Younes Duret, jeune entrepreneur au Maroc, a
décidé de s’installer à Marrakech et y monter son
agence de design industriel. Passionné par ce pays
qui l’a vu naître, il nous explique comment et pour-
quoi il y voit un avenir pour lui et son entreprise …:
Ayant réussi le concours d’entrée de l’ENSCI
(l’Ecole National Supérieur de Création Industriel),
je suis parti en stage au Maroc, à Marrakech lors de
ma 3ème année, avec pour projet d’y réaliser un
hôtel traditionnel – un Riad – de 7 suites sur la base
d’un Design global (logo, mobilier, décoration, archi-
tecture d’intérieure, site web… etc.). En plus du
projet d’école, il était important pour moi de
retourner dans le pays où je suis né et d’y côtoyer
ses habitants et surtout ses artisans. Enrichi de
cette nouvelle expérience, je suis revenu à Paris où
j’ai créé l’agence de design « EXTRU-D ». « Extru-
d » vient du mot extrusion qui est un procédé
industriel de production mécanique simple, renta-
ble, rapide et dynamique. En parallèle, je préparais
mon diplôme avec le soutien de Serge Mouangue,
designer/concepteur chez RENAULT. Le sujet que
nous avions choisi était « la mobilité des usagers
Marrakchis ». Pour répondre à cette problémati-
que, j’ai donc réalisé un tricycle modulable et éco-
logique prenant en compte les besoins de mobilité
au quotidien des citoyens de Marrakech.
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai finalement
décidé d’installer le siège social d’EXTRU-D au
Maroc.
Se retrouver ici est un véritable défi, une aventure,
tant le marché national reste si peu développé en
matière de design industriel.Après un an et demi de
fonctionnement, il me semble évident que
Marrakech est la seule ville du Nord de l’Afrique
dotée d’un tel rayonnement à l’international avec
de nombreuses opportunités.
De l’autre coté, mis à part EXTRU-D, très peu
d’agences de design industriel à proprement parler
sont venues s’installer ici. Pourtant les outils de
production sont présents, le potentiel est réel, mais
il apparaît que ce métier demeure encore trop
méconnu pour être une évidence dans l’esprit des
industriels marocains. Ce qui nous pousse à adapter
la théorie face aux pratiques locales.
Cependant, je reste convaincu que le design peut se
faire une place prépondérante au Maroc. L’offre
n’existant pratiquement pas, il est normal que la
demande ne soit pas visible et clairement identifia-
ble. je reste pourtant persuadé que le pays,qui pro-
fite de nombreuses entreprises sous-traitantes
ayant acquis un réel savoir faire, sera obligé de favo-
riser l’innovation et le développement de produits
singuliers. Ainsi des sociétés comme EXTRU-D
pourront contribuer à la transformation d’une sim-
ple industrie de sous-traitance en un véritable mar-
ché indépendant sachant imposer ses marques et
ses propres produits.
D’ailleurs les signes sont là. Notre agence tend à se
développer progressivement et profite entre autres
de certains évènements comme le salon Maroc
Design 2006 ou la Biennale Internationale du
Design de Saint Etienne où EXTRU-D était juste-
ment présent. A cette occasion, mon concept
d’eco-tricycle ‘BELEK’ a justement remporté le prix
MARC CHARRAS DE LA CREATION ET DE L’IN-
NOVATION devant 450 designers internationaux.
Cela a littéralement donné une impulsion à l’acti-
vité de l’entreprise et a permis à mes collabora-
teurs et moi-même de paraître dans de nombreux
media, notamment auprès de journaux nationaux :
‘COULEURS MARRAKECH’, ‘COULEURS
MAROC’,‘FEEN MAGAZINE’,‘ART DE VIVRE’, mais
aussi outre Méditerranée : L’EXPRESS, AZIMUT,
INTRAMUROS… etc.
Enfin, bien qu’à l’heure actuelle les industriels maro-
cains restent encore trop frileux et ne me sollici-
tent qu’en fin de projet, je crois que le temps me
donnera raison.Alors en attendant, je continue sur
ma lancée, observe les marrakchis au quotidien,
réfléchit, travaille et…innove.
Témoignage d’expatrié : Younes Duret
Vivre au Maroc
3
Y.D.