Dossier
pédagogique
Ressacs
Adultes ados
Théâtre d’objet
Du 16 au 21 mai 2017
Durée: 60 minutes
Autour du spectacle:
Atelier pour les professionnels L’acteur face à l’objet
Du 16 au 20 mai 2017
Un spectacle de la Cie Gare centrale (BE)
De et par: Agnès Limbos et Gregory Houben
Regard extérieur et collaboration à l’écriture: Françoise Bloch
Musique originale: Gregory Houben
Scénographie: Agnès Limbos
Costumes: Emilie Jonet
Conception et réalisation ferroviaire:
Sébastien Boucherit
Régie et assistanat technique:
Jean-Jacques Deneumoustier,
Gaëtan van den Berg, Alain Mage
Aide à la construction: Didier Caffonnette, Gavin Glover,
Julien Deni, Nicole Eeckhout
Effets spéciaux: Nicole Eeckhout
Ma. 16.05 20h00
Me. 17.05 19h00
Je. 18.05 19h00
Ve. 19.05 19h00
Sa. 20.05 19h00
Di. 21.05 17h00
Représentations - Mai 2017
(les classes peuvent assister aux représentations publiques)
Contact Écoles:
Joëlle Fretz I Tournées, Écoles, Ateliers
Rue Rodo 3 I 1211 Genève 4
T: +41 (0)22 807 31 06 I E-mail: [email protected]
L’HISTOIRE
Perdu en pleine mer, un couple dérive sur un minuscule raot. Pris dans la tourmente, ils ont
tout perdu. Plus de maison avec son french garden, plus de voiture chic et confortable, plus
de whisky à 18 heures. La banque a tout repris. Au moment tout espoir semble envolé, ils
accostent sur une île et découvrent des ressources naturelles inexploitées par les habitants. Et si
c’était le moyen de remonter la pente ? Encore faut-il que le rêve de l’un soit toujours en phase
avec le rêve de l’autre... L’artiste belge, maestra du théâtre d’objet et comédienne de haute
volée, retrouve le trompettiste Grégory Houben, son partenaire dans le spectacle Troubles, qui
nous contait, avec un humour pince-sans-rire et décalé, un amour plus aussi radieux que ce
qu’il avait pu être par le passé.
Le duo, assis devant une table, déplace les objets avec une grande précision, attirant notre
regard sur un détail pour un effet zoom, ou sur l’ensemble pour nous donner un plan large,
comme dans un lm. Le couple d’opérette chante et joue de la musique, en particulier de l’or-
gue de plastique. Comme toujours avec Agnès Limbos, on est de plain-pied dans le burlesque
et le carton-pâte mais dans le fond, l’émotion est assurément tragique. Ressacs, c’est l’histoire
de gens ordinaires, désespérément centrés sur leur petite personne, qui se métamorphosent
en monstres cupides. Un spectacle sur la crise personnelle et politique, sur le pouvoir et la soif
de l’or, qui met le doigt sur la banalité de l’oppression.
Texte de Bertrand Tappolet
2
Théâtre des marionnettes de Genève 2016-2017 Dossier pédagogique: Ressacs
3
Théâtre des marionnettes de Genève 2016-2017 Dossier pédagogique: Ressacs
ET VOGUENT LA CRISE ET LES CONQUÊTES
Entretien avec Agnès Limbos
Le champion lausannois de tennis Stanislas Wawrinka s’est fait tatouer en anglais sur l’avant-
bras-droit, la célèbre citation de Samuel Beckett extraite de sa pièce, Cap au pire: « Déjà
essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux. » Est-ce que
ces mots résument la destinée du couple de Ressacs ?
Je pense que oui. La tirade beckettienne reète non
seulement le mouvement et l’intrigue de Ressacs,
mais aussi ce que la société semble nous demander
sans trêve: ne jamais abandonner, poursuivre coûte
que coûte, toujours plus loin. La fable est partie de
la crise des subprimes en 2008 et la ruine qui toucha
des millions de personnes à travers le monde, devant
céder des biens immobiliers et matériels acquis par
crédit.
Sur l’atmosphère de la pièce, on est assez proche de ces mélanges entre quotidienneté et
absurde surréaliste qui font la saveur d’un certain cinéma et théâtre en Belgique. Depuis toute
petite, je baigne dans cette manière décalée, à la fois grave, légère, loufoque, dramatique
et comique de voir les choses. On ne peut ainsi s’empêcher de tourner en dérision ce qui nous
arrive ou ce qui advient aux autres. Et d’y trouver un humour salutaire et révélateur des failles
et bassesses humaines.
La question des subprimes est arrivée au cours d’un travail qui interrogeait d’abord la notion
aujourd’hui de « grande conquête ». Que l’on se souvienne ici de ces conquistadors partis,
sous couvert de supposée découverte, exploiter, piller et violenter les populations indigènes. A
quoi cette idée correspondrait de nos jours.
Vous abordez la présence coloniale belge en Afrique de manière singulièrement vitriolée et
acide. Ce, notamment avec l’évocation de mains coupées remontant à Léopold II, Roi de Bel-
gique qui établit un système colonial d’une extrême brutalité au Congo à la n du 19e siècle.
C’est une dimension qui fait partie de ce que l’on pourrait appeler le « patrimoine » belge. En-
fant, j’ai vécu au Congo et ai traversé, au sein d’une famille de cinq enfants vivant en brousse,
les événements des années 60, dont les guerres civiles (100’ 000 morts, ndr) entre 1960 et l’ac-
cession au pouvoir de Mobutu en 1965. Nous avons d’ailleurs dû fuir le pays.
Agnès Limbos (c) DR
Le Congo est ainsi une partie de mon enfance que j’ai beaucoup questionnée. Ce, notam-
ment à la lecture de ce magnique essai écrit comme un roman, Congo, une histoire signé
David Van Reybouck. L’auteur retrace, analyse, conte et raconte 90 000 ans d’histoire : l’His-
toire d’un immense pays africain au destin violenté. Et basé sur un texte du même écrivain, un
monologue théâtral, Mission, m’a marquée. Il raconte comment au Congo, dans la brousse,
le métier de missionnaire est aussi exaltant que complexe et dérisoire face à la tâche déme-
surée. Le missionnaire évoque sa vocation, ses doutes sur la foi, les souffrances des Africains et
l’arrogance des Occidentaux. Ma génération a grandi avec le poids des préjugés coloniaux
qui afrmaient le supposé « caractère inférieur des Africains ». Des clichés qui ont la vie dure
jusqu’à maintenant.
Comment est né ce spectacle ?
J’ai un grand « magasin » avec plein d’objets, et une étagère spéciale. Elle recueille des objets
qui deviennent fétiches, obsessionnels, comme le petit bateau ou la caravelle. Ressacs est
parti du petit bateau. Un ressac, c’est une grande vague qui vient, frappe et repart vers la mer.
Or au sein de ce couple, les personnages sont continument malmenés, bousculés. Ils pensent
que ça va aller et leur entreprise tombe à néant.
Je trouve que la métaphore d’un petit bateau perdu au milieu de l’océan symbolise ce cou-
ple complètement paumé. À travers lui, tout le monde peut se reconnaître. Et puis il y a les
caravelles, Christophe Colomb, les grandes conquêtes, l’aventure coloniale belge au Congo
qui revient sous d’autres formes. Le titre de la pièce, Ressacs, me semble bien traduire ce mou-
vement-là.
Quelles sont, à vos yeux, les singularités du théâtre d’objet ?
La différence avec la marionnette, c’est que l’on ne manipule pas vraiment. On déplace
l’objet, créant des tableaux vivants qui fuient le réalisme. La marionnette est fabriquée pour
le théâtre, mais les objets sont squattés, ils sont pris en otage tant ils furent glanés. Le théâtre
d’objet utilise beaucoup la métaphore. Plutôt que les mots, on place un objet qui évoque
quelque chose. C’est un langage, une forme poétique, qui permet d’envoyer des images au
spectateur, puis chacun peut faire son chemin.
On pourrait dire que l’on accomplit un travail de conteur. On n’arrête pas d’incarner, de dé-
sincarner, d’être en distance ou d’être dedans. C’est un langage éminemment cinématogra-
phique, avec des cadrages qui utilisent le gros plan, le plan large ou serré. Ici, on zoome sur
nous : notre visage, la main. Là, on se focalise sur l’objet. C’est dans ce va-et-vient que tout se
construit.
Propos recueillis par Bertrand Tappolet
4
Théâtre des marionnettes de Genève 2016-2017 Dossier pédagogique: Ressacs
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !