
1NDICES | L’AGEFI | JUIN 2009
GESTION DE FORTUNE
MARCHÉ
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Risque émetteur  
Sauve qui peut  !
S’il est une leçon que les consommateurs de produits structurés ont retenu de la faillite
de Lehman Brothers,  c’est bien le risque que représente l’émetteur de ces produits. Aussi, les acteurs
du marché s’organisent  et essaient de proposer des solutions efficientes pour limiter ce risque.
Sept mois... Sept mois que la banque d’affaires américaine Leh-
man Brothers a rendu les armes, créant une fracture profonde 
sur la planète finance. La myriade d’engagements et de sous-
engagements entre la banque et ses concurrents et partenaires 
mondiaux a déstabilisé les financiers du monde entier créant le 
sentiment que plus rien ne serait jamais comme avant. L’indus-
trie des notes structurées, alors en plein essor, n’a pas échappé 
au marasme ambiant. Aveuglés par le bull market des années 
2000, beaucoup d’investisseurs ont oublié un risque inhérent 
à la construction même de ces montages innovants : le risque 
émetteur. En effet, un détenteur de note structurée est classé 
au même rang de remboursement qu’un créancier obligataire 
dans le cas de la faillite d’un émetteur. Ainsi, l’investisseur qui a 
voulu jouer la hausse du SMI avec un produit à capital garanti 
émis  par  Lehman  Brothers,  se  soucie  finalement  moins  de 
l’évolution des actions suisses que de l’avancement de la pro-
cédure de liquidation des actifs de la banque américaine. Ces 
sept mois auront plongé les principaux acteurs du marché dans 
une réflexion visant à limiter voire supprimer le risque émetteur. 
Plusieurs solutions peuvent ainsi être aujourd’hui envisagées.
Dissocier structureur et émetteur 
La première solution  envisagée  n’est  pas  nouvelle  et  a  long-
temps été l’unique apanage des banques de faibles notations. Il 
  PIERRE-YVES BRETON
TRADITION 
PRODUITS STRUCTURÉS 
DESK SUISSE
INVESTISSEUR
VÉHICULE AD-HOC
BANQUE A
ADMINISTRATEUR
BANQUE A COLLATÉRAL
100
100
Notes
Notes
100 100 + Payoff
100 + Payoff
Swap
L’Administrateur liquide les actifs 
au bénéfice de l’investisseur en 
cas de défaut
  FLUX À L’ÉMISSION       FLUX À MATURITÉ
LE MÉCANISME DE NANTISSEMENT SPV
s’agit en effet de dissocier la banque qui va structurer la note de 
celle qui va émettre le papier. 
Prenons pour exemple une banque X de faible rating (BBB à A). 
Pour répondre à la volonté de ses clients de ne pas s’exposer 
directement à ce risque émetteur, elle pourra faire émettre ce 
produit par une autre entité et aller ainsi chercher des noms cor-
porates voire même quasi-étatique, et atteindre des ratings de 
tout premier plan AA+ voire AAA.
Le montage sera effectué au sein de la banque X mais la partie 
obligataire de la note sera issue d’un « swap » entre la trésorerie 
de X et celle de l’entité Y, afin de créer un produit dont le risque 
de crédit correspondra à celui de Y.
Special Purpose Vehicule
Il s’agit,  ici comme ailleurs de transfert de risque.  Pour  aller 
plus loin, on a pu voir ainsi certains acteurs proposer des véhi-
cules d’émissions (SPV – Special Purpose Vehicule) de plus en 
plus perfectionnés conçus à partir des leçons retenues suite aux 
défaillances bancaires récentes.
Contrairement à un produit structuré, la partie garantissant le 
capital ne sera pas matérialisée par un zéro-coupon émis par 
une unique banque, mais pourra être composé d’actifs sélec-
tionnés par  l’investisseur,  par exemple des obligations à taux 
fixe: le collatéral. L’intérêt est double : éviter les émetteurs ban-
caires en choisissant des signatures non financières, potentiel-
lement  plus  conservatrices mais aussi utiliser ces  collatéraux 
obligataires pour améliorer le funding de la note et libérer ainsi 
plus de valeur à investir dans la stratégie optionnelle.
Ici, l’émetteur du produit ne sera ni la banque qui structure, ni 
le collatéral mais le SPV lui-même. Celui-ci, en outre, est chargé 
de gérer quotidiennement ces actifs mis en gage afin que cette 
garantie de recouvrer 100 % du capital à maturité soit toujours 
assurée, via, telle une chambre de compensation, des appels de 
marge.
Service assuré par Scoach et l’ASPS 
C’est de ce même mécanisme de nantissement et de SPV que la 
Bourse Suisse des Produits Structurés (Scoach) s’est inspirée 
afin de répondre de façon plus institutionnalisée à cette demande 
de  protection.  L’Association  Suisse  des  Produits  Structurés 
(ASPS), composée des émetteurs les plus actifs, et Scoach ont 
en effet réagi rapidement pour éviter une désaffection plus pro-
fonde notamment de la part des caisses de pension. 
Ce mécanisme organisé de nantissement implique dès l’émis-
sion  la  mise  en  gage  d’actifs  liquides  auprès  d’une  chambre 
de  compensation  dont  le  fonctionnement  et  l’administration 
sont confiés à un organisme externe, afin d’éviter tout conflit 
d’intérêt. En cas de faillite de l’émetteur, ces actifs sont liquidés 
et constituent un coussin de remboursement confortable pour 
l’investisseur.
Le coût de la protection 
Une fois encore, l’industrie des produits structurés a su réagir 
promptement  pour  proposer  des  solutions  efficientes  et  qui 
correspondent aux attentes du marché suisse. Mais ces mon-
tages ont un coût. L’investisseur devra arbitrer comme il en a 
l’habitude avec le sous-jacent et ses barrières, le fameux ratio 
risque/rendement. Est-il nécessaire de payer 1 % à 2 % supplé-
mentaire un produit émis par un SPV ou via la Bourse suisse, 
alors qu’on peut investir dans un produit émis par une banque 
quasi-nationalisée et qui paiera largement le fait de lui prêter de 
l’argent ? La question est essentielle et montre la diversification 
de plus en plus grande qu’offre le marché suisse des produits 
structurés. 
Ce mécanisme organisé de nantissement
implique dès l’émission la mise en 
gage d’actifs liquides auprès d’une 
chambre de compensation dont
le fonctionnement et  l’administration 
sont conés à un organisme externe.
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