Un séisme de magnitude 8.2 à 8.4 est survenu en mer le 16 septembre 2015 à 22h54 UTC (soit 19h54 heure chilienne), à proximité de la côte chilienne au niveau de la ville d’Illapel, dans la région dite de Coquimbo à environ 250 km au Nord de Santiago. Cet évènement n´est pas exceptionnel. En moyenne, le Chili connaît tous les dix ans un tremblement de terre de magnitude 8 et entre dix et vingt secousses de magnitude 7. Mais depuis quelques années, la sismicité du pays s’est accrue. Comment expliquer la libération d´une telle énergie et avec une telle fréquence ? Le Chili est situé sur la frontière entre deux plaques tectoniques qui convergent l’une contre l’autre La plaque Nazca converge à près de 7 cm/an vers la plaque Amérique du Sud. La plaque Nazca passe sous la plaque Amérique du Sud puis s’enfonce dans le manteau terrestre dans ce que l’on appelle un mouvement de subduction. Une faille est la limite entre deux plaques tectoniques qui se déplacent l’une par rapport à l’autre. Faille Malheureusement les plaques ne glissent pas en continu ( fluage) . La rugosité du contact implique un blocage de la faille alors que le déplacement de la plaque de nazca se poursuit. Le bordure de la plaque sud américaine se déforme en accumulant de l´énergie élastique . C´est comme un ressort qui se comprime. La plaque encaisse le déplacement jusqu´á ce que se produise le seime. La faille peut être bloquée de nombreuses années et accumuler une quantité d´énergie dont la libération pourra être responsable de nombreux dégâts. Une rupture le long de la faille s´accompagne d´une libération d´énergie avec une magnitude qui dépendra de la durée du blocage de la faille. L'énergie se propage alors dans la Terre sous forme de front d'onde et se répand dans toutes les directions. Les ondes S sont responsables du bruit qui accompagne les premières secousses. Les ondes de surfaces ( plus lentes à arriver) sont souvent les plus destructrices. En 2010 la faille au niveau de Concepción était bloquée depuis 1835 . Le séisme a donc libérée de l´énergie accumulée depuis 175 ans! La plaque s´est déplacée de plus de 14 mètres . Dans la région de Coquimbo il n´y avait pas eu de séisme de très grande magnitude ( supérieur à 8) depuis 1943. Un séisme 8,8 libère un peu plus d´énergie qu´un séisme de magnitude de 8,3? FAUX, il libère beaucoup plus d´énergie! -L´énergie libérée se multiplie exponentiellement à chaque nouvelle unité de magnitude. -Une augmentation d'une unité de magnitude correspond à une multiplication d´environ 31,6 de l'énergie libérée. Un séisme de magnitude 3 libère donc 973 fois plus d´énergie ( 31,2 x 31,2) qu´un séisme de magnitude 1. Le séisme du 27 févier 2010 par exemple a libéré 4 fois plus d´énergie que celui d´IIIapel. Peut on prévoir les séismes? Les scientifiques ne peuvent pas faire de prédictions précises mais déterminent un risque sismique. On peut ainsi prévoir les zones qui seront exposées à de futurs grands événements sismiques. A l´image de Concepción , il existe au Chile des zones qui n´ont pas connu des séismes de grandes magnitudes depuis plusieurs dizaines d´années. On parle de « gap » ou lacunes sismiques . Alors pour quand le prochain « big one»? • Le Chili enregistre deux « big one » par siècle, selon les statistiques établies depuis 1575. Au XXIe siècle, pour l’instant, le pays a été touché par le séisme de 2010, qui a affecté les régions. • Il y a trois zones dangereuses dans le pays, susceptibles d’être touchées par un « big one » : le Nord, la région de Coquimbo, au centre-nord (que les Chiliens appellent le « Norte chico ») et le Centre-Sud. • Pour Raul Madariaga, sismologue et professeur à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, après deux séismes en deux ans, à Coquimbo et Iquique, il est très improbable que le nord Chili soit touché par un « big one » dans les années qui viennent. Mais en sismologie il ne faut jamais dire jamais.