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POLITIQUE CULTURELLE
THÉÂTRE LE SÉMAPHORE | PÔLE MÉDIA
Parenthèse enchantée
Ils étaient tous là, tous les représentants des collectivités territoriales,
pour fêter les 20 ans d’un théâtre particulier…
Le cas du Sémaphore aujourd’hui est si rare et
précieux qu’il faut le souligner, le préserver, le
monter en épingle même. Edifiés conjointement il
y a 20 ans dans une ville en grande difficulté éco-
nomique, le théâtre et la médiathèque ont fait la
preuve que l’éducation populaire n’est pas un vain
mot, et que parier sur la culture a du sens. Dans
un quartier appauvri, au sein d’une population
confrontée au chômage de masse, dans une ville
où habitent beaucoup d’immigrés (le Sémaphore
est un des rares théâtres où l’on voit s’asseoir des
femmes enfoulardées), le théâtre propose depuis
20 ans une programmation exigeante, qu’elle assor-
tit d’ateliers de pratique, de résidences… et d’une
convivialité qui lui garantit un taux de fréquen-
tation de 85%, dont plus de la moitié réside à
Port-de-Bouc même.
Est-ce parce qu’«elle a fait de la culture un axe de
son développement», comme le soulignait Alain
Hayot,(Conseil Régional) que la ville a toujours
«résisté aux tentations xénophobes» ? Sans doute la
réussite du théâtre est-elle dûe aussi à la person-
nalité de son directeur, Pierre Graphéo, «connu
pour sa pugnacité» soulignait Bernard Millet
(Conseil Général). Quant à Katell Pouëssel,
(Direction Régionale des Affaires Culturelles), elle
notait l’exclusivité du label de cette scène,
«conventionnée pour les publics», qui produit un
«étonnant travail éducatif fait de rencontres et de
partage», grâce à une salle toujours ouverte qui
programme des spectacles «joyeux et intelligents».
La recette du succès ? Patricia Fernandez, la Maire,
émue, rappela que petite fille elle avait connu à
cette place les ateliers mécaniques de Saint
Gobain, et qu’associer ainsi patrimoine ouvrier et
culture résume toute une politique culturelle : une
mission de service public auprès des publics qui
permet aussi l’existence, essentielle, de la création.
Des discours agrémentés des facéties de la Cie du
voyage imaginaire, très irrespectueuse du pro-
tocole, qui brossait les vêtements, cirait les
chaussures, peignait énergiquement les chevelures
et époussetait non moins vigoureusement les cols
des représentants et élus hilares, et finalement peu
décontenancés ! Après cela un petit coup de
fanfare Wonderbrass, un banquet arrosé, chauffé
au brasero, et l’on repartait pour un moment avec
Jean-Louis Hourdin, qui a inauguré le théâtre en
1989, puis fêté ses dix ans, et revenait ce soir là
avec un montage de (beaux) textes politiques,
poèmes et chansons de jongleur, Hugo et Dario Fo
dits à trois (avec Pierre Henri et Éloïse Brunet)
sur le fil de l’emphase pour montrer la force des
peuples.
Ça s’appelait Ça respire toujours. Pourvu que ça
dure! Et que ça rayonne ailleurs, partout où le
service public de la culture est foulé aux pieds…
AGNÈS FRESCHEL
Les 20 ans du Sémaphore
se sont fêtés le 17 avril à Port de Bouc
La création de l’antenne Media Grand Sud devrait permettre de faciliter la vie
aux créateurs d’un secteur culturel particulièrement sensible. Car, comme le
rappelait Alain Hayot, vice-président du Conseil Régional délégué à la Culture,
il faut «une véritable politique publique en matière de cinéma et d’audiovisuel»,
qui «respecte la création cinématographique, dans un secteur où les lois de
rentabilité de l’industrie culturelle sont plus présentes qu’ailleurs.»
Media 2007-2013 est un programme de l’Union Européenne qui vise à
«encourager le développement de l’industrie audiovisuelle.» La fameuse
exception culturelle semble présider à ses destinées puisque le programme,
qui concerne 32 pays comme le rappelait Blandine Pellistrandi, représentante
de la Commission européenne, s’attache à développer la formation (7% du
budget), la production indépendante (20%), les festivals (9%, plus de 100
festivals européens aidés), la distribution des films européens (55%) tout en
veillant à la diversité culturelle : le programme Media, soit 755 millions d’euros
sur sept ans, soutient actuellement plus de la moitié des films européens…
La création d’une Antenne à Marseille est donc un événement important,
unique même, puisque la France sera le seul pays à posséder trois relais (Paris,
Strasbourg, Marseille) quand les autres se contentent d’un, parfois de deux ;
cette installation définitive devrait donc permettre aux créateurs de la région,
et aux festivals, une aide au montage de dossiers. Et par ailleurs la région
devrait voir s’accroître le nombre de tournages, déjà très important.
En effet, grâce au climat, à la lumière, aux sites variés et exceptionnels, le
«Grand Sud» de la France est d’ores et déjà un des premiers territoires de
tournage en Europe. L’antenne vise à les augmenter encore en facilitant leur
gestion humaine et technique, mais aussi en mettant en réseau l’espace euro-
méditerranéen. La Région PACA, fortement impliquée dans la création de cette
antenne puisqu’elle en est à l’origine (elle la demande depuis 2003, et l’a
hébergée durant un an le temps que les locaux soient prêts), ajoute donc ce
dispositif à la politique qu’elle mène pour le cinéma et l’audiovisuel, aidant la
création (2,5 millions par an) mais aussi l’accès au cinéma, des jeunes en
particulier.
A.F.
L’inaguration de l’Antenne Media Grand Sud a eu lieu le 27 avril
Pôle media de la Belle de Mai
04 91 57 50 57
www.mediafrance.eu
Le cinéma a une Antenne !
Au Pôle Media de la Belle de mai il n’y a pas que
Plus Belle la Vie. Non seulement on y tourne autre chose,
mais encore on y chouchoute le cinéma et l’audiovisuel
Les 20 ans du Semaphore © X-D.R