II. - PEDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES

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Etudes sur l'Ecologie et la Sylviculture
du Mélèze
(Larix europeea D. C.)
II. - PEDOLOGIE
ET FACTEURS BIOTIQUES
PAR
Ph. DUCHAUFOUR
Docteur ès Sciences
Ingénieur des Eaux et Fore.ts
.
CHAPITRE I
CONSIDERATIONS GENERALES
LES METHODES
Dans l'étude publiée d'autre part, M. l'Ingénieur FouRcxv a
traité le problème d'ensemble de l'Aire et de l'Ecologie du Mélèze:
Les questions climatiques ont retenu tout particulièrement son attention. En outre, des conclusions pratiques, relatives â la sylviculture
du Mélèze ont pu etre formulées.
Dans cette seconde partie, nous nous placerons un point de vue
différent; nous étudierons plus spécialement les facteurs pédologimies et b'otiques. Ces deux groupes de facteurs ne peuvent être
séparés, ils se conditionnent mutuellement: l'évolution du sol est, en
effet, étroitement liée à. celle de la végétation et l'action du pâturage, si importante en montagne, influence de faon profonde l'une
et l'autre.
D'autre part, l'état du sol et la nature de la végétation en surface
sont les facteurs essentiels qui régissent la régénération du Mélèze:
c'est surtout ee problème de la régénération que nous avons envisagé dans cette seconde partie, en essayant d'y apporter quelque clarté
par l'application des méthodes modernes de la pédologie, ce qui n'a
pas encore été fait en France. Par contre, certains travaux suisses
récents nous ont fourni. ce point de vue, une documentation importante [HEss 37 - LUDI 45 - AUER 2].
repérer sur le terrain
Notre méthode, très sirnple, a consisté
des stations voisines, disposées par paires, l'une dans laquelle les
semis de Mélèze étaient nombreux, l'autre où ils étaient inexistants.
Ces stations étaient choisies de faon â, ne différer entre elles que
Setil facteur écologique si possible, par exemple: pente, inpar
tensité du pâturage, ou nature de la végétation .
Une cinquantaine de stations a été ainsi passée minutieusement
en revue et, parmi celles-ci, 34 jugées particulièrement démonstratives ont fait l'objet d'une étude complète, écologique, pédologique
et floristique.
136
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
Comme on l'a vu dans l'article de P. FOURCHY publié d'autre
part, le Mélèze est une essence assez plastique, relativement au climat. Il était donc nécessaire de choisir les stations d'étude en des
points variés de l'aire de cette essence, de façon dégager nettement l'influence des conditions de sol, de celle du climat et du microclimat. C'est la raison pour laquelle nous avons prospecté aussi bien
les Mélézeins des vallées de la zone interne des Alpes septentrionales (Maurienne - Oisans) que ceux des régions intérieures des
Alpes méridionales (Briançonnais, Oueyras, Col de Vars, Vallées
des Alpes-Maritimes). Les stations ont été choisies presque toujours
dans l'étage subalpin, à. exposition fraîche. Cependant le Mélèze descend parfois dans l'étage montagnard et, à. titre de comparaison,
quelques relevés floristiques accompagnés de prélèvements de sols
ont été effectués dans cet étage : Dans les Alpes du Nord, les AlpesMaritimes, il s'ag,it alors de l'étage montagnard supérieur, humide,
caractérisé surtout par l'Epicéa. Dans les Alpes méridionales sèches (Briançonnais, Queyras), c'est plutôt un étage montagnard
xérophile, oit domine le Pin sylvestre, accompagné des éléments les
plus montagnards du cortège du Chêne pubescent.
I. — METHODES D'ETUDE
ET CLASSIFICATION DES SOLS
Les stations étudiées sont localisées sur des affleurements de roches-mères très différents, ce qui a permis d'utiles comparaisons.
Nous disting,tierons essentiellement deux grandes catégories de roches-mères : les roches-mères silico-alumineuses, pauvres en matières
minérales et en bases (schistes métamorphiques permo-houillers, grès
d'Annot, gneiss, schistes rouges du permien, etc...) et les rochesmères carbonatées, ou riches en éléments basiques, comprenant les
calcaires tendres du crétacé supérieur (Alpes-Maritimes), le flysch
calcaire, les calcaires dolomitiques du trias oit domine le carbonate
de magnésie, enfin certains schistes lustrés et schistes cristallins.
Dans chaque station, le profil a été l'objet d'une étude morphologique l'occasion de laquelle on a noté : la profondeur, l'importance de la couche humifère et la disposition des racines, la texture,
la structure, l'abondance et la g,rosseur des cailloux. S'il s'agit d'un
sol horizons différenciés, la description des horizons, bien entendu,
n'a pas été négligée.
Les analyses ont porté sur les points suivants : Pour caractériser le sol au point de vue physique, on a mesuré la porosité totale
et parfois la perméabilité sur place. La porosité totale a été calculée
par la méthode de la densité apparente [DEMOLON - 19] celle-ci
s'obtient en mesurant le poids de terre sèche contenue dans un cy:
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
137
lindre de dimensions standard, de 25o cm3, le prélèvement devant
se faire sans modification de la structure. A l'aide de la densité apparente D', comparée la densité réelle D, on obtient aisément la
porosité : celle-ci est donnée par la formule
D
—
D
•
D'
X wo.
Les quelques essais de perméabilité ont été également effectués sur
place l'aide du cylindre de BORGER, d'une section de Io() cm2,
enfoncé dans le sol de io cm, et qui permet de mesurer la vitesse
d'écoulement de litre d'eau.
La porosité totale exprime la valeur du volume des vides du sol,
en % du volume total. Il était utile de préciser cette notion de porosité en faisant intervenir deux valeurs particulièrement importantes : la porosité capillaire (ou microporosité), correspondant au
volume des canaux très fins, « capillaires » du sol ; et la porosité non capillaire (ou macroporosité), correspondant au volume des pores les plus grossiers. La porosité totale est donc la
somme de la porosité capillaire et de la porosité non capillaire. Ces
deux valeurs sont obtenues en étudiant le comportement de l'eau du
sol : L'eau d'infiltration, en effet, se divise en deux parties, une partie qui s'écoule par gravité, qui circule dans les pores les plus volumineux du sol (eau de gravité) ; une autre partie qui est retenue
par les forces capillaires dans les pores les plus fins, même après
ressuyage énergique (eau capillaire). La porosité capillaire correspondra donc au volume d'eau retenu par le sol (en % du volume
total) après saturation, puis « ressuyage » permettant l'élimination
de l'excès d'eau de gravité. Ce ressuyaf.,,e est obtenu au laboratoire,
soit par centrifugation, soit par filtration à. la trompe à vide sur filtre
en verre pilé (méthode de mesure de « l'humidité équivalente »
décrite par Bouvoucos). Cette humidité équivalente, exprimée en
volume, représente sensiblement le maximum d'eau retenue par capillarité, donc la porosité capillaire.
La porosité non capillaire est obtenue par différence entre la porosité totale et la porosité capillaire. En période sèche, elle correspond sensiblement à. la capacité en air du sol; après les pluies, elle
est occupée par « l'eau de gravite » qui s'écoule plus ou moins rapidement et il est clair que ta. perméabilité est en gros proportionnelle
cette porosité non capillaire: c'est ce que M. l'Ingénieur BARTOLI
a pu vérifier en f aisant des essais de perméabilité dans la forêt d'Albanne (Savoie). Voici les résultats qu'il a obtenus, dans deux stations voisines, de même pente (2o-3o %):
PÉDOLOGIE ET FACTEURS 13IOTIQUES DU MÉLÈZE
138
N° des Stations
Porosité non capillaire
(% du volume total)
Vitesse d'infiltration
(I litre)
(moyenne de Io essais)
35
26,5
ic) mn 42, s
3 mn 15 s
38
Il faut cependant noter que la perméabilité est en outre influencée, dans une certaine mesure, par la densité plus ou moins grande,
en surface, du lacis de rhizomes et de racines de Graminées. Or, la
présence de ce feutrage ne modifie pas la porosité non capillaire,
puisque, pour la mesurer, on commence par le décaper, pour mettre
le sol minéral nu; nous reviendrons ultérieurement sur cette question.
En dehors de ces mesures de porosité et de perméabilité, les analyses faites au laboratoire ont porté sur des prélèvements effectués
dans les Io premiers centimètres, dans le cas des sols superficiels
san horizons différenciés. Dp‘ns le cas contraire, on a procédé à.
une analyse par horizon.
Les analyses ont été effectuées sur la terre fine, passée au tamis
de 2 mm, le résidu de cailloux ayant été pesé pour établir le % du
poids de cailloux par rapport au poids total.
Les différentes mesures faites sont les suivantes :
Analyse granulmétrique,
l'aide de la méthode internationale
modifiée par RomNsoN, permettant de classer les éléments par catégories de grosseurs : argiles (au sens pédologique du terme), c'estA-dire éléments de diamètre inférieur à. 2 II, limons, dont les particules sont comprises entre 2 !..t. et 20 II, sables, fins et grossiers, à. grosseur dépassant 0,02 MM.
Carbonates, dosés à. l'aide du calcimètre.
Matière organique, obtenue par le dosage du carbone organique,
par la méthode d'ANNE; on multiplie ensuite cette valeur par le coefficient 1,7.
Enfin le fer, soluble dans les acides forts, extrait par l'acide chlorhydrique (dilué raison de 21 vol. HC1 pur, vol H20), a été dosé
chaque fois qu'il existait des horizons nettement différenciés, dans
le but de mesurer l'indice d'entraînement du fer: cette valeur correspond an rapport du fer contenu dans l'horizon d'accumulation B,
au fer contenu dans l'horizon lessivé A2. On a en outre vérifié, pour
quelques sols sans horizons visibles, que cet indice était réellement
voisin de l'unité, l'aide de prélèvements situés en surface et à.
20 OU 25 CM.
Les données de la description morphologique sur le terrain, jointes aux résultats analytiques, ont permis de classer les sols en quatre grandes catégories:
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
139
1° Les sols squelettiques, très superficiels, peu humifères, ont les
propriétés de la roche-mère ; ils résultent d'une érosion intense.
2° Les sols bruns jeunes, toujours peu profonds, sont cependant
un peu plus évolués : ainsi, sur roche calcaire, ils sont presque entièrement décarbonatés. La proportion de cailloux est élevée, celle
d'argile est faible. Une légère couche de Mun, mélangé au sol minéral, apparaît en surface.
3° Les sols bruns évolués sont nettement plus profonds, très pauvres en cailloux, beaucoup plus riches en éléments fins. La couche de
Midi, humus doux superficiel peu acide, est plus développée que
dans le cas précédent. Certains de ces sols montrent un lessivage
de l'argile et du fer, en station horizontale (sols lessivés â horizons
nettement différenciés).
4° Les sols podzoliques et les podzols ferrugineux. Ces sols présentent trois horizons très nets : un horizon de 11/I or très acide en surface, un horizon A2 blanchâtre, appauvri en fer, un horizon B rouille, enrichi en fer.
Les sols podzoliques, dont la couche de Mor est peu épaisse, présentent un horizon A2 blanchâtre mais non cendreux. L'indice d'entraînement du fer est inférieur â. 4.
Les podzols, â. couche de Mor superficiel atteignant 15 20 cm,
sont caractérisés par un horizon A2 de structure et de couleur cendreuses. L'indice d'entraînement du fer est égal ou supérieur â 4.
II.
—
METHODES D'ETUDE DE LA VEGETATION
Dans chaque station étudiée, des relevés floristiques ont été effectués, par la méthode de BRAUN-BLANQUET IO] . Deux chiffres,
5 ,ont permis de traduire l'extension et la ,soéchelonnés de
ciabilité des différentes espèces : l'abondance-dominance exprime
l'importance de la surface recouverte sur un relevé d'environ Dao m2:
5, plus de 75 % — 4, 5o à 75 % — 3, 25 5o % — 2, IO à.
25 % — 1, plante abondante mais â faible surface de recouvrement ;
+ plante présente, mais disséminée.
Le second chiffre exprime la sociabilité: 5 en peuplements, 4 en
larges taches, 3 en petites taches, ou en touffes confluentes, 2 en
petites touffes, pieds isolés.
La comparaison des relevés nous a permis d'individualiser des
groupements écologiques, de plantes présentant des exigences analogues l'égard d'un ou plusieurs facteurs écologiques dominants :
ces g-roupements caractérisent donc les stations dont le milieu est
stable et bien défini.
Nous distinguerons six groupements écologiques principaux dont
nous donnons, une fois pour toutes, les caractéristiques essentielles.
Bien entendu, ces listes ne sont pas limitatives nous ne citons que
;
les espèces rencontrées dans les stations étudiées.
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
a) GROUPEMENTS COLONISATEURS
Ils sont constitués par les espèces pionnières qui s'installent sur
les sols encore squelettiques. Ce sont des occupateurs de places
vides, craignant la concurrence des autres espèces.
Arctostaphylos uva-ursi, Globularia cordifolia, Thymus serpyllum,
Tussilago farfara, Antennaria dioica; plus particulièrement sur les
sols calcaires citons: Dryas octopetala, Hieracium pilosella et, â. un
stade ultérieur faisant transition avec la pelouse : Sesleria coerulea,
Polygala chamaebuxus, Helianthemum vulgare.
Nous verrons que le Mélèze, lui-mème, peut etre considéré comme
faisant partie de ce groupe.
b) GROUPEMENTS DE LA PELOUSE SUBALPINE
Ils trouvent leur développement maximum dans les zones pâturées : ils comprennent surtout cles Graminées et des Légumineuses,
entre autres, diverses Fétuques xérophiles du groupe ovina, Agroslis vulgaris et A. alpina, Poo Avena versicolor, Carex verna,
Plantago alpina, Alchemilla alpina et A. vulgaris, Trifolium pratense,
T. repens, Lotus corniculatus var. Delorti, Ranunculus montanus.
Les pelouses acidiphiles comprennent surtout : N'ardus stricta„ Deschampsia flexuosa, Festuca rubra, alors que les pelouses neutroPhiles
sont â, la base de : Festuca duriuscula, Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Briza media, Phleum alpinum, Hippocrepis comosa.
C) GROUPEMENTS DE LA LANDE SUBALPINE
P3RAUN-BLANQUET 9 - LUDI 46]
C'est la lande â arbustes nains, qui envahit les Mélézeins non
pâturés sur roche-mère pauvre en bases.
Les espèces principales sont, dans l'étage subalpin : Rhododendron ferrugineum, Vaccinium vitis-idaea et V. Myrtillus, Lonicera
coerulea, Juniperus nana, Peucedanum ostruthium. Parfois on note
d'autres espèces qui sont également sylvicoles, telles que : Salis arbuscula, Calamagrostis villosa, Canipanula barbata. Quant â, Empetrum nigrum, Vaccinium uliginosum, ils s'observent surtout dans les
stations â. tendance tourbeuse.
Dans l'étage montag-nard supérieur, cette lande s'appauvrit en espèces : Ainsi le Rhododendron, Lonicera coerulea, disparaissent ; le
groupement est moins dense et il a tendance â. se mélanger plus
intimement â. certains éléments du groupe suivant : c'est la lande
Vaccinium de l'étage montagnard.
CONSIDÉRATIONS GÈNÈRALES
d)
14r
GROUPEMENTS DES ESPÈCES FORESTIÈRES SUBALPINES
ET MONTAGNARDES SUPLRIEURES
Ces groupements sont particulièrement bien représentés dans les
forêts d'Epicéa, où ils se mélangent, sur sol acide, la lande
Vaccinium, et sur sol neutre, au groupement des arbustes neutrophiles,
étudié ci-dessous.
Les principaux éléments sont : Rosa alpina, Lonicera nigra, Rubus
saxatilis, Actaea spicata, Atragene alpina, Ranunculus platanifolius, Anemone alpina, Acanitunt lycoctonum, Lys Martagon, Luzula nivea, Homogyne alpina, Veronica urticaefolia, etc... Certains de
ces éléments sont surtout bien représentés dans l'étage subalpin
(Anemone alpina, Atragene alpina, Hontogyne alpina), ils caractérisent les Pessières subalpines; d'autres, plutôt montagnards, caractérisent les Pessières montagnardes (Luzula nivea, Actaea spicata,
Ranunculus platanifolius).
e)
GROUPEMENTS
DES
ARBUsTF.S ET ARBRTSSEAUX NEUTROPHILES
Ils envahissent les sols riches en éléments échangeables, peu acides, tous les étages de végétation.
Nous distinguerons un premier groupement, relativement exig-eant
en humidité. que nous qualifierons de mésophile, et un second. qu'on
trouvera surtout dans les stations chaudes et sèches des Alpes méridionales, que nous appellerons groupement xéro-thermophile.
Arbustes rtésophiles
Ils comprennent, entre autres espèces: Cotonectster vulgaris, Rosa
canilla et arvensis, Ribes alpina et R. uva-crispa, Berberis vulgaris,
Lonicera xylosteurn, diverses espèces de Rubus.
Arbustes et arbrisseaux xéro-thermophiles.
Citons : Cytisus sessilifolius, Genista pilosa, Astragalus aristatus
(avec d'autres espèces A. purpureus, etc...), Ononis rotundifolict, O.
cenisia, Coronilla minima, Amelanchier vulgiaris, Rosa pimpinellifolia, Teucrium ntontanunt, etc... groupement bien représenté dans le
Brianeonnais où il a été décrit par
BRAUN-BLANQUET
[8].
Certaines espèces herbacées accompagnent ce, groupement : Onosma echioides, Melica ciliata, Calamagrostis argentea et Sesleria cylindrica (cette dernière espèce dans les Alpes-Maritimes).
Enfin, dans les stations les plus chaudes, on trouve en outre: Genista cinerea, Lavandula vera, BUZUS sempervirens.
Signalons que l'existence des représentants de ce dernier groupement indique qu'on se trouve au voisinage de la limite des possibilités climatiques du Mélèze.
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
142
III. — NUMEROTATION DES STATIONS ETUDIEES
l'aide
Elles seront classées d'après le type de sol et désignées
d'un nombre comportant un premier chiffre indiquant le type de
sol.
Groupe
— sol squelettique
Groupe 2 - sol brun jeune
Groupe 3 — sol brun évolué
Groupe 4 — sol podzolique.
Ensuite le second et, s'il y a lieu, le troisième chiffres correspondent un numéro d'ordre, dans chacun des groupes précédents.
Exemple station 24: groupe 2 (sol brun jeune) station n° 4.
En outre, chaque nombre est précédé d'un signe indiquant la présence ou l'absence de jeunes semis de mélèzes.
Signe
Signe
+ : sentis de Mélèze présents.
— : semis de Mélèze absents.
Ci-contre :
VALDEBLORE (Alpes-Maritimes)
Mélézein sur pelouse xérophile A. Buis et sol calcaire.
(Voisinage de la station n° i6)
Alt.: 1.5oo m - Exp.: Nord.
Ci-dessous :
LANSLEBOURG (SaVOiC)
LA MADELEINE
Pâturage
la lisière supérieure de la forét.
(Station n° 32)
Aucune régénérat:on.
Alt.: 2.100 M
A l'arrière-plan, Dime de
(Alt.: 3.597 m).
Chasseforét
(Clichés
FOURCHY.)
Ci-dessus :
ALBANNE (SaVOle)
Mélézein clair päturé au voisinage de la station n° 38.
(Alt. : environ 1.7oo m)
Bandes régénérées sur talus,
alternant avec replats tassés
par le bétail, sans régénération.
Ci-contre :
(A.-M.)
Mélézein clair sur Rhodore-
St-DALMAS-LE-SELVAGE
to-Vaccinietunt et podzol à. la
limite de la végétation forestière.
(Station n° 45).
(Alt.: 2.020 M - Exp.: N.-0.)
(Clichés Fouacrty.)
CHAPITRE II
ETUDE STATIQUE
Les sols et la végétation des différents
types de mélézeins
I.
—
LES SOLS SQUELETTIQUES
Ce sont des sols récemment rajeunis par l'érosion, en général sur
des pentes assez fortes. Ils sont en cours de colonisation par une
végétation constituée essentiellement d'espèces « occupatrices de
places vicies » craignant la concurrence vitale, groupement dont le
Mélèze fait d'ailleurs partie. Cette végétation ne forme jamais un
tapis continu, mais laisse toujours Mt ?HIC fraction importante de
lct surfface.
Les sols non évolués, en tous cas au début de leur évolution, sont
très superficiels et très caillouteux. Les horizons humifères de surface sont très réduits et pauvres en matière organique. Les propriétés de ces sols se rapprochent au maximum de celles de la rochemère. Sur roche-mère nor. calcaire, le pH est très légèrement acide;
sur roche-mère calcaire, au contraire, le pH est nettement alcalin
(voisin de 8) et la terre fine est riche en carbonates: on peut alors
les qualifier de « rendzines », mais en précisant qu'il s'agit de rendfines très peu évoluées, ne présentant ni la structure. ni la richesse
en matière organique des rendzines typiques.
La végétation, toujours discontinue, comme nous l'avons dit, comprend des représentants de deux groupements écologiques: a) le
groupement des « colonisateurs », le plus souvent indifférents à. la
nature chimique du sol, parfois au contraire préférant plus nettement les roches-mères calcaires (Dryas octopeta,.'a, Helianthernum
vulgare, Polygala chamaebuxus); b) le groupement de la pelouse,
composé également d'espèces neutrophiles ou acidiphiles suivant les
cas, commence prendre possession du sol aussitôt après l'installation des premiers colonisateurs; certaines espèces précèdent généralement les autres, c'est le cas d'une Graminée: Sesleria coerulea sur
les roches-mères calca,ires.
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
144
Ces sols sont favorables la régén6ration du Mélèze, et on peut
observer des brosses de semis de différents âges, à. condition toutefois qu'on ne se trouve pas au voisinage de la limite climatique méridionale du Mélèze, le microclimat particulièrement sec et chaud
de ces sols squelettiques (surtout s'ils sont calcaires) pouvant contrarier l'installation des semis : l'existence d'espèces du groupement
écologique xéro-thermophile, qui viennent s'ajouter aux deux groupements précédents, renseigne aussitôt sur ce climat local défavorable tendances desséchantes .
Le Mélèze apparaît donc comme une essence colonisatrice, caractérisée, de ces sols, â condition que le climat ne soit pas trop sec.
1°
Description des stations étudiées
a)
-
+ 12 -
ROCIIE-MÉRE SILICO-ALUMINEUSE
Lac de Chambon ; N'allée de la Romanche (Isère). Pâturage â. bovins près de la forêt communale de Mizoên. Au
voisinag,-e de la station 211. Pente 4o 5o %, exposition
N., altitude : 1.020 M.
Roche-mère : éboulis de schistes cristallins.
Sol très jeune, cailloux nombreux et très gros.
Végétation presque inexistante, â part une brosse dense
de semis de Mélèze.
Forêt communale de Belvédère ; vallée de la Gordolasque
(Alpes-Maritimes). Canton de Tréménil. Pâturage â. ovins
colonisé par le Mélèze la limite supérieure de la forét.
Pente 6o %, exp. N.O., alt.: 1.74o m.
Roche-mère : schiste rouge du permien.
Sol plus évolué, mais encore très riche en cailloux.
Le stade de colonisation est plus avancé que dans le cas
précédent ; on trouve une pelouse subalpine typique, mais
discontinue, laissant au moins 20 % 3o % de vides.
ROCHE-MÉRE DOLOMITIOUE (TRIAS)
+ 13 -
Forêt communale de Montgenèvre (Hautes-Alpes). Pré-bois de Mélèze. Piste de ski entre les parcelles 16 et 17.
Canton des Sagnettes. Au voisinage de la station 36.
Pente 7o %, exp. N.E., alt. : 1.920 M.
Sol squelettique, remanié et rajeuni par le bétail, en raison de la pente localement forte.
Végétation comprenant des colonisateurs (Dryas octopetala 3, Arctostaphvlos uva-ursD et des éléments pionniers
de pelouse neutrophile (Sesleria coerulea, Polygala chavnae-
buxus, Hippocrepis comosa), encore
5o % de vides.
ÉTUDE STATIQUE
4 r4 —
14 5
Forêt communale de Montgenèvre. Futaie cle Mélèze de
forte densité. Point de jonction des parcelles 21, 23, 26.
Cône de déjection d'un ravin torrentiel 1/2 actif.
Exp. N.O., alt. : 1.7oo rn.
Sol squelettique â très nombreux cailloux roulés de arosse
dimension.
Végétation composée uniquement de colonisateurs, occupant seulement 3o % de la surface. Nombreux semis de
Mélèze qui se sont installés stir cette station â l'ombre
de vieux mélèzes, alors qu'on n'en trouve pas sur la pelouse tassée voisine, même en station plus découverte.
c) Roc ttE-3,1kRE:
CALCAIRES MARNEUX ET GRÉSEUX
; pré-bois
de Mélèze de densité inég,ale. Au voisinage de la route
nationale de Guillestre Barcelonnette et de la station 33.
Station horizontale, alt. : 1.93o m.
Roche-mère : flysch gréseux et calcaire.
Remblai, caillouteux, peu tassé, couvert de semis de Mélèze (4 ans et 9 ans environ), alors que ceux-ci sont
inexistants sur la pelouse très tassée se trouvant â. quelques mètres (station 33).
Végétation très discontinue, composée d'espèces colonisatrices et de quelques éléments de la pelouse subalpine.
+ 15 - Vars (Hautes-Alpes). Au voisinage de la route
+ 16 — Col de Colmiane (Alpes-Maritimes). Forêt communale de
Valdeblore. Canton des Bosquets. Pré-bois de Mélèze,
Pin, etc...
Pente 7o %, exp. N., alt.: 1.55o m.
Roche-mère: calcaire marneux du crétacé supérieur.
Sol squelettique caillouteux et très poreux.
Vallon frais, localement favorable au Mélèze, par son
microclimat humide. Il s'agit d'un pâturage occupant une
trouée dans un Mélézein clairsemé.
Dans cette station, la végétation est composée de colonisateurs et d'éléments de la pelouse neutrophile; la régénération est intense sur les zones écroiitées par traînage des
grumes.
Sur un versant plus chaud voisin, la présence d'un Mélézein dépérissant, â nombreux éléments du groupement
xéro thermophile (Buxus senipervirens, Cytisus sessilifolius, Genista pilosa, Sesleria cylindrica), indique que nous
-
nous trouvons au voisinage de la limite climatique du
Mélèze.
I46
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU
-+ 17
Auron (Alpes-Maritimes). Paturage communal.
Penteio %, exp. N., alt. : 1.64o m.
MÉLÉZE
Calcaire marneux du crétacé supérieur.
Sol de rendzine jeune, un peu plus évolué que les précédents et notamment plus humifère en surface.
Le Mélèze a colonisé anciennement cette station, très localement favorable par son microclimat assez frais (jeunes plants d'environ 15 ans). La densité de la pelouse
semble actuellement trop forte pour permettre l'installation de nouveaux semis.
Ici encore, on se trouve dans les conditions de climat général s'écartant notablement de l'optimum, en ce qui concerne le Mélèze, comme le prouve la présence, au voisinage de la station étudiée, d'éléments du groupement xéro thermophile (Lavandula vera, Ononis conisia, Onosechioides) au sein desquels le Mélèze ne s'est pas
installé.
-
t8 — Alios (Basses-Alpes). Sortie du village, du côté sud.
Pente 4o %, exp. N.O., alt.: 1.45o m.
Sol d'éboulis calcaire ; rendzine très peu évoluée, couverte
par une pelouse discontinue, au voisinage d'un Mélézein (sans doute planté ?) d'une quarantaine d'années environ.
Cette station n'est pas colonisée par le Mélèze, bien que
le sol, très jeune, soit pédologiquement favorable. La raison est 'essentiellement le microclimat trop sec. A côté d'espèces de la pelouse neutrophile, on trouve en effet une végétation buissonnante xéro-thermophile caractérisée: Genista cinerea, Astragalus aristatus, Lavandula vera,Ononis
striata, O. cenisia, Helianthentunt niontanum, Melica ciHuta, Calamagrostis argentea, etc...
2° Caractères analytiques des sols étudiés
Les échantillons analysés ont été prélevés dans les Io premiers
centimètres. La proportion de cailloux est exprimée en % du sol
total. L'analyse indique les proportions des différents éléments en %
de terre fine. Enfin, la porosité totale. les porosités capillaire et non
capillaire sont exprimées en % du volume du sol total. L'humidité
actuelle, toujours réduite pour ces sols secs l'air, et sans intérêt
pratique, n'a pas été portée sur le tableau.
14 7
ÉTUDE STATIQUE
TABLEAU
N° des
stations
Cailloux
pH
Argile Limons Sables
I
Mat.
Carbo- Por.
nates totale
Por.
Por.
Ii
49
capill. non cap.
-
%
-
t/
6,2
49
5,o
18,5
71,6
3,7
-
12
6,4
élevé
5,5
8,5
79,5
4,9
-
13
6,8
44,5
13,0
16,5
62,3
6,4
4,7 %
67
12
55
14
7,o
79
2,5
14,5
8o,o
2,2
%
61
5
56
15
8,1
27
29,5
29,,o
37,2
2,5
4,5 %
57
24
33
16
7,8
élevé
13,0
49,9
37,0
4,7
38,5 %
17
7,9
25
23,0
25,o
46,o
4,4
42,9 %
66
23
43
18
8,o
16
24,o
28,o
42,3
4,5
26,o %
6o
22
38
organiq.
50,0
6o
non mesurées
non mesurées
Si on examine ces résultats, on peut observer les faits suivants:
- pH très variable suivant la roche-mère: faiblement acide pour
les roches-mères siliceuses, il est voisin de 7 pour les dolomies, mais
devient nettement alcalin pour les roches-mères calcaires.
- Le pourcentage dc cailloux est toujours très élevé, surtout
pour les sols siliceux ou dolomitiques dont l'altération est lente.
- Le taux d'arg,ile est faible pour les sols formés. sur roche-mère
siliceuse (et même dolomitique) pour la même raison. Par contre, il
est élevé pour les rendzines non évoluées sur calcaires marneux, car
ces roches sont riches en argile, qu'elles libèrent au cours d'une altération très rapide. Mais les sols formés sur ces roches-mères sont
caractérisés par la grande quantité de carbonates existant dans la
terre fine, le phénomène de la décarbonatation n'ayant pas eu le
temps de se produire.
- I,a niatière organique est en quantité variable suivant le degré d'évolution Le taux en est très, faible sur les sols les plus squelettiques.
- La porosité est élevée, notatnment la porosité non capillaire,
ce qui traduit la très g-rande perméabilité et la parfaite aération de
ces sols.
En résumé, les sols squelettiques se caractérisent par leur richesse
en éléments g-rossiers et en cailloux et, suivant les cas, par leur pauvreté en argile (roches-mères siliceuses) ou leur richesse en carbonates dans la terre fine (roches-mères ck.alcaires ou dolomitiques). Ils
sont occupés par une végétation clairsemée, composée essentiellement
de colonisateurs, et le Mélèze s'y régénère abondamment.
I48
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
II.
—
LES SOLS BRUNS JEUNES
Il s'agit de sols bruns encore peu évolués, superficiels et sans horizons différenciés. Comme les sols squelettiques, ils s'observent sur
des pontes assez fortes, leur évolution est donc contrariée par l'érosion ; mais la végétation qui couvre, le plus souvent la presque totalité de la surface indique une colonisation beaucoup plus ancienne.
Les caractères généraux des profils se rapprochent de ceux des
sols squelettiques : ils sont superficiels (2o 3o cm d'épaisseur) et
très riches en cailloux, quoique moins que ces derniers. La couche
d'humus en surface est souvent peu épaisse : il s'agit de Mull bien
mélangé au sol minéral. La texture des sols bruns jeunes est en général grossière, pauvre en éléments fins : ceux-ci sont. en effet. entraînés vers les replats, situés en contrebas, par lessivage oblique.
Sur roche-mère calcaire ou magnésienne, on constate une décarbonatation presquz complète de la terre fine, qui reste cependant riche
en calcium ou magnésium échangeables : le pH de ces sols est toujours inférieur 7 (T).
La végétation est caractérisée par une pelouse assez dense montrant peu de vides ; elle est, le plus souvent, liée un pâturage d'intensité moyenne, qui ne tasse pas le sol mais au contraire contribue
â. son rajeunissement, si la pente est forte. Lorsque le pâturage est relativement peu intense, la pelouse, peu dense, est progressivement colonisée par des espèces forestières, ou des espèces de
la lande, et le sol reste peu évolué. Si au contraire le pâturage est
plus fort, et la pente moins accentuée, la pelouse, plus serrée, n'est
pas envahie par les espèces forestières ; le sol est alors plus évolué,
plus tassé : il fait transition avec le tyoe de sol du groupe suivant.
Sur roche-mère silico-alumineuse, lorsque le pâturage est faible,
notamment dans les zones peu accessibles â. forte pente, les espèces
qui envahissent la pelouse appartiennent au groupement de la lande
subalpine ou montagnarde supérieure : ce sont des Ericacées comprenant les divers Vaccinium (V . vitis idaea, V. uliginosum, V. Myrtillus) avec, en outre, le Rhododendron (R. ferrugineum) aux plus
hautes altitudes.
(I) Contrairement à. ce qu'on pourrait attendre, les rendzines typiques sont
rares en haute montagne; il n'existe que des rendzines dégradées » presque
entièrement décarbonatées dans la terre fine, donc très semblables aux sols
bruns formés sur roche siliceuse.
Les sols, encore riches en carbonates, ne s'observent guère que sur les calcaires tendres, eux-mètnes très sensibles l'action de l'érosion; nous avons
vu qu'il ne s'agissait pas de rendzines évoluées, niais bien de sols squelettiques (cf. stations 16, 17, 18).
149
ÉTUDE STATIQUE
Sur roche-mère Calcaire, qui, malgré la décarbonatation, reste encore riche en ions calcium absorbés, les Ericacées ne peuvent s'installer : Ce sont des espèces forestières montagnardes ou subalpines,
ou des arbustes qui envahissent la pelouse en régression, par suite
d'une décroissance du pâturag-e: on voit donc apparaître les représentants de deux groupements écologiques, le groupement des espèces montagnardes et subalpines, décrit plus haut, et le groupement
des arbustes et arbrisseaux neutrophiles, qui peuvent être, suivant
le climat local, du type mésophile ou xéro-thermophile.
Les sols bruns jeunes sont pédologiquement favorables
la régénération du Mélèze et les semis de cette essence sont, le plus souvent, abondants. IVIais ils deviennent localement défavorables lorsque la concurrence de la végétation est trop forte, notamment dans
les cas oit ils sont recouverts par une pelouse dense, liée â un pâturage trop intense, que nous venons de signaler. De même, si les
graines de Mélèze sont isolées du sol par une couche épaisse de
mousse, elles ne germent pas. Enfin, lorsque les arbustes envahissent
trop densément les sols riches en ions calcium, la concurrence de
leurs racines, dans les couches profondes du sol, élimine les semis
de Mélèze.
Par contre, la régénération est excellente, lorsque la pelouse, faiblement pâturée et peu serrée, a permis aux espèces de la f orêt et
de la lande de prendre pied, d'une façon modérée, sur un sol qu'elle
couvre elle-même incomplètement.
° Description des stations étudiées
+ 21 -
a) ROCHE-MÈRE SILICO-ALUMINEUSE
Fora de Serre-Chevalier (Hautes-Alpes). Pré bois de
Mélèze.
Pente au voisinage du téléphérique, et de la station 31.
Pente 8o %, exposition N., altitude: 2.000 m.
Roche-mère : schistes ; sol brun jeune superficiel et caillouteux.
Nombreux jeunes mélèzes, alors qu'on ne trouve aucun
semis sur un replat voisin.
Végétation : Pelouse subalpine peu serrée envahie par
les Ericacées : Rhododendron ferrugineum (3 - 4) et Vac-
rinium Illyrtillus (2 - 3).
+ 22
Ravin du Villard, au-dessus de Valloire (Savoie).
Pente 8o %, exp. N.E., alt. : 1.9oo m.
Roche-mère: dépôts glaciaires. Sol brun jeune, mais assez riche en niatière organique.
Ancien pâturage, abandonné depuis une vingtaine d'années et colonisé par de jeunes mélèzes âgés de 2 20 ans.
150
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÉZE
La pelouse Graminées acidiphiles, Nardus stricta (2 - 2),
Deschampsia flexuosa (i - 2) est envahie par les Ericacées (les 3 espèces de Vaccinium dont l'indice d'abondance-dominance est 4 et Rhododendron ferrugineum (1 - 3).
+ 23 — Forêt communale de St-Dalmas-le-Selvage (Alpes-Mari-
times). Vallon de Sestrières. Canton de la Braisse, parcelle 24. Pré-bois de vieux mélèzes. Au voisinage des stations 3io■ et 45.
Pente 4o %, exp. E., alt.: 1.990 rn.
Roche-mère: éboulis de grès d'Annot. Sol brun jeune
caillouteux, à. horizons non différenciés, nrais présentant
une légère couche de Mor (A0) en surface.
Présence de nombreux semis de Mélèze de l'année et de
semis d'environ Io ans. Au contraire, les semis sont inexistants sur un replat tassé (station 31o), ou dans une vieille
lande Rhododendron (station 45) au voisinage immédiat.
Végétation : Pelouse acidiphile Nardus stricta, Festuca
rubra et Deschampsia flexuosa, envahie par Vaccinium,
ltlyrtillus (4 - 4).
+ 24
Replat des Canons, au-dessus de Lanslebourg (Savoie).
Route stratégique du Mont-Cenis. Forêt de Mélèze et de
Pin Cembro, peu dense ; au voisinage de la station 32.
Pente 3o %, exp. N., alt. : 2.100 m.
Roche-mère : schistes lustrés et serpentine. Sol brun peu
évolué quoique assez humifère en surface. Profondeur
20 cm environ. Activité biologique intense (turricules de
vers de terre).
Forêt comprenant du Mélèze (5/Io), Pin Cembro (4/to)
et Epicéa (t/io)• Semis de Mélèze et de pins Cembro
égalité.
La végétation est très complexe : elle comprend les groupements essentiels suivants : I° des éléments reliques de
la pelouse paturée : Festuca rubra, Deschampsia flexuosa,
Avena versicolor, Anthoxanthum odoratum, Lotus delorti, Alchemilla alpina, Phyteuma betonicaefolium; 2° des
éléments de la forêt subalpine: Sorbus aucuparia, Homogyne alpina, Campanula barbata, Calamagrostis villosa
(abondante : 3 - 3) ; 3° enfin des éléments de la lande subalpine: Rhododendron ferrugineum (1 - 3), les trois espèces de Vaccinium (3 - 3), Juniperus nana (1 - 3), Lonicera coerulea, Empetruni nigrum.
Nous ne mentionnons pas un certain nombre d'espèces
compagnes.
ÉTUDE STATIQUE
I5I
+ 25
Forêt communale de Bramans (Savoie) (t). Canton d'Ambin, parcelle 1. Forêt de Mélèze, Pin Cembro et Epicéa.
Pente 4o 3/4, exp. N.N.O., alt.: 1.890 m.
Roche-mère : schistes permo-houillers. Sol brun jeune caractérisé par un petit horizon d'humus brut (A0) en surface (3 cm); forte proportion de cailloux.
Régénération disséminée de Mélèze (dominant) et de
Pin Cembro,
Végétation : Une Fétuque du groupe « ovina » abondante (3 - 3) représente le reste de la pelouse paturée, qui
montre mi début de colonisation par des Ericacées (Vaccinium Illyrtillus et V. vitis-idaea).
▪ 26
Forêt communale de Villarodin (Savoie). Série du Bourg-et. Canton de la Roche, parcelle 72. Peuplement mélang-é dominance de Pin Cembro.
Pente 4o %, exp. N.O., alt. : 1.9oo m.
Roche-mère: permo-houiller métamorphique. Sol jeune
peu profond, nombreux cailloux. Couche d'humus brut
de 3 cm en surface.
Rég-énération dense en Mélèze et en Pin Cembro.
Végétation : Le groupement pelouse est encore bien représenté : Poo bulbosa, Phleum alpinum, Deschampsia
flexuosa, Anthoxanthum odoratum, etc...
On trouve également l'élément forestier montagnard et
subalpin (Campanula barbota, Luzula nivea, 111elampyrum sylvaticum, Geranium sylvaticum) et surtout le groupement d'Ericacées : Rhododendron ferrugineum (I - 3),
Vaccinium Myrtillus et V. vitis-idaea (3-3), funiperus
nana (I - 3).
+ 27
Forêt communale d'Avrieux (Savoie). Canton de la Montonnaz, parcelle D. Peuplement mixte dominance de Pin
Cembro.
Pente 5o %, exp. N., alt. 2.000 in.
Roche-mère : schistes métamorphiques. Sol brun jeune,
très légèrement lessivé en fer, la coloration à, 2o cm devenant légèrement plus foncée.
Bonne régénération en Mélèze et en Pin Cembro. Les
Graminées de la pelouse paturée sont peu abondantes. Outre Calamagrostis villosa et Rosa alpina, on observe un
(k) Nous tenons
remercier particulièrement M. l'Ingénieur BARTOLI qui
a bien voulu nous envoyer plusieurs prélèvements de sols caractéristiques de
Maurienne, en y joignant la description des peuplements et les relevés floristiques correspondants.
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
important sous-étage d'Ericacées : Rhododendron ferrugineum (3), Vaccinium illyrtillus (3 - 3) et Vaccinium vitisidaea (i - 3).
28 - Forêt communale de St-Dalmas-le-Selvage (Alpes-Ma-
ritimes). Canton du Bois Bandit, parcelle 3o. Pré-bois de
mélèzes.
Pente 7o %, exp. N.E., alt. : 1.72o m.
Sol brun jeune sur gneiss.
Pré-bois clairsemé, anciennement favorable à. la régénération puisqu'on trouve des semis épars de 7 8 ans et
de 15 20 ans. Actuellement le sol semble être trop densément enherbé pour permettre l'installation des semis.
La végétation est en effet une pelouse dense, caractérisée
par la rareté des éléments appartenant aux stades progressifs ultérieurs : on observe seulement; l'état disséminé :
Vaccinium Myrtillus, Lychnis flos-jovis, Luzula nivea.
b) ROCIIE-MÈRE DOLOMITIOUE OU CALCAIRE
+ 29 -
Forêt communale de Montgenèvre (Hautes-Alpes). La
Gamatte, parcelle 26. Perchis de Films uncinata assez
dense.
Pente 7o %, exp. N.O., alt. : 1.65o m.
Sol brun jeune remanié, non tassé, caillouteux. sans doute
sur un éboulis dolomitique du trias.
Belle régénération de Mélèze de 5 20 ans, sous les pins
crochets.
Végétation : Pelouse comprenant quelques éléments de la
forêt montagnarde supérieure : Valeriana montana, Pyrola secunda, Luzula nivea, L. maxima, et aussi quelques
arbrisseaux neutrophiles et xérophiles : Ononis rotundifolia, Astragalus aristatus.
-+- 210 — Forét communale d'Aip-,uilles (Hautes-Alpes). 3. série,
parcelle 55. Forêt de Mélèze peu dense.
Pente Io° %, exp. N., alt.: 1.55o m.
Sol brun peu évolué sur schistes lustrés contenant des
carbonates.
Type de Mélézein sous-étage assez dense d'arbustes. De
plus, le sol est couvert d'une couche épaisse de Mousses
(Hypnum triguetrum et H. splendens). La régénération
n'existe que par taches localisées dans les zones où la
densité des arbustes est faible et où la couche de Mousses
a été enlevée accidentellement par grattage.
A côté des éléments du pâturage (Festuca rubra, 3 - 2), on
'53
t.TUDE STATIQUE
observe des arbustes appartenant au groupement mésoneutrophile (notamment l'Epine-vinette abondante) et de
nombreux éléments des forêts montagnardes supérieures
(Aconitum lycoctonum, Rubus saxatilis,
Atragene alpina, etc...).
211
Lys Martagon,
Lac de Chambon (Isère). Vallée de la Romanche (Isère).
Forêt communale de Mizoên, parcelle I . Mélézein assez
dense. Au voisinage de la station
Pente 4o %, exposition N., alt. : i.o2o m.
Bien qu'elle se trouve sur une roche-mère non calcaire,
on peut rapprocher cette station de la précédente: il s'agit
en effet d'un vieux Mélézein sans rég-énération, par suite
de la grande densité des arbustes mésophiles et neutrophiles ; ces éléments ont pu s'installer grâce A la richesse
en calcium du substratum (pH 6,5).
2° Caractéres analytiques des sols étudiés
L,es critères analytiques sont les mêmes que pour les sols squelettiques, et les résultats sont exprimés de manière identique. Pour
queloues-uns de ces sols, le fer soluble dans les acides forts a été
dosé A différentes profondeurs (5 A IO cm et 20 A 3o cm), afin d'établir l'indice d'entraînement, et de vérifier (m'il n'y avait pas de lessivage. Pour les sols 25, 26, l'indice d'entrainement a été trouvé égal
A I: il n'y a donc pas de lessivage du fer. Par contre, pour le sol 27,
l'indice d'entraînement, lé,gèrement supérieur A l'unité, montre un
début de lessivpge du fer.
TABLEAU II
N• des
stations
pH
%
21
5,6
28
9,0
22
5,7
23
5,3
34
Cailloux
Argile Limons
Mat.
Sables
organiq.
19,5
67,8
2,3
31
io,o
16,5
65,8
5,9
29
5,o
15,5
73,2
4,5
26,o
57,5
5,6
35,5
41,7
o,5
16,o
69,o
4,1
14,o
25,o
57P
13,o
17,o
57,8
47
8,6
25
14,0
16,0
63,3
4,7
41
8,5
8,5
75,3
5,7
5,3
34
9,5
25
5,5
58
12,5
26
5,3
41
io,5
27
5,8
73
28
6,o
29
6,6
210
6,4
capill.
Por.
non cap.
61,5
14
47.5
-
63
zo
43
68
28
40
64
17
47
-
a
»
7o
14
56
65
-
-
67
14
53
58
22,5
35,5
Carbonates
-
2
%
o
Por.
totale
Por.
non mesurées
'54
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÉZE
Ces résultats appellent les commentaires suivants :
— Le pH, toujours inférieur a 7 ne descend pas en dessous de 5.
— Les sols sur roche-mère carbonatée ne contiennent presque plus
de carbonates dans la terre fine, mais le pH reste voisin de 7.
— La proportion de cailloux est toujours très élevée, alors qu'au
contraire le taux d'argile reste réduit (inférieur
15 3/41. Cela traduit, d'une part, le faible degré d'altération de la roche-mère, d'autre part, le phénomène d'entraînement le long de la pente des éléments fins, laissant sur place les parties les plus grossières (lessivage
oblique).
— Ces sols présentent un taux de matière org-aninue relativement
faible et toujours inférieur à 6 3/4, sauf une exception. celle du sol
28, propos duquel nous avons signalé que la végétation était particulièrement dense.
— Enfin. la porosité non capillaire est encore considérable et pour
tous les sols, sauf une exception, elle dépasse
%: ces sols sont
donc peu tassés et très bien aérés.
En résumé, les sols bruns iennes conservent des propriétés voisines de celles des sols squelettiques : l'altération des minéraux est
un peu plus poussée et, notamment, la décarbonatation de la terre
fine est complète. La couche humifère de surface est nettement plus
épaisse, en conséquence du plus grand développement de la végétation ; de plus, l'annal-ilion des Ericacées dans la couverture végétale
provoque une acidification modérée. Mais ces sols restent nédologiquement favorables la régénération du Mélèze, à. condition que la
concurrence de la végétation ne soit pas trop forte.
— LES SOLS BRUNS EVOLUES
ET LES SOLS LESSIVES
Ces sols occupent des replats ou des pentes faibles caractérisés
par une accumulation de terre fine, provenant des pentes plus fortes
dominant la station et par une altération plus marquée des rochesmères. Le paturag-e est en général intense, sauf exceptions que nous
étudierons, et l'association qui en résulte est une pelouse très dense.
Le profil de ces sols présente des caractères bien nets; il est plus
profond que dans le cas précédent, atteignant 50 à. 6o cm. Il y a
peu ou pas de cailloux et la terre fine, plus ou moins fortement décalcifiée, même sur roche-mère calcaire, est riche en argile, donc
assez compacte. L'horizon de surface est fortement humifère, mais
il s'agit d'un humus de Graminées, peu *acide, qui se mélange aux
éléments minéraux en leur conférant une bonne structure en grumeaux.
ÉTUDE STATIQUE
155
Au point de vue physique, ces sols apparaissent, le plus souvent,
mal aérés et fortement tassés par l'action du bétail dont l'effet sur
ces faibles pentes, est opposé celui observé sur les pentes fortes.
Pour ces deux raisons, sol tassé et peu perméable, bonne structure en agrégats, le lessivag-e reste faible et on n'observe, le plus
souvent, pas d'horizons différenciés. Cependant, aux très hautes altitudes, sur roches-mères siliceuses très filtrantes et en stations horizontales favorisant au maximum l'infiltration des pluies, un lessivage
assez intense peut se produire: nous en étudierons un exemple ;
dans ce cas, un horizon A, lessivé, limoneux et beige clair, prend
naissance et contraste nettement avec l'horizon d'accumulation ocre
et compact, situé en dessous.
Quant â l'association vég-étale oui recouvre ces sols, c'est, dans le
cas général, la pelouse dense a Graminées et Légumineuses caractéristique des zones pâturées intensivement ; on n'observe â. peu près
pas de représentants des groupements écoloffiques de lande ou de
forêt: le pâturag.-,e intense semble leur interdire l'accès de ces stations et stabiliser l'association. Il est
remarorter que, même stir
roche-mère calcaire, la végétation est souvent riche en éléments acidiphiles (N'ardus stricta, DeschamPsia flexuosa), la terre fine qui
caractérise ces sols étant, nous l'avons dit, presque toujours très
appauvrie en calcium.
Mais une importante remarque doit être notée: Si le pâturage
diminue et vient être abandonné dans ces stations. la végétation
subit une évolution identique â. celle oui a été observée stir les fortes
pentes de roches siliceuses: le tapis de Graminées est moins serré
et des taches d'Ericacées (Vaccinium et Rhododendron) apparaissent
(même sur roche-mère carbonatée, pour la raison qui vient d'être
signalée propos de la pelouse). En même temps, le sol devient plus
aéré, il est nettement moins tassé. Nous a:vons pu constater ce phénomène en forêt d'Albanne, près de Valloire (Savoie).
Dans toutes les stations, â faible pente, fortement pâturées —
ce qui correspond la grande majorité des cas, — on n'observe jar/Mis de semis de Mélèze; elles sont donc défavorables â. l'installation de cette essence. en raison de la forte concurrence exercée sur
la pelouse et de la faible aération du sol ; de plus, le bétail élimine
de nombreux semis, en les broutant.
Par contre, lorsque le pâturage a cessé depuis un temps suffisamment long-, et que le sol et la végétation ont subi l'évolution que
nous venons de mentionner. on constate que les semis de Mélèze
apparaissent nouveau, exactement comme stir les sols bruns jeunes : les conditions écologiques sont, en effet, devenues favorables â.
la germination et â la vie des jeunes semis.
156
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLtZE
1° Description des stations étudiées
Nous ne distinguerons pas, comme précédemment, les rochesmères carbonatées des roches-mères silico-alumineuses, en raison du
caractère uniforme des sols observés, comme cela a été noté plus
haut. Par contre, nous mettrons â. part un cas de sol lessivé, observé
St-Dalmas (station 310).
a) SOLS BRUNS ÉVOLUES
-
31
Forét de Serre-Chevalier (Hautes-Alpes). Pré-bois de Mélèze, c6té de la station 2 T.
Pente presque nulle, exposition N., altitude : 2.000 m.
Roche-mère : schistes triasiques.
Sol brun évolué, humifère en surface, moyennement profond, dépourvu de cailloux, paraissant très tassé. Feutrage de racines très serré en surface.
Aucun semis de Mélèze. par opposition â. la station voisine 21.
Pelouse dense base de Graminées (Nardus stricta, 3 - 3)
et de Légumineuses.
— 32 — La Madeleine, route stratégique du Mont-Cenis (Savoie).
Station située en bordure de la forét de Lanslebourg, au
pied de la Turra. Pâturage non boisé au voisinage de la
station 24.
Pente 20 %, exp. N.E., alt. : 2.100 m.
Roche-mère: schistes lustrés. Sol brun humique, très tassé
â feutrage de racines dense, sur 5 cm d'épaisseur.
Aucun semis de Mélèze, alors que ceux-ci sont nombreux
en forêt (Station 24).
Zone d'extension du pâturage en lisière de la forêt, comme
le montrent les taches localisées d'Ericacées, manifestement en régression, et de plus en plus denses vers la forêt. L'association est essentiellement une pelouse très serrée â espèces acidiphiles.
— 33 — Vars (Hautes-Alpes). Station située au voisinage immédiat de la station 15. Pré-bois de Mélèze de densité inégale.
Pente nulle, alt. : 1.93o m.
Sol brun, sans cailloux, tassé, sur flysch.
Aucun semis de Mélèze.
Végétation : Pelouse dense, essentiellement
base de
Graminées (Brachypodium pinnatum, Festuca duriuscula,
F. rubra, Carex verna, Briza media, Poa alpina, etc...).
ÉTUDE STATIQUE
157
Notons seulement la présence, dans le relevé de tao m2,
d'un pied de Vaccinium Myrtillus et d'un pied de V. vitis
idaea.
— 34 — Forêt communale d'Aiguilles (Hautes-Alpes). Canton de
Marassan, parcelle 14. Petite clairière dans une futaie de
Mélèze assez dense.
Pente 25 %, alt. : 1.56o m.
Roche-mère : schistes lustrés. Sol brun, nettement plus
évolué que celui de la station 210 dans la même forêt,
mais encore assez superficiel et comportant quelques cailloux schisteux.
Aucun semis de Mélèze, dans les conditions naturelles de
la station; alors que les semis de an sont abondants sur
des bandes décapées pratiquées dans la parcelle, par les
soins du service forestier. Dans toutes les zones garnies
de végétation, on constate que les graines ont séché sans
germer.
Pelouse dense, pâturée, ne comportant pas d'arbustes,
sauf un pied de Lonicera nigra dans le relevé.
— 35
Forêt communale d'Albanne (Savoie), parcelle S. Prébois irrég-ulier â très vieux mélèzes. Au voisinage de la
station 38.
Pente 20 %, exp. N.E., alt. : 1.725 m.
Sol brun assez prof ond, presque entièrement dépourvu de
cailloux et très tassé. Important f eutrage de racines et
rhizomes de Graminées en surface.
Station très pâturée, sans aucun jeune Mélèze, par opposition aux stations voisines n°s 38-39.
Pelouse très dense, comportant uniquement les espèces
des zones très pâturées (Nardus stricta, 3 - 2 ; Festuca
ovina, - 3; Agrostis vulgaris, - 1; Plantago media,
2 - 1, e1C.-).
— 36 — Forêt communale de Montgenèvre (Hautes-Alpes). Prébois de mélèzes. Piste de ski au voisinage de la station 13.
Pente 3o %, exp. N., alt. : 1.92o m.
Roche-mère dolomitique. Sol brun de 5o cm d'épaisseur,
dépourvu de cailloux, feutrage de racines de Graminées
en surface.
Aucune régénération de Mélèze, par opposition la station 13 sur forte pente.
Végétation : Pelouse dense base de Graminées ; notons
en outre la présence de Vaccinium Myrtillus (rare) et Luzula nivea.
I
58
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU
MELAZE
— 37 — Forêt communale d'Albanette (Savoie). Pâturage au nord
du « Mamelon noir ».
Pente 25 %, alt. : 1.93o m.
Sol brun, pauvre en cailloux, très tassé, sur marnes oxfordiennes.
Aucune régénération de Mélèze ; végétation dense de Graminées et plantes en rosette très broutées.
+ 38 - Forêt communale d'Albanne (Savoie). Parcelle S, au
voisinage de la station 35, mais pâturage moins intense.
Pente 25 %, exp. N.E., alt. : 1.710 m.
Sol brun analogue au sol 35, mais moins tassé, mieux
aéré. Feutrage encore dense de racines et rhizomes en surface.
On observe la présence de nombreux semis de Mélèze.
La végétation est encore la pelouse des pâturages, mais
on note un début de colonisation par Vaccinium Myrtillus.
+ 39 — Forêt communale d'Albanne (Savoie). Parcelle C 2.
Pente 3o %, exp. N., alt. : 1.72o m.
Roche-mère : flysch. Sol brun d'environ 5o cm d'épaisseur, peu caillouteux, bien aéré ; mais le feutrage superficiel subsiste sur 4 â 5 cm d'épaisseur.
Nombreux semis de Mélèze de tous âges.
La végétation est une pelouse faiblement pdturée, qui est
envahie par les espèces de la lande subalpine : Rhododendron ferrugineum, Vaccinium Myrtillus et V. vitis idaea
(2
3), funiperus nana : stade d'évolution ultérieur par
rapport 38.
-
-
b) SOLS LESSIVÉS
Ce type étant assez rare, nous n'en donnerons qu'un exemple :
— 3io — Forêt communale de St-Dalmas-le-Selvage. Vallon de
Sestrières, au voisinag-e des stations 23 et 45. Pré-bois de
vieux mélèzes.
Pente nulle, alt.: i.o90 m.
Roche-mère : grès d'Annot, donc filtrante et très pauvre
en calcium.
Sol de type lessivé, les conditions favorisant le lessivage
étant toutes réunies.
Profil:
Ai, 0-15 cm : horizon humifère, gris-brun, grumeleux,
feutrage dense de racines et de rhizomes
sur 5 cm.
ÉTUDE STATIQUE
A2,
159
15-25 CM : horizon lessivé, beige très clair, limoneux, sans structure nette, sans cailloux,
B, 25-35 cin : horizon d'accumulation en argile et en
fer, compact, ocre, peu caillouteux.
Aucune régénération de Mélèze dans cette zone tassée et
pâturée, alors que les semis sont abondants sur la station
en pente avec Ericacées n° 23,
La flore est tine flore typique de paturage sans aucune
Ericacée. Les éléments les plus abondants sont : Nardus
stricta (3 - 3), Alcheinilla alpina (2 - 2), Poa alpina (2 2) Festuca rubra (1 - 3).
2° Caractères analytiques des sols étudiés
Les résultats du tableau ci-dessous concernent la profondeur to
cm, pour les sols bruns. Seul le sol lessivé n° 31o, horizons nettement différenciés, a donné lieu a une analyse par horizons. Pour ce
sol, le dosage du fer, dans les horizons A2 et B, a permis de mesurer
le degré de lessivage. Nous ne faisons pas figurer la colonne des
carbonates, toujours absents.
TABLEAU III
N° des
stations
Cailloux
pH
%
Argile Limons
Sables
Mat.
Por.
Por.
Por. Fer sol.
organiq. totale capill. non cap. ac. forts
Sols bruns évolués:
31
5,2
o
15,5
24,5
51,0
6,9
61,5
32
29,5
32
5,6
3,5
40
24
o
69,4
16,6
64
6,4
23,5
32,5
6,8
33
7,5
39,o
8,r
65
40
25
34
5,8
15
6,5
3o,o
58,o non dosée
51
35
5,7
0
21,0
26,5
4.1,o
9,4
58
29,5
31,5
21,5
26,5
36
5,8
To
19,5
25,5
47,3
6,o
58
24
34
5,2
6,5
6
21,5
3o,o
37,5
8,6
66
28
38
Io
26,o
16,5
45,4
9,1
66
25
41
65
19
46
63
44
37
38
39
5,3
12
20,5
25,0
46,5
7,0
33,5
31,5
26,o
47,5
49,9
52,7
7,8
3,2
Sol lessivé:
3to
5,4
o
8,o
A2
5,8
0
14,0
B
5,8
At
peu
18,5
traces
(non dosé)
2,9
160
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DLT MÉLÈZE
Si on compare les divers résultats de ce tableau, on peut noter les
faits suivants :
— Le pH, toujours faiblement acide, ne descend pas en dessous
de 5; l'humus de Graminées, normalement assez riche en calcium
n'est pas acidifiant.
— La proportion de cailloux, par rapport â la terre fine, est faible
ou nulle; en tous cas inférieure
15 %; ce fait traduit un degré
d'altération plus poussé des roches-mères. Il résulte surtout de l'enrichissement en terre fine, héritée des pentes supérieures par lessivage oblique.
— Pour la méme raison, le taux d'argile est beaucoup plus élevé
que dans les sols précédents, et, en général, supérieur â 20 % (sauf
sur certaines roches-mères à. structure grossière, et en l'absence de
lessivage oblique).
— Le taux de matière organique, nettement plus élevé que dans
les sols précédents, est l'indice d'une maturation du sol plus poussée.
Alors que dans les sols bruns jeunes ce taux restait inférieur â 6 %,
ici il dépasse, au contraire, cette valeur de 6 %.
— Enfin, fait essentiel, si la porosité totale reste forte, la porosité
non capillaire est beaucoup plus faible, au znoins dans tous les sols
très pâturés, sur lesquels on n'a pas observé la présence d'Ericacées: dans ce cas, elle reste inférieure
3o % du volume total.
Elle augmente sensiblement dans tous les cas où l'on note une
diminution de l'intensité du pâturage et, en même temps, l'apparition de quelques pieds d'Ericacées ; c'est le cas des sols 36 et 37,
mais ces sols sont encore trop tassés, et la concurrence est encore
trop forte pour permettre l'installation du Mélèze.
Par contre, si le pâturage a cessé depuis plus longtemps, et si la
proportion d'Ericacées devient plus importante, la porosité non capillaire dépasse 4o: il semble que, dans les conditions particulières
des stations observées, cette valeur corresponde au seuil de la possibilité d'installation du Mélèze: les semis de cette essence sont en
effet abondants sur tes stations 38 et 39 (voir â. ce sujet page 173,
le tableau V),
Reste â examiner le cas particulier du sol lessivé 31o. Ses propriétés physiques sont semblables â celles des. sols bruns évolués très
pâturés et la porosité non capillaire est très faible (19). L'indice
d'entraînement du fer est voisin de 2,6, ce qui classe ce sol dans
la catég,orie NIV2 (OuDIN, AuBERT, DucHAuEouR, 1952). Il est
important de noter que ce lessivage est d'ordre mécanique, et qu'il
n'est pas lié â une acidification de la matière organique ; celle-ci se
décompose activement, elle ne forme pas en surface d'horizon d'humus brut, mais au contraire se mélange aux éléments minéraux
(horizon Ai); elle ne migre pas en profondeur. Il ne s'agit donc
pas d'un processus de podzolisation chimique, causée par une acidi-
ÉTUDE STATIQUE
161
fication de l'humus, comme ce sera le cas dans la série de sols sui-
vante.
En résumé, les sols bruns évolués, tassés par l'effet d'un pâturage
intensif, et pauvres en éléments grossiers, se montrent défavorables
A la régénération du Mélèze: la végétation est une « pelouse » caractéristique de ces pâturages, dans laquelle le lacis, dense en surface,
de rhizomes et de racines concurrence victorieusement le jeune Mélèze et lui oppose un obstacle infranchissable.
Lorsque les conditions sont particulièrement propices aux processus d'entraînement mécanique par les eaux d'infiltrations (station
horizontale, roche-mère filtrante), ces sols peuvent se lessiver, mais
ils conservent leurs propriétés physiques défavorables au Mélèze.
Par contre. si le pâturage vient A diminuer ou mieux encore A cesser, la pelouse est moins compacte et les espèces de la lande peuvent
s'installer ; la porosité non capillaire et, par conséquent, la perméabilité s'accroissent notablement. Malgré la concurrence superficielle
encore forte, les semis de Mélèze peuvent alors s'installer en abondance.
IV.
--
LES SOLS PODZOLIQUES ET LES PODZOLS
Ces sols se trouvent dans les stations peu accessibles, A haute altitude, sur roche-mère siliceuse pauvre en calcium et en éléments basiques. Les forêts qui les occupent n'ont pas été pâturées depuis
longtemps et elles présentent un sous-bois dense d'Ericacées. Dans
ces conditions, les sols podzoliques peuvent s'observer aussi bien sur
les pentes moyennes que sur les pentes faibles ; mais ils sont mieux
caractérisés sur ces dernières, car leur évolution est alors contrariée
dans une moindre mesure par l'action cle l'érosion.
Les caractères des profils étudiés sont les suivants:
Les horizons fondamentaux, horizon d'humus brut en surface
(A0), horizon lessivé plus ou moins blanchâtre (A2), horizon d'accumulation en fer plus foncé (B), sont cette fois nettement différenciés : il s'agit de sols podzoliques, ou de podzols de type ferrugineux. Dans les sols incomplètement évolués du type podzolique,
l'horizon Ao est peu épais (3 A 4 cm); l'horizon A2 est blanchâtre
mais non cendreux, alors que B n'est encore que peu coloré. Dans
les podzols typiques, au contraire, Ao dépasse ro cm d'épaisseur,
A,, est parfaitement cendreux de couleur et de structure, 13 est de
couleur rouille.
Ces sols, même si ce sont des podzols caractérisés, sont en. général peu profonds et très riches en cailloux inaltérés ou en cours
d'altération ; ce qui indique que la décomposition de la roche-mère
est encore récente et qu'elle n'est pas terminée. L'horizon d'accumulation est enrichi en fer, mais non en argile et il n'est pas com-
162
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
pact : ces sols sont encore jeunes et, dans ces conditions, on peut
assurer que l'entraînement du fer par podzolisation a progressé très
rapidement.
Quelques-uns sont, au contraire, nettement plus évolués : citons
le cas du sol n° 45. La proportion de cailloux est alors très faible ;
l'horizon d'accumulation, assez compact, est fortement enrichi en
argile et en fer par rapport â l'horizon A2. Cela tient â. la situation
topographique particulière de cette station : léger replat, au pied
d'une pente plus forte; le profil a ainsi hérité des éléments fins entraînés le long de cette pente.
Dans les stations à, sols podzoliques ou â podzols, l'essence forestière caractéristique n'est plus le Mélèze, car les peuplements sont
toujours mélangés, et le Pin Cembro domine fréquemment ; nous
décrirons même plusieurs peuplements purs de pins Cembro, desquels le Mélèze a complètement disparu.
Le sous-bois est caractérisé par une végétation dense composée
d'arbustes et arbrisseaux de la lande subalpine : Rhododendron ferrugineum, Vaccinium illyrtillus et V. vitis-idaea, Lonicera coerulea,
Juniperus nana, auxquels il faut ajouter Rosa alpina, Calamagrostis
villosa, Homogyne alpina, Peucedanum ostruthium, Luzula Maxima,
Campanula barl.Aata et C. rhombdidalis. Il faut noter que des élé-
ments reliques de la flore des pâturages subsistent parfois, notamment dans les sols peu podzoliques. Par contre, dans les podzols
caractérisés, ils ont presque complètement disparu. Les Mousses, au
contraire, forment un tapis dense sous la vieille lande.
Les jeunes semis de Mélèze sont toujours absents de ces stations
sol acidifié et podzolisé; les semis de Pin Cembro, au contraire,
sont parfois assez abondants. Manifestement cette dernière essence
paraît supplanter la première qui est en voie de disparition (HEss,
[37]. Les mélèzes subsistant, souvent très vieux, peuvent être, considérés comme des xeliques qui dateraient d'une période antérieure
â la podzolisation, dont nous avons noté la progression très rapide.
On peut rapprocher cette constatation de celle faite par AUER [2]
dans l'Engadine supérieure. Cet auteur a noté que la densité des
semis de Mélèze aug-mentait proportionnellement â l'importance, dans
le sous-bois, des espèces étrangères- â. l'association de la lande subalpine. Elle est nulle dans la vieille lande, très dense et composée uniquement d'un petit nombre d'espèces caractéristiques.
I° Description des stations étudiées
a)
SOLS PODZOLIQUES JEUNES
— 41 — Forêt communale d'Aussois (Savoie). Forêt de Pin Cem-
bro. Canton de l'Enlevey, parcelle C.
Pente 3o %, exposition O., altitude:
2.000 M.
ÉTUDE STATIQUE
I63
Sol podzolique jeune sur permo-houiller.
Profil: Ao, o-4 cm, humus brut (pH 4,2).
A2, 4-10 cm, beige grisâtre, limono-sableux, parsemé de cailloux; racines d'Ericacées abondantes.
B, ocre pâle, limono-sableux, nombreux cailloux de grosse dimension.
Végétation: Foret purc de Pin Cembro. Le sous-bois est
une lande a. Rhododendron, Vaccinium Myrtillus et T7.
vitis-idaca, presque continue, mais on observe la présence
de nombreuses reliques de la flore des pâturages: Poa alpina, P. nemoralis, Antho.ranthum odoratum, Alchemilla
alpina et A. vulgaris, Lotus corniculatus v. Delorti, Trifolium pratense.
On n'observe évidemment aucun semis de Mélèze, absent
de la strate arborescente, mais on note la présence de semis de Pin Cembro et d'Epicéa.
-- 42
Forêt communale de Villarodin (Savoie). Série du Bourg-et. Canton de la Roche, parcelle 1. Peuplement clair,
où domine le Pin Cembro. (Mélèze 2/1o.)
Exp. O., alt.: 2.o5o
Sol podzolique jeun,- sur permo-houiller, présentant sensiblenient le même profil que le précédent (pH Ao: 4.4).
La foret est encore un peuplement presque pur de Pin
Cembro, caractérisé par un sous-étage dense de Rhododendron et Faccinium. La flore est toutefois plus pauvre
en éléments reliques de la pelouse que pour la station 4.t.
1)) SOLS FORTEMENT PODZOLIQUES ET PODZOLS
-- 43 — Forêt communale d'Avrieux (Savoie). Forêt de Pin Cembro. Canton de la Montonnaz, parcelle E.
Pente 3o %, exp. N., alt. : 2.100 M.
Sol fortement podzolique sur schistes lustrés.
Profil: Ao, o-15 cm, humus brut, beaucoup plus épais que
dans les cas précédents (pH 4).
A2, 15-23 CM, pulvérulent et gris presque cendreux.
B, nettement plus foncé que A2.
Sous un peuplement de Pin Cembro, on observe un tapis
5;
dense d'Ericacées (Rhododendron ferrugineum, 5
Vaccinium Myrtillus, 3 - 3; V. vitis-idaea, 2 - 3) accompagnées parLonicera coerulea. Les espèces reliques de la
pelouse ont complètement disparu, sauf une Fétuque,
d'ailleurs rare. Les Mousses sont par contre abondantes.
Aucun semis d'essence forestière a signaler.
-
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
164
— 44 — Forêt communale de Bramans (Savoie). Canton d'Ambin,
parcelle
Pente 4o %, exp. N.-N.O., alt. : 1.92o m.
Roche-mère: éboulis de permo-houiller.
Le sol est un podzol ferrugineux caractérisé, beaucoup
plus profond que les sols précédents, et a horizons très
différenciés :
Ao, 0-20 cm, horizon d'humus brut d'Ericacées
(pH 3,8).
A2, 20-45 cm, horizon de couleur et de consistance
nettement cendreuses. Quelques gros blocs
de schistes métamorphiques inaltérés.
B, horizon ocre-rouille ; de couleur diffuse vers
le bas, parsemé encore de gros blocs provenant des éboulis.
Le peuplement est caractérisé par un mélange de Mélèze, de Pin Cembro, d'Epicéa. Le Pin Cembro est dominant (7/10 du total des arbres, le Mélèze représentant
2/1o).
La végétation est encore une lande
Rhododendron et
Vaccinium, où l'on trouve seulement les espèces caractéristiques et un tapis de Mousses (Hypnum triquetrum.
4 - 5)•
—
45
—
Forêt communale de St-Dalmas-le-Selvage (Alpes-Maritimes). Vallon de Sestrières. Station voisine des stations
23 et 31o.
Pente 3o-4o °,4„ exp. N.E., alt. : 2.020 rn.
Sol: Podzol ferrugineux évolué, sur éboulis de grès d'Annot.
Le profil est le suivant :
Ao, o-T5 cm, f eutrage noir d'humus brut d'Ericacées (pH 3,8).
Al, 15-2o cm, horizon humifère, poreux, noir, riche en matière organique en cours de décomposition.
A2, 20-25 cm, horizon parfaitement cendreux, pulvérulent, peu caillouteux.
B, horizon ocre-rouille, compact, enrichi en fer
et en argile ; dépourvu de cailloux.
Le peuplement est composé de vieux mélèzes; on note
quelques pins Cembro très dispersés.
Le sous-bois est une lande subalpine, analogue aux précédentes. Le Rhododendron forme un tapis continu,
l'abri duquel se trouve Vaccinium Myrtillus. Lonicera
ÉTUDE STATIQUE
165
coerulea, Juniperus nana, sont présents, mais à. l'état disséminé. Les Mousses (Dicranum scopctrium, Hypnum triquetrum) sont abondantes. Signalons enfin, une Graminée, Festuca flavescons.
2.° Caractères analytiques des sols
Pour les horizons Ao, le pH seul a été mesuré. La .porosité a été
mesurée pour deux des sols étudiés ; les chiffres obtenus, qui ne
figurent pas sur le tableau, sont les suivants :
Porosité totale
P. capillaire
P. non capillaire
67
74
16
35
51
39
Sol 43
Sol 45
Ces sols sont donc très poreux, et restent très aérés, même lorsque
la porosité capillaire est élevée : ce ne sont donc pas leurs propriétés
physiques qui nuisent la régénération du Mélèze.
En ce qui concerne les analyses mécanique et chimique, elles ont
porté surtout sur les horizons A2 et B, afin d'obtenir les indices d'entraînement en argile et en fer.
TABLEAU IV
Stations
et
horizons
Cailloux
pH
04
Indice
Mat.
Argile Limons
-
-
22
IO
B
4,2
4,9
5,2
40
II
Ao
A2
4,4
4,9
20
B
5,2
47
Fer
Sables
organ.
d'entrainement
fer
-
-
62,3
8,5
64,8
4,4
0,63
0,81
1,3
18
12
68,4
5,4
78,4
1,1
0,51
0,87
1,7
29,5
27,5
46,5
59,5
8,2
2,o
o,6o
2,13
-
-
a) Sols podzoliques jeunes:
41
-
A0
A2
42
-
7,5
8
19
to
b) Sols forteinent podzoliques et podzols:
43
-
Ao
A2
B
44
-
Ao
A2
B
45
-
Ao
A2
4
4,9
5,2
44
57
Io
3,8
5,2
5,4
66
68
7
6
23,o
68,2
1,4
0,25
15,5
76,5
1,2
1,02
4
3,8
4,5
4,3
5,2
9
7,5
3,o
32,5
25,5
3o,5
10,5
44,7
6t,6
53,0
16,7
3,7
2,3
0,33
1,45
4,4
non dosé
14.
1
3,5
I66
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÉZE
Ainsi, tous ces sols, sauf le dernier, apparaissent comme des sols
encore incomplètement développés, A en juger par le faible taux d'argile et la forte proportion de cailloux, qui sont des fragments de
roche-mère encore inaltérés. On n'observe aucune augmentation du
taux d'argile en profondeur. Cela tient A ce que celle-ci a été entraînée, au cours de sa libération par altération, non pas verticalement, mais obliquement le long de la pente (lessivage oblique), et
cela dès N Phase de sol brun jeune, antérieure a la podzolisation. Le
sol 45 constitue, A ce point de vue, une exception sur laquelle nous
reviendrons.
Les deux premiers sols (4t et 42) ne montrent encore qu'un entraînement de fer réduit l'indice d'entraînement reste inférieur A 2.
Mais on ne peut classer ces sols dans le groupe des sols « lessivés »,
dont le, Férn,nts fins ont subi un simple entraînement mécaninue
acidification : ici il y a une nette acidification en surface, et les
acides hilminnes colloïdaux ont commencé' migrer — verticalement
et non bas °bliaud/v-11f CO1111110 l'araile — en entraînant le fer sous
forme de cornnlexes FT-TExix et BETREMTEUX, 13 - BETP.F.MIEUX, 51 :
c'est bien un début de podzolisation et. A ce titre, ces sols font transition entre les sols bruns jeunes décrits nlus haut et les podzols
44 et 45. Nous les aVOTIS C1011C qualifiés de sols podr.„,aliques jeunes (t).
Dans les trois autres sols, l'horizon (l'humus brut devient plus
énais, en même temns oue l'indice d'entraînement clu fer augmente:
il atteint et même dénasse 4 la matière organinue acide iotte
reîle de plus en phis marnué clans ces phénomènes de migration
(dans les sols 41 - 4;. il v a au moins 2 '4 de matière organique
en 131 Tl s'agit (le sols très podzolinues, on même de podzols typiques. lorsnue l'indice d'entraînement est égal ou sunérieur A 4. Il
est A noter nue si l'on comnare la valeur de cet indice it celle qui
caractérise les nodzols atlantinues. elle parait relativement Plus faible: Cela peut s'expliquer par le fait que la totalité du profil a été
notablement annauvrie en fer en mlérne temps (m'en arg-ile, par lessivage oblioue, dans -une phase (l'évolution antérieure A la poclzolisation. Nous reviendrons sur cette question dans le chapitre suivant.
Alors nue les sols 43 et 44 apparaissent comme des sols très podzolisés. mais encore ieunes. ainsi one le montre la proportion élevée
de cailloux, le sol n° 45 nrésente des indices d'une évolution, beaucoup plus complète: les différents horizons sont pauvres en cailloux,
l'argile. plus abondante aue dans les autres profils, a été entraînée
massivement clans l'horizon B: l'indice d'entraînement de l'argile
dépasse Io et l'horizon d'accumulation est ainsi devenu très compact.
(I) Ces sols correspondent assez bien ce que les pédologues belges appellent micropodgo/s, dans lesquels la podzolisation ne s'observe qulen surface,
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168
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
On peut admettre que ce sol a bénéficié, par suite de la situation
topographique particulière qu'il occupe, d'un apport en argile provenant des pentes supérieures, au lieu de subir un appauvrissement,
comme c'est le cas des autres profils.
En résumé, les stations de hautes altitudes, situées sur rochemère siliceuse, sont envahies par la lande lorsque le pâturage cesse
complètement. L'humus d'Ericacées acidifie le sol et provoque sa
podzolisation : l'invasion de la station par la lande précède en effet
la podzolisation, puisque nous avons noté la présence d'une lande
caractérisée sur des sols déjà acides en surface, mais encore peu
podzoliques ; la lande apparaît donc C0111711C la cause de la podzoli-
sation.
A mesure que cette évolution se produit, les plantes de la pelouse
régressent et disparaissent. Les conditions deviennent défavorables à la régénération du Mélèze. La f orêt évolue vers une forêt de
Pin Cembro, ou vers tine lande subalpine peu boisée. Les vieux mélèzes, qu'on observe encore par places (notamment station 45), sont
donc des reliques d'un état antérieur plus favorable.
CHAPITRE III
-ÉTUDE DYNAMIQUE
L'évolution des sols et de la végétation
dans les mélézeins de haute montagne
I.
—
LES FACTEURS DE CETTE EVOLUTION
Si elle n'était pas compliquée par l'intervention de différents facteurs, notamment du pâturage et de l'érosion, cette évolution serait
très simple et se' schématiserait de la façon suivante: les sols neufs,
squelettiques, sont envahis par les groupements colonisateurs; ils
passent ensuite au stade brun jeune et se décalcifient progressivement. Puis la lande s'installe, en même temps que les espèces forestières; elle acidifie l'humus et provoque finalement la podzolisation:
on aboutit une lande boisée sur sol podzolique, ou podzol, qu'on
peut considérer comme le Climax, l'association stable, caractéristique de la station. Cette évolution, relativement rapide sur rochernère siliceuse, est évidemment bien plus lente sur roche-mère carbonatée, car elle doit être précédée d'une décarbonatation totale:
mais elle reste théoriquement Possible, condition que la pente soit
suffisamment faible.
En réalité, deux facteurs viennent perturber cette évolution, la
ralentir, ou même l'orienter dans un sens différent : il s'agit de l'érosion. elle-mérne fonction de la pente, et du pciturage, qui agit sur
le sol, à la fois directement et indirectement, par l'intermédiaire
des modifications de flore qu'il provoque. Ces deux facteurs ont
donc une iniportance considérable; ils peuvent maintenir la permanence d'associations bien caractérisées, très stables, tant qu'euxmêmes ne se modifient pas.
1°
Influence de la pente
Si la pente est forte, l'érosion intense rajeunit périodiquement le
sol et contrarie son évolution : cette action est, bien entendu, d'autant plus sensible que la roche-mère est plus riche en minéraux
basiques, notamment en carbonates, le rajeunissement ayant pour
170
PÉDOLOGIE ET
FACTEURS
BIOTIQUES
DU MÉLÉZE
effet de libérer par altération de nouvelles réserves minérales dans
la terre fine. Nous avons signalé que, sur roche-mère siliceuse pauvre en bases, A haute altitude, la podzolisation était suffisamment
rapide pour progresser plus vite que le rajeunissement par érosion
(sols 41 A 44). Il n'en est évidemment pas de rneme sur les fortes
pentes de roches calcaires, surtout s'il s'agit de calcaires marneux
tendres : dans ce dernier cas, le sol n'évolue pas, il reste A l'état
squelettique (sols 16 - 17 - 18) ; sur les calcaires durs, les dolomies,
les roches silico-alumineuses riches en calcium, l'évolution commence, mais ne dépasse pas le stade sol brun jeune : les Ericacées ne
peuvent prendre pied dans ces stations, de sorte que ni l'acidification de l'humus, ni la podzolisation ne peuvent se produire (sols 29 210 - 211).
Sur les pentes très faibles, les « replats », au contraire, une terre
fine argilo-limoneuse s'accumule, provenant du lessivage oblique des
pentes supérieures ; cette terre fine a subi, au cours de son transport, un délayage qui l'a plus ou moins décalcifiée, de sorte qu'il se
constitue localement un sol, compact, mal drainé, assez profond,
assez acide, de propriétés relativement indépendantes de celles de
la roche-mère : c'est ce que nous avons appelé sols bruns évolués, le
plus souvent non lessivés.
2° Influence du pâturage
Elle est considérable, mais aboutit A des effets variables, parf ois
contraires, suivant l'intensité du pâturage et la topographie locale.
L'action du bétail est double : elle intervient directement par voie
mécanique, dans l'évolution des sols. Elle s'exerce aussi par voie
indirecte, en modifiant la végétation qui va, A son tour, influencer
l'état du sol.
a) ACTION DIRECTE PAR VOIE MÉCANIQUE
Comme nous venons de le dire, elle est fonction, d'une part de
l'intensité du pâturage, d'autre part de la pente ; sur très forte
pente, le bétail arrache la végétation, laboure le sol et, par conséquent, il se montre « rajeunissant » : un cas typique est celui de la
station 13 (Montgenèvre) dans laquelle la végétation est restée discontinue.
Sur pentes moyennes, l'action rajeunissante et l'action opposée,
« tassante » si l'on peut dire, se compensent plus ou moins, A condition que la densité du bétail soit modérée : le sol reste alors du
type brun, plus ou moins évolué (stations 21 - 22 - 23). La porosité,
notamment la porosité non capillaire, est encore élevée.
Sur pentes faibles et sur replat, au contraire, un tassement se
produit, d'autant plus intense que le bétail a tendance A stationner
k.TUDE DYNAMIQUE
171
sur ces stations qui sont, en général, peu étendues. Le sol est alors
compact, mal aéré : c'est le caractère dominant des sols bruns évolués ;
la porosité non capillaire y est toujours faible (inférieure A 3o %).
Il semble que la nature du bétail intervienne également de façon
différente ; les bovins tassent le sol davantage que les ovins, qui
arrachent la végétation et favorisent au maximum l'érosion et le
rajeunissement du sol.
C'est surtout sur l'action des bovins qu'ont porté nos recherches
et c'est A elle seule qu'il sera fait allusion dans les considérations
qui suivent.
1))
ACTION INDIRECTE, PAR L'INTERMEDIAIRE DE LA VEGÉTATION
Le pâturage favorise, nous l'avons vu, l'extension d'une végétation
très particulière, véritable assoCiation d'origine biotique, la pe/ouse
subalpine et montagnarde, dont nous avons décrit la physionomie
et la composition. Par contre, il a tendance A éliminer les espèces
climaciques, les Ericacées en particulier, ou, plus exactement, A empêcher leur installation, probablement par action mécanique et aussi
parce que les Ericacées, comme le Mélèze, redoutent l'insuffisance
d'aération. et la concurrence de la pelouse.
Or, si les espèces de la lande sont acidifiantes et podzolisent rapideinent le sol, il n'en est pas de même de la pelouse, qui fournit
au sol un humus, riche en calcium, relativement peu acide et A décomposition rapide (Mull) ; il se mélange au sol minéral auquel il
conf è.re une bonne structure en agrégats [FREI, 27] : Ainsi, par
voie indirecte, le péiturage, en favorisant la pelouse, empêche l'acidification du sol donc sa podoolisation: sur les sols A pâturage intensif, notamment sur les replats, on trouve un sol brun évolué ou un
sol lessivé, mais jamais un sol podzolique acide (stations 3i A 37).
Sur les sols A pente moyenne ou forte, un pâturage modéré maintient un équilibre, d'ailleurs peu stable, entre une pelouse peu dense
et une lande clairsemée ; dans ces conditions, le sol ne s'acidifie pas
(stations 21 - 22 - 23).
Mais, dès qu'une décroissance du pâturage se produit, on note,
non seulement une augmentation de la porosité (p. non tapillaire
surtout), mais aussi une extension des Ericacées, qui colonisent mén-ie
les replats (stations 38 - 39). Au début, l'acidification est encore peu
marquée (stations 23 A 27), mais, lorsque la lande est ancienne et
dense, la podzolisation progresse rapidement (stations 4t A 45).
172
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
II. — LES PRINCIPALES SERIES EVOLUTIVES
Elles dépendent des facteurs que nous venons de passer en revue :
La pente et la roche-mère jouant un rôle essentiel, nous distinguerons trois cas fondamentaux : 1° l'évolution sur pente faible et sur
replat, la roche-mère n'intervenant alors que dans une faible mesure : l'évolution est, en effet seulement plus lente sur substratum
calcaire ; 2° l'évolution sur pente forte ; il nous faudra distinguer
deux cas, le premier sur roche silico-alumineuse, le second sur roche carbonatée, ou riche en éléments basiques.
Secondairement, nous ferons intervenir le pâturage et nous opposerons l'évolution des stations pâturées â celle des stations non ou
faiblement pâturées.
Il va de soi que ces coupures sont faites dans un but de systématisation et de simplification: il existe évidemment des cas intermédiaires plus ou moins complexes.
1°
L'évolution de la végétation et des sols
sur les pentes faibles et les « replats »
a) ZONES PATURkES
Dans le cas général, ces stations sont très pâturées, nous l'avons
signalé â, plusieurs reprises. L'évolution des sols et de la végétation
va porter la marque des deux phénomènes suivants : accumulation
de terre fine créant un substratum minéral profond, alors que l'érosion n'ag-it que faiblement pâturage intensif favorisant la pelouse,
inhibant par, contre l'installation des espèces climaciques. Il va en
résulter la formation d'une pelouse dense, dépourvue d'espèces forestières et d'espèces de la lande, occupant un sol brun évolué profond, ou un sol lessivé dans certains cas particuliers (voir cas du
sol 31o). Ces sols sont pauvres en cailloux et mal aérés : leur porosité non capillaire est faible (31 37), mais on n'observe jamais
de processus d'acidification accentuée. Les régénérations de Mélèze
sont inexistantes dans ces stations. Ainsi, la forêt régresse si l'homme n'intervient pas.
b) ZONES NON PATURÉES OU A PATURAGE RÉDUIT
Si le pâturage diminue, la densité de la pelouse devient nettement plus faible ; ainsi la concurrence qu'elle exerce â. l'égard des
espèces forestières ou des Ericacées décroît ; celles-ci peuvent désormais s'installer, leur progresssion s'accompagnant d'une régression
des espèces de la pelouse. Au début, le sol s'acidifie peu et reste du
type sol brun évolué; mais son aération augmente, fait qui, joint
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174
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
la diminution de la concurrence vitale, permet l'installation des semis de Mélèze (stations 38 et 39). Nous avons signalé que la porosité non capillaire de 4o paraissait être, A ce point de vue, un seuil,
un facteur limitatif ; lorsqu'elle dépasse cette 'valeur, les semis sont
nombreux (tableau V). Il existe ainsi une courte phase favorable A
la régénération du Mélèze: Si le pâturage vient A cesser totalement,
l'extension des Ericacées progresse, le sol s'acidifie et se podzolise.
On aboutit au climax, oui est une lande dense A Ericacées subalpines,
sur podzol, dans laquelle le Mélèze ne se régénère plus: le Pin Cembro, par contre, se régénère encore lorsoue les conditions défavorables ne sont pas trop extrêmes ; il tend A supplanter progressivement le Mélèze.
Nous avons signalé que cette évolution était plus rapide sur roche-mère siliceuse nue stir roche-mère calcaire ; sur celle-ci, en effet,
l'installation des Fricncées est tardive. Elle est précédée par celle
des espèces forestières rnontarmardes et subalpines, et les espèces
de la pelouse se maintiennent plus long-temps (stations 33 - 34 - 36).
2° L'évolution de la végétation et des sols
sur les pentes moyennes ou fortes de roches silico-alumineuses
a) ZONES RATURÉES
Lorsoue la pente est assez accentuée, et le n'Attira:Te mod&é.
Intion du sol rte dépasse pas le stade du sol brun jeune. En effet,
après les esnèces colonisatrices du stade initial, on voit s'installer
une pelouse d'une densité. moyenne oti faible, oui laisse
place A
une certaine extension des esnèces de la lande. Mais celles-ci ne
forment nue des taches discontinues L'érosion et l'action mécanimie exercée Dar le bétail coniunuent leurs effets dans les conditions
de ces stations et rnieunissent le sol. contrariant ainsi son évolution
ératinre, entre wne beionse Mehe et une
normale. On aboutit
lande conctamment freinée dons son rytencinn (tahl(-911 V - qtatiODS
21 â 241 La concurrence vitale reste faible. les con(litions physiones
et chiminues du sol sont favorables A la ré,énération du Mélèze,
qui est en général abondante. Mais cet énuilibre est peu stable, surtout si la nente n'est oue moyenne: une surcharge du pâturage aboutit rapidement A un tassement, A une élimination des F,ricacées,
ainsi nue des semis de Mélèze: on est ramené au cas de la pelouse
trop serrée des zones surpaturées A faible pente.
b) ZONES NON PATURÉES
Si, au contraire, le pâttirag,e cesse. cet équilibre biologique est
rompu, cette fois, en faveur des Ericacées, qui ne tardent pas
occuper la totalité de la surface disponible, par le même processus
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'76
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
que dans le cas précédent : nous avons vu qu'elles acidifient le sol,
par formation d'humus brut, et que cette acidification provoque la
podzolisation et l'entraînement du fer.
La corrélation de ces phénomènes biologiques et pédologiques
est mise en évidence par le tableau VI: On constate que, dans la
vieille lande très dense (surface de recouvrement 5, c'est-à-dire supérieure A 75 3/4), l'acidification et l'épaississement des horizons humifères de surface sont, en gros, proportionnels a l'indice d'entrainement du fer.
Sur ces sols podzoliques très acides en surface, le Mélèze ne peut
résister â la concurrence intensive de la. lande, les rég-énérations disparaissent : Comme dans le cas précédent, le climax paraît être, à.
l'étage subalpin, une lande A, Ericacées, parsemée de bouquets de
pins Cernbro. [HEss, 371
3° L'évolution de la végétation et des sols
sur les pentes moyennes ou fortes de roches carbonatées
(calcaires ou dolomies)
Ce cas est simple, car les phénomènes de rajeunissement par l'érosion l'emportent toujours sur ceux de podzolisation. On observe, au
maximum, une décarbonatation superficielle : les Ericacées ne peuvent prendre pied sur ces sols, en raison de leur richesse minérale
trop élevée.
Le passage du stade squelettique au stade brun jeune est seulement marqué par une acidification légère (le pH passe de 7-8
6-7), qui accompagne le lessivage des carbonates. On n'observe jamais d'acidification forte, ni de podzolisation, sauf sur les pentes
peu accentuées de roches dures à. décomposition lente : Les processus
d'évolution sont alors les mêmes que dans le cas précédent, ils sont
seulement ralentis.
a)
ZONES PATUREES
Les phénomènes sont semblables ceux observés sur roches-mères siliceuses, si ce n'est que les espèces forestières subalpines (souvent accompag-nées d'arbustes disséminés) jouent le même r6le que
les Ericacées sur roche-mère siliceuse. Un pâturage modéré, sur
pente assez forte, maintient un équilibre entre ces groupements
d'espèces forestières et d'arbustes neutrophiles et le groupement de
la pelouse neutrophile peu dense: La concurrence est alors suffisamment faible pour permettre au Mélèze de se régénérer. Comme pour
les roches siliceuses, cette situation favorable ne se maintient pas sur
les pentes moyennes trop piétinées, où la pelouse tend devenir
exclusive.
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I78
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
b) ZONES NON
PATURÉES
Dans ces zones, la pelouse, au contraire, ne joue qu'un faible
rôle. .Aux pionniers qui colonisent les sols squelettiques viennent
rapidement se joindre les espèces forestières, accompagnées de nombreux arbustes neutrophiles, tantôt du tYpe mésophile (stations 2I02II), tantôt du type xéro-thermophile (station 181, suivant le climat
local La concurrence exercée par ces arbustes, dans les zones profondes du sol, peut alors entraver la régénération du Mélèze. Celleci est inexistante dans les Mélézeins, A sous-étacre arbustif très dense (stations 21.0 - 211): c'est ce (-m'a constaté P. FOURCUY dans
l'Oisans F261.0n aboutit, cette fois encore, A une association stable. caractérisée par l'abondance des arbustes. qui est soit une forêt
— dont l'esqence dominante n'est nas le Mélèze — soit une formation exclusivement arbustive ou fruticée. Cette association se maintient en équilibre, sur un sol oui reste jeune, car son évolution est
définitivement freinée Dar les conditions particulières de roche-mère
et de topographie. Elle n'est plus susceptible de se modifier et. comme telle. elle peut être comparée A un climax. On peut la qualifier
de Pararlimax tobooraPhique et édaPhique.
Le tableau VII résume les différents types d'évolution qne nous
avons ainsi passés en revue.
PLACE DU MELEZE
DANS CIFS SERIES D'EVOLUTION
LE PROBLEDlIE DU CLIMAX
—
Nous avons ainsi esquissé A f..Y,rands traits les courants d'évolution
de la végétation et des sols des Mélézeins de haute montagne. En
comparant entre elles les phases de cette évolution, on peut opposer
certaines Phases transitoires peu stables, A d'autres phases beaucoup
plus stables, soit parce qu'elles se placent en fin de série, soit parce
qu'elles sont conditionnées par un facteur écologique A influence déterminante (pâturage): les premières montrent un mélange hétérogène de groupements écologiquos se concurrencant mutuellement
(pelouse partiellement envahie par des Ericacées ou des arbustes
neutrophiles). Les secondes sont caractérisées par la prédominance
marquée, souvent exclusive, d'un g,roupement déterminé: il s'agit
alors, tantôt de Climax, c'est-A-dire d'association dépendant essentiellement du climat local, quelles que soient les autres conditions
du milieu (Lande sur podzols) — tantôt de Paraclimax, c'est-A-dire
d'association définitivement stabilisée, par un facteur écologique particulier qui entrave son évolution normale (Fruticée sur pentes de
roches carbonatées) — tantôt enfin, d'une association momentané-
ÉTUDE DYNAMIQUE
I79
ment stable, mais pouvant entrer dans un nouveau cycle d'évolution,
lorsque le facteur écologique déterminant, le pâturage, vient se
modifier (pelouse,s- denses).
On peut se demander quelle est la place du Mélèze dans ces différentes phases; pour répondre cette question, il faut d'abord brièvement récapituler, d'après les chapitres précédents, les caractères
essentiels des exigences du jeune Mélèze, relativement aux facteurs
pédologiques et biotiques.
i° Comportement du semis d'e Mélèze
vis-à-vis du sol et de la végétation
Nous ne donnerons ici qu'un apercu rapide de cette question, nous
réservant d'y revenir ultérieurement de facon 'détaillée:
Le semis de Mélèze préfère un sol jeune. peu évolué pédologiquement, dont l'acidité est faible ou nulle {pH > 5 - 631. Ce
sol doit être filtrant ; un volume important doit être, en conséquence, occupé par les pores grossiers qui lui assurent une bonne perméabilité ; ce facteur est exprimé par la porosité non caPillaire, qui,
nous l'avons noté, doit déPasser zio sur les sols très enherbés. Les
jeunes mélèzes fuient les sols tassés mal aérés:ils ne s'installent pas
non plus sur les sols podzo/igite.s. coliche épaisse d'humus brut en
surface (pH inférieur 5).
(Voir â ce sujet le tableau VI).
En ce qui concerne les facteurs biotioues, le semis de Mélèze
craint avant tout la concurrence de la végétation: cette concurrence
peut s'exercer dans diverses couches du sol; en surface, un lacis
dense de racines et de rhizomes de Graminées s'oppose la germination ou la pénétration des radicules. En profondeur, le plant plus
âgé ne résiste pas la concurrence des arbustes ou arbrisseaux, qu'il
s'agisse d'espèces de la lande ou de la fruticée ; en règle p-énérale,
les semisi de Mélèze ne s'observent que dans les places laissées vides
par les espèces arbustives colonisatrices, ils disparaissent, par contre. lorsqu'elles forment une brosse dense et continue.
2° Dynamique des associations
et régénération naturelle du Maèze
Ainsi, les conditions favorables à une bonne régénération du Mélèze sont: un sol jeune, faiblement acide, filtrant, et une végétation
peu dense, exerçant une faible concurrence.
Ces conditions sont réalisées au prernier chef sur les sols squelettiques, encore non entièrement recouverts par des espèces colonisatrices: le Mélèze, on le sait, fait partie de ces pionniers qui s'installent sur les sols vierges.
18o
PkDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MakZE
Elles sont encore réalisées, quoique 6, un deg-ré moindre et de
façon plus précaire, au cours des phases transitoires que nous avons
mentionnées ci-dessus: il s'agit de sols encore jeunes (tout au moins
à évolution pédologique pelt poussée, n'entraînant pas de forte acidification); leur colonisation est terminée, mais elle donne lieu
la coexistence de plusieurs groupements antagonistes, dont aucun ne
prédomine nettement, en raison de conditions écologiques trop éloignées de leur optimum: c'est le cas des zones à. forte pente, pâturées
modérément, dans lesquelles les groupements arbustifs (Fricacées
sur roche-mère siliceuse, Fruticée neutrophile sur roche-mère riche
en bases) sont maintenus l'état subordonné, alors mie la pelouse
est elle-même peu serrée. Dans ces conditions, le Mélèze arrive encore à se perpétuer de façon satisfaisante.
Par contre, c'est dans les g-rotmements stables et uniformes. du
type pelouse dense, Lande ou Fruticée, que la régénération du Mélèze se fait mal. Les conditions de sol sont en effet défavorables,
tout au moins pour les deux premiers. De plus, la concurrence d'un
grouPement. oui se trouve au voisinaae de son oPtimum écoloaiaue,
est Particulièrement intense: elle empêche toute installation de semis.
C'est ainsi oue le Mélba disParaît des landes â Ericacées sur sol
podzolinue sur Podzol horizon humifère très épais et très acide
(climax) De nième. il est éliminé des Frnticées. formant un sousbois serré et continu sur les pentes de sols riches en éléments minéraux; or, il s'agit là d'une association stable. ne se modifiant plus,
donc apparaissant comme le ternie d'évolution d'une série: pour
cette raison. nous l'avons appelée Paraclimax.
Enfin, il régresse également dans les pelouses denses, fortement
pâturées. sol brun évolué très tassé: il s'agit encore d'un groupement stable. aui se maintient ,syms chanaement tant que le Pâturage subsiste Mais, â la différence du précédent, il n'est pas définitif :
si le pâturage cesse, une nouvelle évolution commence. oui donne
lieu des stades transitoires semblables ceux qui ont été observés
sur les sols bruns jeunes: les conditions de milieu peuvent alors devenir nouveau favorables au llfélège (stations 38 - 39).
3° Tableau des associations climaciques
et paraclineaciques (1)
Ainsi, c'est seulement dans les zones non pâturées que l'évolution
des associations peut se poursuivre jusqu'à son terme normal qui
sera, suivant les cas, climax ou paraclimax. On peut chercher à préciser quelles sont ces associations climaciques, ou paraclimaciques,
(I) Nous remercions M. le Directeur RoL pour les renseignements et les
conseils qu'il a bien voulu nous donner pour la rédaction de ce paragraphe
ÉTUDE DYNAMIQUE
181
dont le Mélèze, d'après ce qui précède, ne parait pas faire partie.
Jusqu'à présent, nous n'avons fait que les mentionner, à. l'aide de
dénominations volontairement imprécises, basées sur la notion de
formation végétale (Pelouse - Fruticée - Forêt) et ne préjugeant
pas de leur composition floristique.
Une remarque préliminaire s'impose: dans certains cas, il est relativement facile cle décrire de façon sftre l'association climacique, lorsqu'elle est bien individualisée et qu'elle possède une aire
Rhododendron et
Vaccinium,
étendue : c'est le cas de la lande
plus ou moins boisée en Pin Cembro, qui a été étudiée et reconnue par de nombreux auteurs (Rhodoreto - Vaccinietum, cembretosunt décrite par BRAUN-BLANQUET, SISSINGH et VLIEGER, 9).
Elle parait exister dans toute l'aire française du Mélèze.
Dans la plupart des cas, au contraire, la composition exacte des
associations climaciques est difficile déterminer pour deux raisons essentielles : 1° le climax est rarement atteint en raison de
l'action presque générale des éléments perturbateurs, biotiques ou
humains, il est donc difficile repérer et A décrire; 2° le Mélèze
est plastique, comme on l'a vu dans l'étude de P. FOURCIIY publiée
d'autre part, et il prospère dans une échelle climacique variée; le
climax sera donc très différent, pour un étage de végétation déterminé, suivant la région dans laquelle on se trouve : s'il s'agit d'une
région relativement humide (Tarentaise, Maurienne, certaines vallées
des Alpes-Maritimes), il sera composé d'associations méso-hygrophiles. S'il s'agit de régions plus sèches, telles que Briançonnais,
Queyras et certaines parties des Basses-Alpes, il comprendra surtout des espèces xéro-thermophiles. Pour ces deux raisons, nous serons souvent obligé de rester imprécis, ou de formuler de simples
hypothèses : nous ferons appel a la notion de « formation » climacique, plutöt qu'A celle d'association.
Nous devrons, comme pour l'étude de l'évolution des séries, distinguer les pentes de roches siliceuses et les replats, d'une part ; les
pentes de roches carbonatées ou riches en bases, d'autre part.
L'altitude intervient également et, comme on sait, le climax de
l'étage subalpin est en général différent de celui de l'étage montagnard supérieur. La limite entre les deux étages ne peut être précisée, car elle varie suivant la latitude, les modifications du climat
général, l'exposition, etc... ; on peut la situer, pour la région des
Alpes internes qui nous intéresse, entre 1.600 et 1.80o m.
a)
ROCHE-NIÈRE SILICO-ALUMINEUSE, PAUVRE EN BASES, ET REPLATS
Le climax de l'étage subalpin est, nous l'avons vu, bien défini:
c'est la lande Rhododendron et Vaccinium, dominée par un peuplement plus ou moins dense de Pin Cembro (Rhodoreto - Vaccinie-
182
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLkZE
tum Cembretosum). L'aire de cette association s'étend, semble-t-il,
toute l'aire subalpine du Mélèze.
Les choses se compliquent lorsque l'on descend dans l'étage montagnard supérieur : la lande s'appauvrit, le Rhododendron disparaît
(ainsi que d'autres espèces, telles que Lonicera coerulea) et les Ericacées du genre Vaccinium subsistent seules.
Le Pin Cembro est remplacé par l'Epicéa, partout oit le climat est
assez humide pour lui permettre de vivre (Maurienne, Alpes-Maritimes). Mais l'Epicéa est presque absent du Briançonnais et du
Queyras, climat trop sec.
La lande est alors souvent peuplée de Pin sylvestre ou Pin
crochets, mais ces espèces, qui sont comme le Mélèze des espèces
colonisatrices d'un caractère essentiellement transitoire, ne peuvent
être considérées comme faisant partie du climax : dans les cas d'évolution très poussée de vieille lande sur sol podzolique, ces essences
disparaissent et la lande est dépourvue d'essence forestière.
b)
ROCHE-MERE CARBONATÉE OU RICHE EN BASES
Le paraclimax, dont nous avons défini l'origine, est toujours une
formation forestière riche en arbustes ou une association arbustive
(Fruticée).
Dans toutes les régions à, climat suffisamment humide (Maurienne, Alpes-Maritimes), c'est la forêt d'Epicéa qui paraît caractériser
le climax, avec un sous-bois plus ou moins dense de Fruticée mésophile ; les associations changent quelque peu suivant l'altitude ; elles
ont été décrites par J. BRAUN-BLANQUET [9] sous le nom de Picetum subalpinum (étage subalpin) ou de Picetum montanum (étage
montagnard supérieur). Cette dernière association s'enrichit souvent
du Sapin (Abies pectinata), qui est généralement absent dans la première (i).
Dans les régions climat trop sec pour permettre la présence de
l'Epicela, il est souvent remplacé par les Pins (l'huis uncinata, P. sylvestris) qui colonisent la Fruticée l'état clair, mais disparaissent
aussi de la Fruticée très dense. Celle-ci est une Fruticée xéro-thermophile, dont nous avons décrit antérieurement les éléments principaux. A sa limite altitudinale inférieure, elle s'enrichit d'arbres
clairsemés et rabougris, tels que le Chêne pubescent (Quercus pubescens).
(I) HESS (37) a noté l'évolution des forêts de Mélèze vers l'Epicéa dans le
Valais ; cette évolution est favorisée par l'action du bétail.
ÉTUDE DYNAMIQUE
I83
TABLEAU
LES ASSOCIATIONS CLIMACIQUES OU PARACLIMACIQUES
Sols
Roche-mère
siliceuse et replats
Pentes moyennes et fortes
roches carbonatées
Sol podzolique
et podzols
Sol brun jeune
(climax)
Etage
Maurienne
et
A. Maritimes
Lande
Rhododendron et
(paraclimax)
Pessière subalpine
et Fruticée mésophile
Vaccinium
subalpin
Etage
Briançonnais
Queyras
Basses-Alpes
avec Pin Cembro)
Fruticée xérophile
Maurienne
et
A. Maritimes
Lande a
Pessière montagnarde
Vacciflium
(avec Epicéa)
et Fruticée mésophile
montagnard
supérieur
Briançonnais
Queyras
Basses-Alpes
Lande
Fruticée xérophile
Vaccinium
En résumé, le Mélèze est un colonisateur, un « occupateur de
places vides » qui ne peut lutter contre la concurrence, ni en surface (pelouse), ni en profondeur (Fruticée - Lande), d'une association stable ayant subi une évolution prolongée. Il se jette en abondance sur les sols vierges, les surfaces d'érosion, les champs abandonnés, les éboulis. C'est aussi l'essence caractéristique des phases
de transition, des états intermédiaires instables, dans lesquels deux
associations antagonistes, par suite de leur concurrence même, n'arrivent pas prédominer ; le Mélèze, en troisième larron, semble profiter de cette lutte pour occuper la place. Cette essence n'a donc
pas d' « association » qui la caractérise. Quand elle le peut, elle se
superpose à. une flore hétérogène, un mélange d'associations d'origine très variée : pelouse, lande, fruticée de diyers types. On peut
parler de « peuplements » de Mélèze, mais non de « forêt », cons-
I84
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
tituant un milieu ou une biocénose. Pour reprendre les termes de
Ph. GUINIER [291 : « Le Mélézein ne constitue pas une association.
C'est un assemblage d'origine artificielle, d'espèces héliophiles ou
demi-sciaphiles qui résistent au pâturage ».
IV. — L'EVOLUTION DES SOLS EN HAUTE MONTAGNE
LESSIVAGE ET PODZOLISATION (Fig. 2)
Nous avons signalé, à plusieurs reprises, l'antagonisme qu'on
peut observer entre l'action rajeunissante de l'érosion et l'évolution
normale du sol.
Cette question mérite d'être précisée : l'action de l'érosion n'est
pas simple et elle est suivie d'effets différents suivant les circonstances.
Sur les pentes très f ortes, le rajeunissement est total, le sol étant
décapé en bloc : il retourne ainsi fréquemment à l'état squelettique
initial. Cette action globale s'exerce même sur des pentes moyennes,
quand il s'agit de certaines roches-mères tendres, telles que les calcaires marneux qui se délitent f acilement.
Sur les pentes plus faibles, au contraire, surtout s'il s'agit de
roches dures, l'érosion n'est pas totale ; elle sépare les éléments fins,
argiles (et un peu de f er) qui sont entraînés, obliquement le long
des pentes, des éléments plus grossiers et des cailloux qui restent sur
place ; c'est le phénomène que nous avons décrit antérieurement
sous le nom de lessivage oblique [2o1. En réalité, les effets du lessivage oblique sont complexes et varient le long d'un versant, suivant les accidents locaux de la topographie : telle pente, localement
plus f orte, sera appauvrie en éléments fins au profit d'un léger ressaut situé en contrebas.
C'est par ce mécanisme qu'on peut expliquer la genèse des sols
bruns jeunes, dont les éléments fins sont ainsi lessivés le long des
pentes, et viennent s'accumuler au niveau des sols bruns évolués,
situés en contrebas sur les replats, les ressauts de terrain.
I°
Les propriétés de l'humus, à' l'auge subalpin
Nous avons déjà eu l'occasion de souligner l'opposition f ondamentale qui existe, entre l'humus de pelouse à décomposition rapide (dans
les sols bruns jeunes, on n'observe jamais d'horizon Ao d'humus
brut et le taux de matière organique en surface ne dépasse guère
6 %), et l'humus d'Ericacées, très acide et à décomposition lente :
alors que le premier n'exerce qu'une faible influence sur l'évolution
du profil, le second, au contraire, nous paraît être l'agent essentiel
de la podzolisation.
185
ÉTUDE DYNAMIQUE
pelouse clairsemée
/
taches de lande
( Sol brun jeune
)
pelouse dense
/Sol brun évolué
)
Lessivage
oblique
A2
Ao
A2
FIG.
2.
-
Phases de l'évolution des sols pour la signification des horizons
(voir légende fig. I.)
Orientation du processus d'entrainement.
186
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU
MÉLÉZE
On voit donc que l'acidification de l'humus dans l'étage subalpin
est liée non au climat, mais a la nature des débris qui se décomposent,
donc et la végétation. Il peut paraître curieux qu'A cette altitude l'humus de pelouse se minéralise aussi rapidement; cela tient, selon nous,
aux conditions du climat subalpin, caractérisé par de longues périodes d'insolation intense, trt.'!s nropices l'activité biologique. Le c.ontraste entre l'hiver très enneigé et l'été ensoleillé, provoque un effet
de « vernalisation » favorable a la vie microbienne.
Au contraire, en climat montagnard humide et peu ensoleillé, on
peut observer, par comparaison, une minéralisation beaucoup plus
lente de l'humus, Même dans les pelouses Graminées ; il n'est pas
rare de trouver, SOUS pelouse, des taux de matière organique supérieurs A 3o sur des épaisseurs de 3o cm (cf Mont Lozère, 1.5o° m
d'altitude).
2° Les phases de l'évolution des sols (roches siliceuses)
Dans le domaine atlant;uue. nous avons pu mettre en évidence,
dans un travail antérieur [201, deux phases dans l'évolution des
sols forestiers : t° une Phase de lessivaoe caractérisée par l'entraînement mécaniatie des éléments fins sans acidification ; cette phase
précède et prépare la suivante 2° tine phase de podfo/isation par
action chimique d'un humus brut très acide.
Il semble qu'en haute montagne l'évolution des sols nasse par la
m'ème succession, et qu'on puisse aussi distinguer le lessivag-e sans
acidification, dans les zones où domine la pelouse, de la podzolisation chimique provoquée par l'humus très acide des Landes
Eri-
cacées.
Mais si le second phénomène est bien visible, il n'en est -pas de
même du premier, qui passe inaperçu, puisque les argiles sont entraînées obliquement et non verticalement: en une station déterminée, cette migration latérale Me donne Pas lieu à la formation d'horizons visibles. Ce n'est que dons des circonstances exceptionnelles,
roche-mère filtrante, station horizontale, que la migration de l'argile se Produit verticalement et donne naissance A un véritable horizon d'accumulation (sol lessivé n° 31o).
Au cours de la phase de podzolisation consécutive, au contraire,
la migration des complexes humus-fer est toujours verticale, de sorte que le phénomène se décèle facilement par l'apparition d'horizons
bien différenciés, d'aspect cendreux, et B. de couleur rouille.
Ainsi, l'évolution g,énérale des sols peut se résumer de la fa.on
suivante: la première phase est liée une végétation peu acidifiante,
dans laquelle dominent les éléments de la pelouse: on observe une
simple mig-ration de l'argile par lessivage oblique le long des pentes:
les sols bruns jeunes, appauvris en éléments fins, s'individualisent
187
ÉTUDE DYNAMIQUE
sur les pentes, alors que les sols bruns évolués prennent naissance
dans les zones d'accumulation (replats); la deuxième phase est consécutive l'extension de la lande subalpine. L'humus s'acidifie fortement; certains composés hurniques réduisent et entraînent le fer
vorticalement, donnant ainsi naissance un podzol.
3° Cas des roches mères carbonatées ou riches en bases
-
Stir les pentes raides de roches tendres, peu résistantes à. l'érosion (calcaires marneux), la première phase seule peut avoir lieu,
puisqu'en raison de la grancle richesse minérale des roches-mères, la
libération constante de cations maintient un pH trop élevé pour
permettre l'installation des Ericacées. La lande ne peut donc prendre
possession du sol, qtti ne peut ni s'acidifier, ni se pocizoliser : il ne
subit qu'une décarbonatation, et reste l'état de sol brun jeune.
Par contre, sur les roches-mères les plus dures et les moins riches en éléments basiques (dolomies, certains schistes métamorphiques). l'évolution peut se poursuivre localement jusqu'A la Lande
haute altitude surtout,
sur sol podzolique. Sur les faibles pentes,
l'évolution est setnblable
celle qui s'observe sur les roches-mères
siliceuses, mais elle est simplement ralentie: On observe ainsi un
curieux contraste entre différents types de végétation disposés par
taches « en mosaïque » [R. IRoLl (O. Sur les versants raides, à. sol
jeune, les groupements neutrophiles l'emportent, alors que des fragments de lande s'installent sur toutes les plates-formes, peu inclinées, où le sol peut poursuivre son évolution jusqu'à la phase de
podzolisation.
(T) Cours de Botanique forestière enseigné à.
et
Foréts, Nancy.
l'Ecole Nationale des Eaux
CHAPITRE IV
CONCLUSIONS
Les applications pratiques
Nous nous proposons, dans ce chapitre, de tirer quelques conclusions pratiques des observations d'ordre pédologique et écologique,
qui font l'objet des chapitres précédents. Nous essayerons de dégager les aspects essentiels de la biologie du jeune Mélèze, puis d'en
déduire quelques règles de sylviculture : comment le forestier peut-il
préparer le sol la régénération, par une action à. longue échéance
d'abord, par une intervention immédiate ensuite ?
I. — BIOLOGIE DU JEUNE MELEZE
Si l'on examine les résultats d'ensemble de nos observations précédentes, on ne peut manquer d'être frappé par un fait : le semis
de Mélèze manifeste une indifférence complète aux propriétés chimiques du sol et, en particulier,
la richesse en éléments minéraux, notamment en calcium.
tolère une gamme étendue de pH.
Seule une forte acidité, cle l'ordre de 4 à. 4,5, dans les sols podzoliques, semble lui nuire [OurIIN, 631: encore est-il probable que
cette action nocive résulte non de l'acidité elle-même, mais bien de
l'obstacle mécanique souvent desséchant, représenté par la couche
fibreuse de l'humus brut, à. l'égard de la graine en germination
[HEss, 37]. Le tapis de Mousses, presque constant sur cet humus
brut, joue, aussi, sans aucun doute, un ràle nocif.
Par contre, ce sont les propriétés physiques du sol, liées à. la.
concurrence de la végétation qui apparaissent comme les facteurs
essentiels de la régénération clu Mélèze : la porosité non capillaire,
qui, nous l'avons vu, exprime l'aération et la perméabilité, doit être
élevée, pratiquement supérieure 40 % (au minimum 35 %). Cette
constatation s'impose en comparant des stations voisines, par paire,
l'une sans régénération, l'autre avec régénération: plusieurs de ces
stations figurent sur le tableau V (page 173). Lorsque la porosité
non capillaire descend en dessous de 3o, il est rare, dans les conditions naturelles tout au moins, que la régénération existe.
CONCLUSIONS
I89
L'autre facteur essentiel est la concurrence de la végétation, concurrence superficielle d'une part, particulièrement intense dans les
pelouses denses, les tapis de Mousses, concurrence profonde d'autre
part, exercée par les formations ligneuses, telles que la Lande ou
la Fruticée.
On constate que ces deux facteurs, perméabilité (liée
la porosité élevée) et concurrence, agissent en réalité de façon complémentaire, sur l'alimentation en eau du jeune Mélèze: celui-ci est particulièrement exigeant en eau du sol. il craint sa. dessiccation en saison sèche, soit directement, soit indirectement par suite de la concurrence du tapis végétal.
Pour bien comprendre le comportement du Mélèze à, l'égard de ce
facteur physiologique, l'alimentation en eau. il est nécessaire d'exa-miner les deux pilases de la vie du jeune Mélèze.
1" phase: la graine en germination et le semis très jeune
La graine ne peut germer que sur un substratum humide, et la
radicule ne peut traverser les obstacles mécaniques, tels que les lacis plus ou moins fibreux qui constituent un milieu sec, sans réserve
d'eau. Les grailles se dessèchent si elles sont isolées du sol minéral,
par un feutrage dense de racines et cle rhizomes de Graminées, ou
par une couche serrée de Mousses, ou par une litière épaisse
les non décomposées : enfin, l'humus fibreux acide, qui retient l'eau
énergiquement, se comporte vis-à-vis de ces grailles en milieu physiologiquement sec (horizon Ao des podzols).
Cependant, si ces obstacles sont assez peu épais, en certains points
tout au moins, la radicule arrive à, les traverser et à, pénétrer dans le
sol minéral sous-jacent. C'est alors qu'intervient la concurrence pour
l'eau, résultant de la végétation superficielle, notamment de la pelouse: Celle-ci exerce, si elle est très dense, un double effet desséchant: d'une part, elle diminue la perméabilité du sol et, par conséquent, favorise les pertes par ruissellement ou par évaporation; d'autre part, elle absorbe, en saison sèche, les réserves d'eau de la tranche
superficielle du sol.
L'influence défavorable de la pelouse sur la perméabilité a été
clairement démontrée par les auteurs suisses [HEss, 36 - FREI, 271.
Nous-même avons mesuré, pour la station 34 (Forêt d'Aig-uilles)
pente de 3o %, la vitesse d'infiltration de litre d'eau (méthode
RURGER), sur une bande décapée et sur la pelouse voisine: le temps
observé était de 5 mn Io s sur la bande et de 7' mn 3o s sur la pelouse.
Quant au dessèchement superficiel du sol par absorption d'eau,
PUTOD [711 a constaté qu'il était particulièrement important dans
les pelouses des régions méditerranéennes, caractérisées, comme les
Mélézeins les plus méridionaux, par une saison sèche estivale.
'GO
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
Ainsi la pelouse dessèche la partie superficielle du sol : mais, dans
certains cas, la racine pivotante du jeune Mélèze, qui s'enfonce rapidement, peut trouver dans itne couche plus profonde du sol l'humidité qui lui est nécessaire, condition que la perméabilité soit suffisante pour permettre la pénétration rapide de la tranche d'eau qui
s'infiltre; sinon celle-ci reste en surface, emprisonnée dans les vides
capillaires d'un sol trop tassé et elle est alors rapidement reprise
par la végétation ; c'est ici que la porosité non capillaire intervient en
corrigeant, dans une certaine mesure, lorsqu'elle est élevée, l'effet
néfaste de la concurrence superficielle (cf. stations 38 et 39).
En effet. nous avons pu constater plusieurs reprises que les
semis s'installent sur les sols nus, ou décapés artificiellement, même
si leur perméabilité et leur porosité sont faibles (au moins dans les
stations fraîches, protégées contre une f orte évaporation). C'est
qu'en effet, dans ces conditions, l'alimentation en eau de la plantule
reste suffisante, la tranche d'eau d'infiltration étant toujours beaucoup plus importante que dans les zones enherbées se trouvant au
voisinage.
A titre d'exemples, voici les cas de deux stations dans lesquelles
les semis, abondants sur les zones décapées, sont inexistants dans
les zones enherbées :
— Station 34, porosité non capillaire 21,5 %.
— Col de Vars (à cinquante mètres des stations 15 et 33), porosité non capillaire 12,5 %.
Ainsi, les semis de mélèzes s'installent sur des sols peu aérés, à.
condition qu'ils soient 1114S : ceci démontre que le facteur alimentation en eau est nettement plus important pour le jeune Mélèze que
le facteur aération.
A propos de cette question d'aération, il importe de souligner, au
contraire, que dans tous les sols a microclimat sec, une aération excessive, une porosité non capillaire trop forte, peuvent devenir nuisibles, car elles occasionnent des pertes d'eau considérables par éva-
poration. C'est le cas de certains sols squelettiques non protégés par
le couvert (station 18), ainsi que de la plupart des versants exposés au
Sud, dans les régions climat sec. Dans ces conditions, une forte
perméabilité du sol n'est pas compatible avec la constitution de réserves d'eau suffisantes en saison sèche : la régénération naturelle
du Mélèze est impossible.
En résumé, dans la première phase de la vie du jeune Mélèze, le
facteur essentiel est la concurrence superficielle du tapis herbacé :
Si elle est très forte, il n'y a régénération en aucun cas. Si elle n'est
pas excessive, elle est, dans une certaine mesure, corrigée par une
bonne porosité et une f orte perméabilité du substratum : mais ces
derniers facteurs perdent leur importance lorsque la concurrence superficielle est nulle.
191
CONCLUSIONS
2e phase: le semis figé de quelques années
On constate que le facteur essentiel n'est plus la concurrence superficielle, mais la concurrence profonde exercée par une végétation
arbustive (suivant les cas, Lande ou Fruticée): S'ils ont pu s'y installer antérieurement, les semis Agés vivent fort bien dans une pelouse, rnéme assez dense : citons les stations 17 - 28, dans lesquelles
on trouve des régénérations datant d'une dizaine d'années, époque
oit le sol n'était que faiblement colonisé par la végétation; la pelouse
est ensuite devenue plus serrée, et a, interdit l'accès de, la station aux
semis plus jeunes, alors que ceux qui sont déjà installés continuent
à vivre.
Par contre, dans la vieille Lande Rhododendron, de mémé que
dans la Fruticée dense, on n'observe jarnais de semis iigés; dans les
stations, partiellement enva.hies par ces formations, ils n'existent que
dans les vides laisses par les taches d'Ericacées ou d'arbustes neutrophiles (stations 23 à, 27).
Mais alors, la porosité non capillaire, la perméabilité, n'exercent,
à ce stade, aucune influence favorable susceptible d'atténuer l'effet
de cette concurrence des espèces ligneuses : Si une forte perméabilité
corrige, dans une certaine mesure, l'action de la concurrence en surface, elle ne peut qu'aggraver celle de la concurrence profonde.
Nous avons déjà noté la porosité non capillaire particulièrement
Fruticée d'une part, des sols podzoliélevée des sols bruns jeunes
ques Lande d'autre part.
Par exemple:
Station 210 (Fruticée): porosité non capillaire, 41 %.
Station 43 (Lande): porosité non capillaire, 51,5 %.
Station 45 (Lande): porosité non capillaire, 39. %.
Le tableau suivant résume ces ,observations.
TABLEATJ IX
FACTEURS PHYSIQUES DU SOL, CONCURRENCE ET RÉGkNÉRATION
Végétation
Sol
Porosité et
perméabilité
Concurrence
vitale
Régénération
—
r° Pelouse dense ....
Sol brun
évolué
2° Id. Zones décaPées
artificiellement ...
3° Pelouse lache (avec
taches de Lande ou
de Fruticée) Sol brun
jeune
4° Fruticie dense
5° Lande dense
Podzol
faibles
forte
(en surface)
nulle
faibles
nulle
bonne
fortes
moyenne
ou faible
bonne
fortes
forte
(en profondeur)
nulle
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÈZE
I92
On peut alors formuler la conclusion suivante:
La concurrence pour l'eau est le facteur essentiel conditionnant la
régénération du Mélèze: si elle est faible, la régénération est bonne;
si elle est moyenne et ne s'exerce qu'en surface, une perméabilité'
élevée atténue ses effets; si elle est élevée, la régénération est inexistante dans tous les cas.
II.
—
QUELQUES CONCLUSIONS PRATIQUES
Nous terminerons cette étude par quelques brèves considérations
d'ordre pratique, concernant les possibilités d'action du forestier,
dans le but de favoriser la réP-énération naturelle du Mélèze : Cette
action pourra are double et s'exercer, d'une part à longue échéance, en orientant par une sylviculture appropriée l'évolution du milieu dans un sens favorable, d'autre part à courte échéance, en
intervenant au moment même des coupes de régénération. Nous
nous bornerons à compléter ici les notions de sylviculture déjà développées dans le travail de P. FOURCHY, publié d'autre part.
I°
Action prog ressive longue échéance
(avant la période de régénération)
-
L'idéal, d'après ce que nous avons dit, consiste à maintenir un
équilibre entre des associations antagonistes, sur un sol qui reste
jeune et aéré. La sylviculture du Mélèze doit donc s'efforcer d'empêcher l'évolution de la végétation vers une association stable, caractérisée par la présence presque exclusive d'un groupement écologique
déterminé, tel que la Pelouse trop dense, la Lande ou la Fruticée.
Or, le sylviculteur dispose d'un moyen d'action puissant — à condition qu'il puisse le doser A son gré par une réglementation minutieuse — c'est le pâturage. Nous avons souligné l'importance de ce
facteur biotique et l'influence déterminante qu'il exercait sur l'évolution des associations.
Mais nous avons dit également que le pâturage pouvait agir de
façon tres différente, voire opposée, suivant son intensité d'une part,
et suivant la nature des autres facteurs du milieu d'autre part. Son
utilisation, dans un sens ou dans l'autre, sera donc délicate, elle devra être dosée et nuancée en fonction des circonstances. A ce point
de vue, la topographie, surtout, intervient de façon décisive, dans
l'orientation de l'évolution du sol et de la flore: sur les pentes escarpées — difficilement accessibles au bétail lui-même — le pâturage n'est jamais nuisible, il rajeunit le sol et empêche l'installation
exclusive de la Lande ou de la Fruticée. Mais il doit cesser temporairement, lorsque arrive la mise en rég-énération proprement dite.
Par contre, sur les replats et les faibles pentes, il offre toujours
CONCLUSIONS
193
de graves dangers, parce qu'il favorise la formation d'une pelouse
dense, ennemie du Mélèze, sur un sol trop tassé.
C'est dans les cas intermédiaires que sa réglementation sera particulièrement délicate: il faudra tenir compte, pour définir la solution la plus favorable, de l'état actuel du sol et de la végétation, de
la nature plus ou moins friable de la roche-mère et de sa résistance
l'érosion, de la pente, etc... On ne peut donc formuler de règle
générale: bornons-nous A indiquer ici qu'un pâturage nztocléré maintient, dans la plupart des cas, un état de végétation transitoire, A
mi-chemin entre la pelouse et la lande, sur un sol suffisamment rajeuni, qui permettra, le moment venu, une bonne régénération du
Mélèze, et exigera, alors, une mise en défens.
Ces observations sont valables pour le pâturage exercé par les bovins. En ce qui concerne les ovins, il semble que leur action érosive
et rajeunissante du sol soit plus énergique encore: elle assurerait
ainsi une bonne préparation du sol, mais, plus encore que pour les
bovins, une mise en défens apparaît indispensable lorsque arrive la
période de régénération ; les ovins, en effet, broutent fréquemment
les semis de Mélèze.
2°
Action immédiate, en période de régénération
L& décapage du sol, enlevant la végétation superficielle de Graminées et de Mousses, est toujours très favorable A l'installation du
jeune semis, car il supprime A la fois les obstacles mécaniques A
la germination et la concurrence pour l'eau; il est donc particulièrement A recommander. Il pourra être accompag-né d'un léger émiettement du sol qui améliorera la porosité, mais il faudra se garder de
provoquer ainsi, par la rupture des canaux capillaires, la formation
superficielle d'une couche de terre sèche, qui isolerait la graine du
substratum humide et contrarierait la germination: Nous ne faisons
que souligner ici l'intérêt théorique de cet écrofitage superficiel, sa
réalisation pratique ayant fait l'objet d'une étude approfondie dans
le travail de P. FouRcHv.
Lorsque le sol est envahi par une brosse d'arbustes ou d'Ericacées,
il n'y a pas d'autres moyens pour obtenir la régénération, que de
procéder A une extraction de la strate arbustive, accompagnée d'un
décapage de l'horizon An d'humus brut, s'il est très épais.
III. -- RESUME ET CONCLUSIONS GENERALES
On observe, dans les Mélézeins de haute montagne, quatre types
principaux de sols et de végétation:
I° Les sols squelettiques, partiellement occupés par des espèces
pionnières (o groupement écologique » des colonisateurs).
194
PkDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MELEZE
2° Les sols bruns jeunes, sur stations en pente, qui sont le plus
souvent caractérisés par une pelouse peu dense, en équilibre avec
des espèces d'un stade ultérieur progressif : Lande (sol siliceux) —
formation arbustive ou Fruticée (sol calcaire) — espèces sylvicoles
(dans tous les cas).
3° Les sols bruns évolués, riches en éléments fins, sur replats et
faibles pentes, le plus souvent très pâturés et caractérisés par une
« pelouse » dense et homogène.
4° Les sols podzoliques, occupés par une lande ancienne à, Ericacées (Rhododendron Vaccinium).
-
Lc Mélèze se régénère bien sur les sols squelettiques et, dans la
plupart des cas, sur les sols bruns jeunes du second groupe, tant
que la concurrence exercée, d'une part, en surface par la pelouse,
d'autre part, en prof ondeur par les espèces arbustives (Lande ou
Fruticée), reste peu intense : les stations qui lui conviennent le mieux
sont donc celles dans lesquelles aucun de ces groupements ne prédomine nettement, mais oit ils restent en concurrence.
Lorsqu'un groupement écologique tend
l'emporter sur les autres, devenir exclusif, les régénérations de Mélèze disparaissent :
c'est le cas des pelouses serrées sur sol brun tassé, des landes sur
sol podzolique (climax), des fruticées denses, sur un sol qui reste
du type brun peu évolué (paraclimax). Ces deux dernières associations constituent les aboutissements stables de séries évolutives, l'une
sur roche-mère siliceuse, l'autre sur roche carbonatée. Par contre, la
pelouse n'est stable que dans la mesure où le pâturage continue ; s'il
cesse ou s'il diminue d'intensité, elle est susceptible d'évoluer â. nouveau vers la, Lande ou la Fruticée, ce qui donne lieu â. une nouvelle
phase de transition favorable au Mélèze.
C'est la concurrence pour l'eau qui conditionne les possibilités
d'existence du jeune Mélèze : Si elle est faible (colonisation incomplète d'un sol jeune), les semis sont en général abondants. Si
elle est plus intense, mais localisée en surface (pelouse â lacis superficiel de racines de Graminées), une bonne perméabilité du sol
(forte porosité non capillaire) peut, dans une certaine mesure, atténuer ses effets. Si elle est forte, et surtout si elle s'exerce dans les
couches plus profondes du sol (Lande et Fruticée), la régénération
de Mélèze est toujours inexistante.
Le sylviculteur pourra influencer l'évolution des sols et de la flore
dans un sens favorable, en « dosant » l'intensité du pâturage, d'après la roche-mère, la pente, l'état de la flore. En période de régénération, il devra réduire, dans la mesure du possible, la concurrence en surface par des « écrofitages » de la pelouse, ou de la couche de Mousses et, s'il y a lieu, la concurrence en profondeur par
des extractions du sous-bois arbustif. Le pâturage devra alors temporairement cesser.
ZUSAMMENFASSUNG
195
ZUSAMMENFASSUNG
Vier Bodenarten können in den Lärchenwäldern unterschieden
werden :
i° Petrogene Rohböden; von den Pionierarten teilweise besiedelt
(Ansiedlungstadium).
2° Unentwickelte junge Braunerden, auf geneigten Stationen ; sie
sind mit einem diinnen Rasen, bedeckt, in dem sich stellenweise Arten eines weiteren Stadiums (Heide — Sträuchergesellschaften
\Valdg-esellschaften) befinden.
3° Entwickelte Braunerden, auf flachen oder wenig geneigten
Stationen; sie sind allg.-,emein viel geweidet und mit einem reinen,
dichten Rasen bedeckt.
4° Podsolböden, mit einer alten Heide von Rhododendron und
V acciniurn bedeckt.
Die Lärche verjüngt sich gut auf den Rohböden und auch im
allgemeinen, auf den jung-en unentwickelten Braunerden wo der
Wettbewerb der Vegetation noch gering bleibt. Die günstigsten Stationen, sind also diejenigen in welchen keine ökologische Pflanzengruppe allein vorherrscht. Im Gegenteil, wenn eine ökologische
Pflanzengruppe die anderen verdrängt, und beherrscht, fehlt die
natürliche Verjüngung der Lärche ; wir haben drei Beispiele beschrieben : - die dichten Rasen auf vollentwickelten Braunerden.
2 - die Heiden auf Podsolböden. 3 - die Straiichergesellschaften auf
unreifen Braunerden. Diese zwei letzteren Pflanzengesellschaften
bilden das standhafte Endstadium der Veg-etationsentwicklung, auf
Silikatmuttergestein (Heide) oder auf Kalkmuttergestein (Stratichergesellschaften). Dagegen, ist der Rasen eine « Dauergesellschaft », nur so lange die Beweidung fortgesetzt wird; wenn sie
sielt abnimmt oder aufhört, so kann die Rasengesellschaft wieder
in Heide (Silikatbiiden) oder in Sträuchergesellschaften (Kalkböden)
sich langsam verä.ndern: damit werden die Umstände wieder gunstig
für die Lärche,
Die Lebensmöglichkeiten der jungen Lärche sind zuerst durch
den Wettbewerb für Wasserernährung bedingt : ist dieser schwach
(Ansiedlungstadium), so sind die Lärchenkeimlinge zahlreich. Dagegen, wenn er stark ist, so sind zwei Fälle zu interscheiden: in dichtem Rasen, wo dis Wurzeln flachgründig sind, wird die Wasserversorgung durch eine gute Bodendurchlässigkeit (= hohe Luft-
I96
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLÉZE
kapazität) verbessert. Wenn aber die Wurzeln der Pflanzen sich tief
im Boden erstrecken (Heide und Sträuchergesellschaf ten), so kann
die natürliche Verjüngung der Lärche niemals gedeihen.
Der Waldbau kann auf die Entwicklung des Bodens und der
Vegetation einwirken, und sie in eine gute Richtung leiten ; er kann
die Anzahl des weidenden Viehs entweder verstärken oder vermindern. In Verjüngungszeit dagegen soll die Beweidung immer streng
verboten werden. Der Pflanzenwettbewerb wird durch eine oberflächliche Bestellung und Strauchausziehung bekämpft.
SUMMARY
I97
SUMMARY
Four types of soil and vegetation can be distinguished in the larch
stands at high altitude.
I° The skeletal soils, partially occupied by pioneer species (ecological plant group of colonising species).
2° The immature brown earths, on sloping sites, mostly characterized by grass mixed with scattered species progressively reaching a
further stag-e : Heath (siliceous soil) — shrub formation (calcareous
soil) — forest species (in every case).
3° The mature brown earths, rich in clay and silt, on flat or gentlysloping sites, g-enerally heavily grazed and characterized by a dense
and homogeneous grass.
4° The podzolic soils, occupied by an old heath supporting ericaceous plants (Rhódodendron Vaccinium).
Larch reseeds by itself very well on skeletal soils and most often,
on undeveloped brown earths of the second group, provided the
competition from the grass, on the surface, on one hand, and from
the deeper roots of the shrubs, on the other hand, is not intense. The
best suited sites are those in which none of these vegetation groups
predominates clearly, but where they stand in competition.
When an ecological plant group has a tendency to prevail over the
others and to exclude them, the reseeding of larch does not occur.
It is the case for grasslands with a dense vegetation on compact
brown earths, for heaths on podzolic soil (climax), for close shrub
growth on little developed brown earth (paraclimax).
The last two plant communities constitute the ultimate stage of
successions, the one on siliceous parent material, the other on limestone. F3ut the stability of the grassland is dependent upon the continuation of grazing : if it is discontinued or reduced, g-rassland may
develop into heath or into shrub growth which produces a new transitional stage favourable to the larch.
The life of the younig larch depends upon the competition for
water. If this competition is not strong,- (incomplete colonisation of
an immature soil), the seedlings are g-enerally abundant. If it becomes intense, but limited to the surface (grassland with a shallow root
system of graminaceous plants) a good permeability of the soil (noncapillary strong porosity) can to some extent, attenuate its effects.
If this competition is hard, and if it especially takes places in the
-
198
PÉDOLOGIE ET FACTEURS BIOTIQUES DU MÉLAZE
deeper layers of the soil (hcath or shrub formation) the reseeding
of larch can never be expected.
The silviculturist can exert an influence on the development of
the soils and the flora f or a favourable result, in increasing or decreasing the grazing-, according- to the parent-rock, the slope and
the flora. In period of reseeding, he shall have as much as possible,
to reduce competition on the surface by scalping- the grass, or the
moss layer, and, if it proves necessary, to reduce also competition
in the deeper layers by pulling out the shrubs. During this period,
g-razing must be prohibited.
(Trad. M. GROSDIDIER.)
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