L’ÉDD, pour quoi ?
pour qui ?
Contribution des disciplines
à l’éducation en vue du développement durable
HEP-VS, St-Maurice, 5 septembre 2007
L’histoire est-elle utile
à l’ÉDD ?
A-t-elle une méthode, des contenus,
pur une telle éducation ?
Titre
Briens 2005
Après une inondation,
Brienz, Suisse, août 2005
(Gore, A., 2006, 103)
« Qu’est-ce qu’on a ? ». Dans “Les Experts”, c’est ce que
demande Horatio quand il arrive sur la scène d’un accident,
d’un crime présumé ! Donc, enquête… on part de ce qu’on a.
Regardons d’abord de quoi il en retourne…
Histoire et accident
Intro 3 accident
L’historien, lorsqu’il a repéré un phénomène, un “accident” (événement fortuit, indice avant de signifier événement
malheureux), recueille les témoignages (s’il y en a), relève les traces laissées… dige un rapport où tout est consigné et
ensuite seulement, écrit l’histoire en s’efforçant de préciser quand ça s’est passé, comment, pendant combien de
temps, ce qui a déclenché le phénomène, ce qui l’a arrêté… bref de gager des causes, des
responsabilités (ou alors, la question reste controversée, d’en confier la charge à d’autres… ).
Son travail peut se révéler difficile selon les traces dont il dispose : ruines, objet, timent, monument, parchemin, texte,
témoignage écrit ou oral… En tous cas, il va examiner, comparer, douter… confronter les sources, les traces, avant de
faire le cit de son enquête et donner ses conclusions. En grec ancien, ce travail se dit «istoria», ce qui signifie :
mener enquête, rédiger un rapport
Bien sûr l’historien ne s’intéresse pas seulement aux “accidents”. Il s’intéresse aussi à ce qui semble immuable,
change peu… On désigne par “histoire immobile” le rythme lent des campagnes par exemple, par rapport à celui des
villes la vie est trépidante, les changements rapides. Il en va de même des ères climatiques dont le rythme
paisible peut être soudain bouleversé… On le sait grâce à l’histoire du climat.
Prenons deux voitures qui sont entrées en collision
aucun des conducteurs ne pense qu’il est responsable. Des moins disent : cest lui… non
c’est lui ! ”… La police arrive, recueille les témoignages (début de l’enquête), mais ne s’en
contente pas. Elle fait un croquis de l’accident, note l’heure, observe les traces de pneus, les
impacts… remonte le temps : est-ce qu’un conducteur avait bu de l’alcool, était fatigué…
Ont-ils leurs permis de conduire… depuis quand ? Dans quel état sont les pneus, à quelle
vitesse roulaient les véhicules (en mesurant les traces de freinage)… Qui avait la priorité, quelle
était la visibilité Tout cela est consigné dans un rapport transmis à un juge qui
statuera sur les responsabilités
L’histoire démarre souvent sur un
événement, comme par exemple
un accident” de la circulation.
Pour savoir ce qui s’est passé, qui est
responsable… on ne se contentera pas de
l’opinion de moins. La police va mener
“enquête” (istoria, en grec)…
Ne dit-on pas :
« les accidents
de lhistoire » ?
Histoire et accident
Nouvelle-Orléans 2005
L’accident de Brienz, ici, est-il lié à
celui de la Nouvelle-Orléans, là-bas,
à l’autre bout du monde ?
Y a-t-il d’autres accidents, d’autres
“catastrophes” (en grec : dénouement
d’une tragédie, bouleversement… ) ?
Généraliser dans l’espace-temps
constitue l’étape incontournable
d’une enquête historienne.
Non seulement, analyser
l’accident d’ici, mais le
relier à l’ensemble d’un
système de référence et
voir s’il n’y a pas une
“crise”nérale sur
laquelle, les causes une fois
établies, il serait possible
d’agir de façon à ce qu’elle
ne dure pas, ne se
reproduise plus…
… de façon à installer un
“développement durable” !
Gore, A. (2006, 96)
Hérodote Thucydide
Que signifie donc “histoire” (rappel) ?
Au Ve s. av. J.-C., Hérodote lance une enquête (historia) sur les circonstances et les
causes des conflits auxquels il assiste pour que le temps n’en efface pas le souvenir.
Comment ? Non plus en racontant des histoires de ros, des mythes (muthoi), mais par
une recherche faite de récits (logoi) reposant sur une observation visuelle (autopsia),
doublée d’une information de bouche à oreille (akoê), auprès de témoins…
Peu après, Thucydide fait de l’histoire une “recherche de la vérité”
pour une décision (crisis), par observation visuelle surtout (l’œil est plus
fiable que l’oreille) et une enquête de type rationnelle (“positiviste
comme la qualifie la critique historique d’aujourd’hui).
D’après Hartog, F.
Hérodote ; Thucydide
in Dictionnaire historique
des sciences historiques
(Burguière, A. dir.).
Paris : PUF 1986,
328-329; 663-664)
Ainsi, pour Thucydide, le récit “véridique” d’une crise vécue
permettra d’éviter qu’elle ne se reproduise. L’histoire est un
présent devenu passé servant à améliorer l’avenir !
On voit immédiatement comment ce qui se passe sous nos yeux,
actuellement, peut concerner l’histoire (qui a pourtant la
réputation d’être plutôt une discipline relative au passé)
Ce que Hérodote et Thucydide tentaient pour les Guerres
médiques, nous pouvons le faire pour la crise climatique actuelle :
sur les enseignements du passé, agir sur le présent de façon à
garantir un avenir à l’humanité. Telle est la méthode de l’histoire !
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