Le lien entre territoire et politique éducative est le plus souvent analysé dans le cadre des « zones
d’éducation prioritaires ». Nous proposons ici de déterminer en quoi l’offre éducative peut affecter le
parcours scolaires des jeunes ruraux. Ceux-ci semblent privilégier des études plus courtes et des
filières plus professionnelles que ceux des pôles urbains (étude du Céreq, 2001). Ces différences
peuvent être expliquées à la fois par l’environnement socio-économique et familial mais également par
l’offre éducative. Il paraît a priori difficile de dissocier l’effet propre de cette offre éducative de
l’ensemble des facteurs d’environnement. La politique d’offre éducative est menée à des niveaux
territoriaux géographiquement définis (carte scolaire pour les collèges et les lycées, à l’échelle de
l’université pour le supérieur) ce qui peut nous permettre de distinguer l’effet de ces deux types de
facteurs dans les décisions d’orientations scolaires et professionnelles des jeunes ruraux.
Les politiques d’emploi offrent un second domaine d’application. La fusion des services de l’anpe et
de l’unedic en 2009 a conduit à la mise en place de guichets uniques : les pôles emploi. Le niveau
d’accessibilité à ce service dépend de différents critères et notamment de la distance géographique et
du nombre de dossiers traités par conseiller. La localisation résidentielle du demandeur d’emploi va
donc potentiellement influencer son recours aux services de pôle emploi et donc ses chances de retour
à l’emploi. Ce travail pourra permettre de mobiliser, mais également de questionner la validité, des
méthodes de discontinuités géographiques (Duranton et al., 2011). Cette recherche présente l’intérêt
d’une analyse des effets spatialisés, appliqués aux espaces ruraux, d’une politique sectorielle qui ne
poursuit pas, de façon explicite, d’objectifs territoriaux. Elle devrait permettre la mise au point de
méthodes d’évaluation adaptées aux questions de localisation des services de proximité dans différents
domaines.
Efficacité comparée des dispositifs territorialisés d’aide au développement rural
Depuis le milieu des années 1990, deux dispositifs de développement rural principaux sont mis en
œuvre en suivant des logiques d’intervention différentes. Les programmes européens de
développement rural (Objectif 5b puis objectif 2, LEADER) visent à accroitre le développement des
zones rurales par l'intermédiaire de subventions publiques à l'investissement (public ou privé) alors
que les zones de revitalisation rurale (ZRR) visent à accroitre l'activité économique par des incitations
fiscales destinées à des zones très peu denses. Ces deux politiques peuvent avoir deux effets : créer, à
proprement parler, de l'activité dans les zones bénéficiaires et/ou déplacer des activités vers ces mêmes
zones. Nous souhaitons comparer l'efficacité des deux politiques à l'aide d'une approche multi-
dispositifs (Frölich, 2004) en exploitant le fait que celles-ci sont mises en œuvre simultanément et sur
des zones qui ne se recoupent pas complètement. Dans ce cadre, il sera nécessaire de prendre en
compte, à l'aide des discontinuités spatiales, les interactions possibles entre zones pour distinguer
correctement les effets de la politique sur les zones bénéficiaires, des effets de déplacement de
l'activité (Mayer et al., 2011). Cette dernière application propose d’exploiter la territorialisation des
politiques de développement rural pour mesurer l’efficacité de deux dispositifs visant au même
objectif mais avec des outils différents (incitations fiscales vs subvention publique à l’investissement).
Directeur de thèse :
Francis Aubert
UMR CESAER, INRA
26 Bd Dr Petitjean, BP 87999, 21000 Dijon.
Co-encadrement :
Lionel Védrine,
UMR CESAER, INRA
03-80-77-23-39
lionel.vedrine@dijon.inra.fr