Ann. Kinésithér., 1986, t. 13, nO 1-2, pp. 13-14
©Masson, Paris, 1986
Description et mode d'emploi
d'un appareil de kinébalnéothérapie
pour reprogrammation neuro-musculaire
après ligamentoplastie du genou
MÉMOIRE
Ch. LANA VE (1), E. NITfIS (2)
(1) MCMK, Kinésithérapeute chef, Centre de Rééducation Fonctionnelle «La Bourbonne », route de Toulon, F 13400 Aubagne.
(2) Docteur-Ingénieur, Institut Français du Pétrole.
En maîtrisant, en balnéothérapie, l'appareil
décrit, le sujet réentraîne les diverses chaînes
neuro-musculaires du membre inférieur et en
particulier les freins et gardiens du genou
opéré.
On peut, par des calculs assez simples,
réaliser des appareils semblables à résistances
étalonnées et permanentes.
L'École lyonnaise (3) a fort bien démontré la
fragilité des ligamentoplasties du genou et la
progression de leur rééducation àla pression
atmosphérique.
Nous proposons un appareil qui permet une
réhabilitation rapide des éléments actifs et
passifs du genou, tout en bénéficiant des bienfaits
de la balnéothérapie (1.2).
Lorsque nous regardons évoluer un véliplan-
chiste ou un enfant jouer sur un corps mort, en
mer, nous avons tous les éléments d'une
rééducation neuro-musculaire du genou, et
partant, de l'appareil précité.
Description de l'appareil (fig. 1)
L'appareil, non déformable, solidaire du pied, déve-
loppe toujours les mêmes résistances.
Calcul des résistances
Au cours du mouvement l'appareil est soumIS aux
quatre forces suivantes:
1) La poussée d'Archimède P: verticale, dirigée vers le
haut et dont l'intensité, compte tenu du volume de
l'appareil qui est de 3,91 dm3, vaut
p=3,91 kg
2) Le poids de l'appareil Pvertical, dirigé vers le bas
et d'intensité p' =0,55 kg
3) La traînée FT dont le sens est opposé à la vitesse et
dont l'intensité FT est de la forme:
FT =C . S. V2
la vitesse V est estimée à0,25 mis
le maître couple S est inférieur à :
0,295 X 0,250 =0,0738 m2
le coefficient C qui tient compte de la viscosité de l'eau
et de l'état de surface de l'appareil est voisin de la valeur
C=800 kg par m3•
!\
53
Une planche de natation en polyéthylène de :
295 X 250 X 53 mm; sur l'une des faces de laquelle nous "
fixons une sandale de place ou «nu-pied »en matière
plastique (volume négligeable) .
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Tirés à part: Ch. LANA VE, àl'adresse ci-dessus. .><
FIG. 1. - Planche en polyéthylène avec «nu-pied» fixé.
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FIG. 2. - Poussée Pédestre en extension de jambe sur cuisse,
cuisse à quelques 0de la rectitude en fin de mouvement.
La valeur maximale de FT est donc:
FT =800. (0,0738)2. (0,25)2=0,270 kg
4) L'action du patient Rqui, si l'on considère en première
approximation que le mouvement est rectiligne et uni-
forme, vérifie l'égalité
R+p+r+FT=O
Le mouvement réel est descendant en oblique, c'est-à-
dire intermédiaire entre :
- un mouvement horizontal correspondant au schéma
Sl---P+r
FT: et pour lequel l'intensité de Rvaut
RR=y/(3,91 -0,55)2+(0,27)2=3,37 kg
....:un mouvement vertical vers le bas correspondant au
schéma
p+r
FT
Ret pour lequel l'intensité de Rvaut
R=(3,91 - 0,55) +0,27 =3,63 kg
Conclusion
L'action du patient a une intensité comprise entre
3,37 kg et 3,63 kg
A partir d'une planche de même densité et de ce calcul
nous pouvons augmenter ou diminuer, à volonté, et avec
une grande précision, des appareils similaires.
Rapports patient-appareil
L'appareil aura toujours tendance à remonter à la
surface. Pour le maîtriser, le patient devra développer une
poussée de 3,369 kg (en l'occurence) avec un équilibre
FIG. 3. - Poussée Pédestre en extension de jambe sur cuisse,
cuisse sur bassin.
musculaire agonistes-antagonistes toujours en éveil soit:
1) 1 point d'appui mobile immergé.
2) 1 sujet plus ou moins immergé.
3) Des réactions neuro-musculaires en chaînes semi-
fermées, subies ou induites par le baigneur pour maintenir
l'équilibre des deux volumes et réaliser les mouvements
désirés.
C'est là que réside l'originalité de cet appareil. Le sujet
ne peut rester passif car la planche échapperait à un
contrôle pluri-directionnel.
Ce n'est plus un corps mort, c'est un appareil sur lequel
l'utilisateur doit sans cesse adapter ses programmations
neuro-musculaires.
Il diffère donc totalement des poids et autres palmes
employés habituellement en balnéothérapie qui sont mal
ressentis par le patient.
1) Leur fixation, leur résistance s'effectuent sur des zones
peu innervées ou extra-corporelles.
2) Les contractions musculaires ne sont réalisées que sous
la dépendance de la volonté et exécutées groupe après
groupe sans mise à contribution de leurs composantes
rotatoires et freinatrices.
Mode d'emploi
En piscine de rééducation:
Patient en appui unipodal opposé 10poussées pédestres
à vitesse constante (1 mis)
1) en extension (fig. 2)
2) en flexion (fig. 3)
3) en diagonales, pivot de genou (fig. 4et 5)
sur l'appareil préalablement rendu solidaire du pied grâce
au « Nu-pied».
-------------------~--
FIG. 4. - Extension Adduction rot. externe avec extension de
genou.
Analyse des mouvements
L'effort de poussée est fort bien perçu par
toute la plante du pied et la cheville très
richement dotés en terminaisons nerveuses.
Ces informations proprioceptives sont trans-
mises tout au long de la chaîne neuro-musculaire
du membre inférieur et au-delà même, irradiant
jusqu'au membre opposé.
Tous les muscles sont successivement accélé-
rateurs et freinateurs. Les gardiens réapprennent
leurs rôles d'informateurs.
Leur vigilance est réentraînée (4).
C'est l'apprentissage, la mémorisation des
réactions aux diverses sollicitations qui ont
toujours lieu dans l'axe du tibia ou avec des
composantes amoindries et indirectes, notam-
ment sur le genou (5).
Discussion sur la méthode
L'appareil a été testé sur un échantillonnage
de patients sans dominance sportive. Nous avons
donc été très prudents dans nos calculs et ne
l'avons employé que 45 ou 50 jours après
l'intervention.
Dès les premiers exercices le sujet est surpris
par la nécessité de maîtriser les directions de ses
Ann. Kinésithér., 1986, t. 13, 1-2 15
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FIG. 5. - Extension Abduction rot. interne avec extension de
genou.
poussées. D'où l'obligation de mettre en jeu les
chaînes musculaires agonistes et antagonistes,
d'ajuster sans cesse ses réactions. 10 mouve-
ments de chaque cinèse, du moins au début,
n'engendrent pas de fatigue.
Par contre, les kinésithérapeutes du Centre
ont expérimenté cet appareil avec des planches
développant 7,460 kg, et bien que sportifs, ont
été rapidement fatigués.
Nous ne pensons pas que l'on puisse se servir
d'une telle planche pour réaliser de la «mus-
culation» en milieu hydrique. Nous doutons
d'ailleurs que cela puisse se faire un jour.
Bibliographie
1. LEROYD. - Comment concevoir la rééducation en piscine?
Réadaptation, 1975, 216.
2. LICHT S. - La thérapeutique par le mouvement. Édition
Française Cercle Et. Kinésithér., Alfort, 1964.
3. RENAUTM., PROSTR. - La rééducation des ligamentoplas-
ties intra-articu1aires pour laxité antérieure du genou. Ann.
Kinésithér., 1983, 10, 73-79.
4. RIGAL F., CHAMBATP. et coll. - Rééducation après
chirurgie 1igamentaire du genou. Cah. Kinésithér., 1981,
57-64.
5. VIEL R. - Concepts généraux sous-tendant l'utilisation de
stimuli proprioceptifs pour aider àl'éducation ou àla
rééducation sensori-motrice (reprogrammation neuro-mo-
trice). Ann. Kinésithér., 1983, JO, 331-337.
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