Avant-propos
Notre modèle énergétique émet bien trop de gaz à effet de serre. Il est incompatible avec la
stabilité du climat. Pour y remédier, il y a deux grands leviers. D’abord réduire la
consommation d’énergie. C’est un triple enjeu, économique, social et écologique. Cela
permettra de faire baisser notre déficit commercial, de prémunir ménages et entreprises de la
flambée du prix de l’énergie, et de diminuer nos émissions. Ensuite, il faut décarboner
l’énergie : réduire la part du pétrole, du gaz et du charbon. La transition énergétique touche
ainsi tous les domaines : agriculture, industrie, transport, chauffage… Elle constitue une
politique d’ensemble, car l’énergie est au cœur de notre société.
Compte tenu des enjeux, la Conférence environnementale avait posé, dès l’automne 2012, le
principe d’un Débat ouvert et citoyen, pour construire un projet de société autour de nouveaux
modes de vie sobres et efficaces en énergie. Il est alors apparu que la qualité du dialogue entre
les acteurs dépendrait crucialement des conditions dans lesquelles ils ont accès à une expertise
pertinente, permettant une réflexion informée et argumentée. C’est dans cette perspective que
j’ai accepté la présidence de son groupe d’experts, qui avait pour mission de porter un avis sur
les documents servant de base au débat, et analyser les trajectoires.
Ainsi, dans le cadre du « DNTE », les grands enjeux de la transition énergétique ont tous été
abordés de manière sérieuse et documentée. Il suffit, pour s’en convaincre de lire les centaines
de page des annexes du rapport de synthèse et des études fournies par les experts. Comment
maîtriser la facture d’énergie (par une baisse de la consommation), comment développer les
énergies renouvelables, comment décentraliser notre politique énergétique alors qu’elle
s’inscrit dans un cadre européen ? Sur ces trois sujets, quels financements mettre en place ?
Les orientations fournies par le débat et les mesures proposées sont claires, même si elles
restent à préciser dans certains cas, et appellent encore beaucoup de pédagogie, notamment
pour que soit pleinement prise la mesure de la nécessité de préparer tôt notre avenir en ce
domaine, en établissant, dès maintenant, un cadre d’action pour les décennies à venir.
Le souci d’expliciter les trajectoires, d’en rendre transparentes les hypothèses, a
incontestablement servi le débat, même s’il n’a pas été possible de dégager un consensus sur
un scénario précis. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? A cet égard, il ne faut pas
sous-estimer d’ailleurs que, qualitativement, un diagnostic consensuel tend à émerger, y
compris sur l’enjeu que représente la réduction de la consommation d’énergie.
Pour permettre la construction d’une vision partagée de la stratégie à mettre en œuvre,
l’évaluation des grandes familles de trajectoires envisageables devra se poursuivre, pour
éclairer le Gouvernement et le Parlement sur l’économie de chacune d’elles, et permettre ainsi
que les choix soient posés en « pleine lumière » de leurs enjeux, sans sous-estimer,
notamment, les retours sur investissement des stratégies d’efficacité énergétique. Dans cette
perspective, les contributions des différents membres du CEDD à ce rapport sont précieuses,
notamment pour que l’expertise soit mobilisée au meilleur niveau de l’état de l’Art, au service
de l’intérêt général.
Alain Grandjean
Président du groupe d’experts du
Débat national sur la transition énergétique