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La Femme chez Giraudoux
Dans Trois Pièces
Siegfried, la Guerre de Troie n’aura pas lieu, Electre
Sahira Yassin
Introduction
“La Femme: une présence invincible”
L'univers du dramaturge est très féminisé puisque Giraudoux donne
volontiers la parole aux femmes, dont il fait des personnages de premier plan.
En fait la femme semble seule capable de sauver l'humani par une
mission plus générale qui la rend garante d'une équilibre de l'univers, pour
préserver son amour, et son époux, la femme giralducienne peut sauvegarder la
dignité d'une people, elle refuse sa ville soit fondée sur les mensonges, les
hypocrisies.
Pourtant, la femme peut aussi être la cause de la guerre, elle est
responsable des destructions aux mondes.
A Considérer l'ensemble des personnages crées par Giraudoux est frappé
par l'omniprésence des femmes, par la grand diversi de leur représentation.
L’univers du dramaturge est très féminise puisqu’il donne volontiers la parole aux
femmes, puisqu’il en fait des héroïnes ou des personnages de premier plan. Cette
place prépondérante de la femme dans l’œuvre giralducienne montre à quel point
l’écrivain est soucieux de traduire la réalité d’un rôle qui passe le seul cadre
domestique. Il a également le souci, à travers ses personnages féminise, de
montrer quelle peut être leur vision du monde Giraudoux sent que la femme est
bon associa de misères et d’espoir de paix, détruit par des guerres sans fin.
La femme semble que seule capable de sauver l'humanité, c'est par une
mission plus général qui la rend garante d'une équilibre de l'univers.
Andromaque, pacifiste, militante dans la Guerre de Troie n'aura pas lieu, lutte
pour empêcher la guerre de Troie, afin de préserver son couple. La femme
giralducienne semble destinée à l'amour, tel est le cas pour Geneviève dans
Siegfried, son amour est une reconnaissance de la double identide Siegfried -
forestier.
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La femme est capable de prendre la responsabilité de sauver la dignida la
ville, Electre accepte de sacrifier son peuple à son idéal de vérité et de justice.
Pourtant la femme peut aussi être la cause de la guerre comme Hélène dans
la La Guerre de Troie n'aura pas lieu, elle peut être responsable du désaccord
entre les hommes et l'univers on peut dire que si la femme chez Giraudoux n’est
pas forcément douée pour faire le bonheur de l’humanité, elle est en tout cas un
élément majeur de son destin.
La créature sensuelle
Le plus dangereux dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, qui est la
présence d'Héne, femme de nélas, le roi des Grecs; à Troie, l'enracine
dans le pulsionnel et l'anarchisme profond des instincts. C'est de façon évidente
une pièce sur le désir humain, et comme le dit Alain Duneau « Giraudoux
joue en virtuose de ses différents investissements »(1), car la pulsion agressive
est, pour Giraudoux, le substitut de la pulsion sexuelle. Alors, il semble que la
peine de la montée et de la descente n'empêchent ni les vieillards troyens de
voir Héne et de crier à son passage: « Vive Hélène, vive Vénus, vive la beauté »
(2), ni non plus, leur poète Démokos de renchérir: «C'est la ronde de la beauté » (3).
Plus loin de la noblesse du vieux Priam d'Hore, le Priam de
Giraudoux, qui joue le rôle du vieux roi des Troyens, s'il n'est pas à courir
derrière les autres vieillards pour voir lène, c'est qu'il n'ose pas, parce qu'il
n’ose pas, parce quil est âgé. Cependant, il peut parler d’amour et de beau :
« Hector, ne soit pas de mauvaise foi. Il t'est bien arrivé dans la vie, à l'aspect
d'une femme, de ressentir qu'elle n'était pas seulement elle-même, mais que tout
un flux d'idées et de sentiments avait coulé en sa chair et en prenait l'éclat ? »
(4), lui dit-il.
Peut-être y a-t-il à parler de la femme comme une classe, une
impossibilité structurale, (comme Lacan, un psychanalyste français, il s'engage dans
la psychanalyse sous le signe du retour á Freud, il côtoie laventure surréaliste; celui qui
préfère parler de la «chose» parce que la femme, selon lui, se définit « d'être
(1) Alain Duneau. Analyses et réflexions sur Giraudoux. « La guerre de Troie n'aura pas lieu
», ouvrage collectif, p.62.
(2) La guerre de Troie n'aura pas lieu. op.cit, p.38.
(3) Ibid,. p.42.
(4) Ibid., p.44.
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unique, radicalement étrangère à toute comparaison»(5)) dont témoigne dans son
laconisme le commentaire décade la servante ; « Oh ! Là ! Là ! » (6), en se
moquant de l'avis d'un des bellicistes sur la femme, car, les bellicistes eux -
me qui ont écrasé la femme en prétendant l'adorer: «C'est pénible de constater
que les femmes sont les dernières à savoir ce qu'est la femme» (7) déclare Démokos
.Mais comme nous le savons, le symbole de ces bellicistes (Priam, mokos, Les
vieillards) est l'idéalisation qui met en jeu des procédures rhétoriques
précises: abstraction, métaphorisation. «L'abstraction implique surtout qu'en
cédant au mouvement par lequel on établit une propriété commune entre deux
termes. » (8)
Jusqu'au omètre, qui apporte la caution de la science à la guerre, vient se
mettre à l'unisson des justifications mensongères, et dire qu'Hélène apporte
l'harmonie et l'équilibre au paysage troyen, elle est la « commune mesure »(9), dit-
il. Rien de plus significatif à cet égard que l'opposition radicale entre les deux avis
sur la femme, celui-là du Géomètre et l'autre du Gabier, un matelot de tous les
ports; il raconte les ébats de Paris et d'Héne sur le bateau, il ressemble le corps
d' Hélène à un « bouleau frémissant »(10), l'avis du Gabier sur la femme donne au
conflit sa résonance et son ampleur, car, il indique un désir anarchique, c'est
comme nous le verrons,
Le premier avis, qui est celui du Géomètre, et comme nous l'avons vu,
est en quête d'un « sens » qui pourrait habiller une « apparence ». C'est lui qui
prétend être l'arpenteur des apparences humaines : «Ne crois pas que les
géomètres n'aient pas à s'occuper des femmes ! ils sont les arpenteurs aussi de
votre apparence »(11), dit le Géomètre, tandis que l’avis du Gabier, en filant pour
signer le corps féminin, la belle taphore du «bouleau frémissant»,
s’attache à une image sensuelle et concrète qui ne craint pas d'intervertir les
images et les sexes, mais qui a le rite de suggérer le libre exercice d'un jeu
libidinal.
Or, si l'avis du Gabier annule ainsi les effets de l'avis du omètre, c'est
parce que la pce effectue à rebours, entre les deux pôles de la sensualité et de
la noblesse, le parcours exemplaire de l'idéalisation, en mettant en scène le
(5) Ci par Rolland Quilliot; Les métaphores de l'inquiétude. Giraudoux. Hesse, Buzzati, P.92.
(6) La guerre de Troie n’aura pas lieu, op. cit., p.52.
(7)
Ibid.,
P.43
.
(8) Analyses et réflexions sur Giraudoux op.cit, p. 73.
(9) La guerre de Troie n'aura pas lieu, op.cit, p.46.
(10) Ibid., p.167.
(11) Id.
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retour du refoulé. Parcours exemplaire, en effet, si l’on veut bien examiner ce
que le texte veut dire de ces deux pôles, sur la «noblesse», et sur son
articulation à« l'amour sensuel». Voici le moignage qu'Hector confie à
Andromaque à son retour de la guerre : « Cela semble étrange à dire, mais la
guerre m'avait promis la bonté, la générosité, le mépris des bassesses. Je croyais lui
devoir mon ardeur et mon goût à vivre, et toi-même ... [...] et tu ne peux savoir
comme la gamme de la guerre, était accordée pour me faire croire à sa noblesse. »
(12)
En fait, Hector commet la même erreur lorsqu'il s'affirme prêt à croire, à la
fin de la pièce, à la noblesse d'Ulysse, le chef des Grecs, et il faut tout le cynisme
de cet homme pesant, « la volupde vivre et la fiance de la
vie » (13), pour le détromper et lui faire voir, même si c'est peu de chose, ce qu'il
entre d'investissement libidinal dans une décision généreuse :
« Ulysse : Vous savez ce qui me décide à partir, Hector,…
Hector : Je le sais. La noblesse.
Ulysse : Pas précisément... Andromaque a le même battement de cils que
Pénélope. » (14)
Chez Oiax, un officier de la marine de la suite d'Ulysse, il est clair
que les deux pôles de la noblesse et de la sensualité la plus brutale
sont constitutifs, dans leur présence, d'un équilibre instable auquel la
guerre est justement suspendue, et son attirance pour Andromaque
apparaît favorisée et non freie, par l'admiration qu'il éprouve pour
Hector : « La femme d'Hector ! Bravo ! J'ai toujours préféré les femmes de
mes amis, de mes vrais amis. » (15)
Mais le plus intéressant à considérer est le maintien dans
l'idéalisation de ce que Freud appelle «la pnitude du courant
originaire» (16) de sensualité, étant bien entendu que ce courant n'a pas
disparu et qu'il continue à procurer une satisfaction sur ce point, il sera
utile de comparer ces deux textes.
Voici ce qu'écrit Freud : « Le mouvement qui fausse ici le jugement
est celui de l'idéalisation. Mais de ce fait, il nous est plus facile de nous
(12) Ibid., p.25.
(13) Ibid., p.172.
(14) Ibid., p.182.
(15) Ibid., p.184.
(16) Freud. S. « La tête de Méduse ». ln Résultats, Ies .Problèmes, t.II, .p.177.
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orienter ; nous reconnaissons que l'objet est traité comme le moi
propre, donc que dans l'état amoureux une certaine quantité de libido
narcissique déborde sur l'objet. Dans maintes formes de choix
amoureux, il devient même évident que l'objet sert à remplacer un idéal du
moi propre, non atteint on l'aime à cause des perfections auxquelles on a
aspiré pour le moi propre et qu'on voudrait maintenant se procurer par ce
détour pour satisfaire son narcissisme. » (17)
Et voici ce que Giraudoux faire dire à Priam, le roi des Troyens :
« Mon cher fils, regarde seulement cette foule, et tu comprends ce qu'est
Hélène. Elle est une espèce d'absolution. Elle prouve à tous ces vieillards que tu
vois là au guet et qui ont mis des cheveux blancs au fronton de la ville, à celui-là
qui trafiquait des femmes, à celui-là qui manqua sa vie, qu'ils avaient au fond
d'eux-mêmes une revendication secrète, qui était la beauté. Si la beauté avait été
près d'eux, aussi près qu'Hélène l'est aujourd'hui, ils n'auraient pas dévalisé
leurs amis, ni vendu leurs filles, ni bu leur héritage. Hélène est leur pardon,
leur revanche, et leur avenir. »
(18)
Alors, Hélène incarne la mort autant que la vie. Les hommes, comme nous
les avons déjà vus, perdent tout contrôle d'eux-mêmes quand ils la voient, et
cela ne convient pas avec les efforts pacifistes de Giraudoux à écraser la laideur :
« Je m'attache à dénombrer ces forces obscures et à leur enlever ce qu'elles ont
d'obscure, à les montrer en pleine clarté. »
(19)
Giraudoux attaque ces vieillards- qui voient en lène une « absolution » à
leur vie ratée. Pour cela, il a ussi à accorder à Hélène un le simple, il se borne
à voir, à recevoir, elle semble sans pitié, ce n'est pas une dame patronnasse : « Je
ne suis pas très forte en pitié » (20), dit-elle.
Sa façon de donner c'est d'être mieux qu'elle-même, comme lorsqu'elle se
promène sur les remparts de la ville et donne aux hommes troyens à voir, à aimer
ou à ver. Cette sensualité d'Héne de transformer les hommes «en grands...
savons » (21) dont elle aime se frotter la détache réalité. Ces vieillards n'ont pas ado la
beauté d'Hélène, ils s'adorent eux-mes, ils adorent la aideur, et il n'est, en
somme, d'autre idéal que l’idéal du moi : «Les gens ont pitié des autres dans !a
(17) Id.
(18) La guerre de Troie n'aura pas lieu, op.cit p.47. .
(19). Benjamin Crémieux, Conversations sur le tâtre. M. Giraudoux et la guerre de Troie.
Dans Analyses etflexions sur Giraudoux, op.cit p.17.
(20) La guerre de Troie n'aura pas lieu, op.cit, p. 137.
(21) Ibid., p.70.
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