
vie professionnelle, familiale, sociale...) et à long terme (la
limitation et la prévention des complications dégénérati-
ves chroniques invalidantes et coûteuses pour le patient,
son entourage, et la société). Face à ces objectifs ambi-
tieux, les moyens thérapeutiques restent imparfaits, puis-
que la maladie n’est pas curable, et ils font appel à des
médicaments, dont l’insuline, à une autosurveillance gly-
cémique, à une bonne hygiène de vie, requérant la parti-
cipation active du patient à son traitement, et donc son
éducation.
Étapes dans l’éducation des patients
Éducation centrée sur le médecin
« Moi, votre docteur, je sais ce que vous devez faire :
écoutez et faites » : dans cette formule éducative, ilyaun
maître et un élève « infantilisé » qui exécute : le pouvoir
médical est uniquement entre les mains du médecin.
Éducation centrée sur la maladie
« Je vais vous raconter le diabète : signes, diagnostic,
physiopathologie, traitement ». Il s’agit là d’un transfert de
connaissances pures, théoriques, certes utiles, mais insuf-
fisantes pour l’obtention des résultats escomptés.
Éducation centrée sur les comportements
Cette étape est essentielle car ici les trois différents
niveaux de connaissance apparaissent :
–la connaissance théorique – savoir,
–la connaissance pratique – savoir-faire,
–le comportement de santé adapté – savoir être, but
de l’éducation pour la santé : « toutes combinaisons d’ex-
périences éducatives dont le but est de faciliter l’adoption
volontaire des comportements favorables à la santé » [3].
Éducation centrée sur l’individu diabétique
Il s’agit de l’éducation thérapeutique. Les buts de cette
démarche éducative sont l’autonomie du patient, sa qua-
lité de vie, et la prévention des complications. Le patient
est ici au centre du processus éducatif, et il s’agit d’un
transfert de connaissances et d’expertise des soignants
vers le patient, d’un savoir partagé. Plus encore que par-
tenaire dans son traitement, le patient éclairé choisit,
prend les commandes, c’est l’empowerment des Anglo-
Saxons, avec la complicité attentive de ses soignants. Un
guide Éducation thérapeutique du patient a été publié
en 1998 par l’Organisation Mondiale de la Santé, et a été
diffusé aux ministères de Santé, centres collaborateurs
OMS, organismes de sécurité sociale [4]...
Éducation thérapeutique : pour qui ?
–Pour un individu qui a son quotidien, ses choix de
vie, une qualité de vie (dans ses trois dimensions physi-
que, psychologique et sociale) ;
–Pour un individu qui a sa « boîte noire personnelle »,
souvent déterminante pour comprendre sa conduite de
maladie, et dans laquelle se trouvent :
–des connaissances, parfois fausses, parasites, à
évacuer (« ne pas manger d’aliments contenant
du sucre me guérira de mon diabète », « tant que
je vois bien je n’ai pas besoin d’aller chez un
spécialiste »...), parfois justes, sur lesquelles on
peut s’appuyer,
–des croyances de santé (« j’ai un petit diabète »,
« je ne risque rien, moi, je me sens bien »...),
–des représentations de maladie, de traitement
(« tant qu’on n’a pas de piqûres d’insuline, le
diabète n’est pas grave »),
–une acceptation ou non de sa maladie (déni,
révolte, dépression...) : le refus peut être une fixa-
tion pathologique ; l’acceptation est parfois bru-
talement remise en cause par un incident de vie,
la survenue d’une complication ou son ombre (un
micro-anévrisme au fond d’œil par exemple),
–des possibilités personnelles de « faire avec »,
–une conception sur ses propres possibilités d’in-
tervention et de contrôle de son état de santé
(« ma santé dépend de mon médecin, de ma
femme, de ce que Dieu veut... »),
–une expérience : les histoires souvent tragiques de
diabète familial peuvent marquer au fer rouge cet
individu qui peut penser ne pouvoir échapper,
comme ses ascendants, à une amputation, une
cécité, une mort prématurée,
–un « vécu » de maladie : l’annonce du diabète,
les premières paroles dites, par exemple, restent
longtemps gravées dans la mémoire du patient, et
s’il les a perçues « terrifiantes », il peut choisir,
inconsciemment de baisser les bras devant cette
tâche insurmontable,
–une histoire de maladie et d’éventuelles compli-
cations...
–
Pour un individu qui a un entourage au sens large
(soignants, famille, collègues, amis, pairs...) où chacun a ses
idées, ses croyances, ses attitudes qui constitueront, ou non,
un soutien technique et/ou émotionnel pour le patient ;
–
Enfin pour un individu qui a ou non une connaissance
du système de santé et des possibilités d’accès aux soins.
Toutes ces données contribuent à l’établissement d’un
diagnostic éducatif.
L’éducation thérapeutique, centrée sur le patient, le
place au centre du processus éducatif, avec ses opinions,
ses idées, ses sentiments, ses croyances, son entourage...
aussi bien qu’avec son « statut » médical. Par l’éducation,
il s’agit d’aider le patient à gérer son traitement, à prévenir
les complications évitables, en lui conservant, voire en
améliorant sa qualité de vie, ce qui produit un effet théra-
peutique, associé à ceux des autres outils du traitement.
Éducation thérapeutique
mt cardio, vol. 2, n° 1, janvier-février 2006
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Revue
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