Formation des PLC2 de mathématiques Année 2008-2009 Séminaire de didactique des mathématiques Î Séance 6 : jeudi 12 mars 2009 [PLC2Maths0809_Seminaire6] 0. Le bulletin officiel .................................................................................................................. 1 1. Questions de la semaine ......................................................................................................... 1 2. Forum des questions ............................................................................................................... 6 3. Exposés................................................................................................................................. 20 4. Le travail d’étude et de recherche (TER) : l’évaluation....................................................... 20 L Ce jeudi après-midi, le GSF de Roland Pouget aura lieu sur le site de Rangueil (salle 8), à partir de 14 h 15. L En raison des mouvements sociaux, les cours prévus le jeudi 19 mars sont annulés. La journée du jeudi 26 mars est réorganisée comme suit en quatre séances d’une heure et demie. Groupe A Groupe B Groupe C 9 h – 10 h 30 Outils didactiques 4 Enseigner la statistique 3 TICE 2 10 h 45 – 12 h 15 TICE 2 Outils didactiques 4 Enseigner la statistique 3 13 h 45 – 15 h 15 Enseigner la statistique 3 TICE 2 Outils didactiques 4 15 h 30 − 17 h GDM 0. Le bulletin officiel • Abonnement au Bulletin officiel http://www.education.gouv.fr/cid2560/abonnement.html. • Bulletin officiel n° 9 du 26 février 2009 Enseignements élémentaire et secondaire / Vie scolaire / Fournitures scolaires. http://www.education.gouv.fr/cid23891/mene0900080c.html. 1. Questions de la semaine 1.1. La question de la semaine PLC2Maths0809_Seminaire6 1 Noter la question sur une feuille de format A5, orientation paysage. Indiquer en haut de la page la semaine, la date, ses prénom et nom ainsi que ses classes en responsabilité et les initiales de son formateur référent. Merci ! Semaine 23 Jeudi 12 mars 2009 Aurore Dupin (2de et TPE 1re S, GC) a) Lors du ramassage puis de la correction du dernier DM donné à mes élèves, l’un d’eux était absent. À son retour, je lui ai demandé de me rendre son DM comprenant les exercices initialement demandés augmenté d’un exercice supplémentaire de même difficulté. Mon but était de vérifier que les notions en jeu étaient comprises et de lui permettre d’avoir une note comme ses camarades. L’élève a pris cela comme une sanction malgré mes explications. Comment aurais-je pu / dû gérer cette situation ? b) Dans la construction de mon cours en statistique, je vois qu’il est conseillé un « résumé numérique par une ou plusieurs mesures de tendance centrale », dont la classe modale. Et là, surprise ! Dans mon manuel (Transmath 2de), je vois une définition de la classe modale alors que dans le Déclic 1re ES, la définition est différente. Par exemple, soit le diagramme suivant : a bc de Dans le Transmath 2de, la classe modale est [a, b], la classe de plus grande aire. Dans le Déclic 1re ES, la classe modale est [d, e], la classe la plus haute. Qu’en est-il ? Je ne souhaite pas introduire une notion erronée ! 1.2. Les dernières questions de la semaine et quelques « réponses express » Les questions repérées par un pique bleu (♠) seront abordées dans le forum express. Les éléments de réponse seront quelquefois apportés uniquement oralement. Les questions repérées par un trèfle rouge (♣) sont abordées dans le forum des questions. Î Sur la validation des compétences du C2i2e http://portfolio.toulouse.iufm.fr Un document sera prochainement déposé sur le BV qui fournira quelques indications concernant les dépôts restant à réaliser. • Comment peut-on savoir quand doit-on valider des compétences pour le portfolio ? Je n’ai pas compris ce que l’on attend de nous. ♠ Quelle est la date limite pour l’évaluation du C2i2e ? La date limite, à partir de laquelle il sera impossible aux stagiaires de déposer des documents sur le portfolio, est fixée au 9 mai 2009. Cela dit, afin de réguler aussi bien le travail des stagiaires PLC2Maths0809_Seminaire6 2 que celui des formateurs, une date limite a été fixée pour chacune des compétences. Elles sont indiquées dans la colonne de droite du tableau des « Productions attendues », situé en bas de la page de la compétence C8. • Quel type de document faut-il déposer dans le portfolio ? • Pourrions-nous avoir une formation ou des indications sur la façon d’intégrer des documents dans le portfolio et sur la nature des documents à fournir ? ♠ Les documents que nous déposons sur le portfolio peuvent-ils être des documents tirés de stage réalisés pendant l’année de préparation IUFM au CAPES ? Non. On n’acceptera pour valider les compétences du C2i2e que des documents réalisés lors de cette année de stage. ♠ Pour la validation des compétences C31 et C41, je n’ai pas compris quel travail doit être déposé sur le portfolio. Pour les compétences (au sens du cahier des charges) autres que la compétence C8 (qui est validée par le C2i2e), aucun travail ne doit être déposé sur le portfolio. Seul l’un des groupes de suivi (celui qui est dirigé par Roland Pouget) utilise le portfolio pour l’évaluation desdites compétences. ♠ Pour la validation du C2i2e, faut-il faire une séance TICE lors de la 2e visite ? Il n’est pas obligatoire de réaliser une séance utilisant les TICE lors de la 2e visite. C’est par contre tout à fait possible (et souhaitable) dans le cas où leur utilisation s’avère pertinente. • Comment utiliser le portfolio ? • Comment déposer un document à partir de l’ENT ? (Séquence d’enseignement, activités, devoirs, DS, …) ♠ Est-ce le sujet de bac blanc de terminale ES préparé en équipe au sein du lycée peut être déposé sur le portfolio pour valider une compétence ? Il est tout à fait possible d’utiliser un tel document, par exemple pour valider la compétence B12 : « Contribuer à une production ou à un projet collectif au sein d’équipes disciplinaires, interdisciplinaires, transversales ou éducatives. » Il faut bien entendu présenter le travail effectué, mais ce conseil est valable pour tous les documents déposés. ♠ Dans une des compétences du C2i2e à valider, il est demandé un rapport sur la participation à un projet pluridisciplinaire dans l’établissement. Cela veut-il dire qu’on doit dès à présent faire partie d’un projet pluridisciplinaire dans notre établissement ? Que se passe-t-il s’il n’y en a pas ? Cette question fait référence à la compétence B13 : « Concevoir des situations de recherche d’information dans le cadre des projets transversaux et interdisciplinaires. » Dans le cas où l’on ne participe pas à un projet pluridisciplinaire dans l’établissement, il est possible d’utiliser des documents correspondant à des situations de recherche d’information qui auront été proposées à la classe, du moment que ces situations se réfèrent à plusieurs disciplines (mathématiques & économie ; mathématiques & histoire ; mathématiques & géographie ; etc.) Il faut alors bien décrire l’organisation mise en place. ♠ [Par courriel en date du 26/02/2009] Je souhaite déposer sur le portfolio le document visant à valider la compétence B12. Mon souci est le suivant : dois-je mettre quelque chose en particulier dans la case « activité du référentiel professionnel » ? Est-ce que cela correspond au descriptif de l’une ou l’autre des compétences (par exemple C1, C2, C3, ou B1, B12, etc.) ? Tous ces champs sont en liaison avec des renseignements qui permettront de retrouver les fichiers. Pour renseigner ce champ, même si c’est redondant, on peut indiquer la ou les compétences visées par le travail effectué. PLC2Maths0809_Seminaire6 3 Î Sur le stage de pratique accompagnée • Pour notre rapport de SPA, pouvons-nous le déposer non signé sur le BV et le renvoyer signé hors délai (après le 23 février) ? ♠ Le rapport de SPA doit-il être rendu manuscrit ou par mail ? ♠ Faut-il donner le rapport de SPA sous forme papier ou par mail ? Le rapport de SPA doit être rendu sur support papier et sous forme électronique : − il faut rendre au secrétariat une version sur support papier, à raison d’un exemplaire par stagiaire : cet exemplaire figurera dans le dossier de validation ; − il faut aussi déposer une version électronique de ce rapport sur le BV (dossier SPA), à raison d’un exemplaire par binôme ou trinôme. • En ce qui concerne le rapport de stage de pratique accompagnée, peut-on le faire de façon individuelle s’il est difficile de trouver des disponibilités communes aux deux stagiaires et qu’il est donc difficile de le faire à 2 ? ♠ Je n’ai pas rempli le quota d’heures du SPA. Merci de signaler les cas particuliers, si ce n’est pas déjà fait, au secrétariat. ♠ Au sujet du rapport de SPA rédigé par le tuteur, on lui demande de renseigner : 1) le nombre d’heures (du professeur stagiaire) en intervention devant les élèves ; 2) le nombre d’heures « d’entretien » stagiaires-tuteur. Ma question est : où sont comptabilisées les heures de présence en classe en observation ? Car pour le moment, ma tutrice m’a compté 3 heures d’intervention et 7 heures d’entretien. Elle ne savait pas où stipuler les heures d’observation simple. Il semble qu’effectivement rien n’ait été prévu dans le modèle de document pour indiquer le nombre total d’heures de travail. Î Sur les projets (GSF de Roland Pouget) • Je me pose […] beaucoup de questions en ce qui concerne le projet que l’on traite sur le handicap : − Comment doit-on le présenter ? − Quelle doit-être le nombre de pages approximatif du rapport ? − Doit-on y joindre un cahier de bord (présentant toutes nos heures de travail) ? − Peut-on aller voir des centres (par exemple l’institut des jeunes aveugles) ? Et pour ce faire, a-ton besoin d’un papier de l’IUFM ou est-ce que je peux juste prendre contact directement avec eux pour voir leurs méthodes de travail ? Î Sur le travail d’étude et de recherche (TER) menant à la rédaction du mémoire • Pourrait-on avoir plus d’exemples concrets sur l’organisation mathématique d’une séance ? • Nous aurions besoin d’indications sur la façon de présenter l’organisation didactique de notre mémoire. ♠ Est-ce un défaut si, en analysant une activité, on s’aperçoit que le moment exploratoire survient après une suite de questions élémentaires mais longues à traiter, repoussant ce moment en fin de séance (ce qui laisse ensuite peu de place pour les autres moments) ? S’il s’agit de l’analyse d’une activité dans le cadre du mémoire, ce n’est pas cela qu’on va évaluer : il vaut évidemment mieux que la séance observée ne soit pas « catastrophique », mais ce n’est pas cette séance qui va être évaluée. C’est le travail d’étude et de recherche que le trinôme PLC2Maths0809_Seminaire6 4 va effectuer − c’est-à-dire l’observation, l’analyse, l’évaluation et le développement − qui sera l’objet d’une évaluation par le jury de soutenance. ♠ Pour le mémoire, est-il demandé de rédiger un nombre de pages minimum ? Des précisions seront apportées lors de la prochaine séance du séminaire. ♠ Je n’ai toujours pas compris ce qu’allait être le développement dans le mémoire. Cette partie du travail d’étude et de recherche sera abordée très prochainement. • Comment prendre en compte dans l’organisation mathématique des questions préliminaires ? Exemple : construction de points pour la droite d’Euler. Î Sur les organisations mathématiques ♣ En 6e, on aborde les angles sans parler d’orientation. Comment réagir si un élève nous demande comment savoir si cet angle est l’angle rentrant ou saillant pour ABC ? (à part en dessinant l’angle dont on parle). A B C ♣ Quand peut-on faire des abus de notations ? « Carré de côté 5 cm ». ♣ Pour la démonstration du théorème de Pythagore, dans beaucoup de manuels on admet que EFGH est un carré. Faut-il le démontrer ou est-il suffisant de l’admettre ? c c c c • Lors de l’utilisation du théorème de Pythagore, faut-il raisonner avec des grandeurs (on se retrouve alors avec AB2 = ...cm2 ) ou avec des mesures (on se retrouve alors avec AB = 3)? • En ce qui concerne le théorème de Pythagore, faut-il faire intervenir les unités lors des calculs de longueurs (pour la cohérence). Par exemple : « AB2 = 25 cm2 et donc AB = 25 cm2 = 5 cm. » • Doit-on imposer les calculs avec les unités ? ou bien avec les mesures ? • Comment introduire « les grandeurs et mesures » à des élèves qui n’ont pas fait de distinctions entre ces notions l’année précédente ? • Doit-on sanctionner les calculs effectués uniquement avec les mesures ? ou acceptons-nous les deux formes de raisonnement ? Les questions sur les grandeurs seront abordées ultérieurement. Î Sur les organisations didactiques • Est-on obligé de démontrer « la quatrième proportionnelle » en 5e ou peut-on la montrer uniquement sur un exemple ? PLC2Maths0809_Seminaire6 5 ♠ Lors de la correction des exercices, les élèves sont de moins en moins attentifs, j’aimerais changer la façon dont je procède : je pensais noter les élèves mais je ne sais pas de quelle façon. • Comment préparer une séance TICE ? Î Sur des problèmes divers • Quelle appréciation donner à un élève qui a 0,5/20 sans le décourager ? ♠ Je suis au lycée de Castres qui est le seul lycée de l’académie toujours bloqué (5 semaines de blocus). Je m’en fais pour ma progression. Quels dispositifs puis-je mettre en place pour pouvoir terminer le programme ? ♠ Orientation en 2de. Quel niveau en math dois-je exiger d’un élève pour l’autoriser à passer de 2de à 1re (L ou STG par exemple) ? Quel niveau pour ES ? (Sachant qu’à partir de 10 de moyenne, j’accepte le passage en 1re S.) ♠ Les élèves de mes deux classes, dans la majorité, ont un cahier très mal tenu, malgré ma vigilance continue en séance. Je pense faire venir (en retenue) les élèves concernés pour qu’ils recopient ENTIÈREMENT leur cahier (→ achat d’un nouveau cahier), à l’aide d’un cahier modèle. Qu’en pensez-vous ? Autres propositions possibles ? Î Autres questions • À quelle date exactement saurons-nous si nous sommes validés ? À quelle date connaîtrons-nous le lieu (ville, établissement) de notre futur poste ? • À quelle date serons-nous remboursés des frais de déplacement ? 2. Forum des questions Des abus de notation ? Quand peut-on faire des abus de notations ? « Carré de côté 5 cm ». Matériaux pour une réponse • Considérons tout d’abord le mot « droite » et faisons un retour en arrière, du temps où l’on faisait de ce mot un usage utilement polysémique. Voici par exemple comme un Traité de géométrie élémentaire publié en 1885 formule des théorèmes encore classiques en 4e : … la droite qui joint les milieux de deux côtés d’un triangle est parallèle au troisième côté et égale à sa moitié. … Corollaire. – Si dans un trapèze on mène une parallèle aux bases par le milieu d’un de ses côtés non parallèles, cette droite est égale à la demi-somme des bases. Cette pratique traditionnelle a été critiquée – en particulier à l’occasion de la réforme « des mathématiques modernes », autour de 1970 – au nom de la « rigueur ». De là qu’on se soit mis à vouloir faire en toutes circonstances un emploi distinct de termes distincts, quel que soit le contexte d’emploi, et qu’on ait cherché de manière systématique à « épurer » sévèrement le langage en usage en distinguant par exemple le segment [AB] et la droite (AB) « support » du segment [AB], etc. PLC2Maths0809_Seminaire6 6 • On peut faire des remarques analogues concernant le mot « côté ». Considérons par exemple cet extrait d’un ouvrage intitulé Traité de géométrie élémentaire (Eugène Rouché & Charles Jules Félix de Comberousse, Gauthier-Villars, 1868, p. 14) 1 . Si deux triangles OBC, ABC, qui ont un côté commun BC, sont compris l’un dans l’autre, la somme des deux côtés OB et OC du triangle enveloppé est moindre que la somme des deux côtés AB et AC du triangle enveloppant. On reproduit ci-après l’original, avec la figure. Dans l’énoncé de ce théorème, la première occurrence de côté (« Si deux triangles OBC, ABC, qui ont un côté commun BC… ») désigne un segment, alors que les deux autres (« la somme des deux côtés OB et OC du triangle enveloppé » et « la somme des deux côtés AB et AC du triangle enveloppant ») désignent des longueurs. • On retrouve constamment les anciennes pratiques polysémiques dès lors que l’on parle de côté, de médianes, de hauteurs, de bissectrices, etc. Il est en effet économique (et traditionnel) d’employer le même mot pour désigner des entités étroitement apparentées – par exemple la droite hauteur, le segment hauteur, la longueur hauteur –, dès lors que le contexte d’emploi permet de les distinguer. Bien entendu, ce langage peut comporter des ambiguïtés. Mais on cherchera à gérer celles-ci de manière spécifique dans chaque type de cas plutôt qu’à s’en prémunir « une fois pour toutes ». On conclura avec un extrait de l’ouvrage déjà cité (pp. 7374), qui propose deux énoncés pour un même théorème, en explicitant le pourquoi et le comment de la deuxième formulation adoptée. 1. Cet ouvrage a été numérisé par Google ; il est disponible à l’adresse suivante : http://books.google.com/books?id=ykM4AAAAMAAJ&hl=fr. PLC2Maths0809_Seminaire6 7 Angle rentrant ou angle saillant ? En 6e, on aborde les angles sans parler d’orientation. Comment réagir si un élève nous demande comment savoir si cet angle est l’angle rentrant ou saillant pour ABC ? (à part en dessinant l’angle dont on parle). A B C Matériaux pour une réponse Notons tout d’abord que la question posée aborde simultanément, nous semble-t-il, le problème de l’orientation du plan et celui des angles rentrants et saillants. Pour ce deuxième problème, il s’agirait de savoir comment indiquer s’il s’agit d’un angle rentrant ou d’un angle saillant sans avoir recours à une figure. Examinons tout d’abord la question des angles (rentrants et saillants) et, tout d’abord, ce qu’en dit le programme de la classe de 6e. Dans la partie consacrée au domaine de la géométrie, on trouve 13 occurrences pour les mots « angle » et « angles ». On les reproduit ciaprès, dans leur contexte. • Dans la section « 3.1. Figures planes *médiatrice, *bissectrice », l’une des trois capacités mentionnées est la suivante : « *Reproduire un angle ». La colonne « Exemples d'activités, commentaires » indique alors pour les trois capacités mentionnées (qui sont alors nommées compétences) : Ces compétences sont à développer en priorité sur papier uni, en utilisant les instruments usuels (règle, équerre et compas). Elles prennent leur sens lorsqu’elles sont mobilisées pour résoudre un problème : reproduire une figure, *en compléter un agrandissement ou une réduction déjà amorcée, construire une figure d’après une de ses descriptions. Les méthodes doivent varier en fonction de l’espace dans lequel est posé le problème et des instruments laissés à la disposition des élèves : − […] − *pour la reproduction d’un angle : usage d’un gabarit ou du rapporteur ; PLC2Maths0809_Seminaire6 8 La colonne « Commentaires spécifiques pour le socle » précise ensuite que « l’usage du rapporteur est travaillé en classe de 6e mais [que] sa maîtrise ainsi que celle des différentes techniques de comparaison, de report ou de mesure d’angles n’est pas un exigible en fin de 6e pour le socle ». On notera que, toujours dans cette même section mais dans la partie « Notions de parallèle, perpendiculaire », la colonne « Capacités » apporte ensuite les précisions suivantes : *Le rapporteur est, pour les élèves de 6e, un nouvel instrument de mesure dont l’utilisation doit faire l’objet d’un apprentissage spécifique. À l’école primaire, les élèves ont utilisé le fait que l’écartement entre deux droites parallèles est constant. En Sixième, deux droites parallèles sont définies comme deux droites non séantes et caractérisées par le fait que si l’une est perpendiculaire à une troisième droite, l’autre l’est également. Deux droites perpendiculaires sont définies comme deux droites sécantes déterminant quatre angles égaux (qui sont des angles droits). On trouve ensuite une sous-section consacrée aux « propriétés des quadrilatères usuels ». Il s’agit ici, pour les capacités, de… − Connaître les propriétés relatives aux côtés, aux angles, *aux diagonales pour le rectangle et le carré. − Connaître les propriétés relatives aux côtés, aux angles, aux diagonales pour les quadrilatères suivants : − *losange, − cerf-volant. Les commentaires précisent alors que « certaines des propriétés évoquées ont déjà été étudiées à l’école primaire (notamment celles relatives aux côtés, à la présence d’angles droits ou à celle d’axes de symétrie), *d’autres sont nouvelles (notamment celles relatives aux angles autres que les angles droits et celles relatives aux diagonales) », avec une mention spécifique pour le socle : « Les propriétés relatives aux angles autres que les angles droits sont exigibles en 5e. » La dernière occurrence dans le programme de 6e apparaît dans la sous-section « Propriétés des triangles usuels », la colonne « Capacités » indiquant qu’il s’agit de « connaître les propriétés relatives aux côtés et aux *angles des triangles suivants : triangle isocèle, triangle équilatéral, triangle rectangle ». • On peut tout d’abord noter que l’on doit lire ces passages en ayant présent à l’esprit que l’on y fait du mot « angle » un usage particulièrement (et utilement) polysémique. Quand on lit par exemple qu’il faut savoir « reproduire un angle », il est clair qu’il ne s’agit pas d’une grandeur : de même qu’on ne reproduit pas « 3 cm », mais un « segment de [longueur] 3 cm », on ne reproduit pas « 36° », mais un « angle de 36° », angle étant pris ici dans un sens qu’il va falloir préciser. Par contre, quand le programme signale que « deux droites perpendiculaires sont définies comme deux droites sécantes déterminant quatre angles égaux », il s’agit d’égalités entre grandeurs, même si ces grandeurs sont attachées à des parties du plan qu’on appellera aussi des angles. Quelles sont ces parties du plan qu’on appelle angles ? Sans que ce soit la seule possibilité (on reviendra sur ce point ultérieurement), on peut considérer que ce sont les parties du plan qui sont « délimitées » par deux demi-droites de même origine, que l’on notera ici [OA) et [OB). Mais, dans ce cas, on doit alors distinguer deux types d’angles (au sens de secteur angulaire). Sans approfondir ces questions ici, notons qu’on peut définir les secteurs angulaires saillants PLC2Maths0809_Seminaire6 9 et les secteurs angulaires rentrants de la façon suivante (on se placera dans le cas où les points O, A et B ne sont pas alignés) : − le secteur angulaire saillant délimité par les demi-droites [OA) et [OB) est l’intersection de B A , demi-plan fermé de frontière (OA) qui contient B, et de Π (OB) , demi-plan fermé de Π (OA) frontière (OB) qui contient A ; − le secteur angulaire rentrant délimité par les demi-droites [OA) et [OB) est alors la réunion nonB nonA de Π (OA) , demi-plan fermé de frontière (OA) qui ne contient pas B, et de Π (OB) , demi-plan fermé de frontière (OB) qui ne contient pas A. Quand on parle d’angle saillant et d’angle rentrant, on fait donc référence à ce qu’on appelait avant – à une époque, celles des mathématiques modernes, où il était de bon ton de distinguer tout ce qui était distinguable – un secteur angulaire saillant et un secteur angulaire rentrant. • Pour préciser ces distinctions, considérons maintenant un manuel de 6e paru en 1969 (Wattiaux et al., 6e Mathématique Brédif Livre, Hachette). Le chapitre 7, intitulé Secteurs angulaires. Rubans. Arcs de cercle, est structuré de la façon suivante : I. Intersection de deux droites d’un plan 3. Secteurs angulaires adjacents 1. Positions relatives de deux droites IV. Opérations sur les classes angulaires 2. Angles et bandes 1. Somme de deux classes II. Un partage du plan 2. Quelques secteurs angulaires particuliers 1. Une droite dans le plan V. Une étude des rubans 2. Deux droites dans le plan VI. Cercle III. Une étude des secteurs angulaires 1. Une étude 1. Secteurs angulaires isométriques 2. Arc de cercle 2. Comparaison de secteurs angulaires 3. Une correspondance On reproduit ci-après l’intégralité de la section I.2, dans laquelle on trouve la définition d’un angle. 2 angle et bande 1. Angle Soit deux droites x’x et y’y sécantes en un point O (fig. 91). On observe que le point O est l’origine commune des demi-droites Ox, Ox’, Oy, Oy’. On appelle angle l’ensemble formé par deux demi-droites de même origine. On note, pour les demi-droites Ox et Oy : l’angle { Ox, Oy }. On dit : les demi-droites Ox et Oy sont les côtés de l’angle ; le point O est le sommet de l’angle. Remarque. Si les demi-droites Ox et Oy coïncident, l’angle { Ox, Oy }est l’angle nul (fig. 92). Si les demi-droites Ox et Oy sont opposées sur une même droite-support, l’angle {Ox, Oy} est un angle plat (fig. 93). 2. Bande Soit deux droites parallèles x’x et y’y (fig. 94). On appelle bande l’ensemble formé par les deux droites parallèles. On note, pour les droites x’x et y’y : PLC2Maths0809_Seminaire6 10 la bande { x’x, y’y }. On peut noter qu’ici un angle est un ensemble de points, mais que ce n’est pas un secteur angulaire : c’est la réunion de deux demi-droites de même origine. On peut vérifier qu’il revient au même de se donner deux demi-droites de même origine (mais de support différent) et un secteur angulaire saillant : il s’agit là de ce qu’on appelle classiquement un angle géométrique. Il faut aussi signaler que l’angle formé par les demi-droites Ox et Oy, à savoir l’angle { Ox, Oy }, est le même que celui qui est formé par les demi-droites Oy et Ox, à savoir l’angle { Oy, Ox }. Autrement dit : { Ox, Oy } = { Oy, Ox }. En utilisant les notations actuellement usuelles, on peut donc écrire que : xOy = yOx. On dit alors qu’un tel angle est non orienté, par opposition aux angles orientés, qui sont définis par la donnée, non pas d’un ensemble de deux demi-droites de même origine, mais par celle d’un couple de deux demi-droites de même origine. Par exemple, les demi-droites Ox et Oy définissent deux angles orientés qui sont (sauf dans des cas particuliers) distincts. On les note classiquement (Ox, Oy) et (Oy, Ox), ou encore, pour éviter des notations lourdes, (Ox, Oy) et (Oy, Ox) 2 . • Si l’on reprend l’ouvrage cité, on voit que la section 2, intitulée « Deux droites dans le plan », introduit les notions de secteurs angulaires saillant et rentrant. On ne citera ici que l’extrait présentant les définitions, qui se place dans le cas où les droites considérées, Ox et Oy, sont sécantes ; les demi-plans fermés de frontière Ox (resp. Oy) sont notés P1 et P2 (resp. Q1 et Q2) ; P1 (resp. Q1) est le demi-plan qui contient (Ox) (resp. (Oy)). On observe : un angle détermine deux secteurs angulaires. On note, pour les secteurs angulaires associés à l’angle { Ox, Oy } : % P1 ∩ Q1 = [Ox, Oy] ; P2 ∩ Q2 = [Ox, Oy] On dit : [Ox, Oy] est un secteur angulaire saillant, intersection de deux demi-plans dont les droites frontières sont sécantes ; c’est un ensemble de points convexe (fig. 99). % [Ox, Oy] est un secteur angulaire rentrant, réunion de deux demi-plans dont les droites frontières sont sécantes ; c’est un ensemble de points non convexe (fig. 100). Remarques. 1. Pour alléger l’écriture, et quand aucune confusion n’est possible, on convient de noter le secteur angulaire saillant : [Ox, Oy] 2. L’angle nul détermine aussi deux secteurs angulaires : l’un réduit aux points d’une demi-droite et appelé secteur angulaire nul, l’autre réunissant tous les points du plan et appelé secteur angulaire plein. 3. Chacun des deux secteurs angulaires déterminés par un angle plat réunit tous les points d’un demiplan ; il est appelé secteur angulaire plat. • Revenons maintenant à la question posée. 2. On notera simplement ici qu’on n’a pas besoin de se placer dans un plan orienté pour définir des angles orientés. C’est seulement lorsqu’il s’agit de les mesurer qu’il est indispensable de choisir une orientation du plan. PLC2Maths0809_Seminaire6 11 En 6e, on aborde les angles sans parler d’orientation. Comment réagir si un élève nous demande comment savoir si cet angle est l’angle rentrant ou saillant pour ABC ? (à part en dessinant l’angle dont on parle). Ici, comme on l’a vu, il ne s’agit pas d’orientation : on n’a pas besoin d’orienter le plan pour distinguer ce qu’on appelle des angles saillants (= des secteurs angulaires saillants) et des angles rentrants (= des secteurs angulaires rentrants). Pour distinguer ces deux types d’angles, on peut bien évidemment utiliser le registre de l’oralité, en indiquant que l’on considère « l’angle rentrant de sommet A et de côtés [AB) et [AC) » ; on peut aussi utiliser le registre % de la trace − soit sous forme d’écriture, avec la notation ABC, soit sous forme de graphisme, comme dans la figure reproduite ci-après (fig. 1) − ; on peut encore utiliser le registre gestuel, en dessinant une figure composée de deux demi-droites de même origine (fig. 2) et en balayant de la main la partie du plan correspondante. Figure 1 Figure 2 À suivre ! Comment démontrer le théorème de Pythagore ? Pour la démonstration du théorème de Pythagore, dans beaucoup de manuels on admet que EFGH est un carré. Faut-il le démontrer ou est-il suffisant de l’admettre ? c c c PLC2Maths0809_Seminaire6 c 12 Matériaux pour une réponse Commençons tout d’abord par examiner une autre démonstration du théorème de Pythagore, s’appuyant aussi sur la notion d’aire et le calcul algébrique. • Sur la figure, ABC est un triangle rectangle en A, D ∈ [AC) est le point tel que AD = AC + AB, E ∈ [AB) est le point tel que AE = AC, et F est tel que le quadrilatère ADFE est un rectangle. B F E A C D • On a d’un côté : A(ADFB) = A(ADFE) + A(EFB) = AD⋅AE + 1 (AC + AB)2 (AC + AB)⋅(AB – AC) = ⋅ 2 2 1 EF⋅EB = (AC + AB)⋅AC + 2 On a d’un autre côté : A(ADFB) = A(ABC) + A(CDF) + A(BCF) = BC⋅CF = AC⋅AB + 1 1 1 AC⋅AB + CD⋅DF + 2 2 2 1 BC⋅CF. 2 • Si l’on admet qu’on a CF = BC et que l’angle BCF est droit, il vient : A(ADFB) = AC⋅AB + 1 1 (AC + AB)2 BC⋅CF = AC⋅AB + BC2. En égalant les deux expressions de A(ADFB), on a 2 2 2 1 = AC⋅AB + BC2, et donc AC2 + AB2 + 2 AC⋅AB = 2AC⋅AB + BC2, soit enfin : AC2 + AB2 2 = BC2. • Bien entendu, il reste à démontrer que CF = BC. Pour cela, on dispose de deux types de transformations : les symétries axiales (étudiées en 6e) et les symétries centrales (travaillées en 5e). En effectuant éventuellement plusieurs transformations successivement, il s’agit de parvenir à transformer le triangle ABC en le triangle DCE, afin de pouvoir conclure que CE = BC. Plusieurs d’ d possibilités s’offrent : on en esquisse une ci-après. B − On peut considérer l’image du triangle ABC par la F E symétrie d’axe la bissectrice d de l’angle BAC : (AB) se transforme en (AC) et le point E se transforme en C, tandis que le point B se transforme en un point G de [AD]. On a ainsi EG = BC. D A C G − La symétrie ayant pour axe la médiatrice d’ de [AD] transforme alors A en D, F en E, et G en C. On a donc CF = GE = BC, CQFD. − On laissera le lecteur vérifier qu’on peut aussi démontrer que l’angle BCF est droit. On notera que l’on passe du triangle ABC au triangle DCF par la composée de deux symétries axiales d’axes sécants, et qu’il s’agit donc d’une rotation (ici, un quart de tour). On pourra PLC2Maths0809_Seminaire6 13 vérifier que le programme actuel de la classe de seconde permet de démontrer « directement » que CF. = BC. • Reprenons maintenant la question posée. Pour la démonstration du théorème de Pythagore, dans beaucoup de manuels on admet que EFGH est un carré. Faut-il le démontrer ou est-il suffisant de l’admettre ? c c c c Les quelques développements proposés ci-dessus fournissent des éléments permettant de proposer une démonstration du théorème de Pythagore en s’appuyant sur la configuration que l’on rappelle ci-après : Sur cette figure, on a volontairement omis d’indiquer que le quadrilatère EFGH était un losange (ABCD est un carré de côté a + b et BF = CG = DH = AE). Pour démontrer que les quatre côtés du quadrilatère EFGH ont même longueur et que les quatre angles dudit quadrilatère sont droits, on peut s’appuyer sur la démonstration esquissée précédemment. Bien entendu, il resterait à apprêter cette démonstration pour qu’elle puisse être mise en place dans une classe de 4e. On laissera ce point de côté, tout en signalant qu’il est tout à fait possible dans une classe d’admettre certains résultats intermédiaires, mais qu’alors, dans ce cas, il faut l’indiquer explicitement. Î Comment insérer des extraits de programme dans un fichier ? Je voudrais savoir comment vous faites pour travailler sur les documents du type programme officiel ou document d’accompagnement (copie d’une partie, sélection d’un mot), je ne les trouve qu’en PDF et donc je ne peux pas en copier une partie et fabriquer ainsi le document de référence pour le mémoire. Existent-ils en document d’un autre format ? (1re L Maths-info & Term ES, semaine 10) Matériaux pour une réponse Notons tout d’abord que les programmes sont disponibles en format PDF sur le site du CNDP, à l’adresse http://www.cndp.fr PLC2Maths0809_Seminaire6 14 En cliquant tout d’abord sur le lien « Programmes et accompagnements », on arrive sur la page suivante : Il suffit alors de cliquer sur « Mathématiques » pour obtenir la page du « Collège » à partir de laquelle on peut aussi accéder à la page du « Lycée ». PLC2Maths0809_Seminaire6 15 On peut alors obtenir les programmes de collège, mais aussi les programmes de lycée (voie générale et technologique, voie technologique et voie professionnelle), sous format PDF. Par exemple, en cliquant sur « Consulter/Commander » les nouveaux programmes du collège à la rentrée 2009, la fenêtre suivante s’ouvre : On peut alors télécharger (ou ouvrir) le document en format PDF ou bien encore le commander sur support papier. Ces fichiers sont de bonne qualité (bien meilleure que celle PLC2Maths0809_Seminaire6 16 des fichiers du Bulletin officiel) et on peut alors utiliser l’outil Sélection d’Adobe Reader (ou l’équivalent de tout autre logiciel permettant de lire des fichiers PDF) pour copier-coller un extrait et l’insérer en tant que texte, et non pas en tant qu’image, dans un fichier, comme on le présente ci-après, sur un extrait de la page 5. Dans le fichier de traitement de texte, on obtient alors ceci …⋅ I. La culture scientifique acquise au collège À l’issue de ses études au collège, l’élève doit s’être construit une première représentation globale et cohérente du monde dans lequel il vit1. Il doit pouvoir apporter des éléments de réponse simples mais cohérents aux questions : « Comment est constitué le monde dans lequel je vis ? », « Quelle y est ma place ? », « Quelles sont les responsabilités individuelles et collectives ? ». … qu’il s’agit ensuite de mettre en forme, bien entendu, en supprimant les marques de paragraphes pour éviter les passages à la ligne intempestifs, en rajoutant les espaces insécables aux bons endroits, en justifiant le texte obtenu, en appliquant la police de caractères que l’on souhaite utiliser, en remplaçant les espaces doubles par des espaces simples, etc. On notera que pour effectuer cette mise en forme, il vaut mieux avoir activé l’affichage de tous les caractères : − avec Word 2007 : Accueil / Paragraphe / ¶ (ou Ctrl+8) PLC2Maths0809_Seminaire6 17 Avec OpenOffice (writer) : Affichage / Caractères non imprimables (ou Ctrl+F10) I. La culture scientifique acquise au collège À l’issue de ses études au collège, l’élève doit s’être construit une première représentation globale et cohérente du monde dans lequel il vit. Il doit pouvoir apporter des éléments de réponse simples mais cohérents aux questions : « Comment est constitué le monde dans lequel je vis ? », « Quelle y est ma place ? », « Quelles sont les responsabilités individuelles et collectives ? ». Pour terminer, on notera que le site du CNDP ne fournit pas le projet de document d’accompagnement des programmes du collège. Pour les obtenir, il faut aller sur le site ÉduSCOL, à l’adresse : http://eduscol.education.fr. En cliquant sur Sommaire… PLC2Maths0809_Seminaire6 18 … on peut accéder à la page Mathématiques : On obtient alors page donnant les programmes en vigueur durant l’année scolaire actuelle, à laquelle on peut accéder directement à l’aide du lien : http://eduscol.education.fr/D0015/LLPHPR01.htm Les chapitres du projet de document d’accompagnement des programmes du collège sont alors disponibles en cliquant sur le lien intitulé « Ressources pour le collège et le lycée » figurant dans la colonne de gauche de la page obtenue. PLC2Maths0809_Seminaire6 19 Remarque. Le site de l’académie de Nancy-Metz fournit certains programmes dans un format directement utilisable dans un traitement de texte. Dans ce cas, il ne s’agit pas des textes « officiels ». http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/maths/m2002/institut/programmes/programmes.html. 3. Exposés Ces exposés permettront un travail de remémoration des travaux réalisés concernant l’analyse didactique de la séance Modélisation & fonctions Chaque équipe utilisera aussi bien le travail réalisé lors de la séance d’Outils didactiques que les notes figurant dans ce fichier. Un vidéoprojeteur et un rétroprojecteur seront à sa disposition pour la présentation de l’exposé, qui ne dépassera pas 10 minutes. ¾ La rubrique Structure et contenu sera présentée par Géraldine Berry, Alexandre Picart et Guillaume Vicente (groupe A). ¾ Pour l’organisation mathématique OM1 constituée autour du type de tâches T1, l’analyse de l’OM et de l’OD sera présentée par Théotime Caulet, Aadil El Oidi, Sylvain Haas, Joël Ortega et Romain Rouzaud (groupe B). ¾ Pour l’organisation mathématique OM2 constituée autour du type de tâches T2, l’analyse de l’OM sera présentée par Charline Laloi, Laëtitia Pradeilles, Nadine Reboulet-Cros et Christine Vassal (groupe C). (On ne demande pas l’analyse de l’OD.) 4. Le travail d’étude et de recherche (TER) : l’évaluation On rappelle tout d’abord les quelques dates (prévisionnelles) qui vont jalonner la suite du travail d’étude et de recherche (notamment les dates limites d’envoi par courrier électronique au directeur de mémoire − ou de dépôt sur le BV − des différentes versions rédigées). Cette PLC2Maths0809_Seminaire6 20 version de la programmation du TER présente quelques légères modifications par rapport à la version précédente, qu’elle annule et remplace. −− jjeeuuddii 55 fféévvrriieerr 22000099 ((G GD DM M 33)) :: ttrraavvaaiill ssuurr ll’’aannaallyyssee ((eett ssuurr ll’’éévvaalluuaattiioonn)) ddee llaa ssééaannccee ;; −− lluunnddii 99 m maarrss 22000099 ((rreennttrrééee ddee llaa sseem maaiinnee ccoom mm muunnee BB)) :: ddaattee lliim miittee dd’’eennvvooii ddee llaa vveerrssiioonn dduu a n c e ; m é m o i r e i n c l u a n t l ’ a n a l y s e d e l a s é mémoire incluant l’analyse de la séance ; − jeudi 26 mars 2009 (GDM 4) : travail sur l’évaluation de la séance et début du travail sur le développement ; − vendredi 3 avril 2009 (veille des vacances de printemps) : date limite d’envoi de la version du mémoire incluant l’évaluation de la séance et le choix du sujet de développement ; − mardi 28 avril 2009 : date limite d’envoi de la version du mémoire incluant le début du développement ; − jeudi 30 avril 2009 (GDM 5) : poursuite du travail sur le développement ; − jeudi 7 mai 2009 : remise de la version définitive 3 du mémoire (chaque trinôme remettra à son directeur de mémoire deux exemplaires sur support papier) ; − mercredi 13 et jeudi 14 mai 2009 : soutenance des mémoires. Nous allons maintenant expliciter quelques critères d’évaluation relative à une OML [Ti / τi / θ / Θ]i∈I. Ces critères ont été rapidement présentés dans les notes de la séance précédente du séminaire : on rappelle qu’ils se réfèrent à une séquence plutôt qu’à une séance isolée, et qu’ils fournissent donc des repères à adapter au cas d’une séance (ou d’un fragment de séance). 3.1. L’évaluation de l’organisation mathématique 3.1.1. On s’arrête d’abord sur l’évaluation des types de tâches Ti. n Un premier critère de jugement est fourni par le critère d’identification : les types de tâches Ti sont-ils clairement dégagés et bien identifiés ? En particulier, sont-ils représentés par des corpus Ki effectivement disponibles de spécimens suffisamment nombreux et adéquatement calibrés ? Ou au contraire ne sont-ils connus que par quelques spécimens peu représentatifs ? Î Exemple Considérons la tâche problématique suivante : il s’agit de construire des points S, D, G, F tels que SG = 6 cm, SD = 4 cm, FG = 5 cm, avec SDG = SFG = 90° (voir la figure ci-contre). D S G F 3. Cette version pourra ensuite, sur proposition de la commission de soutenance, être très légèrement remaniée. PLC2Maths0809_Seminaire6 21 – Cette tâche t relève en principe du grand type de problèmes suivant : T0. Construire un polygone convexe satisfaisant des conditions de distance et d’angles. – Le fait que SDG = SFG = 90° rend a priori pertinente la mobilisation de l’élément technologique θ1 : « si un triangle est rectangle, alors le centre du cercle circonscrit est le milieu de l’hypoténuse. » Un programme de construction possible est par exemple le suivant : Æ marquer des points S et G tels que SG = 6 cm ; Æ prendre pour point D un point d’intersection du cercle de diamètre [SG] et du cercle de centre S de rayon 4 cm (puisque SD = 4 cm) ; Æ prendre pour point F le point d’intersection du cercle de diamètre [SG] et du cercle de centre G de rayon 5 cm situé du côté de (SG) où D n’est pas. D S G F Dans une classe où ce problème a été posé, une très grande partie des élèves ont procédé en « calculant » DG = SG2 – SD2. Or cette manière de faire ne peut pas être mise sur le même plan que la technique décrite dans le programme de construction que l’on vient de proposer. Cette technique adoptée par les élèves, en effet, n’est pas un procédé de construction exacte : elle ne fournit qu’une construction approchée du quadrilatère cherché. Chaque type de construction a certes sa valeur, mais ces deux solutions ne résolvent pas le même problème. On constate ici une première absence : celle de la notion de construction géométrique (exacte), qui fonde technologiquement le type T∞ des tâches de construction géométrique. Pour le dire autrement, les élèves se réfèrent spontanément à un certain type de tâches Ť∞ ⊃ T∞ – les constructions approchées – alors qu’ici le professeur attendait qu’ils situent la tâche problématique proposée dans le type T∞ des problèmes de construction exacte – type de problèmes qui, à l’évidence, n’a pas été construit dans cette classe. o Un deuxième critère est celui des raisons d’être : les raisons d’être des types de tâches Ti sont-elles explicitées ? Ou au contraire ces types de tâches apparaissent-ils immotivés ? Î Exemple À titre d’exemple, on considère brièvement ici la notion d’angle. La question de la présence de cette notion en géométrie peut être posée d’autant plus pertinemment qu’on peut développer la géométrie sans faire jamais usage des angles, en n’utilisant jamais que la notion de distance (ce que faisaient les programmes du collège autour de 1970, au temps de la réforme « des mathématiques modernes »). On sait ainsi, par exemple, que l’aire A d’un 1 triangle ABC peut s’écrire A = bc sin A mais qu’elle s’écrit aussi : 2 A = p(p – a)(p – b)(p – c) où 2p = a + b + c (« formule de Héron »). c Il faut donc en fait avoir de bonnes raisons pour introduire la notion d’angle en géométrie ! Qu’est-ce alors qui en motive l’usage ? Dans un manuel conforme au programme de 1978 pour la classe de 3e, une réponse importante, historiquement et pratiquement, était par exemple donnée dès la première page du chapitre consacré aux angles (voir ci-après) : la réponse apportée, c’est que les angles permettent de calculer des distances que, pour des raisons diverses, on ne peut mesurer directement. Il s’agit là d’une raison fondatrice de la PLC2Maths0809_Seminaire6 22 notion d’angle, dont le professeur doit s’efforcer de faire que les élèves acquièrent une connaissance claire. d Considérons le problème 1 de ce manuel : on veut déterminer la distance d’un point visible C, situé sur l’autre rive du fleuve, à deux points de visée, A et B. Pour résoudre ce problème avec un outillage mathématique rudimentaire (c’est-à-dire, en l’espèce, sans le secours de la trigonométrie), on peut tracer sur le papier une épure abc correspondant à la figure dont deux angles et une distance sont censées avoir été mesurés (AB = 500 m, A = 70°, B = 51°) en prenant par exemple ab = 5 cm (voir ci-après). On mesure alors sur l’épure les distances ac ≈ 4,5 cm et bc ≈ b 5,5 cm, et on déduit par un calcul de proportionnalité que AC ≈ 450 m et BC ≈ 550 m. c 51° 70° 5 cm a e Grâce à la trigonométrie, on peut remplacer un peu plus encore les mesurages par des calculs. On montre ainsi que l’on a : PLC2Maths0809_Seminaire6 23 C AC = sin B sin 51° BA = × 500 m ≈ 453 m ; sin 59° sin C sin A sin 70° BC = AB = × 500 m ≈ 548 m. sin 59° sin C 51° 345 m B A En 4e, les outils trigonométriques disponibles sont beaucoup plus limités : les points de visée A et B devront ainsi être choisis afin que BAC = 90°. On a alors : BC = BA 345 m BA 345 m = ≈ 548 m ; AC = BC cos C = cos C = cos 39° ≈ 426 m. cos 51° cos 51° cos B cos B En 3e on écrira directement : AC = BA tan B = 345 m × tan 51° ≈ 426 m. f L’utilisation précédente des angles, en relation ou non avec les « rapports trigonométriques » (cosinus, sinus, tangente), n’est bien entendu pas la seule raison d’être des angles, même au collège : les angles servent aussi à faciliter la démonstration de propriétés. Considérons ainsi le programme suivant de construction de la parallèle à une droite d qui passe par un point P ∉ d : Æ marquer un point A de d ; B Æ tracer le segment [AP] ; Æ marquer un point M situé entre A et P ; Æ marquer un point B à l’intersection de d et du cercle de centre A passant par M ; A M P Q Æ marquer le point Q, second point d’intersection de la droite (BM) avec le cercle de centre P passant par M ; Æ tracer la droite (PQ). Pour démontrer que la droite (PQ) est bien parallèle à (AB), on peut procéder ainsi. Le triangle MPQ étant isocèle en P, on a PQM = PMQ. On a ensuite PMQ = AMB comme angles opposés par le sommet. Le triangle MAB étant isocèle en A, on a alors AMB = ABM. Il vient finalement PQM = ABM, soit encore PQB = ABQ : l’égalité de ces angles, alternes internes par rapport aux droites (AB) et (PQ) et à la sécante (BQ), entraîne le parallélisme de (AB) et (PQ) g Dans le cadre du TER, on s’imposera de faire apparaître les raisons d’être de la (ou des) principale(s) entité(s) mathématique(s) en jeu. Chaque fois que la chose sera possible, cette mise en évidence se fera à travers la présentation et l’analyse a priori d’une situation d’étude et de recherche qui prendra place dans le scénario didactique alternatif élaboré. Dans tous les cas, elle se fera aussi par le moyen d’une explicitation illustrée telle celle ébauchée ci-dessus à propos de la notion d’angle. p Un troisième critère concerne la pertinence des types de tâches étudiés : fournissent-ils un bon découpage relativement aux situations mathématiques les plus souvent rencontrées ? Sont-ils pertinents au regard des besoins mathématiques des élèves, pour aujourd’hui ? Pour demain ? Ou au contraire apparaissent-ils comme des « isolats » sans lien véritable – ou explicite – avec le reste de l’activité scolaire – mathématique ou non – des élèves ? PLC2Maths0809_Seminaire6 24 Î Exemple Pour illustrer ce troisième critère, on s’arrête ici un instant sur un ce qu’on peut appeler un « super-type de tâches » : « vérifier un calcul ». La pertinence de ce « super-type de tâches » paraît évidente, mais on observe que sa concrétisation sous la forme de types de tâches déterminés est en général mal prise en charge dans l’enseignement secondaire actuel. c Un type de tâches que l’on peut considérer à cet égard est relatif au thème des écritures 7 4 13 fractionnaires : vérifier le résultat d’un calcul de fractions, telle l’égalité + = . En 9 6 9 l’espèce, une technique peut consister à vérifier, à l’aide d’une calculette, l’égalité du produit de chacun des deux membres de l’égalité obtenue par le produit des dénominateurs des 7 4 13 fractions ; ainsi aura-t-on : (9 × 6)⎛⎜ + ⎞⎟ =c 78 & (9 × 6) =c 78. 9 ⎝9 6 ⎠ d Un deuxième type de tâches consiste à vérifier le résultat d’un calcul algébrique, telle l’égalité (x – 3)(2x + 1) = 2x2 – 5x – 3. En l’espèce on peut, à la main ou par calcul mental, vérifier l’égalité obtenue pour quelques valeurs simples de x (0, ±1, ±2, etc.). On peut aussi, à l’aide d’une calculette, vérifier l’égalité pour x = π ou x = 2 par exemple. On obtient ainsi : (x–3)(2x+1)|x=0 = –3 & 2x2–5x–3|x=0 = –3 ; (x–3)(2x+1)|x=3 = 0 & 2x2–5x–3|x=3 = 18–15–3 = 0 ; (x–3)(2x+1)|x=π =c 1,031245534 & 2x2–5x–3|x=π =c 1,031245534. Une autre technique consiste à choisir une valeur c pour x et à remplacer certaines occurrences de x par cette valeur, avant de résoudre l’équation ainsi obtenue pour vérifier qu’elle admet bien la solution x = c. Ainsi, s’agissant de l’égalité déjà contrôlée, a-t-on, pour x = 4 : 2x+1 = 29–5x ⇔ 7x = 28 ⇔ x = 4 ; pour x = 2 : –(2x+1) = 5–5x ⇔ 3x = 6 ⇔ x = 2. e Un troisième type de tâches consiste à vérifier le résultat d’un calcul avec radical, telle 2 l’égalité (3 + 5) = 18 + 8 5. On peut ici remplacer le radical 5 par x et résoudre 3– 5 l’équation ainsi obtenue pour vérifier qu’elle admet bien la solution x = 5. On a ainsi : (3 + x)2 = 18 + 8x ⇔ (3 + x)2 = (3 – x)(18 + 8x) ⇔ x2 + 6x + 9 = –8x2 + 6x + 54 ⇔ 9x2 = 45 3–x ⇔ x2 = 5 ⇔ x = ± 5. 4.1.2. L’évaluation des techniques suppose de même des critères. Les techniques proposées, ainsi, sont-elles effectivement élaborées, ou seulement ébauchées ? Sont-elles faciles à utiliser ? Leur portée est-elle satisfaisante ? Leur fiabilité est-elle acceptable étant donné leurs conditions d’emploi ? Sont-elles suffisamment intelligibles ? Ont-elles un avenir, et pourrontelles évoluer de manière convenable ? n Considérons tout d’abord la question de la fiabilité, ce qu’on peut reformuler de la façon suivante : l’accomplissement du type de tâches à l’aide de la technique considérée peut-il être considérée comme régulier et sûr ? Î Exemple 1 PLC2Maths0809_Seminaire6 25 Par exemple, une technique peut être insuffisamment fiable. C’est ainsi que le calcul, traditionnel en France, non sur des grandeurs (comme 5 km, 32 cm2, 18 m/s2, 12 g/dm3, etc.), mais sur les seules mesures de ces grandeurs (5, 32, 18, 12, etc.), c’est-à-dire en excluant les unités des calculs pour ne les réintroduire qu’à la fin, constitue une technique peu fiable, si on la compare avec la technique, certes plus « lourde », consistant à calculer directement sur les grandeurs, c’est-à-dire avec les unités. c Soit ainsi à calculer la masse linéique M, en g/cm, d’un barreau d’acier de section constante, de 4 dm de longueur, qui pèse 2,85 kg ; la masse linéique est, par définition, le quotient de la masse par la longueur ; on a donc : M= 2,85 kg 2,85 (103 g) 285 g 285 = = = g/cm = 71,25 g/cm. 4 (10 cm) 4 dm 4 cm 4 d De même, soit à déterminer la masse M, en grammes, de 9 cm3 de zinc, sachant que la masse volumique du zinc est de 7,29 kg/dm3 ; par définition de la masse volumique, la masse est égale au produit de la masse volumique par le volume ; on a donc : M = (7,29 kg/dm3)(9 cm3) = (7,29 kg⋅dm–3)(9 cm3) = 7,29(103 g)(10 cm)–3(9 cm3) = 7,29 × 9 g ≈ 65,6 g. Î Exemple 2 Dans un autre domaine, celui de l’arithmétique, considérons maintenant la recherche d’une solution particulière de l’équation diophantienne ax + by = c, dans le cas où cette équation admet des solutions (entières), c’est-à-dire dans le cas où le PGCD de a et b divise c. c Une technique classique consiste à s’appuyer sur les égalités numériques obtenues en calculant le PGCD de a et b à l’aide de l’algorithme d’Euclide. Considérons par exemple l’équation 35x – 27y = 2, qui admet des solutions car PGCD(35, 27) = 1 − ce que l’on peut vérifier par exemple en mettant en œuvre l’algorithme d’Euclide. 35 = 27 × 1 + 8 (1) r1 = 8 27 = 8 × 3+ 3 (2) r2 = 3 8=3×2+2 (3) r3 = 2 3=2×1+1 (4) r4 = 1 = PGCD(35, 27) 2=1×2+0 (On notera qu’il n’est pas indispensable d’écrire cette dernière égalité, du fait que le reste précédent est égal à 1.) Pour obtenir une solution de l’équation 35x – 27y = 2, on peut par exemple « remonter » les égalités obtenues dans l’algorithme en éliminant les restes successifs sauf le PGCD. 3=2×1+1 (4) Dans l’égalité (3), on élimine le reste r3 = 2 en utilisant l’égalité (4) ; pour ce faire, on multiplie ses deux membres par 1, qui est le cofacteur du reste r3 dans l’égalité (4). 8 × 1 = 3 × 2 + 2 × 1 = 3 × 2 + (3 – 1) = 3 × 3 – 1 (3’) Dans l’égalité (2), on élimine le reste r2 = 3 en utilisant l’égalité (3’) ; pour ce faire, on multiplie ses deux membres par 3, qui est le cofacteur du reste r2 dans l’égalité (3). 27 × 3 = 8 × 9 + 3 × 3 = 8 × 9 + 8 × 1 + 1 = 8 × 10 + 1 PLC2Maths0809_Seminaire6 (2’) 26 Dans l’égalité (1), on élimine le reste r1 = 8 en utilisant l’égalité (2’) ; pour ce faire, on multiplie ses deux membres par 10 (qui est le cofacteur du reste r1 dans l’égalité (2). 35 × 10 = 27 × 10 + 8 × 10 = 27 × 10 + 27 × 3 – 1 = 27 × 13 – 1 On obtient donc 35 × 10 = 27 × 13 – 1, ce qui donne 35 × (−10) − 27 × (−13) = 1. Il reste alors à multiplier par 2 les deux membres de cette égalité, pour pouvoir conclure… 35 × (−20) − 27 × (−26) = 2 …tout en s’empressant de vérifier le résultat, par exemple à l’aide d’une calculatrice. (On notera que la calculatrice, contrairement à l’usage dans les calculs mathématiques, n’affiche pas les parenthèses dans une écriture du type a × (-b), où b est un nombre positif : le signe « − » de la soustraction est distingué du signe « - » indiquant qu’un nombre est négatif.) d Les calculatrices actuelles permettent d’obtenir beaucoup plus facilement ce résultat, car elles permettent de mettre en œuvre une technique beaucoup plus fiable. On décrit ci-après (sans la justifier) une technique utilisant les possibilités offertes par le tableur d’une calculatrice. On note tout d’abord que si 35x – 27y = 2, alors 35x ≡ 2 [27]. La calculatrice fournit les résultats suivants quand on demande la valeur du reste de la division de 35x par 27, lorsque x prend (toutes) les valeurs entières comprises entre 1 et 26. Ici, il est inutile de continuer l’exploration des résultats fournis par la calculatrice, car on a obtenu : 35 × 7 ≡ 2 [27]. Il reste maintenant à déterminer y tel que 35 × 7 – 27 × y = 2. On obtient y = 9 et on peut alors conclure que… 35 × 7 – 27 × 9 = 1 …avant de vérifier le résultat sur la calculatrice : PLC2Maths0809_Seminaire6 27 35 2 x− et d’afficher les 27 27 (premières) valeurs de y quand x prend les valeurs entières comprises entre 1 et 26 : on peut s’arrêter quand le résultat obtenu pour y est entier et l’on obtient alors directement un couple solution. Il est aussi possible de considérer la fonction définie par y = Si x = 7 et y = 9, alors 35x – 27y = 2. p On est aussi amené à examiner si la portée des techniques considérées est satisfaisante : une technique τ ne réussit jamais que sur une partie P(τ) des tâches du type T auquel elle est relative, partie qu’on nomme la portée de la technique ; elle tend à échouer sur T\P(τ), de sorte qu’on peut dire que « l’on ne sait pas, en général, accomplir les tâches du type T ». La chose est évidente, mais très souvent oubliée, en mathématiques. Ainsi toute technique de calcul sur ² échoue-t-elle à partir d’une certaine taille de nombres. Le fait qu’on ne sache pas en général factoriser un entier donné est notamment à la base de certaines techniques de cryptographie. Î Exemple 1 Le programme de seconde propose des « thèmes d’étude », que nous appellerons ici thèmes d’étude libre (TEL) – par opposition aux thèmes d’étude « imposés » figurant dans le texte du programme stricto sensu : Le programme […] est écrit dans le cadre d’une seconde de détermination. Il est composé de trois grands chapitres : statistique, calcul et fonctions, géométrie. Pour chaque chapitre, les capacités attendues, en nombre volontairement limité, constituent la base commune sur laquelle se fonderont les programmes des années ultérieures. De plus, un ensemble de thèmes d’études est proposé, dans lequel l’enseignant pourra puiser au gré du questionnement et des motivations de ses élèves ; ces thèmes, entourant le contenu du chapitre, permettent de faire vivre l’enseignement au-delà de l’évaluation sur les capacités attendues et de prendre en compte dans une certaine mesure l’hétérogénéité des classes. L’enseignant a toute liberté pour choisir les thèmes au-delà de ces propositions. S’agissant de ces TEL, donc, le programme prend grand soin de préciser qu’ils ne renvoient pas à des « capacités attendues » et qu’ils se situent donc « au-delà de l’évaluation sur les capacités attendues », précision que le document d’accompagnement reprend en ces termes : PLC2Maths0809_Seminaire6 28 Comme il est indiqué, il s’agit de « faire vivre l’enseignement au-delà de l’évaluation sur les capacités attendues » explicitées par le programme ; cela signifie d’abord que les programmes ultérieurs ne considéreront pas comme acquis en 2de les éventuels contenus nouveaux accessibles à travers l’étude de certains thèmes… Et, là comme ailleurs, il convient de dégager des types de problèmes et des techniques correspondantes. Si l’on considère le domaine Calcul et fonctions, l’un de ces thèmes d’étude est le suivant : Problèmes historiques sur les nombres, irrationalité de 2, crible d’Ératosthène… On pourra par exemple retenir le type de problèmes suivant : Étant donné un nombre irrationnel x, déterminer une approximation rationnelle r de x à une précision donnée ε > 0. Bien évidemment, à propos d’un type de problèmes si vaste, on mettra en place une technique à portée limitée, relative par exemple aux seules racines carrées. On pourra ainsi rencontrer le procédé de Héron, qui consiste à partir d’une valeur r0 (rationnelle) proche de x = a puis à prendre 1 a r1 = ⎛⎜r0 + ⎞⎟ 2⎝ r0 ⎠ avant de répéter sur r1, si nécessaire, les opérations effectuées sur r0. Cet algorithme fut longtemps utilisé comme un procédé de calcul mental de racines carrées : pour a = 52 par exemple, on peut prendre r0 = 7, et il vient alors 1 52 26 r1 = ⎛⎜7 + ⎞⎟ = 3,5 + ≈ 3,5 + 3,7 = 7,2 2⎝ 7⎠ 7 ce qui est une bonne approximation puisque 7,22 = 51,84. On a : 52 – 7,2 = 52 – 7,22 0,16 16 1 < = = ≤ 0,012 52 + 7,2 7,2 + 7,2 1440 90 On peut estimer que si l’on s’en tient à déterminer une approximation rationnelle r de 52 à 10−4 près, la portée de cette technique est tout à fait satisfaisante. En effet, on peut vérifier que n dans ce cas il suffit de calculer r3 (on peut en effet vérifier que rn − 52 ≤ 141− 2 ). 1 52 101 r1 = ⎛⎜7 + ⎞⎟ = 2⎝ 7 ⎠ 14 1 101 52 ⎞ 20393 r2 = ⎛⎜ + = 2 14 101⎟ 2828 ⎜ ⎟ 14 ⎠ ⎝ 1 20393 52 ⎞ 831748817 r3 = ⎛⎜ + = 2 2828 20393⎟ 115342808 ⎜ ⎟ 2828 ⎠ ⎝ On notera que la calculatrice de l’ordinateur fournit les résultats suivants (les décimales exactes sont repérées en bleu) : 52 =calc 7,211102550927978586238442534941. r1 = 101 = 7,2142857142857142857142857142857 14 calc PLC2Maths0809_Seminaire6 29 r2 = 20393 = 7,2111032531824611032531824611033 2828 calc r3 = 831748817 = 7,2111025509280127808228840761359 115342808 calc On peut de même calculer r4 : r4 = 1383612189161792417 = 7,2111025509279785862384425350221 191872488206916272 calc On laisse au lecteur le soin d’examiner le cas général et de vérifier que, pour des valeurs de a et de ε « raisonnables », on obtient avec peu d’itérations des valeurs rationnelles approchées de a à ε près (ainsi que des valeurs décimales approchées de a à ε près). Remarque. Le document d’accompagnement ajoute, toujours à propos des « thèmes d’étude » : … le travail sur les thèmes vise des capacités plus générales telles la capacité à chercher et utiliser une documentation, à réinvestir des acquis antérieurs, à produire un document écrit ou oral de synthèse, etc. ; cela signifie encore que devraient être privilégiées ici des dimensions souvent difficiles à mettre en place dans le cadre normal du cours : plaisir du questionnement et de la découverte, incitation à la curiosité, etc. Dans cette perspective, on pourra par exemple travailler sur des textes originaux (en général en traduction) afin de dégager les réponses à apporter à telle ou telle question qu’on se sera posée. À propos du procédé de Héron, la classe pourra ainsi partir de la formulation due à Héron d’Alexandrie lui-même (Histoire d’algorithmes, Belin, 1994, p. 231), mathématicien grec du IIe siècle dont le texte ne fut retrouvé qu’en… 1896 : Puisque 720 n’a pas de côté rationnel, nous extrairons le côté avec une très petite différence de la façon suivante. Comme le premier nombre carré plus grand que 720 est 729 qui a pour côté 2 2 27, divise 720 par 27, cela fait 26 et , ajoute 27 cela fait 53 ; prends-en la moitié, cela fait 3 3 11 11 1 26 . En fait, 26 multiplié par lui-même donne 720 ; de sorte que la différence (sur les 23 23 36 1 1 carrés) est . Si nous voulons rendre cette différence inférieure encore à , nous mettrons 36 36 1 trouvé tout à l’heure à la place de 729 et, en procédant de la même façon, nous 720 36 1 trouverons que la différence (sur les carrés) est beaucoup plus petite que . 36 La formulation de Héron, « rhétorique », sera mise sous forme « symbolique », par exemple de la manière suivante : 1⎛ 720⎞ 1 ⎛ 80 1 2 1 2 1 1 5 27 + = ⎜27 + ⎞⎟ = ⎛⎜27 + 26 + ⎞⎟ = ⎛⎜53 + ⎞⎟ = 26 + + = 26 + . ⎜ ⎟ 2⎝ 27 ⎠ 2 ⎝ 3⎠ 2⎝ 3⎠ 2 ⎝ 3⎠ 2 3 6 On a bien : ⎛26 + 5⎞2 = 676 + 130 + 25 = 676 + 43 + 1 + 25 = 719 + 37 = 720 + 1 . ⎜ 6⎟⎠ 3 36 3 36 36 36 ⎝ 4.1.3. L’évaluation de la technologie appelle des remarques analogues à celles faites à propos de la technique. Ainsi, étant donné un énoncé, le problème de sa justification est-il seulement PLC2Maths0809_Seminaire6 30 posé ? Ou bien cet énoncé est-il considéré tacitement comme allant de soi, évident, naturel, ou encore bien connu, « folklorique » comme disent les mathématiciens de langue anglaise ? (Le mot anglais folklore est formé à partir de folk, « peuple », et de lore, « savoir » : il désigne donc, à strictement parler, le « savoir du peuple », peuple des mathématiciens ou peuple des élèves de la classe.) Les formes de justification utilisées sont-elles proches des formes canoniques en mathématiques ? Sont-elles adaptées à leurs conditions d’utilisation ? Les justifications explicatives sont-elles favorisées ? Î Exemple c Un résultat effectivement utilisé peut n’avoir même pas fait l’objet d’une interrogation. Ainsi en va-t-il fréquemment s’agissant de l’unicité des écritures canoniques utilisées, par exemple quand on doit écrire sous la forme u + v e une expression du type a+b e c+d e où a, b, c, d, u, v ∈ 4 et où e ∈ ² est un entier non carré parfait. L’unicité est, ici comme en d’autres cas, pragmatiquement impliquée par le « postulat pédagogique » selon lequel existe une « bonne » réponse – ce qui seul justifie que le professeur rejette comme forcément erronée la réponse d’un élève qui aurait obtenu une autre expression. Dans le cas évoqué, la justification est en fait relativement peu coûteuse : si u + v e = s + t e et si v ≠ t, alors e = u–s ∈ 4, or e ∉ 4, donc… t–v d La justification d’un « théorème en acte » dans la classe peut en outre mettre en jeu des éléments technologiques qui sont non seulement disponibles mais qui se situent au cœur des mathématiques étudiées. Ainsi en va-t-il pour ce « postulat implicite » selon lequel, quels que soient a, b, c, d ∈ 4 et e ∈ ² non carré parfait, il existe x, y ∈ 4 tels que a+b e = x + y e. c+d e En supposant connue l’unicité, on a ici : a+b e = x + y e ⇔ a + b e = (c + d e)(x + y e) ⇔ cx + dey = a & dx + cy = b. c+d e Le système obtenu a pour déterminant c2 – d2e ≠ 0. Il possède donc une solution (x, y) – unique, mais nous le savions déjà. Ici comme dans le cas précédent, la clé de la démonstration est le fait que, si e est un entier non carré parfait, e ∉ 4, un fait qui, au lieu de n’avoir qu’un statut de curiosité culturelle, se trouvera motivé par ce qu’il y a de plus central dans l’activité mathématique de la classe. e Le résultat technologique évoqué dans ce qui précède – l’existence et l’unicité d’une certaine écriture canonique – n’a pas pour unique fonction de justifier des pratiques existantes. Il peut être exploité en vue de produire de nouvelles techniques. C’est ainsi qu’on a+b e pourra envisager de déterminer l’écriture canonique d’une expression de la forme par c+d e la technique illustrée par l’exemple ci-après : (3 + 5)2 = x + y 5 ⇔ (3 + 5)2 = (3 – 5)(x + y 5) ⇔ 14 + 6 5 = (3x–5y) + (–x+3y) 5 3– 5 PLC2Maths0809_Seminaire6 31 ⇐ 3x – 5y = 14 & –x + 3y = 6 ⇔ x = 18 & y = 8. 4.1.4. Des questions analogues devront bien entendu être soulevées à propos des éléments théoriques de l’organisation mathématique examinée : y a-t-il des éléments théoriques explicites ? Implicites ? Que permettent-ils d’éclairer ? De justifier ? Etc. 4.2. L’évaluation de l’organisation didactique L’analyse de l’organisation didactique s’organise essentiellement à partir de l’identification des moments de l’étude réalisés en tel épisode du processus didactique, et de la manière dont ces moments son réalisés. Il reste maintenant à analyser ce que produit ou ce que permet la réalisation de ces moments de l’étude, afin d’apprécier plus finement la qualité de l’OD mise en place. Nous distinguerons quatre fonctions de production que doit assurer l’OD : – la création d’un temps didactique endogène, ou temps de l’avancée dans l’étude, propre à la classe, comme distinct du temps allogène de l’horloge ; – la création d’un milieu suffisamment enrichi en outils de tous ordres pour mener à bien les différents moments de l’étude ; – la création d’un « lieu » pour le professeur et d’un « lieu » pour l’élève optimisant les conditions d’étude et d’apprentissage génériques. – le développement d’une dialectique du groupe et de l’individu, qui optimise les conditions d’étude et d’apprentissage spécifiques à telle ou telle « espèce » d’élèves, et qui en même temps favorise une mise à distance critique par ces élèves de leurs assujettissements faisant obstacle à l’apprentissage. Dans le cadre du TER, on s’efforcera, très modestement, d’examiner « localement », à propos de tel fragment ou détail d’OD observée, ce que la réalisation de ces moments a ainsi permis de produire. Dans la suite, on apportera des éléments nouveaux uniquement dans le cas du topos et du milieu didactique. Le reste est repris brièvement à partir des notes des séances précédentes. 4.2.1. La création du temps didactique [chronogenèse] Le temps de l’horloge passe, mais le temps ainsi consommé aura-t-il permis une production de savoir appropriée ? Ou bien y a-t-il eu, au contraire, sous-production, ou production inadéquate (parce qu’on s’est trop hâté, par exemple) ? Une organisation idoine de l’étude doit produire un temps didactique qui revienne à créer, conformément à la programmation arrêtée, les OM que l’on aura déterminées (et dont la mise en place est prévue par le programme d’études en vigueur). L’analyse de la création du temps didactique passe par l’analyse de l’OM qu’elle aura permis de créer : aura-t-elle – par exemple – engendré une technologie bien adaptée, ouverte sur l’avenir, etc. ? Aura-t-elle assuré une synthèse efficace, appuyées sur des bilans précis, etc. ? La chronogenèse ne se mesure qu’en prenant ainsi en compte la qualité des OM construites. Une chevauchée rapide à travers un thème d’études n’est nullement équivalente à une chronogenèse de qualité, productrice d’un temps didactique qui ne soit pas illusoire : le temps de l’horloge peut passer sans qu’avance sensiblement le temps du savoir. Une erreur commune, à cet égard, est de tenter de « prendre des raccourcis » alors que, contre un certain sens commun, pour « aller vite et bien » (du point de vue didactique), il faut savoir renoncer à aller trop vite – « à la va-vite ». Il faut savoir temporiser. En d’autres termes, il convient de se PLC2Maths0809_Seminaire6 32 régler sur l’adage latin Festina lente (« Hâte-toi lentement ! »), qu’un commentateur d’aujourd’hui rend ainsi : « Ne nous pressons pas : nous n’avons pas de temps à perdre. » 4.2.2. La création du milieu didactique [mésogenèse] Ce qu’on nomme usuellement le milieu didactique est l’ensemble des moyens et ressources didactiques (de nature théorique, expérimentale, etc.), qui sont nécessaires ou utiles à la création en classe des OM prévues par le programme d’études. L’expérimentation et la déduction sont, dans la classe de mathématiques, les deux principaux types de milieu. Par exemple, dans le cas de l’observation en classe de 5e sur les propriétés du parallélogramme, le moment technologico-théorique s’est essentiellement appuyé sur une vérification expérimentale du résultat précédemment conjecturé, et ce à l’aide d’un logiciel de géométrique dynamique. Î Exemple On reste ici dans le cadre de l’étude de faits géométriques, en se plaçant dans le cas de la construction du cercle circonscrit à un triangle en classe de 5e. Dans le cas du concours des médiatrices, la déduction théorique paraît incontestable : si les points A, B, C ne sont pas alignés, les droites (AB) et (BC) ne sont pas parallèles et les médiatrices de [AB] et [BC], perpendiculaires à des droites non parallèles, sont donc sécantes en un point O qui est ipso facto équidistant de A, B et C. Mais comment la vérifier expérimentalement ? La chose n’est pas si facile qu’il y paraît ! • Le programme de la classe de 6e indique que les élèves doivent « connaître et utilise la définition de la médiatrice ainsi que la caractérisation de ses points par la propriété d’équidistance » et « utiliser différentes méthodes pour tracer […] la médiatrice d’un segment ». Ces mentions sont reprises dans le programme de 5e, la colonne « Commentaires spécifiques pour le socle » mentionnant en outre : « Au niveau des exigibles du socle, il suffit de connaître une méthode de construction. » Par ailleurs, le programme de 6e – dans les commentaires spécifiques pour le socle – précise : « On travaillera à la fois les constructions sur papier par les outils de dessin traditionnels et les constructions à l’aide d’un logiciel de géométrie. » On peut donc être amené à construire les médiatrices « à la règle et au compas », mais nous allons voir ici que la règle et le compas ne constituent pas le système d’instruments le plus adéquat pour mener à bien une vérification expérimentale du concours des médiatrices d’un triangle. c Soit à établir expérimentalement que, dans un triangle ABC, le fait spatial suivant a lieu : les médiatrices des trois côtés sont concourantes. Supposons, plus précisément, que l’on veuille établir ce fait spatial en établissant que le point d’intersection de deux des trois médiatrices est en fait équidistant des trois sommets A, B, C. d On choisit de procéder ainsi : désignant par O le point commun aux médiatrices de [BC] et [CA], on se propose de vérifier que le cercle de centre O passant par C passe aussi par A et B. L’expérience graphique à réaliser peut être représentée par le schéma suivant, dont la précision importe peu pourvu qu’elle n’entraîne pas d’ambiguïté de lecture (le schéma d’une expérience graphique gagnera d’ailleurs à être tracé « à main levée »). Classe de 5eD – Expérience Les médiatrices de [BC] et [CA] se coupent en O. Le cercle de centre O passant par C passe-t-il par B et A ? PLC2Maths0809_Seminaire6 33 e La réalisation de l’expérience graphique, qui revient au tracé d’une épure, révèle pourtant des difficultés : en général, le cercle ne passe pas « exactement » par B et C, comme ci-après. A O C B f La raison d’un tel phénomène se trouve évidemment dans l’imprécision du tracé : les milieux de [BC] et [CA] ne sont pas exactement… au milieu ; les médiatrices, même si elles passent par les milieux des côtés, ne sont pas exactement perpendiculaires aux côtés ; le cercle de centre O passant par C ne passe pas exactement par C et n’est peut-être pas exactement de centre O... g Avant d’imputer ces faits à la maladresse ou au manque de soin des élèves, il convient de voir que, à moins que l’on ne triche, il s’agit là d’un phénomène inévitable, même si son ampleur peut être plus ou moins réduite. − La figure précédente a été obtenue à l’aide d’un logiciel de géométrie dynamique en introduisant (volontairement) de très légères erreurs (les médiatrices ne passent pas exactement par les milieux I et J), ce que montre plus nettement la figure ci-après : A J O C I B − Ce phénomène peut être précisé par le calcul. (La petite étude mathématique qui suit, ainsi que ses multiples variantes possibles, qui ont le mérite de partir d’un vrai problème – comment expliquer objectivement l’à-peu-près des tracés géométriques ? – pourront utilement être menées à bien en classe de 2de.) Considérons le cas particulier de la figure suivante, où le point H est le projeté orthogonal de A et où AH = HC = 4 et BH = 2. A O B PLC2Maths0809_Seminaire6 H C 34 Par rapport au repère (H, C, A), les médiatrices de [BC] et [CA] ont x = 1 et y = x pour équations, et le point O a donc pour couple de coordonnées (1, 1). Supposons alors que, par suite d’une erreur de tracé, la médiatrice de [BC] soit remplacée subrepticement par la droite d’équation x = 1+ε, avec ε « petit ». Le point O est alors remplacé par le point Oε de coordonnées (1+ε, 1+ε) ; le point C ayant pour coordonnées (4, 0), le rayon OC est remplacé par OεC = [4–(1+ε)]2 + (1+ε)2 = 10 – 4ε + 2ε2. Par ailleurs, le point B ayant pour coordonnées (–2, 0), on a OεB = [–2–(1+ε)]2 + (1+ε)2 = 10 + 8ε + 2ε2. On voit ainsi que l’on a OεB ≥ OεC ou OεB ≤ OεC selon que ε ≥ 0 ou ε ≤ 0, l’égalité se produisant si et seulement si ε = 0. Lorsque ε ≠ 0, donc, le cercle ne passe pas par B. − Supposons, pour fixer les idées, que ε > 0, et considérons la différence δε = OBε – OCε = δε 10 + 8ε + 2ε2 – 10 – 4ε + 2ε2 = 12ε . 10 + 8ε + 2ε + 10 – 4ε + 2ε2 2 6 ≈ 1,89736… Même avec une erreur ε « petite », presque invisible à l’œil 10 pressé ou non éduqué, la distance δε, qui est presque deux fois plus grande, peut fort bien être nettement visible. On a : lim ε→0+ ε = − Dans le cas très simplifié examiné, on peut encore préciser les choses en étudiant l’application xa 12x 10 + 8x + 2x2 + 10 – 4x + 2x2 sur l’intervalle [0 ; 0,2] (par exemple). (La courbe représentative admet pour tangente à 6 l’origine la droite d’équation y = x, avec laquelle elle se confond pratiquement ici.) On 10 obtient ce qui suit : Si l’erreur ε est de 0,9 mm, le point B est a une distance δε du cercle de plus de 1,5 mm, ce qui commence à se remarquer ; si ε est de 1,8 mm, δε dépasse 2,5 mm ! h Il n’est guère possible d’éliminer les très petites erreurs : dans certains cas, elles se compenseront à peu près, tandis que, dans d’autres cas, elles se cumuleront, sans pour autant qu’on puisse conclure que le dessinateur – l’élève – a été plus maladroit qu’un autre. − En réalité, il faudra, dans la réalisation d’épures « aux instruments » en vue d’une expérimentation graphique admettre le principe expérimental suivant : si les points sont presque sur le cercle dans toutes les réalisations de l’expérience graphique, on devra considérer que, aux imprécisions de tracé près, le cercle passe effectivement par ces points, et PLC2Maths0809_Seminaire6 35 on tiendra alors la chose pour un fait spatial expérimentalement établi, ou du moins très hautement vraisemblable. − On pourra encore appliquer le principe suivant : lorsqu’on agrandit le tracé dans un rapport n = 2, 3…, si la distance δ du point B au cercle n’était pas due aux imprécisions du tracé, elle serait elle aussi augmentée dans le rapport n choisi ; s’il n’en est pas ainsi, on conclura que le phénomène observé résulte très vraisemblablement de l’imprécision du tracé. − À titre d’exemple, on examinera les figures ci-après, réalisées à l’aide d’un logiciel de géométrie : les triangles ABC et A’B’C’ sont homothétiques l’un de l’autre dans le rapport 2±1, tandis que les erreurs de tracé sur les médiatrices (non représentées) sont les mêmes : les distances δ et δ’ ne sont visiblement pas dans le rapport 2±1. A ’ A B C B ’ C ’ i Les difficultés évoqués se retrouvent en fait dans les dessins des manuels d’autrefois, où elles sont, bien sûr, réduites par l’habileté du dessinateur (qui, en général, était un professionnel), et, surtout, masquées, en particulier par… l’épaisseur des traits (ce qui fait de ces dessins des schémas plutôt que des épures). − On examinera à cet égard le dessin suivant, extrait d’un manuel de 5e publié en 1958. − La pratique du « maquillage » plus ou moins habile, destiné à pallier les imprécisions du tracé, se retrouvent même dans les ouvrages de dessin technique, comme dans cet ouvrage, paru en 1957 (et destiné, certes, à former modestement au « dessin géométrique » les candidats au certificat d’études primaires), dont on a extrait les figures ci-après. PLC2Maths0809_Seminaire6 36 • Pour terminer, notons que le programme de 6e comporte le commentaire suivant. Les procédés utilisés pour la reproduction ou la construction dépendent des indications fournies à l’élève et des instruments disponibles. Pour les figures suivantes : cerf-volant, losange, carré, triangle isocèle, triangle équilatéral, leur construction à la règle graduée et au compas est un objectif de la classe de sixième (dans la mesure où la construction ne fait pas intervenir le parallélisme). − L’idée de « système d’instruments » affleure dans le passage cité. Or cette notion est indispensable dans la culture de la classe pour permettre de comprendre l’activité de la classe, tant devant des problèmes de construction de figures que des problèmes de conduite de calculs notamment. Plus généralement, c’est l’idée de résoudre un problème sous des contraintes données qui doit émerger dans la culture de la classe. − L’instrument expérimental pertinent dans le cas envisagé ici est certainement le quadrillage, qu’il faut évidemment apprendre à utiliser. Mais cela aussi devrait être fait depuis la 6e, classe dont le programme précise ceci. Les travaux géométriques sont conduits dans différents cadres : espace ordinaire (cour de récréation, par exemple), espace de la feuille de papier uni ou quadrillé, écran d’ordinateur. La résolution des mêmes problèmes dans ces environnements différents, et les interactions qu’elle suscite, contribuent à une approche plus efficace des concepts mis en œuvre. − En prenant des configurations adéquates (à déterminer…), on obtiendra alors des épures « exactes », comme ci-après. 4.2.3. Création d’un « lieu » pour le professeur et d’un « lieu » pour l’élève [topogenèse] PLC2Maths0809_Seminaire6 37 On parlera du topos du professeur et du topos de l’élève. « Topos » signifie, en grec, « lieu » (qui vient du latin locus) : on le retrouve dans « topologie », « topographie », etc. Quel est donc le topos – c’est-à-dire le lieu – offert aux élèves dans l’étude d’une question Q (comment accomplir la tâche t ?) génératrice d’une certaine OM ? Solidairement, bien sûr, quel est le topos alloué au professeur ? L’examen du topos de l’élève (et de celui du professeur) suppose l’investigation de l’ensemble des gestes didactiques que la création d’une OM peut supposer, à propos de chacun des moments de l’étude. Quelle est, ainsi, la place de l’élève dans l’élaboration de la technique ? dans l’élaboration de la technologie qui lui est relative ? etc. Pour préciser cette présentation, introduisons un couple de notions : la notion de rôle et la notion de topos. Les tâches didactiques sont en général des tâches coopératives, c’est-à-dire dans l’accomplissement desquelles il y a une intrication plus ou moins forte entre les « gestes » que doit accomplir le professeur (« donner un DM », « corriger les travaux des élèves », etc.) et les « gestes » que doivent accomplir les élèves (« faire l’exercice », « suivre la correction du devoir », etc.). L’ensemble réglé des gestes dévolus au professeur et l’ensemble réglé des gestes dévolus à l’élève définissent respectivement le rôle du professeur et le rôle de l’élève. Les rôles en question sont interdépendants : le professeur ne peut guère jouer son rôle si les élèves n’assument pas le leur, et réciproquement ! Mais au sein de ces rôles, on voit apparaître un sous-système de gestes que chacun des deux partenaires accomplit de façon relativement indépendante de l’intervention de l’autre : il faut que les élèves rendent leurs travaux pour que le professeur puisse les corriger, mais une fois la chose faite, la correction des copies se fait de manière autonome, hors de la présence des élèves par exemple. De même, il faut que le professeur donne un DM pour que l’élève puisse le faire ; mais la chose faite, l’élève opèrera « en autonomie didactique », hors la présence du professeur. L’ensemble des « gestes » que chacun doit accomplir en autonomie constitue son topos. Le rôle du professeur lui impose en principe de veiller à ce que l’élève dispose d’un topos adéquat qu’il vienne effectivement occuper, sans quoi les apprentissages visés ne pourront guère se faire : c’est bien évidemment une question cruciale. Î Exemple 1 Ainsi, s’agissant de tracer une figure en géométrie, l’activité de nomination (de points, de droites, d’angles) relève-t-elle traditionnellement (et de manière souvent non explicite) du topos du professeur, et non de celui de l’élève ; en conséquence, ce dernier ne pourra conquérir, du moins du seul fait de son activité en classe, une véritable autonomie didacticomathématique en la matière. Î Exemple 2 Traditionnellement, de même, les élèves de Terminale scientifique sont initiés à l’étude des suites arithmético-géométriques, de la forme un+1 = aun + b (où a ≠ 1 et b ≠ 0). Ici, la dépendance didactique des élèves prend la forme suivante : le professeur (ou l’énoncé) doit fournir à l’élève le nombre l tel que la suite de terme général un – l soit une suite géométrique, sujet d’étude sur lequel les élèves sont alors censés être autonomes. Il n’est pas prévu, dans ce cadre topogénétique, que les élèves aient à « produire » eux-mêmes le paramètre l (ce qui par exemple sera demandé l’année d’après aux élèves des classes préparatoires). Le nombre l est simplement le point fixe solution de l’équation l = al + b, soit b l= . En soustrayant l’égalité l = al + b de l’égalité un+1 = aun + b on obtient en effet 1–a aussitôt : un+1 – l = a(un – l). PLC2Maths0809_Seminaire6 38 Î Exemple 3 On partira d’une question posée par une professeure stagiaire il y a quelques années. Doit-on attendre des élèves de passer de l’expression développée –2x2 + 12x + 3 (par exemple) à la forme canonique –2(x – 3)2 + 21 ? Ou bien doit-on se contenter de leur demander de montrer l’égalité –2x2 + 12x + 3 = –2(x – 3)2 + 21 ? On peut reformuler ainsi la question posée : doit-on faire que le topos de l’élève de 2de en vienne à contenir le type de tâches qui fait passer d’une expression du second degré quelconque à la forme « canonique » d’icelle ? Ou bien ce type de tâches doit-il rester dans le topos du professeur, en sorte que, pour effectuer une telle opération, l’élève restera – du moins en classe de 2de – dépendant du professeur (ou de l’énoncé), qui devra le faire « à sa place ». D’une manière générale, le topos de l’élève n’est pas constitué seulement de ce que l’élève a à faire. Il est fait aussi, de manière cruciale, de ce que l’élève peut faire, par exemple lorsque, pour la première fois, il rencontre un type de tâches promis en fin de compte à entrer dans son topos. Ce qu’il peut faire devant tel problème dépend évidemment du topos qui se sera construit jusque-là pour lui et que lui-même sera venu occuper (on peut à cet égard distinguer le topos assigné et le topos occupé). Supposons que l’expression –2(x – 3)2 + 21 soit appelée par le désir de déterminer le maximum de l’expression –2x2 + 12x + 3. Dans un certain milieu didactique qui, aujourd’hui, existe encore bien peu, l’élève peut d’abord faire tracer par une calculatrice graphique la courbe représentative de la fonction x a –2x2 + 12x + 3, comme ciaprès. Il semble que le maximum soit atteint pour x = 3, valeur en laquelle l’expression étudiée vaut 3(–6 + 12) + 3 = 21. On peut alors être porté à écrire –2x2 + 12x + 3 = 21 – P(x) où P(x) devrait être positif pour tout x, et nul en x = 3. Comme P(x) est de degré 2, on doit s’attendre à ce que P(x) = k(x – 3)2. On a en fait : P(x) = 21 – (–2x2 + 12x + 3) = 2x2 – 12x + 18 = 2(x2 – 6x + 9) = 2(x – 3)2. On aurait pu aussi procéder par identification : –2x2 + 12x + 3 = 21 – P(x) ⇔ –2x2 + 12x + 3 = 21 – k(x – 3)2. Comme on doit avoir 21 – 32k = 3, il vient k = 2 ; il ne reste plus alors qu’à vérifier que –2x2 + 12x + 3 = 21 – 2(x – 3)2. On voit ici que le fait de donner simplement aux élèves cette dernière vérification à faire élimine tout un travail mathématique qui pourra rester indéfiniment hors du topos de l’élève (et peut-être du professeur…), appauvrissant d’autant son « expérience mathématique ». À cet égard, le fait de mettre entre les mains des élèves la technique consistant à écrire ax2 + bx = b 2 b2 a⎛⎜x + ⎞⎟ – 2 n’est qu’une autre manière de neutraliser le travail évoqué, et d’enrichir le 2a⎠ 4a ⎝ milieu didactique tout en le privant d’une expérience et de savoir-faire didactiques sans lesquels la technique dévoilée risque fort de n’être qu’une recette immotivée et, pour cela, pauvre d’emplois. 4.2.4. La quatrième fonction à assurer est celle de la dialectique du groupe et de l’individu (qui relève d’abord de l’OD, et pas seulement de la gestion de la séance). C’est en effet non seulement le topos de l’élève « générique » qui devra être évalué, mais aussi le topos particulier à tel ou tel élève de la classe ou à telle ou telle « catégorie » d’élèves (filles et PLC2Maths0809_Seminaire6 39 garçons, « forts » et « faibles », etc.). La gestion du groupe est-elle attentive à chacun ? Ou bien laisse-t-elle se créer et perdurer une géographie didactique visible et invisible de la classe avec des lieux d’activité et des foyers d’inactivité ? En d’autres termes, la classe est-elle un bon outil au service des apprentissages de chacun de ses membres ? Inversement, ceux-ci ontils la possibilité concrète de contribuer, chacun à sa mesure et à sa façon, à la vie et au travail de la classe pour qu’il en soit ainsi ? 4.3. L’évaluation de la gestion de la séquence ou de la séance La question de l’évaluation de la gestion de la séance fera l’objet de remarques assez brèves. Lorsque le professeur entre dans la classe, ce qui va advenir au plan didactique et mathématique est en grande partie fixé : les dés sont jetés – plus ou moins. Si, par exemple, l’activité que le professeur a prévu de proposer aux élèves est grossièrement sur-calibrée ou sous-calibrée, il est vraisemblable que le niveau sonore va monter, les élèves vont désinvestir rapidement le topos prévu pour eux, etc. : aucune « gestion de classe » ne peut compenser entièrement un choix de contenus d’activité inadéquat. En revanche, il est vrai qu’une gestion inadéquate des processus de chronogenèse (on perd du temps sans avancer, ou au contraire on fait une économie de temps qui se révèlera dommageable), de mésogenèse (on ne construit pas les outils du travail expérimental utile, ou au contraire on met en place des ressources sans grande utilité, qui diminuent la lisibilité du système de travail de la classe), de topogenèse (on réduit à l’extrême le topos de l’élève, ou au contraire on abandonne l’élève en un topos trop vaste, non structuré et en quelque sorte non « viabilisé ») conduit aisément à ne pas réaliser en classe les promesses du travail réalisé par le professeur en amont de la classe. À cela s’ajoute, de façon essentielle, le traitement de la dialectique du groupe et de l’individu. On sera donc attentif à la qualité de la prise en charge des quatre fonctions présentées ci-dessus. On notera pour terminer que s’il est vrai que le topos de l’élève s’inscrit d’abord dans l’organisation didactique (qui prédéfinit le topos « assigné »), il se réalise concrètement (il devient topos « occupé ») par l’activité des élèves et dépend donc de la gestion de la séance par le professeur. PLC2Maths0809_Seminaire6 40