La chirurgie urologique conventionnelle et endoscopique, et les nouvelles techniques. Dr Pierre BONDIL Service d’urologie-andrologie, Centre hospitalier Chambéry 73011 L’urologie ? • Spécialiste d’organe de l’appareil – urinaire: homme/ femme / enfant – génital: homme (« gynécologue » de l’homme) • Spécialité médico-chirurgicale ++++ • 1127 urologues en France (1/60 000) Allemagne 1/15 000, Espagne 1/23 000, Italie 1/30 000, GB 1/65 000 Etat des lieux • Spécialité médico-chirurgicale = activité très variée – consultation = 45% – explorations = 15% – interventions = 40% • Cancers génito-urinaires – – – – 40% de l’activité +++ 21% tous nouveaux cancers 95% prise en charge initiale chirurgie = arme principale Quelle évolution en 30 ans ? • Toujours spécialité médico-chirurgicale +++ • De l’urologue « généraliste » au concept de « maison de l’urologie » • Hyperspécialisation (+ TUBA ) – fréquentes • uro-oncologue +++ • lithiase +++ • urologie de la femme ++ – moins usuelles • neuro-urologie + • uro-andrologue + • uro-pédiatre – «hyper-technicien » • coelioscopiste, « robotman ».., • prostatectomie radicale, urètre… La préhistoire ou l’urologie de Papa ! (avant 1980) • Pratique quotidienne d’un urologue = deux boites d’instruments – 1 d’instruments de chirurgie « ouverte » conventionnelle – 1 pour l’endoscopie comprenant habituellement • 1 résecteur adulte, • 1 urétrotome • 2 cystoscopes rigides adultes (enfant si spécialisé) – pour les plus sensibilisés = 1 appareil d’urodynamique • Tout transportable d’une clinique / hôpital à un autre en utilisant comme stérilisation,…des pastilles de formol ! • Coût du matériel = environ 20 000 euros vs... 3 millions euros 2012 ! Programme opératoire type CHU Lille (1980) • Chirurgie ouverte ++++ – Carcinologique ++ • néphrectomie élargie ++, cystectomie (Bricker / urétérostomie) ++, orchidectomie / pulpectomie ++, néphro-urétérectomie, curage lombo-aortique – Non carcinologique ++++ • • • • • • • lithiase rénale / urétérale ++++ adénomectomie ++++ génitale (hydrocèle, posthectomie) +++ incontinence urinaire +++ néphrectomie ++ urétérostomie ou néphrostomie chirurgicale + malformation congénitale ++: réimplantation VU, syndrome jonction, hypospadias, extrophie vésicale, cryptorchidie… • traumatologie + • urétroplastie, fistule urinaire, andrologie (infertilité / impuissance)…. • transplantation rénale (Calmette) • Chirurgie endoscopique ++ – résections prostate +++,vessie +++ (sans caméra) – sondes urétérales ++ (drainage, Dormia, lasso) – urétrotomie interne ++ Programme opératoire type CH Chambéry • (2012) Chirurgie ouverte ++ – carcinologique • prostatectomie radicale +++, néphrectomie élargie ou partielle ++, cystectomie (Bricker ou remplacement) ++, néphro-urétérectomie +, orchidectomie + – non carcinologique • incontinence +++, génitale (hydrocèle, posthectomie) ++, andrologique +, prolapsus +, cryptorchidie, adénomectomie, urétroplastie… • Chirurgie coelioscopique ++ – carcinologique: néphrectomie élargie ou partielle, prostatectomie élargie, curage (ilionéphro-urétérectomie – non carcinologique: promontofixation ++, lithiase, diverticule, fibrose… pelvien ++, lombo-aortique), • Chirurgie endoscopique +++ – – – – • résection: prostate +++, vessie +++ urétéroscopie +++ urétrotomie interne ++ chirurgie percutanée: calculs ++, syndrôme jonction… Chirurgie « mécanique » ++ – LEC+++, Ablatherm + Mots clés = diversité : artisan / ingénieur / imageur/ sous-spécialisation 1ère révolution (années 1980-1990) lithiases haut appareil urinaire • Progrès incroyables – chirurgie percutanée – lithotritie extra-corporelle – urétéroscopie rigide • Disparition chirurgie classique +++ • Modernité – urétéroscopie souple – mini-chirurgie percutanée – laser Chirurgie percutanée (1) Echographie Chirurgie percutanée (2) Urétéroscopie rigide (1) Urétéroscopie rigide (2) Urétéroscopie souple Dormia, laser Urétéroscopie hors lithiase Diagnostique Thérapeutique Lithotritie extracorporelle (1) • Témoin de 3 transformations radicales 1. Métier d’urologue: chirurgien et « ingénieur / technicien » 2. Progrès technologique ou… de la « baignoire » au lithotriteur de 4e génération 3. Modification offre / organisation ou… du « dirigisme au libéralisme » Lithotritie extracorporelle (2) Endourologie Sonde double J Courte / longue durée, renforcée, spiralée… 2e révolution (années 1980-1990) Uro-oncologie • Cancer de vessie: diffusion vessies de remplacement (Camey) • Cancer de prostate – découverte nouveau marqueur biologique du cancer de prostate = PSA +++ – biopsie échoguidée +++ – début de la prostatectomie radicale liée au dépistage plus précoce +++ Cystectomies avec stomies Mayence Bricker Indiana Monti Mitroffanof Cancer de vessie Entérocystoplasties Camey En Z Vessies de remplacement Hautman Poche Kock Le cancer de prostate 1 homme sur 8 Ponction biopsie prostatique 1980 2010 Biopsie de prostate activité consultation Clés du problème progrès imagerie + marqueurs biologiques = problème de technique, financement et de temps IRM dynamique ++ Immunoscintigraphie capromad pendetide Mouraviev et al J Urol sept 2009 Echo-élastographie ? Echo 3D ? Autres ? Prostatectomie radicale « ouverte » Prostatectomie radicale coelioscopique Prostatectomie radicale robotique Prostatectomie radicale progrès technique = carcinologiques + QdV Préservation bandelettes neurovasculaires Cancer de prostate et dépistage ! Que faut-il en penser ? urologue Années 1990 progrès techniques • Développement de nouvelles techniques non invasives – Ablatherm (ultrasons focalisés de haute intensité HIFU) pour le cancer de prostate – Cryothérapie et hyperthermie pour l’hyperplasie bénigne de la prostate – Incontinence urinaire femme (bandelettes) • Plus ou moins de succès dans un premier temps, avant d’être perfectionnées puis reprises plus récemment, notamment pour l’hyperplasie bénigne de prostate (Prostiva R, laser). Hyperplasie bénigne prostate • « Pain quotidien » de l’urologie • Résection transurétrale = référence +++ • Baisse de adénomectomie voie haute +++ • Progrès pharmacologiques +++ – – – – extraits plantes alphabloquants inhibiteurs 5 alpharéducatase (ARI) combinaison alphabloquants + ARI • Progrès technologiques – vaporisation – Prostiva R – laser • Pas de baisse significative indications chirurgicales = vieillissement population Résection transurétrale de prostate « étalon or » Résection transurétrale de prostate « étalon or » Résection transurétrale de prostate Résection transurétrale de prostate vaporisation / bipolaire Chirurgie endoscopique transurétrale par laser Prostiva R (hyperthermie) HIFU ou Ablatherm R Curiethérapie Radiothérapie Stéréotaxie Cyberknife 3e révolution (1990-2000) chirurgie cœlioscopique • Qualifiée de « second French Revolution » outre-Atlantique. • Technique mini-invasive s’est imposée en quelques années, – d’abord pour la prostatectomie radicale, – puis pour chirurgie du rein (totale ou partielle), uretère, rétropéritoine – plus récemment vessie (cystectomies) • Le développement en cours de la robotique a renforcé l’essor de la chirurgie mini-invasive coelioscopique, la précision du geste technique et le confort du chirurgien urologue au prix d’un investissement financier important. Chirurgie coelioscopique exemple: cure jonction pyélourétérale Néphrectomie élargie Néphrectomie partielle Prolapsus pelviens Incontinence urinaire de la femme Incontinence urinaire de l’homme Progrès en andrologie • • • • • IIC papavérine 1983 puis PGE1 Inhibiteurs PDE5 Traitements mécaniques Prothèse pénienne dernière génération Approche plus globale Progrès en andrologie • • • • • IIC papavérine 1983 puis PGE1 Inhibiteurs PDE5 Traitements mécaniques Prothèse pénienne dernière génération Approche plus globale 4e révolution (fin années 2010) chirurgie « conservatrice » • Développement en cours pour préserver la fonction physiologique au maximum et / ou la qualité de vie • Chute des « dogmes » – néphrectomie partielle (coelioscopique ou ouverte) en cas de cancer du rein afin de protéger le capital néphronique – traitements focaux pour les cancers urologiques • radiofréquence pour certains petits cancer du rein • surtout cancers de prostate débutants en cours d’évaluation mais très prometteurs CP et traitement focal : déjà une réalité Cryothérapie HIFU Laser HIFU Cryo PDT Laser Capacité ablative prouvée OUI OUI En cours NON Invasif NON MINI MINI MINI Suivi temps réel OUI OUI NON NON Minime Moyenne Minime Minime Retraitement possible OUI OUI OUI ? Coût modéré OUI NON NON NON Impasse thérapeutique NON NON ? ? Morbidité Photothermal thérapie J Urol oct 2009 ? Injection intra-prostatique interféron BMJ 2009 ? Déprivation androgène intraprostatique Andrologia 2009 ? Encore non validé mais nombreux protocoles de recherche en cours Nouvelles technologies Cryothérapie Radiofréquence Lumière bleue (Hevix) Hyperactivité vésicale Toxine botulique Neuromodulation Nouvelle « écologie » du chirurgien urologue • Chirurgien = déconsidération impressionnante à l’hôpital • Pressions (administrative / économique / principe de précaution) = continuelles ( 6 audits en 5 ans: bloc / hospitalisation / secrétariat) • Exigence éthique d’une démarche qualité mais sans ou peu moyens • Réelle asymétrie privé - publique Activité consultation cystoscopie et stérilisation Pôle Chirurgie / Anesthésie : Urologie Nb chirurgiens Parts de marché Activité Coopérations CHC 4 (3,6) 3 internes Autres publics Privés 1 (Belley) 4 40% 2% 58% 2 dans chaque clinique Hospi Guide 2005 1 872 séjours 32% (2006/2007) + 6% (2007/2008) 6 900 consultations 46% (2006/2007) + 15% (2007/2008) 1 366 interventions 55% (2006/2007) + 14% (2007/2008) St Jean de Maurienne 2 J / mois Albertville 2 J / mois Moutiers 4 J / mois 0,40 ETP CREA POLE CHIRUGIE 2011 Chirurgie viscérale A3 / B3 : • l’activité progresse de 3,8% en nombre de passages mais s’accompagne d’une augmentation de la valorisation T2A nettement plus soutenue (+9%) en raison d’une plus forte proportion des séjours de niveaux de sévérité 3 et 4. Cela s’explique d’une part par la lourdeur des patients et d’autre part par les contrôles qualité du codage. • L’évolution des dépenses étant plus modérée (+6,8%) que l’évolution des recettes, la chirurgie viscérale accroît son excédent : il était en effet de 1.812.000 euros en 2010 et atteint 2.290.000 euros en 2011. Conclusions (1) • Impact bénéfique de ces « révolutions » en terme – démarche qualité (sécurité et qualité des soins) – qualité de vie (malades et urologues). • Urologie moderne très performante mais plus technique = plus coûteuse et dépendante d’autres professionnels de santé et de critères économiques. • Transformation profonde du métier d’urologue – impossibilité (technique et financière) de tout assumer – impossible travailler en solitaire mais au sein d’une équipe • urologique où chaque urologue possède une expertise spécifique • transversale et pluridisciplinaire incluant différents corps de métier de santé pour harmoniser les pratiques et offrir offre urologique de qualité sans inégalité d’accès aux soins dans tous territoires de santé. Conclusions (2) • Métier passionnant malgré contraintes croissantes • Urologue moderne = multitâche («superman») • Avenir = imagerie, mini-invasif et prévention • Attention rester un médecin humaniste et non un hyper-technicien