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Préface
Ce livre est le résultat de la réflexion menée pendant de nombreuses années sur les
contradictions apparentes entre ce qui est accepté comme connaissance scientifique et
diverses formes d’enseignement spirituel. Celles-ci incluent l’« anthroposophie » de Rudolf
Steiner, auquel je me référerai assez fréquemment dans ce livre. Ces contradictions m’ont
préoccupé depuis mon enfance finissante. Certains collègues scientifiques adhèrent à des
mouvements spirituels ; ils me semblent souvent avoir scindé leurs activités et peut-être leurs
personnalités en deux parties, sans grand lien entre les deux. Le problème, c’est que la science
moderne est fondée sur des hypothèses matérialistes ; elle suppose que l’univers entier est
explicable, en dernier ressort, par les lois de la physique. De telles lois n’exigeant pas de
participation consciente, sont « aveugles ». Les êtres humains sont alors considérés comme
n’étant que des machines très compliquées. D’un autre côté, de nombreuses sortes
d’enseignement spirituel existent. La plupart des religions parlent de Dieu ou des dieux qui
règnent sur le monde. Les conceptions spirituelles attirent l’attention sur l’existence des
composantes immatérielles de l’univers comme les âmes, les esprits et les régions
immatérielles où les êtres humains peuvent séjourner après la mort, et elles recommandent
parfois un développement spirituel basé sur la méditation.
Habituellement, seuls les résultats de la science matérialiste, basés sur des méthodes
apparemment rigoureuses, sont considérés dans le monde actuel comme « vrais », bien qu’ils
semblent par bien des côtés inhumains, tandis que des idées spirituelles, souvent enseignées
d’une manière dogmatique, sont assimilées à de la simple superstition. En effet on peut arguer
du fait que les différences dans la religion et dans les dogmes religieux ont été dans de
nombreuses situations de bonnes excuses pour justifier violence et massacres.
Il faut souligner que, parmi les maîtres spirituels, Rudolf Steiner, en particulier, a parlé
de voies de développement humain qui conduisaient à la capacité d’acquérir une connaissance
scientifique rigoureuse des vérités spirituelles comprenant, par exemple, celles qui concernent
l’évolution spirituelle de l’univers et des êtres humains. Cette caractéristique est certainement
une bonne raison pour lui accorder une attention particulière. Malgré cet aspect de ses
enseignements, il est toujours vraiment difficile de voir le lien entre ce qu’il a enseigné et la
science officielle.
La question se pose alors : une autre sorte de science qui n’éliminerait ni l’âme, ni
l’esprit, est-elle possible ? Dans ce livre je passe en revue diverses hypothèses fondamentales
des méthodes scientifiques telles qu’elles sont pratiquées actuellement et comment elles
pourraient être changées de façon à permettre une autre sorte de science. Il m’apparaît à
présent clairement qu’en particulier des idées liées à la conscience, à l’existence d’êtres
conscients distincts et à l’âme doivent être intégrées à la science ; il n’est pas suffisant,
comme ce à quoi on assiste parfois, de faire une certaine sorte de physique non orthodoxe si
elle demeure « sans âme ». En fait, la science officielle actuelle étant ce qu’elle est, il est
possible de voir que certaines grandes découvertes du vingtième siècle peuvent être comprises
d’une façon différente que celle qui est usuelle chez la plupart des scientifiques. Cette
manière, impliquant la présence d’êtres conscients dotés de certaines qualités d’âme, est
décrite dans ce livre, ainsi que la raison pour laquelle la physique actuelle recèle quelque
chose d’« inhumain ». Dans ce travail j’ai été inspiré par certaines idées fondamentales de
Rudolf Steiner ; toutefois, je propose au lecteur un chemin qui n’exige pas l’acceptation
préalable de ses énoncés, ni ceux d’un autre maître spirituel.