15ème Congres national de la SFETD –Novembre 2015 – Recueil des résumés.
Plénière 1
PL1-1 : Douleur et traumatisme psychique
N. Dumet(1)
(1) Université Lyon 2, Bron, France
Quels liens entre douleur(s) et traumatisme(s) ? Si la question n’est pas novatrice, la clinique
complexe des patients douloureux justifie de poursuivre la réflexion métapsychologique. Les
recherches psychologiques et psychanalytiques ont mis en évidence de nombreux traumatismes
psychiques dans la clinique des sujets douloureux, tant en amont de leurs troubles [18 ; 17 ; 11 ; 10 ;
8 ; 7] qu’en aval de leur prise en charge et de ses résultats. Bioy [6] signale aussi le traumatisme que
peut constituer pour le patient l’impuissance médicale face à ses symptômes persistants. La douleur
chronique peut aussi raviver ou renforcer des traumas antérieurs [2] et ceux-ci peuvent constituer un
arrière-fond compliquant la prise en charge de la douleur [13]. D’autres études soulignent la
fréquence de troubles douloureux chez les patients traumatisés et la forte prévalence d’un état de
stress post-traumatique chez des sujets douloureux chroniques [4]. Ainsi, nombreuses et variées sont
les interactions entre douleur et traumatisme, la première pouvant aussi bien s’avérer cause que
conséquence du second. Dans cette clinique plurielle, la douleur physique peut tout autant
précéder, jouxter la souffrance psychique et subjective que lui succéder, comme elle peut aussi
l’occulter, la remplacer et, inversement, la révéler, lui offrir un contenant, une voie d’expression et
de frayage [9 ; 18 ; 1]. Parfois, la douleur constitue même la rémanence de vécus traumatiques [14],
tous vécus subjectifs douloureux a-mnésiques [5], impensables ou amentiaux [12] subsistant à l’état
brut dans le psychosoma (unité corps-psyché indifférenciée). La douleur est donc un éprouvé
estompant les frontières entre psyché et soma [3] voire révélant la complexité de leurs liens. Force
est alors de reconnaître la paradoxalité caractéristique de l’éprouvé de douleur. Paradoxalité, en
effet, car la douleur manifeste cache autant qu’elle présentifie, fait entendre ce qui habite le sujet, à
savoir le(s) multiples traumatisme(s) dont il souffre. Ceux-ci s’étendent des plus manifestes, ou
traumatismes-écrans, à des « traumatismes invisibles ou par défaut de réalité» [15], mais le plus
fondamental est sans doute, selon l’hypothèse ici proposée, la douleur de la perte, voire la douleur
de l’absence, soit un traumatisme par défaut de réalité de présence objectale secourable. A ce titre,
la douleur constitue une forme de « maladie-langage post-traumatique » [16], où l’omniprésence
douloureuse du corps du sujet sign(ifi)e l’impensable absence voire la défaillance d’objet secourable.
Bibliographie
[1] ALLAZ A.F., 2003, Le messager boiteux, Paris, Médecine et hygiène [2] ALLAZ A.F., 2004, Douleurs rebelles et
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freudienne, Paris, PUF [4] AUXEMERY Y., HOUBRE B., CARNIO C., FIDELLE G., 2010, Douleur chronique et traumatique
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10, 2, 91-99 [5] BERGERET J., HOUSER M., 2004, Le foetus dans notre inconscient, Paris, Dunod [6] BIOY A., 2011, Les
traumatismes psychiques réactionnels en douleur chronique : repérage et désamorçage, Communication Institut Français
d’Hypnose, Paris, 22/01/2011 [7] BIOY A., DEFONTAINE-CATTEAU M-C., 2014, Importance du traumatisme psychique en