Eidgenössische Kommission gegen Rassismus
Commission fédérale contre le racisme
Commissione federale contro il razzismo
Cumissiun federala cunter il rassissem
Editorial
Pas d’immunité contre le racisme
Boël Sambuc
Le présent numéro de TANGRAM est consacré au thème du racisme et de la xénophobie
dans le système de la santé. Sa publication marque la poursuite d’une réflexion engagée par
la Commission fédérale contre le racisme au début de cette année avec le concours des
milieux concernés – professionnels de la santé, chercheurs et ONG – qui débouchera sur
une journée de travail en 2005 à Berne.
Pourquoi ce thème et pourquoi maintenant? Dans un domaine où le dévouement et la
recherche de l’excellence médicale sont la règle, le racisme et la discrimination raciale sont
certes l’exception. Pourtant, pas plus que d’autres secteurs de la vie en société, le monde
de la santé n’est par essence immunisé contre les comportements stigmatisants suscités par
des considérations de couleur, de religion ou d’ethnie. Dans le contexte émotionnel
spécifique de l’hôpital ou du cabinet médical, face à des événements significatifs tels que la
naissance, la maladie ou la mort d’un proche, des propos ou des actes dévalorisants, même
d’apparence anodine, sont susceptibles de blesser profondément la dignité des personnes
visées.
Sur le terrain, un malentendu persistant tend à confondre la problématique des
discriminations raciales avec celle de la gestion des différences culturelles et de la migration
en général. Or, si la population étrangère est indéniablement exposée au racisme et à la
xénophobie, notamment concernant l’accès aux soins, d’autres groupes, de nationalité
suisse, sont également touchés, tels que les Roms/Sintis/Jénisch, les personnes
d’ascendance africaine ou asiatique, les tenants d’une religion minoritaire ou d’autres
encore.
Faut-il le rappeler? Constater la différence n’a rien à voir avec un comportement
stigmatisant. Celui-ci suppose en plus la dévalorisation et la hiérarchisation de
caractéristiques intimes de l’individu ou du groupe visé en fonction de généralisations et de
clichés collectifs. Dans ce TANGRAM, le récit de Maya Shaha, «Scènes de la vie
quotidienne», l’illustre de façon éloquente.
D’autre part, le respect des sensibilités spécifiques ne signifie pas pour autant une tolérance
sans limites.
Ici comme ailleurs, le droit à la différence ne veut pas dire différence de droits. C’est ainsi
qu’un non ferme doit être opposé à toute demande de soins conditionnée au genre du
médecin ou du personnel soignant, même si la requête est fondée sur la religion. Une telle
logique ségrégationniste serait contraire au principe de l’égalité entre hommes et femmes
ancré dans la loi et dans la Constitution.
CFR, SG-DFI, Inselgasse 1, CH-3003 Berne