décerner le Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre. Utilisant ses premières expériences professionnelles
de peintre et de designer dans des agences de publicité, Barbara Kruger s'approprie des messages
accrocheurs et des textes percutants qu'elle inscrit sur une multitude de supports reliés à la production
de masse (posters, t-shirts, sacs de provision, cartes postales) ou à la société de consommation
(marquises de cinéma, murs d'affiches, encarts publicitaires sur des autobus ou dans le métro), alors
qu'en galerie, elle envahit la salle de ses photomontages, en tapisse murs, plancher et plafond (ex :
l'installation « Circus » sur les parois de la Schirn Kunsthalle de Francfort où l'on peut lire l'un des
messages : « La violence nous fait oublier qui nous sommes »).
Kruger est actuellement professeur à l'Université de Californie à Los Angeles.
•Description de l'oeuvre et interprétation:
Cette image représente un portrait masculin sur un fond neutre, en noir et blanc, éclairé sur le côté
gauche, cadré en plan rapproché. Le visage est en partie caché, un bandeau, de format rectangulaire, sur
lequel se détache un slogan en lettres blanches sur fond rouge : « Si vous ne contrôlez pas votre esprit,
quelqu'un d'autre le fera » qui recouvre les yeux du personnage et son buste.
On peut reconnaître le portrait d' Adolf Hitler (1889 -1945) nommé chancelier en 1933 en Allemagne,
grâce à sa moustache étroite et noire mais aussi à ses cheveux coiffés avec une raie sur le côté.
Barbara Kruger utilise le langage, de manière déclarative, en détournant l'image publicitaire ou en se
réappropriant des images de presse, qu'elle expose agrandies en leur rajoutant par superposition un
slogan écrit en caractères d'imprimerie. L'usage de la couleur est limité à 3 : blanc/noir/rouge et
différents tons de gris. L'écriture est un avertissement comme un signal sonore.
•Contextualisation de l'oeuvre :
Cette œuvre évoque la période de l'Allemagne nazie (1933 – 1945) où Adolf Hitler va installer une
dictature aux pratiques totalitaires en cherchant à endoctriner la jeunesse et en menant une politique
raciste et antisémite (cf : Lois de Nuremberg 1935).
La société américaine devient, dans les années 1950, une société de consommation dans laquelle les
objets et l'argent prédominent. La publicité devient aussi très envahissante.
•Analyse et interprétation :
En montrant une figure symbolique de l'oppression totalitaire, cette œuvre cherche à nous mettre en
garde contre la menace des totalitarismes qui peuvent faire régner la terreur et restreindre les libertés.
Elle nous invite à contrecarrer une autre forme de propagande, celle de la société de consommation et
dénonce les manipulations des médias et de la publicité. C'est une œuvre engagée.
L'usage du pronom « You » prend à parti le spectateur de manière directe, les contrastes : un slogan
détonant, écrit avec de grandes lettres blanches sur un bandeau rouge qui se détache et recouvre une
photographie en noir et blanc qui représente le portrait d' Hitler (reconnaissance d'un signe physique celui
de la moustache), le regard est caché alors que l'artiste interpelle notre propre vision. L'artiste est
comme des lunettes qui nous montrent la réalité.
Le slogan fait référence au pouvoir, et à la manière dont le pouvoir détermine nos vies, nos
comportements, nos corps, mais ils rappellent aussi le combat, la dénonciation, l’appel à la lutte collective.
Barbara Kruger reprend les techniques de la communication et de la publicité. Son œuvre est lisible de
manière directe et immédiate grâce à un langage très précis, simple, sur un mode impératif, avec un
graphisme au contraste saisissant, compréhensible par tous.
A propos de sa démarche artistique, Barbara Kruger dit :
« Provoquer des questions concernant le pouvoir et ses effets sur la condition humaine : étudier la
manière dont le pouvoir est construit, utilisé et abusé ».