En enquête au salon International de l’auto de Genève, Jade Lindgaard y
découvre un monde qui profère à un homme standard des supers pouvoirs
de vitesse : « de 0 à 100km/h en seulement 8 secondes » votre puissance est
sans limite. Que du discours, et plus de mécanique : liberté, indépendance,
innovation, performance, vitesse, sécurité, désirs, besoins, technologies.
Pourtant, l’informatisation des voitures écartèle le conducteur en lui offrant
plus de mobilité mais en réduisant son indépendance. Il ne peut plus réparer
son moteur lui-même. Il ne peut plus le « bidouiller ». Pire : il peut expérimenter le bug. Après une vaste enquête
sur les pannes et les rappels des constructeurs dans le journal Que Choisir en 2008, on découvre qu’une panne
sur deux est d’origine électronique ou électrique.
En ce qui concerne le taux de CO2, les politiques européennes de restrictions de GES peuvent se féliciter de
constater que le taux d’émission chute à vue d’œil. Mais comment les données sont-elles établies ? Par les
constructeurs eux-mêmes. Et la supervision des tests ainsi que leur vérification est assurée par des organismes
de certification payés par l’industrie. En 2011, l’écart entre la propagande concernant les émissions de CO2 par
les voitures et la réalité était de 25% (source Conseil International des Transports Propres), mais il n’était que de
10% en 2001, autrement dit, il augmente avec les années et s’est particulièrement aggravé après 2007 et 2008
alors qu’un certain nombre d’états européens mettent en place des systèmes de taxation basés sur le CO2 et
que Bruxelles rendait obligatoire des seuils maximum d’émission. En résumé : plus ces taux d’émission risquaient
de faire perdre de l’argent aux fabricants, plus ils faisaient l’objet de manipulations. Les rejets de gaz carbonique
des véhicules sont mesurés dans des conditions parfaitement artificielles (moins de poids, sans climatisation,
batterie déchargée…). Sur certains modèles, les émissions sont 50% plus élevées que ce que prétend leur
fabricant. Un nouveau système d’évaluation des émissions de CO2 est en cours d’élaboration pour pallier à ces
failles. L‘Europe s’est engagée à réduire de 60% les rejets de dioxyde de carbone dans le secteur des transports
d’ici 2050 (versus 1990) mais depuis 2005, c’est le seul secteur d’activité où ils augmentent. La voiture
individuelle en représente les 2/3. C’est l’état de mensonge permanent.
Autre considération, si on additionne tous les coûts externes de la voiture liés à son usage en Europe (accidents,
bruit, pollution de l’air, dommages aux sols, aux forêts…) on obtient un chiffre colossal : 373 milliards d’euros par
an, soit 3% du PIB de l’UE.
On peut se poser la question du véhicule électrique et constater la
lenteur de son démarrage dans le monde. En 2011 aux Etats Unis,
275 000 véhicules hybrides ont été vendus, soit 0.1% du parc
automobile. L’organisme de crédit Cetelem a réalisé une étude au sujet
de l’impopularité des véhicules électrique en 2012 et il semblerait que
les barrières à l’achat seraient son prix et le manque d’autonomie. 55%
des personnes interrogées déclarent ne pas envisager d’acheter un
véhicule électrique si ce dernier n’atteint pas 250 km d’autonomie. En
Allemagne et en France, cette opinion est partagée par 70% et 71% des individus questionnés. Or si on prend en
compte la réalité des faits et non l’autonomie annoncée par les constructeurs dont les limites ont été vues plus
haut, l’autonomie des véhicules va de 80km à 100km, soit bien en deçà du besoin des automobilistes. Est-ce
cependant un besoin objectif ? Si on regarde l’usage moyen d’un automobiliste en France, on constatera que le
conducteur ne parcours pas plus de 17.4 km par jour (données estimées par le Service de l’Observation des
statistiques du ministre des Transports en 2010)… A la suite d’Ivan illich, le philosophe Jean Pierre Dupuy nous
livre un calcul provocateur : compte tenu du temps que nous passons à gagner de quoi nous payer une voiture
et le carburant qui la fait avancer, les autos roulent moins vite que les bicyclettes. Ce même philosophe introduit
également l’idée du « temps social » que coûte chaque jour une voiture à son utilisateur. Il l’évalue à trois ou
quatre heures par jour. De ce point de vue, même si la voiture est rapide, compte tenu de son coût et de nos
rémunérations moyennes, l’auto ne nous fait pas gagner du temps, au contraire elle nous en fait perdre.
« L’usage moyen
d’une automobile en
France est de 17.4
km par jour. »