La gouvernance mondiale du changement
climatique sert-elle l’Afrique?
La COP21 va rassembler à Paris des na-
tions pour négocier un nouvel accord
mondial visant à réduire les émissions de
carbone en vue de maintenir les tempéra-
tures mondiales à des seuils sufsamment
sécuritaires pour éviter des changements
climatiques dangereux et irréversibles.
L’Afrique contribue seulement pour une
inme fraction de gaz à effet de serre
dans l’ensemble, mais avec moins de
ressources pour s’adapter à la hausse
des températures, elle risque de perdre
le plus. Le changement climatique se
présente comme une menace sur la sécu-
rité alimentaire et hydrique de l’Afrique,
limitant l’accès à l’énergie et entravant
le développement social et la croissance
économique du continent.A l’approche
de la COP21, les négociateurs, les scien-
tiques, les décideurs et le public africains
se réuniront à la CCDA-V organisée par
le programme « Climat pour le dévelop-
pement en Afrique (ClimDev-Afrique)
» an de débattre de la structure et du
contenu de l’accord. L’on fonde de grands
espoirs sur la COP21 pour obtenir un
compromis qui soit protable pour
l’Afrique. Cet exposé met en évidence les
principales questions vis-à-vis du conti-
nent tout en examinant ce qui constitue
les enjeux de la Conférence de Paris.
Des objectifs ambitieux
« Deux degrés ne suft pas - nous
devrions penser à 1,5 ° C. Si nous
ne visons pas 1,5 ° C, nous aurons
de gros, gros problèmes », a averti
Christiana Figueres, Secrétaire exé-
cutive de la CCNUCC. La plupart
des grandes sommités du monde
répètent à qui veut l’entendre que
la hausse de la température mon-
diale doit être limitée à 1,5 ° C pour
se passer des effets désastreux du
changement climatique.
Pourtant, les discours récents
xent à 2 ° C le seuil qui aurait des
implications majeures pour l’Afrique.
Les températures ambiantes sont
beaucoup plus élevées que par-
tout ailleurs sur le globe (23 ° C)
et les impacts d’une augmentation
même marginale de la température
seraient ampliés en Afrique. Par
conséquent, l’objectif de 1,5 ° C
semble trop élevé pour l’Afrique et
d’autres pays tropicaux.
ClimDev-Afrique
Des impacts majeurs
La hausse des températures rend l’Afrique
de plus en plus vulnérable aux événe-
ments climatiques extrêmes tels que les
tempêtes, les vagues de chaleur, les séche-
resses et les inondations. Des événements
climatiques erratiques endommagent les
systèmes agricoles, conduisant à l’insécuri-
té alimentaire et celle de l’eau.
Le changement climatique met également
en péril le développement de l’Afrique.
Au cours de la dernière décennie, de
nombreux pays africains ont connu une
croissance rapide, mais une grande partie
de l’infrastructure du continent - tels que
les routes, les télécommunications et
les systèmes énergétiques - demeurent
fragiles. Des inondations plus fréquentes
et plus intenses et d’autres événements
climatiques extrêmes détruisent des
infrastructures dans des
zones urbaines et rurales
et entravent le dévelop-
pement de l’Afrique.
De nouvelles ambées
de température pour-
raient aggraver davantage
les difcultés à l’endroit
des populations et de
l’environnement de
l’Afrique, et se traduire
par des conséquences
désastreuses sur la crois-
sance économique. Le
Groupe des négociateurs
africains en appellent à
des objectifs d’émissions
ambitieux à Paris et
sera à la recherche d’un
engagement mondial fort
pour conner l’augmen-
tation moyenne des
températures en dessous
de 1,5 ° C.
Place aux engagements
volontaires
Les tentatives précédentes pour assurer le
respect global des objectifs juridiquement
contraignants en vue de réduire les émis-
sions, conformément au Protocole de Kyoto,
ont connu des résultats mitigés. Certains
pays, dont un grand nombre des économies
polluantes les plus inuentes, s’opposent aux
aspects clés du traité. L’approche de Paris
cherche à tirer prot des objectifs volontaires
de réduction des émissions à travers ce
que l’on appelle les Contributions prévues
déterminées au niveau national (INDC).
Mais est-ce que le caractère volontaire de
ces engagements climatiques n’est guère
vicié? À l’approche de la COP21, l’Afrique
se demande si ce type de contributions sera
en mesure de maîtriser le réchauffement
climatique.
La gouvernance mondiale du changement climatique sert-elle l’Afrique?
l’Afrique résolue à
occuper le devant de
la scène
La réaction climatique mon-
diale à ce jour a été largement
dominée par le Nord et les COP
précédentes ont eu tendance à
négliger les intérêts des pays en
développement. En outre, le rôle
de l’Afrique dans l’élaboration du
contenu des accords passés a été limité du fait des approches
divergentes des différents pays qui n’ont pas facilité une posi-
tion africaine commune sur de nombreuses questions.
Par contre, la création d’un nouvel accord mondial à Paris
coïncide avec l’amélioration de l’inuence et de la conance
de l’Afrique dans l’arène des négociations internationales. Les
économies nationales sont de plus en plus prospères, les ux
d’investissement se sont accrus et la plupart des gouverne-
ments africains disposent désormais de cadres politiques et
juridiques pour guider leurs propres réponses climatiques sur
le plan national traçant la voie à la rationalisation de la partici-
pation africaine dans le processus. À l’approche de la COP21, il
est impératif que les négociateurs, la communauté scientique,
les décideurs et le public africain se réunissent et occupent le
devant de la scène dans ces négociations.
Un soutien nancier solide
L’Afrique a besoin de plus en plus de nancement
d’adaptation aux impacts du changement climatique
tels que des investissements dans le stockage de
l’eau et dans des cultures résistantes au climat, ou
dans des constructions améliorées aptes à résis-
ter à des événements météorologiques extrêmes.
D’importantes opportunités existent aussi dans le
secteur énergétique africain à travers une abon-
dance de ressources énergétiques renouvelables,
notamment solaires, géothermiques et éoliennes.
Avec les Moyens de mise en œuvre (MoI) - y com-
pris les ressources nancières, le développement
et le transfert de technologies et le renforcement
des capacités - l’Afrique peut se passer de la phase
de développement polluante des pays fortement
industrialisés pour aller de l’avant vers un avenir
faible en carbone.
Cependant, au fur et à mesure que les coûts de
l’atténuation et de l’adaptation se renforcent, le
décit en matière de nancement s’aggrave. Les
derniers chiffres du PNUE suggèrent que les coûts
d’adaptation au changement climatique de l’Afrique
devraient passer à 50 milliards de dollars EU par an
d’ici 2050, même si le réchauffement climatique est
maintenue en dessous de 2 ° C.
L’accès aux et la répartition des fonds restent éga-
lement complexes et de longue haleine, et il n’est
pas souvent facile d’avoir une idée du nancement
disponible et à quel endroit. Voilà ce qui a toujours
constitué un obstacle majeur pour l’Afrique.
Divers fonds climatiques ont été mis en place pour
aider les pays en développement à réduire leurs
propres émissions de gaz à effet de serre et s’or-
ganiser par rapport aux changements climatiques
futurs. Des initiatives telles que le Fonds vert pour
le climat (GCF) ont connu des progrès, mais l’écart
de nancement reste énorme. L’Afrique veut un
engagement à pourvoir le GCF et à faire gurer les
autres fonds en bonne place de l’ordre du jour lors
de la COP21.
La gouvernance mondiale du changement climatique sert-elle l’Afrique?
Principes fondamentaux
Les COP précédentes ont fait appel
aux pays développés en tant que
pays les plus importants en termes
d’émission de carbone, pour payer
en contrepartie des dommages
climatiques. L’Afrique cherchera le
nouvel accord climatique en s’ap-
puyant sur la Responsabilité Com-
mune Mais Différenciée (RCMD) et
le Principe du Pollueur-Payeur (PPP).
Ceux-ci mettent la pression sur les
pays développés en tant qu’écono-
mies les plus polluantes pour réduire
leurs émissions, et payer la facture
pendant que les pays en développe-
ment se débattent pour faire face à
l’impact desdites émissions.
Mais ces principes demeurent forte-
ment contestés. Plusieurs interpréta-
tions légitimées par l’intérêt national
ont donné lieu à des tensions entre
les pays développés et ceux en dé-
veloppement. L’Afrique prêtera une
attention particulière sur la façon
dont le nouveau cadre prendra en
compte ces principes vitaux et de ce
fait, le nancement climatique reste
une question épineuse à l’approche
de la conférence de Paris
Parrainé par :
Pour plus d’informations, contactez:
Centre Africain de politiques en matière de Climat
Commission Economique des Nations Unies pour
l’Afrique
Menelik II Road, B.P. 3001
Addis-Abeba, Ethiopie
A propos de ClimDev-Afrique
Le Programme ClimDev-Afrique est une initiative
de la Commission de l’Union Africaine (CUA), de
la Commission Economique des Nations Unies
pour l’Afrique (CEA) et de la Banque Africaine
de Développement (BAD). Il a été mandaté
au plus haut niveau par les dirigeants africains
(Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement
de l’UA). Le programme a été établi pour assurer
une base solide quant à la réponse de l’Afrique
aux changements climatiques et travaille en
étroite collaboration avec d’autres institutions et
partenaires africains et non-africains spécialisés
dans le domaine de climat et développement.
La science et la politique
du climat
Les connaissances scientiques des change-
ments climatiques améliorent notre compré-
hension du système climatique; des prévisions
plus précises de la variabilité du climat peuvent
aider à développer des solutions d’adaptation
aux changements de température.
Dans toute l’Afrique, la climatologie peut être
déployée pour stimuler la production agri-
cole et concourir à la gestion des ressources
en eau. Cependant, l’on assiste à une faible
production de l’information climatique, et à un
accès limité à ces informations. Les chercheurs,
les décideurs et les praticiens ne tiennent pas
compte des informations climatiques scienti-
ques dans la prise de décision.
Il est crucial que les gouvernements africains et
les organisations concernées travaillent la main
dans la main pour l’amélioration de l’accès à la
science et aux données climatiques ainsi que
le renforcement de la capacité des populations
africaines - depuis les décideurs jusqu’aux
cultivateurs - à l’appliquer aussi bien sur le
plans de la politique que celui de la pratique.
Une information de qualité et la capacité à
l’exploiter, ce sont là des ingrédients essentiels
pour l’élaboration d’une réponse efcace au
changement climatique.
Le socle de l’élaboration des politiques au
niveau national, régional et mondial réside dans
une grande connaissance climatique. Celle-ci
doit être au centre de la prise de décision à
travers l’Afrique; Elle doit également guider le
nouvel accord international sur le climat qui
sera nalisé à la COP21 à Paris car cela va
façonner l’avenir de la politique et de l’action
climatiques.
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