LE LOGOS D’HÉRACLITE
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une traduction du mot. Sur l’ensemble de l’œuvre
d’Héraclite qui nous reste il existe dix fragments où
le logos est cité 4.
4. F. Heidsieck qui a consacré une étude au logos
héraclitéen (« Observations concernant legein et logos chez
Héraclite », in Philosophie du Langage et Grammaire dans
l’Antiquité, Cahiers de Philosophie Ancienne, 5/Cahiers du
Groupe de Recherches sur la Philosophie et le Langage, 5 et
7, Bruxelles-Grenoble, pp. 47-56) ne retient que neuf
fragments au lieu des dix que je propose. À l’instar de
J. Bollack (Héraclite ou la séparation, Paris, 1972, p. 229) et
M. Conche (Héraclite, Fragments, texte établi, traduit, com-
menté, Paris, 1986, p. 65), il écarte le fragment 72. J. Bollack
et M. Conche proposent une explication que F. Heidsieck
reprend à son compte : les mots suivant du fragment λόγω τω̃
τὰ ‛
ό λα διοικου̃ντι (le logos qui gouverne l’ensemble des
choses) n’appartiendraient pas à Héraclite mais seraient une
glose du citateur stoïcien Marc-Aurèle. En fait, Héraclite
n’aurait pas pu parler, avant la lettre, à la manière stoïcienne.
Ces mots ne doivent donc pas être retenus. D’autres commen-
tateurs, comme par exemple Diels, Reinhardt et Nestle consi-
dèrent, en revanche, que cette phrase appartient bel et bien à
Héraclite. C. Ramnoux (Héraclite ou l’homme entre les
choses et les mots, Paris, 1968, p. 213) émet, à ce sujet, une
suggestion qui semble légitime et que je retiendrai. Héraclite
aurait fait un rapprochement entre le logos dont il est question
au fragment 72 et la gnômê dont il est question au frag-
ment 41 : l’un et l’autre gouvernent. Le rapprochement serait
à mettre sous sa responsabilité, mais n’est pas forcément sans
valeur ». J’irai personnellement jusqu’à établir un rapproche-
ment entre les fragments 72, 41 et le fragment 64 où il est dit