www.mauxdeventre.org Maladie inammatoire de l’intestin (MII) Société GI 1
Anatomie intestinale
Pour mieux comprendre la MII, une courte présentation de
lanatomie du tractus gastro-intestinal (GI) est utile. Il ne s’agit
pas d’une description complète, mais elle comporte les notions
élémentaires.
Lappareil digestif se compose d’un long tube (canal
alimentaire) dont la forme et la fonction varient comme il
serpente à travers le corps, de la bouche jusqu’à lanus (voir
diagramme). La taille et la forme du tube digestif varient d’après
la personne (p. ex., âge, taille, sexe et état de la maladie). Les
dimensions qui gurent ci-après sont celles d’un homme adulte
moyen.
La partie supérieure du tube digestif comprend la bouche,
la gorge (pharynx), lœsophage et l’estomac. Le processus
de digestion débute dans la bouche lorsque la mastication
décompose et mélange les aliments de façon mécanique tandis
que la salive commence la modication chimique des aliments.
Mastiquer et avaler (ingérer) requiert un eort rééchi, mais
lorsque les aliments atteignent lœsophage, un mouvement
automatique et rythmique (péristaltisme) les propulse plus
loin dans le tube digestif. Plusieurs systèmes de lorganisme
fournissent les produits chimiques requis pour la digestion,
labsorption et lélimination. Si tout se déroule bien, le
passage des aliments d’un endroit des intestins au prochain est
précisément coordonné de façon à ce que les aliments restent à
chaque endroit pour juste la bonne période de temps.
La due de transit est le temps qui s’écoule entre le
moment où la nourriture entre dans la bouche et celui où elle
est nalement élimie comme déchet sous forme de selles.
Un repas prend de 12 à 72 heures à sacheminer à travers le
tube digestif. Chaque personne est unique; des habitudes
intestinales qui sont normales pour une personne peuvent être
très diérentes de celles des membres de la famille ou des
amis. Certaines personnes nont pas d’habitudes régulières et
ne savent jamais à quoi s’attendre. La composition et la quantité
des aliments ingérés, la présence d’une maladie ou d’un trouble
GI ainsi que d’autres facteurs inuencent la durée de transit.
Lestomac, un organe en forme de sac d’une longueur
denviron 25 cm (~10 po), fait suite à lœsophage et est situé
dans la partie gauche de la cavité abdominale. Son diamètre
saccroît lorsquil reçoit les aliments, pouvant contenir jusqu’à
4 litres (quoiquil ne soit pas conseillé de manger jusqu’à ce
que lestomac sétire complètement). Les aliments baignent
dans de puissants produits chimiques qui les décomposent en
formes plus simples, tandis que lépaisse paroi de lestomac
empêche les produits chimiques de pénétrer dans le corps tout
en serrant son contenu à laide de puissants muscles circulaires
et longitudinaux.
La partie inférieure du tractus GI comprend le petit intestin
(intestin grêle) et le gros intestin (côlon). Les noms de ces
organes portent à confusion puisque le petit intestin est trois
fois plus long que le gros intestin. Petit et gros font référence au
diamètre : de 2,5 à 3 cm (~1 po) pour le petit intestin et de 6,5 à
7 cm (~2,5 po) pour le gros intestin.
Lintestin grêle est un long et étroit tube torsadé qui débute
à lestomac et se termine au côlon en serpentant à lintérieur de
labdomen. Sa surface interne est énorme grâce à la présence de
millions de protrusions liformes, appelées villosités, couvertes
de ns prolongements, appelés microvillosités. C’est une
grande partie de la digestion et de labsorption des aliments se
produit. Le premier segment de l’intestin grêle, le duodénum, est
le plus court et sa longueur est semblable à celle de lestomac (25
cm/~10 po). Il est suivi du jéjunum (2,5 m/~8 pi) et de liléon (3,5
m/~11,5 pi) pour donner une longueur totale d’un peu plus de 6 m
(~20 pi). Les fonctions de l’intestin grêle comprennent la sécrétion
denzymes digestives et de tampons ainsi que l’absorption de
nutriments. Il est important pour les patients sourants de la
MII de savoir que le fer est absorbé dans le duodénum et que
la vitamine B12 ainsi que les sels biliaires sont absorbés dans le
dernier segment de liléon (iléon terminal).
Maladie inflammatoire de l’intestin (MII)
2 Société GI Maladie inammatoire de l’intestin (MII) www.mauxdeventre.org
La muqueuse est la couche la plus interne de la paroi
du tractus GI; elle est responsable de la sécrétion de sucs
digestifs ainsi que de labsorption des nutriments. La deuxième
couche, la sous-muqueuse, se compose d’une dense couche
de tissu conjonctif comportant vaisseaux sanguins, vaisseaux
lymphatiques et nerfs. Une couche de muscle, la musculeuse
externe, est située à lextérieur de la sous-muqueuse. La
contraction de ces muscles propulse les aliments le long du tube
digestif. La couche la plus externe est la séreuse, une mince
couche de cellules qui sécrètent un uide qui réduit la friction
causée par le mouvement des muscles.
Le premier segment du côlon, le cæcum, se relie à lintestin
grêle dans la partie inférieure droite de labdomen à la hauteur
de la valve iléocæcale. Le reste du gros intestin se compose
du côlon ascendant (se dirigeant vers le haut du côté droit de
labdomen), du côlon transverse (traversant l’abdomen vers la
gauche) et du côlon descendant (se dirigeant vers le bas du côté
gauche du corps), suivi du côlon sigmoïde. La longueur totale
du gros intestin (côlon) est de 1,25 m (~4 pi). Les fonctions
principales du côlon sont dabsorber leau, de former les selles et
déliminer les déchets. Le gros intestin ne sécrète pas d’enzymes
digestives et nest pas muni de villosités. Le côlon contient
plusieurs variétés de bonnes bactéries et de levures qui aident
à la digestion et qui préviennent la prolifération de bactéries et
de levures néfastes. Le côlon se termine par le rectum (environ
de 15 à 20 cm/~6 à 8 po de long), qui entrepose les déchets pour
un bref instant jusqu’à ce quils soient évacués par l’anus sous
forme de selles, habituellement par choix conscient.
Bien quils ne fassent pas directement partie du tube digestif,
le foie, la vésicule biliaire et le pancréas servent dorganes
accessoires essentiels au processus digestif.
Maladie inammatoire de l’intestin
Puisque chaque personne est unique, les points traités ne
sappliqueront pas à toutes les personnes qui sourent de la
MII. Nous esrons cependant que ces informations vous aident
à comprendre cette maladie complexe et chronique. Assurez-
vous de discuter de vos circonstances avec les professionnels de
la santé qui soccupent de vos soins.
La maladie inammatoire de l’intestin est un terme qui fait
notamment référence à deux maladies de l’intestin : la maladie
de Crohn et la colite ulcéreuse. Ces maladies partagent quelques
caracristiques, mais dièrent de manière considérable dans
deux aspects : le segment du tube digestif touché et létendue
de linammation.
Endroits touchés : La colite ulcéreuse ne touche que le côlon,
débute toujours à l’anus et progresse vers le haut. Dans
certains cas, le gros intestin en entier peut être touché. Dans la
proctite ulcéreuse, une forme moins grave de colite ulcéreuse,
linammation ne s’étend pas plus loin que 20 cm (~de 7 à 8
po) de lanus. Dans la maladie de Crohn, linammation peut se
manifester par bandes à plusieurs endroits ou toucher une seule
grande section. Elle peut se trouver dans nimporte quelle partie
du tube digestif, touchant souvent la dernière partie de lintestin
grêle (iléon terminal).
Étendue de l’inammation : Dans la colite ulcéreuse,
linammation ne touche que la muqueuse interne tandis que
dans la maladie de Crohn, linammation peut traverser toute
lépaisseur de la paroi intestinale : muqueuse, muscle et même
quelquefois la mince couche la plus externe du tube digestif
(séreuse).
Le processus inammatoire entrne la dilatation des
vaisseaux sanguins et est accompagné d’une augmentation
de la température, une exsudation de uide dans les tissus,
une inltration de cellules inammatoires et l’ulcération de la
muqueuse.
Linammation peut résulter des eets d’agents infectieux tels
que les bacries, les champignons ou même les virus. Elle peut
aussi résulter de l’exposition à des produits chimiques, d’une
brûlure, d’un traumatisme ou dautre chose encore. La cause de
la MII est inconnue, mais les recherches indiquent fortement
que des interactions entre les facteurs environnementaux, les
bactéries intestinales, un dérèglement immunitaire et une
prédisposition génétique en sont responsables. Le risque est
accru pour ceux dont un membre de la famille soure de la
maladie.
Quoique la maladie de Crohn soit le nom actuellement utilisé
pour la maladie, on entend quelquefois de vieux termes tels
quentérite régionale, iléite terminale, colite granulomateuse ou
iléocolite, utilisés de façon interchangeable.
La maladie inammatoire de lintestin peut être
diagnostiquée à nimporte quel âge, avec une forte incidence
observée chez les jeunes personnes et chez ceux âgés de
40 à 50 ans. Environ 0,7 % de la population canadienne est
atteinte de la MII. Le Canada a les plus hautes prévalence et
incidence signalées jusqu’à maintenant dans tout le monde,
avec approximativement 233 000 personnes atteintes, dont
légèrement plus sourent de la maladie de Crohn que de colite
ulcéreuse.
Symptômes/Complications
Le symptôme le plus courant de la MII est la diarrhée.
Linammation peut inuer sur le temps de transit, ce qui veut
souvent dire que les aliments s’acheminent plus rapidement,
permettant moins de temps pour labsorption de leau, entraînant
des selles liquides. La maladie de Crohn peut toucher l’intestin
grêle et peut donc prévenir labsorption normale des aliments,
entraînant une diarrhée et une plus grande élimination de gras
(stéatorrhée) et d’autres nutriments. En cas de colite ulcéreuse et
de la maladie de Crohn du côlon, la fonction normale du côlon
denlever les uides présents est perturbée, entrnant des selles
fréquentes et liquides. Puisque la muqueuse du côlon peut être
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ulcérée, la diarrhée contient souvent du sang. Aux stades plus
avancés de la maladie, le côlon peut se rétrécir et raccourcir ce
qui inue sur labsorption de leau encore plus, entrnant un
besoin urgent d’éliminer les selles et une fonction délimination
mal contrôlée. La constipation peut aussi se développer alors
que le corps lutte pour maintenir une fonction intestinale
normale.
La douleur abdominale est un autre symptôme courant.
Comme tous les autres muscles du corps, la couche musculaire
de lintestin peut subir des spasmes. Les intestins enams
sont irritables et plus susceptibles à des spasmes, ceux-
ci exerçant une pression sur les nombreuses terminaisons
nerveuses de la paroi intestinale. Cest ce qui explique certains
types de douleur associés à la MII, surtout les crampes. Dans
la maladie de Crohn, la pression peut saccumuler à larrière
d’une partie étroite (striction) de lintestin et produire de la
douleur. Occasionnellement, le rétcissement est si sévère quil
y a occlusion intestinale nécessitant une intervention médicale
imdiate et moins souvent une intervention chirurgicale.
La èvre accompagne fquemment tout type d’inammation
et elle est présente avec la MII.
Les patients sourant de la MII peuvent sourir de
ténesme, déni comme une sensation de défécation incomplète
accompagnée d’une douleur soudaine, courte et profonde à
louverture du rectum.
La perte de poids est courante dans la maladie de Crohn à
cause de la capacité réduite de l’intestin grêle à absorber une
quantité susante de nutriments. Un retard de croissance et
de maturité peut en résulter chez les enfants. Il vaut mieux,
si possible, de consulter un pédiatre gastro-entérologue qui
possède une formation spécique pour gérer les besoins
spéciaux de lenfant en croissance.
Dans le cas de la maladie de Crohn, le rectum et lanus
peuvent devenir un point central de l’inammation avec la
formation de déchirures douloureuses et enammées de la peau
et des tissus superciels, appelées ssures anales. De larges
poches de pus ou des abcès peuvent se développer, produisant
une grande douleur et de la èvre. Une communication
anormale, ressemblant à un tunnel et appelée stule, peut se
produire entre lintestin et la peau. Quand cette communication
est près de l’ouverture de lanus, elle s’appelle stule anale.
Dans la maladie de Crohn, les stules peuvent aussi se produire
entre les anses intestinales dans labdomen ou entre l’intestin et
la paroi abdominale. La chirurgie abdominale peut augmenter
le risque de stules.
Une anémie ou insusance de globules rouges apparaît
fréquemment à cause des saignements dus aux ulcérations de la
muqueuse intestinale. La perte de sang est parfois si importante
qu’une transfusion sanguine devient nécessaire. Lanémie peut
aussi être la conséquence d’une malnutrition générale à cause
de la malabsorption des nutriments et des eets débilitants de la
maladie sur le corps du patient.
Dautres manifestations de la maladie inammatoire de
lintestin sont larthrite, les problèmes cutanés, la maladie du
foie, les calculs rénaux et l’inammation oculaire.
Les patients atteints de la MII qui sourent de colite
ulcéreuse ou de la maladie de Crohn du côlon ont un risque
légèrement plus élevé d’être atteints d’un cancer colorectal
après avoir vécu avec la maladie pour une période de 10 à 15
ans. Le dépistage du cancer colorectal devrait donc se faire plus
tôt et de façon plus vigilante dans ce groupe comparativement à
la population générale.
Diagnostic
Un mauvais fonctionnement du tube digestif peut se produire
pour toute une variété de raisons et certains des symptômes
(diarrhée, douleur et perte de poids) peuvent ressembler de près
aux symptômes dautres maladies ou troubles. Un diagnostic
précis de la MII est essentiel et un médecin prendra donc les
démarches pour exclure d’autres aections.
Une évaluation soigneuse de l’histoire de la maladie est la
première étape pour établir un diagnostic précis. Le médecin
passera en revue certains facteurs, notamment quand et
comment les symptômes ont débuté, quels problèmes ont suivi,
la nature de la diarrhée, le type de douleur abdominale, ainsi
que les caractéristiques et la quantité des saignements rectaux.
Dans la colite ulcéreuse, l’outil diagnostique le plus utile est
le sigmoïdoscope, un court instrument qui permet de visualiser
lintérieur du côlon inférieur. Au besoin, le médecin peut prélever
des biopsies des endroits suspects pendant la procédure pour
enquêter davantage. La vérication de la muqueuse du côlon
avec cet instrument, à intervalle régulier pendant le processus de
guérison, permet au médecin de surveiller l’état de la maladie.
Au besoin, un instrument plus long et exible, nom le
colonoscope, peut aider le médecin à voir plus loin dans le côlon,
quelquefois aussi loin que liléon terminal (où lintestin grêle et le
côlon se rencontrent), endroit probable pour le développement de
la maladie de Crohn. Dans certains cas, un gastroscope introduit
par la bouche est utile pour conrmer la maladie de Crohn dans
la partie supérieure du tractus GI.
Un médecin pourrait recommander une radiographie
barye. Quand elle est requise pour la région GI supérieure,
le patient avale un liquide qui tapisse les parois de l’œsophage
et de lestomac. Le liquide contient du baryum qui est d’un
blanc éclatant sur les radiographies, fournissant une image à
contraste de la forme et de la fonction du tractus GI supérieur.
Quand elle est requise pour obtenir des détails du tractus GI
inférieur, un lavement baryté est utilisé pour permettre au
médecin de visualiser les contours du côlon. La colonoscopie
procure un avantage diagnostique par rapport à la radiographie
du lavement baryté puisque le médecin peut prélever des
biopsies lors de la procédure.
4 Société GI Maladie inammatoire de l’intestin (MII) www.mauxdeventre.org
Dautres outils de diagnostic comprennent les tests sanguins
et lexamen d’un échantillon des selles pour la détection
dagents infectieux et de sang caché (occulte). Léchographie,
la tomodensitométrie et l’IRM sont utiles pour la recherche de
complications de la MII, mais ne sont pas nécessairement utiles
pour le diagnostic primaire.
Gestion
Le traitement de la maladie inammatoire de l’intestin est
varié; il comprend la gestion des symptômes et des eets de
la maladie tout en suivant un régime posologique qui vise à
réduire linammation sous-jacente.
Modifications à l’alimentation et au mode de vie
Un important dé est de gérer la nutrition lorsque la maladie
a compromis l’appareil digestif. La maladie de Crohn peut faire
obstacle à labsorption des nutriments, ce qui met les patients
atteints à risque élevé pour des déciences; comme lintestin
grêle, où la plupart des nutriments sont absorbés, nest pas
touché en cas de colite ulcéreuse, les patients en sourant sont
généralement à risque faible. Dautres facteurs et symptômes
contribuent cependant à la malnutrition chez les patients avec
l’une ou lautre des maladies.
Selon les symptômes de la maladie, une personne atteinte
de la MII peut être sourante et la sensation des aliments
qui s’acheminent dans le tube digestif peut causer tellement
dinconfort que le patient évite ou choisit certains aliments, ce
qui peut entrner un déséquilibre alimentaire. Une meilleure
nutrition fournit au corps les moyens pour se grir.
Si les saignements sont excessifs, lanémie peut s’ensuivre
et des modications à lalimentation seront cessaires pour
compenser ces pertes.
Selon létendue de linammation et de son emplacement,
les patients devront possiblement suivre un régime spécial
qui inclut des suppléments. Il est important de suivre le Guide
alimentaire canadien, mais il nest pas facile de le faire pour
les personnes sourant de la MII. Nous encourageons chaque
patient à consulter un diététiste professionnel qui peut aider à
mettre en place un plan nutritionnel personnalisé et ecace
qui tient compte des déciences spéciques liées à la maladie
ainsi que du tube digestif sensible du patient. Certains aliments
peuvent provoquer une irritation et aggraver les symptômes
même s’ils ninuencent pas l’évolution de la maladie.
Particulièrement dans la maladie de Crohn, lors d’une
poussée active des symptômes, et quelquefois dans la colite
ulcéreuse, il peut être nécessaire de permettre à lintestin
de se reposer et de guérir. Avec des régimes spécialisés, des
substituts de repas facile à digérer (mélange élémentaire) et
un jeûne avec alimentation par voie intraveineuse (nutrition
parentérale totale), il est possible dobtenir un repos intestinal
progressif.
Pharmacothérapie symptomatique
Les symptômes de la MII représentent la composante la
plus pénible de la maladie et c’est le traitement direct de ces
symptômes, particulièrement de la douleur et de la diarrhée,
qui améliore la qualité de vie du patient. Il existe plusieurs
traitements pour la diarrhée et la douleur. Une modication du
régime peut être bénéque et les médicaments antidiarrhéiques
jouent un rôle important. Pour une douleur non contrôlée
par d’autres médicaments, les analgésiques peuvent aider,
lacétaminophène (Tylenol®) étant le médicament de choix.
Il existe deux types de médicaments antidiarrhéiques qui
visent à prévenir les crampes et à contrôler la défécation.
Le premier groupe modie lactivité musculeuse de
lintestin, en ralentissant le transit du contenu. Il comprend : le
lopéramide non narcotique (Imodiu); les agents narcotiques
comme le diphénoxylate (Lomotil®), la codéine, la teinture
dopium et lélixir parégorique (camphre/opium); et les agents
antispasmodiques comme le sulfate de hyoscyamine (Levsi),
le dicyclomine (Bentylo), la propanthéline (Pro-Banthine®)
et le butylbromure de hyoscine (Buscopa).
Lautre groupe de médicaments change la mollesse des selles
et leur fréquence en absorbant (se liant à) leau pour régulariser
leur consistance an quelles soient d’une forme et d’une
consistance facile à passer. Ces médicaments fonctionnent
de diérentes façons; certains comme le Metamuci ou le
Prodiem® proviennent de bres végétales tandis que la résine
de cholestyramine (Questra) lie les sels biliaires. Il est
intéressant de noter que les bres végétales sont aussi utiles
pour la constipation à cause de leur eet régulateur sur les
selles.
Sil existe des signes extra-intestinaux de la MII, tels que
larthrite ou linammation oculaire, le decin abordera ces
aections individuellement puisquil pourrait être nécessaire
de diriger le patient vers d’autres spécialistes. Si lanxiété et
le stress sont dimportants facteurs, un programme de gestion
du stress pourrait être précieux (demandez notre brochure La
gestion du stress).
Les personnes sourant de la MII peuvent être anémiques
à cause d’une combinaison de facteurs tels que la perte
sanguine chronique ou la malabsorption de certains minéraux
et vitamines. Lajout de suppléments diététiques peut améliorer
cet état, le polypeptide de fer hémique (Proferri) étant
le premier choix à cause de son action rapide et de ses eets
secondaires minimes. Une transfusion sanguine est quelquefois
requise.
Dans la maladie de Crohn, les antibiotiques les plus souvent
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prescrits sont la ciprooxacine (Cipro®) et le métronidazole
(Flagyl® et Florazole ER®). Les antibiotiques à large
spectre sont importants dans le traitement des manifestations
secondaires de la maladie telles que les stules et abcès péri-
anaux.
Pharmacothérapie anti-inflammatoire
Lon vise deux objectifs dans le traitement de la maladie de
Crohn et de la colite ulcéreuse : 1) linduction d’une rémission
(caractérisée par une absence de symptômes et d’inammation
dans la région du tractus gastro-intestinal touché par la
maladie) suivie du 2) maintien de la rémission (prévention
des poussées actives). An datteindre ces objectifs, le
traitement vise à contrôler linammation persistante dans le
tractus intestinal. C’est en contrôlant linammation que les
symptômes de la MII s’atténuent. Le traitement prend plusieurs
formes et vise plusieurs systèmes de lorganisme pour apporter
un soulagement. Un médecin peut prescrire les médicaments
décrits ci-dessous, seuls ou en combinaison. Il faut parfois un
peu de temps pour trouver la bonne combinaison pour un patient
puisque chaque cas de la MII est unique. Selon lemplacement
de laection, une combinaison de méthodes dadministration
des médicaments (orale et rectale) peut aider à assurer que les
médicaments atteignent tous les endroits touchés.
Acide 5-aminosalicylique (5-ASA)
Le médicament qui depuis longtemps obtient le plus de
succès partout dans le monde pour diminuer linammation
à court terme dans la MII légère à modérée est le 5-ASA qui
comprend la mésalamine (Asacol®, Asacol 800®, Mesasal®,
Mezavant®, Pentas, Salofalk®) et lolsalazine sodique
(Dipentu), tous oerts en prise orale sous forme de
comprimés et de capsules. Le médicament 5-ASA est sans
danger et est bien toléré pour une utilisation à long terme. Selon
lemplacement de l’aection, vous devrez peut-être prendre
la mésalamine (Pentas, Salofalk®) de façon rectale, par
lavement ou sous forme de suppositoires. Au début, les patients
utilisent habituellement les médicaments rectaux chaque soir et
réduisent les traitements lorsque la maladie s’améliore.
Le 5-ASA aide à calmer linammation aiguë et lorsque pris
à long terme (entretien), linammation demeure habituellement
inactive. Il est important de continuer le régime de médicaments
même si vos symptômes disparaissent et que vous vous sentez
bien. Selon la réponse de la maladie, le traitement dentretien
peut seectuer à la pleine dose initiale ou à une dose réduite et
par intervalles.
Le 5-ASA en combinaison avec un antibiotique sulfamidé
est oert en prise orale sous le nom de sulfasalazine
(Salazopyrin®).
Corticostéroïdes
Les corticostéroïdes peuvent aider à diminuer linammation
à court terme dans les cas de MII modérées à graves. Ils sont
la prednisone et le budénoside (Entocort®) à prise orale, le
prednisone manifestant le plus d’eets secondaires. Pour le
soulagement topique de la colite ulcéreuse ou de la maladie de
Crohn du côlon, le budénoside (Entocor), la bétaméthasone
(Betnesol®) et l’hydrocortisone (Cortenema®, Cortifoam®,
Proctofoam®) sont oerts en formulation rectale (lavements,
mousses et suppositoires). Les médecins peuvent prescrire
l’hydrocortisone (Solu-Cortef®) et la méthylprednisolone
(Solu-Medrol®) pour l’administration intraveineuse en milieu
hospitalier. Les corticostéroïdes ne devraient pas être utilisés à
long terme ou pour un traitement d’entretien.
Agents immunosuppresseurs
Ces médicaments sont utilisés pour prévenir les poussées
actives de la colite ulcéreuse et de la maladie de Crohn et pour
essayer de réduire la dépendance aux stéroïdes. Ils comprennent
lazathioprine (Imura), la cyclosporine, la mercaptopurine/6-
MP (Purinethol®) et le méthotrexate sodique (Rheumatrex®).
Il faut parfois jusquà 12 semaines de thérapie pour voir des
sultats.
Produits biologiques
Les médicaments biologiques constituent une option importante
dans le traitement de la MII modérée à grave. Ces produits sont
des anticorps mis au point pour des indications précises : ils
bloquent de façon sélective les molécules jouant un rôle dans le
processus inammatoire. Les gastro-entérologues prescrivent
couramment des médicaments biologiques, notamment l’iniximab
(Remicade®), ladalimumab (Humira®), le golimumab (Simponi®)
et plus récemment le vedolizumab (Entyvio®), an de contrôler
les symptômes (induire une rémission clinique) des maladies
inammatoires de lintestin.
Maladie de Crohn : Remicade® a été approuvé en 2001 pour
linduction d’une rémission clinique dans la maladie de Crohn,
pour une utilisation continue dans le maintien d’une rémission
clinique, pour réduire ou éliminer l’utilisation de corticostéroïdes,
pour guérir et fermer les stules, et pour grir la muqueuse de la
paroi intestinale (la cicatrisation muqueuse). Humira®, un anticorps
monoclonal entièrement humain a été approuvé en 2006 pour
linduction d’une rémission clinique dans la maladie de Crohn et
pour une utilisation continue dans le maintien d’une rémission
clinique.
Colite ulcéreuse : Remicade® a été approuvé en 2006 pour
linduction et le maintien de la rémission clinique et de la cicatrisation
muqueuse et pour la réduction ou lélimination de l’utilisation de
stéroïdes. Simponi® a été approuvé en 2013 pour l’induction et le
maintien de la rémission clinique et de la cicatrisation muqueuse.
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