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Atelier international du GCTF et de l’OSCE sur
Le soutien aux initiatives de la société civile visant à renforcer le rôle des
femmes dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation
débouchant sur le terrorisme”
Istanbul, 13-14 mai 2014
RECOMMANDATIONS
Ce document a été préparé par le Département des menaces transnationales de
l’OSCE pour récapituler les recommandations mises en avant par les participants à
l’atelier. Ce document n’a pas reçu l’approbation des participants et ne reflète pas
nécessairement les points de vue et la position de l’OSCE ou du GCTF.
I. Axes de réflexion
1) Le rôle des initiatives de la société civile devrait être reconnu et soutenu dans la promotion du rôle
unique et significatif que les femmes peuvent jouer dans leur famille, leur communauté, les
établissements d’enseignement, les organes de maintien de l’ordre et le secteur parapublic, pour lutter
contre l’extrémisme violent et la radicalisation débouchant sur le terrorisme (EVRDT).
2) Les gouvernements devraient nouer le dialogue avec des organisations de la société civile, en particulier
les organisations de femmes et les organisations œuvrant dans les domaines de la prévention des conflits
et de la violence, de la consolidation de la paix ou de l’assistance humanitaire, en se donnant pour
objectifs de:
- Développer une compréhension plus complète des conditions propices à la propagation du terrorisme
et des facteurs qui déclenchent l’EVRDT dans des contextes particuliers;
- Donner voix au chapitre aux femmes pour mettre au point des stratégies plus localies, crédibles,
complètes et éloquentes pour renforcer lasistance à l’extrémisme violent;
- Intégrer les droits de l’homme et la parité des sexes à la mise au point, la mise en œuvre, et
l’évaluation des orientations pour lutter contre l’EVRDT aux niveaux national, régional et
international.
- Veiller à ce que les systèmes éducatifs et les programmes comprennent des contenus et des
enseignements qui promeuvent la tolérance et l’acceptation de l’égalité des sexes et des droits de
l’homme, indépendamment des différences religieuses ou idéologiques, afin de permettre
l’édification dune société pacifique et fonctionnelle.
3) Les gouvernements devraient encourager et suivre des stratégies destinées à renforcer les capacités des
organisations de la société civile à lutter contre l’EVRDT, selon des méthodes qui garantissent la
sécurité, la non-sécurisation et la non-instrumentalisation de ces acteurs, y compris les organisations de
femmes.
4) Les gouvernements devraient veiller à ce que les initiatives de la société civile pour développer le rôle
des femmes dans la lutte contre l’EVRDT soient en conformité avec les droits de l’homme, en assurant
l’égalité des sexes et en protégeant les droits des femmes en toutes circonstances, et pas seulement
comme un moyen de lutte contre l’EVRDT.
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5) Les rôles complexes et vars des femmes dans l’EVRDT et dans la lutte contre l’EVRDT devraient être
reconnus. Les efforts de prise en compte de la voix des femmes et de promotion de leur rôle dans la lutte
contre lEVRDT ne devraient pas se limiter à des stéréotypes sexistes tels que ceux cataloguant les
femmes comme des victimes ou comme des mères. De même, les efforts pour renforcer le le des
femmes dans la lutte contre l’EVRDT ne devraient pas être associés à d’autres aspects de la promotion
des droits des femmes et des jeunes filles ou mener à une vision idéalisée des femmes dans ce contexte.
Les femmes peuvent également être des sympathisants, des incitateurs et des auteurs d’actes de
terrorisme, ainsi que des acteurs clés dans le secteur de la sécurité et les autres institutions d’état
impliquées dans la lutte contre l’EVRDT.
6) Les organisations de femmes contribuent déjà de multiples façons à la lutte contre l’EVRDT, par
exemple par le biais d’activités en relation avec la consolidation de la paix, la promotion de la résistance
et de la cohésion sociale, et la protection des droits des femmes. Parallèlement, les gouvernements
devraient renforcer l’identification, en étroite collaboration avec les organisations de femmes, des
facteurs qui font que dans certains cas il est contre-productif ou peut-êtreme dangereux de
catégoriser de telles activités comme faisant partie de la lutte contre l’EVRDT.
7) Les gouvernements devraient adopter des réponses et des stratégies de lutte contre l’EVRDT qui soient
basées sur des preuves et qui reflètent également les recherches sur le le du genre dans la
radicalisation et le recrutement terroristes, et sur l’impact des initiatives destinées à impliquer les
femmes dans la lutte contre l’EVRDT.
8) Les gouvernements devraient établir des systèmes de points de repère et des processus de sélection
cohérents destinés à passer au crible les partenaires et les bénéficiaires de subventions pour la lutte
contre l’EVRDT afin de s’assurer qu’ils partagent des valeurs, y compris concernant la cohésion sociale
et la tolérance, qui ne soient pas hostiles aux droits des femmes.
9) Des hommes devraient prendre part au renforcement du rôle des femmes et de l’approche intégrée de
l’égalité entre femmes et hommes dans la lutte contre l’EVRDT, y compris en soulignant le le des
pères dans le soutien apporté concernant l’éducation et la responsabilisation de leurs filles, par exemple.
II. Renforcer le sentiment d’appropriation et les partenariats locaux avec les
organisations de femmes
10) Les gouvernements devraient veiller à ce que la collaboration avec les associations de femmes soit
basée sur une compréhension très aboutie de la culture, de la religion et du rôle des genres à l’intérieur
d’une communauté, et qui soit exempte de tout stéréotype et de toute conséquence négative pour les
femmes impliquées.
11) Les gouvernements devraient nouer des partenariats locaux et renforcer l’appropriation des efforts pour
lutter contre l’EVRDT. Ce faisant, ils devraient privilégier la collaboration avec les petites organisations
locales de femmes, telles que celles situées en dehors des centres urbains, plutôt qu’avec des structures
aux leaders de communauté autoproclamés ou avec seulement de grandes organisations bien établies.
Cela peut impliquer la coopération avec des organisations de coordination afin didentifier des
partenaires locaux et d’entrer en contact avec eux.
12) Les gouvernements devraient établir des partenariats véritables avec les organisations de femmes, tirant
parti des pratiques des femmes au niveau local pour lutter contre l’EVRDT, sans saper le sentiment
d’appropriation locale. Les gouvernements devraient garder à l’esprit et écarter les risques de réaction
violente des communautés et/ou de discrédit des partenaires de la société civile dans l’hypothèse où les
programmes seraient perçus comme dirigés depuis l’extérieur.
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13) Les gouvernements devraient s’assurer que les conditions et les processus d’allocation de subventions
permettent l’accès au financement des organisations de femmes de la société civile, en particulier celles
de niveau local et des régions fragilisées. Ceci peut impliquer : l’ajustement des critères de déclaration
et de vérification afin de tenir compte des capacités institutionnelles limitées des organisations de
femmes; l’obligation exigeant des bénéficiaires de subventions importantes de verser plusieurs
subventions de petite envergure à des organisations locales; l’examen des portefeuilles de récipiendaires
afin de s’assurer que des fonds sont également versés à des organisations de femmes issues de la socié
civile; et la reconnaissance que certains efforts pour lutter contre l’EVRDT nécessitent des calendriers
de projets de long terme.
14) Les gouvernements devraient mettre au point un cadre juridique et stratégique qui permette aux femmes
et aux organisations de femmes d’entreprendre des activités au niveau local pour lutter contre l’EVRDT
dans les communautés à risque sans risquer d’être étiquetées comme prestataires d’assistance matérielle.
15) Afin d’assurer l’impulsion et la durabilité des efforts de lutte contre l’EVRDT, les gouvernements
devraient associer : les efforts locaux et nationaux de cette lutte; les efforts informels des femmes pour
lutter contre l’EVRDT et les activités formelles de cette lutte; les efforts locaux des femmes pour lutter
contre l’EVRDT et le programme international concernant les femmes, la paix et la curité; et les
initiatives dans différents secteurs pour lutter contre l’EVRDT (p.ex., l’éducation, la santé).
16) Le rôle crucial que les associations de femmes peuvent jouer en tant qu’intermédiaires et prestataires de
services de substitution dans les communautés à risque devrait être reconnu et soutenu. Dans certains
contextes, l’absence d’un soutien de famille ou protecteur masculin (p.ex., pour les membres féminins
des familles de terroristes détenus ou décédés ou pour les victimes féminines d’attentats terroristes)
complique pour les femmes l’obtention de moyens de subsistance, l’accès à des soins de santé de base
ou la possibilité de rendre compte d’activités criminelles aux autorités. Les organisations de femmes
peuvent contribuer à veiller à ce que les familles et les communaus ne soient pas marginalisées ou
dépendantes de l’assistance de groupes extrémistes (violents), en renforçant la confiance avec les
communautés à risque.
III. Renforcer les capacités pour promouvoir le rôle des femmes dans la lutte contre
l’EVRDT
17) Le financement devrait avoir comme priorité les programmes de formation et de renforcement des
compétences pour les organisations de femmes dans des domaines tels que la lutte contre l’EVRDT, la
promotion de l’éducation et la consolidation de la paix. Des efforts particuliers devraient être entrepris
pour rendre les formations disponibles aux organisations locales dirigées par des femmes et/ou non
enregistrées à l’extérieur des centres urbains.
18) Le renforcement des capacités devrait en particulier concerner les qualités d’esprit critique, la
communication et la messagerie, l’apprentissage des langues afin de prendre connaissance des textes
religieux, et les compétences techniques afin d’aider les femmes à participer aux médias sociaux pour
atténuer la violence des messages extrémistes.
19) Il est nécessaire de soutenir des plates-formes et des espaces sûrs pour que les femmes puissent partager
des ressources, des expériences et des préoccupations face à la radicalisation violente. Ceci implique des
échanges entre des organisations de femmes œuvrant à la lutte contre l’EVRDT, entre les femmes sur
place et les femmes de la diaspora, ainsi qu’entre les femmes des communautés de la diaspora.
20) Les gouvernements devraient répondre aux inquiétudes sur les droits de l’homme qui sous-tendent
souvent les difficultés et les réticences des femmes à prendre part à la lutte contre l’EVRDT. Ceci
englobe les cas où des femmes appartiennent à un groupe qui a fait l’objet de politiques de lutte contre
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le terrorisme disproportionnées et/ou discriminatoires, ou les cas où des mesures de lutte contre le
terrorisme ont duit la marge de manœuvre et les ressources des organisations de femmes, en
criminalisant des activités légitimes de défenseurs féminins des droits de l’homme ou en compliquant la
réception et l’administration des fonds par les petites organisations.
IV. Assurer la sûreté et la sécurité des femmes dans la lutte contre l’EVRDT
21) Les préoccupations quant à la sécurité relative au genre devraient être identifiées et écartées pour faire
participer les femmes et les organisations de femmes à la lutte contre l’EVRDT en toute sécurité, y
compris en mettant au point des canismes destinés à protéger les femmes dans les communautés à
risque ou dans les régions touchées par des conflits.
22) Les gouvernements devraient suivre les conseils stratégiques des organisations de femmes locales qui
sont particulièrement vulnérables aux réactions violentes des communautés et/ou aux représailles de
groupes extrémistes violents, concernant les priorités de la lutte contre l’EVRDT. En particulier, les
gouvernements devraient admettre que la catégorisation ou la documentation des efforts des
organisations de femmes en tant que participantes à la lutte contre l’EVRDT peut être dangereuse ou
contre-productive.
23) Les gouvernements devraient reconnaître que dans certaines situations, telles que celles où les secteurs
de la sécurité n’ont pas été réformés, il peut être dangereux ou contre-productif pour les organisations de
la société civile de collaborer étroitement avec les agences de sécurité. Les gouvernements devraient
soutenir un espace non-sécurisé afin que la société civile puisse consolider la résistance de la
communauté indépendamment de tout échange avec le secteur de lacurité ou autres acteurs étatiques.
V. Faire participer les femmes dans les familles et les communautés à la lutte contre
l’EVRDT
24) Les gouvernements devraient soutenir les initiatives de la société civile pour accroître la prise de
conscience et les capacités des familles, y compris des membres féminins des familles tels que les
mères, afin de répondre à la question de la radicalisation violente et de prévenir celle-ci. Ceci implique
que l’on veille à ce que les membres des familles puissent : reconnaître les signes avant-coureurs de
radicalisation violente chez d’autres membres des familles, particulièrement les enfants ; utiliser leur
influence pour prévenir l’extrémisme violent; et soient encouragés à tirer parti des ressources, telles que
les espaces sûrs, afin de pouvoir y exprimer leurs préoccupations et recevoir des conseils.
25) Les membres féminins des familles d’extrémistes violents arrêtés ou décédés devraient être soutenus
afin de réduire leur ceptivité et celle de leur famille à la radicalisation violente et au recrutement, y
compris par le recours aux conseils et l’accès à des revenus alternatifs, tels que par un soutien financier
ou une formation professionnelle.
26) Des membres de familles de sexe féminin devraient participer à tous les programmes de sengagement
et de réinsertion pour les extrémistes violents et les terroristes, que ceux-ci soient des hommes ou des
femmes.
27) Les leaders et érudits religieux de sexe féminin devraient être encouragés à avoir des échanges avec leur
communauté, en particulier les femmes et les jeunes filles, sur les questions concernant l’extrémisme
(violent), par exemple en agissant comme modèles ou mentors, ou à fournir des conseils aux individus à
risque.
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28) L’établissement de coalitions et les échanges interreligieux entre femmes, y compris les leaders et
érudits religieux de sexe féminin, devraient être soutenus, par exemple afin de promouvoir la tolérance,
interagir avec les jeunes à risque, protester conjointement contre la violence terroriste infligée
notamment aux femmes et aux jeunes filles, et participer aux réponses du secteur de la sécurité à
l’EVRDT.
29) L’établissement de réseaux devrait être facilité entre les femmes appartenant à des organisations
d’inspiration religieuse et des organisations non-confessionnelles, ainsi qu’à des organisations de
femmes qui sont confessionnelles et non-confessionnelles, afin de promouvoir la tolérance et la
diversité.
VI. Faire participer les femmes par l’éducation et à l’intérieur des établissements
éducatifs à la lutte contre l’EVRDT
30) L’accès des femmes et des jeunes filles aux établissements d’enseignement laïc et religieux devrait être
facilité et amélioré, y compris en augmentant le nombre et la formation des membres féminins du
personnel. Ceci peut: contribuer à minimiser les conditions d’inégalité socio-économique pouvant
boucher sur le terrorisme; réduire la réceptivité aux rhétoriques extrémistes violentes; et permettre
aux femmes de lutter contre les discours extrémistes violents dans leur famille et leur communauté.
31) Le personnel des établissements d’enseignement devrait être for à gérer les incidents liés à
l’extrémisme violent, causés par des étudiants, leurs parents ou d’autres membres du corps enseignant.
Ce type de formation peut aborder des thèmes tels que l’EVRDT et ses dimensions relatives au genre.
Les programmes des instituts et universités enseignant la pédagogie et le travail social pourraient inclure
des sujets qui abordent spécifiquement la question du genre et l’EVRDT, y compris par des études de
cas.
32) Les programmes devraient être réformés, le matériel pédagogique développé, et les capacités de tous les
éducateurs/formateurs renforcées afin de promouvoir la tolérance, la transformation des conflits, la
consolidation de la paix, le dialogue interreligieux, la médiation et le respect des droits de l’homme, en
particulier des droits des femmes.
33) Les efforts des femmes enseignant dans les écoles locales à l’intention des jeunes à risque devraient être
soutenus, tels que les programmes de cours du soir particuliers, le sport et les activités artistiques, afin
de venir en aide aux jeunes vulnérables.
34) Les opportunis d’enseignement ou de soutien par les pairs devraient être facilitées sur les questions en
relation avec la radicalisation violente, la tolérance et la cohésion sociale, y compris par la formation de
jeunes femmes ou filles comme mentors etdiatrices, ou par la création de clubs étudiants pour la paix
et le développement de l’esprit d’équipe interactif.
35) La coopération entre les femmes dans les établissements d’enseignement laïc et religieux devrait être
renforcée en tant que moyen de promotion du dialogue et de la compréhension mutuelle.
36) Les gouvernements devraient soutenir les initiatives de la société civile pour instruire les femmes sur
leur histoire culturelle, religieuse et politique, tout en reconnaissant qu’il y a diverses interprétations,
afin de leur permettre de formuler leurs propres stratégies de lutte contre les discours extrémistes.
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