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Ambassade de France en Turquie – Service économique régional d’Ankara 5
également nécessaire de définir des
instruments et méthodes de mesure rigoureux
afin de pouvoir quantifier avec précision la
compétitivité régionale du pays.
II. Panel sur les leviers de
développement de la
compétitivité régionale en
Turquie
1. Renforcer le caractère inclusif de la
croissance
Malgré une croissance soutenue sur les dix
dernières années, il existe de fortes inégalités
géographiques de développement. Les régions
occidentales, en particulier les pôles
économiques d’Istanbul, Ankara et Izmir, ont
traditionnellement tiré la croissance. Les
régions des « Tigres anatoliens » (Aydin,
Denizli, Mugla, Konya, Karaman, Hatay,
Kahramanmaras, Osmaniye, Kayseri, Sivas,
Yozgat, Gaziantep, Adiyaman et Kilis) ont
ensuite, plus récemment, développé leur
production industrielle. En revanche,
l’économie de l’Est du pays, avec une
dominante agricole forte, est moins avancée.
Le cadre de mesure de la compétitivité
régionale utilisé par l’OCDE se réfère à deux
piliers : les performances économiques
(revenu et productivité) et les déterminants
de la compétitivité (PME et entreprenariat,
technologies et innovation, éducation et
compétences, marché du travail,
infrastructures, santé et environnement).
Les régions dont les performances
économiques sont les meilleures sont celles où
la production manufacturière ainsi que la
diversification sectorielle sont fortes (à
l’inverse les régions agricoles affichent de
faibles résultats), et qui bénéficient d’une
ouverture commerciale et
d’investissements étrangers.
Concernant les « déterminants de
compétitivité », Istanbul, Ankara, Bursa,
Eskisehir et Bilecik obtiennent les meilleurs
résultats ; Mardin, Batman, Sirnak, Siirt,
Sanliurfa et Diyarbakir les moins bons.
L’étude souligne en particulier le poids de la
localisation géographique qui, en plus des
indicateurs déjà mentionnés, est déterminant,
puisqu’on constate que les régions disposant
d’un accès à la mer ou bien dotées en
ressources naturelles affichent de meilleures
performances. Le régime de vent de la région
de Marmara stimule par exemple le secteur
éolien et les biens d’équipements dans la
région. Les effets d’agglomération d’activités
dans les régions les plus dynamiques, qui
disposent d’infrastructures développées
(transport et communication notamment), et
où les économies d’échelle sont supérieures,
renforcent d’autant les inégalités. Le rapport
mentionne enfin le problème d’émigration des
jeunes diplômés et des actifs qualifiés de l’Est
vers les villes de l’Ouest du pays.
2. Accroître la coordination économique
entre les acteurs centraux et régionaux
L’OCDE recommande d’accroître, dans le cadre
des politiques de développement actuelles, à la
fois la coordination verticale (entre l’Etat et
les collectivités locales) et la coordination
horizontale (entre les différentes parties
prenantes à un projet : banques, agences de
développement, KOSGEB, TÜBITAK…)
Le Ministère du Développement est
clairement identifié comme l’administration
de référence en termes de coordination
(verticale et horizontale). Il a déjà mis en place
des mécanismes de coordination au niveau
central entre le Ministère de la Science, de
l’Industrie et des Technologies et le Ministère
de l’Economie, et il a créé quatre
administrations régionales.
En outre, 26 agences de développement ont été
créées dans le but d’effectuer des études et de
la planification, de soutenir les projets
d’entreprises et d’institutions non-lucratives et
de promouvoir les investissements dans leurs
régions. Elles peuvent par exemple identifier
une entreprise prometteuse, et définir des
dispositifs d’aides adaptés à leurs besoins
(subventions directes ou indirectes).
2.1. La coordination verticale (Etat /
pouvoirs locaux)
Les agences de développement réalisent des
plans de développement régionaux qui, s’ils
sont alignés avec les grands axes des plans de
développement nationaux, ne sont pas
toujours coordonnés avec eux en termes de
temporalité et même de contenu. En outre, les
agences de développement soulignent qu’il
existe une asymétrie d’information
persistante entre les niveaux locaux et
centraux d’administration, ne permettant