Nabil Dhaouadi, Fatma Laadhar, Wissem Ben Marzouk
Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016.
de son goût, ses préférences et son mode
d'acquisition des informations relatives à
un produit alimentaire. En effet, ce
processus s'articule autour de trois types
de valeur : les valeurs nutritionnelles
traduisant la bonne santé, les valeurs
gustatives faisant référence au plaisir
gustatif et les valeurs symboliques
reflétant le contexte ou le rituel de la
consommation (Gallen, 2005 ; Régnier et
al., 2006 ; Damay et al., 2010 ; Muratore
et Guichard, 2010). Ces trois valeurs ne
peuvent pas être indépendantes de
l'environnement culturel dans lequel
l'enfant croit et développe ses facultés
cognitives et son système de préférence.
Elles favorisent, ainsi, certaines tendances
à la consommation (Zajonc et Markus,
1982). C'est ainsi que ce processus parait
comme le résultat d'un apprentissage
principalement social. Dans le même
registre, Ayadi (2009) avait constaté que
les facteurs individuels (âge, sexe...),
environnementaux (économiques,
socioculturels...) et les attributs du produit
(texture, apparence...) constituent la base
de la construction du goût chez l'enfant,
rendant plus complexe la compréhension
de ce plaisir. De ce fait, l'enfant se trouve
à la fois tributaire de son entourage, et
plus précisément de ses parents en tant
que prescripteurs par excellence, mais
aussi inspirateur pour le choix de certains
produits alimentaires (Muratore et
Guichard, 2010). Néanmoins, la
dépendance de l'enfant du goût, des
préférences et des habitudes de sa famille
n'est pas sans fin. Au fil du temps, ses
propres goûts s'affirment, son autonomie
et son immersion sociale augmentent, il
devient capable de proposer à son tour
certains choix et d'introduire de nouveaux
produits alimentaires au sein de sa famille
(Régnier et al., 2006).
Signalons, enfin, que les études portant
sur la construction, le fonctionnement et
l'expression du goût et des préférences
chez les enfants ont tenté de proposer
aussi bien des méthodologies que des
thèmes inédits permettant de mieux
guider les décisions managériales dans ce
domaine. Ces propositions traduisent, en
fait, la complexité du phénomène étudié
et les difficultés méthodologiques et
empiriques qui en découlent (Banister et
Booth, 2005 ; Brée, 2007).
Méthodologie
Population et échantillon
La plupart des études portant sur les
enfants s'intéressent à collecter des
réponses auprès des enfants qui ont
généralement plus de 7 ans (e.g. Muratore
et Guichard, 2010 ; Brée et Ceggara, 1994 ;
Damay et al., 2011 ; Pecheux et Derbaix,
2002). Lors de notre étude, nous nous
focaliserons sur une population d'enfants
ayant un âge compris entre 3 et 6 ans afin
de mieux comprendre la perception et les
préférences de ce segment, rarement
étudié dans la littérature spécialisée (e.g.
Mizerski, 1995 ; Fischer et al., 1991). Selon
Andréani et Conchon (2003), la nature et
la taille de l'échantillon doit respecter
deux critères-clés dans la recherche
qualitative : la diversification et la
saturation. Afin de satisfaire le critère de
diversification proposé par Glaser et
Strauss (1967), nous avons choisi des
établissements situés dans trois endroits
différents dans la région de Bizerte
("Arrahmen" à Bizerte ville, "Chikh Hssine"
à la cité Nakhla et "Nouran" à manzel
abderahmen), et accueillant des enfants
appartenant à diverses couches sociales et
ayant un âge qui varie entre 2 et 6 ans. De
même, pour pouvoir satisfaire le critère de
saturation, également proposé par Glaser
et Strauss (1967), nous nous sommes
basés sur les conclusions de Griffin et
Hauser (1993), selon lesquelles il serait
possible de déterminer le nombre des