, la Corée du Sud et le Ghana avaient le même PIB, alors qu’aujourd’hui la Corée du Sud est la 13e puissance mondiale. Pour le Premier ministre japonais, l’Afrique peut émuler ce même développement asiatique. 21 POLITIQUE - ÉCONOMIE Cherté de la vie Nous restons avec le FT à propos de la Banque mondiale qui a annoncé le déblocage de 1,2 milliard de dollars pour aider à combattre l’impact de la montée des prix des denrées alimentaires dans les pays pauvres. Cette aide servira également à soutenir la production, et l’approvisionnement en fertilisants et en semences. Le FT précise que l’aide globale de la banque passera de 4 à 6 milliards de dollars d’ici l’année prochaine. Selon Oxfam, la Banque mondiale a fait montre de leadership dans la lutte contre la vie chère, et l’organisation humanitaire britannique voudrait que le prochain sommet alimentaire prévu à Rome soit une opportunité pour d’autres de suivre cet exemple. Citant Robert Zoellick, le président de la Banque mondial, le journal rappelle que deux milliards de personnes font face à des conditions difficiles de survie face à cette montée des prix des denrées alimentaires. Les leçons de l’Afrique du Sud et du Kenya Michela Wrong, l’une des journalistes vedettes de Newstatesman qui a beaucoup voyagé sur le continent, ne comprend pas qu’une grande partie de l’opinion internationale puisse s’étonner des éruptions de violences post-électorales au Kenya et de la montée de la xénophobie en Afrique du Sud. Pour qui connaît la pauvreté criarde des banlieues kenyanes, et pour qui connaît les inégalités sociales qui se sont maintenues, voire renforcées depuis la période post-apartheid, ces violences et cette montée de la xénophobie ne sont pas du tout une surprise. La surprise serait, affirmet-elle dans son analyse, que ces violences aient plutôt tardé à se manifester. Michela Wrong affirme sans ambages que des millions de Sud-Africains n’ont quasiment rien gagné depuis la libération de l’apartheid, tout comme au Kenya, où seule l’élite du pays a profité de la croissance économique de 6% par an, au détriment de la grande majorité de la population. L’incontournable Tchad Jamais un pays francophone n’a été aussi présent dans la presse britannique ces derniers mois que le Tchad. Et pour cause, les multiples rébellions qui essaiment les régions désertiques du pays et la région soudanaise du Darfour. The Economist pré- cise que le destin du président Deby est intimement lié à celui des réfugiés du Darfour. L’envoyé spécial du journal à N’djamena affirme que dans l’avion qui assure la liaison Paris-N’Djamena, le tiers des sièges était occupé par des militaires étrangers se rendant en mission, par des hommes d’affaires chinois, des travailleurs étrangers impliqués dans l’industrie pétrolière et aussi quelques missionnaires. Cela donne le ton de la réalité tchadienne sur le terrain. En dix-huit ans de pouvoir, le journal affirme que le président Deby a été l’artisan de ses propres mésaventures. Son pays est toujours en queue de peloton des indices internationaux de développement. Le sujet fétiche, le Zimbabwe Jusqu'à la tenue le 27 juin prochain du second tour de la présidentielle au Zimbabwe, la presse britannique continuera à analyser et à commenter les réalités de l’actualité politique et économique de ce pays. Le correspondant du Times à Harare, Jan Raath, revient sur les malheurs économiques et financiers du pays. La Banque centrale vient de mettre en circulation un billet d’un milliard de dollars zimbabwéens. Mais la coupure la plus forte est de 50 milliards de dollars zimbabwéens. Un verre de bière coûte maintenant 800 millions de dollars zimbabwéens, la photocopie d’un document coûte 269 millions, et une banane coûte 10 millions de dollars. Le Times précise que le Conseil des consommateurs du Zimbabwe a affirmé récemment qu’une famille moyenne de six personnes a besoin de 350 milliards de dollars pour subvenir à ses besoins élémentaires. Le correspondant du Times rappelle que le président Mugabe est cependant titulaire d’une licence d’économie obtenue à l’Université de Londres. Le Guardian, dans un article cette semaine titre : « Tsvangirai défie Mugabe en convoquant le Parlement ». Fort de sa majorité parlementaire de 110 sièges sur 210 au total, le chef du principal parti de l’opposition Morgan Tsvangirai a rassemblé ses parlementaires et a déclaré qu’il se considérait maintenant comme le parti au pouvoir. Dans un discours à la nation, il a appelé les juristes de son parti à commencer à travailler sur la réforme de la Constitution, et aussi sur la relance de l’économie nationale. CB et l’équipe de rédaction de Londres Quatorze islamistes ont été condamnés mercredi soir à la peine capitale par contumace par le tribunal criminel près la cour de Boumerdes pour « constitution d'un groupe terroriste armé » et « détention d'armes, de munitions et de matériaux explosifs », a rapporté l'agence de presse algérienne APS. Un autre prévenu, M. Mehdi, ayant comparu dans la même affaire, a été condamné à 20 ans de réclusion, au moment où cinq ont écopé des peines allant de 3 à 7 années de prison ferme, et un à 3 années de prison avec sursis. En juillet 2006, M. Mehdi s'est rendu aux services de sécurité en vue de « bénéficier des dispositions de la loi sur la réconciliation nationale », tout en « continuant à activer au sein de son groupe terroriste dont il était l'un des fondateurs ». Le commandant de l’Africom en visite au Maroc Le général William Ward de l'armée américaine, commandant du Commandement américain pour l'Afrique (AFRICOM), effectue depuis mercredi une visite de deux jours au Maroc, selon un communiqué publié jeudi par l'ambassade des EtatsUnis à Rabat. M. Ward, qui a déjà visité le Maroc en février dernier en tant que commandant adjoint du Commandement américain pour l'Europe, visite le Maroc pour la première fois en tant que commandant de l'AFRICOM. L’Angola renforce sa frontière avec la RDC Le commandant de la police nationale angolaise Ambrosio de Lemos a annoncé mercredi que le contrôle serait renforcé à la frontière entre la province angolaise de Zaïre du nord et la République démocratique du Congo (RDC) pour faire face à l'immigration illégale. Lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Mbanza Kongo, de Lemos a précisé que des renforts seraient accordés à la police et que des équipements techniques modernes seraient fournis. Il a indiqué que l'immigration illégale préoccupe les autorités de la police angolaise, qui est engagée à combattre ce phénomène. Les Services de la migration et des étrangers de l'Angola ont annoncé l'arrestation de 68 clandestins congolais pendant le second trimestre de mai. Ils ont tous été rapatriés à la RDC depuis la province de Zaire du nord. Les prisons africaines se concertent Les chefs de prison de douze pays africains vont se rencontrer jeudi en Afrique du Sud afin de préparer une réunion ministérielle, a annoncé mardi le département sud-africain des services correctionnels. Le porte-parole du département, Manelisi Wolela, a affirmé que les ministres chargés des prisons et des services correctionnels devraient entériner l'établissement de l'Association des services correctionnels africains (ACSA), proposé l'an dernier. L'ACSA vise une meilleure coordination entre pays membres dans le domaine des prisons et des services correctionnels. Brice Hortefeux prêche à Douala Par Achille Mbog Pibasso, Douala Sujet sensible Hôte du Cameroun du 19 au 21 mai 2008, le ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, Brice Hortefeux, est revenu sur ce sujet controversé de « l’immigration choisie » prônée par les autorités françaises depuis l’arrivée l’année dernière de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Visiblement en difficulté pour expliquer ce concept jugé par certains « xénophobe », l’émissaire français a plutôt préféré parler de « la politique française de codéveloppement en Afrique ». Affirmant notamment, non sans raison, qu’il revient aux Africains de compter d’abord sur leurs propres moyens pour se développer. Concernant particulièrement le « sujet sensible » de l’immigration, Brice Hortefeux a déclaré que la France a besoin de l’organisation des flux migratoires, raison pour laquelle elle a mis en place « une politique d’immigration concertée et choisie avec les pays africains » notamment, « sur la base du dialogue, de la volonté constructive et de la transparence ». En France, a-t-il poursuivi, deux immigrés sur trois proviennent du continent africain. Il faut donc organiser cette immigration pour qu’elle se fasse au bénéfice de la France et des pays africains. Dans cette perspective, a ajouté Brice Hortefeux, il convient non seulement de mettre un terme à l’immigration clandestine, mais également d’amener la diaspora africaine, dont « les ressources sont aussi importantes que l’aide que la France accorde à toute l’Afrique », à s’impliquer davantage dans le développement du continent en faisant en sorte que l’essentiel des ressources financières de la diaspora, actuellement utilisées pour la consommation, soit orientée vers l’investissement, ce qui pourrait donner un coup de pouce au développement des pays africains, et réduire l’immigration clandestine. Développement solidaire Pendant son séjour au Cameroun, l’émissaire de Sarkozy a été reçu par le chef de l’Etat camerounais, ce qui a d’ailleurs amené Paul Biya a s’appesantir sur l’immi- « Au Cameroun, comme ailleurs en Afrique, l’état actuel de nos économies ne nous permet pas pour le moment de proposer à tous nos jeunes, y compris les diplômés, les emplois auxquels ils peuvent prétendre. » gration, « un sujet difficile » selon le président camerounais. « Je pense qu’il n’est pas bon que nos jeunes partent à l’aventure dans des conditions qui ne peuvent mener qu’à l’échec. Il faut décourager ces tentatives. Nous en connaissons les raisons : le chômage, le manque d’avenir, le découragement qui finissent par l’emporter sur l’attachement au pays natal et à la sécurité de l’entourage familial. Au Cameroun, comme ailleurs en Afrique, l’état actuel de nos économies ne nous permet pas pour le moment de proposer à tous nos jeunes, y compris les diplômés, les emplois auxquels ils peuvent prétendre », a souligné Paul Biya. Pour le chef de l’Etat camerounais, c’est bien là malheureusement où se trouve le cœur du problème. Et aussi la solution. « Car si le développement de nos pays progressait de façon satisfaisante, si notre économie créait des emplois, pourquoi iraient-ils, au risque de leur vie, chercher ailleurs ce qui serait à leur portée ? Qu’on l’appelle co-développement ou développement solidaire, si telle est la solution, il faut la mettre en œuvre, sans plus attendre. Car il n’est de l’intérêt de personne que se crée un déséquilibre grandissant entre une Europe riche et puissante et une Afrique pauvre et sans avenir. Les récentes “émeutes de la faim” sont des avertissements dont nous devons tous tenir compte », a-t-il insisté. 22 POLITIQUE - ÉCONOMIE Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Guinée : le temps de la psychose La Guinée traverse depuis deux semaines, des troubles politiques qui mettent au ralenti l'essentiel de ses activités économiques. d'état-major adjoint des armées, le général Mamadou Sampil. Par Ougna Camara, Conakry Tout a commencé le mardi 20 mai. Par un décret, le président de la République limoge le Premier ministre du gouvernement de consensus mis en place en 2007. Lansana Kouyaté en poste depuis quinze mois est remplacé par Ahmed Tidiane Souaré, un homme jugé proche du Président. Les syndicats à l'origine de la nomination de Kouyaté se disent floués et menacent de déclencher une grève générale illimitée. A la situation déjà instable s'ajoute le 26 mai, une revendication des soldats de l'ar- Les hommes en treillis, munis d'armes légères réclament, le paiement intégral des arriérés de leurs soldes estimés à 5 millions de francs guinéens soit un peu plus de 720 euros. mée nationale. Le Camp Alpha Yaya Diallo, la plus grande garnison militaire de Guinée située dans la banlieue de Conakry est le point de départ du mouvement. Les hommes en treillis, munis d'armes légères réclament, le paiement intégral des arriérés de leurs soldes estimés à 5 millions de francs guinéens soit un peu plus de 720 euros. Ils revendiquent également le limogeage du ministre de la Défense, la libération de certains de leurs camarades mis aux arrêts pour assassinat lors de la révolte populaire de l'année dernière. Leur engagement se traduit par l'arrestation du chef Escalade Le 28 mai, ils durcissent leur position en s'emparant de l'aéroport de Conakry. Le vol régulier AF 762 de la compagnie Air France et un cargo militaire des Etats-Unis sont interdits d'atterrir sur le tarmac de l'aéroport. En ce moment précis, les Guinéens pensent à une mutinerie, bien qu'aucune déclaration n'ait été faite. Des tirs nourris se font entendre dans certains quartiers de la capitale et dans les villes de Kindia et Faranah. L’appel au calme et à la paix sociale du nouveau Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré ne change en rien la décision des militaires. Le chef d’état major des armées, le général Diarra Camara appelle lui aussi à la retenue mais en vain. « J’ai espoir que les mesures prises par le gouvernement doivent nous ramener au calme et à la sérénité. Avec vous, je voudrais, pour l’avenir de notre armée, œuvrer afin que nous nous placions au diapason des autres armées de la sous région. J’espère que cette déclaration ramènera tout le monde dans le rang. Je vous exhorte à penser aux conditions économiques de la Nation et à notre population dont nous avons charge de défendre la vie et les acquis » dira-t-il dans une allocution diffusée sur les antennes de la radio télévision guinéenne. La thèse de la mutinerie devient plausible le 29 mai quand certains éléments du Camp Alpha Yaya tentent de pénétrer dans la presqu’île de Kaloum où se trouve le Président Lansana Conté. De sources militaires non confirmée, l’affrontement entre bérets rouges de la garde Conakry retient son souffle. Les rues sont désertées. présidentielle et mutins a fait officiellement dix blessés dans les deux camps. Les sources hospitalières font état d’au moins trois personnes tuées par balles perdues. Retour progressif au calme Vendredi, le calme était revenu dans la capitale et dans les camps Boiro et Alpha Yaya Diallo. Mais les activités n’avaient toujours pas repris. La population de Conakry restait toujours chez elle par peur des représailles suite à cette affaire militaro militaire. Les rues étaient désertes aux heures de pointe. Les marchés, bureaux, banques et stations services sont restées fermées en dépit du calme qui régnait. Il faudra ensuite tirer le bilan des pertes économiques de ces deux semaines d’instabilité. Il faut dire que l’économie guinéenne déjà durement éprouvée par l’inflation du franc guinéen vient d’être sérieusement secouée. Pour rappel, les grèves sociales déclenchées l’année dernière avaient fait perdre à l’Etat plus de 10 milliards de francs guinéens en deux mois. Le premier journal financier panafricain Un journal chaque semaine Plus de 40 informations chaque jour sur le web E n f r a n ç a i s : w w w. l e s a f r i q u e s . c o m E n a n g l a i s : w w w. l e s a f r i q u e s . n e t Nouveau Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 Paris craint la défection d’Alger et de Tripoli au sommet de l’UPM La diplomatie française s’affaire à réussir la naissance de l’Union pour la Méditerranée, le 13 juillet à Paris. Alger et Tripoli, mais pas seulement eux, lui donnent de gros souci. Par Faycal Metaoui, Alger La présence, à un niveau élevé, de l’Algérie et de la Libye au sommet fondateur de l’Union pour la Méditerranée (UPM) du 13 juillet 2008, n’est pas confirmée. Si l’absence de Mouammar Kadhafi est presque sûre, celle de Abdelaziz Bouteflika est redoutée à Paris. La Libye et l’Algérie sont les principaux producteurs de pétrole et de gaz de la zone méditerranéenne. Or, l’énergie est l’un des piliers sur lesquels sera bâtie l’UPM. Cette initiative est entourée de « zones d’ombres », selon Tripoli. « Aspects obscurs », estime Alger. Traitement de faveur Les deux capitales soufflent le chaud et le froid, Alger plus que Tripoli. Après un accueil favorable, au lendemain de la première visite du président français Nicolas Sarkozy à Alger durant l’été 2007, l’Algérie a révisé sa position, inspirée sans doute par les réserves exprimées en Réunis à l’initiative de l’Egypte, les pays arabes de la rive Sud débattront d’une plate-forme de propositions avec l’Union européenne, le 9 juin 2008 à Ljubljana. Europe à l’égard du projet d’unir les pays des deux rives de la Méditerranée. Ce n’est pas par hasard que deux envoyés spéciaux de Nicolas Sarkozy, dont Alain Leroy, l’ambassadeur en charge du dossier de l’UPM, ont été dépêchés à Alger pour mieux comprendre la position algé- rienne. « C’est le seul pays à avoir eu ce traitement de faveur. C’est la preuve que nous tenons à la présence de l’Algérie le 13 juillet », nous confie un diplomate. A l’Elysée, un conseiller proche du président français nous a assuré que l’Algérie, autant que la Libye, sera présente à Paris à la cérémonie de naissance de l’UPM. « C’est le niveau de représentation qui n’est pas réglé. Il n’existe aucune fin de non recevoir de la part de l’Algérie à ce projet », a-t-il précisé. L’argument de la présence d’Israël ne convainc pas C’est le langage à ton variable d’Alger qui rend la tâche difficile aux experts français. Certains n’ont pas hésité à nous dire, à Paris, que la position de l’Algérie est compliquée. On ne comprend pas, par exemple, les raisons qui motivent la condition algérienne relative à Israël. L’argument de ces experts est qu’Israël fait partie du processus euro-méditerranéen de Barcelone (lancé en 1995). « Cela n’a jamais posé problème avec les pays arabes riverains de la Méditerranée membres de ce processus », at-on relevé. Pour contourner d’éventuelles difficultés, Paris a négocié dur avec l’Egypte pour l’amener à prendre la tête du groupe arabe de la future UPM. Il est ainsi question que l’Egypte assure la première co-présidence de la future union, la présidence, elle, revennant théoriquement à la France. Le Caire présente « l’avantage » d’avoir des relations diplomatiques avec Israël. Accélérant la démarche, l’Egypte a, d’une part, appelé à une concertation collective autour du projet, et a, de l’autre, invité les ministres des Affaires étrangères des pays arabes pour discuter de ce qui sera dit au sommet de Paris. Réunis à l’initiative de l’Egypte, les pays arabes de la rive Sud débattront d’une plate-forme de propositions avec l’Union européenne, le 9 juin 2008 à Ljubljana, capitale slovène (la Slovénie assure la présidence actuelle de l’UE), pour éviter toute surprise lors du grand cérémonial parisien. L’Union du Maghreb arabe (UMA), qui se réveille à peine d’un long sommeil, ne veut pas rater le train. La commission politique a été réactivée pour discuter du projet de l’UPM. Une réunion a été organisée, fin mai à Rabat, pour tenter de trouver un langage commun autour de cette initiative. A Rabat, on confirme la présence du roi Mohammed VI au sommet du 13 juillet. Attirer les fonds souverains L’Algérie, qui profite peu des programmes européens Meda, pose le problème des fonds qui vont accompagner les projets. Jean-Louis Guigou, délégué général de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), propose la création d’une banque méditerranéenne, à l’image de la BERD, avec un capital ouvert aux privés et aux Etats. Dans la foulée, Paris souhaite, à moyen terme, attirer les fonds souverains des pays arabes du Golfe. Ce n’est pas par hasard si le Conseil de coopération du Golfe (CCG) est invité au sommet du 13 juillet. Il en est de même pour l’Union africaine (UA) et l’ONU. La Turquie, membre de l’OTAN et partenaire stratégique des Etats-Unis dans la région, a refusé de participer au projet français, estimant qu’il existe une manoeuvre visant à l’éloigner de l’adhésion à l’Union européenne. Poutine et le nucléaire iranien La fin de mandat de l’administration Bush a créé une nouvelle tension sur le nucléaire iranien. Vladimir Poutine, devenu Premier ministre russe, plaide la détente, rappelle le droit et fait une offre pour développer le nucléaire civil dans le sud en toute sécurité. Par Said Djaafer, Alger L’administration Bush a tout faux sur le nucléaire iranien ! Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sûreté nationale de Jimmy Carter, et William Odom, général à la retraite et ex-directeur de l'Agence à la sûreté nationale, l’écrivent dans le Washington Post du 27 mai. Plus Washington agite la menace d’action militaire et rhétorique qui facilite les campagnes anti-iraniennes, cela n’occulte en rien le fait que les fondamentaux du dossier concernent le sud du monde. Dans le « dossier iranien » sont apparues des exigences – occidentales – qui ne relèvent pas des obligations liées au Traité de non-prolifération. Sur ce point, Vladimir Poutine est clair. Les Iraniens ne cherchent pas l’armée nucléaire et Poutine lui, est formel, en droit il n’y a rien à reprocher à l’Iran. Cette réaffirmation de la lettre et de l’esprit du traité ne peut qu’être appréciée au Sud. fait du changement du régime iranien un objectif, et plus Téhéran sera enclin à chercher à se doter d’armes nucléaires. Un avis vigoureusement charpenté auquel vient de faire écho Vladimir Poutine, chef du gouvernement russe, dans un entretien au journal Le Monde. Le président Mahmoud Ahmadinajad a beau avoir une veulent « utiliser leur droit légitime au nucléaire civil. Je suis formel : sur un plan juridique, l'Iran n'a rien enfreint pour l'instant. Il a même le droit d'enrichir [de l'uranium]. Les documents le disent ». En peu de mots, l’ancien président russe soulève la question de fond du droit à l’accès et à la maîtrise du processus nucléaire, reconnu par le TNP que les 23 INTERNATIONAL Occidentaux, par glissements progressifs, veulent remettre en cause. Exigences occidentales hors TNP A la veille d’une visite en Iran de Javier Solana, où il devait présenter un « ensemble de mesures incitatives » en contrepartie d’une suspension de l’enrichissement, Téhéran a déjà répondu. « Suspendre l'enrichissement n'est pas négociable et priver l'Iran de son droit ne peut pas être une proposition ». Rien en effet dans le Traité de non-prolifération n’interdit à l’Iran de prétendre au nucléaire civil et aucune disposition ne prohibe la maîtrise du processus d’enrichissement de l’uranium. C’est une exigence politique occidentale et israélienne qui inquiète au Sud. La perception globale du discours des Occidentaux sur le nucléaire en Iran – et par extension dans tous les pays du Sud – est qu’il prend prétexte sur l’interdiction du nucléaire militaire pour s’étendre globalement à une interdiction de disposer du « savoir nucléaire ». L’enrichissement de l’uranium n’est pas interdit par le TNP, on veut le rendre tel au nom de l’éventualité qu’il serve à un programme militaire. Ce glissement crée implicitement une sorte d’interdiction du nucléaire civil pour les pays émergents. Segolène Royal, avait même osé, lors de la campagne pour les présidentielles françaises, exiger que soit interdit le nucléaire civil à l’Iran. L’assertion était une bévue juridique flagrante mais, vue du Sud, elle était l’expression franche et naïve de ce qui est vraiment attendu de l’Iran par les Occidentaux : un renoncement au nucléaire civil. Poutine lui, est formel, en droit – donc au regard du TNP – il n’y a rien à reprocher à l’Iran. Cette réaffirmation de la lettre et de l’esprit du traité ne peut qu’être appréciée au Sud, où l’affaire iranienne est perçue, au-delà de la sympathie ou de l’antipathie à l’égard de Verbatim Véhicules « Je m'attends à ce qu'il y ait 2,9 milliards de véhicules dans le monde en 2050, dont deux milliards dans des pays où il n'y a pratiquement pas de voitures aujourd'hui. » Carlos Ghosn, président de Renault et de Nissan. Ethanol « Ce n'est pas l'éthanol qui augmente le prix des aliments. Le Brésil, qui produit plus de biocarburant, produit aussi plus d'aliments. » Le président du Brésil Lula Da Silva. Sortir « Je pense que la meilleure chose que nous puissions faire pour nuire à l'attrait qu'exerce Al-Qaïda auprès du monde musulman serait en fait de sortir d'Irak d'une façon ordonnée au cours des deux ou trois prochaines années. » L'ex-chef de la lutte anti-terroriste à la Maison Blanche Richard Clarke. Elections « En Afrique, les gens pensent que s’ils n’ont pas gagné une élection, ils sont morts. Quand la période électorale arrive, on a l’impression que les gens sont au bord de la tombe. Et pourtant, les élections sont une activité humaine. Celui qui a échoué doit attendre cinq ans pour se représenter. J’ai été candidat malheureux en 1990 face à Félix HouphouetBoigny. Le ciel n’est pas tombé sur la terre. » Extraits d’une déclaration de Laurent Gbabgo recevant des milliers de mamans au Palais présidentiel lors de la fête des mères. D’après Fraternité Matin. Jamais « Même si les gens votent pour le MDC (Mouvement pour le changement démocratique, opposition), Morgan Tsvangirai ne posera jamais un pied à l'intérieur de la résidence présidentielle. » Grace Mugabe, épouse de Robert Mugabe. Curiosité « La Russie est une république présidentielle. Nous ne modifierons pas le rôle clé du chef de l'Etat dans le système politique. Le fait que je dirige le gouvernement est une curiosité dans notre histoire. Mais l'essentiel est ailleurs : je dirige en même temps un parti qui occupe un rôle de premier plan dans la vie politique du pays et qui a une majorité stable au Parlement. » Vladimir Poutine, Premier ministre Russe. Patate « Nous avons la patate chaude (la mutinerie) entre les mains, que nous essayons d'évacuer. (…) C'est lié à la situation générale du pays. Ce n'est pas seulement l'armée qui vit mal, mais il arrive que dans certaines corporations, l'impatience se manifeste. » Le nouveau Premier ministre guinéen, Ahmed Tidiane Souaré. Téhéran, comme une volonté du club des pays maîtrisant le nucléaire de préserver un monopole. Par contre, Poutine estime que les Iraniens doivent comprendre qu’ils ne se trouvent pas dans « une zone aseptisée, mais dans une région explosive », qu’ils doivent en tenir compte et prouver « qu’ils n’ont pas d’arrière-pensées ». Pour un fournisseur attitré de combustible Sur le fond, la crise du nucléaire iranien est susceptible d’être répétée avec tous les pays qui ne seraient pas en odeur de sainteté occidentale. De nombreux pays émergents cherchent à utiliser l’énergie nucléaire à des fins civiles et, comme l’Iran aujourd’hui, ils auront besoin d’enrichir l’uranium et se doteront des installations nécessaires. Il « y aura toujours des doutes », selon Poutine, sur un possible usage militaire. La solution serait, selon lui, de lancer un programme international d’enrichissement de l’uranium qui se ferait dans un pays du club nucléaire, et donc « au-dessus de tout soupçon ». Pour que ce processus réussisse, il faut que les pays émergents aient la certitude de recevoir les quantités d’uranium enrichi et qu’on leur reprenne le combustible usagé. « On peut créer ce système. Il sera suffisamment fiable et sans danger », estime Poutine. C’est sans doute la grande discussion mondiale à venir. D’autant qu’aux Etats-Unis, la sortie d’un brûlot de l’ancien porte-parole de la Maison, Scott McClellan, (Ce qui s'est passé : au cœur de la Maison Blanche de Bush et la culture de la désinformation à Washington), montre que les manipulations sur les inexistantes armes de destruction massive irakiennes se répètent pour le cas iranien. 24 L’AFRICAIN DE LA SEMAINE Au Cap, Anne partage son amour du vin Anne Cointreau-Huchon fait honneur à la célèbre famille française de fabricants de liqueur dont elle est issue. D’une vieille ferme de style « Cape Dutch » bâtie en 1692, elle a fait l’un des domaines les plus visités des vignobles du Cap, en Afrique du Sud. Son secret : avoir su donner sa chance au tourisme viticole. La patronne française a aussi su innover : « Avec le développement du tourisme viticole sur la propriété, dont les retombées sont d’ailleurs réelles en termes d’intégration dans le tissu local, les ventes directes représentent 25% du total. » N’importe quel amateur est mieux convaincu in situ. Et une fois devenu l’une des destinations favorites des touristes étrangers, Morgenhof exporte logiquement ses onze cépages dans plus de trente pays – contre cinq en 1994, dont le Gabon et une bonne partie de l’Afrique australe : « Les visiteurs cherchent à acheter le vin chez eux… » Par Anthony Davis, Johannesburg « Je me suis bien amusée. » Ce petit rictus, Anne Cointreau-Huchon le dédicace aux ex-propriétaires des quatre domaines qu’elle a acquis en 1992, quand elle a décidé de rendre leur prestige aux terres de Morgenhof, à Stellenbosch, près du Cap : « Quoique voisins, ils ignoraient qu’ils vendaient leurs propriétés à la même personne. » Quelque 213 hectares au pied des monts Simonsberg, dont une quarantaine étaient consacrés à la vigne : en une journée, c’était signé. Aussi simple que cela. Du moins quand Anne-Cointreau-Huchon en parle. Car cette diplômée en management et marketing a, sans conteste, le sens des affaires. Un héritage familial, sûrement : membre de la cinquième génération de Cointreau, comme la célèbre liqueur française, et à ce titre directrice générale de Renault-Cointreau, elle aura toujours un pied à Paris. Mais depuis plus de seize ans, l’autre est installé en Afrique du Sud. A l’aise comme en charentaises. De fait, Morgenhof, aujourd’hui, c’est un vin de renommée internationale, environ 30 000 caisses de bouteilles vendues chaque année, Dix-huit mois avant l’élection de Nelson Mandela à la tête du nouvel état démocratique, elle pressentait avec une certitude étonnante qu’il « n’y aurait pas de révolution. » Elle avait raison. une cinquantaine de salariés et le même nombre d’occasionnels par an. C’est surtout le cinquième domaine viticole le plus visité de la région. Quelque 125 000 clients par an, ça compte : « L’oenotourisme représente un tiers de mon chiffre d’affaires », dévoile fièrement la patronne. Bouche-à-oreille efficace Il faut reconnaître qu’elle a mis les moyens, bien choisi son positionnement économique et maintenu le cap. Dès 1993, Morgenhof est inscrit sur la « Route des vins ». Très tôt aussi, un centre de dégustation – le « Tastevin » – et un restaurant y sont ouverts : « L’ex-propriétaire du terrain principal y autorisait les pique-niques, j’ai prolongé l’idée. » L’accueil des touristes s’avère vite de qualité. Encore faut-il les faire venir. D’où l’apparition de petites curiosités, d’un jardin à la française ou d’une des seules caves octogonales du monde : « Je voulais que les gens s’en souviennent. Il faut casser les angles d’un carré, incliner le sol, poser les rails en cercles pour stocker les barriques… Ce n’est pas évident, mais enfin, ce n’est pas si compliqué. » Morgenhof fut en outre l’un des tout premiers domaines à ouvrir ses portes sept jours sur sept. La plage horaire du samedi après-midi, souvent chômé en Afrique du Sud, a aussi été élargie – les voisins l’imiteront par la suite. Si bien Légion d’honneur Membre de la cinquième génération de Cointreau, comme la célèbre liqueur française, et, à ce titre, directrice générale de Renault-Cointreau. qu’en 1999, le nombre de repas servis a culminé à 43 000, contre 4000 cinq ans plus tôt. « Cela devenait difficile à gérer, on a ralenti un peu la cadence », explique Anne Cointreau-Huchon. Point trop toutefois : « On organise des concerts, des conférences et des mariages toute l’année, parfois deux par jour. » Au total, Morgenhof accueille quelque 250 réceptions par an et sert désormais 30 000 repas en moyenne. Les gens viennent au domaine et le bouche-à-oreille opère. Parce que le vin y est bon : « Le dernier propriétaire était un producteur d’inox, son vignoble n’était pas extraordinaire. On a construit un chai, fait venir des barriques de France, des bouchons du Portugal... Ensuite, il fallait laisser le temps au temps. » Plusieurs cuvées ont depuis été récompensées. Le Morgenhof Estate Première Sélection South Africa 2001 a même été désigné « meilleur vin rouge du Nouveau Monde » par Decanter, magazine de référence, en 2006. Six millésimes différents obtiennent également plus de quatre étoiles dans le guide sud-africain John Platter. Une image de marque bien développée Demandez à Anne Cointreau-Huchon les secrets de sa réussite, elle bottera d’abord en touche, par modestie ou bienséance. Puis elle admettra qu’elle a su prendre les risques au bon moment : « Pour être venue en Afrique du Sud plusieurs fois dans le cadre de séjours humanitaires, je connaissais beaucoup d’industriels ici : personne ne m’encourageait vraiment. En France non plus. » Elle a posé ses valises au pays, avec son mari et ses trois enfants, au moment où « les gens préféraient vendre qu’investir ». Dix-huit mois avant l’élection de Nelson Mandela à la tête du nouvel état démocratique, elle pressentait avec une certitude étonnante qu’il « n’y aurait pas de révolution ». Elle avait raison. C’est sans doute cette ouverture sur le monde qui a engendré l’inscription d’Anne Cointreau-Huchon sur une liste américaine des 40 « Leading Women Entrepreneurs of the World » en 2001. Sans doute aussi pour cela que la Française met un point d’honneur, depuis la première année, à faire voyager son personnel : « Ils reçoivent des étrangers toute l’année, nous exportons plus de 50% de notre production… Il faut bien que mes employés comprennent les marchés extérieurs. » Son maître de chai s’envole d’ailleurs tous les ans pour vendanger en France. C’est sans aucun doute, enfin, parce qu’elle a parcouru le monde, Elle a augmenté les salaires des locaux en arrivant en 1992. « Cela ne m’a pas rendue très populaire dans le milieu. » y compris dans le cadre de travaux humanitaires, qu’elle a augmenté les salaires des locaux en arrivant en 1992. « Cela ne m’a pas rendue très populaire dans le milieu. Mais quand on débarque ici, on a envie de donner un peu. A Morgenhof, on a créé des emplois pour des étudiants en œnologie, on a développé des programmes d’alphabétisation… » Aujourd’hui, Anne Cointreau-Huchon continue de miser sur l’économie sudafricaine. Plus que jamais, malgré des soubresauts « qui cesseront assez vite ». Dans une réserve du Limpopo, au nord, elle a d’ailleurs ouvert un complexe hôtelier très haut-de-gamme, en 1997. Ces Clearwater Lodges pointent aux Relais et Châteaux. Toujours cette touche française – qui lui vaut la Légion d’Honneur en 2006 – au service de l’Afrique du Sud… La businesswoman a de quoi s’affairer. D’autant qu’il reste des hectares à planter à Morgenhof. Seuls 72 le sont aujourd’hui. « On peut en exploiter une centaine, progressivement, promet-elle. Inutile d’aller trop vite. Longtemps, la surproduction mondiale nous confortait dans cette logique. Aujourd’hui, nous sommes, c’est vrai, en rupture de stock sur certains vins. Mais c’est parce qu’ils sont très demandés ! » Dans le métier, la modération devient vite conceptuelle. Les Afriques - N° 32 - 5 au 11 juin 2008 L’agenda Forum sur le capital investissement en Afrique 10 juin 2008, Abidjan, Hôtel Sofitel. Contact : Franck O. Igué, [email protected] Troisième Festival mondial des arts nègres 1er au 22 juin 2008 à Dakar. Contact : Alioune Badara Gueye. www.fesman.org CAP sur l'Afrique : marchés financiers, private equity, information financière, diaspora, mondialisation... 3 juin 2008 à partir de 18h30, Paris, Université Paris Dauphine. Contact : Mamadou Balde - 06 74 55 52 41 - [email protected] Africa Power Forum 12 et 13 juin 2008 à Marrakech. Contact : Youssef Waqif [email protected] Mise à niveau et développement de la filière sucrière 17 juin 2008 à Skhirat (Maroc) - Centre Int. Mohammed VI. www.cosumar-ona.com Cycles des salons de Med It 2008 18 et 19 juin 2008 : Med-IT @ Casablanca, Maroc. 22 et 23 octobre 2008 : Med-IT @ Tunis, Tunisie. 2 et 3 décembre 2008 : Med-IT @ Dakar, Sénégal. Organisateur : XCOM - Tel. +33 442 70 95 10 - Fax. +33 (0)4 42 70 91 89 L’industrie agroalimentaire, moteur de croissance en Afrique 18 au 20 juin 2008 à Rome, au siège de la FAO. Contact : EMRC Bruxelles - +32.2/626 15 15. [email protected] - www.emrc.be 1er Salon de l’économie sociale et solidaire « ECOSS » 19 au 21 Juin 2008 à la Foire internationale de Casablanca. Contact : Khadija Mouhni - 063 89 72 72 Salon Agrolibya Libye, du 23 au 26 juin 2008. Contact : Thimotée Mougeotte, [email protected] Africa Energy Forum 25 au 27 juin 2008 à Nice. Contact: Rod Cargill, +44.(0)20.85.47.06.98, [email protected] Actualités et défis de la fonction juridique en entreprise dans l'espace OHADA 25 au 27 juin à Douala. Contact : Dr. Sadjo Ousmanou Tel. : +237 22 04 28 61 - [email protected] AfricTalents 26 juin à Dakar au Méridien Président. Contact : [email protected] - www.africtalents.com 8e Forum annuel international sur les perspectives africaines 27 juin 2008 à Paris Bercy. Contact : Centre de développement de l'OCDE : Ralph Maloumby, Tél : +33 1 45 24 96 43 ou Sala Patterson, Tél : 33 1 45 24 82 85 Qui va nourrir le monde ? 3 juillet 2008, conférence internationale à Bruxelles, www.nourrirlemonde.org La nouvelle Afrique du Sud des affaires 3 juillet 2008 à Paris - Palais du Luxembourg (Sénat). Contact : Ubifrance 8e Forum des dirigeants d’entreprises africaines 8 au 11 juillet 2008 – Paris, La Sorbonne. Contact : Afrique Challenge (Rue Mansour SAADI- Quartier Racine. Casablanca MAROC). Tél : 212 22 23 60 418 African Investor & NYSE Forum 15 septembre 2008 à New York. Contact : www.africa-investor.com/awards/aiindexawards/home.htm Geneva trade & development forum GTDF 17 au 20 septembre 2008 à Crans Montana. Contact : Ideas Center. + 41 22 807 17 40 - www,gtdforum.org ou www.swisscham-africa.ch IPAD, Infrastructure Partnership for African Development 7 au 9 octobre 2008, RDC. 26 au 28 novembre 2008, Nigeria. 11 décembre 2008, Angola. Contact : Jean-Tite Oloumoussié, +27.21.700.3508, [email protected] Symposium Mines Guinée (SMG 2008) 13 et 14 octobre, Conakry, Republic of Guinea. Dan Coberman - [email protected]