ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT Année 2015 LES VIROSES ET PARASITOSES DU FURET THÈSE Pour le DOCTORAT VÉTÉRINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL le…………… par Pauline BIDANEL Née le 19 septembre 1990 à Châtenay-Malabry (Hauts-De-Seine) JURY Président : Pr. Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL Membres Directeur : Dr Le Poder Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort Assesseur : Dr Polack Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur GOGNY Marc Directeurs honoraires : MM. les Professeurs : COTARD Jean-Pierre, MIALOT Jean-Paul, MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard. Professeurs honoraires : Mme et MM. : BENET Jean-Jacques, BRUGERE Henri, BRUGERE-PICOUX Jeanne, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CHERMETTE René, CLERC Bernard, CRESPEAU François, M. COURREAU Jean-François, DEPUTTE Bertrand, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, POUCHELON Jean-Louis, ROZIER Jacques. DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. GRANDJEAN Dominique, Professeur - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur UNITE DE CARDIOLOGIE - Mme CHETBOUL Valérie, Professeur * - Mme GKOUNI Vassiliki, Praticien hospitalier - Mme SECHI-TREHIOU Emilie, Praticien hospitalier DISCIPLINE : NUTRITION-ALIMENTATION - M. PARAGON Bernard, Professeur DISCIPLINE : OPHTALMOLOGIE - Mme CHAHORY Sabine, Maître de conférences UNITE DE CLINIQUE EQUINE - M. AUDIGIE Fabrice, Professeur - Mme BERTONI Lélia, Maître de conférences contractuel - Mme BOURZAC Céline, Maître de conférences contractuel - M. DENOIX Jean-Marie, Professeur - Mme GIRAUDET Aude, Praticien hospitalier * - Mme MESPOULHES-RIVIERE Céline, Praticien hospitalier - Mme TRACHSEL Dagmar, Praticien hospitalier UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES - M. BLAGA Radu Gheorghe, Maître de conférences (rattaché au DPASP) - Mme COCHET-FAIVRE Noëlle, Praticien hospitalier - M. GUILLOT Jacques, Professeur * - Mme MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences - M. POLACK Bruno, Maître de conférences - Mme RISCO CASTILLO Véronica, Maître de conférences (rattachée au DSBP) UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE - M. FAYOLLE Pascal, Professeur - M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences - M. MANASSERO Mathieu, Maître de conférences - M. MOISSONNIER Pierre, Professeur - Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Professeur * - M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de conférences UNITE D’IMAGERIE MEDICALE - Mme PEY Pascaline, Maître de conférences contractuel - Mme STAMBOULI Fouzia, Praticien hospitalier UNITE DE MEDECINE - M. AGUILAR Pablo, Praticien hospitalier - Mme BENCHEKROUN Ghita, Maître de conférences - M. BLOT Stéphane, Professeur* - M. CAMPOS Miguel, Maître de conférences associé - Mme FREICHE-LEGROS Valérie, Praticien hospitalier - Mme MAUREY-GUENEC Christelle, Maître de conférences DISCIPLINE : URGENCE SOINS INTENSIFS - Mme STEBLAJ Barbara, Praticien Hospitalier DISCIPLINE : NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE - M. PIGNON Charly, Praticien hospitalier UNITE DE MEDECINE DE L’ELEVAGE ET DU SPORT - Mme CLERO Delphine, Maître de conférences contractuel - M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences - M. GRANDJEAN Dominique, Professeur * - Mme MAENHOUDT Cindy, Praticien hospitalier - M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. MILLEMANN Yves, Professeur - Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Professeur UNITE D’HYGIENE QUALITE ET SECURITE DES ALIMENTS - M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Professeur - M. BOLNOT François, Maître de conférences * - M. CARLIER Vincent, Professeur UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE - Mme CONSTANT Fabienne, Maître de conférences* - M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences (rattaché au DEPEC) - Mme MASSE-MOREL Gaëlle, Maître de conférences contractuel - M. MAUFFRE Vincent, Assistant d’enseignement et de recherche contractuel - Mme EL BAY Sarah, Praticien hospitalier UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES - Mme DUFOUR Barbara, Professeur* - Mme HADDAD/HOANG-XUAN Nadia, Professeur - Mme PRAUD Anne, Maître de conférences - Mme RIVIERE Julie, Maître de conférences contractuel UNITE DE PATHOLOGIE DES ANIMAUX DE PRODUCTION - M. ADJOU Karim, Maître de conférences * - M. BELBIS Guillaume, Assistant d’enseignement et de recherche contractuel - M. MILLEMANN Yves, Professeur - Mme RAVARY-PLUMIOEN Bérangère, Maître de conférences - Mme ROUANNE Sophie, Praticien hospitalier UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE - M. ARNE Pascal, Maître de conférences - M. BOSSE Philippe, Professeur* - Mme DE PAULA REIS Alline, Maître de conférences contractuel - Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Professeur - Mme LEROY-BARASSIN Isabelle, Maître de conférences - M. PONTER Andrew, Professeur - Mme WOLGUST Valérie, Praticien hospitalier DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : M. CHATEAU Henry, Professeur - Adjoint : Mme PILOT-STORCK Fanny, Maître de conférences UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES - M. CHATEAU Henry, Professeur* - Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur - M. DEGUEURCE Christophe, Professeur - Mme ROBERT Céline, Maître de conférences UNITE D’HISTOLOGIE, ANATOMIE PATHOLOGIQUE - Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences* - M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur - Mme LALOY Eve, Maître de conférences contractuel - M. REYES GOMEZ Edouard, Maître de conférences UNITE DE BACTERIOGOLIE, IMMUNOLOGIE, VIROLOGIE - M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur* - Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences - Mme LE ROUX Delphine, Maître de conférences - Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur UNITE DE MANAGEMENT, COMMUNICATION, OUTILS SCIENTIFIQUES - Mme CONAN Muriel, Professeur certifié (Anglais) - M. DESQUILBET Loïc, Maître de conférences (Biostatistiques, épidémiologie)* - Mme FOURNEL Christelle, Maître de conférences contractuel (Gestion et management) UNITE DE BIOCHIMIE - M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences* - Mme LAGRANGE Isabelle, Praticien hospitalier - M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE - Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur - M. PERROT Sébastien, Maître de conférences - M. TISSIER Renaud, Professeur* DISCIPLINE : EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE - M. PHILIPS Pascal, Professeur certifié UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE - Mme COMBRISSON Hélène, Professeur - Mme PILOT-STORCK Fanny, Maître de conférences - M. TIRET Laurent, Professeur * DISCIPLINE : ETHOLOGIE - Mme GILBERT Caroline, Maître de conférences UNITE DE GENETIQUE MEDICALE ET MOLECULAIRE - Mme ABITBOL Marie, Maître de conférences - M. PANTHIER Jean-Jacques, Professeur* * responsable d’unité REMERCIEMENTS Au Professeur à la Faculté de Médecine de Créteil qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de ce jury de thèse, hommage respectueux. Au Docteur Sophie LePoder, qui m’a fait l’honneur d’accepter d’encadrer ce travail, sincères remerciements. Au Docteur Bruno Polack qui a accepté d’être l’assesseur de cette thèse, sincères remerciements. À mes parents, à qui je dois tout. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi depuis le début. Vous m’avez toujours soutenue, encouragée et accompagnée. Merci de m’avoir permis de réaliser mon rêve. A mes petits frères, Romain et Matthieu, pour votre présence à mes côtés tout au long de ces années. A mes grands-parents : toujours si accueillants et bienveillants. A tout le reste de la famille, pour votre gentillesse. C’est toujours un plaisir de vous voir. A Nam Son, pour tout ce que l’on a vécu ensemble, et tout ce qu’il nous reste à vivre. Merci d’être toujours là pour moi, de me soutenir et de m’encourager en toutes circonstances. A Anne-Laure, Julie et Mathieu. Je n’aurai pu espérer meilleur groupe de clinique. Merci pour votre enthousiasme, votre motivation et pour tous ces bons moments passés ensemble. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. A mon ancienne, Anne-Claire, pour avoir veillé sur moi pendant ces cinq années. A tous mes amis d’enfance, du Lycée ou de l’Ecole, merci pour tout. Vous comptez énormément pour moi. TABLE DES MATIERES LISTE DES ABREVIATIONS ........................................................................................................................................................... 5 LISTE DES FIGURES...................................................................................................................................................................... 7 INTRODUCTION ........................................................................................................................................................................ 13 LES VIROSES DU FURET............................................................................................................................................................. 15 I. VIRUS A TROPISME DIGESTIF....................................................................................................................................................... 17 1. Entérite à Rotavirus................................................................................................................................................... 17 1.1. Etiologie .................................................................................................................................................................... 17 1.2. Transmission et épidémiologie.................................................................................................................................. 18 1.3. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 18 1.4. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 19 1.5. Traitement et prévention .......................................................................................................................................... 20 2. Hépatite E.................................................................................................................................................................. 20 3. Entérite catarrhale épizootique (Coronavirus) .......................................................................................................... 21 3.1. Généralités ................................................................................................................................................................ 21 3.2. Etiologie .................................................................................................................................................................... 21 3.3. Épidémiologie............................................................................................................................................................ 22 3.4. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 22 3.5. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 22 3.6. Lésions....................................................................................................................................................................... 23 3.7. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 25 3.8. Traitement................................................................................................................................................................. 26 3.9. Prévention ................................................................................................................................................................. 26 II. VIROSES SYSTEMIQUES.............................................................................................................................................................. 26 1. Coronavirus systémique ............................................................................................................................................ 26 1.1. Généralités ................................................................................................................................................................ 26 1.2. Epidémiologie............................................................................................................................................................ 26 1.3. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 27 1.4. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 27 1.5. Lésions....................................................................................................................................................................... 27 1.6. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 30 1.7. Traitement................................................................................................................................................................. 31 1.8. Prévention ................................................................................................................................................................. 32 2. Maladie de Carré (Paramyxovirus)............................................................................................................................ 32 2.1. Généralités ................................................................................................................................................................ 32 1 2.2. Etiologie .................................................................................................................................................................... 32 2.3. Épidémiologie............................................................................................................................................................ 33 2.4. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 33 2.5. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 34 2.6. Lésions....................................................................................................................................................................... 35 2.7. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 36 2.8. Pronostic et traitement ............................................................................................................................................. 37 2.9. Prévention ................................................................................................................................................................. 37 3. La maladie aléoutienne (Parvovirus)......................................................................................................................... 38 3.1. Etiologie .................................................................................................................................................................... 38 3.2. Transmission et épidémiologie.................................................................................................................................. 39 3.3. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 39 3.4. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 40 3.5. Lésions....................................................................................................................................................................... 40 3.6. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 41 3.7. Traitement et prévention .......................................................................................................................................... 42 4. Rougeole ................................................................................................................................................................... 43 III. VIROSES A TROPISME RESPIRATOIRE............................................................................................................................................. 43 1. La Grippe (Influenzavirus), Orthomyxovirus.............................................................................................................. 43 1.1. Généralités ................................................................................................................................................................ 43 1.2. Etiologie .................................................................................................................................................................... 43 1.3. Epidémiologie............................................................................................................................................................ 44 1.4. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 44 1.5. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 45 1.6. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 46 1.7. Traitement................................................................................................................................................................. 46 1.8. Pronostic ................................................................................................................................................................... 47 1.9. Prophylaxie................................................................................................................................................................ 47 2. Herpesvirus de l’IBR................................................................................................................................................... 47 2.1. Etiologie .................................................................................................................................................................... 47 2.2. Transmission et épidémiologie.................................................................................................................................. 48 2.3. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 48 2.4. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 48 2.5. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 49 2.6. Prévention ................................................................................................................................................................. 49 IV. VIROSES A TROPISME NEUROLOGIQUE.......................................................................................................................................... 49 1. Rage .......................................................................................................................................................................... 49 1.1. Le virus ...................................................................................................................................................................... 49 1.2. Transmission et épidémiologie.................................................................................................................................. 50 1.3. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 50 2 1.4. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 50 1.5. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 51 1.6. Traitement................................................................................................................................................................. 52 1.7. Prévention ................................................................................................................................................................. 52 2. Henipavirus ............................................................................................................................................................... 52 2.1. Les virus..................................................................................................................................................................... 52 2.2. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 53 2.3. Traitements et prévention......................................................................................................................................... 55 3. Le virus H5N1 ............................................................................................................................................................ 56 3.1. Le virus ...................................................................................................................................................................... 56 3.2. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 56 3.3. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 57 3.4. Traitement et prévention .......................................................................................................................................... 58 LES PARASITOSES DU FURET..................................................................................................................................................... 59 I. ................................................................................................................................................................................................... 59 I. PARASITES GASTRO-INTESTINAUX ................................................................................................................................................ 61 1. Coccidies.................................................................................................................................................................... 61 1.1. Les parasites et leur cycle évolutif............................................................................................................................. 61 1.2. Epidémiologie............................................................................................................................................................ 61 1.3. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 62 1.4. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 63 1.5. Traitement................................................................................................................................................................. 64 1.6. Prévention ................................................................................................................................................................. 64 2. Cryptosporidies.......................................................................................................................................................... 65 2.1. Les parasites et leur cycle.......................................................................................................................................... 65 2.2. Pathogénie et signes cliniques .................................................................................................................................. 66 2.3. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 66 2.4. Traitement................................................................................................................................................................. 67 2.5. Conséquences en santé publique vétérinaire ............................................................................................................ 67 3. Giardia duodenalis .................................................................................................................................................... 68 3.1. Conséquences en santé publique .............................................................................................................................. 69 4. Helminthes intestinaux.............................................................................................................................................. 69 4.1. Nématodes................................................................................................................................................................ 69 4.2. Cestodes .................................................................................................................................................................... 70 5. Pseudoparasitisme .................................................................................................................................................... 70 II. PARASITES A LOCALISATIONS MULTIPLES ....................................................................................................................................... 70 1. Toxoplasma gondii .................................................................................................................................................... 70 1.1. Le parasite et son cycle évolutif ................................................................................................................................ 71 1.2. Signes cliniques et lésions ......................................................................................................................................... 72 3 1.3. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 75 1.4. Traitement................................................................................................................................................................. 75 1.5. Prévention ................................................................................................................................................................. 75 1.6. Conséquence en santé publique vétérinaire.............................................................................................................. 75 2. Sarcocystis neurona .................................................................................................................................................. 76 III. PARASITES CARDIAQUES ET RESPIRATOIRES ................................................................................................................................... 77 1. Dirofilaria immitis...................................................................................................................................................... 77 1.1. Le parasite et son cycle évolutif ................................................................................................................................ 77 1.2. Pathogénie ................................................................................................................................................................ 78 1.3. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 78 1.4. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 78 1.5. Traitement et prévention .......................................................................................................................................... 81 1.6. Prévention ................................................................................................................................................................. 81 1.7. Conséquences en santé publique vétérinaire ............................................................................................................ 82 IV. PARASITES EXTERNES ................................................................................................................................................................ 82 1. Puces ......................................................................................................................................................................... 82 1.1. Etiologie et épidémiologie......................................................................................................................................... 82 1.2. Signes cliniques ......................................................................................................................................................... 82 1.3. Diagnostic ................................................................................................................................................................. 83 1.4. Traitement................................................................................................................................................................. 83 2. Agents de gales (Otodectes cynotis, Sarcoptes scabiei)............................................................................................ 83 2.1. Otocariose ................................................................................................................................................................. 84 2.2. Gale sarcoptique ....................................................................................................................................................... 85 2.3. La démodécie ............................................................................................................................................................ 86 2.4. Conséquences en santé publique vétérinaire ............................................................................................................ 87 3. Les tiques................................................................................................................................................................... 87 4. Les agents de myiases ............................................................................................................................................... 88 CONCLUSION ............................................................................................................................................................................ 89 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................................................ 91 4 LISTE DES ABREVIATIONS ABL : Australian Bat Lyssavirus ADN : Acide Désoxyribonucléique ADV : Aleutian Disease Virus ALKP : Alkaline Phosphatase ALT : Alanine aminotransférase AMM : Autorisation de mise sur le Marché ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ARN : Acide Ribonucléique AST : Aspartate aminotransférase BHV : Bovine Herpesvirus CDV : Canine Distemper Virus CIEP : Contre Immunoélectrophorèse CK : Créatinine Kinase EBLV : European Bat Lyssavirus ECE : Entérite Catarrhale Épizootique ELISA Enzyme-Linked Immunosorbent Assay FCoV : Feline Coronavirus FRECV : Ferret Enteritic Coronavirus FRSCV : Ferret Systemic Coronavirus FSCD : Ferret Systemic Coronaviral Disease GGT : Gamma Glutamyl Transpeptidase HEV : Hepatitis E Virus IBR : Infectious Bovine Rhinotracheitis IgG : Immunoglobuline G IgE : Immunoglobuline E IM : Intra Musculaire NK : Natural Killer ORF : Open Reading Frame PIF : Péritonite Infectieuse Féline PCR : Polymerase Chain Reaction PO : Per Os 5 RNP : Ribonucléoprotéine RREID : Rapid Rabies Enzyme Immuno Diagnosis RT-PCR : Reverse Transcriptase Polymerase Chain Reaction SLAM : Signaling Lymphocytic Activation Molecule UI : Unité internationale UV : Ultraviolets VHE : Virus de l’Hépatite E 6 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Rotavirus dans la vacuole apicale d'une cellule épithéliale d'intestin grêle de furet en microscopie électronique (Wise et al., 2009) .......................................................................................................................17 Figure 2 : Arbre phylogénétique basé sur la séquence d'acides aminés de la protéine VP6 des Rotavirus des groupes A et C (Wise et al., 2009) ...................................................................................................................18 Figure 3 : Furetons atteints de rotavirose, présentant une maigreur, une déshydratation et une distension abdominale (Wise et al., 2009) ........................................................................................................................19 Figure 4 : Villosités de l’intestin grêle d'un furet atteint de rotavirose en microscopie optique. Dégénérescence des cellules épithéliales au sommet des villosités et desquamation de ces cellules dans la lumière intestinale (Wise et al., 2009) .............................................................................................................19 Figure 5 : Virion de FRECV en microscopie électronique à transmission. La barre d’échelle mesure 72 nm. (Williams et al, 2000).......................................................................................................................................21 Figure 6 : Fèces de furets atteints d'ECE. (A) : fèces de couleur vert-vif avec beaucoup de mucus lors de la phase aiguë de l’infection (Fox et Marini, 2014) ; (B) : fèces d’aspect granuleux lors de la phase chronique de l’infection (Williams et al., 2000) ...............................................................................................................23 Figure 7 : Jéjunum d’un furet atteint d'ECE aiguë, en microscopie optique. Présence d’une dégénérescence vacuolaire des entérocytes (flèches longues) et de lymphocytes intraépithéliaux (flèches courtes). La barre d’échelle mesure 70 µm. (Williams et al., 2000) .............................................................................................23 Figure 8 : Jéjunum d’un furet atteint d'ECE chronique, en microscopie optique, avec une fusion des villosités (flèches) et une entérite lymphocytaire marquée provoquant un épaississement de la lamina propria. (Williams et al, 2000) ........................................................................................................................24 Figure 9 : Jéjunum de furet atteint d'ECE en microscopie optique. Détection des antigènes d'Alphacoronavirus par immunohistochimie (en rouge) (A) et de l'ARN viral par hybridation in situ (en bleu) (B), (Wise et al., 2006)............................................................................................................................24 Figure 10 : Entérocytes apicaux du jéjunum d'un furet atteint d'ECE, en microscopie électronique. Présence de virions de FRECV dans des vacuoles cytoplasmiques (flèches). La barre d’échelle mesure 1 µm (Williams et al., 2000)......................................................................................................................................25 Figure 11 : Péritonite granulomateuse chez un furet atteint de FSCD. Présence de nodules multifocaux blancs à bruns, irréguliers sur la surface séreuse (flèches noires) et dans le nœud lymphatique de taille augmentée (flèche blanche). (Murray et al., 2010) .........................................................................................28 7 Figure 12 : Hépatite fibrineuse et granulomateuse chez un furet atteint de FSCD. Présence de mèches de fibrine sur la capsule hépatique (flèche blanche) et de nodules blancs au niveau de la séreuse et du parenchyme (flèches noires). (Murray et al., 2010) ........................................................................................28 Figure 13 : Coupe histologique en microscopie optique du jéjunum d’un furet atteint de FSCD avec une péritonite granulomateuse. L’astérisque indique la lumière du jéjunum en coupe transversale et les flèches noires indiquent la réaction granulomateuse autour du jéjunum et s’étendant au mésentère (Murray et al., 2010) ................................................................................................................................................................29 Figure 14 : Réaction granulomateuse autour d'un vaisseau sanguin en coupe histologique (l’astérisque indique la lumière du vaisseau). L’immunohistochimie révèle les antigènes viraux colorés en rouges dans les macrophages (flèches noires) (Murray et al., 2010)..................................................................................30 Figure 15 : Virion de Morbillivirus en microscopie électronique (http://upload.wikimedia.org/wikipedia/ commons/thumb/6/62/Measles_virus.JPG/250px-Measles_virus.JPG) ..........................................................33 Figure 16 : Dermatite inguinale chez un furet atteint de la maladie de Carré (Perpiñán et al., 2008) .........34 Figure 17 : Furets atteints de la maladie de Carré. (A) : Présence d’une dermatite croûteuse et d’exsudats purulents autour des yeux, de la bouche et des narines. (B) : Présence d’une dermatite croûteuse faciale sévère (Perpiñán et al., 2008)..........................................................................................................................35 Figure 18 : Furet atteint de la maladie de Carré présentant une hyperkératose et une dermatite crouteuse au niveau des coussinets plantaires. (Perpiñán et al., 2008) ...............................................................................35 Figure 19 : Poumon d’un furet atteint de la maladie de Carré et présentant une pneumonie interstitielle (Perpiñán et al., 2008) .....................................................................................................................................36 Figure 20 : Virions de Parvovirus en microscopie électronique. La barre d'échelle mesure 100 nm (Heegaard et Brown, 2002) .............................................................................................................................38 Figure 21 : Signes cliniques rencontrés lors de maladie aléoutienne. (A) : Amaigrissement ; (B) : Méléna (http://www.lepointveterinaire.fr/publications/le-point-veterinaire/article-canin/n-345/detection-du-virusde-la-maladie-aleoutienne-chez-29-furets-sains.html)....................................................................................40 Figure 22 : Foie d’un furet atteint de la maladie aléoutienne en microscopie optique avec une dilatation et une prolifération des canaux biliaires ainsi qu’une infiltration périportale par des cellules mononucléaires. (Wakimoto et al., 2000)....................................................................................................................................41 Figure 23 : Néphrite interstitielle lymphoplasmocytaire chez un furet atteint de la maladie aléoutienne. (Pennick et al., 2005) .......................................................................................................................................41 Figure 24 : Représentation schématique de la structure du virus de la grippe (http://www.chups.jussieu.fr/polys/viro/poly/viro.pdf) ....................................................................................44 Figure 25 : Coupe histologique de poumon de furet inoculé avec le virus H1N1 en microscopie optique. Présence d’un épaississement des septums alvéolaire et comblement des alvéoles par des neutrophiles, des érythrocytes, de la fibrine, de l’œdème et des débris cellulaires. (van den Brand et al., 2010)......................45 8 Figure 26 : Herpesvirus en microscopie électronique (source : site de l’université du Kentucky http://www2.ca.uky.edu/gluck/biblioehv1.asp) ................................................................................................48 Figure 27 : Virions de Rhabdovirus en microscopie électronique (http://www2.vetagro-sup.fr/etu/viruscanides/Rhabdo3.jpg) ......................................................................................................................................50 Figure 28 : Coupe histologique de cerveau d'un furet atteint de rage en microscopie optique. Présence de zones de prolifération astrocytaire et de gliose ainsi que des zones d’infiltration périvasculaire par des cellules mononuclées. (Hamir et al., 2011) .....................................................................................................51 Figure 29 : Structure des Henipavirus. (A) : Représentation schématique de la structure d'un Henipavirus. (B) : Virus Hendra en microscopie électronique. L’enveloppe virale est constituée d'une couche externe (flèche rouge) et d'une couche interne (flèche bleue). La flèche noire indique les protéines de la nucléocapside (Chua et al., 2000). ..................................................................................................................53 Figure 30 : Poumons d'un furet infecté par le virus Nipah, huit jours après l'inoculation (Bossart et al., 2009) ................................................................................................................................................................54 Figure 31 : Immunohistochimie sur des coupes d’organe d’un furet infecté par le virus Nipah. (A) : Coupe histologique de poumon. Présence d’une vascularite, d’une alvéolite nécrosante et d’antigènes dans des syncytiums (flèche longue) et dans la paroi des vaisseaux sanguins (flèche courte). (B) : Coupe histologique d’encéphale. Présence d’une méningite non suppurée et d’antigènes dans l’arachnoïde. (C) : Coupe histologique de rein. Présence d’antigènes dans le glomérule nécrotique et dans l’épithélium tubulaire ainsi que de syncytiums dans l’épithélium de la capsule de Bowman. (D) : Coupe histologique de tissus péritrachéaux. Présence d’antigènes dans les parois des vaisseaux sanguins et le syncytium (flèche). (Bossart et al., 2009) ..........................................................................................................................................................55 Figure 32 : Coupes histologiques de cerveaux de furets infectés expérimentalement par le virus H5N1. (A) : 5 jours post-infection par la souche HK/486, présence de nodules gliaux. (B) : 14 jours post-infection par la souche HK/486, présence de nodules gliaux. (C) : 14 jours post-infection par la souche HK/486, présence d’une infiltration péri vasculaire importante. (D) : Furet mort 9 jours post-infection, présence d’une neuronophagie. (Zitzow et al., 2002) ...............................................................................................................57 Figure 33 : Représentation schématique du cycle évolutif des coccidies du genre Eimeria et Isospora (d’après Bussiéras et Chermette, 1992)...........................................................................................................61 Figure 34 : Coupe histologie de jéjunum d'un furet atteint de coccidiose et présentant des signes de maladie intestinale en microscopie optique. Présence d’une atrophie et d’une fusion des villosités intestinales ainsi que d’une infiltration de la lamina propria par des cellules lymphocytaires et plasmatiques. La barre d’échelle mesure 250 µm (Sledge et al., 2011)................................................................................................63 Figure 35 : Coupe histologique du jéjunum d'un furet atteint de coccidiose, en microscopie optique. Cellules épithéliales des villosités intestinales contenant des coccidies à différents stades : mérontes (Me) contenant 9 8 à 12 mérozoïtes, microgamètes (Ma) et Oocystes (O). La barre d’échelle mesure 20 µm (Sledge et al., 2011) ................................................................................................................................................................63 Figure 36 : Oocystes de coccidies dans les fèces d’un furet avec la méthode de flottation à l’objectif x100. (a) : Eimeria furonis (14.2 × 12.8 µm) ; (b) : Eimeria ictidea (24.6 × 17.5 µm) ; (c) : Isospora laidlawi (36.9 × 29.8 µm); (d) : Espèce non identifiée d’Isospora (22.8 × 17. (Pantchev et al., 2011) ................................64 Figure 37 : Représentation schématique du cycle évolutif de Cryptosporidium sp. (d’après Bussiéras et Chermette, 1992)..............................................................................................................................................66 Figure 38 : Oocystes de cryptosporidies sur un étalement de fèces avec une coloration de Ziehl-Neelsen modifiée, en microscopie optique. Les kystes mesurent entre 4 et 7 µm de diamètre (Carpenter et Quesenberry, 2012)..........................................................................................................................................67 Figure 39 : Trophozoïtes de Giardia duodenalis dans une coproscopie, en microscopie optique. (http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/giardiose/site/html/iconographie.html).....................68 Figure 40 : Kystes de Giardia duodenalis dans une coproscopie, en microscopie optique. (http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/giardiose/site/html/iconographie.html).....................68 Figure 41 : Représentation schématique du cycle évolutif de Toxoplasma gondii (d’après Bussiéras et Chermette, 1992)..............................................................................................................................................71 Figure 42 : Coupe histologique du cerveau d’un vison contenant des bradyzoïtes de Toxoplasma gondii enkystés dans des cellules gliales (flèches). La barre d’échelle mesure 20 µm. (Jones et al., 2006) .............72 Figure 43 : Coupe histologique de rétine d'un vison atteint de toxoplasmose, en microscopie optique. (A) : Rétine (R). Présence d’une infiltration lymphocytaire et d’une dégénérescence rétinienne. Sous la rétine on peut voir le tapetum lucidum (T) et la choroïde pigmentée (C). La barre d’échelle mesure 80 µm. (B) : Grossissement supérieur de la rétine de l’image (A). Présence de macrophages contenant des tachyzoïtes (flèches). La barre d’échelle mesure 25 µm. (Jones et al., 2006) ...................................................................73 Figure 44 : Hépatocyte contenant un kyste de Toxoplasma gondii chez un putois à pieds noirs en microscopie électronique à transmission. Les parois du kyste sont délimitées par les flèches. La barre d’échelle mesure 1 µm. (Burns et al, 2003).....................................................................................................74 Figure 45 : Coupe histologique au niveau de la moelle épinière lombo-sacrée d’un putois à pieds noirs atteint de toxoplasmose chronique. Présence d’une leucomyélite non suppurée avec des kystes de Toxoplasma goondi intra-lésionnels. La barre d’échelle mesure 100 µm. (Burns et al., 2003).....................74 Figure 46 : Coupe histologique de muqueuse nasale en microscopie optique. Des schizontes de S. neurona sont visibles dans les cellules épithéliales de la surface de la muqueuse (flèches). (Britton et al, 2010).......76 Figure 47 : Représentation schématique du cycle évolutif de Dirofilaria immitis (d’après Bussiéras et Chermette, 1992)..............................................................................................................................................77 Figure 48 : Radiographies thoraciques en incidence dorso-ventrale d'un furet 16 semaines après inoculation par D. immitis (A) et 40 semaines après inoculation (B). (Supakorndej et al., 1995).................79 10 Figure 49 : Radiographies thoraciques en incidence dorso-ventrale (A) et latéro-latérale (B) avec produit de contraste d’un furet 40 jours après l’inoculation par D. immitis. Présence d’un élargissement de l’atrium droit et de la veine cave crâniale et de filaires visibles grâce au défaut de remplissage par le produit de contraste (flèches noires). (Supakorndej et al., 1995) .....................................................................................80 Figure 50 : Echocardiographie d'un furet atteint de dirofilariose. Présence de filaires (flèches blanches) qui apparaissent comme des lignes anormales hyperéchogènes dans l'atrium droit (RA) et le ventricule droit (RV). LV : ventricule gauche. (Sasai et al., 2000) ...........................................................................................80 Figure 51 : Vers adultes de Dirofilaria immitis dans le cœur droit d'un furet. (Powers, 2009). ....................81 Figure 52 : Puces en microscopie optique. (A) : Ctenocephalides canis ; (B) : Ctenocephalides felis (http://www2.vetagro-sup.fr/etu/DPN/parasites/puce.html)............................................................................82 Figure 53 : Conduit auditif gauche d'un furet atteint d'otocariose. Présence de cérumen brun en quantité modérée. (Powers, 2009) .................................................................................................................................84 Figure 54 : Otodectes cynotis sur étalement de cérumen de furet, en microscopie optique (A) : œufs ; (B) : adulte (Powers, 2009)......................................................................................................................................85 Figure 55 : (A) : Adulte de Sarcoptes scabiei en microscopie optique ; (B) : Œuf de Sarcoptes scabiei en microscopie optique. (http://www.esccap.fr/arthropodes/gale-sarcoptique-et-notoedrique.html) .................86 Figure 56 : Coupe histologie de peau de la zone péri-anale d’un furet femelle de 2 ans. Présence de larves de Demodex sp. (ds). (sb) : stratum basale, (h) : hair. (Martin et al., 2007) ..................................................87 Figure 57 : Infestation par des tiques sur l'oreille d'un furet (photographie du Dr. Christophe Bulliot) ......88 11 12 INTRODUCTION Le furet (Mustela putorius furo) est un petit carnivore appartenant à la famille des Mustélidés, à la sous famille des Mustélinés et au genre Mustela qui comprend également la belette, l’hermine et le vison. Son nom latin signifie « voleur (furo) malodorant (putorius) mangeur de souris (Mustela) ». Domestiqué depuis plus de 2000 ans, il a longtemps été utilisé pour chasser les rongeurs des habitations et pour la chasse aux lapins dans les terriers. Il est également élevé pour sa fourrure et utilisé comme animal de laboratoire. C’est aujourd’hui un animal de compagnie très apprécié, le troisième derrière le chien et le chat avec un effectif d’environ 300 000 en France (Vinke et Schoemaker, 2012). Les furets représentent donc une part importante de la patientèle des praticiens vétérinaires en milieu urbain avec des attentes de plus en plus grandes de la part des propriétaires. Les furets sont assez peu sujets aux maladies parasitaires, surtout lorsqu’ils vivent en intérieur. Par contre, ils sont sensibles à de nombreuses maladies virales dont certaines sont mortelles ou peuvent être des zoonoses. Il a été utilisé comme sujet d’étude pour de nombreuses infections virales, naturelles ou expérimentales, et notamment pour l’élaboration de vaccins. Nous présentons ici les données bibliographiques actuelles concernant les principales maladies virales et parasitaires qui peuvent affecter le furet en abordant surtout celles qui touchent le furet de manière naturelle et en évoquant brièvement certaines pour lesquelles le furet a été utilisé comme modèle d’étude. Les différentes maladies seront présentées selon leur tropisme : digestif, respiratoire, nerveux ou systémique. 13 14 LES VIROSES DU FURET 15 16 I. Virus à tropisme digestif 1. Entérite à Rotavirus Les rotavirus sont une des causes d’entérite virale chez le furet. 1.1. Etiologie Les Rotavirus sont des virus nus mesurant 55 à 70 nm, de structure icosaédrique, à ARN (Acide Ribonucléique) bicaténaire segmenté, appartenant à la famille des Reoviridae (figure 1). Figure 1 : Rotavirus dans la vacuole apicale d'une cellule épithéliale d'intestin grêle de furet en microscopie électronique (Wise et al., 2009) Sept groupes antigéniques nommés de A à G ont été identifiés selon leurs propriétés antigéniques et le profil migratoire de leur ARN par électrophorèse. Le groupe A contient les Rotavirus dits « typiques » qui possèdent un antigène commun au niveau de la couche interne de leur capside. Les Rotavirus des autres groupes sont dits « atypiques » car ils ne possèdent pas cet antigène. Il existe peu de cas de Rotavirus isolés chez le furet décrits dans la littérature. Un Rotavirus atypique a été isolé à partir de jeunes furets atteints de diarrhée dans une ferme aux Etats-Unis. Ce Rotavirus atypique a été classé dans le groupe C du fait de l’absence d’antigène spécifique du groupe A et du profil de migration de son ARN sur gel de polyacrylamide (Torres-Medina, 1987). Un autre cas de rotavirose chez neuf jeunes furets a été décrit en 2009 aux Etats-Unis. Il s’agissait d’un Rotavirus du groupe C, et a été nommé Ferret Rota C-MSU (Wise et al., 2009). La séquence VP6 du Ferret Rota C-MSU a été comparée avec les séquences correspondantes de Rotavirus connus appartenant aux groupes A ou C et s’est révélée très proche des Rotavirus Shintoku (souche bovine) et Cowden (souche porcine), tous deux du groupe C (figure 2). 17 Figure 2 : Arbre phylogénétique basé sur la séquence d'acides aminés de la protéine VP6 des Rotavirus des groupes A et C (Wise et al., 2009) 1.2. Transmission et épidémiologie En général, les Rotavirus sont à l’origine de diarrhées chez les jeunes animaux et les enfants mais parfois également chez des individus plus âgés. C’est un virus cosmopolite. La transmission se fait par voie orofécale, par contact avec la fourrure ou la peau, des objets ou des surfaces contaminées, et éventuellement par voie respiratoire. Les fèces émises par un animal infecté contiennent une grande quantité de particules virales. Or, un faible nombre (moins de cent) de ces particules suffisent pour transmettre l’infection. Chez le furet, la transmission aux jeunes individus se fait par contact avec leur mère ou l’environnement contaminé par le virus. Lors de l’épisode de rotavirose décrit en 1987 dans une ferme américaine (Torres-Medina, 1987), la mortalité était élevée parmi les portées de primipares, jusqu’à 90 %, et avait tendance à diminuer de 10 à 20 % à chaque gestation. Des entérites à Rotavirus étaient présentes toute l’année dans l’élevage, avec une incidence plus élevée durant les mois d’hiver. Les femelles reproductrices peuvent être porteuses du virus dans leur fourrure pendant de longues périodes et être à l’origine de recontaminations. Les particules virales sont assez stables dans les fèces et les désinfectants usuels ne permettent pas leur élimination, ce qui rend l’élimination du virus difficile (Fox et Marini, 2014). 1.3. Signes cliniques et lésions L’entérite à Rotavirus touche les jeunes furets âgés de deux à six semaines. On observe une diarrhée molle de couleur jaune à verte qui peut entrainer une déshydratation rapide et la mort chez certains individus. La région péri-anale et parfois la fourrure peuvent être souillées par les fèces. Un érythème de l’anus et de la région périnéale a aussi été décrit dans certains cas. L’abdomen est souvent distendu par les intestins qui sont remplis d’air et de liquides (Wise et al., 2009). Des individus plus âgés peuvent présenter une diarrhée modérée passagère. Les lésions macroscopiques rencontrées chez les furets atteints de Rotavirus du groupe C sont une distension de l’abdomen, une déshydratation, et des intestins à paroi fine remplis de gaz et de liquide (figure 3). 18 Figure 3 : Furetons atteints de rotavirose, présentant une maigreur, une déshydratation et une distension abdominale (Wise et al., 2009) Dans les cas aigus, l’intestin grêle présente une atrophie des villosités. Les cellules épithéliales subissent une dégénérescence et une nécrose résultant en leur desquamation dans la lumière intestinale (figure 4). Dans les cas plus chroniques, on observe une légère érosion et une fusion des villosités affectées ainsi qu’une infiltration lymphoplasmocytaire modérée à sévère dans la lamina propria. Des calcifications dans les tubules rénaux peuvent être observées et sont dus à la déshydratation importante. L’observation en microscopie électronique à transmission de coupes histologiques d’intestin grêle met en évidence des particules virales dans des vacuoles apicales dans les cellules épithéliales affectées (figure 4) (TorresMedina, 1987 ; Wise et al., 2009). Figure 4 : Villosités de l’intestin grêle d'un furet atteint de rotavirose en microscopie optique. Dégénérescence des cellules épithéliales au sommet des villosités et desquamation de ces cellules dans la lumière intestinale (Wise et al., 2009) 1.4. Diagnostic On se base sur les symptômes et lésions et sur l’épidémiologie pour suspecter une entérite à rotavirus. La technique de RT-PCR (Reverse Transcriptase Polymerase Chain Reaction) utilisée sur des échantillons de 19 fèces ou sur des biopsies d’intestin grêle est la méthode la plus souvent utilisée pour diagnostiquer cette affection. La microscopie électronique à transmission est utilisée dans certains laboratoires et permet de détecter les particules virales dans les fèces. Par contre, les kits ELISA de détection des rotavirus du groupe A disponibles pour les autres espèces ne détectent pas les Rotavirus atypiques du furet (Langlois, 2005). 1.5. Traitement et prévention Le traitement est un traitement symptomatique de support : fluidothérapie, réchauffement et nutrition forcée. La mise en place d’une antibiothérapie de couverture à large spectre est nécessaire pour éviter les surinfections bactériennes. Il n’existe pas de vaccin disponible actuellement. Le virus est très résistant dans le milieu extérieur et est difficile à éliminer. L’eau de javel ou l’hydroxyde de sodium sont les produits les plus efficaces (Fox et Marini, 2014). L’immunité colostrale jouerait un rôle important dans la protection des jeunes furets contre les Rotavirus. En effet, les furets nouveau-nés acquièrent leur immunité passive principalement par absorption intestinale des anticorps maternels contenus dans le colostrum et le lait. La diminution de la mortalité avec le rang de la portée pourrait s’expliquer par une meilleure immunité des mères liée à leur âge et à une exposition plus longue au virus et donc un colostrum de meilleure qualité (Langlois, 2005). 2. Hépatite E Le virus de l’hépatite E (VHE) est un virus nu à ARN monocaténaire de polarité positive qui appartient à la famille des Hepeviridae et au genre Hepevirus. Le virus de l’hépatite E entraîne des hépatites virales aiguës sporadiques et épidémiques chez l’homme et peut induire un taux de mortalité de 20 % chez les femmes enceintes au dernier trimestre. Il se transmet par voie fécale-orale, principalement à travers de l’eau contaminée (Site de l’organisation mondiale de la santé [http://www.who.int/]). Chez l’Homme il existe quatre génotypes de VHE (G1-G4). Les génotypes G3 et G4 ont également été isolés chez le porc, le sanglier, le cerf et sont responsables d’infections zoonotiques (Li et al., 2005 ; Meng, 2010 ; Tei et al., 2003). En plus de ces 4 génotypes, de nouveaux VHE, encore appelés virus HEV-like (Hepatitis E Virus), ont été décelés chez de nombreux animaux comme des singes, des lapins, des rats, des furets, des poulets, des visons, des souris, des renards et des chauves-souris (Bodewes et al., 2013 ; Drexler et al., 2012 ; Johne et al., 2010 ; Krog et al., 2013 ; Raj et al., 2012 ; Yamamoto et al., 2012 ; Zhao et al., 2009). Cependant, la possibilité de transmission de ces animaux à l’homme reste inconnue. Le VHE a été isolé pour la première fois chez des furets aux Pays-Bas (Raj et al., 2012). L’ARN de 43 échantillons de fèces provenant de furets de 19 localisations différentes aux Pays-Bas a été extrait et amplifié par RT-PCR. L’ARN viral a été détecté dans 4 de ces échantillons et a été séquencé. L’analyse comparative des séquences nucléotidiques du VHE de plusieurs espèces a révélé que le virus du rat et celui du furet sont les plus proches génétiquement avec 72,3 % d’identités. Le VHE a également été isolé dans le sérum de furets aux Etats-Unis (Yang et al., 2013). Dans cette étude, les anticorps anti-HEV ont été détectés par la technique ELISA, avec 23,3 % et 24,4 % des furets positifs, respectivement, pour les immunoglobulines G (IgG) et M (IgM). De l’ARN viral a été détecté chez 63,6 % des sérums positifs pour les IgM. Ceci suggère que la répartition géographique de l’infection par le VHE chez les furets ne se limite pas aux Pays-Bas, mais serait cosmopolite. Des analyses phylogénétiques ont montré que les séquences ARN détectées dans cette étude sont différentes de celles des souches isolées aux Pays-Bas, suggérant que le génome du VHE du furet serait variable. Le virus de l’hépatite E a également été isolé chez des furets au Japon (Li et al., 2015). Dans cette étude, 85 échantillons de fèces et 10 sérums de furets provenant de centres hospitaliers vétérinaires ont été analysés. Six des 85 échantillons de fèces (7,1 %) contenaient de l’ARN viral. L’analyse phylogénétique a révélé que cet ARN correspondait à l’ARN du VHE du furet et qu’il était différent de celui la souche des Pays-Bas. Les furets positifs pour l’ARN viral du VHE étaient âgés de cinq mois à six ans, ce qui laisse penser que l’infection par le VHE pourrait toucher préférentiellement les jeunes furets. Les 10 échantillons de sérum étaient négatifs pour l’ARN viral, mais 20 deux échantillons étaient positifs pour les IgG et IgM. Ces résultats indiquent qu’il existe une prévalence et une transmission du VHE chez les furets. Un des furets présentait des signes d’hépatite avec une anorexie, une hépatomégalie et des paramètres hépatiques augmentés : alanine aminotransférase (ALT) à 605 UI/L et aspartate aminotransférase (AST) à 149 UI/L, ce qui peut laisser penser que le VHE du furet est probablement associé à une hépatite chez le furet. Cependant, l’épidémiologie, la pathogénie et le potentiel zoonotique du VHE du furet restent encore mal compris. 3. Entérite catarrhale épizootique (Coronavirus) 3.1. Généralités A la fin des années 1980 est apparue sur la côte Est des Etats-Unis d’Amérique une nouvelle maladie intestinale virale sévère chez le furet l’entérite catarrhale épizootique (ECE), nommée ainsi à cause de ses similarités avec la gastroentérite catarrhale épizootique du vison. Cette dernière est causée par un coronavirus proche de celui de la gastroentérite transmissible du porc (Langlois, 2005). Un nouveau coronavirus, le FRECV, pour Ferret Enteritic Coronavirus, a été identifié dans les selles des furets atteints de cette maladie (Williams et al., 2000). Une analyse phylogénétique a permis de démontrer que le FRECV était un nouvel alpha coronavirus très proche du coronavirus félin, du virus de la gastroentérite porcine et du coronavirus canin (Wise et al., 2006). 3.2. Etiologie Les Coronavirus sont un genre de virus appartenant à la famille des Coronaviridae et à l’ordre des Nidovirales. Ils sont subdivisés en 4 genres. Le genre Alphacoronavirus comprend de nombreux virus responsables de maladies intestinales chez nos animaux domestiques, comme le virus de la gastro-entérite transmissible porcine, le coronavirus félin (FCoV pour Feline Coronavirus) et le coronavirus canin. Ce sont des virus de grande taille (60-220 nm), enveloppés, à ARN monocaténaire positif. L’ARN est associé à la nucléocapside (N) pour former une capside hélicoïdale. La membrane des coronavirus comporte au moins trois protéines virales: les protéines Spike (S) qui sont des glycoprotéines qui forment les péplomères à la surface du virion et qui lui donnent son aspect caractéristique en couronne visible en microscopie électronique (figure 5), ainsi que les protéines de membrane E et M (Weiss et Navas-Martin, 2005). Figure 5 : Virion de FRECV en microscopie électronique à transmission. La barre d’échelle mesure 72 nm. (Williams et al, 2000) 21 Chez le furet, il existe un coronavirus entérique (FRECV pour Ferret enteritic coronavirus) et un coronavirus systémique (FRSCV pour Ferret systemic coronavirus), qui ont tous les deux été classés dans le genre Alphacoronavirus (Wise et al., 2010, 2006). 3.3. Épidémiologie L’ECE est une maladie très contagieuse, qui touche en général la totalité des individus d’un foyer ou d’un élevage, mais avec un taux de mortalité faible, inférieur à 5 % (Williams et al., 2000). Le virus est excrété en grande quantité pendant longtemps dans les fèces et la salive. Il peut persister dans l’environnement quelques semaines. L’excrétion peut être intermittente et les furets peuvent se réinfecter, ce qui contribue au maintien de la maladie dans les populations. La contamination a lieu par voie orale, par contact avec des furets atteints, leurs fèces ou du matériel jouant le rôle de vecteur mécanique. Les jeunes furets sont plus à risque, surtout lorsque le taux d’anticorps maternels transmis par le colostrum diminue (Wise et al., 2006). Les furets de moins de quatre mois sont souvent asymptomatiques, ceux de 5 à 18 mois présentent des signes cliniques discrets. La sévérité des signes cliniques augmentant avec l’âge, les furets de plus de 4 à 5 ans présentent le plus souvent une forme sévère de la maladie. Cependant, la virulence de ce virus a beaucoup diminué depuis les premières années où il sévissait. Alors qu’au début des années 1990 les furets tombaient gravement malades et de nombreux furets âgés mourraient de cette maladie, les décès causés par l’ECE sont maintenant rares dès lors qu’un traitement approprié est mis en place (Lewington, 2007). 3.4. Pathogénie Actuellement la pathogénie des coronaviroses du furet est peu connue et aucune des deux maladies, que ce soit l’entérite catarrhale épizootique ou la coronavirose systémique, n’a été reproduite expérimentalement. Dans le tractus digestif, le FRECV infecte en premier lieu les cellules épithéliales du sommet des villosités intestinales de l’iléon et du jéjunum, causant une dégénérescence et une nécrose de ces villosités. L’infection progresse de manière segmentaire dans l’intestin grêle et s’étend du sommet des villosités jusqu’aux cryptes dans les cas les plus graves. Le site initial de l’infection n’est pas connu, mais de grandes quantités d’acides nucléiques viraux ont aussi été détectés au niveau des glandes salivaires et une excrétion virale a été mise en évidence dans les fèces et la salive. À l’heure actuelle, on ne sait pas si l’infection par le FRECV provoque ou non une virémie. Si elle existe, elle serait de courte durée et peu importante, car les tests RT-PCR réalisés n’ont pas mis en évidence d’acide nucléique viraux dans le sang des furets excrétant le virus dans leurs selles (Wise et al., 2006). 3.5. Signes cliniques Les signes cliniques apparaissent en général 48 à 96 heures après l’exposition au virus et incluent initialement une léthargie, une dysorexie voire une anorexie, une adénomégalie mésentérique et des vomissements. Ces premiers signes sont rapidement suivis par une diarrhée profuse, malodorante et de couleur vert-vif avec du mucus en grande quantité, une déshydratation et un amaigrissement. Lors de la phase plus chronique de la maladie, les fèces des furets affectés ont un aspect granuleux, résultant de la mauvaise digestion des aliments (figure 6). Parfois, la diarrhée peut être brune avec éventuellement un méléna. Ceci est dû à des ulcères gastriques, particulièrement chez les individus stressés. La perte de poids peut être importante les sept à dix premiers jours de la maladie, même si le furet garde un bon appétit. Une atteinte sévère de la muqueuse intestinale est à l’origine d’une malabsorption et possiblement d’une entéropathie exsudative. Les furets sont peu sujets à la lipidose hépatique mais la perte de poids rapide peut entrainer une lipidose significative, en particulier chez les furets qui étaient en surpoids au départ. L’entérite 22 peut aussi prédisposer à une cholangiohépatite ascendante pouvant altérer la fonction hépatique (Fox et Marini, 2014 ; Lewington, 2007). Figure 6 : Fèces de furets atteints d'ECE. (A) : fèces de couleur vert-vif avec beaucoup de mucus lors de la phase aiguë de l’infection (Fox et Marini, 2014) ; (B) : fèces d’aspect granuleux lors de la phase chronique de l’infection (Williams et al., 2000) 3.6. Lésions A l’autopsie de furets atteints d’ECE, la muqueuse intestinale est hyperémiée et la paroi intestinale est épaissie au niveau des anses atteintes. Les lésions microscopiques sont une entérite lymphocytaire diffuse avec une atrophie et une fusion des villosités, une dégénération vacuolaire et une nécrose de l’épithélium apical (figures 7 et 8). Figure 7 : Jéjunum d’un furet atteint d'ECE aiguë, en microscopie optique. Présence d’une dégénérescence vacuolaire des entérocytes (flèches longues) et de lymphocytes intraépithéliaux (flèches courtes). La barre d’échelle mesure 70 µm. (Williams et al., 2000) 23 Figure 8 : Jéjunum d’un furet atteint d'ECE chronique, en microscopie optique, avec une fusion des villosités (flèches) et une entérite lymphocytaire marquée provoquant un épaississement de la lamina propria. (Williams et al, 2000) L’immunohistochimie utilisant un anticorps monoclonal contre les antigènes spécifiques aux Alphacoronavirus a permis de mettre en évidence un grand nombre de cellules épithéliales infectées par le coronavirus (figure 9) (Wise et al., 2006). Figure 9 : Jéjunum de furet atteint d'ECE en microscopie optique. Détection des antigènes d'Alphacoronavirus par immunohistochimie (en rouge) (A) et de l'ARN viral par hybridation in situ (en bleu) (B), (Wise et al., 2006) En microscopie électronique, des particules virales ont été observées dans les vacuoles cytoplasmiques apicales des entérocytes et à la surface des cellules (figure 10). Ces mêmes particules étaient observables en microscopie électronique dans les échantillons de fèces de nombreux furets atteints d’ECE (figure 5) (Williams et al., 2000). 24 Figure 10 : Entérocytes apicaux du jéjunum d'un furet atteint d'ECE, en microscopie électronique. Présence de virions de FRECV dans des vacuoles cytoplasmiques (flèches). La barre d’échelle mesure 1 µm (Williams et al., 2000) 3.7. Diagnostic Un diagnostic de certitude est difficile à établir. Aucun test sérologique n’est disponible actuellement. On peut suspecter une ECE en s’appuyant sur les signes cliniques : diarrhée verdâtre d’apparition aigüe, et sur l’anamnèse : contact récent avec un nouvel individu porteur asymptomatique (souvent un jeune furet) 48 à 96h avant l’apparition des symptômes. La suspicion est d’autant plus forte lorsque plusieurs individus déclarent la maladie simultanément. Les analyses sanguines sont peu spécifiques. L’hémogramme peut révéler une lymphocytose causée par l’entérite lymphoplasmocytaire, ou une neutrophilie lors d’infection bactérienne secondaire. La numération leucocytaire peut aussi être normale. Les analyses biochimiques peuvent montrer une élévation de la lipase sérique et des globulines à cause de l’inflammation, une augmentation de l’activité sérique des enzymes hépatiques alanine aminotransférase (ALT), phosphatase alcaline (ALKP) et gamma glutamyl transpeptidase (GGT) secondaires à une lipidose ou à une hépatite ascendante. Les créatinines kinases (CK) et aspartate aminotransférases (AST) peuvent être élevées s’il y a une fonte musculaire. Une hypo-albuminémie peut être présente, conséquence des pertes intestinales et du syndrome de malabsorption. L’immunohistochimie utilisant un anticorps monoclonal dirigé contre les coronavirus peut être utilisée mais ne permet pas de distinguer le FRECV du FRSCV. Des tests RT-PCR peuvent être utilisés sur des échantillons de selles ou sur un écouvillonnage rectal afin de voir si le virus est excrété dans les fèces. Des tests sérologiques peuvent également être utilisés pour détecter les anticorps dirigés contre les coronavirus du furet. Le but est de déterminer si le furet a déjà été exposé à un coronavirus auparavant (Murray et al., 2010). La détection d’antigènes dans les fèces ne signifie pas que l’animal est malade mais, ajoutée aux signes cliniques caractéristiques, elle permet de renforcer la suspicion d’ECE. Des lésions histologiques au niveau des intestins peuvent être observées sur des biopsies intestinales ou post-mortem, le plus souvent au niveau du jéjunum et de l’iléon (Langlois, 2005 ; Lewington, 2007). 25 3.8. Traitement Les furets atteints d’ECE nécessitent un traitement de support incluant une fluidothérapie agressive, une correction des désordres électrolytiques et une alimentation forcée en cas d’anorexie. Une antibiothérapie permet d’éviter les surinfections bactériennes surtout en cas d’ulcérations de la muqueuse intestinale. Le métronidazole est particulièrement indiqué pour ses propriétés antiinflammatoires et antibiotiques. Il permet d’améliorer l’aspect des selles. La dose à administrer est de 20 mg/kg par voie orale deux fois par jour. Cependant, il est amer, ce qui peut poser problème pour l’observance du traitement. L’utilisation d’enrofloxacine à la dose de 5 mg/kg, combinée à de l’amoxicilline-acide clavulanique à la dose de 10 à 20 mg/kg par voie orale deux fois par jour, donne aussi de bon résultats et ces médicaments sont plus appétants pour le furet. En cas d’ulcères, l’administration de sucralfate et d’un antiacide antagoniste des récepteurs histaminiques H2 (par exemple la cimétidine) peut être bénéfique. Certains furets peuvent continuer à présenter une malabsorption associée à une diarrhée de manière intermittente ou persistante. Dans ce cas, un traitement de courte durée avec de la prednisolone à la dose de 1 mg/kg deux fois par jour pendant 14 jours et une alimentation très digestible peuvent accélérer la guérison (Fox et Marini, 2014 ; Langlois, 2005 ; Lewington, 2007). 3.9. Prévention Il n’existe pas de vaccins contre le FRECV ; il est donc nécessaire de prendre des précautions afin d’éviter l’exposition au virus. Les furets malades doivent être isolés de leurs congénères. Un nettoyage et une désinfection des cages, des bacs à litière et des gamelles doivent être réalisés régulièrement. Une quarantaine doit être mise en place à l’introduction d’un nouveau furet, particulièrement s’il s’agit d’un jeune individu (Fox et Marini, 2014 ; Lewington, 2007 ; Murray et al., 2010). II. Viroses systémiques 1. Coronavirus systémique 1.1. Généralités Depuis 2004, une nouvelle maladie systémique a été observée chez le furet en Europe et aux Etats-Unis (Garner et al., 2008 ; Martínez et al., 2006). Les signes cliniques et lésions des furets atteints sont similaires à ceux rencontrés chez les chats atteints de la forme sèche de la péritonite infectieuse féline (PIF). Cette maladie est causée par un alphacoronavirus génétiquement très proche du FRECV, auquel on a donné le nom de coronavirus systémique du furet (FRSCV pour Ferret Systemic Coronavirus) (Garner et al., 2008). 1.2. Epidémiologie Cette nouvelle maladie systémique du furet, nommée coronavirose systémique du furet (FSCD pour Ferret Systemic Coronaviral Disease), cause une périvascularite pyogranulomateuse et une péritonite. Elle a été observée pour la première fois en Espagne en 2004 (Martínez et al., 2006), puis aux Etats-Unis (Garner et al., 2008). Elle affecte plus fréquemment les jeunes furets âgés de moins d’un an (Garner et al., 2008 ; Perpiñán et López, 2008). Au départ, la maladie peut évoluer de manière épizootique, puis devenir 26 enzootique pendant des années. Dans quelques populations de furets, une incidence importante de FSCD a été rapportée mais, la plupart du temps, il s’agit de cas sporadiques. Les mécanismes de transmission sont inconnus, l’hypothèse la plus probable étant la contamination par voie orale. 1.3. Pathogénie Les connaissances actuelles sur la FSCD sont assez limitées. Les ressemblances tant au niveau des signes cliniques que des lésions microscopiques entre la FSCD et la forme sèche de la péritonite infectieuse féline suggèrent des pathogénies similaires pour ces deux maladies, mais aucune étude expérimentale n’a été réalisée pour vérifier cette hypothèse. Le tropisme du FRSCV pour les macrophages serait probablement responsable de sa plus grande virulence comparée au FRECV et de la forme systémique de la maladie. Cette hypothèse a également été émise pour expliquer la différence de virulence entre le virus de la PIF et le FCoV chez le chat (Rottier et al., 2005). La PIF se déclare à la suite d’une mutation spontanée d’une région du génome du FCoV. Chez le furet, une étude a comparé le tiers distal des génomes de deux souches de coronavirus entériques et de trois souches de coronavirus systémiques (Wise et al., 2010). L’étude des séquences nucléotidiques et protéiques du gène S (codant la protéine Spike) a montré qu’il existait une différence de séquences entre les souches de FRSCV et celles de FRECV. Le gène ORF3 a également été séquencé. Les deux souches de coronavirus entériques possédaient un gène ORF3 intact alors que deux des trois souches de coronavirus entériques possédaient un gène ORF3 codant une protéine tronquée. Cependant le faible nombre de souches de FRECV et FRSCV étudiées ne permet pas de conclure sur le rôle de ces mutations dans la pathogénie de la FSCD. 1.4. Signes cliniques Ils sont peu spécifiques et similaires à ceux rencontrés chez les chats atteints de la forme sèche de la péritonite infectieuse féline (Hartmann, 2005 ; Martínez et al., 2006 ; Pedersen, 2009). Les symptômes les plus fréquents sont une diarrhée, une perte de poids, une léthargie, une dysorexie voire une anorexie et des vomissements. Cette atteinte du tractus digestif peut engendrer un mauvais état général et une cachexie. Des signes nerveux centraux sont parfois observés : parésie des membres postérieurs ou tétraparésie, ataxie, tremblements et convulsions. Chez certains furets les premiers signes cliniques sont un torticolis et des phases d’hyperactivité. Lors de la palpation abdominale, on détecte des masses abdominales de grande taille, une splénomégalie et une néphromégalie. Ces masses peuvent être des nœuds lymphatiques mésentériques, les reins ou des anses intestinales irrégulières et de taille augmentée. Une adénomégalie périphérique a été décrite dans de rares cas et quelques furets présentaient une hyperthermie allant de 39,4°C à 40,8°C. D’autres signes peuvent être présents en fonction des organes touchés: éternuements, toux, dyspnée, jetage nasal, déshydratation, bruxisme, souffle cardiaque systolique, ictère, zones d’érythèmes, urine de couleur verte, prolapsus rectal (Garner et al., 2008 ; Perpiñán et López, 2008). Une hypergammaglubulinémie polyclonale est spécifique de cette maladie, mais l’hyperprotéinémie n’est pas toujours présente. Lorsqu’elle est présente, elle peut aller jusqu’à 130 g/L. Les globulines sont souvent supérieures à 42 g/L et représentent 75-90 % des protéines plasmatiques. Les gammaglobulines sont en général supérieures à 18 g/L et représentent 35 à 60 % des protéines plasmatiques. Le rapport albumine/globulines est diminué la plupart du temps (0,10 à 0,30). Une augmentation modérée des α et β globulines est possible (Perpiñán et López, 2008). 1.5. Lésions Les lésions observées lors des autopsies sont similaires à celles retrouvées chez les chats atteints de péritonite infectieuse féline (Garner et al., 2008 ; Hartmann, 2005 ; Pedersen, 2009). Il s’agit de nodules multifocaux formant parfois des plaques, blancs à bruns et irréguliers de 0,5 à 2 cm de diamètre sur la 27 surface séreuse (figure 11). Ces nodules sont en général situés le long des vaisseaux. Le péritoine, la séreuse intestinale et le mésentère sont le plus souvent atteints. Les mêmes nodules peuvent être présents à la surface ou infiltrent le parenchyme de nombreux organes comme le foie (figure 12), les reins, la rate et les poumons. Très souvent, on retrouve une adénomégalie mésentérique, les nœuds lymphatiques mesurant jusqu’à huit fois leur taille habituelle avec de multiples nodules blancs déformant la surface capsulaire (figure 11). En coupe, la structure du parenchyme est remplacée par une réaction inflammatoire granulomateuse. D’autres lésions moins spécifiques peuvent être observées comme une splénomégalie, une néphromégalie ou une hépatomégalie. Chez les furets avec des symptômes neurologiques, les lésions visibles au niveau du cerveau sont assez discrètes. On peut observer une légère opacité des méninges au niveau de la médulla et des plexus choroïdes du quatrième ventricule. En coupe transverse, les plexus choroïdes peuvent être légèrement épaissis et un exsudat visqueux peut être observé. Figure 11 : Péritonite granulomateuse chez un furet atteint de FSCD. Présence de nodules multifocaux blancs à bruns, irréguliers sur la surface séreuse (flèches noires) et dans le nœud lymphatique de taille augmentée (flèche blanche). (Murray et al., 2010) Figure 12 : Hépatite fibrineuse et granulomateuse chez un furet atteint de FSCD. Présence de mèches de fibrine sur la capsule hépatique (flèche blanche) et de nodules blancs au niveau de la séreuse et du parenchyme (flèches noires). (Murray et al., 2010) 28 L’histologie montre des lésions d’inflammation pyogranulomateuse le plus souvent localisées sur le mésentère et à la surface du péritoine. Ces lésions touchent l’intestin grêle et infiltrent par endroits la musculeuse et la séreuse (figure 13). Les granulomes sont le plus souvent localisés autour des vaisseaux, touchant souvent l’adventice et parfois la média des petites veines et des veinules. Ces pyogranulomes touchent également de nombreux organes provoquant néphrite, pancréatite, méningite, myocardite, pneumonie etc. Chez les animaux avec des signes neurologiques, on peut avoir des lésions touchant uniquement le cerveau : leptoméningite pyogranulomateuse, choroïdite, épendymite et encéphalomyélite. Le processus inflammatoire est centré sur les vaisseaux, en particulier les veinules ; il n’envahit le parenchyme sousjacent que par endroits et surtout autour des ventricules. Figure 13 : Coupe histologique en microscopie optique du jéjunum d’un furet atteint de FSCD avec une péritonite granulomateuse. L’astérisque indique la lumière du jéjunum en coupe transversale et les flèches noires indiquent la réaction granulomateuse autour du jéjunum et s’étendant au mésentère (Murray et al., 2010) L’immunohistochimie utilisant des anticorps monoclonaux contre les antigènes des Alphacoronavirus marque le cytoplasme des macrophages du centre des pyogranulomes (figure 14). L’analyse en microscopie électronique révèle des particules virales enveloppées de forme sphérique de 70 à 140 nm de diamètre dans des vacuoles intracytoplasmiques délimitées par une membrane ou libres dans le cytoplasme (Murray et al., 2010). 29 Figure 14 : Réaction granulomateuse autour d'un vaisseau sanguin en coupe histologique (l’astérisque indique la lumière du vaisseau). L’immunohistochimie révèle les antigènes viraux colorés en rouges dans les macrophages (flèches noires) (Murray et al., 2010) 1.6. Diagnostic Il n’existe actuellement aucun test diagnostic non invasif pour diagnostiquer la coronavirose systémique du furet. Cependant, les signes cliniques, les analyses sanguines et l’électrophorèse des protéines sériques peuvent permettre de fortement suspecter la maladie. Les résultats hématologiques évocateurs sont une anémie arégénérative, une hyperglobulinémie, une hypoalbuminémie et une thrombocytopénie. L’électrophorèse des protéines sériques montre une hypergammaglobulinémie polyclonale (Murray et al., 2010). Les analyses biochimiques sont fonction des organes touchés et de la gravité des lésions. On peut observer une élévation de la lipase sérique, de l’urée, des ALAT, des PAL et de la GGT (Garner et al., 2008). Des analyses d’urine ont été réalisées chez quatre furets. Les anomalies suivantes ont été rapportées: urines vertes, protéinurie, hématurie et cristaux de bilirubine (Garner et al., 2008). La couleur verte des urines est probablement due à une concentration élevée en biliverdine. La biliverdine proviendrait de microhémorragies tissulaires et d’une hémolyse extravasculaire causées par la vascularite et la coagulation intravasculaire disséminée. Un mécanisme similaire a déjà été rapporté chez des chats atteins de péritonite infectieuse féline (Pedersen, 2009) La radiographie peut mettre en évidence des masses abdominales, une splénomégalie et une néphromégalie ainsi qu’une perte de contraste abdominal. L’échographie permet de mettre en évidence des signes compatibles avec une péritonite : épanchement péritonéal, épaississement du péritoine, du mésentère et de l’omentum, aspect hyperéchogène de la cavité abdominale. On peut également observer une splénomégalie, une adénomégalie mésentérique, des masses hétérogènes entourées de graisse hyperéchogène, une néphromégalie et des anomalies dans le parenchyme de ces organes (Dominguez et al., 2011). L’immunohistochimie et la RT-PCR sont couramment utilisées pour confirmer le diagnostic. L’immunohistochimie utilisant un anticorps monoclonal contre les antigènes d’Alphacoronavirus permet de détecter les antigènes de FRECV et FRSCV sans pouvoir les distinguer l’un de l’autre. La RT-PCR est disponible dans certains laboratoires qui utilisent des séquences amorces consensus permettant de détecter tous les types de coronavirus du furet (Wise et al., 2006). Des analyses comparatives de la séquence du tiers distal des génomes du FRSCV et du FRECV ont montré que ces deux virus partageaient plus de 96 % d’identités au niveau des séquences nucléotidiques des gènes des protéines de membrane M et N et des protéines non-structurales (ORFs 3 et 7b). Les séquences nucléotidiques de la protéine d’enveloppe E des deux virus présentaient 91,6% d’identités. Par contre, l’analyse des séquences nucléotidiques et d’acides aminés de la protéine S n’a mis en évidence que 79,5 % et 79,6 % d’identités, respectivement, entre les deux virus. Ceci a permis de développer deux tests RT-PCR qui sont actuellement les plus performants pour différencier le FRECV du FRSCV (Wise et al., 2010). Avec la RT-PCR, le FRSCV peut être détecté dans de nombreux organes en fonction de la répartition des lésions. Des échantillons de tissus présentant des lésions 30 granulomateuses doivent être prélevés pour détecter le FRSCV chez les furets atteints de coronavirose systémique (Murray et al. 2010). Des tests de détection des anticorps sériques peuvent être utilisés pour aider au diagnostic de PIF. Cependant il n’existe pas de test sérologique adapté pour le furet (Garner et al., 2008). Le diagnostic définitif passe par l’histologie pour mettre en évidence les lésions microscopiques, associée à l’immunohistochimie pour détecter les antigènes ou les acides nucléiques viraux au sein de ces lésions. Des biopsies de nœuds lymphatiques de taille augmentée peuvent permettre un diagnostic ante-mortem chez un furet suspect de coronavirose systémique. Pour l’immunohistochimie, l’anticorps anti Alphacoronavirus FIPV3-70 utilisé chez le chat permet la détection du coronavirus du furet (Garner et al., 2008 ; Martínez et al., 2006 ; Murray et al., 2010). 1.7. Traitement Il n’existe actuellement aucun traitement pour la coronavirose systémique du furet. La plupart des furets atteints de la maladie en meurent ou sont euthanasiés. Cependant, quelques furets ont survécu plusieurs mois après le diagnostic de la maladie et un auteur a décrit le cas d’un furet ayant survécu plus de trois ans (Garner et al., 2008 ; Murray, 2008 ; Perpiñán et López, 2008). La coronavirose systémique du furet est une maladie à médiation immune ; c’est pourquoi le traitement vise à réduire la réponse immunitaire à médiation humorale et l’inflammation et à favoriser l’immunité à médiation cellulaire afin de limiter la réplication virale, voire réussir à éliminer le virus. Les protocoles thérapeutiques proposés sont basés sur les traitements mis en place chez les chats atteints de péritonite infectieuse féline (Murray, 2008 ; Murray et al., 2010) : Immunosuppression : La prednisolone est l’immunosuppresseur le plus couramment utilisé dans le traitement des infections par le FRSCV chez le furet. Elle supprime à la fois la réponse immunitaire à médiation humorale et celle à médiation immune, et a également un puissant effet anti-inflammatoire. De plus, elle peut stimuler l’appétit du furet et ainsi améliorer sa qualité de vie. Une dose de charge de 2 à 4 mg/kg/jour est recommandée, avec une diminution progressive de la dose toutes les deux semaines jusqu’à atteindre la dose optimale. D’autres immunosuppresseurs comme la cyclophosphamide, le chlorambucil ou l’azathioprine ne sont pas à prescrire en première intention du fait de leurs effets secondaires. Cependant, si les corticostéroïdes ne suffisent pas à faire baisser les gammaglobulines, l’association entre l’azathioprine et la prednisolone peut augmenter l’effet immunosuppresseur tout en permettant de diminuer les doses administrées (Murray et al., 2010). Traitement de la vascularite : La prednisolone a aussi une action bénéfique sur la vascularite. La doxycycline a des propriétés antibiotiques mais aussi antiinflammatoires, elle réduit la fibrose et limite l’adhérence des leucocytes aux cellules endothéliales. Une antibiothérapie à large spectre est recommandée lors d’un traitement immunosuppresseur, la doxycycline peut être administrée à la fois dans ce but et pour limiter les lésions vasculaires, à la dose de 10 mg/kg deux fois par jour. L’association de la prednisolone, et de la doxycycline pourrait permettre un effet synergique sur l’inflammation et la vascularite (Murray et al., 2010). Traitements symptomatiques : Un traitement de support est nécessaire chez les furets atteints de coronavirose systémique. Un aliment appétant, très énergétique et facilement digestible doit être donné afin de combler le besoin énergétique. Une supplémentation en vitamines et minéraux pour pallier les pertes dues à la diarrhée peut également améliorer l’état général du furet : cobalamine à la dose de 250 µg en injection sous-cutanée 1 fois par semaine et vitamines B à la dose de 1 à 2 mg/kg en injection sous-cutanée. 31 L’anémie est fréquente chez les furets atteints de coronavirose systémique et la supplémentation en fer et en érythropoïétine aide à la production de globules rouges. Des protecteurs gastriques permettent de diminuer la nausée et de prévenir la formation d’ulcères gastriques : du sucralfate (Ulcar®) peut être administré à la dose de 75 à 100 µg trois fois par jour, une heure avant les repas ou deux heures après, toujours après l’administration de la prednisolone. La cimétidine (Zitac®) est un antiacide ayant des effets bénéfiques sur le système immunitaire. Elle peut être administrée à la dose de 10 mg/kg par voie orale trois fois par jour. La famotidine, la ranitidine et l’oméprazole peuvent également être utilisés. L’administration d’antiémétiques, d’une fluidothérapie, d’antidiarrhéiques ou d’autres antibiotiques dépend des symptômes présents (Murray et al., 2010). 1.8. Prévention La prévention de la coronavirose systémique du furet se fait en évitant l’exposition aux coronavirus. Il est possible de réduire la contamination de l’environnement en désinfectant les bacs à litière, les cages et les gamelles une fois par semaine à l’eau de Javel et en éloignant les gamelles des litières. Les furets malades doivent être isolés ou euthanasiés (Fox et Marini, 2014). 2. Maladie de Carré (Paramyxovirus) 2.1. Généralités Le virus de la maladie de Carré, Canine Distemper Virus en anglais (CDV), a été découvert en 1905 par Henri Carré. Il cause une des maladies les plus graves chez le furet, avec un taux de mortalité avoisinant les 100 %. Cette maladie est répandue dans l’espèce canine, mais aussi chez les Mustélidés (vison, furet, martre, belette, blaireau, loutre, etc.), les procyonidés comme le raton laveur, les pinnipèdes ainsi que les félidés sauvages. La mise en place de programmes de vaccination ainsi que la sensibilisation des propriétaires de furets à cette maladie ont permis de diminuer sa prévalence ; cependant, les refuges ou élevages regroupant un grand nombre d’individus ne sont pas à l’abri d’une épidémie. De par sa grande sensibilité, le furet a longtemps été utilisé pour l’étude expérimentale de la maladie de Carré (Fox et Marini, 2014). 2.2. Etiologie Le pathogène responsable de la maladie de Carré est un virus appartenant au genre Morbillivirus et à la famille des Paramyxoviridae. Sa structure est proche des celle des virus de la rougeole humaine, de la peste des petits ruminants et de la peste bovine. Il possède des propriétés antigéniques croisées avec ces derniers. C’est un virus enveloppé à ARN monocaténaire négatif, d’assez grande taille (diamètre de 100 à 700 nm), avec une capside à symétrie hélicoïdale (figure 15). Il possède deux glycoprotéines d’enveloppe aux propriétés antigéniques importantes : les glycoprotéines H (hémagglutinine) et F (fusion), responsables de la formation des syncytiums dans les tissus infectés. Il existe un seul sérotype du virus de la maladie de Carré, mais différentes souches virales de virulence variable. Etant enveloppé, il est fragile dans l’environnement, il est détruit par les agents physico-chimiques qui dénaturent l’enveloppe (UV, pH alcalin, solvants des lipides, détergents, formol). La contamination indirecte est de ce fait peu probable (http://www2.vetagro-sup.fr/etu/virus-canides/maladie_de_carre.htm). 32 Figure 15 : Virion de Morbillivirus en microscopie électronique (http://upload.wikimedia.org/wikipedia/ commons/thumb/6/62/Measles_virus.JPG/250px-Measles_virus.JPG) 2.3. Épidémiologie L’épidémiologie du virus de la maladie de Carré du furet est très proche de celle du chien. La transmission se fait par contact avec les sécrétions corporelles des individus infectés : salive, sécrétions nasales et oculaires, urine et matières fécales. Le virus est excrété dans le milieu extérieur sous forme de gouttelettes ou d’aérosols. Un contact étroit entre les individus est nécessaire à la transmission étant donnée la fragilité du virus dans l’environnement. Un cas de transmission transplacentaire a été décrit chez un furet sauvage (Trebbien et al., 2014). L’excrétion du virus commence environ 7 jours après l’infection (Appel et Summers, 1995). Les chiens et furets non vaccinés et les espèces sauvages de la famille des Canidés, Mustélidés et Procyonidés peuvent jouer le rôle de réservoir pour le virus (Ludlow et al., 2014 ; Trebbien et al., 2014). 2.4. Pathogénie Le virus de la maladie de Carré présente une affinité pour un grand nombre de cellules épithéliales, hématopoïétiques, ainsi que les cellules gliales et les neurones. L’épithélium du tractus respiratoire et les tissus lymphoïdes régionaux représentent le site de réplication initiale du virus. Une étude sur la pathogénie de la maladie de Carré (Liu et Coffin, 1957) a révélé la présence d’antigènes viraux par immunofluorescence dans les nœuds lymphatiques cervicaux deux jours après inoculation intranasale ainsi que dans quelques cellules dendritiques. Par la suite le nombre de cellules dendritiques et de lymphocytes présentant des antigènes viraux augmentait de manière importante. La pathogénie de la maladie de Carré a été beaucoup étudiée chez le chien. Les ressemblances tant au niveau des signes cliniques que des lésions microscopiques entre la maladie de Carré du chien et celle du furet suggèrent des pathogénies similaires chez ces deux espèces. Le virus possède une grande affinité pour les lymphocytes. Ceci est lié à la présence à la surface de ces lymphocytes de son principal récepteur, la protéine CD 150, présente sur de nombreuses cellules immunitaires (Sidorenko et Clark, 2003 ; Tatsuo et al., 2001). Le virus atteint ensuite les nœuds lymphatiques et médiastinaux via les vaisseaux lymphatiques. La virémie débute environ deux jours après l’infection et persiste jusqu’à la neutralisation du virus par les anticorps ou la mort de l’animal (Crook et al., 1958). Dans la semaine suivant l’infection, le virus se propage par voie hématogène via les leucocytes et débute sa réplication dans la rate, les cellules de Kupffer, puis dans les cellules épithéliales du rein, le tractus gastro-intestinal et la vessie au-delà de sept jours postinfection. Les individus infectés se dégradent et finissent par mourir dans les 15 jours. Chez les individus qui survivent, le virus atteint le système nerveux central et cause des signes neurologiques. L’invasion du système nerveux central se ferait via deux voies : par voie antérograde via le nerf olfactif et par voie hématogène via les plexus choroïdes et les vaisseaux sanguins cérébraux. Cette atteinte des cellules gliales et 33 des neurones n’aurait lieu qu’après la contamination du système lymphatique et la dissémination du virus dans les cellules épithéliales de tout l’organisme (Rudd et al., 2006). Les furets atteints de la malade de Carré souffrent d’une immunosuppression qui a lieu durant la phase aigüe de la maladie et persiste plusieurs semaines après l’élimination du virus (Schobesberger et al., 2005 ; Von Messling et al., 2003). 2.5. Signes cliniques La maladie de Carré comprend deux phases. La première est la phase dite catarrhale qui survient sept à dix jours post-infection. Elle est caractérisée par une anorexie, une hyperthermie, une photosensibilité et un jetage nasal séreux. L’hyperthermie débute trois à cinq jours post-infection et dure plusieurs jours. La température corporelle peut atteindre les 41°C (la température physiologique du furet étant comprise entre 37,7 et 39,1°C). Une dermatite érythémateuse et prurigineuse de couleur orangée chez certains furets apparaît au niveau du menton et de la zone inguinale (figure 16). Le jetage nasal devient ensuite mucopurulent et des croûtes marron se forment autour des yeux, de la bouche, du menton et du nez (figure 17). Avec l’accumulation de ces croûtes autour des yeux et la déshydratation, les paupières peuvent rester collées entre elles. L’hyperkératose de la truffe et des coussinets (figure 18) est un signe non systématique et qui peut être difficile à apprécier chez le furet. Les vomissements et la diarrhée observés chez le chien sont rares chez le furet. Des infections secondaires peuvent survenir si aucun traitement n’est mis en place, elles sont dues à l’action immunosuppressive du virus. Elles sont à l’origine de symptômes respiratoires sévères lors de pneumonie bactérienne et peuvent causer le décès de l’animal. Un méléna dû au stress causé par la maladie peut être observé précocement. Une hypothermie peut être observée juste avant la mort. Si le patient survit à la phase catarrhale, des symptômes neurologiques peuvent être observés. Lors de cette phase, le furet peut présenter une hyperexcitabilité, une ataxie, un torticolis, un nystagmus, un ptyalisme, des myoclonies, des convulsions et un coma (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014 ; Mitchell et Tully, 2009). Figure 16 : Dermatite inguinale chez un furet atteint de la maladie de Carré (Perpiñán et al., 2008) 34 Figure 17 : Furets atteints de la maladie de Carré. (A) : Présence d’une dermatite croûteuse et d’exsudats purulents autour des yeux, de la bouche et des narines. (B) : Présence d’une dermatite croûteuse faciale sévère (Perpiñán et al., 2008) Figure 18 : Furet atteint de la maladie de Carré présentant une hyperkératose et une dermatite crouteuse au niveau des coussinets plantaires. (Perpiñán et al., 2008) 2.6. Lésions À l’autopsie, les lésions sont similaires à celles rencontrées chez le chien. Les lésions macroscopiques sont les suivantes : des écoulements oculaires, un jetage nasal et une hyperkératose de la truffe et des coussinets évoqués précédemment, ainsi qu’une atrophie thymique chez le jeune, une rhinite catarrhale à mucopurulente, une trachéobronchite catarrhale et/ou hémorragique et une pneumonie sévère qui peut devenir purulente avec la progression de la maladie (figure 19). 35 Figure 19 : Poumon d’un furet atteint de la maladie de Carré et présentant une pneumonie interstitielle (Perpiñán et al., 2008) L’analyse histologique révèle une pneumonie interstitielle sévère avec une bronchiolite nécrosante. Dans de nombreux cas, une bronchopneumonie suppurée due à une surinfection bactérienne est présente. Au niveau des yeux, on peut observer une conjonctivite mucopurulente, des ulcères cornéens, une kératoconjonctivite sèche, une blépharite. Une nécrose des tissus lymphoïdes peut toucher les nœuds lymphatiques, la rate et les follicules lymphoïdes des intestins. Les animaux avec des symptômes neurologiques peuvent présenter une encéphalite non suppurative. On peut identifier une dermatite hyperkératosique avec des cellules syncytiales et des inclusions intracytoplasmiques au niveau des coussinets et des follicules pileux des glandes sébacées des zones érythémateuses. Dans de très rares cas, une nécrose du myocarde peut être observée. Des inclusions éosinophiliques mesurant 2 à 5 µm, intra cytoplasmiques et parfois intranucléaires peuvent être observées dans les cellules épithéliales du tractus urinaire, de la muqueuse gastrique, de la conjonctive, de la vésicule biliaire, du foie, du pancréas, de l’épididyme, des glandes salivaires, des surrénales et parfois dans les leucocytes et mégacaryocytes. Des inclusions sont aussi présentes dans l’astroglie et les neurones du système nerveux central. Elles peuvent être observées dans une moindre mesure dans l’épiderme et l’épithélium des follicules pileux, de l’intestin grêle et de la cornée (Fox et Marini, 2014 ; Zehnder et al., 2008). 2.7. Diagnostic Le diagnostic de la maladie de Carré est basé sur l’anamnèse et les commémoratifs du patient (par exemple un furet non vacciné ou mal vacciné avec une exposition à une potentielle source du virus) et sur les signes cliniques. Les signes cliniques sont assez spécifiques, surtout lorsque l’on retrouve des symptômes respiratoires, dermatologiques et neurologiques concomitants. La grippe doit être inclue dans le diagnostic différentiel lorsque l’on a des signes respiratoires, cependant la maladie de Carré progresse plus rapidement et est à l’origine de signes cliniques plus sévères. Lors de la phase neurologique de la maladie, la rage peut entrer dans le diagnostic différentiel. Les lésions dermatologiques de gale peuvent ressembler à celles causées par la maladie de Carré, mais la distribution des lésions est caractéristique lors de maladie de Carré. Un test d’immunofluorescence peut être réalisé sur un frottis conjonctival, un écouvillonnage des muqueuses ou un frottis sanguin pour mettre en évidence les antigènes viraux. Cependant, ce test n’est vraiment efficace que les premiers jours de la maladie, sa sensibilité diminuant au fur et à mesure de l’évolution de la maladie. Des tests RT-PCR peuvent aussi être utilisés pour le diagnostic ante et post mortem. Des échantillons de sang, d’urine, de fèces ou un écouvillon pharyngé peuvent être utilisés. Des faux positifs peuvent survenir les semaines suivant une vaccination avec un vaccin vivant modifié. Au contraire, les vaccins inactivés ou recombinants n’interfèrent pas avec le diagnostic par RT-PCR (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014 ; Mitchell et Tully, 2009). 36 2.8. Pronostic et traitement Il n’existe pas de traitement spécifique pour cette infection chez le furet. Les furets atteints doivent être séparés des autres individus et des soins intensifs doivent être mise en place : fluidothérapie, antibiothérapie pour lutter contre les infections bactériennes secondaires et alimentation forcée. Si possible, l’antibiotique doit être choisi en fonction d’un antibiogramme réalisé sur un lavage trachéal. Une étude a montré que l’administration de vitamine A réduit la mortalité chez les furets infectés expérimentalement, elle doit être administrée à la dose de 50000 UI (15 mg) de palmitate de rétinol par voie intramusculaire une fois par jour, deux fois (Rodeheffer et al. 2007). La supplémentation en vitamine A a aussi permis de réduire la mortalité due au virus de la rougeole, (un autre Morbillivirus) chez l’Homme (Sudfeld et al., 2010). L’administration de sérum hyperimmun contre le virus de la maladie de Carré administré précocement a permis la guérison d’un furet (Perpiñán et al., 2008). Cependant, le pronostic est très sombre avec un taux de mortalité proche de 100 %. Les furets atteints décèdent en général 12 à 16 jours après l’exposition aux souches adaptées aux furets et 21 à 35 jours après exposition à la souche canine. L’euthanasie doit être proposée au propriétaire au vu du mauvais pronostic et de la souffrance de l’animal (Carpenter et Quesenberry, 2012; Fox et Marini, 2014 ; Mitchell et Tully, 2009). 2.9. Prévention Les types de vaccins utilisables : En Europe, il n’existe pas de vaccin avec autorisation de mise sur le marché (AMM) spécifique pour les furets ; la vaccination se fait donc avec des vaccins destinés aux chiens. Lors du choix du vaccin, il faut tenir compte des risques potentiels liés au fait d’utiliser des vaccins multivalents et ceux liés à l’utilisation de vaccins atténués cultivés sur cellules canines ou de furet. Il n’existe actuellement aucun vaccin monovalent contre la maladie de Carré, uniquement des vaccins multivalents canins. Cependant, peu d’informations sont disponibles sur l’efficacité et l’innocuité de ces vaccins chez le furet. D’autre part, l’utilisation de vaccins vivants atténués sur des cellules canines ou de furets est déconseillée car il y a un risque de réversion par multiplication dans l’hôte et mutations. Une étude rapporte une épidémie de maladie de Carré dans une ferme à furets faisant suite à une vaccination avec des vaccins vivants atténués sur cellules des furets ou de chiens ; les animaux atteints présentaient uniquement des signes nerveux et ne transmettaient pas le virus (Gill et al., 1988). L’usage de vaccins atténués sur des cellules aviaires comporte moins de risques (Boussarie, 2008 ; Quinton, 2012). Les vaccins inactivés n’offrent pas une protection aussi efficace que les vaccins vivants atténués(Pavlačík et al., 2007 ; Williams ES et al., 1996), c’est pourquoi ils sont peu utilisés. En Amérique du Nord, des vaccins spécifiques pour les furets sont disponibles : le Fervac D® d’United Vaccines, un vaccin vivant atténué sur cellules embryonnaires de poulet et le Pure Vax Ferret Distemper® de Mérial, un vaccin recombinant utilisant un canarypox virus comme vecteur. Protocoles : Chez les jeunes furets, les anticorps maternels peuvent interférer avec la vaccination. Cette immunité passive peut durer entre 6 et 14 semaines (Lewington, 2007). C’est pourquoi il est préconisé de réaliser une primovaccination à 6-7 semaines puis de faire deux rappels à 3-4 semaines d’intervalles. Le rappel se fait ensuite tous les ans (Fox et Marini, 2014 ; Lewington, 2007 ; Steinbauer, 2010). L’administration du vaccin se fait habituellement par voir sous cutanée. Les réactions post-vaccinales : Des réactions post-vaccinales sont possibles chez le furet comme chez les autres espèces ; elles ont lieu dans les 20 minutes suivant l’injection et consistent en une réaction de type anaphylactique avec des vomissements, de la diarrhée parfois hémorragique, des muqueuses pâles, un pouls faible, une léthargie et parfois une détresse respiratoire (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Greenacre, 2003 ; Moore et al., 2005). Le 37 choc anaphylactique peut être géré par l’administration d’épinéphrine, d’une fluidothérapie, de corticoïdes, d’antihistaminiques et d’une oxygénothérapie (Lewington, 2007). En conclusion sur la vaccination contre la maladie de Carré, il est nécessaire d’informer le propriétaire de l’utilisation de vaccins sans AMM et des possibles réactions post-vaccinales. Il est préférable de choisir un vaccin contre la maladie de Carré avec le moins de valences possibles et obtenu à partir de souches aviaires (Nobivac® DH, Nobivac® Puppy DP de Intervet et Canigen®CH de Virbac répondent à ces critères). Le furet doit être gardé en observation 30 minutes après l’injection vaccinale pour s’assurer de l’absence de réaction post-vaccinale. Mesures sanitaires : Le virus étant assez fragile dans l’environnement, il peut être éliminé par des agents nettoyants courants tels que les composés d’ammoniums quaternaires, le phénol 0,75 %, l’hydroxyde de sodium à 2-5 % ou le formaldéhyde. Les vecteurs du virus tels que les gants ou autres outils doivent être également désinfectés (Fox et Marini, 2014). 3. La maladie aléoutienne (Parvovirus) La maladie aléoutienne est une maladie à médiation immune causée par le Parvovirus ADV (Aleutian Virus Disease). La maladie a été décrite pour la première fois chez le vison (Neovison vison) en 1940, puis un peu plus tard, à la fin des années 60, chez le furet (Fox et Marini, 2014 ; Kenyon et al., 1967). Les visons homozygotes pour le gène aléoutien, (responsable de la couleur de robe bleue) sont plus sensibles à la maladie, ce qui lui a valu son nom de maladie aléoutienne. Le portage asymptomatique est fréquent chez le furet. Le développement de la maladie est un processus complexe qui dépend de nombreux facteurs comme l’espèce, la génétique, le statut immunitaire de l’animal, la voie d’infection, la dose infectante et la souche du virus (Fox et Marini, 2014). 3.1. Etiologie L’ADV appartient à la famille des Parvoviridae et au genre Amdovirus. C’est un virus nu de petite taille à ADN monocaténaire (figure 20). Figure 20 : Virions de Parvovirus en microscopie électronique. La barre d'échelle mesure 100 nm (Heegaard et Brown, 2002) Il existe plusieurs souches du virus chez le vison, plus ou moins virulentes, la plus courante étant la souche ADV-Utah. Chez le furet au moins trois souches ont été identifiées, différentes de celles du vison (Murakami et al., 2001 ; Porter et al., 1982). La souche du furet présente une région hypervariable au niveau de la séquence codant la capside virale, similaire à celle présente chez la souche du vison (Saifuddin et Fox, 1996). Les virus peuvent passer d’une espèce à l’autre, mais l’infection est moins sévère qu’avec le virus 38 spécifique de l’espèce. L’origine des souches du furet reste inconnue, on a supposé qu’il s’agissait de souches mutantes du virus du vison mais cette hypothèse n’a pas été prouvée et une origine sauvage ne peut être exclue (Knuuttila et al., 2009b). 3.2. Transmission et épidémiologie La transmission du virus peut se faire par voie directe via les aérosols, par contact avec l’urine, les fèces, la salive ou le sang contaminés ou bien par voie indirecte lors d’un contact avec un objet contaminé (Langlois, 2005). La transmission verticale n’a pas été décrite chez le furet mais existe chez le vison, où elle joue un rôle important dans la persistance de la maladie au sein de la population (Cho et Greenfield, 1978 ; Gorham et al., 1976). La maladie aléoutienne est une maladie peu contagieuse. Des visons sains peuvent rester plusieurs mois avec des visons infectés sans se contaminer (Cho et Greenfield, 1978 ; Gorham et al., 1976 ; Jackson et al., 1996). Cette propagation lente suggère qu’il existe une dose minimale infectante du virus, nécessaire pour infecter de nouveaux individus sensibles (Gorham et al., 1976). Dans certains cas, la maladie peut se propager rapidement par aérosols ou via le milieu contaminé, notamment dans les élevages industriels (Gorham et al., 1976 ; Jackson et al., 1996). Cependant, la transmission par voie aérienne a peu de chance de se produire en conditions naturelles, puisqu’une forte dose de virus est nécessaire à l’infection et que la plupart des Mustélidés sont des espèces solitaires. La prévalence de la maladie aléoutienne est difficile à déterminer étant donné que les furets peuvent être porteurs asymptomatiques. Selon les études, la séroprévalence varie de 6 à 60 % (Fox et Marini, 2014 ; Porter et al., 1982 ; Welchman et al., 1993). Elle serait la plus importante lors de fortes densités d’individus comme dans les fermes, les refuges ou les centres de recherche (Fox et Marini, 2014). Le génome de l’ADV, ainsi que les anticorps dirigés contre ce virus, ont été détectés chez deux éleveurs de visons qui présentaient une microangiopathie similaire à celle rencontrée chez les visons atteints de la maladie aléoutienne. De tels cas sont rares, mais le potentiel zoonotique de cette maladie dans des conditions de forte charge virale doit être pris en compte (Jepsen et al., 2009). 3.3. Pathogénie Une fois infecté par le virus, l’organisme développe des anticorps contre les protéines structurales et non structurales du virus, ce qui provoque une augmentation des gamma globulines (Bloom et al., 1982). Chez les individus incapables d’éliminer le virus, une infection persistante se met en place avec la formation d’immuns complexes. Le dépôt de ces immuns complexes dans différents organes, notamment les reins, le foie, les artères et le cerveau, est à l’origine de lésions telles que glomérulonéphrite, prolifération des canaux biliaires ou artérite et d’une dégradation progressive de l’état général (Carpenter et Quesenberry, 2012). L’infection est à l’origine de symptômes similaires chez le furet et chez le vison. Chez les visons, l’infection entraîne rapidement une glomérulonéphrite auto-immune, une vascularite et une hypergammaglobulinémie qui mettent en jeu le pronostic vital de l’animal (Fox et Marini, 2014). Les individus infectés sont fréquemment immunodéprimés et sont plus susceptibles à la grippe, l’entérite virale ou la maladie de Carré (Carpenter et Quesenberry, 2012). L’infection par l’ADV cause une pneumonie interstitielle mortelle chez les petits nés d’une mère naïve (Alexandersen et Bloom, 1987). Chez les furets, on retrouve des points communs comme une hypergammaglobulinémie et, dans les stades avancés de la maladie, une glomérulonéphrite auto-immune. Cependant, dans la plupart des cas, la maladie est plus insidieuse, et un furet adulte immunocompétent peut développer une infection persistante et excréter le virus pendant plus d’un an sans signe clinique (Pennick et al., 2005). Les furets infectés pas les souches très pathogènes du vison guérissent habituellement en 12 jours après l’infection. Ils développent une élévation modérée des gammaglobulines et des lésions beaucoup plus discrètes (Porter et al., 1982). 39 3.4. Signes cliniques Les signes cliniques lors d’une infection spontanée chez le furet sont la conséquence du dépôt des immuns complexes et peuvent varier d’un individu à un autre. Trois cas de mort subite ont été décrits. À l’autopsie, ces furets présentaient un épanchement sérohémorragique dans la lumière intestinale (Daoust et Hunter, 1978). La plupart des furets présentent une dégradation progressive de l’état général avec une perte de poids plus ou moins importante (figure 21), une faiblesse, une ataxie et une parésie des membres postérieurs. Des signes d’atteinte du système nerveux central peuvent être observés, comme des tremblements, des convulsions ou une paralysie. On peut également observer une splénomégalie, une pâleur des muqueuses et un méléna (figure 21) (Carpenter et Quesenberry, 2012). Une dyspnée aigue a été décrite dans un cas de furet atteint de maladie aléoutienne (Wakimoto et al., 2000). Plus les furets sont âgés lors de l’infection, moins les signes cliniques sont sévères. Cependant, les furets peuvent être infectés pendant plusieurs années avant la déclaration des signes cliniques. La maladie est observée dans la plupart des cas sur des animaux âgés de deux à quatre ans. Figure 21 : Signes cliniques rencontrés lors de maladie aléoutienne. (A) : Amaigrissement ; (B) : Méléna (http://www.lepointveterinaire.fr/publications/le-point-veterinaire/article-canin/n-345/detection-du-virusde-la-maladie-aleoutienne-chez-29-furets-sains.html) Les résultats des analyses de laboratoire peuvent aussi varier. On retrouve le plus souvent une hypoalbuminémie et une hypergammaglobulinémie. L’électrophorèse des protéines sériques révèle une proportion de gammaglobulines entre 20 et 60 % de la concentration totale en protéines. Dans de rares cas, ces proportions sont dans les normes. D’autres anomalies peuvent être présentes en fonction des organes lésés par les dépôts d’immuns complexes comme une azotémie, une élévation des enzymes hépatiques, etc (Lewington, 2007). 3.5. Lésions Des lésions macroscopiques sont observables chez les furets à un stade avancé de la maladie, comme la présence de liquide sérohémorragique dans la lumière intestinale, une hépatomégalie, une splénomégalie, une hypertrophie thymique, et un amaigrissement (Daoust et Hunter, 1978 ; Fox et Marini, 2014). Les reins peuvent être de taille augmentée et de couleur brune, mais peuvent également être petits et bosselés selon la chronicité de la maladie. L’hépatomégalie peut s’accompagner de nodules hépatiques multifocaux. Des ecchymoses peuvent être présentes au niveau de la muqueuse de l’intestin grêle ainsi qu’un méléna dans la lumière intestinale. Dans les stades terminaux de la maladie, des anomalies de la coagulation dues à la vascularite et l’hypergammaglobulinémie peuvent provoquer des pétéchies, des ecchymoses et une hématurie. Lors d’une infection asymptomatique, il n’y a habituellement pas de lésion macroscopique. 40 À l’examen histopathologique, la maladie aléoutienne se caractérise par une hyperréactivité du système lymphoïde avec des infiltrations lymphoplasmocytaires dans de nombreux organes (Daoust et Hunter, 1978 ; Wakimoto et al., 2000). Une cholangiohépatite avec une infiltration péri-portale (figure 22) est courante, avec parfois une hyperplasie des canalicules biliaires et une fibrose péri-portale. On observe aussi fréquemment une néphrite interstitielle lymphoplasmocytaire (figure 23), une glomérulonéphrite membranoproliférative, une gastrite lymphoplasmocytaire et une encéphalomyélite non suppurée (Stevenson et al., 2001). Une plasmocytose marquée peut être présente au niveau de nombreux nœuds lymphatiques et de la moelle osseuse. Des infiltrats plasmocytaires peuvent être présents dans le thymus et les poumons. Chez les animaux atteints de troubles neurologiques, on peut observer une infiltration lymphocytaire périvasculaire de l’encéphale et de la moelle épinière associée à une méningite lymphoplasmocytaire. Une vascularite peut être observée dans presque tous les organes. Figure 22 : Foie d’un furet atteint de la maladie aléoutienne en microscopie optique avec une dilatation et une prolifération des canaux biliaires ainsi qu’une infiltration périportale par des cellules mononucléaires. (Wakimoto et al., 2000) Figure 23 : Néphrite interstitielle lymphoplasmocytaire chez un furet atteint de la maladie aléoutienne. (Pennick et al., 2005) 3.6. Diagnostic Le diagnostic est orienté par l’association de signes cliniques évocateurs (notamment l’amaigrissement et des troubles neurologiques), d’une possibilité d’exposition au virus et d’une hypergammaglobulinémie. Cependant, cette dernière, considérée comme pathognomonique chez le vison, n’est pas toujours présente chez le furet (Langlois, 2005). Il est confirmé par une analyse sérologique, un résultat PCR positif sur un échantillon de selles ou des biopsies intestinales, ou par un examen histologique de biopsies de différents organes. La sérologie permet de déterminer si un furet possède des anticorps anti ADV et donc s’il a été exposé au 41 virus. Les anticorps dirigés contre l’ADV sont produits à partir de 15 jours post-infection et une hypergammaglobulinémie apparait entre deux et six mois post-infection (Porter et al., 1982), avec des variations en fonction des souches (Stevenson et al., 2001). Il est important de retenir que tous les furets possédant ces anticorps ne développeront pas forcément la maladie ni n’excrèteront le virus. Plusieurs techniques ont été utilisées, seule la technique ELISA est actuellement disponible. Deux tests ELISA ont été développés pour le furet à ce jour, l’un par Avecon Diagnostics Inc., l’autre par l’Université de Géorgie. Le premier détecte la présence d’anticorps dirigés contre la protéine non structurale NS1 synthétisée lors de la réplication du virus. Un résultat faussement négatif est possible lorsque le virus ne se multiplie pas, ou si le test est réalisé avant la production d’anticorps. Ce test se fait sur un échantillon de sang (sérum ou plasma) ou de salive. Il existe un test rapide à usage unique, le Quickcheck ADV®, permettant un dépistage immédiat par le vétérinaire à la clinique sur un prélèvement de sang ou de salive, ou par le propriétaire chez lui sur un échantillon de salive. Le test ELISA développé par l’Université de Géorgie détecte les anticorps dirigés contre les deux protéines principales de la capside du virus, qui sont présents lors de la réplication comme en phase de latence. Des résultats faussement négatifs peuvent survenir si le furet ne produit que des anticorps contre les protéines non structurales. Pour cette raison, il serait intéressant de réaliser les deux tests de manière concomitante, mais seul le premier est commercialement disponible pour le moment (Carpenter et Quesenberry, 2012). La technique de contre immunoélectrophorèse (CIEP) a longtemps été considérée comme la technique de référence pour détecter les anticorps anti-ADV chez les furets et les visons. Elle est toujours utilisée pour le dépistage de la maladie dans les élevages de visons. Cette technique est basée sur la formation et la détection visuelle d’immuns complexes entre les anticorps présents dans le sérum et des antigènes viraux dans un gel d’agarose après électrophorèse (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Knuuttila et al., 2009a). La technique ELISA a été développée dans le but de remplacer la CIEP, car elle est plus simple à réaliser. La méthode PCR permet de détecter le génome viral dans le sang, la salive, les fèces, et l’urine (Fox et Marini, 2014). Il est intéressant, en cas de test ELISA positif, de réaliser un test PCR pour confirmer le diagnostic. L’analyse PCR nécessitait encore récemment un envoi à l’étranger, mais un test PCR est disponible depuis 2009 en France (PCR ADV Scanelis®). L’hybridation in situ permet de visualiser l’ADN viral au niveau des lésions microscopiques, confirmant le diagnostic. C’est cependant une méthode invasive qui n’est pas utilisée en routine. 3.7. Traitement et prévention Il n’existe pas de traitement définitif. Chez le vison, un traitement immunosuppresseur à base de cyclophosphamide a été utilisé avec une rémission des signes cliniques jusqu’à 16 semaines, mais sans diminution de la charge virale (Stevenson et al., 2001). Le protocole consistait en une administration de 10 mg/kg de cyclophosphamide par voie intrapéritonéale trois fois par semaine pendant 13 semaines et a permis de supprimer la production excessive d’anticorps et le dépôt d’immuns complexes. Cependant, cette molécule peut avoir des effets secondaires importants comme un abattement, une anorexie, une cyanose ou une leucopénie. Chez les furets présentant la maladie, un traitement de soutien est important avec notamment une fluidothérapie et une réalimentation. Les individus atteints étant immunodéprimés, une antibiothérapie afin de prévenir des éventuelles infections secondaires est à envisager. Il n’existe actuellement pas de vaccin contre l’ADV. Le contrôle de la maladie repose sur le dépistage des individus séropositifs et leur isolement ou leur élimination. Des mesures de contrôle à l’introduction et de quarantaine doivent être mises en place dans les collectivités afin d’éviter l’introduction du virus. Une hygiène rigoureuse doit être respectée étant donné la possibilité de transmission du virus par des vecteurs mécaniques comme l’homme ou des objets contaminés (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). 42 4. Rougeole Le virus de la rougeole est un Morbillivirus de la famille des Paramyxoviridae très contagieux touchant l’homme et responsable de taux de morbidité et de mortalité élevés chez les individus non vaccinés. Les furets ne sont pas sensibles au virus de la rougeole. Cependant, le virus de la maladie de Carré est très proche du virus de la rougeole et l’infection par le virus de la maladie de Carré chez le furet provoque des signes cliniques identiques à ceux rencontrés lors de rougeole chez l’homme : la dermatite, l’hyperthermie, l’immunosuppression, l’atteinte gastro-intestinale et respiratoire et les complications neurologiques. C’est pourquoi l’infection par le virus de la maladie de Carré chez le furet est un modèle utilisé afin de tester de nouveaux vaccins contre la rougeole et afin d’étudier la pathogénie de cette maladie. De plus, l’inoculation intracérébrale de souches provenant de patients humains atteints de panencéphalite sclérosante subaiguë (une atteinte du système nerveux central décrite lors d’infection persistante par le virus de la rougeole) provoque chez le furet une maladie similaire à celle de l’homme (Mehta et Thormar, 1979 ; Thormar et al., 1985). Le furet a également été utilisé afin de comprendre le mécanisme d’invasion et d’immunosuppression des Morbillivirus. Pour cela, des virus de la maladie de Carré incapables de reconnaitre le récepteur SLAM CD150 (« Signaling Lymphocytic Activation Molecule », protéine située à la surface des cellules Natural Killer (NK) et des lymphocytes, ainsi que sur les cellules dendritiques et les monocytes activés) ou incapables d’exprimer les protéines non structurales C et V, inhibitrices de la voie des interférons, ont été synthétisés. Ceci a permis de montrer le rôle des lymphocytes et de leur récepteur CD150 dans la dissémination du virus dans l’organisme puisque les virus incapables de reconnaitre ce dernier ne se disséminaient pas, ainsi que le rôle des protéines C et D qui bloquent la réponse immunitaire de l’hôte et notamment la voie des interférons, permettant une propagation rapide du virus (Von Messling et al., 2006). III. Viroses à tropisme respiratoire 1. La Grippe (Influenzavirus), Orthomyxovirus 1.1. Généralités Les furets sont sensibles à de nombreux virus Influenza du genre A et B, notamment ceux touchant l’homme, mais aussi les souches aviaires, équines et porcines (Langlois, 2005). La transmission est possible entre furets et ceux-ci développent naturellement une forme grave de la maladie. Il n’existe que peu de publications sur des cas d’infections naturelles par la grippe chez le furet (Lin et al., 2014; Patterson et al., 2009 ; Swenson et al., 2010), mais le furet a beaucoup été utilisé comme modèle animal pour l’étude du virus de la grippe humaine et aviaire chez l’Homme. Ceci est dû au fait que les principaux signes cliniques chez le furet sont similaires à ceux rencontrés chez l’Homme (fièvre, léthargie, symptômes respiratoires) et que la répartition des acides sialiques, récepteurs du virus dans le tractus respiratoire, est similaire dans les deux espèces (Enkirch et Von Messling, 2015). 1.2. Etiologie L’agent pathogène responsable de la grippe est un virus enveloppé à ARN simple brin segmenté du genre virus Influenza. Il en existe 3 types : A, B et C, classés selon l'antigénicité de leurs nucléoprotéines. Les virus de type A et B (auxquels est sensible le furet) sont responsables des épidémies grippales annuelles 43 chez l’homme, mais seuls les virus de type A sont à l'origine de pandémies. On distingue plusieurs soustypes sur la base de leurs antigènes de surface : l’hémagglutinine (H1 à H16) et la neuraminidase (N1 à N9) (figure 24). Les sous-types H1N1 et H3N2 affectent l’homme et le furet et sont à l’origine d’une forme peu sévère de la maladie touchant l’appareil respiratoire supérieur sans expansion aux poumons. En effet, ces sous-types se lient préférentiellement aux récepteurs acide sialique glycosilés en α 2-6, présents en quantité importante au niveau du tractus respiratoire supérieur. Les sous-types de virus ayant une plus grande affinité pour les récepteurs acide sialique glycosilés en α 2-3, présents au niveau du tractus respiratoire inférieur, sont beaucoup plus pathogènes. La spécificité pour un type de récepteur est très importante pour la pathogénicité du virus de la grippe (Enkirch et Von Messling, 2015). Figure 24 : Représentation schématique de (http://www.chups.jussieu.fr/polys/viro/poly/viro.pdf) 1.3. la structure du virus de la grippe Epidémiologie Le virus de la grippe est une maladie zoonotique. Il est important de demander aux propriétaires d’un furet présentant des signes compatibles avec la grippe si personne dans l’entourage n’a été touché par cette maladie dans les jours précédant la maladie de leur animal. La transmission entre furets et du porc au furet est également possible (De Vleeschauwer et al., 2009 ; Fox et Marini, 2014). La transmission se fait dans les sécrétions respiratoires via les aérosols. Le risque de transmission est le plus important lors du pic d’hyperthermie (John A. Maher et DeStefano, 2004). Des cas de grippe chez le furet ont été décrits en période d’épidémie de grippe humaine mais l’incidence de la maladie chez le furet est difficile à déterminer en raison du grand nombre de cas non diagnostiqués ou non rapportés (Bell et Dudgeon, 1948 ; Fox et Marini, 2014). 1.4. Signes cliniques et lésions Les signes cliniques sont similaires chez l’homme et le furet et dépendent de nombreux facteurs comme l’âge du furet lors de l’infection, la souche virale, les conditions environnementales ou les éventuelles infections secondaires. La morbidité est souvent élevée et la maladie peut être fatale chez les jeunes 44 individus ou les individus immunodéprimés. Les souches humaines ont tendance à causer des formes plus graves de la maladie que les souches aviaires et la mortalité peut être élevée suite à l’infection par une souche humaine très pathogène. Chez le furet comme chez l’homme, la grippe est une maladie d’évolution aigue, la durée d’incubation est de quarante-huit heures et elle dure trois à cinq jours en l’absence de complications. L’examen clinique des furets atteints peut révéler une hyperthermie ainsi que des signes d’atteinte modérée des voies respiratoires supérieures tels que l’apparition d’éternuements, de sécrétions séreuses oculaires et nasales associées à un abattement et une hyperthermie. Parfois, les signes cliniques sont discrets et la grippe peut passer inaperçue mais, dans certains cas, la maladie peut également occasionner une bronchite ou une pneumonie. Cette complication serait corrélée à l’âge de l’animal et/ou à la souche du virus. Certaines souches pneumotropes sont à l’origine de formes plus sévères de grippe, accompagnées de complications comme la pneumonie. Les souches à l’origine de pneumonies chez le furet et chez l’homme sont souvent les mêmes. On peut parfois observer une léthargie, une dyspnée, une conjonctivite, des otites, une dermatite autour des yeux et du nez ou encore des signes neurologiques (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014 ; John A. Maher et DeStefano, 2004 ; Lewington, 2007). Les lésions observées sont le plus souvent limitées à l’appareil respiratoire, avec des rhinites pouvant évoluer en trachéobronchite ou en pneumonie. Macroscopiquement, on peut observer des zones de consolidation pulmonaire multifocales et coalescentes concernant 20 à 70 % de la surface pulmonaire. On peut identifier une desquamation de l’épithélium nasal associée à une infiltration de la sous-muqueuse par des cellules inflammatoires. On peut également observer des signes de bronchite modérée, de bronchiolite nécrosante et d’inflammation alvéolaire aigue associée à de l’œdème et des hémorragies alvéolaires avec au niveau microscopique des macrophages, des neutrophiles, des érythrocytes, de la fibrine et des débris cellulaires dans les alvéoles pulmonaires (figure 25) (Fox et Marini, 2014 ; John A. Maher et DeStefano, 2004 ; Kuiken et al., 2010). Figure 25 : Coupe histologique de poumon de furet inoculé avec le virus H1N1 en microscopie optique. Présence d’un épaississement des septums alvéolaire et comblement des alvéoles par des neutrophiles, des érythrocytes, de la fibrine, de l’œdème et des débris cellulaires. (van den Brand et al., 2010) 1.5. Pathogénie Après l’inoculation intranasale, le virus se réplique en premier lieu dans la muqueuse nasale puis envahit de façon prédominante l’appareil respiratoire supérieur, principalement l’épithélium bronchique. Le virus se fixe à la surface des cellules de l’épithélium respiratoire via le récepteur acide sialique glycosilé en α2-6 pour les souches humaines et en α2-3 pour les souches aviaires. La répartition du virus dans le tractus respiratoire varie donc en fonction des souches aviaires ou humaines. Elle est similaire chez le furet et chez l’homme (Van Riel et al., 2007). Les souches humaines H1N1 et H3N2 se fixent majoritairement à la 45 surface des cellules ciliées de la trachée et des bronches et aux pneumocytes de type I dans les alvéoles pulmonaires. Les souches aviaires H5N9, H6N1 et H5N1 se fixent préférentiellement aux pneumocytes de type II dans les alvéoles pulmonaires. Chez l’homme comme chez le furet se produit une desquamation de l’épithélium nasal et une infiltration de la sous-muqueuse des cavités nasales par des cellules inflammatoires. L’excrétion du virus dans les sécrétions nasales débute au pic d’hyperthermie et se poursuit durant plusieurs jours. Le virus atteint exclusivement l’appareil respiratoire supérieur et il n’y a pas de phase de virémie. La réponse immunitaire à médiation cellulaire et notamment les lymphocytes T cytotoxiques jouent un rôle très important dans l’élimination des cellules infectées (John A. Maher et DeStefano, 2004). La capacité qu’ont certaines souches d’infecter les voies respiratoires inférieures ou d’autres organes dépend des propriétés de l’hémagglutinine. En effet, l’hémagglutinine doit être clivée avant d’être fonctionnelle. La distribution des protéases activatrices est un des facteurs déterminants le tropisme cellulaire. Les hémagglutinines des virus Influenza hautement pathogènes, notamment la souche H5N1, sont clivées par des protéases ubiquistes et ces souches ont donc la capacité d’infecter de nombreuses cellules et de causer une infection systémique (Steinhauer, 1999). De plus, ces virus Influenza sont capables d’augmenter la production de cytokines pro-inflammatoires, en particulier le Tumor Necrosis Factor et l’interféron béta, ce qui contribue à la sévérité de la maladie (Cheung et al., 2002). 1.6. Diagnostic Le diagnostic est basé sur la présence de signes cliniques évocateurs, la possibilité d’exposition au virus, et la guérison en quatre à cinq jours. La maladie de Carré ne doit jamais être oubliée dans le diagnostic différentiel d’une atteinte des voies respiratoires supérieures chez un furet, mais cette maladie est en général responsable d’une atteinte plus sévère et plus longue avec une hyperthermie persistante. Les tests sérologiques tels que la détection d’anticorps par la technique ELISA, les tests d’inhibition de l’hémagglutination et de microneutralisation sont peu utilisés en pratique, mais sont couramment utilisés pour la recherche. L’isolement du virus et la RT-PCR peuvent être réalisées sur des tissus frais ou congelés, sur écouvillon nasal ou sur lavage broncho-alvéolaire. De nombreux laboratoires sont capables d’identifier le sous-type viral. L’histopathologie et l’immunohistochimie peuvent être utilisées pour le diagnostic post-mortem (Fox et Marini, 2014 ; Langlois, 2005). 1.7. Traitement En général, la maladie reste peu sévère et le traitement est essentiellement symptomatique. L’animal doit être laissé au calme et des aliments appétants et énergétiques doivent être proposés régulièrement, le gavage peut être nécessaire si le furet refuse de s’alimenter. Si une toux est présente et persiste, des antitussifs pédiatriques sans alcool peuvent être utilisés. Pour soulager l’inflammation au niveau des cavités nasales, un antihistaminique comme la diphénhydramine (2-4 mg/kg per os toutes les 8 à 12 heures) ou de la phényléphrine par voie intranasale peuvent être prescrites. Les antibiotiques sont indiqués afin de contrôler d’éventuelles surinfections bactériennes du tractus respiratoire, en particulier chez les nouveau-nés ou les animaux affaiblis. L’utilisation d’antiinflammatoires non stéroïdiens pour leur action antipyrétique n’est pas indiquée, car la fièvre a une action bénéfique pour limiter l’infection (Langlois, 2005). L’administration d’antiviraux permet de prévenir la maladie, de réduire les signes cliniques et de limiter les lésions causées par le virus. L’inhibiteur de la neuraminidase, l’oseltamivir (Tamiflu®) est utilisé à la dose de 2,5 à 5 mg/kg per os deux fois par jour pendant dix jours (Boltz et al., 2008), des doses plus importantes (12,5 mg/kg per os deux fois par jour ) pouvant être nécessaire pour traiter les souches très pathogènes (Govorkova et al., 2011, 2007). Certaines souches ont acquis des mutations au niveau de leur neuraminidase leur conférant une résistance aux inhibiteurs de la neuraminidase (Sheu et al., 2008). L’agoniste des récepteurs sphingosine-1phosphate 1 (S1P1) est un immunomodulateur qui permet de modérer la réponse inflammatoire excessive et ainsi limiter les lésions et les signes cliniques engendrés par le virus. Il a été montré chez le furet que 46 l’utilisation conjointe de l’oseltamivir et de l’antagoniste des récepteurs S1P1 améliore le traitement de la grippe H1N1 (Teijaro et al., 2014). Un autre inhibiteur de la neuraminidase, le Zanamivir (Relenza®) administré 48 heures avant l’infection par voie intranasale à la dose de 12,5 mg/kg une fois permet de réduire de manière significative les signes cliniques (fièvre et jetage), ainsi que l’excrétion du virus (Fenton et al., 1999). L’utilisation d’anticorps monoclonaux CR6261 humains dirigés contre l’virus Influenza H5N1 chez le furet à la dose de 30 mg/kg IV de manière prophylactique ou thérapeutique prévient la mortalité, réduit la perte de poids, l’hyperthermie, la charge et l’excrétion virale ainsi que les lésions pulmonaires (Friesen et al., 2010). L’interféron α humain diminue la sévérité des signes cliniques chez le furet à la dose de 107 unités une fois par jour pendant plusieurs jours par voie intranasale ou en injection (Kugel et al., 2009). 1.8. Pronostic Le pronostic est bon chez l’adulte, l’atteinte étant bénigne dans la grande majorité des cas. Chez le nouveauné en revanche, l’infection est presque systématiquement mortelle. 1.9. Prophylaxie Médicale Les vaccins utilisés chez l’homme sont considérés comme efficaces et sans danger pour le furet, la plupart étant testés sur cette espèce (Baras et al., 2008 ; Chen et al., 2009). Cependant, il n’existe pas d’AMM pour leur utilisation chez le furet. De plus, en raison du caractère bénin de l’infection et de la grande variabilité antigénique du virus, qui contraint à renouveler chaque année les vaccins, la vaccination du furet n’est pas pratiquée. Les individus infectés restent immunisés contre la même souche de virus pendant 5 semaines, cette immunité est assurée par les anticorps et peut être transmise par le colostrum (Fox et Marini, 2014). Sanitaire La prévention de la maladie consiste à éviter l’exposition à des sujets porteurs du virus, hommes ou furets. Les personnes présentant des symptômes respiratoires compatibles avec la grippe doivent prendre certaines précautions : minimiser au maximum les contacts, pratiquer une hygiène des mains rigoureuse après la manipulation de l’animal, éventuellement porter un masque et des gants pour le manipuler. Un furet malade peut également transmettre la maladie, il convient alors d’isoler l’animal malade des autres et d’éviter les contacts avec les personnes âgées ou immunodéprimées et les enfants. Un nettoyage et une désinfection de l’environnement est nécessaire afin de diminuer la charge virale. Un nettoyage à l’eau chaude et au savon est efficace pour éliminer toute matière organique et inactiver le virus. De nombreux désinfectants chimiques sont disponibles pour lutter contre le virus de la grippe, tels que les iodophores, l’eau oxygénée, l’éthanol à 70 %, la javel, etc. (Fox et Marini, 2014 ; Langlois, 2005). 2. Herpesvirus de l’IBR Le virus responsable de la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR pour Infectious Bovine Rhinotracheitis) a été isolé à partir de la rate d’un furet cliniquement sain. Inoculé expérimentalement, il est à l’origine de symptômes respiratoires. 2.1. Etiologie Le virus à l’origine de l’IBR est l’herpesvirus bovin de type 1 (BHV-1), il appartient à la famille des Herpesviridae et à la sous-famille des Alphaherpesviridae (figure 26). La rhinotrachéite infectieuse bovine est une maladie du bétail. Cette affection qui touche essentiellement les bovins se traduit par une atteinte des 47 voies respiratoires supérieures, mais peut aussi causer des vaginites, des balanoposthites, des avortements, des conjonctivites et des entérites. Figure 26 : Herpesvirus en microscopie électronique (source : site de l’université du Kentucky http://www2.ca.uky.edu/gluck/biblioehv1.asp) 2.2. Transmission et épidémiologie Les bovins se contaminent horizontalement par voie génitale ou respiratoire via les aérosols et verticalement. Le BHV-1 est capable d’échapper au système immunitaire et ainsi entrer en phase de latence, les animaux infectés devenant alors porteurs asymptomatiques du virus. À l’occasion d’un stress ou d’une autre infection, le virus peut être réactivé et de nouveau excrété avec ou sans signes cliniques. Dans le seul cas décrit d’infection spontanée par le BHV-1 chez un furet, le virus a été isolé à partir du foie de cet individu. L’hypothèse proposée par l’auteur pour expliquer cette infection est la contamination par voie orale, le furet recevant du bœuf cru dans son alimentation (Porter et al., 1975). 2.3. Signes cliniques et lésions Le virus inoculé expérimentalement par voies intranasale et intrapéritonéale provoque des symptômes respiratoires tels que des éternuements, une toux et une anorexie. Le virus a été retrouvé au niveau des cornets nasaux, du pharynx, des nœuds lymphatiques rétropharyngés, de la trachée, des poumons et de la rate dès le 4ème jour suivant l’inoculation, et uniquement au niveau du pharynx les 8ème et 12ème jours après inoculation. Un exsudat mucopurulent était observé dans le nasopharynx et chez certains furets dans la trachée au 4ème et 8ème jour post-inoculation. Des pétéchies et ecchymoses étaient visibles au niveau des muqueuses pharyngée et trachéale. L’examen histologique révélait une pharyngite suppurative aigue caractérisée par une infiltration de neutrophiles dans la muqueuse et la sous-muqueuse. Les furets présentaient également une œsophagite aigue au niveau de la partie proximale de l’œsophage, caractérisée par une dégénérescence ballonisante de l’épithélium squameux stratifié, des inclusions cytoplasmiques dans les cellules épithéliales et une inflammation à caractère lymphoplasmocytaire de la sous-muqueuse (Smith, 1978). 2.4. Pathogénie Chez les bovins, la réplication du virus commence au niveau dans la muqueuse nasale, puis le virus se propage au niveau du tractus respiratoire supérieur. Lors de cette réplication, les cellules épithéliales infectées dégénèrent et se nécrosent, laissant une voie d’entrée pour les infections bactériennes secondaires. Selon la virulence de la souche et le système immunitaire de l’hôte, l’infection peut rester localisée ou se rependre à tout l’organisme. 48 Chez le furet, l’infection expérimentale par le BHV-1 cause une affection respiratoire similaire à celle rencontrée chez les bovins, suggérant un tropisme respiratoire chez les deux espèces. Le mode de dissémination aux tissus hépatique et splénique dans le cas du furet infecté spontanément n’a pas été élucidé. 2.5. Diagnostic Il peut être établi par PCR et isolement du virus sur des échantillons de tissus et des écouvillonnages nasaux ou par des tests sérologiques utilisant la technique ELISA. 2.6. Prévention Le BHV-1 pouvant être responsable d’affections respiratoires, il est recommandé d’éviter la viande crue dans l’alimentation du furet. Etant donné le peu d’information existant sur les infections spontanées par le BHV-1 chez le furet, des mesures préventives spécifiques ne sont pas nécessaires, en particulier si le furet n’est pas nourri avec de la viande crue ou s’il n’est pas en contact avec des porteurs potentiels. IV. Viroses à tropisme neurologique 1. Rage La rage est une encéphalomyélite virale touchant l’homme et tous les autres mammifères terrestres. Elle est très répandue dans le monde et est responsable de dizaines de milliers de morts chaque année. C’est une maladie mortelle en l’absence de traitement. La rage reste exceptionnelle chez le furet. Quelques rares cas, moins de trente depuis 1958, ont été répertoriés chez des furets domestiques aux Etats-Unis, dont un cas provoqué par une vaccination à l’aide d’un vaccin vivant atténué. A ce jour, aucun cas de rage humaine contractée après morsure d’un furet n’a été rapporté (Langlois, 2005). 1.1. Le virus La rage est causée par un virus enveloppé, à ARN monocaténaire de polarité négative appartenant à la famille des Rhabdoviridae et au genre Lyssavirus (figure 27). Il existe à ce jour sept génotypes de Lyssavirus : le virus de la rage, le virus Lagos bat, le virus Mokola, le virus Duvenhague, le Lyssavirus européen de la chauve-souris type 1 (EBLV-1) et type 2 (EBLV-2) et le Lyssavirus australien de la chauvesouris (ABL). Cette subdivision a été obtenue à partir de l'analyse phylogénétique des séquences nucléotidiques du gène de la nucléoprotéine. La rage des Mammifères terrestres est due exclusivement à des Lyssavirus de génotype 1. Les autres génotypes sont considérés comme des virus apparentés à la rage, dont les génotypes 5 et 6 (EBLV 1 et 2), responsables de la rage des chauves-souris en Europe, également transmissible à l'homme. 49 Figure 27 : Virions de Rhabdovirus en microscopie électronique (http://www2.vetagro-sup.fr/etu/viruscanides/Rhabdo3.jpg) 1.2. Transmission et épidémiologie Pour infecter un organisme, le virus rabique a besoin d’une porte d’entrée, le plus souvent sous forme d’une morsure d’un animal porteur excrétant le virus dans sa salive ou de toute autre lésion traumatique. Un contact avec la conjonctive oculaire ou la muqueuse olfactive pourrait également être contaminant. La réponse de l’organisme au virus de la rage est dépendante de la souche du virus rabique, de la quantité de virus inoculée, du lieu d’inoculation, et de la sensibilité individuelle (Langlois, 2005). Un essai expérimental d’inoculation à des furets par voie orale par ingestion d’une souris porteuse du virus s’est révélé infructueux (Bell et Moore, 1971). Il a été démontré expérimentalement que le furet est sensible aux souches « canine » et « vulpine », et également aux Lyssavirus des chiroptères (European Bat Lyssaviruses, EBLV) (Vos et al., 2004), dont les chauves-souris constituent le principal réservoir en Europe. La période d’incubation est en moyenne d’un mois (Niezgoda et al., 1998, 1997). Selon la souche virale employée, un furet infecté expérimentalement peut être malade et ne pas excréter le virus dans sa salive (Blancou et al., 1982 ; Niezgoda et al., 1998, 1997). 1.3. Pathogénie Après inoculation, le plus souvent par morsure, le virus peut se multiplier à son point d’inoculation dans les cellules du muscle, favorisant ainsi l’infection ultérieure des terminaisons nerveuses. La diffusion du virus dans l’organisme se produit par voie nerveuse ascendante dans un premier temps, à partir du point d’inoculation périphérique vers le cerveau. La cellule de l’organisme la plus sensible au virus de la rage est le neurone et, dans un second temps, le virus se multiplie très activement dans le cerveau. Dans un troisième temps, le virus est transporté du cerveau vers la périphérie, envahissant tout le système nerveux périphérique ainsi que certains organes, notamment les glandes salivaires où on observe une réplication virale importante. Ceci permet à l’animal infecté de transmettre la rage par morsure (Toma et Dufour, 2014). 1.4. Signes cliniques et lésions Le furet présente le plus souvent la forme paralytique de la rage. Les signes cliniques décrits chez le furet sont une paralysie ascendante, une ataxie, des tremblements, une paresthésie, une hyperactivité avec des phases de léthargie intermittentes, une anorexie, une cachexie, une atonie vésicale, de la constipation, une hyperthermie ou une hypothermie, des vocalisations anormales, des éternuements, du ptyalisme, une photophobie et des crises convulsives (Fox et Marini, 2014 ; Lackay et al., 2008 ; Vos et al., 2004). Dans une étude, deux des 19 furets infectés avec le virus de la rage du raton laveur ont montré un comportement 50 agressif (Niezgoda et al., 1998). Les signes cliniques étaient décrits comme discrets chez les furets infectés avec la souche du renard roux européen, et la mortalité était dépendante de la quantité de virus inoculée (Blancou et al., 1982). Avec la souche de la moufette rayée, la sensibilité des furets était dose dépendante et la période d’incubation était inversement proportionnelle à la dose inoculée (Niezgoda et al., 1997). En revanche, les furets infectés par la souche du raton laveur étaient peu sensibles quelle que soit la dose inoculée et la période d’incubation était indépendante de la dose inoculée (Niezgoda et al., 1998). Les furets survivant à l’infection ne présentaient aucune séquelle, excepté un furet infecté par la souche de la moufette rayée, qui présentait une paralysie. La réponse immunologique des furets contre le virus de la rage semble variable en fonction de la souche virale inoculée. Le taux d’anticorps neutralisants est supérieur lors d’infection par les souches occasionnant des signes cliniques plus légers (Blancou et al., 1982 ; Niezgoda et al., 1998, 1997). En cas d’atteinte par la rage, les lésions histopathologiques ne reflètent pas la sévérité des signes cliniques. Elles se localisent au niveau du cerveau, du tronc cérébral et de la moelle épinière. Ce sont des lésions de polyencéphalomyélite virale non suppurative avec des infiltrations périvasculaires, une congestion vasculaire, une dégénérescence neuronale, et une gliose focale à diffuse (figure 28). La distribution des lésions varie en fonction de la souche virale. Des corps d’inclusion cytoplasmiques dans les neurones (corps de Negri) sont pathognomoniques de la rage mais ne sont présents que dans 50 à 75 % des cas environ (Jenson et al., 1967 ; Sandhyamani et al., 1981). D’autres organes tels que le foie, le pancréas, les surrénales, et le foie peuvent présenter des foyers inflammatoires avec principalement des lymphocytes. Figure 28 : Coupe histologique de cerveau d'un furet atteint de rage en microscopie optique. Présence de zones de prolifération astrocytaire et de gliose ainsi que des zones d’infiltration périvasculaire par des cellules mononuclées. (Hamir et al., 2011) 1.5. Diagnostic La rage doit faire partie du diagnostic différentiel dans le cas d’une paralysie d’apparition brutale, d’un brusque changement de personnalité, surtout s’il s’agit d’un furet non vacciné qui a accès à l’extérieur ou dans une zone endémique de rage. Elle doit systématiquement être suspectée si les signes cliniques ne peuvent être rattachés de façon certaine à une autre maladie. Chez l'animal, le diagnostic s'effectue uniquement en post-mortem à partir du cortex, de l'hippocampe et du bulbe rachidien. Pour établir un diagnostic de certitude, le furet doit être euthanasié et sa tête doit être envoyée au laboratoire adéquat, l’institut Pasteur ou l’ANSES de Nancy en France. Trois types de techniques sont employés pour le diagnostic de routine : la mise en évidence d’antigènes viraux par immunofluorescence directe sur empreinte de cerveau qui est la technique de référence, l'isolement du virus 51 rabique sur cellules en culture (neuroblastomes murins) et la troisième technique de diagnostic (RREID pour Rapid Rabies Enzyme Immuno Diagnosis) qui est un test ELISA sandwich basé sur l'immunocapture de la nucléocapside du virus rabique. Le titrage des anticorps rabiques est utilisé pour apprécier le degré de l'immunité post-vaccinale chez l’animal. Il est réalisé notamment lors d’importation dans certains pays qui exigent ce titrage, ou pour des enquêtes épidémiologiques. La RT-PCR a aussi été appliquée au diagnostic de la rage. Elle présente une corrélation parfaite avec les techniques usuelles de diagnostic. Cette technique est rapide et très sensible, et particulièrement adaptée au diagnostic intra-vitam chez l'homme à partir d'échantillons de salive, d'urine, de liquide céphalo-rachidien et de biopsie de peau (au niveau de la nuque) mais n’est pas utilisée chez l’animal (http://www.pasteur.fr/recherche/unites/Dylah/fr-diagno.html). 1.6. Traitement Chez l’animal, on ne met en œuvre aucun traitement de la rage déclarée. Chez l’Homme, différentes thérapeutiques sont tentées, spécifiques comme l’administration de sérum antirabique, ou non spécifiques comme l’injection d’interféron, l’hospitalisation en service de réanimation, etc. Jusqu’à présent, à part de rarissimes guérisons, la rage cliniquement déclarée demeure mortelle et les thérapeutiques modernes ne permettent qu’un allongement du temps de survie. 1.7. Prévention Les furets peuvent être vaccinés contre la rage. Cette vaccination est recommandée pour les furets vivant en zone d’enzootie ou en région menacée et ayant accès à l’extérieur ; elle est obligatoire pour voyager à l’international. Il n’existe pas à l’heure actuelle de vaccins spécifiquement destinés au furet. Les vaccins inactivés destinés aux chiens et chats sont cependant efficaces chez le furet (Enduracell ® Mono (Zoetis), Nobivac ® Rage (Intervet), Rabigen ® Mono (Virbac), Rabisin ® (Mérial), Unirab ® (Fort Dodge)). L’effet protecteur des vaccins inactivés a été démontré chez des furets vaccinés une fois par une injection sous cutanée avec un virus rabique inactivé et contaminés un an plus tard par un virus vulpin. Le taux de survie des furets vaccinés était de 89 % tandis que celui des furets contrôles non vaccinés était de 6 % (Rupprecht et al., 1990). La vaccination par voie sous-cutanée avec un virus inactivé induit une production rapide d’anticorps neutralisants contre le virus qui persistent pendant au moins sept mois (Hoover et al., 1989). Le protocole recommandé consiste en une injection de primovaccination dès l’âge de trois mois ou plus tard, puis un rappel annuel. L’animal peut être considéré comme protégé 21 jours après la primovaccination, et immédiatement après une injection de rappel (Hoover et al., 1989). Des réactions anaphylactiques peuvent survenir suite à la vaccination (Greenacre, 2003). Il convient donc de surveiller l’animal pendant 30 minutes après l’injection. Il est conseillé de ne pas pratiquer la vaccination contre la rage et celle contre la maladie de Carré le même jour, car cela augmente les risques de choc anaphylactique. Des réactions locales au point d’injection peuvent aussi survenir, dues en grande partie à la présence de l’adjuvant. Des cas de fibrosarcome et de sarcome au niveau du site d’injection du vaccin antirabique ont été rapportés chez le furet (Munday et al., 2003 ; Murray, 1998). 2. Henipavirus 2.1. Les virus Le genre Henipavirus appartient à la famille des Paramyxoviridae et à la sous-famille des Paramyxovirinae et contient deux membres : le virus Hendra et le virus Nipah, tous deux à l’origine d’affections zoonotiques potentiellement mortelles chez de nombreux animaux domestiques et chez l’homme. En 1994, en Australie, 52 a été identifiée une infection mortelle chez les chevaux et les humains, causée par un nouveau Paramyxovirus, le virus Hendra (Halpin et al., 2000). En 1998, en Malaisie, un virus relativement proche, le virus Nipah, a été responsable d’infections fatales chez l’homme et le porc (Chua et al., 2000). Ces deux virus étaient suffisamment différents des Paramyxovirus précédemment décrits pour que l’on crée un nouveau genre : les Hénipavirus. Ce sont tous deux des virus à ARN monocaténaire de polarité négative proches de Morbillivirus et des Respirovirus. Ces virus, comme les autres Paramyxoviridés, possèdent une ribonucléoprotéine (RNP) centrale constituée par un ARN étroitement lié avec des protéines de nucléocapside, ainsi que des phosphoprotéines et des polymérases nécessaires à la transcription du génome. Cette RNP est entourée par une enveloppe virale comportant deux couches : une couche interne constituée par la protéine de matrice et une bicouche lipidique externe, ainsi que des glycoprotéines de liaison aux récepteurs (G) et des protéines de fusion (F) (figure 29) (Eaton et al., 2006). La chauve-souris frugivore, également connue sous le nom de roussette, du genre Pteropus, est le réservoir hôte naturel des virus Nipah et Hendra (Wild, 2009). Aucun de ces deux virus n’infecte spontanément le furet mais ces derniers ont été utilisés comme modèle animal pour étudier l’infection expérimentale par ces virus afin de mettre au point des vaccins et traitements antiviraux (Bossart et al., 2009 ; Pallister et al., 2011, 2009). Figure 29 : Structure des Henipavirus. (A) : Représentation schématique de la structure d'un Henipavirus. (B) : Virus Hendra en microscopie électronique. L’enveloppe virale est constituée d'une couche externe (flèche rouge) et d'une couche interne (flèche bleue). La flèche noire indique les protéines de la nucléocapside (Chua et al., 2000). 2.2. Signes cliniques et lésions Les furets inoculés avec le virus Nipah développent une hyperthermie quatre à sept jours post-inoculation, suivie d’une grave atteinte respiratoire et neurologique similaire à l’affection rencontrée chez l’Homme (Bossart et al., 2009 ; Williamson et Torres-Velez, 2010). Ils présentent tout d’abord de la fièvre, une 53 dysorexie puis un abattement important, de la toux, un jetage nasal séreux, une dyspnée expiratoire, des ecchymoses cutanées et un œdème sous-cutané au niveau de la tête, des vomissements, une hypothermie, une incontinence urinaire, des myoclonies, des tremblements et une parésie des membres postérieurs. À l’autopsie, les furets inoculés présentent un œdème sous-cutané au niveau de la tête, une lymphadénopathie rétro-mandibulaire hémorragique et des pétéchies au niveau des poumons (figure 30) et des reins (Pallister et al., 2011, 2009). Figure 30 : Poumons d'un furet infecté par le virus Nipah, huit jours après l'inoculation (Bossart et al., 2009) L’histopathologie révèle une vascularite, une inflammation avec nécrose des alvéoles pulmonaires, une glomérulonéphrite, des foyers de nécrose splénique, et une inflammation sévère et diffuse des organes et des tissus conjonctifs de la tête et du cou. Quelques lésions moins courantes étaient observables : une cystite focale, une salpingite aigue nécrosante, une nécrose focale des surrénales, une inflammation de la thyroïde, et une méningite non suppurée. Les nœuds lymphatiques peu affectés présentaient une inflammation capsulaire focale avec des cellules mononucléaires et des lymphocytes associée à une déplétion lymphocytaire sous capsulaire alors que les nœuds lymphatiques les plus atteints présentaient de larges zones d’hémorragie et de nécrose de coagulation. Des syncytiums étaient fréquemment observés au niveau des lésions (Bossart et al., 2009). Les principales lésions décrites dans une autre étude étaient une vascularite systémique avec nécrose fibrinoïde de la média ainsi que des syncytiums de grande taille dans la rate, les reins, les poumons, les nœuds lymphatiques et les méninges (Pallister et al., 2009). Les antigènes viraux ont été détectés par immunohystochimie dans les vaisseaux sanguins et les syncytia dans de nombreux tissus (figure 31) (Bossart et al., 2009). L’ARN viral était présent dans les glandes surrénales, les reins, les poumons, les nœuds lymphatiques bronchiques et la rate, ainsi qu’en moindre quantité dans la vessie, le foie, les ovaires, les testicules et le cerveau (Bossart et al., 2009 ; Pallister et al., 2009). 54 Figure 31 : Immunohistochimie sur des coupes d’organe d’un furet infecté par le virus Nipah. (A) : Coupe histologique de poumon. Présence d’une vascularite, d’une alvéolite nécrosante et d’antigènes dans des syncytiums (flèche longue) et dans la paroi des vaisseaux sanguins (flèche courte). (B) : Coupe histologique d’encéphale. Présence d’une méningite non suppurée et d’antigènes dans l’arachnoïde. (C) : Coupe histologique de rein. Présence d’antigènes dans le glomérule nécrotique et dans l’épithélium tubulaire ainsi que de syncytiums dans l’épithélium de la capsule de Bowman. (D) : Coupe histologique de tissus péritrachéaux. Présence d’antigènes dans les parois des vaisseaux sanguins et le syncytium (flèche). (Bossart et al., 2009) L’infection expérimentale par le virus Hendra est similaire à l’infection par le virus Nipah (Pallister et al., 2011 ; Rockx et al., 2010). Dans une étude, le virus était inoculé par voie oro-nasale à différentes doses et les furets étaient euthanasiés six à neuf jours après l’inoculation. Les signes cliniques sont similaires à ceux décrits pour le virus Nipah, avec notamment un abattement important, de la fièvre et des tremblements généralisés. L’autopsie montre un œdème sous-cutané de la tête et du cou, des pétéchies cutanées, des petits nodules hémorragiques dans le parenchyme pulmonaire avec une hémorragie marquée au niveau des nœuds lymphatiques rétro-mandibulaires, bronchiques, duodénaux et mésentériques. L’histopathologie révèle une vascularite systémique, une lymphadénite nécrosante, une glomérulonéphrite, une splénite et une bronchoalvéolite avec formation de syncytiums. Il n’y avait pas de corrélation entre la dose virale inoculée et les signes cliniques, la durée de survie, ou la distribution et la sévérité des lésions histologiques (Pallister et al., 2011). 2.3. Traitements et prévention Un anticorps monoclonal humain, m102.4, qui reconnait la glycoprotéine G des virus Nipah et Hendra, a été utilisé chez le furet et permettait une protection efficace de tous les furets contre l’infection par le virus 55 Nipah lorsqu’il était administré dix heures après l’inoculation et de un furet sur trois lorsqu’il était administré 24 heures avant l’inoculation virale (Bossart et al., 2009). Le furet a également été utilisé comme modèle pour l’élaboration d’un vaccin recombinant contre le virus Hendra utilisant la glycoprotéine G et l’adjuvant CpG. L’utilisation de cette glycoprotéine à la dose de 20 ou 100 microgrammes permettait une protection complète contre l’infection par le virus Hendra avec une absence de génome viral dans les tissus ou les fluides corporels (Pallister et al., 2011). Une autre étude a montré que ce vaccin, utilisé dans les mêmes conditions, protège également contre l’infection par le virus Nipah, cette protection persistant pendant au moins un an (Pallister et al., 2013). 3. Le virus H5N1 3.1. Le virus Il a été démontré expérimentalement que le furet peut être atteint par le virus aviaire hautement pathogène H5N1 (Zitzow et al., 2002). Ce sous-type a infecté pour la première fois des êtres humains en 1997, lors d’une épizootie touchant les volailles à Hong Kong (Chan, 2002). Il a ensuite ré-émergé à une vaste échelle en 2003 et 2004, s’est propagé de l’Asie à l’Europe et à l’Afrique et s’est durablement enraciné dans les populations de volailles de certains pays, provoquant des millions d’infections chez ces oiseaux, des centaines de cas humains avec de nombreux décès chez ceux-ci. Les canards domestiques et sauvages, qui peuvent être infectés de manière asymptomatique, pourraient servir de réservoir silencieux et jouer un rôle important dans la propagation des épizooties (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/avian_influenza /fr/). 3.2. Signes cliniques et lésions L’infection provoque chez les furets un abattement avec une hyperthermie et des symptômes respiratoires. Le virus se réplique également dans d’autres organes, notamment le cerveau, provoquant des troubles neurologiques. Dans deux études de 2002, des furets étaient infectés expérimentalement par les virus H5N1 A/Hong Kong/483/97 (HK/483) et A/Hong Kong/486/97 (HK/486). Les signes cliniques présents étaient une hyperthermie, une léthargie, une perte de poids et un jetage. Quelques-uns présentaient de la diarrhée. Certains des furets développaient des signes neurologiques tels qu’une parésie des membres postérieurs, une ataxie et un torticolis. Le virus a été isolé au niveau de l’appareil respiratoire supérieur, mais aussi dans de nombreux organes, y compris le cerveau. L’examen histologique des cerveaux des furets infectés mettait en évidence des nodules gliaux, une infiltration péri-vasculaire de lymphocytes et de cellules polynucléaires neutrophiles dans le parenchyme, une neuronophagie ainsi que des infiltrats lymphocytaires au niveau des plexus choroïdes (figure 32) (Rowe et al., 2003 ; Zitzow et al., 2002). 56 Figure 32 : Coupes histologiques de cerveaux de furets infectés expérimentalement par le virus H5N1. (A) : 5 jours post-infection par la souche HK/486, présence de nodules gliaux. (B) : 14 jours post-infection par la souche HK/486, présence de nodules gliaux. (C) : 14 jours post-infection par la souche HK/486, présence d’une infiltration péri vasculaire importante. (D) : Furet mort 9 jours post-infection, présence d’une neuronophagie. (Zitzow et al., 2002) 3.3. Pathogénie Dans une étude visant à étudier la pathogénie, le tropisme et la virémie du virus H5N1 chez le furet, la souche VN1203 était inoculée à 24 furets (Wang et al., 2010). La charge virale dans différents organes et dans le sang était étudiée grâce à la technique RT-PCR. Les furets présentaient rapidement des signes cliniques tels qu’hyperthermie, perte de poids, jetage, abattement, diarrhée. La sévérité des symptômes, en particulier la diarrhée indiquait une diffusion rapide du virus dans tout l’organisme, confirmée par la détection du virus par RT-PCR dans les poumons, le cerveau, l’iléon, les cornets nasaux, les sécrétions nasales et dans le sang. La charge virale était plus importante dans le cerveau. Une virémie était fréquemment détectée associée à une diarrhée, quelques jours avant la mort, suggérant que la virémie pourrait être un indicateur de mortalité chez le furet. Dans une autre étude, des furets âgés de six mois étaient infectés par voie intranasale par les virus H5N1 HK/483 et HK/486 afin d’évaluer l’atteinte subclinique du système nerveux central causée par ces virus. Les furets infectés par le virus HK/486 présentaient une encéphalite non suppurative évoluant sur plusieurs mois sans signes cliniques associés. Le virus HK/483 provoquait une vascularite non suppurative avec des hémorragies cérébrales. L’analyse de la distribution du virus dans le cerveau suggérait que le système olfactif était la voie d’invasion du système nerveux central par le virus (Shinya et al., 2011). Une étude comparant deux souches virales neurotropes, HK/483 et VN/1203 (A/Vietnam/1203/2004) a mis en évidence que la souche VN/1203 présentait une dissémination plus importante dans le système nerveux 57 central, à l’origine d’une mortalité plus élevée et de symptômes nerveux plus marqués. Des crises convulsives, ainsi qu’un torticolis et une parésie, étaient observées chez les furets infectés par la souche VN/1203 dès 3 jours post-inoculation. La souche VN/1203 se réplique jusqu’à atteindre une charge virale élevée dans les bulbes olfactifs, le cortex cérébral et le tronc cérébral. Le virus a été identifié à proximité et au niveau du tractus olfactif, au niveau du cortex frontal, du cervelet, en particulier au niveau des cellules de Purkinje et des régions contrôlant les mouvements volontaires. Ceci suggère que la létalité élevée causée par cette souche serait due à sa réplication très importante dans le système nerveux central et expliquerait les signes neurologiques observés (Plourde et al., 2012). 3.4. Traitement et prévention Traitement médical Certains antiviraux, en particulier l’oseltamivir, permettraient de réduire la durée de réplication du virus et d’améliorer les chances de survie. Aucun essai clinique n’a été réalisé chez l’homme et le furet est actuellement utilisé comme modèle afin d’établir une posologie et un protocole de traitement chez l’Homme. Une dose de 10 m/kg d’oseltamivir administrée une fois par jour serait efficace contre le virus A/Vietnam/1203/04 si elle est administrée 4 heures après l'inoculation. En revanche, la dose nécessite d’être augmentée à 25 mg/kg une fois par jour lorsque le traitement était réalisé 24h après inoculation. Dans les deux cas, l’administration d’oseltamivir n’empêche pas la production d’anticorps en quantité suffisante pour avoir un effet protecteur (Govorkova et al., 2007). L’oseltamivir peut également être utilisée de manière prophylactique afin d’éviter l’apparition de symptômes, de lésions internes et la mort. Dans une étude, différentes posologies ont été testées, le traitement étant réalisé sur 10 jours et commencé 1 jour avant l’inoculation du virus. Les meilleurs résultats étaient obtenus avec la posologie de 2,5 ou 5 mg/kg deux fois par jour avec un taux de survie de 100 %, une absence de signes cliniques et de lésions et une inhibition de la diffusion virale systémique. Les titres en anticorps sériques étaient suffisants pour protéger contre une nouvelle infection, le traitement n’interférant donc pas avec la production d’anticorps en quantité suffisante (Boltz et al., 2008). L’utilisation d’anticorps monoclonaux CR6261 humains dirigés contre le virus H5N1 chez le furet de manière prophylactique à la dose de 10 mg/kg ou thérapeutique à la dose de 30 mg/kg IV prévient la mortalité, réduit la perte de poids, l’hyperthermie, la charge et l’excrétion virale ainsi que les lésions pulmonaires (Friesen et al., 2010). Cependant la partie la plus exposée et donc la plus reconnaissable par les anticorps de l’hémagglutinine est aussi très variable. Etant donné cette variabilité, il sera probablement nécessaire d’administrer plusieurs anticorps neutralisants afin d’obtenir une protection large contre différentes souches de H5N1. Ces cocktails d’anticorps sont difficiles et chers à produire. Zanin et al. ont développé deux anticorps monoclonaux issus de l’homme et de la souris dirigés contre l’hémagglutinine et ont fusionné leurs fragments Fc afin d’obtenir une molécule appelée molécule Fc dual-affinity retargeting (FcDART) combinant les capacités neutralisantes des deux anticorps monoclonaux. Chez le furet, une dose unique de 1 mg/kg IM administrée de manière prophylactique un jour avant l’infection a permis une protection de 100 % des individus contre la souche A/Vietnam/1203/04 (Zanin et al., 2015). Prévention Etant donné le risque de pandémie si le virus H5N1 s’adapte à l’homme et parvient à se transmettre d’homme à homme, de nombreuses études visent à élaborer un vaccin contre ce virus de la grippe et le furet sert de modèle dans ce but (Lei et al., 2015 ; Mahmood et al., 2008). Actuellement, aucune infection spontanée par le virus H5N1 n’a été décrite chez le furet, des mesures de prophylaxie ou de prévention spécifiques ne sont donc pas nécessaires. 58 LES PARASITOSES DU FURET I. 59 60 I. Parasites gastro-intestinaux 1. Coccidies 1.1. Les parasites et leur cycle évolutif Les coccidioses digestives sont des protozooses infectieuses dues à des Apicomplexa (ou sporozoaires) appartenant à la classe des Conoidasida (ou Coccidea), à la sous classe des Coccidiasina et à la famille des Eimériidés. Ce sont des parasites obligatoires, intracellulaires, qui possèdent un complexe apical complet et qui sont majoritairement intestinaux. Ces coccidioses sont des maladies cosmopolites fréquentes qui ont un impact médical, économique et en santé publique vétérinaire. Trois différentes espèces de coccidies infectent le furet : Eimeria furonis, Eimeria ictidea et Isospora laidlawi. Ces coccidies sont spécifiques du furet ou de Mustellidés, principalement des genres Mustella et Neovison (Levine et Ivens, 1981) ; elles n’ont donc pas de pouvoir zoonotique. Elles ont un cycle évolutif homoxène (figure 33). La transmission se fait par ingestion d’eau ou d’aliments souillés par des oocystes sporulés. Les oocystes sont excrétés dans les fèces et vont sporuler pour devenir infectieux en 1 à 4 jours (Powers, 2009). Lorsque des oocystes sporulés sont ingérés, les sporozoïtes libérés dans l’intestin vont alors envahir les cellules épithéliales et devenir des trophozoites. S’ensuit une multiplication asexuée (schizogonie) formant de multiples mérozoïtes. Il y a ensuite formation des microgamètes et des macrogamètes, les stades sexuels, qui fusionnent pour donner les oocystes (Bussiéras et Chermette, 1992). Figure 33 : Représentation schématique du cycle évolutif des coccidies du genre Eimeria et Isospora (d’après Bussiéras et Chermette, 1992). 1.2. Epidémiologie Les coccidioses sont peu décrites chez le furet. Il s’agit de maladies des concentrations animales, comme de nombreuses maladies parasitaires. Elles peuvent être un problème dans les animaleries, et plutôt chez les jeunes individus. Elles ont un caractère enzootique et parfois épizootique. Ce sont des maladies saisonnières dans les pays tempérés, où elles sévissent plus souvent en été. Les sources de parasites sont les furets malades ou porteurs latents, les coccidies étant des parasites spécifiques. Les oocystes sont très résistants dans le milieu extérieur, surtout après sporulation, leur survie sur le sol peut atteindre 12 à 18 mois. Ils sont 61 cependant sensibles à la dessiccation, à la chaleur (30 minutes à 60°C), aux ultraviolets et au froid (2-3 mois à 0°C, 7 jours à – 25°C). Ils sont peu sensibles aux agents chimiques usuels, l’ammoniaque (retiré de la vente), le bromure de méthyle sous forme de vapeur (couteux et très toxique) et le crésyl ont une certaine action. Les causes favorisantes sont les concentrations animales, une mauvaise hygiène, une humidité excessive qui favorise la sporulation, la saison (l’été dans les pays tempérés favorise la sporulation) (Bussiéras et Chermette, 1992). 1.3. Signes cliniques L’infection par les coccidies reste habituellement asymptomatique chez le furet mais, dans certains cas, lors de stress ou de maladie intercurrente par exemple, on peut observer des signes cliniques : diarrhée aqueuse, mucoïde ou hémorragique, ténesme, prolapsus rectal, léthargie, déshydratation, lymphadénopathie et un épaississement des anses intestinales que l’on peut sentir à la palpation abdominale (Powers, 2009). Un cas de coccidiose hépatique a été décrit chez un furet de 9 mois provenant d’un élevage expérimental, présenté pour amaigrissement et anorexie (B. H. Williams et al., 1996).A l’examen, il présentait une distension abdominale et un ictère discret. La coproscopie par flottation et l’examen microscopique direct des selles entre lame et lamelle étaient négatifs. Après une semaine sans amélioration malgré un support nutritionnel, une prise de sang a été effectuée et le furet a été euthanasié. L’analyse biochimique a montré les anomalies suivantes : une élévation des alcalines phosphatases (3533 UI/l), de la bilirubine totale (4,8 mg/dl), et des alanines aminotransférases (853 UI/l), une azotémie (Urée= 1,33 g/l), une hyperphosphatémie (9,3 mg/dl) une hypoprotéinémie (5,1 g/dl) et une légère hypoalbuminémie (2,6 g/dl). L’hémogramme révélait une leucocytose neutrophilique (45000 /ml) et une anémie normochromique et normocytaire. A l’autopsie, le foie était de taille augmentée, pâle avec une consistance ferme, les canaux biliaires étaient bien visibles et la paroi de la vésicule biliaire paraissait épaissie. A l’histopathologie, une cholangiohépatite subaiguë avec une hyperplasie épithéliale, une prolifération des canaux biliaires et une fibrose des espaces portes étaient observables et des oocystes de coccidies étaient présents dans les cellules épithéliales de la vésicule et des canaux biliaires. Les coccidies observées étaient du genre Eimeria et très probablement E. furonis. Il s’agit du premier cas de coccidiose hépatique rapporté chez un furet. On retrouve des caractéristiques cliniques communes avec la coccidiose hépatique du lapin due à E. steidai : neutrophilie, hypoalbuminémie, hyperbilirubinémie et élévation modérée des alanines aminotransférases (Cam et al., 2008). Entre 2005 et 2009, des épidémies de coccidioses à Eimeria furonis sont survenues dans trois importantes populations de furets aux Etats-Unis (Sledge et al., 2011), non reliées entre elles, mais au sein desquelles les introductions de nouveaux individus étaient fréquentes. Dans l’ensemble, plus de la moitié des animaux des trois groupes ont présenté des signes cliniques et environ 25 % des animaux malades sont morts. Les individus atteints présentaient les symptômes suivants : diarrhée malodorante avec parfois une hématochézie, déshydratation, léthargie, perte de poids, anorexie et faiblesse. La maladie durait cinq à dix jours avant de guérir ou de se dégrader jusqu’au décès. Des coproscopies ont été réalisées et des ookystes ont été observés uniquement dans un des trois groupes, en faible quantité. Des autopsies réalisées sur les furets décédés ont montré des lésions similaires dans les trois groupes. Ces sujets étaient tous en mauvais état général, déshydratés avec la région périnéale souillée par de la diarrhée et leurs intestins étaient légèrement dilatés et présentaient une paroi amincie, sans lésions visible macroscopiquement au niveau de la muqueuse. A l’histologie, l’extrémité des villosités du jéjunum et de l’iléon étaient atrophiées avec parfois des fusions entre ces villosités et des zones d’érosion (figure 34). Des coccidies à différents stades évolutifs étaient visibles dans les cellules épithéliales (figure 35). Des cellules inflammatoires et des hémorragies étaient présentes dans la muqueuse de l’intestin grêle et dans une moindre mesure dans le gros intestin. Une PCR a été réalisée à partir d’échantillons d’intestins de furets de chacun des trois groupes, avec des amorces conçues à partir du gène codant la petite sous-unité de l’ARN ribosomal d’E. furonis. La séquence des amplicons produits était identique à 100 % à la séquence de ce gène chez E. furonis. Il est probable que la concentration des individus dans un espace confiné, et l’introduction de nouveaux furets aient contribué à la forme épizootique de la maladie. 62 Figure 34 : Coupe histologie de jéjunum d'un furet atteint de coccidiose et présentant des signes de maladie intestinale en microscopie optique. Présence d’une atrophie et d’une fusion des villosités intestinales ainsi que d’une infiltration de la lamina propria par des cellules lymphocytaires et plasmatiques. La barre d’échelle mesure 250 µm (Sledge et al., 2011) Figure 35 : Coupe histologique du jéjunum d'un furet atteint de coccidiose, en microscopie optique. Cellules épithéliales des villosités intestinales contenant des coccidies à différents stades : mérontes (Me) contenant 8 à 12 mérozoïtes, microgamètes (Ma) et Oocystes (O). La barre d’échelle mesure 20 µm (Sledge et al., 2011) 1.4. Diagnostic Le diagnostic de coccidiose se fait recherche des ookystes dans les selles, que ce soit sur préparation à l’état frais ou bien avec la méthode de flottation (figure 36). Cependant, on peut obtenir des faux négatifs, car les oocystes peuvent être excrétés en faible quantités ou de manière intermittente, voire être encore en période prépatente ; c’est pourquoi il est important de faire de multiples analyses chez les animaux présentant des signes de maladie entérique aiguë ou chronique. 63 Figure 36 : Oocystes de coccidies dans les fèces d’un furet avec la méthode de flottation à l’objectif x100. (a) : Eimeria furonis (14.2 × 12.8 µm) ; (b) : Eimeria ictidea (24.6 × 17.5 µm) ; (c) : Isospora laidlawi (36.9 × 29.8 µm); (d) : Espèce non identifiée d’Isospora (22.8 × 17. (Pantchev et al., 2011) 1.5. Traitement Les médicaments utilisables chez le furet sont la sulfadiméthoxine, le triméthoprim-sulfadiazine, l’amprolium et le décoquinate. Aucune de ces molécules ne dispose actuellement d’une AMM pour le furet (Fox et Marini, 2014 ; Lewington, 2007). Les sulfamides agissent sur les coccidies comme antagoniste compétitif de l’acide para amino benzoïque, empêchant ainsi la synthèse de l’acide folique. Les anti-foliniques (triméthoprime) bloquent la synthèse de l’acide folinique à partir de l’acide folique. Pour traiter un grand nombre d’individus, la sulfadiméthoxine peut être administrée dans l’eau de boisson à la dose de 300mg/kg par jour, mais son goût amer peut diminuer la prise de boisson, c’est pourquoi il ne faut pas laisser d’autres points d’eau et surveiller la prise de boisson. Le triméthoprime-sulfadiazine existe sous forme de suspension orale (parfumée à la cerise) et peut être donné per os à la dose de 30mg/kg par jour. L’amprolium est un antagoniste compétitif dans les mécanismes de transport de la thiamine et le décoquinate agit sur les stades sporozoïtes par perturbation du transport des électrons dans le système mitochondrial. Ces deux molécules existent sous forme de pré-mélanges médicamenteux peuvent être administrées à la dose de 0,5 mg/kg par jour dans la nourriture. Cependant ces formulations ne sont commercialisées qu’en grands volumes. Les furets infectés doivent être traités pendant au moins 15 jours. Des densités importantes de furets peuvent nécessiter de répéter le traitement plusieurs fois et des coproscopies de contrôle sont préconisées (Sledge et al., 2011) 1.6. Prévention La sporulation des oocystes se faisant en quelques jours dans des conditions humides ; les cages doivent donc être nettoyées régulièrement à la javel, avec des composés ammonium quaternaires ou à la chaleur 64 (Fox et Marini, 2014). Les furets atteints doivent être placés dans des cages séparées, nettoyées et décontaminées régulièrement pendant toute la durée du traitement. Une attention particulière devra être portée à l’hygiène des gamelles et des stocks de nourriture pour éviter toute contamination par les ookystes. Il est important de bien appliquer une quarantaine à l’introduction d’un nouvel individu. 2. Cryptosporidies 2.1. Les parasites et leur cycle Les cryptosporidioses sont des protozooses inoculables et contagieuses dues au développement d’Apicomplexa peu spécifiques du genre Cryptosporidium dans l’épithélium intestinal et respiratoire de nombreuses espèces de mammifères et d’oiseaux. Les cryptosporidies causent des diarrhées parfois graves chez les très jeunes individus ou les individus immunodéprimés. Leur répartition est cosmopolite et elles sont à l’origine de zoonoses majeures, surtout Cryptosporidium parvum qui est l’espèce la plus fréquemment diagnostiquée chez les mammifères (Bussiéras et Chermette, 1992). Une grande diversité génétique existe au sein de cette espèce avec de nombreux génotypes en général associés à une espèce hôte donnée (Xiao et al., 1999). En 2003, un génotype de C. parvum associé au furet a été découvert (Abe et Iseki, 2003) ; ce même génotype a été retrouvé en 2008 chez des visons d’Amérique (Gómez-Couso et al., 2007). En 2008, un nouveau génotype de C. parvum a été identifié chez les visons d’Amérique, très proche du génotype du furet avec une homologie de 99,1 % au niveau de la séquence d’un des gènes étudiés codant l’ARN ribosomial 18S, ce qui est comparable à celle existant entre entre C. parvum et C. hominis (99,2 %) ou entre C. muris et C. andersoni (99,4 %). Par conséquent, le génotype découvert chez les visons dans cette étude est considéré comme un nouveau génotype, associé au vison (Wang et al., 2008). Son cycle évolutif est homoxène (Bussiéras et Chermette, 1992). Il débute par l’ingestion d’ookystes qui sont infectants dès leur rejet dans les fèces, puis les sporozoïtes sont libérés dans la lumière intestinale et vont envahir les cellules épithéliales. Ensuite a lieu une schizogonie (reproduction asexuée) qui donne des mérozoïtes qui évoluent soit en trophozoïtes soit en gamonte pour former les gamètes (reproduction sexuée). La fécondation est suivie de divisions asexuées (sporogonie interne) conduisant à la formation d’oocystes directement infectants, de deux types : à paroi fine et à paroi épaisse. Les oocystes à paroi fine peuvent directement réinfecter les cellules épithéliales, on parle de cycle rétro-infectieux (figure 37). Ce sont des parasites épicellulaires, c’est-à-dire qu’ils sont situés sous la membrane plasmique, au sein des microvillosités. 65 Figure 37 : Représentation schématique du cycle évolutif de Cryptosporidium sp. (d’après Bussiéras et Chermette, 1992) 2.2. Pathogénie et signes cliniques L’infection par des cryptosporidies est souvent inapparente. Une cryptosporidiose a été découverte fortuitement chez deux furets provenant d’un élevage expérimental (Rehg et al., 1988). Il s’agissait de deux femelles de quatre et huit mois décédées le même jour. Elles provenaient de deux arrivages différents et étaient logées dans des cages séparées, elles avaient reçu toutes les deux de la dexaméthasone quotidiennement. L’autopsie montrait des hémorragies dans l’intestin grêle et la moelle épinière. L’histologie montrait des microorganismes sphériques de 2 à 5 µm à l’extrémité des villosités de l’intestin grêle. En microscopie électronique, il était possible d’identifier ces microorganismes comme étant des cryptosporidies à différentes stade du cycle évolutif. Une étude a alors été menée sur tous les animaux du laboratoire ainsi que sur les nouveaux arrivants, elle a révélé qu’une cryptosporidiose subclinique affectait jusqu’à 40 % des jeunes furets du laboratoire et 38 à 100 % des furets qui allaient être introduits. Les examens histologiques réalisés mettaient en évidence une atteinte plus importante au niveau de l’iléon et une discrète atrophie des villosités était visible chez quelques furets. L’infection a persisté plusieurs semaines sans signe clinique. A contrario, le cas de 4 furets présentant des signes de diarrhée incoercible, anorexie et abattement a été décrit (Gómez-Villamandos et al., 1995). Les furets sont décédés dans les trois jours suivant leur transfert d’une ferme de chèvres vers un laboratoire de recherche. Les cryptosporidies étaient bien visibles dans tout le tractus intestinal, ainsi qu’une atrophie des villosités marquée chez deux animaux, modérée chez les deux autres et une lipidose hépatique. Les autres organes étaient d’aspect normal. Les chèvres de l’exploitation d’origine se sont révélées atteintes de cryptosporidiose subclinique, ce qui laissait supposer une transmission d’ookystes sporulés des chèvres aux furets. La maladie chez les furets a pu être exacerbée par le stress du transport. 2.3. Diagnostic Le diagnostic se fait par observations des oocystes (environ 5 µm) dans les fèces, directement ou après concentration de celles-ci, avec une coloration de Ziehl-Neelsen modifiée (figure 38), à l’auramine ou par immunofluorescence. Le diagnostic post-mortem se fait par observation des microvillosités en coupe histologique (Fox et Marini, 2014). 66 Figure 38 : Oocystes de cryptosporidies sur un étalement de fèces avec une coloration de Ziehl-Neelsen modifiée, en microscopie optique. Les kystes mesurent entre 4 et 7 µm de diamètre (Carpenter et Quesenberry, 2012). 2.4. Traitement L’élimination des cryptosporidies est très difficile, car ce sont des microorganismes très résistants. Il existe actuellement très peu de traitements spécifiques contre la cryptosporidiose. Chez l’homme, on peut citer le nitazoxanide (Cryptaz ®). Le lactate d’halofuginone (Halocur ®) et la paromomycine (Parofor ®) sont utilisés chez les veaux et visent à réduire les symptômes et l’excrétion des ookystes. Chez le furet, aucune étude n’a été menée quant aux traitements possibles. Le traitement en cas de suspicion de cryptosporidiose est symptomatique avec une réhydratation, des anti-diarrhéiques et une antibiothérapie large spectre. 2.5. Conséquences en santé publique vétérinaire Les cryptosporidies sont des agents de zoonoses majeures. Il existe au moins dix génotypes zoonotiques, le plus important étant C. parvum. D’autres génotypes sont parfois rencontrés comme C. hominis, C. meleagridis, C. felis, C. canis ou C. muris. Chez l’Homme, C. parvum provoque une diarrhée aqueuse profuse qui peut durer plusieurs semaines, une douleur abdominale, de la nausée, des vomissements, une fièvre modérée et une perte de poids. Les symptômes sont plus sévères chez les personnes immunodéprimées, il s’agit souvent d’une maladie opportuniste. La contamination peut être directe par contact avec des animaux infectés, indirecte via l’eau de boisson ou les aliments contaminés et une contamination interhumaine existe. Il est donc important d’informer les propriétaires de furets malades des risques zoonotiques et des précautions à prendre, à savoir : isoler les furets malades, porter des gants lors de leur manipulation et lors du nettoyage de la cage, se laver les mains après, éviter de manger lors de la manipulation du furet et éviter le contact avec les enfants et les personnes immunodéprimées. Les kystes pouvant survivre longtemps dans l’eau, les sources d’eau potable doivent être protégées contre les contaminations par les fèces d’origine humaine ou animale. Des mesures de prévention individuelles sont également possibles : bouillir ou filtrer l’eau si elle paraît douteuse ou préférer l’eau minérale. 67 3. Giardia duodenalis Giardia duodenalis (synonymes G. intestinalis et G. lamblia) est un protozoaire flagellé (Phylum Mastigophora) qui colonise l’intestin (principalement le duodénum). Le genre Giardia regroupe six espèces classifiées selon leur hôte d'origine et leurs différences morphologiques : G. duodenalis (mammifères dont l’homme), G. muris et G. microti (rongeurs), G. psittaci et G. ardeae (oiseaux), G. agilis (amphibiens). L’espèce G. duodenalis regroupe au moins sept génotypes, appelés assemblages A à G, ayant des tropismes d’hôtes différents. Le parasite se présente sous deux formes: la forme végétative, ou trophozoïte (figure 39), mesurant 12-15 µm x 6-8 µm et munie d’un disque ventral adhésif permettant de se fixer sur la bordure en brosse des entérocytes ; et la forme kystique (figure 40), ovoïdes et mesurant 8-12 µm x 7-10 µm, qui est responsable de la survie dans le milieu extérieur et qui sont contaminants dès leur émission (Bussiéras et Chermette, 1992). Figure 39 : Trophozoïtes de Giardia duodenalis dans une coproscopie, en microscopie optique. (http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/giardiose/site/html/iconographie.html) Figure 40 : Kystes de Giardia duodenalis dans une coproscopie, en microscopie optique. (http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/giardiose/site/html/iconographie.html) La contamination a lieu essentiellement par ingestion de kystes excrétés dans les fèces (aliments ou eau de boisson contaminée, matériel souillé, contact féco-oral direct). Les kystes se transforment en trophozoïtes 68 dans le duodénum sous l'action des sucs digestifs et du pH. Ils se multiplient par scissiparité puis redonnent des kystes avant d’être éliminés dans les selles (Bussiéras et Chermette, 1992). Des formes cliniques de giardiose chez le furet n’ont jamais été décrites, mais des kystes et des trophozoïtes sont parfois observés dans les fèces. Giardia sp. a également été observée chez un putois à pieds noirs (Mustela nigripes), il s’agissait vraisemblablement de G. duodenalis au vu de sa morphologie (Jolley et al., 1994). Une étude sur des furets en Allemagne a montré une augmentation de la prévalence de giardiose qui est passée de 2,9 % en 2002-2004 à 13,3 % en 2009-2010 sur la base d’un test ELISA utilisant un coproantigène de G. duodenalis (Pantchev et al., 2011). G .duodenalis a été isolé chez un furet asymptomatique provenant d’une animalerie. Des analyses génétiques ont permis de montrer son appartenance à l’assemblage A et au groupe génétique A-I qui pourrait avoir un potentiel zoonotique (Abe et al., 2005). Des analyses similaires réalisées sur des G. duodenalis isolés chez deux furets suggéraient que ces parasites étaient spécifiques d’hôte (Abe et al., 2010). Bien que cette parasitose soit peu documentée chez le furet, on peut supposer que la pathogénie et la prise en charge thérapeutique sont les mêmes que chez les chiens ou les chats. G. duodenalis est à l’origine d’un syndrome de malabsorption qui se traduit par une diarrhée qui peut être modérée à très importante avec un aspect granuleux ou stéatorrhéique (Powers, 2009). Le diagnostic s’obtient par l’observation de trophozoïtes mobiles dans des fèces fraiches. Il est nécessaire de réaliser trois prélèvements à 48 heures d’intervalle (sensibilité de 43 %). La méthode de flottation au sulfate de zinc afin de rechercher les kystes est plus longue à réaliser, mais plus sensible : la sensibilité est de 94 % si trois prélèvements à 48 heures d’intervalle sont réalisés (l’excrétion des kystes est intermittente) (Lewington, 2007). Le traitement de choix est le métronidazole à la dose de 35 mg/kg par jour par voie orale pendant au moins 5 jours et jusqu’à deux semaines (Lewington, 2007). 3.1. Conséquences en santé publique Les giardioses sont des zoonoses. La majorité des infections chez l’Homme sont subcliniques. Lors de maladie clinique, les symptômes sont une diarrhée et des ballonnements souvent accompagnés de douleurs abdominales. La transmission se faisant par ingestion de kystes excrétés dans les fèces, les mêmes mesures de prévention que pour les cryptosporidies sont applicables aux giardias. 4. Helminthes intestinaux Les furets peuvent être infestés par des helminthes touchant habituellement les chiens, les chats, voire d’autres animaux, mais sont relativement rarement observés. 4.1. Nématodes Les infestations par des nématodes intestinaux, sont rares chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012). Toxocara cati, T. canis, Toxascaris leonina (Ascarides), Ancylostoma spp. (Ancylostomatidés), et Trichinella spiralis (Trichinéllidés) ont été isolés chez des furets (Fox et Marini, 2014). Toxocara cati, T. canis, et T. leonina sont des parasites fréquents chez le chien et le chat. T. canis et T. cati sont deux nématodes zoonotiques. La toxocariose chez l’Homme est majoritairement due aux larves de T. canis et moins fréquemment aux larves de T. cati. Les chiens et les chats infectés excrètent des œufs de Toxocara sp. dans leurs excréments, contaminant ainsi l'environnement. Les Hommes ou d'autres animaux peuvent être infectés en ingérant accidentellement ces œufs. Une fois dans l’organisme, les œufs se transforment en larves qui peuvent se propager à différents organes comme le foie, le cœur, les poumons, le cerveau, les muscles, ou les yeux via la circulation sanguine. La plupart des personnes infectées ne 69 présentent aucun symptôme. Cependant, chez certaines personnes, les larves de Toxocara peuvent endommager ces tissus et organes lors de leur migration, on parle de syndrome larva migrans viscérale, oculaire ou neurologique. Ancylostoma caninum est un strongle digestif fréquemment rencontré chez le chien très fréquent dans les régions chaudes, notamment le Sud de la France. Il s’agit ici encore d’un parasite zoonotique. Les œufs sont éliminés dans les matières fécales des animaux infectés, contaminant le sol. Les larves au stade L3 pénètrent par voie transcutanée. Cela peut entraîner un syndrome larva migrans cutané, lorsque les larves migrent à travers la peau, provoquant une lésion érythémateuse et prurigineuse. Les Trichinellas sont des nématodes parasites qui se transmettent suite à l'ingestion de viande contaminée. Ce sont des organismes qui peuvent infester toutes les espèces animales monogastriques qui mangent de la viande. Par ailleurs c’est une zoonose sévère et douloureuse (Bussiéras et Chermette, 1995). Le furet peut être un hôte accidentel des nématodes de nos carnivores domestiques. La plupart des furets infestés seront asymptomatiques mais une charge parasitaire plus importante peut provoquer de la diarrhée, des vomissements, et une perte de poids. Le diagnostic se fait par l’observation des œufs de parasites dans les fèces par un examen coproscopique. L’ivermectine (0,2 à 0,4 mg/kg en injection sous-cutanée, 2 fois à 15 jours d’intervalle), le fenbendazole (50 mg/kg per os par jour 3 jours), la moxidectine associée à l’imidaclopride (Advocate®) et la sélamectine (Stronghold®) sont efficaces contre les nématodes chez le furet (Lewington, 2007 ; Powers, 2009). Le furet pouvant être un hôte accidentel des nématodes des carnivores domestiques, il est important de prendre les précautions nécessaires afin d’éviter la contamination : respecter des règles d’hygiène de base lors de la manipulation du furet et de ses fèces pour la toxocarose, éviter de marcher pieds nus ou de jardiner sans gants pour l’ancylostomose, etc. 4.2. Cestodes Diverses espèces ont été isolées chez le furet : Mesocestoides spp, Atriotaenia procyonis, Dipylidium caninum et Taenia mustelae. Les furets vivant avec des chiens et chats et leurs puces peuvent être infectés par D. caninum. L’ingestion de proies hôtes intermédiaires permet l’infection par les Mesocestoides et les Taenia. Les infections par des cestodes sont rares chez les furets. Elles peuvent être traitées avec du praziquantel (Lewington, 2007 ; Powers, 2009) 5. Pseudoparasitisme Le furet ayant une alimentation fréquemment à base de poussins ou de souris, les parasites de ces proies peuvent passer dans le tube digestif et être retrouvés dans les fèces, comme les ookystes de coccidies chez les jeunes poussins par exemple. Ils peuvent être source de confusion lors de l’analyse coproscopique des fèces. II. Parasites à localisations multiples 1. Toxoplasma gondii La toxoplasmose est une protozoose infectieuse, inoculable, due au développement d’un parasite protiste coccidien de l’espèce Toxoplasma gondii dans divers tissus. 70 1.1. Le parasite et son cycle évolutif Toxoplasma gondii est un protozoaire intracellulaire obligatoire appartenant à l’embranchement des Apicomplexa (ou sporozoaires), à la classe des Conoidasida, à la sous-classe des Coccidiasina et à la famille des Toxoplasmatidés. La toxoplasmose est une maladie cosmopolite affectant les mammifères et les oiseaux. Il s’agit d’une zoonose majeure. Le cycle évolutif de Toxoplasma gondii est un cycle hétéroxène avec pour hôte définitif le chat ou un félidé sauvage et pour hôte intermédiaire un mammifère ou un oiseau et parmi eux des membres de la famille des Mustélidés comme le furet ou le vison (figure 41). Chez l’hôte définitif, le cycle se déroule dans l’intestin grêle. La contamination se fait par ingestion de petits mammifères ou oiseaux infectés ou bien de végétaux souillés par des oocystes. Les toxoplasmes libérés des kystes ou des oocystes vont pénétrer dans les cellules épithéliales de l’intestin. S’ensuit une schizogonie et une gamétogonie qui vont permettre de former, après fécondation, des oocystes non sporulés qui vont être éliminés dans les fèces. L’élimination des oocystes est transitoire (de quelques jours à quelques semaines), mais la production d’oocystes peut être très importante, jusqu’à plusieurs millions d’oocystes lors d’une primo-infection. Selon les conditions du milieu, la sporulation des oocystes dure de 1 à 5 jours. L’hôte intermédiaire se contamine par ingestion de viande crue contenant des kystes ou d’aliments souillés par des oocystes. Les toxoplasmes vont pénétrer et se multiplier sous forme de tachyzoïtes dans le système des phagocytes mononucléés. Ils diffusent ainsi dans tout l’organisme par voie sanguine ou lymphatique. S’ensuit une multiplication asexuée dans les cellules de l’organisme. C’est la phase aigüe de l’infection. Sous l’influence du système immunitaire, les tachyzoïtes se transforment en bradyzoïtes, forme quiescente et très résistante contenue dans des kystes intra-tissulaires (cerveau, muscles, œil). C’est la phase chronique de l’infection. Le cycle peut être complet avec passage d’hôte définitif à hôte intermédiaire ou incomplet avec passage d’hôte intermédiaire à hôte intermédiaire (Bussiéras et Chermette, 1992). Figure 41 : Représentation schématique du cycle évolutif de Toxoplasma gondii (d’après Bussiéras et Chermette, 1992) 71 1.2. Signes cliniques et lésions Peu de cas de toxoplasmose clinique ont été décrits chez le furet, car c’est une maladie le plus souvent asymptomatique. Cependant des épizooties peuvent survenir. Dans une étude concernant des furets d’élevage, 250 des 750 furetons âgés de 1 à 28 jours sont décédés subitement sans signes cliniques préalables (Thornton et Cook, 1986). Les furetons survivants étaient en bonne santé mais présentaient un retard de croissance un mois plus tard. Les furets adultes avaient tous présenté un mois avant l’accouplement un épisode d’anorexie transitoire et quelques-uns avaient présenté des spasmes musculaires pendant quelques jours. Une autopsie a été réalisée sur sept furetons morts subitement. À l’analyse histologique des tissus, des foyers de nécrose multifocaux ainsi que des protozoaires d’aspect compatible avec T. gondii étaient observables dans les poumons, le foie et le cœur des furetons morts. L’hypothèse d’une infection par Toxoplasma gondii a été émise et confirmée par la suite par immunohistochimie (Thornton, 1990). Les microorganismes étant présents chez des furetons de un jour, une transmission transplacentaire des tachyzoïtes était donc suspectée. Aucun signe de toxoplasmose n’a été trouvé par analyse histologique ou sérologique chez les furetons issus des mêmes portées et ayant survécu et les tests d’inoculations sur souris n’ont donné aucun résultat. Il existe quelques études qui ont montré que les Mustélidés, en particulier le vison, pouvaient être atteints de toxoplasmose, celle-ci étant le plus souvent chronique et asymptomatique. La toxoplasmose a été diagnostiquée chez un vison de trois mois élevé en plein air qui présentait une boiterie du postérieur droit, une ataxie, des tremblements de la tête et une cécité bilatérale (Jones et al., 2006). A l’histologie, il présentait une méningoencéphalite non suppurative discrète (figure 42), une choriorétinite discrète (figure 43) et des bradyzoïtes et tachyzoïtes étaient visibles au niveau de ces lésions. L’histologie, l’immunohistochimie et la biologie moléculaire ont permis d’identifier ces protozoaires comme étant des Toxoplasma gondii. Figure 42 : Coupe histologique du cerveau d’un vison contenant des bradyzoïtes de Toxoplasma gondii enkystés dans des cellules gliales (flèches). La barre d’échelle mesure 20 µm. (Jones et al., 2006) 72 Figure 43 : Coupe histologique de rétine d'un vison atteint de toxoplasmose, en microscopie optique. (A) : Rétine (R). Présence d’une infiltration lymphocytaire et d’une dégénérescence rétinienne. Sous la rétine on peut voir le tapetum lucidum (T) et la choroïde pigmentée (C). La barre d’échelle mesure 80 µm. (B) : Grossissement supérieur de la rétine de l’image (A). Présence de macrophages contenant des tachyzoïtes (flèches). La barre d’échelle mesure 25 µm. (Jones et al., 2006) Une colonie de putois à pieds noirs (Mustela nigripes), des Mustélidés proches du furet domestique, a souffert d’un taux de mortalité élevé dû à des infections par T. gondii (Burns et al., 2003). Les 52 individus étaient en quarantaine dans une structure zoologique. Les signes cliniques présentés par 19 adultes et six jeunes incluaient léthargie, anorexie, œdème cornéen, glaucome, ataxie et mort. Chez un adulte et 6 jeunes décédés lors de l’épizootie, l’histologie et l’immunohistochimie réalisées sur la rate, le foie, le cœur, les poumons, le cerveau et le colon ont permis de mettre en évidence T. gondii (figure 44). Des signes de toxoplasmose chronique tels que faiblesse progressive des postérieurs, désorientation, abattement, torticolis et tourner en rond sont apparus chez 13 adultes entre 6 et 69 mois après le début de l’épizootie, ne répondant pas au triméthoprime-sulfaméthoxazole ou à la clindamycine. Les 13 putois sont décédés et ont été autopsiés, ils présentaient une méningoencéphalite ou une méningoencéphalomyélite (figure 45). 73 Figure 44 : Hépatocyte contenant un kyste de Toxoplasma gondii chez un putois à pieds noirs en microscopie électronique à transmission. Les parois du kyste sont délimitées par les flèches. La barre d’échelle mesure 1 µm. (Burns et al, 2003) Figure 45 : Coupe histologique au niveau de la moelle épinière lombo-sacrée d’un putois à pieds noirs atteint de toxoplasmose chronique. Présence d’une leucomyélite non suppurée avec des kystes de Toxoplasma goondi intra-lésionnels. La barre d’échelle mesure 100 µm. (Burns et al., 2003) La source de l’infection pourrait être l’alimentation à base pour partie de viande de lapin crue mais cela n’a pas été prouvé. L’auteur soulève la question d’un défaut d’immunité pouvant expliquer la forme épizootique et le fort taux de mortalité observés lors de cet épisode. Une étude a décrit plusieurs cas d’infection simultanée par Toxoplasma gondii et le virus de la maladie de Carré chez trois chiens, quatre renards gris, deux ratons laveurs, un putois et six visons (Møller et Nielsen, 1964). Les animaux présentaient des signes cliniques variés tels qu’anorexie, abattement, convulsions, spasmes musculaires, tourner en rond et tremblements. Tous présentaient une forme disséminée de toxoplasmose avec des foyers de nécrose au niveau des poumons, du foie et du cœur et des nodules gliaux au niveau du système nerveux central. Le virus pourrait être à l’origine de la forme aiguë et clinique de la toxoplasmose chez ces individus ; cependant les 6 visons infectés de toxoplasmose n’étaient pas atteints de la maladie de Carré. 74 Dans une autre étude, une ferme à visons de 7 150 femelles, 400 mâles et 35 000 petits a subi une épidémie de toxoplasmose un an après une épidémie de la maladie de Carré (Frank, 2001). Les signes cliniques les plus importants concernaient 60 à 75 % des femelles gestantes et étaient une diminution de la consommation alimentaire, des avortements et des petits mort-nés. Les jeunes de trois semaines présentaient de l’ataxie et de la mortalité, 26 % des femelles ont perdu leur portée entière et presque 30 % des petits sont morts de cet épisode de toxoplasmose. A l’histologie, les lésions étaient les suivantes : pneumonie interstitielle, encéphalite, encéphalomalacie et myocardite. La toxoplasmose a été diagnostiquée par l’aspect et la distribution des lésions et la détection de tachyzoïtes par immunohistochimie. Ici aussi l’auteur émet l’hypothèse selon laquelle le virus de la maladie de Carré aurait joué un rôle dans la sévérité et la forme épidémique de cet épisode de toxoplasmose en réactivant des kystes ou en rendant les visons plus sensibles à la prolifération des tachyzoïtes suite à l’ingestion d’ookystes. 1.3. Diagnostic L’anamnèse est importante pour savoir si le furet a pu être exposé (par exemple en ingérant de la viande crue), ou s’il vit en contact avec des chats. Le test sérologique ELISA peut être utilisé chez le furet et permet de détecter les immunoglobulines G et M spécifiques de T. gondii, ainsi que ses antigènes (Lewington, 2007) cependant, il nécessite des conjugués anti-IgG et anti-IgM spécifiques du furet et validés avant utilisation dans cette espèce. De ce fait, ce test n’est pas disponible dans les laboratoires de diagnostic. La méthode d’agglutination directe à haute sensibilité est un test sensible et spécifique basé sur l’agglutination de tachyzoïtes formolés en 12 à 18 heures en présence de sérum plus ou moins dilué. La réaction correspond à la présence à la fois d’IgG et d’IgM. Pour éviter cet inconvénient, on traite une partie du sérum à étudier par le 2-mercaptoéthanol, qui fait disparaître les IgM et permet d’apprécier le taux d’IgG. Des particules de latex sur lesquelles sont fixés des antigènes de tachyzoïtes peuvent aussi être utilisées : c’est la technique d’agglutination au latex, qui permet une lecture à l’œil nu au bout de quelques minutes (Bussiéras et Chermette, 1992). Ces techniques sont faciles d’utilisation et indépendantes de l’espèce à tester, donc utilisables chez le furet. 1.4. Traitement Les sulfamides sont utilisés pour traiter la toxoplasmose. Ils doivent être administrés au moins deux semaines, 4 fois par jour. L’administration doit être continuée par précaution sur une courte période après la disparition des symptômes. La sulfadiazine (60 mg/100ml dans l’eau de boisson ou 60 mg/100g de nourriture) et le pyriméthamine (0,5 à 1 mg/kg par jour) sont souvent utilisés en synergie. Ces molécules agissent sur les tachyzoïtes. Ce sont des antagonistes de l’acide para-amino-benzoïque dans le cycle de l’acide folique et de l’acide folinique. L’acide folique étant essentiel à l’hématopoïèse, il faudra complémenter l’alimentation en acide folinique et en levure de boulanger en cas de traitement prolongé. Chez le chat, la clindamycine est utilisée à la dose de 25 à 50 mg/kg par jour pendant plusieurs semaines (Fox et Marini, 2014; Lewington, 2007). 1.5. Prévention L’alimentation du furet doit être stockée à l’abri des chats et les furets devront être nourris en intérieur. La viande crue non congelée doit être évitée, car elle peut contenir des kystes à bradyzoïtes. Les furets qui sortent sont plus à risque de se contaminer par des oocystes via les fèces de chats (Fox et Marini, 2014 ; Lewington, 2007). 1.6. Conséquence en santé publique vétérinaire La toxoplasmose est une des grandes causes de malformations graves des nouveau-nés, de lésions oculaires des jeunes enfants, et d’affection opportunistes graves dans les immunodéficiences. Il s’agit d’une zoonose majeure. La contamination se fait par ingestion d’ookystes rejetés par les chats ou les furets et souillant la 75 terre des jardins, et parfois les mains et certains aliments, ainsi que par consommation de viande ou de viscères crus ou peu cuits contenant des kystes. Afin d’éviter la contamination, il faut changer la litière du furet quotidiennement, éviter de lui donner de la viande crue, éviter de le laisser chasser et consommer des souris. Il est important de porter des gants pour jardiner, surtout pour les femmes enceintes, de bien se laver les mains avant de manger, bien laver les fruits et légumes et éviter certains aliments chez les personnes à risque (viande crue, crudités) (Bussiéras et Chermette, 1992). 2. Sarcocystis neurona Il s’agit de protozoaires d’Amérique du Nord de la famille des Sarcocystidés et du genre Sarcocystis, affectant en majorité les mammifères, son cycle implique un hôte définitif (les opossums Didelphis virginiana et D. albiventris) et un hôte intermédiaire qui est souvent une proie de l’hôte définitif. Les hôtes intermédiaires présentent des symptômes nerveux centraux. Une publication a décrit un cas d’infection par Sarcocysti neurona chez un furet au Canada. Ce dernier présentait un jetage nasal, des signes respiratoires, une déshydratation et une parésie des membres postérieurs (Britton et al., 2010). Le furet a été euthanasié et l’autopsie a révélé des lésions macroscopiques limitées à l’appareil respiratoire : des sécrétions mucopurulentes étaient présentes autour des narines et sur la muqueuse des cornets nasaux, les poumons étaient de couleur rouge sombre à violacée avec des petites tâches pâles sur toute la surface pleurale. À l’examen histologique, des schizontes et des mérozoïtes étaient observables dans l’épithélium muqueux et la lamina propria de l’appareil respiratoire supérieur (figure 46) ainsi que dans les poumons, le cerveau, le cœur, les muscles striés squelettiques, les glandes surrénales, le foie, la rate. L’immunohistochimie et la biologie moléculaire ont permis de déterminer qu’il s’agissait de Sarcocystis neurona. La forme disséminée de la maladie pourrait être liée à un état d’immunodéficience suite à une vaccination contre la maladie de Carré avec un virus vivant modifié. Figure 46 : Coupe histologique de muqueuse nasale en microscopie optique. Des schizontes de S. neurona sont visibles dans les cellules épithéliales de la surface de la muqueuse (flèches). (Britton et al, 2010). 76 III. Parasites cardiaques et respiratoires 1. Dirofilaria immitis 1.1. Le parasite et son cycle évolutif Il s’agit d’un Nématode de l’ordre des Spirurida, appartenant au genre Dirofilaria. La dirofilariose à D. immitis est une helminthose non contagieuse qui touche principalement les canidés, mais que l’on peut retrouver chez d’autres carnivores comme le chat ou le furet, et plus rarement chez l’homme. Elle est transmise par des moustiques culicidés. C’est une maladie fréquente dans les pays chauds et humides. Le cycle évolutif de D. immitis est un cycle hétéroxène obligatoire (figure 47), c’est une maladie à transmission uniquement vectorielle (Bussiéras et Chermette, 1995). Figure 47 : Représentation schématique du cycle évolutif de Dirofilaria immitis (d’après Bussiéras et Chermette, 1992) Le moustique, en piquant un chien infesté, ingère des microfilaires qui, une fois arrivés dans les tubes de Malpighi, se transforment en larves L2 puis L3. Les larves L3 vont passer dans la cavité générale et migrer jusqu'au labium. Lorsque le moustique pique un autre chien au niveau d'un capillaire cutané, les larves au stade L3 vont sortir du labium, pénétrer la peau à travers la plaie pour arriver dans le tissu conjonctif. Dans le tissu conjonctif et les muscles, les larves L3 vont subir une maturation et se transformer en L4 et en préadultes. Les pré-adultes vont rejoindre les artères pulmonaires, puis se transformer en adultes dans la circulation droite. Après accouplement avec un mâle, la femelle libère des microfilaires dans la circulation sanguine où ils pourront être ingérés par les moustiques lors d’une piqure. Le furet peut être infecté naturellement et expérimentalement par D. immitis (Campbell et Blair, 1978). Des travaux ont étudié la sensibilité du furet à D. immitis sur 28 individus en leur inoculant des larves au stade 77 L3 par voie sous-cutanée. La prévalence était de 10 % et le taux de guérison de 34 à 54 % (McCall, 1998). La dirofilariose du furet se rapproche plus de celle du chat que du chien, les animaux de plus petite taille étant plus sensibles à un nombre réduit de filaires dans le cœur. Des symptômes sévères peuvent être observés avec un ou deux vers adultes. Il est possible de trouver des filaires dans les artères pulmonaires et le cœur droit chez le furet mais, la plupart du temps, les filaires se logent dans les veines caves et l’atrium droit, probablement à cause de la petite taille du ventricule droit. La taille réduite de la valve atrioventriculaire rend difficile le passage des filaires dans le ventricule droit ; ces derniers resteraient donc confinés dans l’atrium droit et les veines caves (Supakorndej et al., 1995). 1.2. Pathogénie Les filaires présentes dans le cœur droit obstruent la circulation sanguine, ce qui engendre une hypertension pulmonaire. L'hypertension induit une insuffisance cardiaque droite qui évolue en insuffisance cardiaque globale. De plus, ils ont une action pro-inflammatoire qui provoque une endocardite, ce qui renforce l'insuffisance cardiaque. Les filaires et les microfilaires ont aussi une action antigénique, d'où la formation de complexes immuns à l'origine d'une glomérulonéphrite et de dermatites. Les microfilaires peuvent s'emboliser et alors induire une ischémie et une anoxie au niveau du cerveau, des reins et du foie principalement. 1.3. Signes cliniques Les furets peuvent être sévèrement affectés par la présence d’un seul vers. A cause de sa petite taille, la présence d’un nombre réduit de vers peut provoquer une obstruction mécanique à l’écoulement du sang à l’origine d’une insuffisance cardiaque droite (Carpenter et Quesenberry, 2012). Les signes cliniques observables chez le furet sont dus à une insuffisance cardiaque droite : une anorexie, une léthargie, de la faiblesse, de l’ascite une dyspnée, une cyanose des muqueuses et de la toux. Ces symptômes peuvent apparaitre brutalement. A l’auscultation, les bruits du cœur peuvent être normaux ou assourdis, un souffle ainsi que des crépitements pulmonaires peuvent être audibles (Fox et Marini, 2014). Des complications graves peuvent survenir, comme une thromboembolie pulmonaire engendrant des cas de mort subite ou bien un syndrome cave (Bradbury et al., 2010) : il s’agit d’un reflux de filaires adultes dans les cavités cardiaques droites et veine cave. Cela se traduit par une apathie sévère et brutale, et un syndrome hémolytique avec hémoglobinémie et hémoglobinurie. 1.4. Diagnostic L’anamnèse et l’examen clinique sont très importants : un furet vivant ou ayant vécu en zone endémique, avec une exposition aux piqures de moustiques et présentant certains signes cliniques cités précédemment orientera vers une suspicion de dirofilariose. Des radiographies de furets infectés expérimentalement (figure 48) ont montré une cardiomégalie droite, particulièrement de l’atrium droit, un élargissement de la veine cave crâniale (Supakorndej et al., 1995) et un épanchement pleural (Sasai et al., 2000). À la différence des chiens et chats, chez lesquels on retrouve une dilatation du ventricule droit ainsi que des artères pulmonaires, aucune anomalie n’était visible au niveau du système vasculaire pulmonaire chez le furet (Supakorndej et al., 1995). 78 Figure 48 : Radiographies thoraciques en incidence dorso-ventrale d'un furet 16 semaines après inoculation par D. immitis (A) et 40 semaines après inoculation (B). (Supakorndej et al., 1995) L’angiographie permettait de visualiser les filaires délimitées par le produit de contraste dans la veine cave crâniale, dans la veine azygos et dans l’artère pulmonaire du lobe caudal gauche (figure 49). 79 Figure 49 : Radiographies thoraciques en incidence dorso-ventrale (A) et latéro-latérale (B) avec produit de contraste d’un furet 40 jours après l’inoculation par D. immitis. Présence d’un élargissement de l’atrium droit et de la veine cave crâniale et de filaires visibles grâce au défaut de remplissage par le produit de contraste (flèches noires). (Supakorndej et al., 1995) L’échocardiographie est un outil non invasif et disponible qui permet de visualiser une dilatation des cavités cardiaques droites, une hypertension pulmonaire avec éventuellement un reflux tricuspidien en mode doppler, ainsi que les filaires adultes qui apparaissent sous la forme de double traits parallèles et hyperéchogènes (figure 50) (Sasai et al., 2000). Figure 50 : Echocardiographie d'un furet atteint de dirofilariose. Présence de filaires (flèches blanches) qui apparaissent comme des lignes anormales hyperéchogènes dans l'atrium droit (RA) et le ventricule droit (RV). LV : ventricule gauche. (Sasai et al., 2000) Le diagnostic de laboratoire repose sur la mise en évidence des microfilaires dans le sang et de tests sérologiques pour rechercher la présence d’un antigène spécifique de D. immitis (Bussiéras et Chermette, 80 1995). On peut rechercher les microfilaires sur du sang périphérique sans enrichissement, en observant une goutte de sang entre lame et lamelle ou sur un frottis, ou bien avec enrichissement avec la méthode de Knott ou la méthode par filtration sur membrane. Des microfilaires sont observées chez environ 50 % des furets atteints. Les tests sérologiques utilisés le plus couramment pour le diagnostic de la dirofilariose sont des kits ELISA (Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay) qui utilisent des anticorps monoclonaux permettant la détection d’antigènes parasitaires dans le plasma. Les antigènes présents dans la circulation sanguine proviennent des filaires femelles. Ces tests peuvent être faussement négatifs s’il n’y a qu’un faible nombre de vers, ou si les prélèvements sont faits au mauvais moment. Cependant, il existe peu d’études sur la sensibilité et la spécificité de ces tests chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012). Enfin, le diagnostic post-mortem est facile par découverte des filaires adultes dans le cœur droit ou la veine cave (figure 51). Figure 51 : Vers adultes de Dirofilaria immitis dans le cœur droit d'un furet. (Powers, 2009). 1.5. Traitement et prévention Le succès du traitement repose sur une détection précoce. La molécule la plus couramment utilisée à l’heure actuelle est l’ivermectine à 50 µg/kg par voie sous-cutanée tous les 30 jours jusqu’à résolution des signes cliniques et absence de microfilarémie. La mélarsomine, qui agit sur les formes adultes, était utilisée auparavant, mais ne l’est plus à cause de ses nombreux effets secondaires (Carpenter et Quesenberry, 2012). Il est recommandé de réaliser un test ELISA pour détecter les antigènes de D. immitis trois mois après le début du traitement, puis tous les mois jusqu’à ce que les tests redeviennent négatifs. Si les résultats des tests restent positifs, d’autres examens (radiographie, échocardiographie) pourront être nécessaires de façon à déterminer s’il persiste une infection. Il est nécessaire de mettre en place un traitement symptomatique de l’insuffisance cardiaque : l’épanchement pulmonaire peut être traité par thoracocentèse ou médicalement avec des diurétiques. L’administration de prednisone à la dose de 0,5 mg/kg par voie orale toutes les 12 à 24 heures, ainsi que du repos, sont recommandés jusqu’à la résolution des signes cliniques. Une alternative au traitement médical est l’extraction chirurgicale des filaires par endoscopie via la veine jugulaire ; cette procédure a été récemment réalisée avec succès sur un furet présentant un syndrome cave (Bradbury et al., 2010). 1.6. Prévention Un traitement préventif est recommandé pour les furets ayant déjà été infectés par D. immitis et tous ceux séjournant en zone endémique. Les furets devront être mis à l’abri des moustiques. L’Advocate® (Bayer) est une solution d’imidaclopride 10 % et de moxidectine 1 % sous forme de spot-on destinée aux petits chats et furets qui dispose d’un AMM pour la prévention de la dirofilariose. La moxidectine agit sur les stades larvaires L3 et L4 de D. immitis. La posologie est d’une pipette d’Advocate® pour petits chats et furets (0,4 ml) à appliquer sur la peau à la base du crâne, soit 4 mg de moxidectine pour un furet tous les mois pendant la période d’exposition aux moustiques, en commençant au moins un mois avant la première exposition 81 attendue et jusqu’à un mois après la fin de la période d’exposition aux moustiques (http://www.ircp.anmv.anses.fr/). L’ivermectine à la dose de 0,05 mg/kg peut être administrée per os ou en injection sous-cutanée une fois par mois en commençant un mois avant la saison des moustiques et jusqu’à un mois après. Les formulations pour chiens et chats conviennent aussi au furet. La sélamectine (Stronghold®) en topique et la milbémycine oxime per os sont également efficaces chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012). 1.7. Conséquences en santé publique vétérinaire La dirofilariose est une zoonose possible mais rare. La prévention passe par une bonne protection contre les moustiques en évitant de sortir à l’aube ou au crépuscule, en portant des vêtements longs et en utilisant des répulsifs contre les moustiques. IV. Parasites externes Les furets peuvent être infestés par la plupart des ectoparasites du chien et du chat. Cependant, seules les infestations par les puces et l’otocariose sont vraiment fréquentes, les autres ectoparasites étant plus rares. 1. Puces 1.1. Etiologie et épidémiologie Des infestations par les puces sont parfois observées chez le furet. Les espèces habituellement impliquées sont celles retrouvées chez les chiens et chats : Ctenocephalides felis et Ctenocephalides canis (figure 52). Les furets peuvent aussi être infectés par Pulex irritans (la puce des humains), Paraceras melis (la puce du blaireau), Ceratophyllus sciurorum (la puce de l’écureuil) et Ceratophyllus vison (la puce du vison). La transmission se fait via l’environnement ou, plus rarement, par contact direct avec un animal infesté (Carpenter et Quesenberry, 2012). Figure 52 : Puces en microscopie optique. (A) : Ctenocephalides canis ; (B) : Ctenocephalides felis (http://www2.vetagro-sup.fr/etu/DPN/parasites/puce.html) 1.2. Signes cliniques 82 Cette parasitose peut être asymptomatique mais les signes cliniques habituels sont un prurit léger à très intense, des zones érythémateuses et alopéciques avec des squames et des excoriations, le plus souvent en région cervicale dorsale et interscapulaire. Certains furets peuvent développer une allergie aux piqures de puces se traduisant par une dermatite prurigineuse, papuleuse et croûteuse au niveau de la base de la queue, de la ligne du dos et du ventre. Une infestation massive peut être à l’origine d’une anémie (Lewington, 2007). 1.3. Diagnostic La mise en évidence de puces ou de leurs excréments sur l’animal permet d’obtenir le diagnostic. 1.4. Traitement Le traitement passe par l’élimination des puces de l’environnement et de tous ses hôtes potentiels. En France, deux antiparasitaires externes disposent actuellement d’un AMM chez le furet : l’Advocate® (40 mg + 4 mg) solution pour spot-on pour petits chats et furets et le Frontline® combo spot-on chat (http://www.ircp.anmv.anses.fr/). L’Advocate® (Bayer) est une solution d’imidaclopride 10 % et de moxidectine 1 % sous forme de spot-on destinée aux petits chats et furets. L’imidaclopride est active contre les stades larvaires et adultes des puces. Les larves de puces présentes dans l’environnement de l’animal sont tuées par contact avec l’animal traité. La posologie est d’une pipette d’Advocate® pour petits chats et furets (0,4 ml) à appliquer sur la peau à la base du crâne, soit 40 mg d’imidaclopride pour un furet toutes les trois semaines. En cas de forte charge de puces, l’administration peut être répétée après deux semaines. Le Frontline® combo spot-on chat contient du Fipronil et du (S)-méthoprène, qui agissent sur les puces (activité adulticide, ovicide et larvicide) et les tiques (Ixodes ricinus) pendant quatre semaines. La posologie est d’une pipette de 0,5 ml par furet, soit de 50 mg de Fipronil et 60 mg de (S)-méthoprène par furet, à appliquer sur la peau à la base du crâne tous les mois. L’Advantage® 40 pour chats utilisé hors AMM à la dose de 0,4 ml (soit une pipette) de la solution à 10 % appliqué sur la peau à la base du crâne permet de traiter et de prévenir l’infestation par les puces pendant trois semaines (Carpenter et Quesenberry, 2012). La Sélamectine (Stronghold®) peut également être utilisée hors AMM. Une étude a montré qu’une dose de 6 ou 18 mg/kg en application cutanée était 100 % efficace pendant 7 à 21 jours après application (Fox et Marini, 2014). Le Lufénuron (Program® de Novartis) interfère avec la production de chitine, ce qui empêche la croissance et entraîne la mort des puces immatures. Il peut s’utiliser hors AMM une fois par mois par voie orale à la dose de 45 mg (la moitié de la dose pour chats). Il faut attendre six à huit semaines entre le début du traitement et la diminution du nombre de puces adultes sur l’animal. Il pourra donc être utile de lui associer une adulticide au début du traitement. Les effets secondaires sont rares : vomissements, diarrhée, léthargie, prurit ou perte d’appétit (Carpenter et Quesenberry, 2012). Le meilleur moyen d’éliminer les puces de l’environnement est de passer l’aspirateur régulièrement, en insistant dans les endroits sombres et chauds et en jetant le sac après chaque passage, et de nettoyer les coussins ou paniers de couchage à l’eau chaude savonneuse au moins une fois par semaine. Laver les tapis ou moquettes à la vapeur plusieurs fois par an tue tous les parasites. Des sprays ou des foggers insecticides peuvent être utilisés en cas de grosse infestation (http://www.veterinarypartner.com). 2. Agents de gales (Otodectes cynotis, Sarcoptes scabiei) 83 2.1. Otocariose L’acarien responsable de l’otocariose ou gale des oreilles du furet est le même que chez le chien et le chat, à savoir Otodectes cynotis. Le cycle du parasite se déroule entièrement dans le conduit auditif, les œufs éclosent quelques jours après leur ponte par les acariens femelles. Les larves se développent en adultes en 3 semaines environ, en passant par deux stades nymphaux. La transmission a lieu par contact direct avec un autre animal infecté (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). La plupart des furets atteints d’otocariose restent asymptomatiques. Cependant, on peut observer certains furets se secouer la tête ou se gratter les oreilles. Les lésions sont variables, allant d’une inflammation du canal auditif externe accompagnée d’un prurit léger à un prurit intense avec présence d’excoriations et de croûtes. Une hypersécrétion de cérumen épais et de couleur brun foncé est fréquente (figure 53) ; cependant, les furets sains peuvent présenter un cérumen du même aspect. Figure 53 : Conduit auditif gauche d'un furet atteint d'otocariose. Présence de cérumen brun en quantité modérée. (Powers, 2009) Des surinfections par des bactéries ou des levures peuvent entraîner des complications telles que des otites moyennes ou internes associée à des symptômes neurologiques (torticolis, ataxie, tourner en cercle) mais elles sont peu fréquentes chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012). Le diagnostic d’Otocariose se fait grâce à un écouvillonnage auriculaire et l’observation au microscope des parasites dans le cérumen (œufs, larves ou adultes) (figure 54). Il est aussi possible de visualiser les parasites dans le canal auditif avec un otoscope (Carpenter et Quesenberry, 2012). 84 Figure 54 : Otodectes cynotis sur étalement de cérumen de furet, en microscopie optique (A) : œufs ; (B) : adulte (Powers, 2009). Afin d’éliminer la gale, tous les furets du foyer doivent être traités. Les oreilles doivent être nettoyées avant tout traitement en évitant toute solution pouvant causer des lésions de l’oreille moyenne en cas de rupture de la membrane tympanique. La sélamectine en spot-on à la dose de 45 mg (soit une pipette de Stonghold® chat 45 mg) appliquée sur la peau en région interscapulaire tous les 30 jours serait efficace pour traiter l’otocariose et sans effets secondaires chez le furet (Miller et al., 2006). L’ivermectine peut également être utilisée en injection sous cutanée à la dose de 0,2 à 0,4 mg/kg, 3 fois à 15 jours d’intervalle, mais doit être utilisée avec précaution chez la femelle gestante. Une étude comparant trois protocoles de traitement de l’otocariose (administration parentérale par injection sous-cutanée d’ivermectine, administration topique d’ivermectine dans le canal auriculaire et administration topique d’une solution commerciale contenant du thiabendazole) a montré que l’ivermectine en topique (ivermectine à 1 % diluée au dixième dans du propylène glycol et administrée à la dose de 0,4 mg/kg répartis dans les deux oreilles, deux fois à 15 jours d’intervalle) était plus efficace que l’ivermectine en injection sous-cutanée (ivermectine à 1 % diluée au quart dans du propylène glycol et administrée à la dose de 0,4 mg/kg) (Patterson et Kirchain, 1999). Il existe une préparation d’ivermectine auriculaire, l’OTOMECTIN VET® 1mg/g sous forme de gel auriculaire pour chats qui peut être utilisé hors AMM chez le furet. Pour éviter toute toxicité, il est recommandé de ne pas administrer l’ivermectine à la fois par voie parentérale et topique. Une étude a montré l’efficacité de l’Advocate® en spot-on pour petits chats et furets dans le traitement de l’otocariose chez le furet, à la dose de 0,4 ml, soit une pipette par furet, 3 fois à 15 jours d’intervalle (Le Sueur et al., 2011). Le nettoyage et la désinfection de la cage et des endroits de couchage sont très importants pour éviter la réinfestation. 2.2. Gale sarcoptique L’infestation par Sarcoptes scabiei, qui touche également les chiens et exceptionnellement les chats, est rare chez les furets vivant en intérieur, mais est plus fréquente chez les animaux d’élevage. Le chien peut être une source d’infection pour le furet (Powers, 2009). La transmission a lieu par contact direct avec des animaux infestés ou des vecteurs mécaniques. Il s’agit d’une zoonose qui cause un prurigo galeux chez l’homme. Il existe deux présentations cliniques, les deux pouvant être présentes simultanément. Dans la forme généralisée, les furets présentent une alopécie focale à extensive associée à une dermatite et un prurit intense (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). Dans la forme localisée, plus rare, les lésions sont limitées aux pattes, qui deviennent prurigineuses, gonflées, érythémateuses et crouteuses. Sans traitement, 85 une nécrose peut apparaître et causer une déformation ou une chute des griffes, voire même la perte des doigts (Phillips et al., 1987). De multiples raclages cutanés peuvent être nécessaires afin de visualiser et d’identifier le parasite au microscope (figure 55). Figure 55 : (A) : Adulte de Sarcoptes scabiei en microscopie optique ; (B) : Œuf de Sarcoptes scabiei en microscopie optique. (http://www.esccap.fr/arthropodes/gale-sarcoptique-et-notoedrique.html) Plusieurs traitements sont possibles : l’ivermectine à la dose de 0,2 à 0,4 mg/kg en injection sous-cutanée trois fois à 15 jours d’intervalle, ainsi que les spot-on efficaces chez le chien et le chat peuvent être utilisés hors AMM chez le furet (Advocate® spot-on petits chats et furets, Stronghold ® 45 mg). Des antibiotiques topiques ou systémiques sont nécessaires en cas d’infection bactérienne secondaire. Des soins locaux doivent être réalisés sur les pattes : des bains d’eau chaude, un débridement précautionneux des croûtes et une coupe des griffes atteintes. Tous les animaux atteints ainsi que ceux en contact doivent être traités, et les cages, couchage ou tout autre matériel contaminé doivent être nettoyés soigneusement (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). 2.3. La démodécie Une étude histologique de la peau de furets sains a mis en évidence des parasites du genre Demodex sp. dans les follicules et les glandes sébacées de 9 furets parmi 25 dans les zones périnéale (figure 56), vulvaire, préputiale, faciale, et abdominale caudale (Martin et al., 2007). Cependant, les cas de démodécie symptomatique sont rares chez les furets. La forme clinique est souvent associée à un certain degré d’immunodépression. La démodécie a été décrite chez des furets atteints de maladie surrénalienne et de lymphome systémique (Beaufrere et al., 2009) ou ayant reçu des corticoïdes de manière prolongée (Noli et al., 1996). 86 Figure 56 : Coupe histologie de peau de la zone péri-anale d’un furet femelle de 2 ans. Présence de larves de Demodex sp. (ds). (sb) : stratum basale, (h) : hair. (Martin et al., 2007) Les furets peuvent présenter une alopécie, un épaississement et/ou une décoloration de la peau, un érythème et un prurit localisés au niveau des oreilles, de la face, du ventre, de la zone inguinale ou de la queue. Trois cas d’infections persistantes par des Demodex sp. ont été décrits chez des furets âgés qui avaient reçu des corticoïdes sur de longues périodes. Le raclage et/ou la biopsie cutanée ainsi que l’examen du cérumen en cas d’affection auriculaire permettent de mettre en évidence les démodex. Plusieurs traitements ont été utilisés chez les furets atteints de démodécie : des spot-on à base d’imidaclopride et moxidectine (Advocate®) une fois par mois pendant plusieurs mois, de l’ivermectine par voie orale jusqu’à 0,3 µg/kg toutes les 24h (Beaufrere et al., 2009) et des bains dans une solution d’amitraz à 0,0125 % trois fois à sept jours d’intervalle, ainsi qu’une instillation de cette même solution dans les oreilles tous les deux jours (Noli et al., 1996) . 2.4. Conséquences en santé publique vétérinaire Sarcoptes scabiei provoque chez l’Homme des lésions de prurigo, mais le parasite ne peut pas se multiplier, si bien que les lésions guérissent spontanément après traitement de l’animal et qu’il est rarement nécessaire de traiter les humains. 3. Les tiques Des tiques peuvent être retrouvées sur les furets ayant accès à l’extérieur (figure 57). Le traitement consiste à retirer la tique de la peau du furet avec précaution afin d’enlever la tête dans son intégralité. Aucun cas de maladie de Lyme n’a été décrit jusqu’à présent chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). 87 Figure 57 : Infestation par des tiques sur l'oreille d'un furet (photographie du Dr. Christophe Bulliot) 4. Les agents de myiases Les myiases sont des maladies parasitaires dues à la présence et au développement de larves de diptères sur la peau ou dans divers organes et cavités. La spécificité d’hôte est faible ; les hôtes les plus fréquents sont les animaux de rente (moutons, bovins, chevaux, porcs…), les carnivores domestiques restent des hôtes occasionnels. Les facteurs favorisants sont la présence de plaies, de souillures et des conditions climatiques chaudes et humides. Les diptères de France métropolitaine pouvant être responsables de myiases chez les carnivores domestiques sont ceux de la famille des calliphoridés (Calliphora sp., Lucillia sp., agents de myiases facultatives) et des sarcophagidés (Wohlfahrtia magnifica, agent de myiase obligatoire) et ceux de la sous-famille des muscinés (agents de myiases occasionnelles). Les calliphoridés ne se nourrissent que sur des tissus nécrotiques tandis que les sarcophagidés attaquent des tissus vivants. Certaines larves peuvent pénétrer la peau saine et créer des lésions nodulaires voire nécrotiques multiples, comme Wohlfahrtia (Bussiéras et Chermette, 1991). Des infestations par la mouche à viande Wohlfahrtia sp. ont été décrites par des éleveurs de visons et de furets élevés en plein air. Le plus souvent, les jeunes âgés de quelques semaines sont attaqués pendant l’été, lorsque les mouches femelles déposent leurs œufs sur la peau du cou, de la face et des flancs. Lorsque celleci creusent dans la peau, cela cause des irritations, les furets deviennent agités et anorexiques. Les stades larvaires de Hypoderma bovis peuvent être à l’origine de masses granulomateuses en région cervicale, mais sont rares chez le furet (Carpenter et Quesenberry, 2012). Il est parfois possible de rencontrer en France des espèces d’origine tropicale sur des carnivores domestiques ayant voyagé. Les larves doivent être retirées avec précaution afin de les garder intactes pour ne pas laisser un foyer d’infection ou un insecticide comme une lactone macrocyclique peut être appliquée localement. La plaie doit être débridée et des antibiotiques doivent être appliqués localement. Des antibiotiques systémiques peuvent éventuellement être administrés pour traiter ou prévenir les infections bactériennes secondaires. La plaie cicatrise ensuite par seconde intention (Carpenter et Quesenberry, 2012 ; Fox et Marini, 2014). 88 CONCLUSION Le furet est sensible à de nombreux virus à l’origine de maladies plus ou moins sévères. Pour la majorité d’entre elles, il n’existe pas de traitement spécifique. Cependant, certaines sont bénignes lorsqu’elles sont diagnostiquées à temps et qu’un traitement de soutien est mis en place de manière précoce, comme c’est le cas pour l’entérite catarrhale épizootique ou la grippe par exemple. D’autres maladies virales sont très sévères et peuvent causer la mort de l’animal. Parmi les plus graves, on peut citer la maladie de Carré, qui cause le décès des individus infectés dans presque 100 % des cas. Il est important d’informer le propriétaire des mesures préventives contre ces maladies et notamment des protocoles de vaccinations existant pour cette espèce. En ce qui concerne les parasites, le furet y est naturellement peu sujet. La plupart des parasites affectant le furet sont les mêmes que chez les autres carnivores domestiques. A l’exception de la coccidiose, le parasitisme intestinal est peu courant chez le furet. Cependant, tout furet présentant une diarrhée devrait faire l’objet d’une coproscopie. Les parasites externes sont plus fréquents, notamment chez les furets en contact avec des chiens ou des chats ou qui ont accès à l’extérieur. Du fait du faible nombre de publications sur les maladies parasitaires du furet, il existe encore assez peu d’informations sur l’usage des antiparasitaires internes chez le furet. Souvent, ce sont des molécules développées chez le chien et le chat qui sont utilisées hors AMM chez le furet. Il est donc important de pouvoir conseiller les propriétaires de furets sur les éventuels traitements antiparasitaires à mettre en place. D’autre part, certains virus et parasites affectant le furet sont zoonotiques. C’est le cas pour les virus de la rage, qui reste exceptionnelle chez le furet, et de la grippe qui est plus souvent transmise par l’homme au furet. En ce qui concerne les parasites, on peut citer C. parvum et G. intestinalis, qui peuvent contaminer l’homme et causer des gastro-entérites, ou la gale sarcoptique, qui peut se transmettre par contact et causer des affections dermatologiques. Les risques de contracter une maladie par l’intermédiaire d’un furet restent minimes, cependant, il est impératif de respecter les règles d’hygiène de base afin de minimiser les risques de contamination et d’en informer les propriétaires. 89 90 BIBLIOGRAPHIE ABE N, ISEKI M. Identification of genotypes of Cryptosporidium parvum isolates from ferrets in Japan. Parasitol. Res. 2003, 89, 422‑424. ABE N, READ C, THOMPSON RCA, ISEKI M. Zoonotic genotype of Giardia intestinalis detected in a ferret. Journal of Parasitology. 2005, 91, 179–182. ABE N, TANOUE T, NOGUCHI E, OHTA G, SAKAI H. 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Les différentes maladies seront présentées selon leur tropisme : digestif, respiratoire, nerveux ou systémique. Mots clés : VIROSE, PARASITOSE, PATHOLOGIE, NAC, MUSTELIDE, FURET Jury : Président : Pr. Directeur : Dr. Sophie Le Poder Assesseur : Dr. Bruno Polack VIRAL AND PARASITIC DISEASES OF THE FERRET SURNAME: BIDANEL Given name: Pauline, Marie, Françoise Summary: The ferret is an increasingly popular pet, which currently represents a significant proportion of the canine veterinarian’s clientele. Ferrets are susceptible to many viruses and parasites, some of which can cause severe illness or zoonotic diseases. It is important for the clinician to be able to advise ferret owners about the prevention of these diseases, and to be capable of diagnosing and treating them. We present here current bibliographic data on main viral and parasitic diseases affecting ferrets, with a focus on virus and parasites naturally infecting ferrets, as well as on some viral and parasitic diseases for which ferrets have been used as an animal model. The different diseases will be presented according to their tropism: digestive, respiratory, nervous or systemic. Keywords: DISEASE, VIRUS, PARASITE, PATHOLOGY, EXOTIC PETS, MUSTELIDAE, FERRET Jury: President : Pr. Director : Dr. Le Poder Assessor : Dr. Bruno Polack