
Conclusion
La mondialisation du sport se heurte à
certains obstacles. C’est une évidence
puisque le sport se place au sein de la
structure économique mondiale et est
donc soumis aux contradictions de
cette structure. Une contradiction cen-
trale inhérente au capitalisme est la sur-
production / sous-consommation,
manifestée par les récessions écono-
miques récurrentes et les crises structu-
relles cycliques. La crise économique
peut affecter, entre autres, la capacité
des consommateurs à acheter des
marchandises liées au sport, la volonté
des transnationales à parrainer des
organisations sportives, à payer des
athlètes pour promouvoir leurs produits
et/ou à payer les publicités, ou la volon-
té ou la capacité des gouvernements
locaux à financer la construction d’ins-
tallations sportives. En outre, il existe
des contradictions politiques, culturelles
et sociologiques propres au sport qui
peuvent remettre en cause des aspects
de la mondialisation. Parmi ces contra-
dictions figurent : les boycotts locaux et
internationaux contre des sociétés
sportives qui exploitent la main d’œuvre
du Tiers-Monde; le malaise des suppor-
ters lorsqu’une équipe nationale ou une
équipe professionnelle locale compte
trop de joueurs étrangers; l’épuisement,
ou pire encore, dont sont victimes les
athlètes à cause de la multiplication des
compétitions induite par l’argent produit
par la télévision; ou encore la popularité
des sports traditionnels nationaux.
Cependant, ces contradictions ne
constituent que des écueils passagers
et, sauf effondrement grave du système
capitaliste mondial, n’entraveront pas la
mondialisation du sport. En effet, le
sport est inextricablement lié aux entre-
prises capitalistes qui ont pour impératif
de maximiser les bénéfices; et la nou-
velle économie politique mondiale four-
nit le terrain qui permet précisément
cette évolution.
*Professeur, Département des sciences
politiques, California State University,
Chico, Californie (Etats-Unis). Travaille
actuellement à un livre intitulé «Poli-
tique, mondialisation et sport interna-
tional», et intervient comme co-auteur
de l’autobiographie de Stan Wright qui
était assistant entraîneur d’athlétisme
pour les Etats-Unis pour les Jeux de la
XIXe Olympiade à Mexico en 1968 et
ceux de la XXe Olympiade à Munich en
1972.
Ce texte a été publié pour la première
fois dans le cadre d’un débat sur I’éco-
nomie politique dans le sport, in : New
Political Economy, printemps 1999.
Références
1
Cf. Peter Donnelly, «The Local and
the Global : Globalisation in the
Sociology of Sport», Journal of Sport
and Social Issues, 20 (3) août 1996,
pp. 239-257.
2
Walt Disney expliquait ‘l’imagerie’
comme «des solutions futuristes à
des problèmes de théâtre et d’infra-
structure». Charles Rutheiser élargit
cette définition «pour inclure les mul-
tiples avatars des opérations de rela-
tions publiques et des autres spécia-
listes créatifs travaillant dans les
espaces apparemment illimités et
utopiques des mass médias.» Cf.
Charles Rutheiser, Imagineering
Atlanta : The Politics of Place in the
Du football américain.
City of Dreams (Londres : Verso,
1996), p. 4.
3
Donnelly, (1996) p. 242.
4
Cf. Jean Harvey et Geneviève Rail,
«Globalisation and Sport : Sketching
a Theoretical Model for Empirical
Analyses»,
Journal of Sport and
Social Issues, 20 (3) août 1996, pp.
258-277.
5
Harvey et Rail (1996), p. 273.
6
Harvey et Rail (1996), p. 274.
7
Peter Ueberroth avec Richard Levin
et Amy Quinn, «Made in America :
His Own Story» (New York : William
Morrow and Company, 1985).
8
Cf. Wilbert M. Leonard Ill, «A Com-
parative Study of Expenditure, Reve-
nue and Franchise Value Functions in
Professional Sports», Journal of Sport
and Social Issues, 21 (3) septembre
1998, pp. 264-286.
9
Une estimation sommaire du total
des recettes tirées du sport par rap-
port au produit national brut (PNB)
peut être faite selon un modèle de
l’économie californienne, la sixième
plus grande au monde. En utilisant
des chiffres de 1997, le Bureau prési-
dentiel américain chargé de la gestion
du budget a calculé le rapport entre
l’industrie sportive et l’économie de la
Californie. Le PNB total de la Califor-
nie était de 1.051 milliers de milliards
de dollars, alors que l’industrie du
sport a généré 1.057 milliards de dol-
lars, soit 0,05 pour cent du PNB de la
Californie. Cependant, ce modèle
n’inclut pas bon nombre d’entre-
prises telles que les vêtements et les
chaussures, les sociétés de gestion
sportive, les courses de chevaux et le
jeu, ni les formes connexes. C’est
pourquoi le pourcentage total serait
sans doute légèrement plus élevé.
10
William Echikson,
«Making the
Games Run on Time», Business
Week, 9 février 1998, p. 66.
11
Brian Stoddart, «Convergence»,
Journal of Sport and Social Issues,
21 (1) 1993, p. 94.
12
Cf. par exemple : Robert La Franco,
«Rupert’s on a Roll», Forbes, 6 juillet
1998, pp. 182-189.
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