
DELSA/HEA/EFF(2008)3
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gros clients des services de soins et ont de nombreux contacts avec le système de santé. Qui veut modérer
les dépenses serait donc bien inspiré de veiller à ce que des groupes, qui représentent un coût élevé,
accèdent aux soins dans des conditions optimales de coût-efficacité. Or, dans la quasi-totalité des pays
ayant répondu au questionnaire adressé par l’OCDE aux autorités nationales de santé, les responsables
publics s’inquiètent de l’insuffisance de coordination des soins, et près de 80 % des répondants considèrent
les sujets souffrant d’une affection chronique et les personnes âgées comme les groupes de population
probablement les plus affectés par ce déficit de coordination.
4. Comme la plupart des malades chroniques sont des personnes âgées, l’importance des affections
chroniques devrait vraisemblablement s’accroître avec le vieillissement démographique au cours des trois
prochaines décennies2. Ce résultat dépendra, entre autres : i) du comportement futur des individus face aux
risques pour leur santé, ii) des progrès de la médecine et de leur coût, et iii) des effets de l’allongement de
la durée de vie3. Même si l’espérance de vie en santé devrait augmenter dans les années à venir (repoussant
à une date plus lointaine le coût élevé des soins dans les derniers mois de la vie), il sera probablement
nécessaire d’augmenter les dépenses de santé pour retarder l’apparition de la maladie, pallier ses
éventuelles manifestations chroniques et permettre à la population de bénéficier des progrès de la
technologie.
5. Plusieurs aspects des systèmes de santé en place sont à l’origine de problèmes de coordination
des soins. Dans la plupart des pays, la prestation de soins s’est développée à partir d’une série de structures
distinctes, parfois appelées « silos ». Ces structures, qui peuvent être indépendantes sur le plan
institutionnel, opèrent souvent dans le cadre de régimes budgétaires distincts, en particulier quand elles
relèvent d’échelons différents de l’administration publique. Par ailleurs, du point de vue clinique, les
connaissances médicales n’ont cessé de se spécialiser, ce qui reflète en partie la complexité croissante des
sciences médicales, elle-même induite par le progrès technologique. Sous l’effet conjugué de ces deux
facteurs, les personnes souffrant d’une affection chronique peuvent avoir plus de difficultés à se frayer un
chemin à travers le système. Les mesures d’amélioration de la coordination des soins sont donc destinées
à remédier à ce cloisonnement des systèmes de soins, à permettre d’établir une passerelle entre différentes
structures de soins et à donner plus de cohérence au processus de soin, entre autres. Ces mesures visent à la
fois à améliorer la qualité des soins dispensés aux malades chroniques et à réduire les tensions sur les coûts
en déplaçant le lieu des soins vers des cadres de traitement ambulatoire, moins coûteux. A mesure que la
durée de vie augmente, les patients peuvent avoir besoin d’un suivi sur de plus longues périodes mais, on
peut l’espérer, à des niveaux d’intensité moindres.
2. Pour autant, les effets du vieillissement sur la prévalence des affections chroniques et sur les dépenses de
santé et de soins de longue durée dépendent d’une multiplicité de facteurs, l’amélioration de la qualité et de
l’efficacité des soins pour n’en citer qu’un (Oliveira, M. J. et C. De La Maisonneuve, 2006 ; Joyce et al.,
2005, Goldman et al., 2005).
3. L’importance des affections chroniques dans les coûts globaux peut augmenter en raison de l’évolution
épidémiologique. Même si la consommation de tabac et d’alcool a été réduite dans un certain nombre de
pays, le tabagisme continue d’augmenter parmi les femmes et les jeunes. En parallèle, dans la plupart des
pays de l’OCDE, l’augmentation du nombre personnes en surpoids ou obèses est sensible, et entraîne un
accroissement significatif des risques de problèmes circulatoires, d’insuffisance rénale, de maladies
cardiovasculaires et, surtout, de diabète (Andreyeva et al., 2007). On observe aussi une augmentation des
pathologies liées à la montée de l’obésité chez les jeunes, tandis que le nombre moyen de journées de
maladie et les affections chroniques augmentent rapidement parmi les groupes de population encore plus
jeunes (Fédération internationale du diabète, 2006 ; American Academy of Pediatrics, 2005), ce qui se
solde par des taux d’affections chroniques plus élevés à l’âge adulte (Perrin et al., 2007).