Les psychomotriciens sont des auxiliaires médicaux intervenant sur prescription médicale auprès d’une population allant du nouveau-né à la personne âgée. Ils s'occupent des troubles du mouvement et du geste dans leur dimension neuro-motrice, affective, tonico-émotionnelle et cognitive. Les psychomotriciens tiennent compte de la personne dans sa globalité et utilisent la médiation corporelle, entre autres, pour rééduquer les différents troubles psychomoteurs : Retard du développement psychomoteur. Trouble de la régulation tonique et trouble tonico-émotionnel. Trouble du schéma corporel. Trouble de la latéralisation. Trouble de la dominance latérale. Trouble de l’organisation spatio-temporelle. Troubles des coordinations : Trouble d’Acquisition des Coordinations (TAC), dyspraxie, trouble des équilibres statique et dynamique, trouble des coordination oculomotrice, trouble de la motricité fine. Trouble graphomoteur et dysgraphie. Trouble visuo-spatial. Trouble sensoriel et perceptivo-moteur. Trouble des fonctions exécutives. Instabilité ou inhibition psychomotrice. Trouble de l’attention. Trouble des communications non verbales et habiletés sociales. Les motifs de consultation pour un bilan psychomoteur, dans le cadre des troubles des apprentissages, sont très variés : difficultés graphiques (qualité et/ou vitesse et/ou douleur), maladresse globale, coordinations motrices fines mal maîtrisées, difficultés touchant l’organisation visuo-spatiale, difficultés attentionnelles avec ou sans agitation, manque d'affirmation de la latéralité. Le bilan psychomoteur est composé de trois parties. En présence des parents et de l’enfant, il permet de recueillir un maximum d’informations de la grossesse jusqu’à aujourd’hui : déroulement de la grossesse et de l’accouchement, développement psychomoteur, éléments médicaux et/ou paramédicaux, éléments scolaires, éléments sur les activités de la vie quotidienne, éléments sur le plan comportemental et social, … L’évaluation est basée sur des tests psychomoteurs étalonnés et sur une observation clinique. Ainsi sont évaluées : Les capacités motrices, praxiques et sensorimotrice (tonus, latéralité, praxies idéomotrices, graphomotricité, motricité fine, coordinations globales et équilibre statique et dynamique) Les capacités cognitives (schéma corporel, praxies constructives, organisation spatiale et temporelle, attention, …) Il s’agit d’une entrevue avec les parents, la présence de l’enfant est en général souhaitée, afin d’évoquer en détails des observations faites lors du bilan et de restituer les résultats des test proposés. Est alors proposé un projet thérapeutique découlant des conclusions du bilan. Il peut-être conseiller, avec l’accord du médecin référent, des bilans complémentaires. Concernant les difficultés touchant les fonctions exécutives si elles n'apparaissent pas de prime abord, à travers les différents tests réalisés et nos observations cliniques nous pouvons détecter différentes difficultés pouvant s’inscrire dans un syndrome dys-exécutif : Défaut de planification, Manque d’inhibition et impulsivité, Inadaptation à une situation nouvelle, Persévération cognitive, Trouble de la mémoire de travail, Incapacité à soutenir son attention. Les différentes fonctions exécutives sont très souvent stimulées lors d’une rééducation en psychomotricité, à travers des exercices faisant appel au traitement visuo-spatial et aux différentes coordinations motrices. Certaines médiations corporelles comme la relaxation permettent également de travailler certains aspects exécutifs. Voici trois exemples d’activités, parmi de nombreuses autres, pouvant être proposées en séance de psychomotricité. Le Rush-hour L’enfant doit faire sortir la voiture rouge du parking embouteillé en déplaçant les autres véhicules la bloquant. Il n’a pas le droit de soulever les véhicules et ne peut les déplacer que dans les directions imposées par la grille de jeu. Inciter l’enfant, dans les premiers niveaux, à se représenter mentalement le trajet. Faire émerger des stratégies que l’enfant va pouvoir s’approprier et les transférer à d’autres activités. Color Addict le but est de ne plus avoir de cartes en les posant sur le tas central. On joue soit chacun notre tour soit le plus rapidement possible. Les cartes sont posées en fonction de leur couleur et/ou du mot inscrit. C’est une activité permettant de stimuler entre autre l’attention, la flexibilité mentale, l’inhibition, … Le parcours permet d'instaurer un cadre à partir duquel l'enfant va devoir s'organiser pour traverser les différentes étapes du début à la fin tout en suivant certaines règles. Riches et divers, j’énoncerais différentes méthodes et/ou consignes pouvant être appliquées à un parcours moteur. Concrétiser le début et la fin du parcours. Faire répéter les différentes étapes du parcours par l’enfant avant de le faire. A la fin du parcours, faire vérifier à l’enfant si les différentes consignes ont été respectées et corriger si nécessaire. L’enfant peut créer le parcours, à lui d’expliquer les différentes étapes qu’il a imaginées. Rajouter des consignes pour stimuler l’inhibition et l’adaptation à une situation nouvelle. Imposer des contraintes dans la création d’un parcours (il faut utiliser 3 plots ou il faut deux éléments « sauter par-dessus ») Mettre au sein du parcours des éléments stimulant l’inhibition motrice (s’arrêter ou faire une action à un instant précis, se déplacer au milieu d’éléments sans les toucher, … Faire varier le rythme de réalisation (vite et lentement) Faire créer un parcours à l’enfant sur un plan, lui faire lister le matériel nécessaire puis le fabriquer. Faire faire à l'enfant un parcours les yeux bandés en lui demandant de se concentrer sur chaque étape. A la fin, lui demander de le dessiner et de refaire la progression graphiquement. La relaxation quelle qu'elle soit, a pour but de favoriser la prise de son conscience de ses sensations corporelles, le relâchement tonique et une détente psychique. Ce travail qu'il soit proposé de manière isolée ou précédant d'autres activités au sein de la séance permet de diminuer l'agitation motrice et d'augmenter la disponibilité et la concentration. De plus, ce travail permet de développer la verbalisation chez l'enfant. Ce genre d'exercices peut tout à fait être utilisé par l'enfant de manière autonome dans son quotidien. Si la demande d’un bilan et/ou d’une prise en charge en psychomotricité n’est pas directement pour un syndrome dys-exécutif, il apparait évident que la psychomotricité a une place dans le suivi et la rééducation des enfants présentant ce type de difficultés. La psychomotricité, dans la rééducation des fonctions exécutives, est complémentaire d’autres suivis tels que l’ergothérapie, l’orthophonie et la psychologie. Ainsi la coordination des soins est indispensable, la présence des réseaux, tel que le réseau TAP, est donc plus qu’importante.