A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille
Sciences économiques & sociales
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Enfin, comme la valeur ajoutée est la source de tous les revenus, le PIB est nécessairement (…) un agrégat de revenus. Il peut être obtenu comme la somme des
revenus primaires distribués par les unités résidentes : rémunérations des salariés, excédent brute d’exploitation et revenu mixte, impôts sur la production
moins subvention.
J.P. Piriou, La comptabilité nationale, La Découverte, 2008
Questions :
1. A quelle condition une production est-elle prise en compte par la comptabilité nationale dans le calcul du PIB ?
2. Quelle différence faîtes vous entre production marchande et production non marchande ?
3. La production non marchande est-elle prise en compte dans le PIB ?
4. Complétez le schéma ci-dessous en essayant de traduire les optiques décrites dans le texte en formule de calcul :
2. Quelles sont les limites du PIB en tant qu’indicateur économique ?
Exercice 2 – Ce que le PIB mesure mal ou pas du tout
Document 1 - Louis Maurin, Alternatives économiques n° 143, décembre 1996
En gros, comme l’a montré Jean-Charles Willard, l’économie souterraine peut se décomposer en trois secteurs. Tout d’abord, une activité productive, mais
illicite : le commerce de drogue, le proxénétisme, etc. Cette part échappe complètement aux comptables nationaux qui ne tentent pas de l’évaluer. Il existe
ensuite tout un pan de l’économie où l’activité est légale, mais non déclarée. Soit parce que les entreprises elles-mêmes ne sont pas déclarées : du peintre
amateur qui offre ses services pour l’appartement du voisin aux ateliers clandestins organisés : on parle alors de travail au noir. Soit parce que l’entreprise est
enregistrée, mais qu’elle ne déclare pas l’ensemble de son activité : il s’agit de fraude fiscale. Les comptables nationaux redressent les statistiques de base pour
tenir compte de cette économie souterraine. L’Insee l’estime à 4% du PIB.
Document 2 - Delphine Roy, Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010, Insee Première n°1423, novembre 2012
Pour évaluer la valeur du travail domestique, par exemple pour la comparer au produit intérieur brut du pays sur la même période, il faut pouvoir attribuer un
prix à ces heures de travail. Ce prix ne peut être que fictif puisque les heures de travail ne reposent pas sur une transaction marchande. Une première solution
consiste à leur imputer la rémunération minimale qu’aurait touchée une personne employée à cette tâche et donc de les valoriser au Smic net (6,95 euros de
l’heure au 1er janvier 2010). (…)
Une autre solution consiste à considérer ce qu’il aurait fallu payer pour faire réaliser ce travail, et ainsi retenir un coût horaire qui inclut les cotisations salariales
et patronales qu’il aurait alors fallu verser (tout en tenant compte des allégements de cotisations sociales). On peut, là encore, choisir le coût horaire d’un salarié
payé au Smic (méthode dite du « substitut généraliste »), ou bien prendre, pour chaque tâche domestique, le coût horaire moyen d’une personne exerçant la
profession à laquelle il faudrait recourir (méthode du « substitut spécialisé »). Une heure de garde d’enfant est alors valorisée au coût horaire moyen d’une
assistante maternelle, une heure de ménage à celui d’une femme de ménage, etc. (…) Avec le périmètre restreint et valorisé au Smic net, la valeur du travail
domestique atteint 292 milliards d’euros en 2010, soit 15 % du PIB (tableau 4). À titre de comparaison, il s’agit de l’ordre de grandeur de la part dans la valeur
ajoutée de l’industrie manufacturière en France (13 %). Avec le périmètre intermédiaire et une valorisation au Smic super-brut, soit une évaluation
intermédiaire sur tous les plans, on atteint un tiers du PIB. (…)
Le rapport Stiglitz souligne que la mesure de la production domestique permet des comparaisons entre pays plus pertinentes du point de vue des niveaux de vie
que celle du PIB par habitant. Un pays où la production des ménages pour eux-mêmes est importante peut avoir un PIB moins élevé qu’un autre, où davantage
de biens et services passent par le marché, alors que les ménages ont la même consommation, si l’on prend en compte celle de leur propre production.
Document 3 - CAE, Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité. Paris 2010
Les estimations actuelles des services ne sont pas satisfaisantes, notamment en ce qui concerne les services publics comme la santé et l’éducation. Les
statisticiens s’en remettent d’ordinaire au coût des facteurs de production comme le revenu des médecins, infirmiers et enseignants qui sont inférieurs aux prix
de marché. De plus, cette méthodologie ignore l’amélioration de la qualité des services publics, une faiblesse d’autant plus problématique vu leur poids
substantiel dans le PIB (18 % en France et 19,6 % en Allemagne en 2009), et leur accroissement régulier dans les économies contemporaines. Surtout, ces
difficultés empêchent d’élaborer des comparaisons internationales. Si par exemple, un pays a opté pour la fourniture de la plupart de ses services de santé via le
secteur public, et si ceux-ci sont sous-estimés par la méthode d’évaluation susmentionnée, ce pays semblera moins riche qu’un autre dont les mêmes services
sont fournis par le secteur privé et évalués à leur prix courant.
Document 4 - Manuel Hachette – Doc 2 – p16 et Doc 3 p17
Document 5 – M. Clerc, M. Gaini, D. Blanchet, Les préconisations du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi : quelques illustrations, Insee 2010
En termes de PIB par habitant, les principaux pays européens et le Japon se situent environ 25% en dessous du niveau observé aux États-Unis. Et l’Irlande est
presque au niveau des États-Unis (données 2008). Mais comme le rappelle le rapport, le PIB est un indicateur d’activité économique, plutôt qu’un indicateur de
niveau de vie. D’autres données de comptabilité nationale sont plus appropriées pour mesurer les composantes monétaires du niveau de vie. Ainsi, si l’on
retient les revenus qui reviennent effectivement aux ménages, et si on leur ajoute les dépenses publiques d’éducation, de santé (etc.) qui leur bénéficient
directement (pour obtenir le revenu disponible ajusté), la France remonte devant l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie et le Japon, et fait jeu égal avec le Royaume-Uni
(données 2007). Si on retient la consommation effective comme indicateur de niveau de vie, on a d’autres résultats. Dans le cas de la France, ce qui est gagné en
considérant le revenu disponible ajusté est reperdu en passant à la consommation finale effective, mais c'est la conséquence d'un taux d'épargne des ménages
plus important.
Document 6 – D. Méda, et J. Gadrey, Alternatives Economiques n° 300 - mars 2011
D'une manière générale, tout ce qui peut se produire et se vendre avec une valeur ajoutée monétaire va gonfler le PIB et la croissance, que ce soit ou non
bénéfique au bien-être individuel et collectif. Ainsi la destruction organisée des forêts tropicales pour y planter du soja transgénique ou des végétaux destinés
aux agro-carburants est bonne pour le PIB des pays concernés et pour le PIB mondial. Peu importe que ce soit une catastrophe écologique et que les peuples
indigènes soient chassés manu militari. (…)Il en va de même dans les cas où le PIB augmente du fait d'activités qui consistent à réparer des dégâts commis par
d'autres activités (qui, elles aussi, avaient gonflé le PIB) : par exemple, les opérations de dépollution.
PIB sous l’angle de
l’activité
PIB sous l’angle des
produits
PIB sous l’angle des
revenus