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DES DEUX CULTURES AUX DEUX CITÉS…
(octobre 2008)
« L’art contemporain », question théologique ?
Le château de Versailles est, à l’heure où nous mettons sous presse, défiguré par une exposition
« d’art contemporain » organisée par le président de l’Établissement public du domaine royal 1
autour des facta d’un « artiste » contemporain, Jeff Koons, ex-époux de la Cicciolina, elle-même
ex-star du cinéma pornographique italien. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir « Lobster », un
homard géant en aluminium, pendu dans le Salon de Mars ; « Rabbit », lapin gonflable en inox,
trône dans le Salon de l’Abondance. Et une sculpture dite « Split-Rocker », mi-tête de poney,
mi-tête de dinosaure, composée de 100.000 fleurs, a été installée sur le parterre de l’Orangerie.
Cette provocation – évidemment calculée –, s’ajoute à l’immense liste des abominations dont
est coutumier « l’art contemporain », comme en témoigne récemment la vente en GrandeBretagne d’un crâne incrusté de 5.000 diamants, œuvre d’un certain Damien Hirst, au prix de 70
millions de dollars. Le nom de l’œuvre est blasphématoire : The Love of God, l’amour de Dieu.
Un critique d’art français, membre de l’Académie Française et, pourtant, lui-même ancien directeur du musée Picasso à Paris, M. Jean Clair, a manifesté son rejet de l’exposition Koons : « Jeff
Koons n’est que le terme extrême d’une longue histoire de l’esthétique moderniste que
j’aimerais appeler l’esthétique du décalé. Le mot décalé est apparu dans la langue il y a sept ou
huit ans. Rien d’intéressant qui ne soit décalé. Une exposition se doit d’être décalée, une œuvre,
un livre, un propos seront d’autant plus goûtés qu’ils seront décalés. Décaler, cela veut dire ôter
les cales ; on décale un meuble, et il tombe, on décale une machine fixée sur son arbre et elle
devient une machine folle, on décale un bateau et vogue la galère. Une nef des fous en effet. Le
monde à l’envers donc. L’âne qui charge son maître de son fardeau et qui le bat, le professeur
traduit en justice pour avoir giflé l’élève qui l’insultait, le bœuf découpant son boucher au couteau, les objets de Koons déclarés baroques appendus dans les galeries royales. Fin d’un monde.
Fête des fous et des folles… Tout cela sous le vernis festif, a un petit côté, comme à peu près
tout désormais en France, frivole et funèbre, dérisoire et sarcastique, mortifiant. Sous le kitsch
des petits cochons roses, la morsure de la mort. Sous la praline, le poison. » 2
Ainsi que l’observait Camille Jullian dans les Années 20 du vingtième siècle, l’art d’avant-garde
– qui s’intitule aujourd’hui « art contemporain » –, n’a rien à voir avec l’art véritable mais tout
avec un système de provocation nihiliste qui enrichit quelques profiteurs exploitant des gogos,
au grand dam d’un public désarmé par la complicité des pouvoirs publics avec les pourrisseurs :
« Les vieux académiques honoraient encore neuf muses. Ce que l’on appelle « l’art vivant » dans
les quartiers chics comme dans les léproseries de Montparno et de l’infortunée rue de Seine,
n’en vénère plus que trois : réclame, combine et galette. On ne saurait qu’admirer l’activité et la
méthode organisée de Lévy-Tripp, Gluant, Bouc et Rosenschwein et de leurs démarcheurs, si
elle « faisait » dans les benzols ou les caoutchoucs au lieu de jeter, sous prétexte d’art, des pots
de peinture au nez du public… Dans plusieurs grands musées régionaux de France, les habitants voient s’installer auprès de merveilles anciennes des salles aménagées pour recevoir un lot
Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre de la culture de Jacques Chirac, ancien collaborateur de François Pinault au
Palazzo Grassi de Venise.
2 Le Figaro, 11 septembre 2008.
1
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de tableaux « ultramodernes ». Ce sont presque toujours des rossignols invendus dans les boutiques de Paris. Les braves provinciaux sont effarés. D’où ces horreurs sont-elles tombées ? On
s’indigne, on proteste puis on se résigne aux décrets du conservateur et de la municipalité. » 3
On ne peut cependant en rester à ces seules constatations. Il faut se demander quel est l’objectif
que poursuivent les organisateurs, d’État ou privés, de ces ignominies. Ne relever que l’aspect
provocateur ou financier est leur faire honneur, sinon tomber dans leur piège. Ce qui est en
cause est en réalité bien plus profond, c’est la haine du Beau, du Bien et du Vrai, dont l’origine
comme le terme ne sont autres que le Créateur lui-même. Dès lors, « l’art » autoproclamé contemporain relève, par ses provocations, d’une inversion d’origine praeternaturelle, c’est-à-dire
satanique.
Ainsi que l’observe le Comte Malynski, « cette haine-là a un élément en soi qui dépasse la raison
et est en dehors du pondérable. Elle correspond à une crise mystérieuse dont le champ n’est
pas le corps mais l’esprit… Si nous voulons en donner une explication que nous chercherions
vainement dans notre propre logique humaine, nous ne pouvons que la chercher dans la seule
des sciences qui nous la donne… la théologie. » 4
Beaucoup des leaders de « l’art d’avant-garde » ont d’ailleurs été proches, voire membres actifs,
des sociétés secrètes satanistes : « Kandinsky, dès les premières pages de son livre, fait référence
avec dévotion à Hélène Blavatski, fondatrice de la Théosophie… société théosophique, dont
Mondrian fut un membre actif. » 5
L’art véritable, comme la culture, est une aspiration – dont l’apprentissage est difficile et la fin
toujours repoussée ici-bas –, à un Beau idéal qui, souvenir de l’état de perfection précédant la
Chute originelle, persiste confusément au cœur de l’homme. Ainsi comprise, l’art rend hommage à la Création et donc, au moins indirectement, au Créateur. Les sociétés modernes, après
avoir supprimé toute influence de la vraie religion sur les plans institutionnel et social – notamment par le biais des systèmes éducatifs et des mécanismes économiques –, veulent éradiquer le sens même du Beau qui pourrait remettre l’homme sur le chemin de Dieu, avec l’appui
de Sa grâce : « Ainsi donc l’antique trinité du Vrai, du Beau, du Bien n’est-elle pas une vaine
formule théorique comme nous l’avions cru en notre jeunesse matérialiste. Si les sommets de
ces trois grands arbres convergent, n’a-t-on pas le droit de croire qu’après les coupes sombres
infligées aux pousses par trop hardies du Vrai et du Bien… soudain éclatera l’inattendue merveille du Beau prenant la relève, se frayant des voies secrètes afin d’éclore au même endroit et
se dressant pour tous les trois. Alors, les paroles de Dostoïevski, « la beauté sauvera le monde »,
se révèleront non comme une phrase que le vent emporte mais comme une prophétie » 6.
Camille Jullian, La farce de l’art vivant, Nouvelle revue critique, 1929.
Emmanuel Malynski, La grande conspiration mondiale.
5 Revue Catholica, Image et vérité, Boris Lejeune, été 2008, pp. 56 et suiv. Sur la Théosophie et Hélène Blavatski, on consultera avec fruit Epiphanius, Maçonnerie et sectes secrètes, pp. 172 et suiv., et Pierre Virion, Bientôt un
gouvernement mondial ?, pp 33-34. Le livre de Mme Blavatski, Doctrine secrète, se propose « d’approfondir les
pouvoirs psychiques et spirituels latents dans l’homme », en clair d’en appeler à la haute magie, d’origine satanique.
6 Alexandre Soljenitsyne, Archipel du Goulag, tome 1.
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La destruction de la culture chrétienne et des arts qu’elle inspirait et illuminait est, en quelque
sorte, la dernière étape de cette tentative insensée de mise à mort de Dieu que le Fils de perdition
poursuit sans relâche depuis la Chute et, de manière intensive, depuis la Révolution humaniste
du 16ème siècle. C’est la raison pour laquelle la « culture » moderne est devenue, à très peu
d’exceptions près, le véhicule privilégié de la laideur et de la perversion : il s’agit d’étouffer dans
l’âme et l’esprit de nos contemporains jusqu’au souvenir de leur condition de créatures destinées à contempler un jour la Beauté absolue par essence qu’est Dieu. La « question culturelle »
n’est donc ni compréhensible, ni soluble, si l’on ne recours pas aux lumières de la théologie.
La « culture moderne », produit du naturalisme
L’opposition entre culture et civilisation venue de la Réforme, l’exaltation du « culturel » subjectif au détriment du Beau objectif et universel, s’accordent parfaitement avec la mentalité contemporaine qui a rompu avec la pensée réaliste et la droite raison. Saint Thomas d’Aquin démontre que l’agir suit la pensée : Agere sequitur esse 7. Les manifestations de l’esprit comme les
œuvres d’art, quelles qu’elles soient, découlent d’un ordre préalable et supérieur qui les « informe ». La philosophie antique l’avait déjà perçu intuitivement, ainsi qu’en fait foi ce passage
du Banquet de Platon : « La vraie voie, qu’on s’y engage de soi-même ou qu’on s’y laisse conduire, c’est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle
en s’élevant comme par degrés des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux
belles sciences, pour aboutir à cette science qui n’est autre que la science de la beauté absolue » 8.
Saint Thomas d’Aquin, à la lumière de la Révélation, confirme ce jugement par la démonstration contraire : « Personne ne peut vivre sans délectation. C’est pourquoi celui qui est privé des
délectations spirituelles passe aux charnelles » 9.
Rejetant tout ordre supérieur, la mentalité contemporaine dominante place la source de la pensée et de l’art dans la conscience du sujet. Tout à son immanentisme puisé au plus profond du
Moi, elle renverse en quelque sorte la proposition thomiste : Esse sequitur agere 10, pourrait-elle
dire. C’est – est-ce un hasard ? –, ce que postule aussi la philosophie dominante des deux derniers siècles.
Cette philosophie, c’est la philosophie allemande, dont les postulats sont presque tous puisés
dans l’esprit de la Réforme de Luther. Cette philosophie est devenue prépondérante, on le sait,
dans l’enseignement public et la formation des élites en France, abreuvées de Kant, Hegel,
Marx, Husserl, Freud, etc… Elle se fonde exclusivement sur le sujet et rejette l’unicité d’origine
de la nature et de l’être venue de la philosophie grecque, perfectionnée par la scolastique. Pour
la philosophie moderne dominante, en effet, il n’y a pas de nature humaine stable, il n’y a même
pas de nature humaine du tout.
« L’agir suit l’être ».
Le Banquet, XXIX.
9 Somme Théologique, 2°, 2°, q. 35.
10 « L’être suit l’agir ».
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Sur le plan politique, en exaltant au-delà de toute mesure l’individu et en rejetant la notion de
l’homme « animal politique » (Aristote) destiné à vivre dans une cité dont le Bien commun 11 est
le but premier, la philosophie moderne dissocie l’homme privé de l’homme public comme elle
refuse que l’Intelligence se soumette au Réel (l’adaequatio rei et intellectus de Saint Thomas
d’Aquin). Aussi – par la forme de société qu’elle inspire –, la philosophie contemporaine dominante conduit-elle à ce que la « culture » devienne un objet ou une collection d’objets ou de
concepts purement subjectifs, une tendance ou une collection de tendances sensibles dont le
renouvellement rapide est facilité par les technologies industrielles.
Pour Hegel 12 d’ailleurs, il n’y a pas de Beau en soi ; est beau ce que je décide comme tel
puisqu’est rationnel tout ce qui existe 13 ! Le courant phénoménologiste (Husserl, Schopenhauer, Merleau-Ponty) va encore plus loin : l’art n’existe que dans et par la perception du sujet.
Conséquence de ces postulats, la « culture » n’a et ne peut avoir de valeur permanente, mais seulement contingente, parce qu’elle n’est pas fondée sur l’Être qui est sa source. La culture moderne ne peut alors produire du Beau, mais seulement le « presque rien » ou le « je-ne-saisquoi » 14 et, pour finir, le contraire du Beau, c’est-à-dire le laid. Or, on peut affirmer, sans risque
d’erreur, que cette conception, masquée par la « langue de coton » technocratique, est celle des
pouvoirs publics dans notre pays depuis des décennies. Ils n’en font d’ailleurs pas mystère : « La
tradition politique française donne à l’État un rôle prééminent de jugement esthétique en matière de création artistique et de définition des grandes orientations des politiques culturelles…
La politique culturelle a été encadrée et promue par l’État… » 15.
Plus révélateur encore, sur le fond, est ce qu’écrit Jacques Rigaud, ancien collaborateur de Malraux, ancien président de la C.L.T. 16 : « Il est significatif que la politique culturelle de la Vème
république ait résisté aux alternances et aux divisions qui, en tant de domaines, caractérisent en
France le débat public… sans que jamais l’existence d’une politique et d’un ministère de la culture ait été remise en cause… On peut dire que règne en ce domaine, sur l’essentiel, une sorte
de consensus… Le tournant de 1969 a été décisif. Malraux partant avec le général De Gaulle, si
le successeur de ce dernier, Georges Pompidou, et son premier ministre Jacques ChabanDelmas, avaient décidé de mettre un terme à une aventure certes prestigieuse mais liée à deux
Le bien commun d’une société est essentiellement moral : il consiste, en réalité, à ce que les lois de la cité aident au salut éternel des citoyens, grâce à ce que Saint Thomas d’Aquin appelle « la tranquillité de l’ordre », les
lois humaines devant être, autant que faire se peut, conformes aux lois éternelles et divines, c’est-à-dire à l’ordre
surnaturel.
12 Le matérialisme dialectique d’Hegel est d’ailleurs ancien puisqu’il prend sa source dans la Gnose : « Hegel est
un gnostique, et rien ne ressemble mieux aux évolutions internes de l’idée divine, imaginées par le philosophe de
Berlin, que le développement graduel de l’infini dans la chaîne des éons… De même, les extravagances de Fourier, de Saint-Simon et d’autres utopistes modernes… ne font que reproduire, mot pour mot, les théories morales de certaines écoles gnostiques telles que les Nicolaïtes et les Carpocratiens », Abbé Freppel, Saint Irénée et
l’éloquence chrétienne dans la Gaule pendant les deux premiers siècles, Bray et Retaux, Paris, 1870, p. 183-184.
13 Voir La phénoménologie de l’esprit et Du beau.
14 C’est ainsi qu’un ministre de la culture définissait cette dernière dans les Années 80 !
15 Les collectivités locales en France, Documentation Française et CNFPT, 1996 p. 99. Ce texte, à valeur semiofficielle, est de la plume de René Rizzardo, permanent à Peuple et Culture, organisation culturelle de masse du
Parti communiste, consultant de la Direction du développement culturel (ministère de la culture) de 1983 à
1989, aujourd’hui directeur de l’Observatoire des politiques culturelles (Grenoble).
16 Ancien président de la Compagnie Luxembourgeoise de Télévision, propriétaire de la station de radio RTL et
ancien directeur de cabinet des ministres de la culture Jacques Duhamel et Maurice Druon.
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hommes d’exception, et de recréer un secrétariat d’État aux arts et aux lettres rattaché à
l’Éducation Nationale, comme sous la IVème République, il n’est pas sûr que la majorité d’alors,
encore traumatisée par la crise de mai 1968, se serait récriée, ni l’opinion publique. En maintenant ce ministère… et en soutenant la politique culturelle de tout leur poids politique, ils ont
installé cette dernière dans une permanence qui n’a plus été remise en cause. » 17
La subversion culturelle, depuis André Malraux, est installée au cœur de l’État, poursuivie gouvernement après gouvernement, et son but n’a pas varié : détruire l’identité chrétienne de la
France. Subversion fondée sur le plus pur subjectivisme : « L’intérêt réside désormais, non plus
dans l’œuvre d’art, mais dans la contestation du système actuel. Ce qui compte, ce n’est pas l’art,
mais l’attitude de l’artiste » 18.
La « culture moderne », instrument du totalitarisme
Ayant rompu avec le Beau, sa source, la culture moderne, est aujourd’hui réduite à un subjectivisme naturaliste porté à l’extrême par l’économisme et ses besoins, souvent artificiels, stimulés
par les techniques de production de masse. Devenue un élément constitutif du « nouvel ordre
social », la « culture », a besoin – et un besoin impérieux – du truchement de l’État. Aussi la
« culture » appartient-elle tout entière et de droit à la seule autorité que se reconnaisse la société
moderne, le pouvoir politique.
Bénéficiant de l’appui de l’État, moderne Leviathan 19, la culture en devient, fatalement mais
logiquement, l’instrument : « C’est l’art qui crée ce grand Léviathan qu’on appelle République
ou État, lequel n’est qu’un homme artificiel, quoique d’une stature et d’une force plus grande
que celle de l’homme naturel, pour la défense et la protection duquel il a été conçu : en lui la
souveraineté est une âme artificielle puisqu’elle donne la vie et le mouvement à l’ensemble du
corps (social) ; les magistrats et les autres fonctionnaires préposés aux tâches judiciaires et exécutives (en) sont les articulations… » 20.
Le pouvoir politique moderne, reposant uniquement sur la volonté de l’Homme 21, réduit le
fonctionnement de la société à des mécanismes artificiels fondés sur une légalité variant au gré
des passions collectives et sur des moyens de contrainte dégagés de toute fin morale.
Il récupère la « culture » à son profit pour susciter l’unanimisme social et donner un contenu
affectif à une légitimité bien souvent fragile. La « culture » sert à nourrir des mythes collectifs 22
17
18
Les politiques culturelles en France, La Documentation Française, 2002, p. 10.
Joseph Emile Müller, L’art et le non-art, éd. Somogy.
Monstre marin de la Bible. Titre de l’ouvrage du philosophe protestant anglais Thomas Hobbes, paru en
1651.
20 Le Léviathan ou La matière, la forme et le pouvoir d’un État, préface.
21 Hitler, en pur hégélien, a cette formule révélatrice dans Mein Kampf : « L’avenir appartient aux hommes qui
n’auront pas d’autre loi que leurs propres décisions » ; bien des politiques modernes (pensent) et peuvent dire la
même chose que lui.
22 Les mythes seraient des « images-désirs…, quelque chose qui se lève des profondeurs de l’inconscient et, sous
la forme d’un songe, d’une rêverie, d’une « possession », domine l’âme sans défense et peut même, à un stade
ultérieur, être invoqué, produit à la conscience, mis au point par l’âme elle-même » (Martin Buber, Paths of utopia , cité par Jean Servier, Histoire de l’utopie, Folio). On sait que Martin Buber a été fortement influencé par le
hassidisme, forme gnostique du mysticisme juif d’après la Crucifixion.
19
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destinés à diriger le peuple et à forger « l’homme nouveau » conformément aux objectifs totalitaires. Il s’agit de « … faire en sorte que la littérature et l’art s’intègrent parfaitement dans le mécanisme général de la Révolution, qu’ils deviennent une arme puissante pour unir et éduquer le
peuple, pour frapper et anéantir l’ennemi, et qu’ils aident le peuple à lutter contre l’ennemi, d’un
même cœur et d’une même volonté » 23.
Le communisme d’État a d’ailleurs promu « l’art d’avant-garde » comme « vraie forme socialiste » de l’art : « Marx écrivait que, dans la société communiste, il n’y aurait pas de peintres mais
beaucoup de gens qui, parmi d’autres activités, feraient de la peinture… Cet art des temps futurs, trouvera l’incarnation qui lui convient dans les manifestations sportives et les congrès du
parti après la révolution d’octobre… Cette avant-garde était jusqu’aux Années trente la ligne
officielle dominante en Russie soviétique. » 24 Lénine nomma d’ailleurs sa femme Natalia
Kroupskaïa, commissaire du peuple à la culture, et développa le cinéma pour en faire un instrument de propagande de premier plan du système communiste.
Malraux, longtemps compagnon de route des staliniens, crée les « maisons de la culture, cathédrales du 20ème siècle », Jack Lang promeut le « tout-culturel » et chante le « 10 mai » à la tribune
de l’U.N.E.S.C.O., Mme Trautmann nie que le Beau soit un critère objectif de l’art ; Goebbels
impose « l’art allemand » comme Maïakovski entend mettre « l’art au service de la révolution
prolétarienne ».
La « culture » n’est plus alors qu’un instrument aux mains des organes de propagande, aussi
bien dans les états totalitaires que dans les démocraties modernes car « … c’est surtout par les
temps démocratiques que l’on peut dire que l’humanité est gouvernée par le pouvoir magique
des mots » 25.
Les « canons » de la culture officielle s’imposent férocement, les hommes d’esprit et d’art hors
de la « ligne » y sont persécutés, réduits au silence, voire physiquement liquidés. Révolutionnaires français ou Gardes Rouges maoïstes ont démontré, en leur temps, que l’on pouvait dans
un même mouvement détruire le patrimoine d’une nation pluri-millénaire et liquider en masse
les êtres humains 26. « La Révolution culturelle est bien une fusillade » 27.
La « culture moderne », contrefaçon de la vraie religion
Mise au service des idéalismes politiques, la « culture de masse » prend dans nos sociétés à
l’athéisme militant ou pratique, le visage d’une « religion », comme l’a démontré Jules Monnerot 28. Marie-Joseph Chénier 29 applaudissait déjà, il y a deux cents ans, aux fêtes de « l’Être suprême » et autres processions en l’honneur de la « déesse Raison » : « Vous saurez fonder sur les
Mao-Tsé-Toung, Bulletin des amitiés franco-chinoises, cité par Jean Ousset, A la découverte du Beau, p. 18.
Revue Catholica, Image et vérité, Boris Lejeune, été 2008, pp. 56 et suiv.
25 Georges Sorel, Les illusions du progrès.
26 Seul le nombre sépare les 500.000 morts de la Terreur et de la guerre jacobines des 60 millions de morts du
« Grand bond en avant » maoïste.
27 L’expression est de Jean Cau, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, qui termina sa vie en reniant ses idéaux de
jeunesse (La grande prostituée, pamphlet au vitriol sur « la culture de gauche »).
28 Dans son livre Sociologie du communisme.
29 Frère du poète guillotiné André Chénier ; membre de la Convention et académicien français, auteur des paroles du Chant du départ.
23
24
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débris des superstitions détrônées la seule religion universelle qui apporte la paix et non le
glaive, qui fait des citoyens et non des rois ou des sujets, des frères et non des ennemis, qui n’a
ni sectes ni mystères, dont le seul dogme est l’égalité, dont les lois sont des oracles, dont les
magistrats sont les pontifes et qui ne fait brûler l’encens de la grande Famille que devant l’autel
de la patrie, mère et divinité commune » 30. Le retour au paganisme est bien, comme le constatait Pie IX, l’objet ultime de la Conjuration anti-chrétienne.
Quasi-religion civile, la culture d’État prend dans les sociétés contemporaines le caractère d’un
service public « laïc et obligatoire ». Elle est financée par l’impôt et ses manifestations dûment
médiatisées sont fréquentées par les premiers personnages de l’État, selon le principe protestant
du Cujus regio, ejus religio 31. C’est ainsi que la religion de l’humanité remplace celle de la Sainte
Trinité.
Comme le voulait Saint-Simon 32, la politique dans l’époque moderne tend à se donner une valeur sacrale, en recourant à un œcuménisme humaniste et interculturel dont les nouvelles
normes sociales constituent les « dogmes » : « La religion de l’avenir… doit être l’expression de
la pensée collective de l’humanité, la synthèse de toutes ses conceptions, la règle de tous ses
actes. Non seulement, elle est appelée à prendre place dans l’ordre politique, mais encore, à
proprement parler, l’institution de l’avenir, considérée dans son ensemble, ne doit être qu’une
institution religieuse » 33.
Jaillie des profondeurs de la conscience individuelle entièrement soumise à la fascination du
Moi, la culture moderne, élevée à la dignité de religion de substitution, conduit au panthéisme,
ainsi que l’analyse lumineusement Saint Pie X dans l’encyclique sur le modernisme : « Au panthéisme, cette autre doctrine de l’immanence divine y conduit tout droit. Car Nous demandons
si elle laisse Dieu distinct de l’homme ou non : si distinct, en quoi diffère-t-elle de la doctrine
catholique et de quel droit rejeter la révélation divine ? Si non distinct, nous voilà en plein panthéisme. Or, la doctrine de l’immanence, au sens moderniste, tient et professe que tout phénomène de conscience est issu de l’homme en tant qu’homme. La conclusion rigoureuse c’est
l’identité de l’homme et de Dieu, c’est-à-dire le panthéisme… Et pourquoi cette réalité ne serait-elle pas l’âme universelle du monde dont parle tel rationaliste… Le premier pas fut fait par
le protestantisme, le second est fait par le modernisme, le prochain précipitera dans
l’athéisme » 34.
Et il n’est qu’apparemment paradoxal de voir aujourd’hui nos sociétés modernes, aux lois et aux
mœurs totalement athées, revendiquer à tout propos et à tout instant une vague religiosité centrée sur l’homme, au travers du concept mal défini de « dignité humaine ». La « culture » conTexte cité par Marcel de Corte, De la dissociété, éditions Rémi Perrin, p.62-63.
« Tel prince, telle religion », principe de droit international public d’abord développé lors de la Paix
d’Augsbourg (1555), puis par les états protestants de l’Europe du Nord, malheureusement entériné par les traités
de Westphalie (1648)… dont on écarta le Pape.
32 1765-1825, socialiste utopiste, descendant du célèbre mémorialiste, fondateur d’un socialisme planificateur et
technocratique, qui continue d’inspirer les gouvernants français et la Haute fonction publique. On lui doit la
formule : « Substituer l’administration des choses au gouvernement des hommes ».
33 Cité par Dom Besse, Les religions laïques, Nouvelle Librairie Nationale, 1913, p. 9. Il existe, au siège des Nations Unies à New York, un « temple de la réconciliation » où sont censées se reconnaître mutuellement toutes
les religions…
34 Saint Pie X, encyclique Pascendi Dominici gregis, § 55.
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temporaine déifie en effet proprement l’homme : « L’homme, comme toujours, est le cœur du
propos. L’homme de chair au corps démultiplié, l’homme d’esprit au corps réifié, l’homme planète au corps divinisé… » 35. Ce panthéisme anthropocentré a vocation à devenir la religion
universelle, destinée à remplacer toutes les autres ou à les coiffer, dans une sorte d’O.N.U. de
toutes les croyances 36.
La « culture » contemporaine participe pleinement à la vulgate panthéiste officielle des sociétés
« post-modernes » : singeant la vraie religion, elle use de « mots-codés », auxquels elle confère
une valeur symbolique porteuse de dogmes sociaux, tantôt négatifs (l’exclusion, la quelquechose-phobie…), tantôt positifs (la tolérance, l’échange…) , qu’utilisent les propagandistes pour
conditionner les esprits, grâce à la puissance des media : « Nous avons avant tout à nous défendre contre la puissance d’intimidation qui émane de certains mots, auxquels, par le plus
étrange des transferts, s’attache aujourd’hui quelque chose de la valeur sacrée que détiennent les
rites religieux » 37.
Voilà qui rejoint une autre observation faite au début du 20ème siècle par Saint Pie X sur le danger que courent les sociétés « … quand l’erreur et le mal sont présentés dans un langage entraînant qui, voilant le vague des idées et l’équivoque des expressions sous l’ardeur du sentiment et
la sonorité des mots, peut enflammer les cœurs pour des causes séduisantes mais funestes ».
La « culture moderne », révolte contre l’Éternel
« La dislocation de la société occidentale (et par elle de toutes les autres sociétés de la planète) a
commencé à la Renaissance, s’est continuée dans la Réforme, a éclaté avec la Révolution Française et se prolonge en notre fin de siècle dans les formes astucieuses ou violentes de la Subversion de toutes les valeurs que le génie d’un Nietzsche – décadent et le contraire d’un décadent,
comme il le disait lui-même –, a diagnostiqué… Que l’ancrage de l’homme dans le surnaturel
vienne à se briser, l’idée de sa divinisation subsiste en lui. L’empreinte du sceau de Dieu à
l’image duquel il a été créé et racheté subsiste en lui, en creux, et il ne peut en remplir la prodigieuse profondeur qu’en imagination, par les constructions de son esprit, autrement dit par luimême.
On n’échappe pas au christianisme, même et surtout en le reniant. L’homme qui n’adore plus
Dieu ne peut adorer que soi-même. Il doit être son propre créateur et le créateur du monde, en
attendant d’être, comme à l’époque contemporaine, son propre rédempteur et le rédempteur de
l’humanité.
Pour que cette première révolution se réalisât, il est trop clair que la notion de vérité devait
prendre un sens nouveau, inédit dans l’histoire humaine. La vérité ne consistera plus désormais
dans la correspondance de la pensée au réel, mais au contraire dans la conformité du monde
extérieur à la pensée de l’agent créateur qui l’ajuste à son idée et à ses désirs. Ce qui importe dorénavant, ce n’est plus de contempler ce qui est, ni d’adapter l’action humaine à sa fin réelle et
Plaquette de présentation du 37ème Festival d’automne, septembre 2008.
Ce que l’abbé Georges de Nantes appelait dans les années Soixante le M.A.S.D.U., ou Mouvement
d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle et que l’ONU promeut aujourd’hui sous l’appellation
d’URI, Initiative unifiée des religions.
37 Gabriel Marcel, Les hommes contre l’humain.
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36
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au Souverain Bien auquel l’homme est ordonné mais, à l’inverse, de soumettre l’objet au sujet
lui-même et à son activité transformatrice et dominatrice. Tous les humanistes, et singulièrement Pic de la Mirandole, insistent sur la liberté qu’a l’homme de se construire lui-même et de
construire le monde qui l’entoure, de se façonner son être et de façonner les choses à sa guise,
comme si la nature de l’homme et du monde était un pur devenir docile aux formes que la pensée et la volonté aspirent à lui imposer. L’homme est maintenant le maître et l’artisan souverain
de son être et de l’être de toutes choses » 38.
En concluant que les deux causes du modernisme, finalement de toute forme d’idéalisme, sont
l’esprit de nouveauté 39 et, plus encore, l’orgueil, Saint Pie X a fait de manière définitive le diagnostic du mal qui ronge les sociétés contemporaines : « Mais ce qui a incomparablement plus
d’action sur l’âme pour l’aveugler et la jeter dans le faux, c’est l’orgueil. L’orgueil ! Il est, dans la
doctrine des modernistes, comme chez lui : de quelque côté qu’il s’y tourne, tout lui fournit un
aliment, et il s’y étale sous toutes ses faces. Orgueil, assurément, cette confiance en eux qui les
fait s’ériger en règle universelle. Orgueil, cette vaine gloire qui les représente à leurs propres
yeux comme les seuls détenteurs de la sagesse, qui leur fait dire hautains et enflés d’eux-mêmes :
Nous ne sommes pas comme le reste des hommes et qui, afin qu’ils n’aient pas, en effet, de
comparaison avec les autres, les pousse aux plus absurdes nouveautés. Orgueil, cet esprit
d’insoumission qui appelle une conciliation de l’autorité avec la liberté. Orgueil, cette prétention
de réformer les autres dans l’oubli d’eux-mêmes, ce manque absolu de respect à l’égard de
l’autorité, sans en excepter l’autorité suprême. Non, en vérité, nulle route qui conduise plus
droit ni plus vite au modernisme que l’orgueil » 40.
Révolte contre l’Éternel, dont l’inspiration vient du Serpent de la Genèse, voilà qui ne fait guère
de doute quand « l’homme de culture » qu’est Jack Lang déclare : « Je veux bien donner mon
âme au Diable … car il est une source permanente d’imagination si l’on sait l’utiliser » 41. Edgar
Faure 42 déclara de même un jour : « Si la société française devient un enfer, nous en serons
fiers, car c’est nous qui l’aurons créé ».
La culture, lieu suprême de la bataille pour les âmes
Le Beau, fondement de l’art, quel que soit son mode d’expression, met en jeu l’intelligence de
l’homme au plus intime de ses capacités de connaissance ; or l’intelligence est cette faculté
propre à l’homme dont la finalité est de comprendre (à notre mesure, forcément limitée) et de
vouloir (avec le concours de la Grâce), le Souverain Bien. L’Adversaire le sait mieux que nous.
Marcel de Corte, De la dissociété, Rémi Perrin, 2002, p. 32-33.
« Le nouveau qui est cependant le périssable par essence, est pour nous une qualité si éminente que son absence nous corrompt toutes les autres et que sa présence les remplace. À peine de nullité, de mépris et d’ennui,
nous nous contraignons d’être toujours plus avancés dans les arts, dans les mœurs, dans la politique et dans les
idées, et nous sommes formés à ne plus priser que l’étonnement et l’effet instantané de choc », Paul Valéry, Variétés II.
40 Pascendi Dominici gregis, § 57.
41 Passages, juillet-août 1988.
42 Homme politique radical puis gaulliste (1908-1988), président du Conseil sous la 4ème république, très estimé
des dirigeants soviétiques, médiateur, à la demande du général De Gaulle, entre la France et la Chine maoïste
pour l’établissement de leurs relations diplomatiques (1964), ministre de l’Éducation Nationale après Mai 1968,
la loi qui porte son nom (2 novembre 1968) a consacré le naufrage de la culture classique dans le monde universitaire et scolaire. Membre de la branche française de la Trilatérale.
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C’est la raison pour laquelle il a fait de la culture, avec l’enseignement son frère jumeau, son terrain de bataille privilégié.
C’est à cette bataille pour le salut des âmes que pensait le pape Pie XII dans son message au
Katholikentag de Vienne : « Il faut empêcher la personne de se laisser entraîner dans l’abîme où
tend à la jeter la socialisation de toutes choses, socialisation au terme de laquelle la terrifiante
image du Léviathan deviendrait une horrible réalité. C’est avec la dernière énergie que l’Église
livrera cette bataille où sont en jeu des valeurs suprêmes : dignité de l’homme 43 et salut éternel
des âmes » 44.
Quel est l’enjeu de cette bataille ? L’enjeu, c’est l’homme dans sa totalité, l’homme composé
d’une âme et d’un corps : il s’agit de lui faire perdre la première et de détruire le second. Et c’est
un combat à front renversé, la sémantique en fait foi : les forces de mort prétendent être « du
côté de la vie » 45 ; on accuse les défenseurs de la Grâce et de la Nature d’être porteurs d’une
« idéologie de mort ».
Cet affrontement est donc, sans discussion possible, de nature métaphysique et sotériologique 46 : il s’agit de savoir si la Rédemption est vaine ou non. Or, nous savons que c’est par Sa
mort que le Christ nous a rendu la possibilité d’accéder à la vie éternelle. C’est aussi pour cette
raison qu’il n’y a pas de moyen terme dans la lutte : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi et
qui n’amasse pas avec Moi disperse » 47.
Nous sommes bien en présence des « deux cités » décrites par Saint Augustin, celle de Dieu ou
celle de Satan : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi-même jusqu’au mépris
de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même, la cité céleste. L’une se
glorifie en soi, l’autre dans le Seigneur. L’une mendie sa gloire auprès des hommes, l’autre place
sa meilleure gloire en Dieu, témoin de sa conscience… » 48.
Au début du 20ème siècle, Saint Pie X prédisait à quoi aboutirait les errements de la pensée moderne :
« Construction purement verbale et chimérique, où l’on verra miroiter pêle-mêle et dans une
confusion séduisante les mots de liberté, de justice, de fraternité et d’amour, d’égalité et
d’exaltation humaine, le tout fondé sur une dignité humaine mal comprise… Ce sera une agitation tumultueuse, stérile… grand mouvement d’apostasie organisé, dans tous les pays, pour
l’établissement d’une Église universelle qui n’aura ni dogmes, ni hiérarchie, ni règle pour l’esprit,
ni frein pour les passions et qui, sous prétexte de liberté et de dignité humaines, ramènerait dans
le monde, si elle pouvait triompher, le règne légal de la ruse et de la force, et l’oppression des
faibles, de ceux qui souffrent et qui travaillent » 49.
Au sens de créature faite à l’image de Dieu et soumise à Sa volonté !
14 septembre 1952.
45 Jack Lang, 1981.
46 Qui a trait au Salut.
47 Évangile selon Saint Matthieu, XII, 30, trad. Crampon.
48 Saint Augustin, De la Cité de Dieu, liv. XIV, ch. 28.
49 Dans sa lettre Notre charge apostolique sur le « Sillon » (25 août 1910).
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Pour retrouver le Beau, le Bien et le Vrai dans la culture au sens exact du terme (ensemble des
arts, des lettres et des sciences), il n’y a pas d’autre moyen que de retrouver l’esprit de la civilisation chrétienne : « Non…, on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera
pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est
plus à inventer, ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation
chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses
fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de
la révolte et de l’impiété : Omnia instaurare in Christo » 50.
Ythier de Nabrué
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Saint Pie X, Notre charge apostolique…
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