ANALYSE DE L’OEUVRE
1. Description : une sculpture classique
Cette statue représente dans la position très romaine du général (
imperator
) Auguste faisant
une
adlocutio
(discours) à ses troupes. Le modèle esthétique de la statue est grec : la position
du corps est inspirée de celle du
Doryphore
de Polyclète (l'original du - Ve s.), et évoque les
statues des dieux et héros grecs aux proportions idéales.
2. Significations : Une représentation symbolique de l'Imperator
−
Le sculpteur a mis en avant les marques du pouvoir de l'imperator
a. la position du corps
: debout, en
contrapposto
[1], le bras droit levé, l'expression sereine et
déterminée du visage.
b. les insignes de son pouvoir
: le bras gauche tenait une lance (disparue car sûrement en or),
l'importance de la cuirasse sculptée comme un bas-relief[2].
Le décor de la cuirasse finement ouvragé célèbre la victoire des légions romaines contre les
Parthes (peuple d'Asie qui avait toujours résisté aux Romains). La composition circulaire de la cuirasse rappelle la
forme d'un bouclier. Au centre, se trouve Mars, dieu de la guerre à l'origine de la fondation de Rome, la louve
romaine à ses pieds. Le roi Parthe, à la tenue exotique, lui remet les enseignes (les aigles, symboles du pouvoir
romain). De chaque côté de cette scène, deux figures féminines assises symbolisent les peuples conquis par Rome.
−
Il s'agit de faire d'Auguste un dieu
a. La portée cosmique[3] de l'événement
: le dauphin au pied de l'empereur rappelle la victoire militaire d'Auguste
contre Marc-Antoine à la bataille navale d'Actium et souligne ainsi la grandeur de l'empereur qui a mis fin à la
guerre civile. La cuirasse accentue cette impression en soulignant le rôle d'Auguste qui pacifie l'univers.
Toutes les figures autour de la scène centrale sont des allégories[4] cosmiques :
- en haut, le Ciel sur son char couvre de son manteau le Soleil et la Lune
- en bas, à gauche, Apollon, sur un griffon et à droite Diane-Artémis sur un cerf représentent le soleil et la lune.
- en bas, au centre la terre,
Tellus
, avec les enfants et la corne d'abondance symbolise la fertilité.
= Auguste apparaît ainsi comme l'incarnation de la paix, de la victoire et de la richesse qu'incarnent les divinités de
la cuirasse.
b. Le rappel de l'ascendance divine d'Auguste
: cette impression est renforcée par la déification[5] de l'empereur.
Au pied de la statue, le dieu de l'amour, Eros-Cupidon chevauche le dauphin. C'est un moyen de rappeler l'origine
divine d'Auguste ( petit-neveu de César qui prétendait descendre de Vénus-Aphrodite, déesse de la beauté et de
l'amour et mère de Cupidon).
Conclusion : Une œuvre de propagande
Cette statue met en scène l'empereur de manière à montrer qu'avec Auguste s'est ouverte une période de paix et
de gloire, proche de l'âge d'or, période mythique où dieux et hommes vivaient en harmonie.
Elle apparaît ainsi comme une œuvre de propagande puisque les statues de l'empereur, d'abord réalisées à Rome,
étaient ensuite reproduites en un grand nombre d'exemplaires dans tout l'empire.
[1] Contrapposto = hanchement caractéristique de la sculpture classique qui donne une impression de mouvement.[2] Bas-relief =
sculpture à faible relief.[3] Cosmique = qui touche à l'univers.[4] Allégorie = représentation symbolique d'une idée abstraite en
peinture, sculpture etc.[5] Déification = transformation en dieu.