Jean-Louis Lippert
ajiaco
Chapitre 4
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Miroir Sphérique
Homériques
Amériques
« In figure de colomb volat a ciel »
Cantilène de Ste EULALIE
« Un jour peut-être un jour se lèvera pour la
première fois et que ce soit sur une Terre Sainte ou
le vrai paradis terrestre un jour »
ARAGON
369
Quel pont sur cet abîme donnera-t-il sens à la marche du monde ?
BOÎTE NOIRE
Guantánamo Bay est un laboratoire spécialisé dans le lavage des cerveaux. Dernier
message clandestin d’Anatole. Qu’il m’est impossible d’enregistrer. Traitement de
choc pour combattants ennemis. Cellule aux fenêtres noires, lunettes noires.
Privation sensorielle absolue, déluge de cris et de lumières, tortures électriques.
Nous ferons de l’apocalypse une genèse de la Nouvelle Jérusalem ! Yeux bandés
cagoulé nu battu. Le ventre de ma mère dans l’hôpital de Santiago. Quarante jours
après le 26 juillet 1953. Qu’est-ce qu’elle a donc chanté du ciel et de l’enfer, ma
mère, pour que je ne voie plus les débris de mon âme damnée dans le miroir de ce
canal ? Est ouest monde lobotomisé comme un crâne sans pont entre son Occident
et son Orient, désorienté mon crâne ainsi que le monde.
Quels souvenirs s’y cachent...
370
E
ntrez donc
Messieurs dames
Entrez je vous en prie
nous ne manquons pas de places
au grand cirque de l’au-delà
Vous ne serez pas déçus
par Eva de Cuba
Mon spectacle a pour décors
Les rives d’une mer et d’un océan
Qui relient tous les territoires du mythe
D’Anatolie en Atlantide
Collez vos oreilles à la peau des tambours
Africains aussi bien qu’indiens
Les secrets qu’ils racontent
Inventent l’histoire de Dionysos
L’homme deux fois
C’est ce que croyait Abel de Loyola
Quand sur foi des récits de son père
Il s’initia aux rites cubains de l’Abakwa
Sacrifice du bouc au pied d’un grand arbre
Près d’un fleuve ou d’une rivière
Pour honorer les esprits et les dieux
Qui s’incarnent en l’oiseau-serpent
Font danser l’ange et le dragon
Pour que ne coule plus le sang des hommes
Car le temps passe
Et il ne passe pas
Le jour devient la nuit
La nuit ne devient plus le jour
Comment moi je pouvais savoir ce qui arrive
Dans le ventre de ma mère
Au milieu d’un cimetière
Près de la mer ?
Ya plus jamais de maintenant
Mais toujours hier et demain
En même temps
Le ciel noir est plein de couleurs
Et je vois des esprits dans les nuages
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Comme quand j’étais une petite fille
Qui savait dire son nom
Quand c’était pas la guerre
Parfois j’entends ce qu’on ne peut entendre
Tout cesse de marcher dans mon corps
Alors je fais rien qu’écouter regarder
Depuis que mon père il est plus mon père
En plus que c’est la guerre
Et qu’on est dans un cimetière
Près de la mer
Alors comme ça d’un coup je vole
Au-dessus du ventre de ma mère
J’ai envie de crier dans le ciel
Pour que tout le monde entier se réveille
Et voit les misères que cette guerre elle nous provoque
Mais ma mère elle dit rien
Donc moi aussi je ne dis rien
Ma mère elle est debout face à la mer
Mon père il est assis sur une pierre
Et il demande comme ça c’est qui ?
C’est quoi la chose dans ton ventre ?
Moi je sens comme un feu à l’intérieur de ma tête
Le feu le sang qui coule
Et j’écoute et je regarde
Je flotte je flotte on dirait
Une flamme de sang
Qui raconte son histoire
Dans la peau d’un tambour
Au fil de l’eau d’une rivière
Près du grand arbre
Où le bouc a la gorge tranchée
Pour que ne coule plus le sang des
hommes
J’ai le goût du sang qui m’avale
Ce n’est pas ma voix qui parle
A l’intérieur de ma voix
Tout ce que je raconte
C’est pendant la guerre
Et ça me revient maintenant
On dirait même cest un rêve
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