Etude Prospective RH Spécial Santé

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PROSPECTIVE DU SECTEUR SANTÉ :
IMPACTS SUR LES ACTEURS ET MÉTIERS À HORIZON 2030
LES CAHIERS DE LA PROSPECTIVE RH
S A N T É
Prix unitaire 30€TTC
N° S P É C I A L
Avoir une vision pour éclairer l’action
Une FORMATION de 4h à
la prospective, sensibilisation
«obligatoire» permet aux
membres d’acquérir un
langage commun.
4 PETITS-DÉJEUNERS
DÉBAT, occasion de
s’extraire du quotidien,
de se former de manière
professionnelle et conviviale.
Des CHANTIERS ET GROUPES
D’ÉTUDES Prospective RH,
co-animés en binôme par un leader
partenaire + un expert prospectiviste.
6 à 8 réunions sur 10 à 12 mois.
Permet d’acquérir la méthodologie
prospective au fil des rencontres
et de travailler sur une thématique RH
aux enjeux prégnants dans les
années à venir.
Un ÉVÉNEMENT
MAJEUR ANNUEL
Les CAHIERS DE LA
PROSPECTIVE RH
en cours de réflexion.
Une PLÉNIÈRE
ANNUELLE
occasion de réunir les
membres et leur réseau
autour du bilan et des
projets de développement.
Un COCKTAIL
« INTÉGRATION ET
DÉCOUVERTE »
autour de notre président,
présente le Cercle
aux nouveaux et futurs
membres.
retranscrivent les réflexions
et résultats de chaque
groupe d’étude. Ils sont
transmis à tous les
membres du Cercle et plus
largement pour en faire
rayonner les travaux.
PROSPECTIVE DU SECTEUR SANTE à 2030 :
IMPACTS SUR LES ACTEURS ET LES METIERS
Sous la direction d’Elisabeth HACHMANIAN, PWC (Associée)
et de Catherine FRADE, AXELPHARM (Directrice)
Ont contribué activement à ce chantier
dans le cadre du Cercle de la Prospective RH :
Paule BIAUDET
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE, Institut de Formation Doctorale
(Directeur Département Formation & Carrières)
Philippe CAHEN
(Prospectiviste)
Laurent DEMAGNEZ
UNITHER (DRH)
Patricia GOLETTO
SANOFI AVENTIS (DRH & Talent Sourcing) puis PFIZER (DRH)
Yves GRANDMONTAGNE
PFIZER (DRH) puis MICROSOFT (DRH)
Simon KIEFFER
EQR CONSEILS (Senior manager santé)
Marie-Ange LAURIER
APEC (Consultante RH)
Marie-Paule MULET-ROUX
LILLY France (Coordinateur Formation Vente)
Béatrice PERROT
Consultante en MindMapping
Florence SCHWARTZ
INSTITUT DE PUERICULTURE ET DE PERINATOLOGIE (DRH)
Sont intervenus ponctuellement :
Marie-Christine BELLEVILLE
Florian FAURE
AFAR (Vice Présidente), ACADEMIE
NATIONALE DE PHARMACIE (Secrétaire)
LEEM (Juriste Droit social)
Françoise BRIAND
Tania LASISZ
(Coach)
Direction Générale de la Modernisation de
l’Etat (Service Innovation)
YVES ROCHER (Directrice Scientifique
Compléments Alimentaires)
DIAGNOSTICA STAGO (Directeur du
Développement RH)
Delphine DUPONT
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Odile PELLIER
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Edito
du Président du Cercle de la Prospective RH
Laurent Choain
Chief Human Resources MAZARS
Le travail, ce sera la santé.
Si vos enfants vous demandent dans quoi ils
travailleront demain, vous pouvez répondre sans grand
risque statistique : dans la santé ou l’éducation. Et vous
pourrez ajouter qu’il y a peu de chances que ce soit
dans une université ou dans un hôpital.
Le monde de la santé, comme celui de l’éducation, est
le grand secteur d’avenir, mais on n’en devine qu’une
part encore aléatoire. De rester jeune à vieillir bien, de
l’individualisation du risque et de la protection à la
révolution technologique de la prévention et du soin, la
santé est l’avenir économique mais peut-être aussi
politique de l’Europe.
Il faut inventer les métiers, les organisations qui iront
avec. Comme toujours, les DRH se trouveront devant la
difficile équation de gérer l’existant, qui dans la santé
est d’une complexité bien supérieure à tout autre
secteur d’activités, et
de préparer un
futur
déraisonnablement
révolutionnaire.
Certains
l’ont
compris. Ils ont échangé, travaillé, écrit. Vous allez les
lire. Vous allez comprendre.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 2
Préface De Xavier Bertrand
Ministre du travail, de l’emploi et de la santé
Redonner confiance dans notre système de santé, telle est ma
mission première en tant que ministre de la santé. Si nous voulons mieux
répondre aux besoins des patients comme à ceux de tous les professionnels
de santé, nous devons le faire évoluer.
Avec Nora Berra et l’ensemble des professionnels de santé, nous
allons donc continuer à le moderniser sur ses deux volets, l’hôpital et la
médecine de ville, afin de garantir à tous l’accès à des soins de qualité sur
l’ensemble du territoire.
La gestion de ressources humaines est au cœur de cette
problématique.
Si notre système de santé est l’un des meilleurs du monde, c'est
grâce aux hommes et aux femmes qui le font vivre, le font progresser au
quotidien, l'adaptent aux besoins des patients, et cela en ville comme à
l'hôpital.
Dans ce contexte, les Directeurs des ressources humaines (DRH)
ont une mission difficile à mener : ils doivent à la fois assurer le
fonctionnement de leur organisation au quotidien et en même temps
développer une vision prospective, notamment dans le cadre de la gestion
prévisionnelle des métiers et des compétences. C’est essentiel pour assurer
la continuité de l’organisation, et bien préparer les changements.
Aider le monde de la santé à imaginer et à construire son avenir,
c’est donc faire œuvre utile.
Que la médecine de ville, que l’hôpital, que l’ensemble des services
qui leur sont dédiés se préparent mieux aux prochaines révolutions
technologiques est essentiel. Bien au-delà, c’est l’ensemble de notre société
qui doit penser les nouvelles façons de vivre et de se soigner, car ces
réflexions éclairent ses choix, ses choix d’investissement, ses choix de
formation, mais aussi ses choix éthiques.
C’est tout l’intérêt de cet ouvrage de le rappeler de façon vivante et
concrète.
Bonne lecture !
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 3
Avant-propos
Le vieillissement de la population, les dépenses de santé qui vont
croître plus vite que le PNB au cours des dix prochaines années,
les attentes croissantes des usagers consommateurs de santé, les
critiques
à
l’encontre
des
modèles
traditionnels,
les
restructurations massives dans l’industrie pharmaceutique et la
disparition progressive de certains métiers, le développement de
la télémédecine, les ruptures annoncées dans les modes de
production et de consommation de soins, les modèles alternatifs,
toutes ces évolutions ou révolutions espérées des modèles auront
des conséquences significatives sur le capital humain des acteurs
de la santé, et en particulier sur les métiers et les conditions
d’exercice de ceux-ci.
Ainsi est née l’idée de la question qui a constitué le fil rouge de
notre travail :
« Prospective du secteur de la santé à horizon 2030 :
impacts sur les acteurs et métiers »
Nous avons choisi un horizon temporel de 20 ans afin de nous
situer dans une approche délibérément prospectiviste et de nous
détacher des contraintes court-termistes.
Nous avons considéré comme :
- métiers de la santé :
les métiers du personnel amené à soigner directement ou
indirectement les patients, ainsi que tous ceux qui peuvent
intervenir au sens large dans le système de santé privé ou public.
- acteurs de santé publics ou privés :
les industries pharmaceutiques, chimiques, biotechnologiques,
cosmétiques, du bien-être, des compléments alimentaires,
agroalimentaires, des dispositifs médicaux et de toute industrie
utilisant des technologies visant à améliorer la santé comme
l’imagerie médicale. Ont aussi été pris en compte les assurances,
les mutuelles, les hôpitaux, les cliniques, les maisons de santé, les
maisons de retraite…
Chantier mené à l’initiative du Cercle de la Prospective RH, le
groupe s’est spontanément constitué d’intervenants du monde de
la santé publique et privée, des ressources humaines, de la
gestion de projet, du conseil, de la psychologie du travail, du
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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coaching, du secteur privé (laboratoires pharmaceutiques) ou
public (université, hôpital…). Ce groupe multidisciplinaire a été
guidé par la volonté de mettre en exergue des pistes de réflexions
innovantes, concrètes et systémiques pour les DRH et plus
généralement les décideurs dans le monde de la santé.
La méthodologie que nous avons adoptée est
méthode de prospective stratégique du LIPSOR 1
compte les notions d’idées reçues, de
changement. Nous l’avons complétée de la
signaux faibles et des scénarios dynamiques.
inspirée de la
en prenant en
facteurs de
méthode des
Notre groupe s’est réuni pendant un an dans le cadre de huit
ateliers de réflexion, animés selon les techniques d’intelligence
collective. Nous avons choisi un cadre méthodologique visant à
respecter les comportements et attitudes préalables à un bon
travail de prospective, à savoir : l’écoute bienveillante, l’ouverture
d’esprit, le respect de l’originalité et la diversité de chacun pour
favoriser à la fois l’innovation et l’anticipation. Les principes
directeurs de l’animation de ce groupe étaient d’assurer une
grande liberté de parole à chacun des participants, et de favoriser
une créativité sans limitation ni jugement, sans perdre de vue
notre objectif de départ.
Notre démarche s’est ainsi structurée autour de trois grandes
étapes :
1. Chasser les idées reçues pour les identifier et les
déconstruire, les transformer en actions pour une préparation aux
réflexions des deux étapes suivantes,
2. Anticiper les facteurs de changement possibles (inerties,
ruptures) et passer des changements critiques aux actions,
3. Définir des scénarios dynamiques articulés en grandes
thématiques.
Nous avons le plaisir de vous transmettre le résultat de ces
travaux dont fait l’objet de ce Cahier de la Prospective RH.
Elisabeth HACHMANIAN
PwC Associée
Leader du chantier
LIPSOR : Laboratoire d’innovation, de prospective stratégique et d’organisation du CNAM
http://www.laprospective.fr/
1
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 5
Sommaire
PROSPECTIVE DU SECTEUR DE LA SANTE à 2030 :
IMPACTS SUR LES ACTEURS ET LES METIERS
1. La chasse aux idées reçues, pour un esprit créatif et ouvert !
p.7
2. Les facteurs de changement : évolutions, ruptures et inerties
p.40
3. Les scénarios dynamiques à 2030 : exploration sans modération
p.45
4. Conclusion
p.73
5. Annexe : questionnaire rétrospectif et prospectif sur les mutations en matière
de santé à l’horizon 2030 et leurs impacts sur les acteurs et métiers de la
santé
p.75
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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1. LA CHASSE AUX IDEES REÇUES, POUR UN
ESPRIT OUVERT ET CREATIF !
A. QU’EST-CE QU’UNE IDEE RECUE ?
Il s’agit d’une idée généralement admise sans qu’il soit nécessaire
d’argumenter ; c’est une idée dans l’air du temps. A ce titre elle joue un
rôle dans les attitudes et les comportements, sans être forcément fondée. Il
est intéressant de travailler sur ces idées dans une démarche prospective
car une approche perceptuelle permet de révéler les représentations,
croyances et non-dits, qui façonnent les attitudes et les stratégies des
acteurs concernés. « La chasse aux idées reçues » a donc initié notre
travail, afin de démarrer la réflexion prospective sur de bonnes bases et
avec ouverture d’esprit. Le principe est de se méfier a priori des idées
reçues et de se poser les bonnes questions.
B. LA CHASSE AUX IDEES RECUES :
Au travers d’un brainstorming individuel puis collectif, nos discussions et
tours de table nous ont permis de faire émerger 120 « idées reçues »
considérées comme ayant un impact sur l'activité de l'entreprise, du
territoire, de l’environnement. Parmi celles-ci, nous avons choisi d’en
conserver dix qui nous semblaient les plus importantes, à approfondir et à
« déconstruire ».
Cette démarche a débouché sur un état des lieux de notre thème
d’investigation, une base de réflexion, pour ensuite pouvoir proposer des
actions concrètes réactives et pré-actives. Cette réflexion pourra être
approfondie ultérieurement par un travail de veille.
C. LES 10 IDEES RECUES RETENUES :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Il n’y a pas d’accès aux soins sans argent
Les politiques de prévention en France sont faibles
Le vieillissement de la population engendre une demande de soins et
une offre de santé croissantes et onéreuses
« Se sentir en bonne santé ou malade » a une dimension subjective
La fraude et la contrefaçon augmentent
Les nouveaux médicaments apportent peu d'innovation et peu
d’amélioration pour le patient
L'industrie pharmaceutique a un objectif plutôt orienté vers le business
que vers l’amélioration de la santé humaine
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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8.
Les partenariats public/privé se développent et sont la clé pour
l'innovation et le maintien du système de santé
9. L'hôpital public est ingouvernable et coûte trop cher
10. Il n'y aura plus de médecins en France en 2025
Pour chacune des 10 idées reçues, des arguments pouvant l’étayer
« arguments pour » et des arguments venant la réfuter « arguments
contre » ont été recueillis. Puis une synthèse de l’analyse a été faite, afin
d’en tirer des leçons et de proposer des actions à mettre en œuvre.
L’ensemble de ces éléments est présenté sous forme de fiches détaillées
dans les pages suivantes.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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IDEE REÇUE N° 1 : IL N’Y A PAS D’ACCES AUX SOINS SANS ARGENT
ARGUMENTS POUR
Il faut avoir de l’argent pour se soigner.
Il existe une médecine à plusieurs vitesses.
Aux USA, l’hôpital ne soigne pas certains patients s’ils ne sont pas assurés.
En 2030, le médicament sera un produit avec une valeur marchande accrue.
A cause de la politique de déremboursement des médicaments, la franchise
médicale impose au patient une participation financière plus forte.
Il faut bien connaître le système de santé et le mode de remboursement
prévu pour se soigner : d’où la longue attente pour avoir un rendez-vous à
l’hôpital, sauf si on est aux urgences, et encore…
Non seulement, il y a une franchise, un ticket modérateur et des forfaits, mais
aussi une hausse des dépassements d’honoraires des médecins.
Le nombre de patients aux urgences augmente pour des questions de coût : les
gens se soignent trop tard.
L’engorgement des urgences est aggravé par les problèmes liés à la permanence
des soins (médecine de ville) (surcharge le soir et le week end). C’est également
financièrement moins coûteux pour le patient.
Le problème est plus centré sur l’accès au soin que sur le coût du soin : le
manque d’argent est souvent corrélé à l’appartenance à une catégorie sociale
défavorisée qui n’ose pas accéder au soin. Pour ces populations, le vrai problème
réside dans le déficit d’information facile d’accès, dans l’absence de réseau
soignant connu, le tout associé à la crainte d’être absorbé par un système dont on
ne pourra plus avoir la maîtrise et dont le coût total sera supérieur à celui
envisagé au départ.
Il est nécessaire d’engager des frais pour pouvoir se soigner.
Le médecin coûte plus cher à Paris qu’en province, entraînant une disparité
territoriale : la qualité des soins disponibles n’est pas la même selon les régions.
Il faut être dans les bons réseaux de santé pour avoir l’information.
La qualité des soins et de la prévention sont liées à la couverture sociale.
La personne qui n’a pas d’argent attend que son état de santé se dégrade pour
aller aux urgences afin d’être prise totalement en charge. Elle ne connaît donc pas
la prévention.
Les maladies évoluent, la connaissance évolue. En conséquence les moyens mis à
disposition pour traiter ces maladies sont de plus en plus sophistiqués donc plus
coûteux à terme.
ARGUMENTS CONTRE
On peut toujours se soigner : c’est une question de priorité personnelle et de
connaissance des systèmes de santé et de soins (culture, éducation).
Il existe des systèmes de santé en France pour les plus défavorisés : CMU, AME.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les aides de l’Etat et de l’Assurance maladie se développent pour favoriser
l’adhésion à une mutuelle (CMU-C, chèque santé).
C’est seulement quand on est démuni et sans argent qu’on s’occupe vraiment des
patients dans le public.
Les moyens sont mutualisés entre hôpitaux et cliniques pour les achats
d’équipements lourds (scanner, IRM…).
La santé est un droit social : la collectivité et l’Etat assurent la prise en charge, il
n’est donc pas nécessaire d’avoir de l’argent pour être soigné.
En France, il existe un système de mutualisation (nation, branches, entreprises) ;
la prise en charge des assurances/mutuelles est variable selon l’entreprise et sa
taille.
La France reste l’un des pays où la prise en charge des dépenses de santé par les
fonds publics est la plus importante, même si une partie des dépenses reste à la
charge des ménages. La part socialisée des dépenses de santé est à peu prés
stable depuis 20 ans : la collectivité publique prend en charge un peu moins de
80%, mais la part des ménages augmente depuis 5 ans pour s’établir à un peu
plus de 9% (Argument pour).
Les pathologies lourdes et les Affections Longues Durées sont prises en charge à
100%, le tiers payant se développe.
SYNTHESE
Dans l’absolu, soigner la population a un coût élevé : médicaments, soins,
assistance. Ce coût augmente avec le nombre de personnes à traiter
(augmentation liée au vieillissement, flux migratoires), la sophistication des
soins, l’augmentation de pathologies existantes et le développement de
nouvelles. Le médicament est un produit marchand ; pour se le procurer, il
faut donc en avoir les moyens. Les équipements médicaux deviennent de
plus en plus onéreux ce qui engendre une hausse du coût de la santé.
L’accès au système de soins dans des conditions financières acceptables
semble être lié au niveau social et éducatif des personnes. Leur capacité à
comprendre ou non les procédures administratives ou les offres
commerciales des assurances permet ou non d’être en mesure de financer
ou de faire financer l’accès au système de soins.
La méconnaissance des systèmes ou des problèmes de santé conduisent les
individus à se soigner tardivement. C’est pourquoi certaines tranches de la
population finissent par attendre d’être gravement malades pour bénéficier
d’une prise en charge totale des soins par le système hospitalier.
La France a mis en place une couverture de santé d’envergure (CMU),
répondant à une forte demande sociale : l’augmentation du coût de la santé
est compensée par un service d’urgence, moins coûteux pour le patient
mais financièrement lourd pour la collectivité.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Il y a une médecine à trois vitesses :
1. une médecine très onéreuse avec dépassements d’honoraires dite
médecine privée pour les plus aisés ou ceux qui ont choisi d’investir
financièrement dans leur santé.
2. une prise en charge totale par la collectivité pour les plus démunis.
3. une
médecine
intermédiaire
qui
associe
remboursement
et
dépassements d’honoraires pour la tranche de population qui bénéficie
des droits.
LEÇONS A TIRER
L’accès au soin est une question d’éducation et de priorité individuelle :
prévenir plutôt que guérir.
Pour une prévention acceptable, il est nécessaire, en amont, de
développer l’information et en aval, de répondre aux questions des
patients et du monde médical ou paramédical.
L’Etat doit jouer un rôle important dans la prise en charge des plus
démunis afin d’éviter des troubles sociaux.
La recherche de solutions innovantes permettrait de diminuer le coût des
soins : médicaments, appareillages, systèmes d’assistance…
Il est nécessaire d’anticiper les besoins, d’établir les cartographies
spatiales et temporelles des pandémies pour éviter les crises majorant
les coûts de traitement d’urgence.
Des collaborations intelligentes doivent être développées entre
partenaires de santé publics et privés pour une mutualisation efficace.
Pour éviter de payer cher le retour à une bonne santé, chacun devrait se
sentir responsable de sa santé et être vigilant à la maintenir.
Pour réduire les coûts, une piste consisterait à développer des
associations entre les partenaires privés et publics.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Informer les habitants en France sur leurs droits et devoirs :
considérer comme une obligation le fait de se soigner avant qu’il ne soit
trop tard, quand la maladie devient incurable ou trop coûteuse à soigner.
Communiquer sur le système de soin : former les gens, rendre
l’information accessible aux différentes populations, et prendre en
compte dans la communication, les aspects culturels des populations
concernées.
Eduquer les citoyens sur les pathologies et leurs modalités de
développement pour mettre un terme à la désinformation.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Instaurer un enseignement :
o Obligatoire dans les programmes scolaires et ce, dès le collège,
sur le droit à la santé, comment maintenir l’équilibre de sa santé, bien
se soigner, suivre une bonne hygiène alimentaire et pratiquer un sport.
o Mandater des spécialistes dans les écoles pour sensibiliser sur les
systèmes de soins, et le capital santé selon le vieil adage « mieux vaut
prévenir que guérir ».
Réaliser une campagne nationale de prévention basée sur des
exemples concrets et explicites présentés par thèmes (on pourrait
imaginer par exemple, un train d’information circulant entre différentes
villes pour informer sur une pathologie ou un risque ...).
Mettre en place de nouveaux systèmes de protection sociale
personnalisée tenant compte de l’investissement de chacun à
maintenir son capital santé, et à prévenir l’apparition des maladies.
Développer des synergies sur le plan économique, social et
géographique.
Développer des systèmes de prévention pour anticiper le
développement à grande échelle de pathologies coûteuses (cancer,
SIDA, dépression…).
Poser les bases de grands chantiers nationaux sur l’impact des
risques psychosociaux au regard du développement des nouvelles
pathologies et des évolutions sociétales (charge de travail, stress,
suralimentation,
sédentarité
liés
à
des
conditions
de
vie
déséquilibrées…).
Décentraliser les modes de gestion et de décision à l’échelon local
pour coller à la réalité des territoires.
Créer des spécificités régionales au niveau des titres des
facultés de médecine pour équilibrer l’offre géographique de santé.
Donner une réelle plus value à tous les professionnels de santé désireux
de travailler en zone sensible ou à la campagne, en termes de bourses,
de points supplémentaires, ou d’aide financière.
Mutualiser les équipements, les personnels entre les différents
systèmes.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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IDEE REÇUE N° 2 : LES POLITIQUES DE PREVENTION EN FRANCE
SONT FAIBLES
ARGUMENTS POUR
Les politiques de dépistage arrivent trop tard, bien souvent à la suite de crises
sérieuses à l’échelon national ou médiatiques.
Il y a peu d’éducation sanitaire au niveau de l’enseignement scolaire (Niveau I et
II).
Le système de santé français privilégie le curatif plutôt que le préventif.
La prévention est mal exploitée, mal organisée, répartie inégalement entre les
différents acteurs institutionnels (caisses de sécurité sociale, collectivités
territoriales…), les régions, et les niveaux de richesse. Les dispositifs mis en
place sont souvent associatifs plus qu’institutionnalisés.
La communication et l’information sont médiocres auprès des personnes qui en
ont le plus besoin (analphabètes, communautés ethniques, personnes isolées).
La prévention est coûteuse. Il y a une contradiction entre le coût de la prévention
et le montant réel des remboursements.
Dans l’entreprise, la prévention n’est pas toujours bien perçue par les
organisations syndicales qui considèrent que c’est une ingérence dans la vie
privée du salarié.
Les politiques de prévention sont élaborées selon les différents lobbys, impliquant
un problème de congruence et de distorsion (ex : alcoolisme et tabac).
Il n’y a pas d’intérêt financier au développement de la prévention, puisque le
business le plus lucratif est basé sur le curatif et non le préventif.
Les médecins n’ont pas d’objectifs chiffrés de prévention, comme par exemple, tel
médecin est efficace s’il a vacciné 1000 personnes contre H1N1 en 2008.
Il y a peu d’information sur la qualité des établissements de soin.
C’est au citoyen d’être responsable de sa santé. L’idée comme en Allemagne que
la perte de poids soit corrélée à une augmentation de la rémunération est loin
d’être acceptée en France.
Le déremboursement des médicaments dits à faible ASMR (Amélioration du
Service Médical Rendu) est un signe de la non prise en charge financière des
systèmes de prévention.
Le corps médical refuse de reconnaître certaines spécialités (para)médicales qui
peuvent avoir une action pour prévenir et accompagner.
Le mode de rémunération à l’acte des médecins n’incite pas à faire des actes de
prévention.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 13
ARGUMENTS CONTRE
Des campagnes de dépistage à grande échelle sont organisées au niveau national.
Des actions de prévention sont faites dans le cadre du principe de précaution,
comme par exemple le téléphone portable interdit dans les écoles et collèges.
Il y a une prise de conscience des pouvoirs publics avec la loi HPST, qui affirme le
principe de l’éducation thérapeutique du patient.
Il y a des expériences de prévention et d’accompagnement des patients par la
sécurité sociale et les mutuelles.
En France, il y a de bons dispositifs de prévention, surtout depuis l’affaire du sang
contaminé, jusqu’à avoir une surenchère des politiques concernant les principes
de précaution liés à des enjeux politiques.
Le vaccin de la grippe A est un exemple de volonté de prévention qui va parfois
trop loin (pas le droit de serrer les mains …)
La politique de prévention des risques se développe en entreprise où les salariés
sont sensibilisés à la notion de protection personnelle.
Des actions de communication et de sensibilisation ont été faites par les pouvoirs
publics, relayés dans les entreprises.
La liste des Hôpitaux sans risque pour les maladies nosocomiales a été mise à
disposition des usagers.
SYNTHESE
La prévention semble exister en France mais n’aboutit pas aux résultats
escomptés.
Elle semble être détournée des objectifs annoncés sans rapport réel avec la
santé (enrichissement des lobbys, propagande politique), ou au contraire,
freinée par ces mêmes raisons (conserver les avantages financiers,
préserver ses appuis électoraux…)
Toutefois, il existe, en France, des actions de prévention qui ont montré
leur efficacité, notamment depuis l’affaire du sang contaminé, mais plus
dans le sens du renforcement du principe de précaution.
Les mentalités sont encore tournées vers le curatif, d’où la nécessité
d’éduquer et de motiver sur la prévention et de donner les moyens
nécessaires pour le faire.
Il faut inventer de nouveaux modes d’incitation à une médecine préventive,
établir un lien entre la maladie et les conditions de vie, jusqu’à avoir une
véritable transformation et mutation des acteurs et décideurs de la santé.
Les politiques de prévention se feront de plus en plus tôt et au niveau des
entreprises et des écoles. Elles donneront également un poids plus
important aux risques psychosociaux et sanitaires, car les maladies et les
accidents représentent un coût économique considérable pour le pays.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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La prévention n’est pas suffisamment valorisée, d’une part car ce qui est
lucratif est avant tout le curatif ; d’autre part, car la prévention souffre d’un
problème d’organisation et de communication.
Le préventif est perçu comme une ingérence dans la vie privée, par les
syndicats, peu rémunérateur, par les médecins, et pris en main par des
lobbys.
LEÇONS A TIRER
Les actions de prévention ne peuvent se faire qu’en formant la
population.
Pour encourager les gens à penser à la prévention, il faut inventer des
dispositifs incitatifs.
Des alternatives seront à trouver pour les lobbys, pour leur permettre
d’accepter les pertes de bénéfices causées par les politiques de
prévention.
Une communication claire et cohérente étrangère aux lobbys doit être
établie.
Il faut imaginer un mode de financement des médecins davantage axé
sur la prévention.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Lancer des programmes de recherche à court et moyen terme sur
les modalités de mise en œuvre de la prévention.
Former les acteurs de la prévention (médecins, entreprises,
collectivités, patients, associations…).
Trouver des systèmes de financement de la prévention et ne plus
rémunérer les médecins libéraux exclusivement à l’acte (capitation,
forfait…).
Inventer de nouvelles modalités de travail avec les grandes
industries pharmaceutiques, chimiques, biotechnologiques, ...
Créer un observatoire de santé publique européen, afin d’observer
les évolutions des comportements des populations.
Créer un label santé, pour une région, une entreprise ou une école.
Chaque structure imaginant sur quel thème elle va concourir.
Conditionner les remboursements d’une caisse de sécurité sociale à
la politique de santé et de sensibilisation sur une région.
Instaurer un bilan santé obligatoire à une fréquence de 5 ans.
Présenter dans les comptes de la nation les données chiffrées des
politiques publiques de prévention, dans le cadre d’un document « Etat
de santé des français ».
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Créer dans les entreprises une obligation de communiquer sur
l’état de santé des salariés dans le bilan d’activité.
Créer un indicateur de performance indexé sur le ratio productivité
horaire et santé des salariés.
Développer les échanges et rapports entre établissements de santé
publics comme privés, médecins libéraux, associations ...
Valoriser la prévention chez le patient et chez le médecin.
Elaborer un diagnostic santé au niveau de la population (type
questionnaire INSEE) : à titre d’exemple, l’enquête Handicap-Santé est
une nouvelle enquête, réalisée par l’INSEE et la DREES. Elle comprend
différents volets, notamment une enquête de filtrage (INSEE, enquête
Vie Quotidienne et Santé, 2007), une enquête Handicap-Santé en
ménages ordinaires (HSM, réalisée par l’Insee et la DREES en 2008) et
une enquête Handicap-Santé en institution (HSI, réalisée par l’INSEE et
la DREES, collecte fin 2009). Une enquête sur les aidants informels a été
adossée à l’enquête santé en ménages ordinaires (HSA, DREES, 2008),
afin de mieux connaître cette population.
IDEE REÇUE N° 3 : LE VIELLISSEMENT DE LA POPULATION engendre
une demande de soins et une offre de santé croissantes et
onéreuses
ARGUMENTS POUR
•
Il y a un vieillissement démographique. Plus on vieillit, plus le système
immunitaire faiblit, plus les prises en charge sont lourdes et plus la probabilité de
développer des maladies s’accroît.
Le dépistage des pathologies liées au grand âge, mais aussi de toutes les
pathologies va en s’améliorant.
Le vieillissement entraîne une augmentation importante des pathologies avec des
soins onéreux et une recherche coûteuse : les investissements liés au
développement des médicaments ont augmenté de 20 % ces dernières années.
Une meilleure politique de prévention et d’information, communication,
alimentation, hygiène, permettrait de réduire les coûts.
L’Etat supplée aujourd’hui à la défaillance de la solidarité familiale.
La prise en charge des personnes dépendantes est coûteuse.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Certains arrêtent de travailler pour s’occuper des malades et handicapés de leur
famille. C’est un double coût social, non seulement, ils ne travaillent pas mais ils
font diminuer la part des actifs.
Le coût de la dépendance à domicile a augmenté depuis l’apparition du quatrième
et cinquième âge.
Le vieillissement de la population pose la question de se maintenir en bonne santé
sur la durée pour travailler plus longtemps.
Les cadres et les salariés ultra stressés d’aujourd’hui risquent de développer des
pathologies nouvelles ou en expansion. Les caractéristiques médicales des
personnes âgées de demain seront différentes de celles d’aujourd’hui.
Les individus consultent plusieurs spécialises pour être sûrs d’être bien soignés
par manque de confiance en leur médecin.
La génération senior a tendance à surconsommer des médicaments.
ARGUMENTS CONTRE
Ce sont les pratiques individuelles et de prévention qui génèrent les besoins de
soin plus que le vieillissement.
Le vieillissement entraîne un désir de confort et de bien être croissant.
Ce sont les personnes qui souhaitent rajeunir qui augmentent ces coûts (chirurgie
esthétique) ; les exigences des individus augmentent en termes de perfection
d’apparence et de santé.
Les systèmes de prévoyance en place essayent d’anticiper les problèmes à venir :
un accompagnement est nécessaire.
La télémédecine et l’utilisation de soins à distance permettrait de réduire certains
coûts, dont ceux de déplacement.
Le pouvoir d’achat des seniors est encore élevé pour quelques années.
La question des priorités des soins se pose sur la population en fonction de l’âge.
La vieillesse crée des richesses : l’économie présentielle d’un retraité sur un
territoire crée des emplois et des dépenses : 0.8 emploi en région LanguedocRoussillon.
Il y a une forte probabilité pour que les personnes exposées au stress meurent
plus jeunes d’accidents cardiaques ou neurologiques ou de maladies
dégénératives comme le cancer.
Une partie de la population des seniors se tourne vers la médecine alternative et
prend soin de sa santé en dehors des systèmes médicaux et de l’allopathie.
SYNTHESE
Le vieillissement de la population est une réalité obligée qui va générer un
accroissement considérable des coûts pour plusieurs raisons :
- le volume de patients à traiter,
- la complexité des pathologies,
- la sophistication des systèmes d’assistance,
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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- une demande renforcée des personnes vers plus de confort et de prise en
charge,
- des systèmes de prévention pas assez développés pour amener les
personnes vers une bonne santé et vers des âges élevés,
- la disparition de la prise en charge par les familles dans les pays
occidentaux y compris les pays latins.
L’allongement de la durée de la vie crée un nouveau type d’économie
associée aux seniors dont les profits pourraient partiellement couvrir les
dépenses de santé générées.
Le vieillissement semble être à la fois une source et un facteur de
richesse et d’emploi, car les seniors sont soucieux de leur santé.
Le vieillissement engendre une augmentation du nombre de pathologies et
impose parfois des arrêts de travail de personnes actives pour s’occuper des
personnes âgées.
Les individus du quatrième et cinquième âge pèsent de plus en plus lourd
dans l’économie car leurs pathologies exigent des technologies de plus en
plus sophistiquées.
Les nouvelles technologies vont aider à contrôler les dépenses.
LEÇONS A TIRER
La prévention doit être optimisée pour que la population arrive à la fin
de sa vie en bonne santé.
Un équilibre est à trouver entre les profits générés par l’économie liée
aux seniors et les dépenses de santé.
Il faut éduquer les gens pour lutter contre la surconsommation des
soins.
Les Français devront de plus en plus contribuer aux frais inhérents à leur
santé pour pallier le déficit de la sécurité sociale.
L’Etat prendra en charge les soins pour les démunis et va reporter, sur
ceux qui en ont les moyens la différence à payer.
La complexité des maladies et le coût de plus en plus élevé des soins ne
permettra pas aux pouvoirs publics de maintenir le même niveau
qualitatif des soins.
Il est important de mettre à profit les idées des seniors sans tomber
dans le jeunisme. Mais encore faut-il que la parole leur soit donnée avec
des questionnaires et sondages et qu'ils soient écoutés. Ils ont du
temps, des moyens et de l’expérience.
Il faut créer de nouvelles structures d’accueil, avec du personnel
supplémentaire.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 18
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Développer les campagnes de prévention et renforcer les actions
sur le terrain.
Inventer des passerelles entre la nouvelle économie liées à la
population senior croissante et les systèmes de santé.
Prendre soin d’éduquer les jeunes pour qu’ils ne deviennent pas de
vieux malades (conditions de travail, de vie).
Aider les pays émergents à développer des conditions de nutrition,
d’hygiène et de sécurité sanitaire élevés pour éviter les pandémies et les
carences, dans un contexte de migration.
Augmenter les cotisations des salariés en fonction de leur revenu.
Permettre aux individus d’avoir un droit de santé à l’égard de leurs
parents et enfants, et leur attribuer un revenu compensatoire.
Travailler en amont sur la base d’un diagnostic santé afin de suivre
les personnes qui auraient besoin de soins lourds.
Intégrer une assurance santé au niveau de la fiche de soins pour
payer un revenu compensatoire aux salariés qui en auraient besoin.
S’appuyer sur les associations, les clubs
ou autres structures
collectives, pour accompagner culturellement les populations à se
maintenir en bonne santé.
Communiquer sur l’idée qu’il n’y a pas de honte à vieillir.
IDEE REÇUE N° 4 : « SE SENTIR EN BONNE SANTE OU MALADE » A
UNE DIMENSION SUBJECTIVE
ARGUMENTS POUR
La notion de maladie et de santé est personnelle : dans un même contexte ou
environnement, certains vont se sentir malades, d’autres pas. Il est donc
nécessaire de définir les frontières de la maladie.
La santé est un équilibre, une sorte d’idéal jamais atteint, une construction pour
maintenir le meilleur équilibre possible entre les fonctionnements physiques et
mentaux d’où la nécessité d’être attentif aux maux du corps et de l’esprit, et
d’aller consulter celui qui pourra soigner (médecin généraliste, psychiatre,
psychothérapeute, homéopathie…).
La maladie commence avant que l’individu ne soit malade. Il y a donc une
nécessité à mettre en place des politiques de prévention et d’accompagnement
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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des individus fondées sur des méthodes holistiques avec de vrais parcours de
santé.
Il y a urgence à agir face à la situation de maladie. L’individu va chez le médecin
pour se faire soigner et être accompagné humainement. C’est le système qui a
cours d’aujourd’hui.
Les médecins ne sont pas formés à l’accompagnement psychologique des
individus.
Le médecin est une personne qui a la compétence pour soigner. Il a tout pouvoir
sur la vie du patient.
C’est le médecin qui détermine la frontière de la maladie sur des critères chiffrés
dits objectifs.
Un dispositif bien établi existe : ordonnance, feuille de soin, suivi médical, et
médicaments pour soigner et traiter. On parle alors de «vraie médecine» par
rapport à d’autres moyens de se soigner.
Une prescription médicale sur deux n’est pas suivie par le patient : les médecins
voient trop le corps comme une machine en plusieurs morceaux, pas un être
humain global à qui expliquer sa maladie et son traitement.
Le déficit d’explication implique un manque d’observance du patient.
La judiciarisation de la société impacte aussi la médecine.
ARGUMENTS CONTRE
L’individu est soucieux de sa santé au sens le plus large : il développe une
capacité d’autodiagnostic qui lui permet de prévenir et d’anticiper la maladie puis
de se traiter en conséquence.
L’information grand public rendue accessible par les médias et internet pousse les
individus à s’informer sur d’autres formes de soin parfois non institutionnelles et à
échanger sur les traitements et les médicaments
par le biais de forums
d’échanges non médicaux.
L’individu a un nouvel état d’esprit qui l’incite à se tourner vers des solutions de
médecines plus douces via des médecines parallèles.
Les jeunes mettent en avant leur différence dans la manière de se soigner et de
se nourrir. Il s’agit d’une rupture générationnelle.
La médecine est un art ; elle ne peut pas tout soigner, d’où des approches
complémentaires : approche psychosomatique et accompagnement psychologique
des maladies.
Il y a de plus en plus de médicaments dits de confort, déremboursés.Aujourd’hui,
on ne sait plus où se situent les limites des médicaments.
L’individu veut se soigner lui même en allant voir le pharmacien qui le conseille et
qui remplace de plus en plus le médecin. Le pharmacien prend le temps de lui
donner des conseils personnalisés en lui proposant des médicaments OTC ou des
médicaments dits de « confort ».
Le patient franchit plus facilement la porte d’une pharmacie que celle du médecin.
Les médicaments ne sont pas les seuls remèdes pour être en bonne santé. Les
remèdes de l’esprit se développement (médecines parallèles) ainsi que la
médecine par les plantes et tout ce qui peut apporter du bien être
(thalassothérapie , …).
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Le médicament est une béquille à la fois en termes de sécurité que d’un point de
vue émotionnel.
Le médicament préventif se prend avant d’être vraiment malade.
Il existe d’autres façons de faire de la prévention non médicamenteuse en
prenant soin de soi avant d’être malade : hygiène de vie, alimentation, gestion du
stress, tout ce qui touche au maintien de l’équilibre de la santé.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Mettre le patient ou l’individu au cœur du système de soin pour le
soigner de façon globale en repensant le système de santé, notamment
chez les industriels.
Mieux former les médecins et mieux informer les individus sur les
multiples possibilités de soins.
Communiquer sur le rôle du médicament, ses bienfaits mais aussi
ses limites.
Légiférer sur la reconnaissance des médecines parallèles et
accompagnements psychologiques.
Elargir la sphère du monopole médical et repenser le rôle des
médecins comme celui de l’hôpital.
Différencier les maladies, dans leur rapport aux médicaments et
préciser les causes possibles quand elles peuvent être traitées autrement
(ex les TMS, et l’ergonomie des postes de travail, les dépressions et le
management déficient).
Développer une base de données d’informations publiques sur les
offres de soin, au-delà des lobbys professionnels.
Etatiser l’offre de soin totalement, comme la médecine anglaise.
IDEE RECUE N°5 : LA FRAUDE ET LA CONTREFAÇON AUGMENTENT
ARGUMENTS POUR
Il y a une augmentation forte des médicaments contrefaits commercialisés par
internet en raison de la difficulté d’accès aux soins, et d’un manque de ressources
pour certaines catégories de population.
La contrefaçon permet d’avoir accès à des médicaments sans prescription.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 21
La fraude permet d’avoir des circuits de commercialisation parallèles et avoir ainsi
l’accès aux médicaments d’une autre manière.
L’augmentation de la sous-traitance dans les pays en voie de développement :
trois quarts de la production des médicaments européens est faite en Chine et en
Inde. Or, ces pays n’ont pas la même notion de brevet que l’occident, ce qui
autorise la contrefaçon.
Le coût des molécules est de plus en plus élevé, ce qui limite l’accès aux
médicaments pour certaines populations et favorise le développement de la
contrefaçon.
Les médicaments de confort (beauté, ralentissement du vieillissement) souhaités
par certaines populations vont se développer, avec la fraude correspondante.
La fraude pourrait s’accentuer au travers des achats en ligne (sans prescription
et, en toute simplicité).
La poursuite de la politique de déremboursement de certains médicaments peut
favoriser la contrefaçon.
L’augmentation des capacités de production dans certains pays va permettre de
produire des médicaments contrefaits.
Les notions de qualité sont culturellement différentes.
La pauvreté pousse à la fraude.
La fraude favorise le développement des profits pour les fabricants et les circuits
de distribution.
Les différences culturelles en matière d’essais cliniques dans les pays émergents
peuvent générer des erreurs ou des fraudes délibérées.
Avec un niveau d’études croissant, il devient plus facile de produire des
médicaments ou de propager une culture du faux.
Le statut de médicament implique une confiance par défaut, et les acheteurs ne
pensent pas nécessairement au fait que les médicaments vendus sur internet
peuvent être contrefaits.
En raison de la fixation des prix étatiques, les laboratoires produisent les
médicaments à l’étranger, ce qui implique un transfert de savoir-faire et facilite,
par la suite, la contrefaçon.
La contrefaçon représente 10% du marché mondial en valeur, soit le double en
volume.
La médecine occidentale ne reconnaît pas certaines formes de médecines
parallèles qui peuvent être associées à une tromperie médicale telles que
l’homéopathie, les étiopathes, chiropracteurs, naturopathes...
Les vides juridiques et éthiques favorisent la fraude et la contrefaçon.
ARGUMENTS CONTRE
Les systèmes d’assurance qualité et d’audit augmentent, y compris mondialement
mais il faudrait 30 ans à la FDA pour auditer tous les sites de fabrication chinois
actuellement ouverts.
Les génériqueurs permettent de copier les molécules, en toute légalité.
Certaines personnes pourraient avoir peur des effets secondaires de certains
médicaments génériqués ou vendus sur internet ce qui limiterait la fraude.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les sanctions de la sécurité sociale et de l’organisme de répression des fraudes
sont lourdes dans les pays développés, donc dissuasifs.
L’action publique se structure pour intensifier la lutte contre la fraude sociale.
Il faudrait créer un contrôle mondial (type OMS) pour limiter les fraudes et les
contrefaçons, créant ainsi de nouveaux métiers.
Les firmes investissent de plus en plus d’argent pour différencier les produits
originaux des produits contrefaits (packaging, hologrammes…) en raison des
enjeux financiers que représente la contrefaçon.
SYNTHESE
Le commerce des médicaments sur internet a explosé avec l’augmentation
du prix des soins.
Les gens sont tentés par des médicaments à faible coût ou par des
médicaments interdits sur le territoire national.
Le marché du médicament est tellement important et si potentiellement
lucratif, qu’il attire les contrefacteurs.
Les consommateurs qui achètent des produits en fraude soutiennent le
marché de la fraude.
La fraude et la contrefaçon génèrent un manque à gagner pour les
industriels. Ces derniers tentent de réagir en innovant.
Le patient doit être informé des conséquences de ses actes et être
conscient de ses responsabilités.
En 2030, les pays émergents vont se développer ; les gouvernements vont
chercher à localiser plutôt que délocaliser leurs outils de production de
santé.
Les génériqueurs ont ouvert la voie à une copie de molécules légales, alors
même que, dans le monde entier, la lutte contre la contrefaçon et la fraude
s’intensifie.
Les centres de production se multiplient, la culture de la fraude est
différente selon les pays. Frauder permet de gagner faussement du temps
et de se soigner chez soi.
Les mesures anti-fraudes sont longues à mettre en œuvre car la fraude est
une industrie en tant que telle.
LEÇONS A TIRER
A force de délocaliser les productions à l’international, pour limiter leur
coût, les pays se sont dessaisis de leur pouvoir de contrôle sur leur
propre production médicamenteuse. Certains font déjà machine arrière
pour rapatrier leur production localement.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 23
Il faut identifier les causes qui poussent les gens à s’approvisionner sur
internet quand il s’agit de médicaments et les informer sur les risques de
fraude et de contrefaçon et des dangers qu’ils encourent.
Les industries de santé pourraient suivre le modèle des « marques
distributeurs » comme dans l’agroalimentaire en créant leurs propres
circuits de distribution sur des produits à marketing moindre.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Informer les populations sur les risques encourus avec des produits
non homologués.
Recenser les motivations d’achat des médicaments sur internet.
Inventer de nouveaux circuits de distribution et des « marques
distributeurs ».
Développer les mesures de contrôle dans les pays sous-traitants.
Assainir
les
réseaux
de
commercialisation/distribution
en
communiquant sur les mauvaises pratiques.
Sensibiliser régulièrement (un courrier envoyé avec chaque
remboursement de sécurité sociale par exemple), les citoyens des
dangers de la contrefaçon.
Identifier les médicaments à risque et les mettre sur internet afin
que chacun puisse vérifier les dangers de se procurer ce médicament en
dehors d’un circuit de distribution sûr.
Faire prendre en charge une partie du coût des soins de ceux qui
auraient achetés des médicaments contrefaits.
Sanctionner rapidement et lourdement les sites internet vendant
des médicaments contrefaits et créer un organe de contrôle.
Créer une brigade de répression des contrefacteurs de la santé.
Mettre en lumière l'importance des vides juridiques et éthiques
des questions soulevées.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 24
IDEE RECUE n° 6 : LES NOUVEAUX MEDICAMENTS APPORTENT PEU
D'INNOVATION ET PEU D’AMELIORATION POUR LE PATIENT
ARGUMENTS POUR
Quand on parle de nouveaux médicaments, il faut différencier les évolutions de
packaging, dosage ou formulation de celles liées à la découverte de nouveaux
principes actifs, de « nouveaux » médicaments, et des médicaments
personnalisés.
Il y a une nette augmentation des médicaments génériques qui copient les
médicaments existants. Ils représentent 80% des dépôts d’autorisation de mise
sur le marché en France aujourd’hui.
La recherche sur les maladies orphelines n’étant pas suffisamment soutenue, peu
de nouveaux traitements sont mis à disposition des patients.
L’industrie pharmaceutique ne veut pas mettre sur le marché des produits non
brevetables qui font pourtant leur preuve à l’hôpital, comme l’association de
produits existants dont le brevet est déjà tombé dans le domaine public.
Il n’y a plus de recherche en Europe.
La recherche coûte trop cher pour investir dans de nouvelles molécules.
Le développement des médicaments suit une logique de marché via le retour sur
investissement et pas une logique de développement des maladies.
Il y a un problème d’hégémonie de la médecine allopathique et du médicament :
les médicaments qui agissent sur des paramètres physiques peuvent ne pas
suffire à régler des problèmes psychiques et psychologiques.
La pression du profit à court terme limite les investissements longs termes qui
seuls, peuvent donner naissance à de nouveaux médicaments.
Les laboratoires qui sont capables d’avoir de nombreuses molécules dans leur
portefeuille de développement sont ceux qui laissent aux chercheurs une certaine
liberté d’explorer ou qui investissent sur des contrats à long terme avec le public.
ARGUMENTS CONTRE
Les autorités régulatrices affichent qu’elles surveillent de façon stricte le service
médical rendu (ASMR).
Il y a des nouveaux médicaments, notamment contre le sida et contre certains
cancers. Ces maladies qui n’étaient pas traitées auparavant le sont aujourd’hui.
C’est grâce à certains traitements efficaces que l’on peut faire des interventions
chirurgicales de plus en plus sophistiquées (greffe sur les bébés, par exemple).
La prise de conscience des « spécialistes » et des politiques de l’enjeu médical et
social lié à la Douleur a entrainé un développement significatif des traitements
antidouleurs et a donné naissance à de nouveaux médicaments.
Il existe un nouveau processus de prévention amont-aval depuis le fœtus
jusqu’aux soins palliatifs pour la fin de vie.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 25
Des chirurgiens ont créé de nouvelles techniques d’intervention afin de limiter la
prise de médicaments anti-rejets.
Certaines innovations sont faites pour minimiser les effets secondaires de
médicaments. D’autres permettent de lutter contre la contrefaçon.
L’apparition d’une maladie virale comme le SIDA a renforcé la connaissance des
virus et des pathologies, débouchant sur l’apparition de nouveaux traitements.
Il reste beaucoup à découvrir : les dérivés des plantes, les produits de la mer ; tout
ceci peut donner lieu à de nouvelles innovations.
SYNTHESE
Le traitement de la maladie se définit comme des prescriptions
(médicamenteuses ou non) données pour combattre la maladie, quelle
qu’elle soit : latente, aigue, chronique, à visée préventive ou curative, dans
une approche aussi bien orientale qu’occidentale.
Une évolution de conditionnements, de dosage ou de formulation n’est pas
nécessairement synonyme d’innovation pour les patients qui considèrent
qu’une vraie innovation porte sur la découverte de nouveaux principes
actifs.
Les investissements en R&D n’augmentent pas, alors même que s’accroît
l’exigence des populations d’être mieux soignées.
Des découvertes vraiment nouvelles nécessitent une recherche à long terme
avec les investissements et la prise de risque associés.
Toutefois la connaissance se développe ; on observe une augmentation
drastique des savoirs en matière de virus ; on perçoit également de
nouveaux débouchés pour les dérivés de plantes et les produits de la mer,
par exemple.
Il y a sans cesse de nouvelles recherches et découvertes, une meilleure
connaissance des virus et maladies, qui mettent l’accent sur de nouveaux
débouchés.
LEÇONS A TIRER :
Les exigences de rentabilité à court terme des sociétés limitent les
investissements à long-terme de la recherche et du développement. Ils
nuisent à l’innovation et donc à la découverte de nouvelles molécules ou
de nouveaux modes de traitement.
La chute des brevets dans le domaine public et le développement des
génériques conduisent à une stagnation en matière de médicaments.
De nouvelles pathologies et de nouvelles populations à traiter devraient
stimuler la recherche et l’innovation.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 26
Les institutions régulatrices pourraient être utilisées plus efficacement et
intégrées dans la réflexion globale sur le parcours de soin dès le début
du processus.
L'éducation des patients consommateurs est nécessaire pour les rendre
responsables de leurs actes afin qu’ils mesurent les risques et les
avantages de leurs choix.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Identifier les causes de la baisse de la créativité et de l’innovation.
Relancer/stimuler l’innovation de la recherche et des traitements
potentiels, toutes branches industrielles confondues, en développant des
partenariats plus nombreux et plus efficaces associant l’ensemble des
acteurs.
Repenser les partenariats publics/privés pour financer les essais
cliniques qui coûtent de plus en plus chers.
Repenser le parcours de soin globalement et élargir les recherches
en associant des phases médicamenteuses curatives et des
accompagnements de prévention holistique plus long termes.
Créer un glossaire des bienfaits des nouveaux médicaments par
rapport aux médicaments d’usage bien établi pour promouvoir le bienfait
des innovations déjà réalisées, accessible sur Internet.
Sensibiliser les citoyens au rôle des médicaments, redonner la
place de conseil de santé au pharmacien.
Encourager et convaincre les entreprises pharmaceutiques à innover
également pour soigner les maladies endémiques touchant les
populations à faible pouvoir d’achat.
IDEE REÇUE N° 7 : L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE A UN OBJECTIF
DAVANTAGE
ORIENTE
VERS
LE
BUSINESS
QUE
VERS
L’AMELIORATION DE LA SANTE HUMAINE
ARGUMENTS POUR
Les coûts de promotion de médicaments, marketing et publicité, sont aussi élevés
que les coûts de recherche et développement.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 27
L’industrie pharmaceutique cherche à promouvoir de nouvelles maladies pour
vendre de nouveaux médicaments ou de nouvelles indications, au lieu de fournir
des médicaments pour soigner les maladies existantes.
Des campagnes de prévention existent déjà et sont mises en place, c’est la
mission principale de l’Organisation Mondiale de la Santé.
La sous-traitance massive en Asie rend difficile l’application des normes de
qualités, malgré les lois, car la façon de voir le monde est différente de celle de
l’occident. La protection des brevets n’est pas la même qu’en occident.
L’industrie pharmaceutique s’intéresse davantage à des populations à forte
contribution et pouvoir d’achat, comme l’Europe, pour lancer sur le marché les
nouveaux médicaments plutôt qu’à traiter les pathologies, même d’envergure,
dans des pays en voie de développement (exemple des médicaments anti sida et
l’Afrique).
Il y a une contradiction entre le fait de travailler pour la santé des individus et la
logique de business (rentabilité économique, croissance, performance) quand
celle-ci implique une forte pression et donc un impact direct sur la santé de ses
propres salariés (risques psychosociaux)2.
ARGUMENTS CONTRE
Les fonctions de business sont occupées par des médecins ou des pharmaciens.
Même si le périmètre du médicament, est défini par le code de la santé publique
loi (article L. 5111-1)3, la santé peut avoir un sens élargi et des industries autres
que pharmaceutiques peuvent aussi s’occuper de la santé : c’est le cas des
compléments alimentaires, des industries agroalimentaires, des industries
chimiques, cosmétiques, biotechnologiques, du bien-être, des dispositifs
médicaux.
L’industrie pharmaceutique est un secteur d’activité avec un modèle économique
bien défini : les marges sont utilisées à des fins de réinvestissements souvent
lourds, dont ceux de la R&D, et pas seulement pour créer de la valeur financière
pour l’actionnaire.
Les contraintes réglementaires croissantes imposent un coût de R&D de plus en
plus lourd. Pour dépasser cette barrière d’accès au marché il est nécessaire
d’avoir un modèle économique puissant : les concentrations et les fusions des
gros laboratoires permettent de créer des synergies et d’investir plus pour
innover.
Les fusions des laboratoires peuvent présenter un certain intérêt pour les pays :
avoir un gros laboratoire capable de soigner la population nationale en priorité,
permet à un pays de préserver son indépendance et de privilégier la santé
nationale.
La prospective des risques psychosociaux n’est pas abordée dans ce cahier, car elle fait l’objet d’un travail prospectif
déparé, toutes branches confondues
3
"On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou
préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée
chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer,
corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou
métabolique." (CSP, L. 5111-1).
2
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 28
Les pouvoirs publics prônent l’engagement et la solidarité de l’industrie
pharmaceutique qui doit continuer à travailler pour distribuer et trouver des
médicaments pour la population, même en cas de pandémie.
L’industrie pharmaceutique a trouvé des médicaments très efficaces, dans le
domaine des greffes, suite à un travail remarquable, également dans les maladies
orphelines.
SYNTHESE
L’industrie pharmaceutique est une industrie de profit avec parfois un
déséquilibre des investissements entre recherche et développement (R&D)
et marketing/publicité ayant pour conséquence une surcharge de la facture
de santé.
L’industrie pharmaceutique va devoir redéfinir son périmètre de
compétences pour les années à venir (ouverture aux compléments
alimentaires, instrumentation, systèmes médicalisés d’assistance à
domicile, et pourquoi pas l’agroalimentaire, comme les yaourts pour
prévenir le cholestérol…).
Les actionnaires et les fonds de pension doivent prendre en compte le juste
équilibre entre la santé des salariés (conditions de vie, de travail) et la
santé des entreprises.
Cette démarche implique de ne pas uniquement penser à court-terme, mais
aussi à moyen et long terme.
Il faut réfléchir à une politique économique et industrielle globale nationale
pour l'ensemble des industriels afin de mesurer les impacts de toute
dépendance à l’égard de partenaires ou d’investisseurs étrangers et
respecter les équilibres nationaux et internationaux.
Les budgets de marketing sont parfois aussi élevés que les budgets de R&D.
Faire de la publicité sur la bonne santé économique de l’entreprise ne doit
pas se faire au détriment des investissements de R&D en termes de santé
et bien-être.
L’industrie pharmaceutique parvient à sortir des médicaments orphelins
efficaces ; elle est également soutenue par les pouvoirs publics dans sa
mission de santé publique.
Les moyens de R&D à mettre en œuvre nécessitent des moyens financiers
de plus en plus importants ce qui justifie les regroupements de laboratoires.
Le nombre important de personnel issu du corps médical dans les
laboratoires devrait permettre de garantir le respect d’une certaine éthique.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 29
LEÇONS A TIRER
Le business et l’innovation sont deux enjeux qui ne sont pas
nécessairement incompatibles. Ils sont même primordiaux pour
accélérer le développement des thérapies et des protocoles de soin.
Les sphères publiques et privées pourraient coopérer pour accélérer les
synergies.
Une vision purement marchande du business de la santé risquerait d’être
un frein à la prise en charge globale de la santé vue du côté du
consommateur, patient, client que nous sommes tous.
Une moindre maîtrise des différents aspects socio-économiques sans
penser en termes de Développement Durable pourrait entraîner des
risques de dérive et se retourner contre les individus, tous
potentiellement susceptibles, à un moment ou un autre d'être patient,
voire impatient car malade !
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Repenser la contribution de l’industrie pharmaceutique dans la
société à un niveau plus global d’accompagnement de la Santé Humaine,
avec les autres secteurs industriels.
Calculer le coût lié aux mauvaises conditions de travail en termes
de dépenses de santé supplémentaires et le manque à gagner généré
par les maladies.
Renforcer les campagnes de prévention et développer la place des
autres acteurs de prévention en termes de maintien d’équilibre de la
santé.
Développer des politiques internationales imposant l’accès aux
soins pour tous.
Revoir le rôle des acteurs pour leur permettre de jouer un rôle plus
central dans la déclinaison des politiques de santé (par exemple, le
pharmacien comme un relais social au niveau de la prévention, les
diététiciens ou naturopathe dans l’équilibre de la nutrition…).
Créer un organe de vigilance santé par des pharmaciens habilités à
réaliser des diagnostics santé au niveau d’un quartier, d’une commune
et d’un territoire.
Conditionner les résultats des sociétés à une obligation sociale,
en inscrivant leurs activités dans le grenelle du développement durable.
Communiquer vers tous les publics sur les produits de santé et aussi
sur les démarches de recherche et développement ou d’amélioration de
la santé humaine.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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IDEE REÇUE N° 8 : LES PARTENARIATS PUBLICS/PRIVES (PPP) SE
DEVELOPPENT ET SONT LA CLE POUR L’INNOVATION ET LE
MAINTIEN DU SYSTEME DE SANTE
ARGUMENTS POUR
Les PPP permettent des investissements lourds que le public seul ne peut pas
assumer et qui ont a priori un intérêt général pour la collectivité.
Le PPP ne se résume pas à un mode de financement, c’est aussi un nouveau
modèle de collaboration public/privé.
Les PPP constituent un des moyens les plus efficaces d’organiser l’offre de soins
sur un territoire ; l’idée étant de prendre en compte la logique territoriale dans
l’offre de soins.
La recherche fondamentale est faite par l’INSERM et le CNRS, et par les
institutions publiques de façon plus générale.
Les PPP permettent de combiner deux logiques : une logique d’intérêt général
(public) et une logique de rentabilité (privé) ; ceci permet de réconcilier deux
temporalités, la logique du court terme et la rentabilité (le privé) et la logique du
plus long terme et de l’intérêt général (le public).
On observe une structuration du cadre législatif et réglementaire dans la santé.
La coopération territoriale implique les PPP pour couvrir l’ensemble du territoire et
offrir une offre globale de santé aux patients.
Il faut des PPPE (E pour Européens).
Les compétences scientifiques et techniques sont de l’intérêt général (le public).
Il faut développer et utiliser l’intelligence collective en réfléchissant à l’échelon de
la planète en intégrant tous les types d’acteurs, public, privé, consommateurs,
financeurs…et communiquer efficacement vers toutes les cibles concernées.
La collaboration PPP ne peut que se développer en raison de l’état du système de
soins français ; c’est une source d’amélioration de la qualité des soins.
Il y a une structuration du cadre législatif et réglementaire dans la santé.
La coopération territoriale implique les PPP pour couvrir l’ensemble du territoire et
offrir une offre globale de santé aux patients.
Il existe une création d’offre de santé par le biais des PPP : maison de santé
pluridisciplinaires qui sont le fruit d’une collaboration PPP.
Le rapprochement de systèmes de pensées différents et de mode d’organisation
différents peut créer des synergies créatives.
Les PPP peuvent permettre de faciliter le développement de l’innovation
(biotechnologies, petites entreprises, start up, formation …)
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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ARGUMENTS CONTRE
Le développement des PPP peut conduire à spécifier ou à s’engager dans des
projets dont la rentabilité économique est un critère important.
Les nouveaux systèmes de sécurité sociale détruisent la relation médecin /
patient : c’est le principal obstacle au maintien du système de santé.
Le secteur public est trop «gangréné» et trop peu puissant pour être efficace dans
la concurrence acharnée des lobbies industriels : le PPP ne se fait pas de façon
équilibrée, à l’avantage des investisseurs privés.
Le maintien des systèmes de santé demande un effort financier individuel
important
Le public et le privé ont une vision différente de l’excellente, qui crée des
difficultés pour mettre en place une telle stratégie d’excellence.
Le public se focalise sur des activités peu rentables, le privé sur des activités plus
rentables, notamment à l’hôpital et ceci au détriment de l’innovation et du
système de santé.
Une des dérives possibles des PPP est l’opérationnalisation de la recherche sur
des résultats court-termes.
SYNTHESE
Le concept de PPP est un concept très vaste, qu’il convient de délimiter, les
PPP permettent des investissements lourds que le public seul ne peut pas
assumer et dont on peut penser qu’ils ont un intérêt général.
Seul le public a les moyens d’investir sur des très gros équipements mais le
privé a la capacité de financer le court et le moyen terme.
La production de la connaissance est fondamentale pour le développement
de nouveaux soins et se situe pour l’essentiel du côté du public.
Les PPP doivent faire fonctionner ensemble des logiques contraires ou
orthogonales notamment concernant les échelles de temps et la notion de
rentabilité.
Les PPP devraient pouvoir fonctionner dans de bonnes conditions si on
identifie bien les bénéfices à tirer pour tous les types d’acteurs.
Concevoir la formation et l’enseignement en lien avec les besoins des
entreprises doit être engagé ; il faut cependant se focaliser sur les besoins
à long terme, pas d’opérationnalisation à court terme.
Les deux systèmes ont vocation à œuvrer de concert pour le bien de la
santé, ils ne s’opposent pas et sont au contraire complémentaires.
Les PPP pourraient nuire à la R&D en cherchant à promouvoir des résultats
courts termes alors même que la R&D a besoin du long terme pour délivrer
des résultats significatifs.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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LEÇONS A TIRER
Les objectifs des PPP doivent être bien définis ainsi que le rôle des
différents acteurs et les bénéfices réciproques.
Des modalités de travail en commun sont à inventer.
Les objectifs à long terme public/privé doivent être communiqués.
La nécessité d’apprendre à travailler ensemble ; chacun doit être
reconnu pour ses compétences et son savoir-faire.
C'est une démarche à long terme, elle s'inscrit dans le cadre du
Développement Durable.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Analyser les besoins et les enjeux de chaque secteur public ou
privé, les échelles de temps et de financement.
Valoriser chacun dans son rôle, sa valeur dans le PPP avoir des
objectifs clairs pour chacun des acteurs, et communiquer sur les
bénéfices mutuels.
Avoir une réflexion prospective (préventive) et pas une logique
réactive de solutions a posteriori pour combler des défaillances.
Présenter, dans un cadre négocié, ce que chacun peut prendre
concrètement en charge de façon réaliste dans une logique contractuelle
de développement, d’intérêt et de richesse.
IDEE REÇUE N° 9 : L’HOPITAL PUBLIC EST INGOUVERNABLE ET
COUTE TROP CHER
ARGUMENTS POUR
L’hôpital coûte trop cher à l’Etat, il aggrave le déficit de la sécurité sociale, il faut
donc le privatiser.
Il faut réfléchir au nouveau positionnement de l’Etat dans les dépenses de santé,
inventer des passerelles public-privé, apprendre à mieux travailler ensemble.
L’hôpital est réticent à appliquer les méthodes de management du privé.
Le même travail à l’hôpital public pourrait être fait avec 3 fois moins de personnes
car les écarts de productivité entre le public et le privé vont de 1 à 8.
Les conséquences en termes de coûts sont plus fortes pour le public que pour le
privé, car le patient ne veut plus prendre le moindre risque.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les structures hospitalières publiques sont énormes, donc ingouvernables.
La gouvernance hospitalière est beaucoup trop complexe entre les médecins,
administrations, services, multiplicité des centres de décision, l’absence de
délégation entre administration centrale et les différents pôles à direction
tripartite (médecin, administratif, cadre de santé).
Il y a trop d’enjeux contradictoires liés au lobby, business, enjeux sociaux,
économiques, politiques, scientifiques, juridiques… qui crée des corporatismes et
de la concurrence interne qui neutralisent un bonne gouvernance (luttes de
pouvoir et difficultés à travailler ensemble).
L’hôpital n’a pas su s’adapter, ni restructurer son offre.
L’hôpital n’a pas les moyens d’une gouvernance intelligente. Les ministères ne
s’intéressent jamais aux réalités de terrain et prennent des décisions
inapplicables. Les outils de gestion sont inadaptés aux situations.
L’hôpital fonctionne avec du personnel faiblement rémunéré (stagiaires de tous
ordres : médecins, personnels infirmiers, kinésithérapeutes, médecins étrangers
discriminés) ce qui entraine un problème de gouvernance et de motivation des
salariés.
ARGUMENTS CONTRE
Le rôle social de l’hôpital : les CHU ont un rôle majeur en matière de recherche,
l’offre de soins des hôpitaux français est une des meilleures du monde.
Un hôpital représente beaucoup d’emplois et a une fonction de régulation socioéconomique sur le territoire.
L’hôpital prend en charge les pathologies très lourdes que le privé ne peut
assumer.
L’hôpital n’est jamais trop cher quand il faut sauver des vies.
L’hôpital peut se réformer ; il est possible d’agir sur les coûts, les recettes,
d’optimiser les processus, d’améliorer la gouvernance.
On peut réguler l’offre de santé sur le territoire avec une meilleure articulation
ville/hôpital.
L’hôpital a une vocation universitaire de recherche.
SYNTHESE
L’hôpital apparaît comme ingouvernable mais il est engagé depuis plusieurs
années dans de nombreuses réformes structurelles (mise en œuvre des
ARS, regroupements territoriaux, certification, T2A, réforme de la
gouvernance…) qui ont pour objectif d’améliorer globalement la
performance du dispositif et dont la mise en œuvre est longue et de grande
ampleur.
La gouvernance est complexe, les patients sont de plus en plus réticents
aux risques.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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L’hôpital remplit parfois des fonctions qui devraient relever du médico-social
(recours aux urgences non justifiées, personnes âgées ne disposant pas
d’autres structures d’accueil…).
Les établissements publics de santé sont dimensionnés pour assurer une
prise en charge des patients dans toutes les situations (permanence des
soins, crises sanitaires, catastrophes…). Cette capacité de recours n’est pas
financée.
Il est nécessaire de mettre en évidence le rôle, le positionnement de
l'hôpital dans le système de santé actuel ; ainsi, en France, le poids des
hôpitaux privés à but non lucratif est beaucoup plus important que dans les
autres pays européens4.
26% des hospitalisations totales sont effectuées par des cliniques privées,
dont l’activité est concentrée sur les actes les plus lucratifs. Les cliniques
traitent le plus souvent qu’un nombre limité de pathologies, alors que
l’hôpital prend en compte tous types de situations sans prendre en compte
leur rentabilité.
L’hôpital public continue de jouer un rôle central dans la recherche médicale
et l’innovation (2 Milliards d’euros par an, soit plus de 15 % du budget des
CHU sont consacrés à la recherche).
L’hôpital est un acteur économique majeur, non seulement en termes
d’emplois, mais aussi d’achat de biens médicaux et de services (13 Milliards
d’euros par an).
LEÇONS A TIRER
La santé est un enjeu sociétal majeur, car elle est le témoignage de
l’état d’un pays, de ses moteurs et ses freins ainsi que de son ambition.
Il est nécessaire de repenser son organisation en ayant une vision
transversale et territoriale de la santé qui mette l’accent sur les priorités
et les enjeux santé d’une région et d’un pays.
Eviter la mise en concurrence public/privé, penser davantage à la
complémentarité intelligente et in fine, au service de chaque personne.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Redéfinir les interactions entre hôpital, formation médicale, et
recherche.
4
source : enquête sur les caractéristiques des systèmes de santé, OCDE 2008-2009
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Revoir les modes de financement, en particulier celles des missions
de service public.
Appliquer à l’hôpital des méthodes de gouvernance adaptées à son rôle
et sa complexité.
Poursuivre les réformes engagées et le développement de pistes
de recherche de performance (mutualisation des achats,
restructurations territoriales, rationalisation des processus internes…)
tout en maintenant le niveau de qualité des soins.
Mettre le secteur hospitalier sous tutelle d’un organisme
gouvernemental avec un comité de professionnels, de sages.
Reconnaître la multiplicité du rôle de l’hôpital : social, recherche,
actes de soins courants…
IDEE REÇUE N°10 : IL N’Y AURA PLUS DE MEDECINS EN FRANCE EN
2025
ARGUMENTS POUR
Le constat de ces dernières années montre qu’il y a une désaffection des
professions médicales par les générations actuelles. Selon ces générations, ces
professions ne seraient pas assez rémunératrices, pas assez attractives et
beaucoup trop exigeantes.
5 % des médecins souhaitent exercer une activité salariée pour garantir leur
revenu. C’est d’ailleurs dans cet esprit, que certains médecins s’orientent vers la
psychanalyse, pour bénéficier d’un taux horaire plus avantageux.
Cette désaffection se renforce avec le retour des étudiants étrangers formés en
France, vers leur pays d’origine. Ce qui constitue une perte sèche en termes de
rentabilité économique pour l’investissement sur ces populations en termes de
formation.
Le numérus clausus en médecine a été trop faible durant de nombreuses années,
ce qui a limité le nombre de médecins formés en France. Aujourd’hui même si ce
dernier a augmenté il ne tient pas compte des médecins qui travaillent à mitemps ou pas, ou qui ne travaillent plus.
Le primaire souffre d’un appauvrissement de l’enseignement des matières
scientifiques. et cette perte de qualité est de nature à démotiver les écoliers
d’entamer des carrières médicales longues. En outre, ces carrières sont
dévalorisées au sein même de l’institution hospitalière.
Le montant accru des assurances obligatoires pour couvrir les risques médicaux
depuis quelques années freine les bonnes volontés, en rendant moins attractives
ces carrières.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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En France, nous sommes face à de véritables déserts médicaux, alors même que
nous faisons face à un vieillissement de la population.
Les médecins partent à la retraite de plus en plus tôt, ce qui va générer une
situation de pénurie et de déficit dès 2015.
La tendance est à un développement du tout préventif pour éviter de tomber
malade, ce qui entraine des répercussions indéniables sur les professions
médicales.
Cette évolution vers une médecine de plus en plus « sociale et sociétale », va
modifier l’organisation du travail et la notion même de médecin tendra à évoluer,
pour s’adapter aux nouvelles exigences de nos sociétés modernes.
Les médecins seront davantage insérés dans le corps social (entreprises…), plutôt
que dans les cabinets et les hôpitaux, comme aujourd’hui.
On assistera à une nouvelle répartition des soins : les actes de vision sont d’ores
et déjà réalisés par les opticiens qui prennent de plus en plus la place des
ophtalmologistes. Les sages-femmes en France, les « Nurse practitionner » aux
USA, feront de plus en plus d’actes médicaux.
ARGUMENTS CONTRE
Face aux déserts médicaux, et dans un contexte d’augmentation du numérus
clausus, on verra la mise en œuvre de politique d’équilibre de la démographie
médicale, par les futures Agences Régionales de Santé.
Il y a un développement renforcé de partenariats, et de coopération sanitaire
entre le public et le privé pour une meilleure répartition territoriale.
Face à une médecine de plus en plus performante, l’univers des spécialisations va
aller croissant.
Les médecins auront plusieurs cabinets, ce qui est interdit aujourd’hui. Ils
pourront exercer à plusieurs endroits (les hôpitaux ruraux, les maisons de santé
qui vont de plus en plus se développer).
Les jeunes sont très concernés par les changements sociétaux, et sont prêts à
s’investir pour changer le monde, y compris en devenant médecin dans les ONG,
et en se dévouant pour les causes telles les maladies orphelines.
Il va y avoir une remise en question des féodalités, et l’émergence de nouveaux
concepts au niveau des soins.
La logique du tout préventif va modifier les professions médicales, il y aura
probablement moins de médecins sous la forme actuelle, mais plus de professions
soignantes, avec le développement d’une nouvelle forme de médecine : la
télémédecine, la nano-médecine.
SYNTHESE
La notion de médecin va changer comme la notion de soin.
Il n’y aura plus de médecin au sens de médiateur mental et physique entre
l’homme et son corps, c'est-à-dire qui recherche les causes des maladies en
plus d’en soigner les symptômes.
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La population jeune est contrastée : certains ne semblent pas motivés par
les carrières de médecin, difficiles et peu rémunératrices ; d’autres au
contraire se passionnent pour les grandes causes humanitaires.
Les politiques de numerus clausus antérieures se révèlent inadaptées et
sont responsables d’un manque d’effectif.
Les médecins vont devenir de plus en plus spécialisés et interviendront
dans différents types de structure.
La formation des médecins doit être adaptée face aux enjeux de la
médecine de demain et à l’évolution des mœurs.
LEÇONS A TIRER
La place et le rôle du médecin dans la société vont changer : le médecin
va intégrer des équipes multidisciplinaires de spécialistes et seront
davantage embauchés par les entreprises.
Il faut réussir à motiver les jeunes générations.
ACTIONS À METTRE EN ŒUVRE
Ouvrir ou casser le monopole de la médecine, autoriser des
pratiques de soins complémentaires : déconstruire pour reconstruire
autrement, décomposer les actes médicaux et laisser les actes
« nobles » aux médecins.
Faire évoluer la formation des médecins vers une vision à la fois
plus technique et plus holistique, ou leur enseigner à travailler en
synergie avec d’autres corps médicaux ou paramédicaux.
Chercher une nouvelle appellation pour désigner le médecin qui
englobe d’autres soignants
dans un sens plus systémique : des
psychologues médicaux, des écoutants...
Elargir la formation des médecins à d’autres domaines que la
médecine : langues, gestion, multimédia, économie, marketing,
psychologie, stomatologie…
S’orienter vers une médecine préventive (cf. étude aux Pays-Bas
avec le vélo).
Analyser
en
profondeur
les
statistiques
apparemment
contradictoires des autorités de santé pour en comprendre le sens et
l’esprit.
Faire reconnaître les spécialités non reconnues par la sécurité
sociale : psychanalystes, psychologues, acupuncteur….
Redéfinir les rôles et la place du médecin dans la société, dans un
territoire, dans une communauté.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Redynamiser l’enseignement des sciences en faisant entrer la
recherche dans les écoles.
Faire évoluer la pédagogie afin de remotiver les jeunes générations.
Inventer des mesures incitatives et financières pour rendre les
carrières attrayantes, comme les lieux géographiques.
Informer les patients sur les rôles et responsabilités du médecin
qui n’a pas toujours toutes les réponses pour résoudre leurs problèmes.
Augmenter la prévention en utilisant les professionnels de santé
hors marché : les seniors, retraités, en réduisant la fracture sociale
riches/pauvres, médecine à deux vitesses.
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2. LES FACTEURS DE CHANGEMENT :
EVOLUTIONS, RUPTURES ET INERTIES
A la différence des idées reçues, axées vers le passé ou le présent, les
facteurs de changement sont des paramètres tournés vers l’avenir, à un
horizon donné.
Ils influent sur la question de réflexion choisie et ont directement ou
indirectement un impact sur l’évolution des acteurs et métiers de la santé
sur les 20 ans à venir.
Les facteurs de changement peuvent être pressentis, souhaités ou
redoutés. Ils peuvent également constituer des ruptures ou des inerties qui
empêchent le changement. Ils servent de base à la construction des
scénarios présentés dans la partie suivante.
Nous avons repéré et listé les principaux changements, les inerties
et les ruptures pressentis, souhaités et redoutés, qui auront un impact sur
l’activité de l'entreprise ou du territoire à l’horizon 2030 au cours des
prochaines années, au niveau réglementaire, technologique, économique,
social et organisationnel.
Les métiers considérés sont ceux des offreurs de soin au sens large, c’est à
dire pour les secteurs suivants :
• Hôpitaux, cliniques,
• Industrie pharmaceutique,
• Industrie des alicaments, cosmétiques, agroalimentaire,
• Accompagnement du vieillissement et de
la prise en charge de la
dépendance,
• Accompagnement paramédical, psychologique, non médicamenteux,
• Bien être et prévention.
Après avoir repéré et listé les principaux changements, inerties et ruptures,
nous les avons hiérarchisés selon leur importance ou selon la maîtrise que
l’on en a actuellement dans le cadre de notre question. Leur classement a
permis d’aboutir à 41 changements critiques (ou facteurs de changements).
Parmi ces 41, nous en avons dégagé les 9 principaux changements ou
enjeux du futur qui ont une importance forte et dont la maîtrise actuelle est
faible :
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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1. Il y aura des nouveaux soignants et un décloisonnement des
intervenants en fonction des pathologies : médecins, ostéopathes, le
pharmacien qui traitera les pathologies courantes, des opérations à
distance, les accompagnants à la prévention et au bien-être.
2. Nous aurons tous une puce sous la peau pour recenser nos maladies,
nos traitements, nos gènes.
3. L'émergence de nouvelles pathologies est liée à la vie moderne hi-tech
(les futurs scandales sanitaires du téléphone portable, du téflon, du
microonde, des plaques à induction, de l’écran d’ordinateur, des jeux
vidéo) et à l'environnement (risques psychosociaux liés au management
par objectif, le rapport à la performance).
4. L'état des finances publiques pose la question de la soutenabilité
financière des systèmes de protection sociale, avec un risque de hausse
des prélèvements obligatoires.
5. La montée du pragmatisme en France sur la santé : la vie jusqu'à
quand, les soins jusqu'à quelle avancée de la maladie, et
l'investissement jusqu'où?
6. La délocalisation industrielle avec une volonté de main mise des pays de
délocalisation sur la production : les sous-traitants protestent et veulent
imposer leurs normes.
7. Il y aura un G20 de la santé : être dans la coopération plutôt que dans
les compétitions entre pays pour le partage des informations et des
soins.
8. l'automédication va se développer.
9. Les flux migratoires : les populations qui n'auront pas les moyens de se
soigner demanderont à l'Etat des remboursements élevés, du fait de
pathologies graves difficiles à traiter dans leurs pays d’origine.
Les facteurs de changement ont été systématiquement explorés en termes
d’enjeux et d’objectifs pour l’entreprise ou le territoire, puis travaillés en
réfléchissant aux moyens et actions dont nous pouvons disposer pour
accroître leur maîtrise.
Cette analyse permet de recommander des actions pratiques, puis avancer,
et suggérer des pistes de solutions.
Cela nous a permis de nous préparer pour la construction des scénarios
extrêmes présentés dans la partie suivante.
Nous présentons à titre d’exemple le facteur de changement critique
suivant : Nous aurons tous une puce sous la peau pour recenser nos
maladies, nos traitements, nos gènes.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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EXEMPLE DE CHANGEMENT CRITIQUE « NOUS AURONS TOUS UNE PUCE SOUS LA PEAU POUR
RECENSER NOS MALADIES, NOS TRAITEMENTS, NOS GENES ».
Les puces sous-cutanées, conçues au départ pour des applications militaires et industrielles de
surveillance et de sécurité, se développent pour intégrer progressivement notre quotidien. Remplacement
des moyens de paiement classique, protection contre le vol et les agressions, elles vont également
permettre à des personnes âgées déficientes d’appeler plus rapidement à l’aide, voire de sauver des vies
en cas d’accidents ou de catastrophes.
Sur le plan médical, les implants électroniques sont connus et acceptés depuis longtemps sous leur forme
de pacemaker. Aujourd’hui, on vante leur capacité d’agir comme un dossier ambulant et actualisé en
temps réel. Plus besoin de carte vitale, ni de transporter ses radios, toutes les données seront stockées
dans la puce, qui sera lue dans les services de soin ou par les sauveteurs lors d’un accident permettant
des décisions rapides et adaptées. D’autres implantées dans le cerveau participent à la stimulation de
différentes fonctions nerveuses : réduction des tremblements pathologiques, récupération des fonctions
de préhension, réduction des troubles de l’humeur.
Aujourd’hui, le marché des micro-puces sous-cutanées est détenu majoritairement par une société
américaine, ayant des partenariats dans le monde entier. Les pays en voie de développement sont les
premiers clients avec implantation des puces sur les enfants. Le Groupe Européen d'Ethique des
sciences et des nouvelles technologies a produit un rapport concernant les aspects éthiques des implants
utilisant les technologies de l’information (TIC) dans le corps humain. 5.
Le développement des micro-puces soulève de nombreux débats. A côté du design très clinique des
entreprises impliquées prônant les avantages médicaux des puces, un foisonnement de sites internet
qualifient la puce sous cutané ou « verichip» (nom commercial de la micro-puce développée par Applied
Digital) comme la pire menace que l’humanité n’ait jamais rencontrée
Enjeux, conséquences, menaces et opportunités
Un moyen de dépassionner le débat consiste à examiner les différents aspects de ce développement
technologique et sociétal : quels bénéfices attendus, quelles dérives possibles ?
Sur le plan scientifique et technologique, le développement des biocapteurs devrait générer de gros
efforts de recherche et déboucher sur de nouveaux savoirs.
Pour optimiser l’usage des puces, une connaissance toujours plus fine du corps humain et des matériaux
sera nécessaire. Paramètres biologiques, connections neuro-motrices ou fonctionnement des organes
cibles, mais aussi résistance et innocuité des composants de la puce, biocompatibilité et phénomènes de
rejets autant de sujets d’intérêt dont les débouchés pourront s’étendre à d’autres problématiques.
5
http://ec.europa.eu/european_group_ethics/docs/avis20_fr.pdf
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Jusque là relativement limitée, on peut envisager que le recherche sur les effets nocifs des ondes soit
dorénavant développée par les firmes productrices de puces pour prouver que leur produit ne présente
aucun danger.
Sur le plan de l’instrumentation, de tels systèmes requièrent une miniaturisation toujours plus importante
applicable à d’autres domaines et posent des questions de stockage, de fiabilité et de sécurité des
données essentielles à l’heure du tout numérique.
Certains aspects positifs des puces sont indéniables, en particulier lorsqu’elles permettent de sauver la
vie des personnes et de leur porter secours. Néanmoins il est prudent de garder à l’esprit toutes les
dérives possibles.
Si elles peuvent apporter un soulagement réel aux dépressifs profonds résistants à tout traitement
classique et qui se sont portés volontaires, les puces pourraient potentiellement modifier à leur insu les
comportements et performances des citoyens qui auraient été implantés dès leur naissance sans leur
accord.
Un autre aspect concerne le risque de piratage des données médicales et personnelles. Les concepteurs
minimisent le risque en arguant d’une portée faible du signal émis par les puces, tout en vantant dans le
même temps les mérites de ces dernières pour le repérage par satellite des enfants kidnappés ou des
personnes accidentées…
Un des pires scenarios met en scène des agressions destinées à voler les puces à leur propriétaire pour
créer de nouvelles identités aux agresseurs ou à leurs potentiels clients.
Enfin, dès lors qu’il devient possible de contrôler les individus à tout moment à travers leurs données
médicales ou financières, la liberté des droits de l’homme est en danger.
En effet, la puce pose, certes, le problème de liberté et d’éthique et place l’individu qui la porte comme un
facteur de risque potentiel pour transmettre une maladie ou un gène, lors de ses déplacements hors
frontières. Cette puce pourra être un frein à nos déplacements, car certains pays pourraient refuser
l’entrée à des individus porteurs de telle puce.
Dans ce contexte, la gestion et la sécurisation des données deviennent plus que jamais un enjeu
économique, social, sociétal et éthique.
En poussant la logique, dans une logique de système de soin contrôlé par l’entreprise rendue garante de
la santé de ses employés, un individu non « pucé » pourrait se retrouver dans l’impossibilité de se faire
soigner, d’être employé ou rémunéré.
Objectifs face à ces enjeux, orientations stratégiques
Afin de réduire les risques de dérive, il faut :
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Définir avec précision les frontières de l’éthique, les faire évoluer au fur et à mesure des progrès
technologiques.
Créer des organes de surveillance et des comités consultatifs appropriés
Faire travailler ensemble des experts de différents horizons au niveau international
Créer des fonctions de médiateurs indépendants et protégés
Développer un contrôle international pour protéger les populations contre le monopole international d’une
seule puissance détentrice de tous les brevets et licences
Envisager les risques liés au traitement des données à distance, y compris dans des contextes de
catastrophes naturelles ou d’instabilité politique.
Adopter une position claire dans les entreprises vis-à-vis de salariés « pucés » ou pas. En particulier, si
l’entreprise devient responsable de la santé de ses salariés, il faut définir les indicateurs de diversité des
salariés pucés ou non.
Idée d’actions à mettre en œuvre pour accroître la maîtrise du changement critique
Favoriser la concurrence pour lutter contre l’hégémonie actuelle.
Créer le plus rapidement possible les instances de gouvernance : comités consultatifs sur l’éthique des
TIC dans le corps humain et sur les systèmes de contrôle de leur utilisation. Protéger les experts et
membres de ces comités de toutes sortes de pression qui pourraient leur être imposées.
Développer de nouvelles compétences en matière de protection des bases de données, de lutte contre le
piratage et la cyber criminalité.
Imaginer les scenarios pour la cohabitation des citoyens pucés et non pucés.
Affronter l’idée que ces systèmes peuvent être à l’origine d’un nouvel ordre mondial pour le meilleur ou
pour le pire.6
6
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000082/0000.pdf
les
systèmes
d’information de santé publique
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/094000539/0000.pdf la télésanté un nouvel
atout au service de notre bien-être
http://www.dailymotion.com/video/x1wkk_verichip-danger_tech (video tV news)
http://www.internationalnews.fr/article-savants-fous-le-premier-homme-cyborg-videos-40008284.html (Bioman, Pr K. Warwick)
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3. LES SCENARIOS DYNAMIQUES A 2030 :
EXPLORATION SANS MODERATION…
La méthode des scénarios dynamiques est une méthode de créativité. Elle
permet d’imaginer dans un futur lointain des scénarios volontairement
extrêmes en analysant l’évolution des grandes tendances de l’existant, ou
leurs retournements. Les scénarios ainsi explorés sont probables ou non,
voire haïssables.
Ces scénarios font une large part à l’intuition nourrie, développée et
enrichie par l’assiduité des participants au groupe de travail, lors des
phases précédentes. La réflexion collective a permis de créer une réalité
complexe enrichie à partir de nos réalités individuelles. Elles-mêmes sont
perçues à travers nos filtres individuels inconscients mis en jeu dans nos
processus de compréhension de notre monde et de notre prise de décision.
Mieux vaut construire ou maîtriser son avenir plutôt que de le subir. Pour
sortir des problèmes actuels et éviter les blocages futurs, il est nécessaire
de réfléchir à ce qui peut advenir demain, en mettant notre esprit en éveil
au service d’une réactivité rapide.
Par exemple, ce n’est pas un marchand de bougie qui a inventé l’ampoule
électrique. Il y a une part de hasard dans les inventions (la sérendipité 7) et
donc les scénarios de demain sont rarement ceux que l’on attend.
Le travail sur les idées reçues et sur les facteurs de changement a permis
de libérer les esprits sur le sujet pour que le groupe puisse accéder à sa
pleine puissance créative.
Ainsi, le groupe a extrapolé sans modération les grandes évolutions
possibles de l’univers de la santé à l’horizon 2030, et retenu les sept
scénarios dynamiques suivants :
La sérendipité, selon Christian Vanden Berghen (2005), est l’Art de se mettre en condition de
découvrir quelque chose (une information, un médicament, une technique) alors que l'on ne
travaille pas directement sur ce sujet. « La sérenpidité est souvent définie comme la capacité à
découvrir des choses par hasard. En réalité, les découvertes ne se font pas réellement par
hasard. Elles sont rendues possibles parce que celui qui fait ces découvertes s'est mis dans un
certain état d'esprit composé d'ouverture, de disponibilité, de curiosité, d'émerveillement,
d'étonnement et de pensée analogique et symbolique, celle qui permet de voir ce qui rassemble
plutôt que ce qui divise. »
7
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 45
-
Tout Pharmaceutique : les grandes industries de soins, incluant les
industries pharmaceutiques dirigent le monde de façon monopolistique.
-
Tout Préventif ou tout Psychologique; c’est le modèle de la
médecine chinoise où le préventif prime sur le curatif. On émet
l’hypothèse que toutes les maladies ont une origine psychosomatique, le
psychologique domine le physique. Ainsi, le tout préventif devient le tout
psychosomatique, le tout psychique, le tout psychologique.
-
Tout Ministère Mondial de la Santé ou tout MMS: un G8 de la santé
est organisé pour contrôler le système de santé mondial et gérer les
grandes pandémies mondiales comme la grippe H1N1.
-
Tout Etat : L’Etat reprend tout en main pour contrôler les dépenses car
les charges de santé sont devenues trop importantes.
-
Tout Local : les Etats se referment sur eux-mêmes pour se protéger,
impliquant une suspicion pour les médicaments étrangers, l’obligation
d’avoir une bonne médecine nationale, une politique nationaliste de
conservation des « bons » médecins, et un effort d’investissement sur
les industries de soins et sur la formation des médecins.
Le groupe a décidé de regrouper les scénarios Tout Etat et Tout Local.
-
Tout Technologique : la santé est entièrement pilotée et contrôlée par
la technologie
-
Tout Vert : Les écologistes dirigent le monde : non à la chimie et aux
groupements industriels.
-
Tout Consommation : c’est la domination par l’argent. Nous sommes
en démocratie et l’automédication est reine.
Il n’y a aucun a priori sur les hypothèses émises pour construire les
scénarios, ni recherche de vraisemblance, mais seulement une
extrapolation créative des idées. La projection est déclinée pour chacune
des variables retenues. Les variables ont été choisies en fonction des mots
clés qui sont revenus le plus souvent lors des différentes séances de travail.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 46
Chacun des 7 scénarios dynamiques reposent sur 6 variables communes :
-
Patient : c’est le terme générique qui est utilisé ici.
-
Système de santé : il est entendu au sens global (acteurs publics et
privés, offreurs, régulateurs et payeurs)
-
Lieux de santé : ils concernent tout lieu de diagnostic, de dispensation
de soins et de distribution de médicaments : hôpitaux, cliniques,
pharmacies, médecins libéraux, laboratoires d’analyse, cabinets de
radiologie…
-
Associations de patients : ce sont toutes les actions collectives
organisées, syndics, associations pour les maladies orphelines, mais
aussi les forums sur internet, sur le web 2.0, le Sidaction par exemple.
-
Industries de santé : ce sont toutes les entreprises qui ont une
activité en lien avec le monde médical, comme les fabricants de
matériel, de médicaments, de compléments alimentaires,
l’agroalimentaire (plantes, engrais, cosmétiques), la chimie, la
biotechnologie.
-
Professionnels de santé : ce sont toutes les professions qui peuvent
soigner ou apporter un mieux-être : médecins, pharmaciens,
psychologues, kinésithérapeutes, dentistes, sages-femmes, infirmières,
ostéopathes, ergonomes…
Bien souvent, l’être humain préfère ne pas voir certains scénarios en
espérant ainsi les éviter. Mais le constat est là : ce sont souvent ces
scénarios impossibles à imaginer ou haïssables qui se réalisent ou qui nous
font avancer, parce qu’ils rompent avec les attentes du prévisible…
Il ne faut donc pas chercher dans ces scénarios dynamiques à 2030, ni une
réponse unique, ni même des réponses opérationnelles concrètes ou
vraisemblables. En revanche, ils seront riches d’enseignement pour les
DRH, en fonction des spécificités propres à chacune de leur entreprise.
Les réponses de la prospective dépendent du type d’entreprise, de sa
structure, de son environnement. A partir des différents scénarios à
provoquer ou à éviter, chaque DRH pourra décliner plusieurs fils rouges et
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 47
proposer des stratégies correspondant à la nature des métiers et de la
branche santé concernée.
Les critères de choix peuvent se faire en traitant un scénario en particulier,
en alternant des scénarios opposés, ou bien en combinant des scénarios
extrêmes partiellement ou en totalité.
Chaque entreprise ou acteur qui étudiera ces scénarios dynamiques devra
continuer le travail abordé ici, en affinant les scénarios, au regard de sa
situation du moment, quitte à imaginer des étapes intermédiaires à 10 ans.
Chaque scénario qui suit est tout d’abord représenté par une carte mentale
heuristique qui reprend les différentes variables clés et permet une
représentation imagée de notre réflexion.
L’explication détaillée du scénario est rédigée comme une histoire où 2030
représente le temps présent.
Avant d’explorer les scénarios qui suivent, il est important de
garder à l’esprit que nous sommes en phase de créativité et non en
phase de certitude.
PREMIER SCENARIO : « TOUT PHARMACEUTIQUE »
Contexte
Les industriels de la pharmacie organisent et gèrent en situation de
monopole tout le système de la santé : ils maitrisent les lieux de
distribution des médicaments, de soins, de santé qu’ils ont totalement
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 48
repensés, et mis en place dans la perspective d’un contrôle global. La
législation de la santé a de ce fait été modifiée. Ils deviennent ainsi, les
acteurs incontournables de l’univers de la santé.
Ils excluent de leur offre de services les pathologies les plus lourdes, les
patients les plus pauvres ou qui ne peuvent pas payer. Ceci leur permet une
maitrise totale amont /aval du circuit de soins. Ils étendent leur pouvoir de
prédateur en rachetant des brevets innovants sur des marchés de niche.
Toujours dans un esprit de rentabilité et de performance économique, les
grands laboratoires ne gardent comme salariés, que les personnes
indispensables au pilotage des multiples prestataires externes (structures
de recherche innovantes ; unités hyperspécialisées). Ils font le choix des
profils de financiers au sein de directions stratégiques ou encore les salariés
qui ne coutent pas cher.
Patient
Le patient se rend à sa pharmacie de quartier qui appartient à un
laboratoire pharmaceutique. Il achète ses médicaments au prix fixé, sans
pouvoir accéder aux produits concurrents. Sa carte de santé lui impose une
exclusivité d’achat, de remboursement au même titre que son médecin
référent.
Il souffre de l’entente tacite des différents concurrents nationaux et
internationaux. Il doit se soumettre au prix du marché. Certains sont
contraints à ne pas se soigner pour des raisons économiques ou de
pathologie orpheline. Cette situation engendre dans les familles une vraie
réflexion sur l’euthanasie.
Système de santé
Les puissances industrielles allègent l’investissement de l’Etat dans le
système de santé, en l’inféodant au pouvoir de l’argent : les dépenses de
santé sont contrôlées par les industries pharmaceutiques.
L’Etat enrichit son budget de santé grâces aux cotisations des laboratoires
florissants en fonction de leur chiffre d’affaires. Il développe ainsi des
partenariats publics et privés pour la recherche. Il assure ainsi le contrôle
des dépenses pour soutenir telle ou telle fournisseur en fonction des
pathologies.
Il se recentre tout particulièrement sur les patients exclus du système de
soin pour des raisons médicales ou économiques.
L’Etat fait pression sur les laboratoires récalcitrants en bloquant l’accès à
leurs clientèles de patients s’ils n’investissent pas dans la recherche dans un
domaine précis, orientant ainsi la recherche et le développement.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 49
Les assurances et mutuelles sont financées par les industriels
pharmaceutiques jusqu’à avoir une exclusivité de remboursement pour les
produits fabriqués par un laboratoire donné.
Lieux de santé
Cliniques, cabinets en ville de soin et de diagnostic, et circuits de
distribution
et
de
vente
appartiennent
tous
aux
laboratoires
pharmaceutiques. Ces derniers accroissent leur pouvoir grâce à leur
implication dans la formation des personnels soignants, futurs
prescripteurs, dès l’université et les écoles.
Les étudiants fraichement diplômés prescrivent les médicaments et services
d’une industrie donnée en contrepartie des bourses qu’ils ont reçues pour
financer leurs études.
Le milieu universitaire est organisé pour être au service de la stratégie de
développement économique des laboratoires.
Associations de patients
Les associations de patients s’érigent en contre-pouvoir face à ces grandes
puissances industrielles. Leur ambition est de les contraindre à continuer
d’investir notamment dans le traitement des maladies orphelines, quitte à
desservir leur image auprès du public et des médias.
Pour cela, elles font face au pouvoir financier de ces lobbys en infiltrant les
conseils d’administration des établissements, les agences régionales, la
gouvernance des lieux de santé et des régulateurs.
L’association de patients se transforme en association de clients
consommateurs. Le malade affaibli soumis au bon vouloir des lobbys se
transforme en acteur combatif pour défendre son droit à la santé.
Industries de santé
Elles deviennent des holdings des fabricants de produits chimiques,
pharmaceutiques, biotechnologiques, cosmétiques, des compléments
alimentaires, des dispositifs médicaux et de toute industrie qui utilise des
technologies visant à améliorer la santé comme l’imagerie médicale.
Les holdings regroupent aussi les lieux de distribution, de santé, hôpitaux et
cliniques, de dispensation de soins, d’assurances, mutuelles, maisons de
santé …
Un marché parallèle de produits naturels se développe pour pallier à
l’impossibilité de s’offrir des médicaments coûteux.
Professionnels de santé
Les médecins prescripteurs et professions paramédicales, sont salariés des
industries pharmaceutiques. Ils bénéficient ainsi d’une sécurité financière
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 50
qui leur permet de conserver un d’équilibre entre vie professionnelle et vie
privée.
Ils ont le loisir de profiter du statut de salarié des industries
pharmaceutique tout au long de leurs études. Ils travaillent trois jours par
semaine, pour s’occuper le reste du temps, d’autres activités commerciales,
de lobbying ou encore d’activités familiales ou de loisirs.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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DEUXIEME SCENARIO : « TOUT PSYCHOLOGIQUE - TOUT
PREVENTIF»
Contexte
L’hypothèse étant que toutes les maladies ayant une origine
psychosomatique, il convient de rechercher leur cause profonde
psychologique, systémique, transgénérationelle à travers les blocages
corporels manifestes.
En 2011, c’était déjà la vision des médecines orientales, chinoises,
hindouistes, tibétaines.
Le médecin est consulté pour maintenir l’équilibre corporel et énergétique
du sujet, et prévenir l’apparition de maladies résultant d’un déséquilibre
psychosomatique ou plus global. Cette approche tend à garantir le meilleur
équilibre de vie possible.
A l’inverse de la domination des industriels de la pharmacie du scenario
précédent, le tout psychologique permet de rétablir l’équilibre de la santé. Il
s’inscrit dans une dynamique du tout préventif qui vise à rendre cet
équilibre pérenne.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 52
Patient
Le patient sort de l’approche curative a posteriori pour préserver au mieux
son équilibre de vie et s’ouvrir à d’autres approches. Chaque mal physique
peut être relié à un décodage biologique afin de remonter à l’origine
psychique et au sens profond des pathologies.
Face à cette recherche d’équilibre permanent, il y a une explosion de toutes
les médecines douces, naturelles, énergétiques, des compléments
alimentaires, de l’alimentation saine pour bien vivre, bien manger, bouger
avec une pratique régulière du sport.
Le médicament reste prescrit en deuxième intention face aux cas cliniques
les plus lourds mais devient complémentaire à l’accompagnement
psychique, démarche primordiale au cœur du traitement du patient.
Système de santé
Le mental devient central dans les traitements : en accédant à l’origine
inconsciente des troubles et en modifiant les perceptions qu’ont les patients
de leur maladie, on parvient à soigner le corps et aboutir à un taux de
guérison long terme nettement supérieur.
L’identité du patient n’est pas de s’assimiler à sa maladie, « mal-à-dit ». Le
patient apprend à dialoguer avec les parties malades de son corps sur le
plan psychologique. Il modifie ainsi concrètement ses états intérieurs qui
influencent sa qualité de vie au jour le jour.
Les traitements thérapeutiques sont ciblés sur les cellules elles-mêmes,
comme par exemple, le laser chimique.
Les systèmes de soins intègrent des lieux de parole et d’écoute, dans les
établissements de soins, comme sur les lieux de travail.
Il y a une forte présence des psychologues et des ergonomes sur les lieux
de travail. L’accent est mis sur la prévention.
Les entreprises sont notées en fonction de l’état de stress de leurs salariés
au travail. Afin de ne pas être pénalisées, elles proposent des kits de bienêtre, des kits anti-stress, des pauses siestes systématiques sur les lieux de
travail.
Une médecine globale se met en place, alliant nutrition équilibrée,
psychothérapie, équilibre de vie, médication par les plantes ou chimique, et
traitements énergétiques.
Lieux de santé
Les hôpitaux sont reconvertis en lieux de santé alternatifs, avec des
thérapeutiques axées sur le bien-être. On y trouve aussi des jardins et
espaces de détente, plus nombreux, une décoration apaisante plus
esthétique et agréable.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Une musique est diffusée comme facteur de détente. Les animaux (les
aquariums, les oiseaux) sont réintroduits comme source de mieux être au
sein de ces espaces zen.
Il y a une multiplication des centres de thalassothérapie, comme des
centres de méditation, de prière, des centres de yoga.
L’urbanisme des villes est modifié en conséquence, avec plus de valeur
donnée aux arbres et espaces verts.
Associations de patients
Elles s’attachent tout particulièrement à la recherche, au développement et
à la diffusion des informations sur les produits et aliments bénéfiques au
maintien de l’équilibre de la santé.
Une grande importance est accordée à la pratique du spirituel et de la
méditation.
Dans ce contexte, les associations de patients veillent aux abus liés au
charlatanisme et au développement des sectes.
Industries de santé
Les industries en charge de la santé développent des nouvelles formes
d’accompagnement axées sur une alimentation plus saine, et sur le bienêtre.
La construction d’espaces d’échanges et de paroles,
des centres de
méditation, des structures de repos, et des interventions pour prévenir le
stress dans les entreprises constituent un marché captif important.
Toutes ces industries investissent massivement dans la formation des
soignants, dans des nouvelles écoles de nutrition et de psychologie.
Les industries électroniques et informatiques sont les nouveaux géants de la
santé grâce aux systèmes de communication de plus en plus sophistiqués
pour l’accompagnement ou les traitements à distance par téléphone ou par
internet.
Les industriels de l’agroalimentaire se sont clairement positionnés comme
des acteurs prépondérants dans ce secteur concurrentiel de la prévention et
du bien-être.
Professionnels de santé
Leur formation est profondément modifiée. Elle accorde une place plus
importante à la dimension humaine, relationnelle et énergétique. Le patient
est au centre des préoccupations des professionnels de santé qui
l’appréhendent de façon holistique.
Les médecins sont ainsi tous formés à la psychologie pour développer leurs
qualités d’empathie, d’écoute (verbale et non verbale), leur intuition, et leur
quotient émotionnel.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Leur choix thérapeutique est guidé par leur ressenti du malade et la
perception qu’ils ont du patient.
Il y a plus de naturopathes que de médecins.
Une large place est faite aux recherches sur le cerveau et aux études
cliniques sur l’impact de l’alimentation ou de tel nutriment sur la genèse des
maladies. De ce fait, on assiste à un développement des neurosciences
comportementales, des centres de recherches en sciences humaines.
Une nouvelle corporation se renforce, celle des professionnels de la
prévention et du bien-être.
Une méthode de contrôle des bonnes pratiques d’écoute garantit le respect
des valeurs d’éthique et de neutralité bienveillante. Les personnels de santé
sont formés à ce titre à la non-manipulation, destinée à protéger les
personnes, et obtiennent à ce titre une certification.
TROISIEME SCENARIO : « TOUT MMS OU MINISTERE MONDIAL DE
LA SANTE »
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 55
Contexte
C’est la gouvernance mondiale poussée à son paroxysme avec un
gouvernement mondial de la santé, préfiguré par l’OMS qui existe déjà
depuis longtemps en 2030.
La mondialisation concerne aussi les maladies ; de plus en plus de maladies
sont mondiales, les risques de propagation des pandémies
avec les
conséquences à grande échelle qu’elles entraînent sont très importants. Le
MMS impose donc à tous les pays de mettre en œuvre des plans de
prévention et de traitement des maladies.
Le MMS est basé à Genève et est investi de tous les pouvoirs pour agir et
contraindre les pays membres ; son rôle n’est pas seulement consultatif.
Les Etats membres (chaque Etat est vivement encouragé à devenir
membre) doivent mettre en œuvre les politiques mondiales au niveau
national (Agences Nationales ou Agence Mondiale de Santé).
Le système est très efficace et permet de réduire les coûts directs et
indirects de la santé.
Pour le traitement des maladies les plus courantes et dont les protocoles de
soins sont bien connus, le recours à la télémédecine est privilégié.
La mondialisation s’accompagne d’une spécialisation des pays sur certains
types de traitements ou de pathologies ; ainsi, la Tunisie est devenue
experte en chirurgie esthétique, et la Hongrie, dans les soins dentaires. Le
tourisme médical se développe avec de multiples formes (ex : bateaux
hôpitaux…)
Patient
Les populations sont de plus en plus mobiles et nomades. Les protocoles de
soins sont de plus en plus sophistiqués et prennent en compte non
seulement les pathologies, mais aussi l’origine ethnique qui peut expliquer
des métabolismes différents ou des réponses différentes aux traitements.
Une cartographie mondiale croisant pathologies et caractéristiques
ethniques est réalisée et diffusée mondialement permettant ainsi
de
partager l’information
Les patients ont ainsi plus de chance d’être soignés de la même façon quel
que soit le pays dans lequel ils se trouvent.
Système de santé
Comme c’était déjà la tendance en 2010 pour l’Union Européenne,
l’unification des soins a été intensifiée.
Tout le monde a intérêt à être en bonne santé sur le plan mondial car il y a
un risque de mise en quarantaine des pays qui ne respectent pas les
obligations du MMS (ou n’en sont pas membres).
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les pays sont égaux en termes de qualité du traitement des maladies. Du
fait de l’obligation mondiale, ils bénéficient d’aides pour se mettre à niveau
et tendre vers une cohérence de soins mondiale, grâce à la mise en place
d’un système de solidarité internationale.
Un système de cotation de qualité et de mise à disposition des soins est
apparu: la France peut être AAA et un autre pays européen BBB.
Lieux de santé
Ils sont certifiés mondialement, comme la formation qui y est dispensée
pour soigner. Les pays se sont spécialisés. La démographie médicale a été
progressivement régulée, entraînant une réduction de la fuite des cerveaux
d’un pays à un autre.
Associations de patients
Elles sont organisées en lobbys, pays par pays, et ethnie par ethnie. Par
exemple, des associations de Chinois, ou d’Indiens, ou de Pakistanais,
existent dans quasi tous les pays du monde.
Industries de santé
Le ministère de la santé mondiale ayant un poids très important, des
contrôles sont mis en œuvre sur l’orientation des recherches et le respect
des règles de concurrence.
Les autorisations de mises sur le marché et les brevets sont mondialisés.
Les recherches sont regroupées et les connaissances mises en commun. Les
médicaments propres à un pays ont progressivement disparu. Les lieux de
production des médicaments sont centralisés ou au contraire délocalisés.
De nombreux produits bio-marqueurs sont créés. Pour échapper au contrôle
mondial de la santé, on voit se multiplier des produits sur mesure pour le
malade.
Professionnels de la santé
Comme leur formation est mondiale, les échanges se font dans une seule
langue.
Les connaissances étant mondialisées, les protocoles de traitement des
maladies sont également mondialisés, entraînant une harmonisation des
diagnostics et des pratiques.
La prise en charge des spécificités ethniques est devenue meilleure, liée à
une individualisation des traitements en fonction des codes génétiques de
chacun.
Les professionnels de santé peuvent se former partout dans le monde, là où
des fonds peuvent être dégagés (par exemple, on a formé des médecins
chinois aux techniques occidentales en 2010, en 4 ans) alors que la
tendance en Occident est à l’allongement de la durée de formation.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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La formation médicale est transformée en profondeur : pas besoin de 10
ans d’études, les généralistes sont mieux reconnus et une délégation des
savoirs vers d’autres professionnels/spécialistes est mise en place.
Le terme même de médecin a disparu ou n’a plus la même signification
qu’en 2011.
Comme le monde est plus riche, du fait de l’augmentation du niveau de vie
des pays en voie de développement, le besoin de personnel médical est
important. Et une meilleure adéquation des formations s’effectue en
fonction des besoins de chaque pays.
QUATRIEME SCENARIO : « TOUT ETAT - TOUT LOCAL »
Rappel : Les deux scénarios initiaux ont été associés du fait de leurs
nombreuses similitudes.
Contexte
C’est le scénario inverse du MMS – le Ministère Mondial de la Santé. Les
Etats se sont repliés sur eux-mêmes pour échapper à des administrations
lointaines et refusent la globalisation. Ils peuvent ainsi garder leurs
habitudes et contrôler, chacun à sa manière, le coût de la santé, la
formation et le système de santé qui forment un tout. Chaque Etat garde la
maîtrise de l’ensemble de la chaîne.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 58
L’Etat se referme : il veut contrôler intégralement ses médecins, ses
dépenses, à l’instar de l’Allemagne d’Angela MERKEL, en 2010, qui
protégeait déjà fortement son industrie pharmaceutique et contrôlait les
médecins et les dépenses de santé.
Pour éviter un gonflement des dépenses, une barrière douanière est
installée même en Europe, d’abord autour de l’Union, ensuite autour de
chaque Etat. Les prétextes et motivations n’ont pas manqué. Les achats de
médicaments et autres produits importés sont soit interdits soit fortement
taxés, avec en complément des contrôles stricts d’autorisation de mise sur
le marché.
Le patient a peu de liberté de choix pour ses traitements et est contrôlé
quant à sa consommation de médicaments, produits dans son pays.
La R&D est également contrôlée par l’Etat et les recherches ne concernent
que des réponses à des problèmes réels : toute découverte non significative
n’est pas étudiée en profondeur, d’où un risque de concentration des
recherches uniquement sur ce qui fonde la richesse nationale et sa
spécificité, avec des moyens en écho à cette politique.
Patient
Il est contrôlé en permanence pour vérifier qu’il prend bien ses
médicaments. Il est sanctionné s’il ne se soigne pas correctement. Un
système de points a été mis en place, une sorte de « permis de santé ».
En conséquence, il y a moins de problèmes de santé (comparable à la
réduction notable des accidents de la route avec le contrôle sanction
automatisé ) puisque patients et médecins sont également contrôlés (en
2010, le taux de contrôle des médecins était passé de 5 à 15%).
Système de santé
Du fait du déficit de l’assurance maladie de 11 milliards d’euros en 2009, de
20 milliards d’euros en 2010 et d’un budget des dépenses de santé
représentant 13% du PIB français, un contrôle très serré du système de
santé a été mis en place. Mais l’Etat s’est trouvé dans l’incapacité de tout
contrôler : se sont alors développés des systèmes parallèles, proposant des
faux chirurgiens, délivrant de faux médicaments à des personnes qui
refusent ce contrôle ou qui sont incapables de l’accepter.
On voit le retour à des officines de quartier.
Les médicaments sont presque tous déremboursés, voire même totalement,
sauf peut-être pour les plus démunis et pour ceux qui ont des difficultés à
se soigner.
Les centres de soins publics se sont multipliés, en particulier dans les zones
où vivent les plus démunis. Ils doivent y venir pour s’assurer qu’ils se
soignent correctement.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Le système de santé est à deux vitesses, liberté ou contrôle. Ceux qui
veulent sortir du système sont obligés de s’assumer financièrement.
Lieux de santé
Ils sont multipliés afin que les patients puissent obtenir un diagnostic et des
soins, il y a moins de lits dans les hôpitaux mais les soins à domicile sont
privilégiés. . On voit de plus en plus de jardins botaniques avec la culture
de plantes médicinales pour entretenir sa santé.
Associations de patients
Leurs rôles sont d’aider, d’informer, d’éduquer et de protéger. Elles
fonctionnent en réseau pour multiplier les contacts entre malades ayant la
même maladie, avec une base de données Patients/malades membres, avec
des forums de discussion et un service de renseignements pour rechercher
des médicaments autres que ceux développés sur le territoire national.
Industries de santé
Quelle peut être leur expansion possible dans ce contexte ? Peut-on être
tout local avec une exposition à l’international dans un monde global ? Que
faire pour les pathologies qui ne sont pas traitées par les industriels de la
pharmacie locale ? Ils se voient obligés de se fournir à l’international ou de
racheter des laboratoires étrangers (c’est déjà le cas en 2010 pour des
laboratoires japonais, rachetés par des industriels de la pharmacie
française).
En France, il y a des filiales locales, qui produisent des médicaments à
moins de 200 km de chez soi. Les patients sont devenus « locavores » en
termes de médicaments et n’absorbent que des produits préparés
localement. On est revenu à un système artisanal, fondé sur le « green »,
diminuant les frais de transport du fait de la proximité, avec multiplication
des emplois locaux et une forte demande de préparateurs en pharmacie
(déjà faible en 2010).
Professionnels de santé
C’est le retour des officines avec un rôle de production et de vente des
médicaments à l’unité (comme le faisait en 2010 un pharmacien de Paris
9ème, s’enrichissant du savoir de ses patients et fabriquant
des
médicaments sur demande). On
fait davantage attention aux
connaissances des chamanes, sur la nature, les plantes, et l’herboristerie
issue du savoir mondial, est produite localement
Le médecin est taxé s’il ne contrôle pas son patient, sur le modèle du
système anglais qui, déjà en 2010, constatait une forte baisse des coûts
pour une mortalité égale. Des pharmacies sont apparues à l’intérieur des
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 60
supermarchés, vendant
fabriqués sur place.
des
produits
basiques
et
les
médicaments
CINQUIEME SCENARIO : « TOUT TECHNOLOGIQUE »
Contexte
La technologie est devenue reine, l’emportant sur tout ; rien n’a pu lui
résister. Nous sommes dans l’ère du tout numérique, de la télé- et de la
nanomédecine. Les données médicales sont continuellement transférées
vers des centres de santé spécialisés. La santé du patient est ainsi
continuellement suivie.
Des nanocapteurs sont implantés dans chaque individu pour mesurer en
continu ses paramètres biologiques, détecter la présence de facteurs
pathogènes, anticiper les risques de maladie. Le patient est équipé à
domicile pour stocker et transmettre toutes ces données vers des centres
spécialisés qui les analysent et proposent les mesures appropriées comme
envoyer des alertes en cas d’infection, d’oubli d’un traitement, d’apparition
de facteurs de risque, etc. Des appareillages adaptés pilotés à distance par
le centre permettent aux patients de réaliser eux-mêmes des interventions
légères comme des injections d’un traitement en cours.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Hors de chez lui, le patient est équipé d’un ordiphone de n-ième génération
qui contient toutes ses données médicales. Il est en permanence connecté à
une plateforme spécialisée.
Dans la nouvelle chaîne de soin, ces plateformes numériques ont pour
objectif d’intervenir en amont du médecin et de réduire autant que possible
le besoin de consulter physiquement ou les interventions à domicile jugées
trop coûteuses. Le médecin ne s’occupe plus que des cas non traitables à
distance ou complexes. La chirurgie se fait à distance.
Par exemple, en cas de malaise, les nanocapteurs alertent immédiatement
le centre de soin le plus proche. La liaison visuelle via la webcam (ce qui
existait déjà en 2011 en Norvège et en France) et les données transmises
permettent d’effectuer rapidement un prédiagnostic et de prendre les
mesures appropriées. Les interventions sont plus rapides et plus efficaces.
La mise en place de tous ces systèmes de suivi et de contrôle a généré de
gros investissements qui ont été pris en charge par la collectivité, les
patients et les grands groupes spécialistes du traitement de l’information.
Le territoire est maintenant entièrement et efficacement câblé. Le challenge
majeur a porté sur la fiabilité de tous les systèmes informatiques en jeu et
sur leur compatibilité.
Patient
Le patient se voit attribuer un seul numéro de suivi (son n° de Sécurité
Sociale) associé à une carte bio-métrique. Il apprend à faire des
autodiagnostics et s’auto-soigner pour les gestes courants : il peut effectuer
ses propres tests (insuline pour les diabétiques, par exemple), développe
son autonomie et sa responsabilité par une connaissance élargie des
problèmes de santé et l’acquisition un savoir-faire technique minimal. La
connaissance est diffusée par les acteurs de santé, le savoir-faire acquis sur
les lieux de soin.
Les personnes âgées sont mieux suivies et n’ont plus à subir de longues
heures d’attente dans des salles encombrées.
Système de santé
Les coûts globaux ont diminué de façon considérable, avec le
développement des technologies et la prévention. La nouvelle carte vitale
contient des logiciels très performants qui stockent et gèrent toutes les
données du patient.
Les centres d’écoute se développent ; ils sont associés à des centres
technologiques internes qui permettent d’effectuer des études en temps
réel sur les besoins du marché, sur les médicaments et les soins.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les médecins sont maintenant rémunérés sur leur capacité à gérer le risque
santé de leurs patients. L’objectif est de tout faire pour réduire les risques
de maladie et les prises en charge lourdes.
Les cliniques et les hôpitaux recrutent des Managers de Risque Santé
(MRS), issus d’écoles de commerce et de gestion, pour une meilleure
gestion financière. Les problèmes de santé les plus courants sont résolus de
manière plus efficace. Mais cette gestion par les coûts a ses limites. Quand
on commence à débattre sur la décision de poursuivre ou non un traitement
voire d’arrêter les soins, que devient le serment d’Hippocrate ? Comment
traiter les patients qui sont les plus fragiles et les plus coûteux en termes
de soins ?
Lieux de santé
Ils ont évolué considérablement et conjuguent plusieurs fonctions. C’est
vers les centres de suivi et de contrôle que sont acheminées les données du
patient et c’est d’eux qu’émanent les indications de traitement ou d’actions.
Selon les cas, tout ou partie du traitement de l’information peut être
délocalisé.
Espaces d’écoute, d’orientation et d’échange, ce sont aussi des lieux de
formation technologique où les patients viennent acquérir connaissances et
savoir-faire techniques liées aux interventions courantes, à l’appareillage et
à l’instrumentation.
Enfin, ils exercent une fonction sociale en accueillant et traitant certains
patients qui ne peuvent pas se soigner.
Associations de patients
Elles ont investi les lieux de santé. Ce sont elles qui relaient l’information
fournie par les industriels de santé et accompagnent les patients dans
l’acquisition de cette connaissance. Elles se sont spécialisées dans la
formation et aident les patients non spécialistes à acquérir le savoir-faire
technique indispensable à l’usage des appareils à haute valeur
technologique. Elles gèrent par ailleurs les prêts et/ou les échanges de
matériel.
Industries de santé
Les grands groupes spécialistes des TIC, du traitement de l’information et
des nouvelles technologies font maintenant partie intégrante des industries
de santé.
Les centres d’écoute servent de relais aux industries de santé pour faire des
études de consommation en temps réel et détecter les tendances. Cette
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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bonne connaissance à la fois des patients et des maladies permet aux
industriels de la santé de s’orienter vers les bio-marqueurs.
Comme l’information a un rôle prépondérant, et qu’elle donne du pouvoir à
celui qui la fait circuler (et non plus à celui qui la détient), les industriels
deviennent des apomédiateurs (c’est-à-dire ceux qui détiennent et diffusent
l’information, même sans être expert). Grâce aux derniers développements
du Web, ils fournissent et organisent la circulation d’un grand nombre
d’informations accessibles à destination des patients de plus en plus
exigeants. Cette nouvelle activité, a permis de développer de nouvelles
compétences en matière de recherche, de tri, de présentation, de
vulgarisation et de diffusion de l’information.
Professionnels de santé
On constate une montée en compétences des différentes catégories de
soignants, et une augmentation des traitements à distance comme aux
Etats-Unis ou en Inde.
Les Affections Longue Durée (ALD) sont traitées offshore, grâce à de
nouveaux développements informatiques (par exemple, déjà en 2010, le
projet SOPHIA de la CNAM existait en France pour traiter et accompagner
les diabétiques).
La place prépondérante de la technologie a renforcé le besoin de lien entre
le médecin et le patient aussi bien en France qu’à l’international.
Très responsabilisés et acteurs de leur santé via la téléprévention, les
patients veulent pouvoir rentrer en communication directe avec leur
médecin quand cela s’avère nécessaire. Celui-ci est devenu un
intermédiaire entre le médecin traditionnel que l’on connaissait au début du
vingt et unième siècle et un coach de santé.
Les médecins et les patients sont connectés via les réseaux sociaux, et
peuvent échanger rapidement informations et documents (dont les
ordonnances).
Les préférences culturelles ont la vie dure. Les patients français s’orientent
toujours plus vers le coach de santé (bien qu’ils sachent maintenant ce que
coûte le système) alors que les patients anglais continuent à préférer
l’autorité médicale.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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SIXIEME SCENARIO : TOUT VERT
Contexte
C’est le pouvoir vert qui dirige, le pouvoir écologiste, qui donne son
imprimatur aux décisions de la société et nous supposerons dans ce
scénario dynamique une imprematur … tyrannique !
Quelle tendance est choisie en 2030 entre José Bové, Daniel Cohn Bendit et
Jean Marie Pelt ? Ou bien est-ce un mix de ces 3 tendances ? Peut importe,
c’est un pouvoir écologiste mixé de ces tendances et de bien d’autres
encore.
Naturellement, c’est le rejet de la chimie et de la technologie qui l’emporte.
Et pour favoriser la bonne santé, le pouvoir favorise des jardins de santé
autour des maisons, à la campagne, sur les toits et les terrasses des
immeubles où les personnes cultivent leurs propres plantes et peuvent les
vendre à ceux qui n’ont pas de jardin ou qui habitent en ville.
On voit la forte présence de cabanes en bois et de serres. Les immeubles
sont construits ou transformés en bâtiments basse consommation (BBC),
agrémentés d’herbes et de fleurs. Seuls les médicaments bio sont utilisés
même pour soigner les maladies graves.
Ce choix ne se fait pas sans tensions. On constate une fuite de cerveaux
hors de France, commencée en 2010, du fait de la forte menace de
destruction de ces plantations de recherche sur les OGM.
Sur le plan économique la mutation est violente, le pouvoir d’achat des
ménages baisse puisque les produits consommés baissent : comment
traiter les différents inconvénients de la période précédente et notamment
le problème de la pollution avec une baisse de rentrées de l’Etat ?
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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La recherche & développement de la santé est également « verte » : il y a
une vraie capitalisation des savoirs rassemblant toutes les connaissances
sur la santé et la biodiversité, les traditions orales, les principes actifs des
plantes, ceux issus des milieux marins. Même le matériel de soins est
biodégradable pour éviter la pollution et les rejets. On étudie les poissons
« scanner » pour comprendre leur mode de fonctionnement.
Patient
Comment vit le patient s’il est plus « vert » ? La disparition des
médicaments d’origine chimique, retirés des circuits entraine-t-elle
l’apparition de nouvelles maladies?
Le patient est focalisé sur l’aspect vert des choses et des événements,
jusqu’à être obsessionnel, voire extrémiste et rigide.
Il participe activement aux programmes d’équilibre psychologique pour
rester en bonne santé et les promeut. Chacun a son coach de santé et est
hyper informé. Une communication comparative se développe permettant
de lutter contre la communication des industries de santé.
Le salarié a à cœur de maintenir son équilibre entre vie professionnelle et
vie privée, son équilibre psychique, physique, physiologique. Il a des
objectifs de points sur sa feuille de salaire ce qui se traduit par une prime,
s’il perd du poids par exemple alors qu’il est trop fort (ce qui existait en
2009, en Allemagne), ou se voit attribuer des pénalités s’il grossit (comme
en Angleterre). La bonne santé est un objectif vert pour faire baisser les
budgets. Des magasins comme Johnny Craig (groupe Nestlé) se sont
développés pour aider les consommateurs à mieux gérer leur alimentation
favorisant les promotions sur les haricots verts et les autres légumes
locaux.
Système de santé
Dès lors que les dépenses de santé doivent baisser, l’éducation pour un bon
comportement et avoir une bonne santé commence dès l’école. Dans la
ville, apparaissent des herboristes, des activités orientées vers un bon
physique, vers un bon comportement, vers une bonne relation aux autres.
Pour la promouvoir, les médecines « vertes » sont encouragées et bien
remboursées, à condition de pratiquer une vie saine. La prévention et la
participation active à de programmes de santé sont promus. Sinon, il n’y a
pas de remboursement.
Un important travail en amont est mis en œuvre dans le but de réduire les
dépenses ayant un impact négatif sur la santé et en rendant plus
responsables les patients par rapport à leur forme physique et psychique.
Le budget global de santé est en diminution puisque les dépenses sont
réduites et qu’une politique de prévention est promue : des soins
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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« préventifs » sont mis en avant et il est possible de consulter son médecin
sans limite dans la mesure où il s’agit de rester en bonne santé.
Attention toutefois au risque de baisse des revenus des médecins et des
industriels de la pharmacie : peut-être le mode de rémunération est-t-il été
modifié, axé non plus sur les actes médicaux mais sur la capacité à
maintenir la bonne santé des patients. N’est-ce pas une réhabilitation du
modèle chinois ?
Lieux de santé
Les hôpitaux sont « verts » avec de nombreuses plantes vertes. Les
chambres sont très colorées et les hôpitaux font la promotion de produits
locaux pour éviter les déplacements et leurs coûts (financiers et
environnementaux). C’est le comportement « locavore » qui est promu.
D’ailleurs, l’urbanisme met en avant des zones vertes (zones d’espaces
verts) et des zones bleues (zones de rivières et lacs) dans la lignée du
Grenelle 2.
Les cures de santé en montagne ou dans des villes thermales retrouvent
leurs places. Des maisons de santé nouvelle formule se développent pour
faciliter la détente et la reconstruction de soi : on y trouve de la relaxation,
du repos, de la thalassothérapie, et du thermalisme pour mieux prévenir les
maladies.
Les entreprises ont également un espace de santé avec des lieux de repos,
des endroits zen, où on peut respirer de l’oxygène, et prendre du recul,
voire faire la sieste !
Associations de patients
Elles sont largement favorisées puisqu’entrant dans cette culture de
décision partagée. Les associations sont des lieux d’échanges avec par
exemple du troc de produits, de recettes, d’astuces de vie pour vivre vert à
moindre coût.
La consommation de produits et services est sensibilisée par un permis à
points avec une prime pour tout achat « vert » et avec des pénalités pour
les achats non verts, en analogie avec la promotion des génériques.
Industries de santé
Elles insistent également sur la prévention, ce qui a un coût puisque les
plantes sont récoltées à la main et non par une machine. Puisque la main
d’œuvre est essentiellement manuelle, il y a moins de chômage… et des
salaires en baisse …
Les nouveaux médicaments servent à la prévention, sont bien moins
chimiques voire pas chimique du tout si cela est réalisable, plus naturels et
les industries pharmaceutiques sont plus attentives à la production de
médicaments eux-mêmes car leur coût est plus élevé.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Des jardins médicaux sont créés et le prochain leader dans la santé est un
pionnier, comme Yves Rocher. Les industries pharmaceutiques sont
particulièrement attentives au recyclage de déchets.
Professionnels de santé
On voit l’explosion des diététiciens, des masseurs pour évacuer les tensions
et des coaches de santé : ils sont présents partout pour permettre le
maintien en bonne santé et favoriser la prévention, que ce soit sur le plan
physique ou mental.
L’état d’esprit général est tourné vers la santé, la nature avec une
élimination des plastiques. Le pharmacien propose des médicaments verts.
Et les entreprises ont un coach interne qui aidera à la rédaction d’une
charte de bonne conduite professionnelle en matière de santé, de qualité de
vie : un label RH promeut l’entreprise qui apporte cet équilibre (Lilly a
développé en 2010 un programme pour devenir une entreprise en bonne
santé).
SEPTIEME SCENARIO : « TOUT CONSOMMATION »
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Contexte
Le consommateur n’est plus encadré par les acteurs de santé (pharmaciens,
médecins). Il est à la fois, de plus en plus livré à lui-même, un
comportement lié à la baisse des remboursements des dépenses de santé
et en même temps, il veut se prendre en charge plus rapidement et de
manière plus libre à condition d’y mettre le prix. Il devient pleinement
consommateur de santé !
La société est dominée encore plus par l’argent, tandis que l’Etat a moins de
moyens pour contribuer à la bonne santé des citoyens et l’automédication
est reine. Les consommateurs deviennent plus proactifs par rapport à leur
santé : ils réalisent qu’ils sont acteurs de leur santé.
Deux écoles s’affrontent : les patients qui sont sur un mode passif, en se
laissant porter, ne réagissant qu’au moment opportun. Ceux qui choisissent
un mode actif, agissent préventivement pour rester en bonne santé,
améliorer leur hygiène de vie et maintenir leur bien-être.
La liberté individuelle est forte mais la responsabilité de chacun est définie
dans un cadre fermé, fondé sur la maîtrise des dépenses personnelles de
santé, couverte par des assurances.
L’utilisation de certaines matières comme le PTFE ou le téflon utilisé comme
revêtement anti-adhésif, d’ordiphones et de nanotechnologies, font l’objet
de risques environnementaux et sanitaires et font apparaitre de nouvelles
pathologies liées au développement des ondes.
Certaines maladies pourraient être prises en charge par les assurances.
Celles-ci instaurent un système de contôle du type syndrome « Big
Brother ».
Patient
Le système de soins est à plusieurs vitesses selon que le patient est riche
ou pauvre avec des risques d’apparition de charlatanisme pour ceux qui ont
peu de moyens.
Le consommateur est de plus en plus proactif pour rester en bonne santé,
du fait du coût des soins : il s’oriente vers plus de prévention et se sent
plus responsable. Il applique une logique comparative, d’où une plus grande
importance du lobbying.
Beaucoup d’achats de traitements s’effectuent via Internet.
Le tourisme médical prend un réel essor et en contre partie, fait apparaitre
un appauvrissement, sur le territoire, de certains médecins spécialistes.
Les compagnies d’assurance récompensent leurs clients fidèles avec une
prime liée au nombre d’années de cotisations, à l’ancienneté, au suivi de
leur santé.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Système de santé
Les différences de traitements entre les patients s’amplifient.
Les remboursements de l’Etat (caisses d’assurance maladie) sont plafonnés
et complétés par des assurances individuelles.
Des groupes de santé, regroupant des associations, des mutuelles et des
hôpitaux se constituent dont l’accès est accordé en fonction du niveau de
cotisations.
Il y a apparition de mutuelles « low cost » ainsi qu’une santé à «bas prix».
Le budget de l’Etat est ainsi maîtrisé car il ne rembourse plus que sur une
base forfaitaire très faible. Et les patients qui adoptent une conduite à
risques ne sont plus remboursés.
Lieux de santé
Privatisation à outrance, des cliniques, des cabinets médicaux et de
diagnostics afin de palier à une éventualité faillite des Etats (la Grèce en est
un exemple).
Les hôpitaux publics sont réduits à devenir des centres de soins avec des
hospitalisations de plus en plus réduites.
Les hôpitaux privés appartenant pour la plus part à des groupes de santé,
fonctionnent sur le modèle de l’Hôpital Américain à Neuilly, avec des
services luxe 3, 4 ou 5 étoiles, et un marché très ciblé de patients à hauts
revenus ou acceptant des dépenses de santé conséquentes.
Les centres de santé low-cost ont leur place avec des systèmes maximisant
les soins et minimisant l’hôtellerie.
Se pose alors le problème de prolonger la vie des patients puisque tout
repose sur la rentabilité financière des soins et le coût induit pour les
patients.
Associations de patients
Elles ont pour mission d’informer, de vérifier et de comparer les soins et
d’organiser éventuellement, des « charters »de patients, pour que derniers
puissent se faire soigner à coût acceptable (tourisme médical).
Industries de santé
Elles connaissent une totale dérégulation et c’est la loi du marché qui
prédomine. Les industries pharmaceutiques développent de nouveaux
concepts : propositions de « contrats de soins » personnalisés avec les
patients, qui prennent en compte la durée du traitement et l’utilisation des
médicaments en service continu.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Professionnels de santé
Il y a une augmentation de la concurrence des diverses professions
entrainant un marché segmenté en fonction de la capacité de paiement du
consommateur (segmentation par prix ou services).
Puisqu’il y a augmentation du tourisme médical, on constate une diminution
des coûts de santé en France. Il risque d’apparaître un marché low cost,
avec des médecines parallèles proposant des expérimentations
hasardeuses.
Diminution des coûts de santé en France, puisqu’il y a augmentation du
tourisme médical.
Le risque est de voir apparaître un marché low cost, avec des médecines
parallèles proposant des expérimentations.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Hypothèses des possibles, des impossibles et des haïssables de demain
Ce tableau offre une synthèse des principales tendances issues des scénarios,
selon les variables clés communes sélectionnées.
pharmaceutique
Psychologique
Ministère Mondial
de la Santé
Etat / local
Technologique
Vert
Consommation
Contrôle par les
industries
pharmaceutiques
Traitement de fond
prévention
Gouvernance
mondiale
Repli national
Télémédecine et
nanomédecine
pour contrôle et suivi
Rejet chimie et
technologie
capitalisation des savoirs
Consommateur
livré à lui-même
PATIENT
La maladie fait le choix
de l’industriel
Décodage
biologique et
équilibre de vie
Traitement selon
origine ethnique
Contrôle/Sanction
Autodiagnostic
responsabilité accrue
Pro actif
prévention
Acteur de sa santé
SYSTÈME DE
SANTE
Dépenses contrôlées
sauf si entente
Prévention et
écoute
Solidarité
internationale pour
les membres
Développement de
systèmes
parallèles par
excès de contrôle
Coût diminué
gestion des risques
Education sanitaire
remboursement si vie
saine
A 2 vitesses
Low cost
LIEUX DE SANTE
Appartenance aux
industries
pharmaceutiques
Axés sur mieux
être
Certification mondiale
Soins à domicile
Maisons de santé
prévention
Privés
rentabilité des
soins
ASSOCIATIONS
DE PATIENTS
Contrepouvoir
Vie saine et
spiritualité
Lobbys ethniques
Réseaux
d’information de
soins
Fonction
technologique
écoute
Formation,
information
technologique
Echanges
Truc et astuces
Informations
comparatives
INDUSTRIES DE
SANTE
Holding multisecteur
incluant assurances
De la méditation à
l’agroalimentaire
du bien-être
Brevets mondiaux
Système local et
artisanal
Biomarqueurs
TIC, apomédiateurs
Prévention
Dérégulation
Tous salariés des
industries
pharmaceutiques
Approche
holistique du
patient
Harmonisation des
pratiques
Officines locales
contrôle
Interconnexion
renforcée avec le
patient
Coach santé et médecine
de bien-être
Mise en
concurrence très
poussée, marché
segmenté
Scénarios
Variables clés
CONTEXTE
PROFESSIONNELS
DE SANTE
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 72
4. CONCLUSION
Ces travaux de prospective se sont réalisés dans l’ouverture
d’esprit, le respect et la diversité de chacun ce qui nous a permis
d’être dans la créativité et l’innovation, pour co-construire et
anticiper grâce à l’intelligence collective du groupe.
Nous avons choisi de voir loin, 20 ans, projection suffisamment
lointaine pour ne pas travailler sur la seule prolongation du présent
ou encore deux cycles de développement d’un nouveau
médicament, de voir large, ensemble et de façon multidisciplinaire
avec des participants de tout horizon (entreprises privées, secteur
public, industrie pharmaceutique, hôpital, consultants). Nous avons
travaillé en pensant aux hommes et aux femmes que nous sommes
en tant que travailleur dans le secteur de la santé mais aussi en tant
que consommateur potentiel du système de soin, ayant tous un jour
le besoin de se préoccuper de leur santé, la leur et la nôtre.
Les actions proposées lors de la déconstruction des idées reçues
sont soit réactives, car elles permettent de réagir dans l’urgence,
soit préactives car elles permettent de se préparer aux
changements prévisibles. Le travail sur les idées reçues et les
facteurs de changement a libéré les esprits sur le sujet pour que le
groupe puisse accéder à sa pleine puissance créative.
A l’issue de ce groupe, nous espérons vous avoir fait entrevoir
quelques pistes de proactivité pour agir afin de provoquer les
changements souhaités dans votre environnement.
Nous avons volontairement choisi de prendre des risques pour
guider l’action ; nous avons notamment choisi de mettre en lumière
des informations que nous ne souhaitons pas habituellement voir en
face, ni même nommer, de prendre en compte les minorités, et ce
quelque soient les courants de pensées politique. Enfin nous avons
pris le risque d’oser dire autrement que le langage «corporate» ou
les discours dits officiels.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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Les résultats proposés ici sont une aide pour permettre de
combattre les idées fausses, émettre des recommandations
directement applicables, élaborer des plans et des programmes,
remettre en question les règles des actions entreprises et les
objectifs.
Nous encourageons vivement les DRH du secteur de la santé et les
experts dans ce domaine à lire attentivement ce document, articulé
autour des scénarios présentés. Nous rappelons qu’il ne faut pas
chercher des réponses opérationnelles standard, dans les scénarios
dynamiques extrêmes proposés à horizon 2030, mais simplement
des idées de grands axes de réflexion où la réalité de demain peut
trouver ses étapes et ses ruptures.
La description de ces tableaux, possibles ou pas, permet de servir
d’origine à un fil rouge qui commence dans le futur pour construire
son plan d’actions stratégiques dans le présent. A chacun de vérifier
la pertinence des variables retenues et d’adapter les déroulés des
scénarios futurs en fonction de sa propre réalité (entreprise et
environnement).
Libre à ceux qui auront lu ce document de nous contacter pour
enrichir cette vision globale multidisciplinaire et nous faire part de
leur avis sur les points suivants :
- La probabilité de réalisation ou pas de scénarios.
- Quelles conséquences pour les acteurs et les métiers de la
santé ?
- Quelles pistes d’actions/ recommandations avez-vous pu mettre
en œuvre suite à ce document ?
- Dans quelle perspective ? se préparer à ces changements ou
construire un avenir encore différent (c'est-à-dire le provoquer).
Le passé construit notre expérience, le présent est maîtrisable, le
futur est notre horizon de responsabilité.
Le passé nous renseigne, le présent nous éduque, le futur nous
élève.
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
Page 74
ANNEXE :
QUESTIONNAIRE RETROSPECTIF ET PROSPECTIF
SUR LES MUTATIONS EN MATIERE DE SANTE A L’HORIZON 2030 ET LEURS IMPACTS SUR LES
ACTEURS ET METIERS DE LA SANTE. Le questionnaire rétro-prospectif a pour objet de préparer la
première réunion du groupe de travail sur les idées reçues.
Remarques pratiques pour le remplissage du questionnaire : il n'est pas nécessaire de répondre à
toutes les questions. Le faire seulement pour celles qui vous inspirent. Les contributions serviront de
matériau de base pour les ateliers du groupe prospective RH Santé.
RÉTROSPECTIVE
1. Au cours des dix dernières années, quels ont été, selon vous, les principaux changements et
les inerties qui ont influencés ou caractérisés les entreprises ?
Quels changements ? Précisez la nature des changements (institutionnels, organisationnels,
économiques, sociaux, technologiques, culturels...)
Quelles inerties ? Précisez la nature des inerties (institutionnelles, organisationnelles, économiques,
sociales, technologiques, culturelles...)
2. Parmi ces changements, quels sont ceux qui, d’après vous, ont été bien anticipé et ceux qui à
l’époque n’ont pas été prévus par la fonction RH ?
Les changements qui ont été anticipés :
Les changements qui n'avaient pas été prévus :
3. Avec le recul, face à ces changements, pouvez-vous dire si les réponses apportées par cette
même fonction RH étaient appropriées ou au contraire inadaptées. Quelles sont les actions qui
auraient dû être entreprises ou réalisées plus tôt ?
Les réponses appropriées ?
Les réponses inadaptées (ce qu'il n'aurait pas fallu faire) ?
Les actions qui auraient dû être entreprises ou réalisées plus tôt ?
PROSPECTIVE
4. A votre avis, quels sont les principaux changements et les inerties qui vont influencer ou
caractériser les entreprises à l’horizon 2030 ?
Quels changements ? Précisez la nature des changements (institutionnels, organisationnels,
économiques, sociaux, technologiques, culturels...). Ces changements peuvent être des tendances, des
incertitudes ou des ruptures.
Quelles inerties ? Précisez la nature des inerties (institutionnelles, organisationnelles, économiques,
sociales, technologiques, culturelles...).
5. Parmi ces changements, ruptures ou inerties, quels sont, d’après vous, par ordre
d’importance, les trois principaux qui vont le plus fortement affecter la fonction RH ?
6. D’après vous, les actions actuellement mises en œuvre par la fonction RH vous semblent-telles suffisantes pour se préparer à maîtriser les conséquences de ces changements, ruptures ou
inerties ? Selon vous, que faudrait-il faire et ne pas faire ?
Les Cahiers de la Prospective RH – N°Spécial Santé, 2011
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LES MEMBRES FONDATEURS DU CERCLE
Président du Cercle : Laurent CHOAIN,
Chief Human Resources Officer MAZARS GROUP
NESTLE, Dominique Brard, DRH
TECHNICOLOR, David Chambeaud, DRH
BPCE, Maryse Juranville, Responsable prospective RH
RABOT DUTILLEUL INVESTISSEMENT, Laurence Deboffe, DRH
GROUPE BIC, François Eyssette, DRH
COCA-COLA Entreprise, Laurent Geoffroy, Vice Président RH France
IDRH, Thierry Gérard, Directeur associé
INSTITUT ETHIQUE ET DIVERSITE, Nadia Guiny, Directeur associée
CONSILIO, Bruno Hubert, Président
DOUX SA, Béatrice Labouerie, DRH Europe
ACCENTURE, Isabelle Lamothe, Directrice du développement et de la prospective RH
GROUPE POCHET, Alain Mauries, DRH
CROSSKNOWLEDGE, Estelle Milosavljevic, Operational Marketing Director France
RIGHT MANAGEMENT, Laurence Monnet-Vernier, DRH Monde
FORMATYS, Valérie Moreau-Vétillart, Directrice
EDF, Anne-Marie Perez, Responsable pôle prospective métier
GROUPE VINCI, Patrick Plein, Directeur développement RH
ERUDIA, Chantal Priou, Associée
CARLSON WAGONLIT TRAVEL, Lionel Prud’homme, VPRH EMEA
DANONE, Nicolas Rolland, Directeur de la prospective sociale et économique
VIVENDI, Stéphane Roussel, DRH
HOGAN LOVELLS, Philippe Thomas, Avocat associé
SFR, Marie-Christine Théron, DGRH
SCHNEIDER ELECTRIC INDUSTRIES SAS, Marie Vezy, Vice President Talent Strategy
& Organisation Development
DELOITTE, David Yana, Associé Capital humain
CS RH, Philippe YANA, Président
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