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RESUME :
Les économistes séparent traditionnellement les nations du monde en deux groupes : celui des
pays développés et celui des pays en développement (ou du tiers monde). Parfois, un sous-
groupe des pays moins avancés est identifié au sein du second groupe, visant les pays les plus
pauvres parmi le pauvre et caractérisés par un revenu par tête faible. Récemment, les termes
de pays émergent et de marché émergent ont également fait leur apparition dans la littérature,
désignant les pays les plus dynamiques parmi les pays en voie de développement et les mieux
intégrés dans l’économie désormais mondialisée, sans qu’une définition exacte soit élaborée à
cet effet, encore moins des éléments de mesure discriminants. Bien cerné, le concept
d’émergence viendrait apporter une grande contribution à la théorie du développement. Car,
jusqu’ici le seul but fixé aux nations pauvres est de chercher à converger avec les pays riches.
Or, la convergence est un chantier de longue portée (des dizaines voire des centaines
d’années), comme en atteste l’histoire économique contemporaine. Et, ne retenir comme cible
que cet horizon lointain conduirait à inclure, pour longtemps, dans le même ensemble de pays
en développement des nations aux trajectoires et aux perspectives fort divergentes.
Aujourd’hui, Singapour continue ainsi d’être classé, par la CNUCED
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, avec la Sierra Léone
(qui est particulièrement pauvre), dans la catégorie des pays en développement, alors même
qu’il n’a presque plus rien à envier aux pays les plus avancés d’Europe et d’Amérique. Une
classification nette des nations en développement, identifiant des strates plus fines de pays,
s’avère donc indispensable afin de tenir réellement compte de la réalité. C’est dans ce cadre
que se situe la présente étude.
Après avoir analysé la littérature sur la croissance économique et sur la convergence, nous
avons esquissé une définition du concept d’émergence, en se fondant sur la nouvelle
dynamique créée par la mondialisation. Nous avons ensuite élaboré un indice synthétique de
l’émergence économique (ISEME), combinant des variables relatives au PIB, à
l’investissement et à l’exportation, que nous avons testé sur un échantillon de 46 pays
d’Afrique, d’Asie, Amérique et d’Europe. Le classement des pays obtenu est commenté, puis
nous avons testé la robustesse de l’ISEME et indiqué son utilité potentielle ainsi que les axes
futurs de recherche.
BIO :
Moubarack LO est ingénieur statistique économiste, diplômé de l’Ensae-Cesd (Insee), de
l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Ecole Nationale d’Administration. Il a été
pendant sept ans conseiller technique du Premier ministre du Sénégal en charge de la
Macroéconomie. Il dirige actuellement un cabinet d’Etudes et de Conseil à Dakar au Sénégal.
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CNUCED, Manuel des Statistiques 2006-2007