LâĂCONOMIE DE LA CONNAISSANCE,
NOTRE VRAI DĂFI
Nous sommes aujourdâhui, Ă
lâĂ©chelle mondiale, face Ă
des changements rapides et
profonds qui bouleversent
les anciens Ă©quilibres et nous invitent Ă
repenser lâavenir. Explosion dĂ©mogra-
phique, raréfaction des ressources natu-
relles, impacts du changement clima-
tique, urbanisation croissanteî: partout
dans le monde, nos environnements se
transforment, générant de nouvelles
questions. Comment assurer notre sur-
vie Ă long terme sur la planĂšteî? Com-
ment garantir la qualité de vie au sein
dâespaces urbains saturĂ©sî? Quels modes
de vie pérennes adopter face à ces
enjeux massifsî?
ParallĂšlement, nous sommes en train de
vivre la révolution ubiquitaire. La quasi
totalitĂ© de la population mondiale a dĂ©jĂ
accÚs aux technologies numériques en
mode mobile. Les relations entre les per-
sonnes, indépendamment de leurs habi-
tats, us et coutumes et de la région de la
planĂšte oĂč elles vivent, se sont vues pro-
fondĂ©ment modiïŹĂ©es par lâinstantanĂ©itĂ©
des échanges permise par cette présence
ubiquitaire, par la puissance de lâinforma-
tique, de lâInternet des personnes et de
lâInternet des objets. Les nouvelles technologies impriment profondĂ©ment et dura-
blement leur marque dans lâenvironnement immĂ©diat de la vie quotidienne de chacun.
Nous voici Ă lâĂšre de lâhyperconnectivitĂ©, avec un impĂ©ratif, celui de prĂ©server, voire
de renforcer le lien social, si nous ne voulons pas que la technologie devienne un
aussi puissant facteur qui nous dépasse en nous éloignant les uns des autres.
Face Ă ces mutations, il est crucial de rĂ©ussir notre transition vers lâĂ©conomie de
la connaissance. Pour ce faire, nous avons besoin de disposer, au cĆur des terri-
toires, de lieux dâhybridation oĂč se bĂątissent des Ă©cosystĂšmes dynamiques, oĂč
sâinventent de nouvelles maniĂšres de partager la connaissance, oĂč sâĂ©laborent de
nouveaux paradigmes. A lâheure des villes globales, des villes - monde, nous avons
besoin de villes plateformes, de living labs, de nouveaux modĂšles Ă©conomiques
traversĂ©s par la logique du partage et de la collaboration, nous avons besoin dâexplo-
rer des nouveaux paradigmes et dâanticiper les prochaines ruptures. Le projet
thecamp, portĂ© par le visionnaire FrĂ©dĂ©ric Chevalier, apporte une rĂ©ponse forte Ă
toutes ces problĂ©matiques, en anticipant les changements profonds quâil nous faut
apporter Ă la culture de lâinnovation. Dans un environnement mondial de plus en
plus ouvert mais aussi de plus en plus compĂ©titif, oĂč les rĂšgles de jeu sont en train
de muter en profondeur, il nous faut en eïŹet demeurer visibles et attractifs.
Thecamp a prĂ©cisĂ©ment lâambition de devenir un campus de haut niveau au rayon-
nement mondial. Il sâagit dâun projet sĂ©duisant, mais Ă©galement, jâen suis convaincu,
dâun projet dâavenir pour construire la ville de demain, raison pour laquelle je
mâassocie en me fĂ©licitant aussi par lâimplication de tous les acteurs publics et
privés dans cette démarche. Son succÚs constituera un facteur-clé pour le dévelop-
pement de la nouvelle mĂ©tropole Aix-Marseille, pour la rĂ©gion PACA â mais aussi
pour la France, qui pourra ainsi porter haut et fort sur la scĂšne internationale un
projet de rupture tout Ă fait exemplaire. â
Thecamp, le campus nouvelle
génération dédié à la ville
du futur ouvrira ses portes
Ă Aix-en-Provence sur
7 hectares de nature.
2 I
L
ongtemps perçue lointaine,
mĂȘme si inĂ©vitable, lâurbanisa-
tion massive du monde est en
train de passer du devenir Ă la
rĂ©alitĂ©. LâĂ©loquence des chiïŹres
pointe mĂȘme lâurgence de la prĂ©occupation.
Car si plus de 50 % de la population mon-
diale vit en ville aujourdâhui, cette mĂȘme
population urbaine atteindra 70 % en 2050
(Sourceîde lâONU, mai 2014). Une prĂ©vision
qui aurait tendance Ă donner le vertigeâŠ
Qui donne en tout cas la mesure des enjeux
Ă prendre en compte dĂšs maintenant. Car
ce nâest un secret pour personneî: lââhyperâ
est partout et la vitesse sâaccĂ©lĂšre. Hyper
technologique, hyper connecté⊠le monde
va vite, trop vite parfois. Quoiqueî? A lâheure
de la transformation numérique qui depuis
une vingtaine dâannĂ©es rĂ©volutionne nos
quotidiens, il est tout Ă fait logique que le
monde se soit accéléré, nos modes de vie
avec. Le danger serait de ne pas en avoir
conscience, de le vivre comme un Ă©vite-
ment, voire de subir cette transformation.
Le leitmotiv qui consiste Ă dire quâil faut
penser lâavenir aujourdâhui, pour mieux
vivre demain, revient plus que jamais sur le
devant de la scĂšne. Et comme souvent les
lieux communs rĂ©vĂšlent une vĂ©ritĂ©î: force
est de constater que la France et lâEurope
toute entiĂšre nâont peut-ĂȘtre pas assez pris
la mesure de cet avenir urbain Ă croissance
exponentielle, avenir qui se rapproche Ă
grand pas. Et, si des groupes de rĂ©ïŹexions
se sont créés sur le sujet, si des experts de
renommée internationale prennent de plus
en plus la parole sur la ville en devenir Ă
lâĂšre digitale, dans les faits, que se passe-t-
ilî? Qui travaille concrĂštement sur le futur
de nos vies dans les villesî?
DEMAIN, LA VILLE
Câest la question que sâest posĂ© FrĂ©dĂ©ric Che-
valier, qui, il y a 25 ans, a Ă©tĂ© lâun des tout
premiers entrepreneurs Ă miser sur les nou-
velles technologies en créant sa propre
société de communication HighCo, intro-
duite six ans plus tard en Bourse et forte de
900 collaborateurs en Europe aujourdâhui.
Un parcours exemplaire pour cet esprit
visionnaire. «î
Jâai toujours Ă©tĂ© prĂ©occupĂ© par
lâavenir,
explique-t-il.
Et je considĂšre que
lâEurope, lâEurope du Sud en particulier nâa
pas pris la mesure de la transformation du
monde actuel et des dĂ©ïŹs de sociĂ©tĂ© incom-
mensurables qui se proïŹlent Ă lâhorizon alors
que dâautres continents comme les Etats-
Unis et lâAsie sont dĂ©jĂ trĂšs actifs
î».
Selon un rapport publié par Navigant
Research en 2013, la population urbaine
devrait passer de 3,6 Ă 6,3 milliards dâindivi-
dus dâici 40 ans et le marchĂ© des technologies
urbaines passer de 6,1 milliards de dollars par
an Ă 20,2 milliards en 2020. Une croissance
vertigineuse qui implique un nombre consi-
dĂ©rable dâenjeux Ă©conomiques et sociĂ©taux
quâils soient liĂ©s Ă lâĂ©nergie, lâĂ©cologie, la
santé, la mobilité, le travail et tout ce qui a
trait aux problématiques du quotidien.
DâaprĂšs lâOCDE, les grandes mĂ©gapoles
occupent 2î% de la surface du globe
aujourdâhui et consomment Ă elles seules
75î% de lâĂ©nergie produite par la planĂšte, Ă
lâorigine de 80î% des Ă©missions de CO2. A
considĂ©rer que le monde compte aujourdâhui
un peu plus de cinq mégapoles (ville de plus
de 10 millions dâhabitants) avec Tokyo en
tĂȘte, suivi par New Delhi, puis Shanghai,
Mexico, Bombay, Sao Paolo et Osaka, et en
comptera 37 en 2025 (toujours selon le rap-
port de Navigant Research), on nâose imagi-
ner comment la planĂšte va se transformer en
Ă peine 10 ansî! Et encore moins comment
elle va organiser ses nouveaux modes de vie
et ses nouvelles infrastructures.
LâURGENCE DE PENSER
LâAVENIR
«î
Il y avait urgence à créer un lieu qui soit
complÚtement dédié au futur, à la trans-
formation du monde actuel, et notam-
ment Ă tous les dĂ©ïŹs liĂ©s au numĂ©rique et
Ă lâurbanisation. Ce sont les dĂ©ïŹs majeurs
du 21
e
siĂšcle
î», ajoute FrĂ©dĂ©ric Chevalier.
Un projet titanesque porté par une
grande ambitionî? «î
Un projet indispen-
sable dont lâambition nâĂ©tait pas un
objectif mais une nécessité
î», prĂ©cise-il.
Un projet qui puise son inspiration dans
les campus anglo-saxons comme la Sin-
gularity University nichée sur le site de
la NASA en Californie, le CUSP (Center
for Urban Science and Progress) Ă New
York ou encore le célÚbre MIT (Massa-
chussetts Institute of Technology) Ă Bos-
ton. «î
En fait, un lieu qui soit transdisci-
plinaire, transculturel et transgénérationel
dans lequel travailleront ensemble les
Ă©tudiants, les cadres, les experts, les cher-
cheurs, les chefs dâentreprise, les startu-
pers venus du monde entier. Un lieu dans
lequel on apprend, on rĂ©ïŹĂ©chit et on tra-
vaille ensemble. Et surtout, un lieu dans
lequel on expérimente. Car ce qui nous
intĂ©resse câest de savoir Ă quoi ressem-
blera le monde de demain. Alors autant
sâen prĂ©occuper dĂšs maintenantî!
î». Le
ton est donné, les dés jetés. Thecamp est
impulsé. Reste à le concrétiser.
QUAND PUBLIC ET PRIVĂ
PARIENT SUR LâAVENIR
Le projet, avec sa vocation futuriste et
humaniste, a fédéré rapidement les collec-
tivitĂ©s locales et un premier cercle dâentre-
prises privĂ©es. Il faut dire que lâidĂ©e avait
de quoi enthousiasmerî! Imaginez un site
dâinnovations et de prospectives qui rĂ©u-
nirait tout Ă la fois des groupes industriels,
des collectivités, des startups et des utili-
sateursî; un site posĂ© sur 7 hectares de
nature, face Ă la montagne Sainte-Victoire.
Avec lâobjectif premier dâimaginer la ville
du 21
e
siÚcle et de répondre aux enjeux
posés par les transformations du monde.
Un lieu unique en Europe, facile dâaccĂšs
tant par avion que TGV, un lieu de vie et
de rencontres internationales pour rendre
le monde meilleur, entourés des plus
grands experts de la planĂšteâŠ
Qui ne voudrait pas faire partie de lâaven-
tureî? Ils sont dâailleurs dĂ©jĂ nombreux Ă
sâĂȘtre engagĂ©s dans thecamp. Parmi les pre-
miers, la Caisse des DĂ©pĂŽts dont la direc-
trice régionale, Elisabeth Viola, explique que
2 I La Tribune de lâinnovation
DOSSIER
RĂALISĂ PAR
VALĂRIE
ABRIAL
Challenge considĂ©rable, lâurbanisation croissante du monde, adossĂ©e Ă la transformation numĂ©rique, est en train
de modiïŹer profondĂ©ment nos sociĂ©tĂ©s. Pour le relever, un outil inĂ©dit va voir le jour Ă Aix-en-Provence, thecamp,
le premier campus international dédié à la ville de demain et aux innovations technologiques.
I 3
La Tribune de lâinnovation
thecamp, créateur de futur(s)
Vue aérienne de thecamp avec en son coeur, 12 bùtiments circulaires sous une toile
géo-textile de 7 500 m2.
«î
la CDC accompagne thecamp parce quâil
a su créer une dynamique collective asso-
ciant acteurs publics et privĂ©s autour dâun
Ă©cosystĂšme de startups et dâentreprises de
croissance numérique. Réunissant les
talents du monde entier, il accueillera des
startups et des PME de croissance pour les
accompagner dans leur développement,
source de crĂ©ation dâemplois et de dĂ©velop-
pement Ă lâinternational
î ». A la Caisse
dâEpargne Provence-Alpes-Corse, Alain
Lacroix, prĂ©sident du directoire, conïŹrme
que thecamp «î
est porteur de cette dyna-
mique oĂč les conditions de la crĂ©ation et de
lâinnovation sont crĂ©Ă©es en favorisant les
interactions entre des populations de proïŹls
et dâexpĂ©riences diïŹĂ©rentes. La CEPAC est
présente aux cÎtés de thecamp, remplissant
ainsi sa mission dâacteur Ă©conomique
engagé
î». La RĂ©gion PACA, le Conseil DĂ©par-
temental, la CommunautĂ© du Pays dâAix,
Marseille Provence MĂ©tropole et la CCI font
partie des partenaires fondateurs (lire les
témoignages page 6 et 7). A la mairie de
Marseille, Jean-Claude Gaudin voit dans
thecamp «î
un projet unique en Europe qui
au sein du TechnopĂŽle de lâArbois dĂ©velop-
pera, aux cotés de la ville, la métropole de
demain. Un territoire dynamique et attractif,
crĂ©atif dâemplois
». Du cÎté du TechnopÎle
de lâEnvironnement Arbois-MĂ©diterranĂ©e
justement, son Président Jean-Marc Perrin
se dit «î
ïŹer dâaccompagner un tel projet sur
un territoire qui accueille déjà de nom-
breuses startups et laboratoires de recherche
et sur lequel plus de 1 500 personnes tra-
vaillent ou Ă©tudient dans le domaine du
développement durable
î ». A lâAVITEM
(Agence des Villes et Territoires MĂ©diterra-
néens Durables), son directeur Jean-Claude
Tourret, considĂšre que thecamp rĂ©pond Ă
«î
une nécessité de rassembler dans un
ensemble lisible et cohĂ©rent lâensemble des
PAR CARLOS MORENO
Professeur, Conseiller
ScientiïŹque, Entrepreneur
Expert de la Ville Intelligente
@CarlosMorenoFr
© DR
La CDC et la CEPAC
sont présentes
aux cÎtés de thecamp
acteurs qui, sur le territoire, sont engagés
pour promouvoir un mode de développe-
ment plus durable de notre cadre urbain et
pour une adaptation de notre cadre de vie
aux conséquences du changement clima-
tique
î».
LâAVENIR EST EN MARCHE
CĂŽtĂ© sphĂšre privĂ©e, lâenthousiasme ne fait
pas défaut. La Caisse Régionale du Crédit
Agricole, Vinci Energie, Vinci Construction,
Cisco, Sodexo et Steelcase (lire les témoi-
gnages pages 6 et 7) ïŹgurent parmi les pre-
miers soutiens privĂ©s. Dâautres partenariats
sont dâores et dĂ©jĂ en route qui sont le fruit
de lâĂ©cho gĂ©nĂ©rĂ© par thecamp. Certains
comme celui du trĂšs rĂ©putĂ© Festival dâAix-
en-Provence, se réjouit par la voix de son
prĂ©sident Bernard Foccroulle «î
de participer
au âmieuxâ vivre ensemble, de baser leur
existence sur la rencontre et la participation
physique et in situ, et dâampliïŹer leur rayon-
nement grĂące aux possibilitĂ©s quâoïŹrent les
outils numériques actuels
î».
Du rĂȘve Ă la rĂ©alitĂ©, les travaux de thecamp
ont démarré en mai
2015. Un important pro-
gramme de préfigura-
tion sâamorce en paral-
lĂšle avec la mise en
place dâune gouver-
nance et de groupes de
travail associant les par-
tenaires, mais pas seule-
ment. De nombreuses
activités viendront enrichir ce nouvel éco-
systĂšme dans les mois qui viennent. Sont
déjà prévues des conférences de niveau
mondial Ă Paris, Marseille et dans des
grandes villes européennes et du bassin
mĂ©diterranĂ©enî; en cours Ă©galement la mise
en place dâune plateforme collaborative digi-
tale et le lancement dâun concours interna-
tional sur la ville de demain auprĂšs dâĂ©tu-
diants du monde entier, et bien sûr
lâinitiation des premiers projets dâexpĂ©ri-
mentations identiïŹĂ©s avec les partenaires
publics de thecamp. Vitrine visionnaire de
ce que seront nos villes du futur, thecamp
entend bien se dĂ©marquer par lâexcellence
de ses monstrations. Ouverture prévue du
campus en 2017. Autant dire demain. â
© DR GOLEM IMAGES POUR CORINNE VEZZONI ET ASSOCIĂS ARCHITECTES
© DR GOLEM IMAGES POUR CORINNE VEZZONI ET ASSOCIĂS ARCHITECTES
LA TRIBUNE - VENDREDI 25 SEPTEMBRE 2015 - NO 143 - WWW.LATRIBUNE.FR LA TRIBUNE - VENDREDI 25 SEPTEMBRE 2015 - NO 143 - WWW.LATRIBUNE.FR