se nourrir à mada - Site académique d`Histoire Géographie de La

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Fiche élève/ Étude de cas
Se nourrir à Madagascar
Document 1/Profil nutritionnel de Madagascar, site de la FAO, http://www.fao.org/ag/AGN/nutrition/MDG_fr.stm
« La population de la République de Madagascar est très jeune et essentiellement rurale ; elle est dense sur les HautesTerres. La population rurale vit dans une multitude de petites exploitations agricoles dont les produits sont
principalement destinés à l'autoconsommation. Leur production est fréquemment mise à mal par des catastrophes
naturelles.
Economiquement, Madagascar fait partie des pays les moins avancés de l'Afrique subsaharienne et sa croissance a été
affectée par de nombreuses crises politiques et sociales. (...) La forte morbidité est accentuée par un très faible accès à
l'eau potable et par des problèmes d'hygiène et d'assainissement.
La pauvreté touche les deux tiers des malgaches. Associée aux catastrophes naturelles, à une baisse des disponibilités
alimentaires et à un accès limité aux aliments, la pauvreté a pour conséquence une forte insécurité alimentaire des
ménages. Les disponibilités alimentaires sont insuffisantes à couvrir les besoins énergétiques de la population dont plus
d'un tiers est sous-alimentée. Quantitativement insuffisantes, les disponibilités alimentaires sont aussi insuffisamment
diversifiées.
(...) La prévalence du retard de croissance (malnutrition chronique) est très élevée parmi les enfants d'âge préscolaire.
Elle touche la moitié des enfants malgaches. La prévalence de la maigreur (malnutrition aigue) est également forte. De
plus, aucun recul important de la malnutrition n'a pu être observé depuis plus d'une décennie. La situation
nutritionnelle des femmes en âge de procréer est tout aussi préoccupante. (...) »
Document 2/ Madagascar en chiffres (Source: FAO STAT + Atlaseco)
Superficie
58 704 km2
SAU
48 843 km2 (estimation)
Population
19,6 M. hab. (2009) dont 80% ruraux
PIB
PIB/hab
9463 M. $ (l'agriculture n'en
représente qu'1/3 )
263 $ (2007)
IDH
0,5
Tx alphab.
Hommes: 75%; Femmes: 65%
Productions
agricoles
Riz, vanille, clous de girofle, coton,
sucre, manioc, patates, maïs...)
Document 3/ Le riz représente 45% (estimation)
de la production agricole malgache (contre 40% de
cultures vivrières, 12% de cultures commerciales et
3% de maraîchage)
Document 4/ Système de riziculture intensive,
www.ilo.cornell.edu/images/th3.pdf
« La place prépondérante qu'occupe le riz dans le revenu des
ménages, l'alimentation, ainsi que l'utilisation de la terre dans le
milieu rural malgache permet de supposer que l'accroissement du
rendement du riz auprès des petits exploitants agricoles peut
avoir des impacts importants à la fois sur la pauvreté et sur
l'environnement à Madagascar.
Le Système de riziculture intensif a ainsi suscité un vif intérêt
parmi ceux qui sont concernés par le développement durable en
général, et par l'agriculture ne particulier. (…) le SRI accroît les
rendements d'une manière considérable, voire spectaculaire, et
cela avec peu ou pas d'achats d'intrants extérieurs. (…)
Cependant, malgré les avantages apparents du SRI, la méthode
n'a pas encore été largement adoptée à Madagascar. (…) La
grande partie des ressources consacrées au SRI ont été utilisées
soit pour sa vulgarisation auprès des cultivateurs, soit pour la
recherche agronomique des rendements générés par le SRI et au
1niveau actuel de diffusion du SRI. (…) Sur le plan national, plus
de 62% des communes productrices de riz déclarent ne pas
pratiquer le SRI.»
Document n°5/Caricature de Ndriana, 22/01/09
(« Allons d'abord sauver le peuple, car nous ne sommes pas en
guerre »)
Document n°6/ « Une société minée par la pauvreté et la prévarication », R. Carayol, Le Monde
diplomatique , mars 2009,
« Face aux cases en bois du bidonville, de l’autre côté du canal qui fait office de frontière avec la zone industrielle
d’Ivandry, se dresse un immense immeuble de verre. A l’intérieur sont exposées des Porsche, des Mercedes...De un à
huit sous la Ire République (1960-1972), la différence de salaire est passée à un contre cent actuellement ; 70 % des
dépenses de la majorité des foyers sont affectées aux besoins élémentaires ; le reste sert à payer l’école, la santé... Dans
ce contexte, les chiffres affichés par le gouvernement — une croissance de 5 % par an depuis 2003 — laissent songeur.
Et le coût de ses grands travaux paraît indécent tant ils semblent ne profiter qu’au monde des affaires : 37 milliards
d’ariarys pour l’aménagement du port de Toamasina et de la route menant à la capitale ; 22 milliards pour l’extension
de l’aéroport d’Antananarivo ; 3,3 milliards d’investissement de la part d’un consortium international, Sherritt
International Corporation, pour exploiter les mines de nickel et de cobalt d’Ambatovy (nord-est d’Antananarivo)...
Le « réformisme » du président touche aussi le monde rural. Depuis trois ans, il a lancé un vaste programme de
modernisation de l’agriculture : la « révolution verte » doit aboutir à la multiplication par trois de la production
alimentaire d’ici à 2012...
(...)Les paysans de la région en savent quelque chose. Certes, ils bénéficient de toute une série de programmes censés
les aider à passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture de marché : projet de promotion des revenus ruraux
(PPRR), Madagascar action plan (MAP), qui consiste à aider trente familles à s’installer et à recevoir une formation
agricole, projet de soutien au développement rural (PSDR). En 2005, le gouvernement a en outre voté une loi visant à
permettre aux paysans d’obtenir des titres de propriété pour les terres qu’ils travaillent depuis plusieurs générations et
que la tradition orale leur a attribuées.
Il est toutefois difficile, pour un paysan qui ne dispose pas de 1 euro par jour pour manger, de sortir les 50 000 ariarys
(20 euros) nécessaires à l’instruction du dossier, auxquels s’ajoutent les frais de déplacement des inspecteurs chargés
de vérifier les faits. Difficile... et incompréhensible. « Pourquoi voulez-vous que je paye pour un terrain qui
m’appartient !, s’exclame un paysan. Mon père, mon grand-père l’ont travaillée, cette terre. Ils y ont été enterrés ! »
(…) L’année dernière, des entrepreneurs chinois ont engagé, avec l’autorisation du gouvernement, un programme
expérimental afin de tripler la production de riz sur une zone de cent hectares. Les paysans pensaient qu’une partie de
la production leur reviendrait. Les investisseurs comptent tout récupérer.C’est également (entre autres) dans cette
région que l’entreprise sud-coréenne Daewoo Logistics compte s’implanter (...)Créée après la faillite du groupe
Daewoo en 1999, cette société a fait de la mise en place de grands projets de développement des ressources naturelles
sa spécialité. Une forme de « néocolonialisme », qui consiste à cultiver dans un pays riche en terres, mais pauvre en
devises, les produits dont ont besoin les habitants des pays pauvres en terres mais riches en devises. »
Questions:
–
A partir des documents 2, 3, 4, 5 et de la carte vidéoprojetée, indiquez les éléments en faveur d'une agriculture
productive à Madagascar.
–
Quels comportements (des paysans, des responsables politiques, des investisseurs étrangers) contribuent à
maintenir la pauvreté de la majorité des agriculteurs malgaches? (documents 1, 2, 4, 5 et 6)
–
Rédigez une synthèse d'une dizaine de lignes dans laquelle vous montrerez que les facteurs naturels, et les
facteurs humains, se combinent pour expliquer la situation actuelle de Madagascar, incapable de nourrir la
totalité de sa population.
Vocabulaire et notions: Riziculture, agriculture vivrière, agriculture de rendement, surface agricole utile (SAU), SRI,
« Révolution verte », rendement agricole, sécurité alimentaire, prévarication, néocolonialisme...
Compléments: http://www.youtube.com/watch?v=P0UYXNuhpuM, reportage de Nicolas Duriez, mars 2008.
2
Fiche professeur
Cette étude de cas peut servir d'introduction au chapitre de géographie de seconde consacré à « Nourrir les hommes »,
en particulier le point 2 « Assurer la sécurité alimentaire ».
Elle nécessite environ 30 minutes de réflexion et de travail par les élèves (15 mn pour répondre aux 2 premières
questions, 15 mn pour rédiger la synthèse; au besoin, celle-ci peut être demandée comme travail à faire à la maison), à
condition d'accorder une dizaine de minutes au préalable à une rapide présentation de Madagascar et de son système
agricole à l'aide des 2 premières pages du « Paperboard » sur TBI (projections de cartes, commentées par le professeur).
Les documents choisis et l'angle d'approche vont quelque peu à l'encontre des idées reçues des élèves sur Madagascar:
une île pauvre, inéluctablement. Auprès des élèves Réunionnais, il convient même d'être attentif au discours politique
hérité sous-jacent « l'Indépendance conduit à la pauvreté ». L'analyse de la FAO (document 1) est elle-même peu
encourageante sur la situation actuelle de Madagascar en terme de sécurité alimentaire = garantir à la population une
nourriture suffisante, supérieure à 2400 calories/jour et par habitant, et de qualité). Il s'agit donc de dégager ici le
paradoxe d'une île-continent, vaste, offrant des climats variés, une abondante SAU, une paysannerie nombreuse en
terme de secteur d'activité: 28% de la population active (d'après les chiffres du Ministère de l'Agriculture), mais près de
80% de la population totale (sur une vingtaine de millions d'habitants) vivant en zones rurales.
L'éventail des productions est varié (tableau n°2 + carte projetée, issue du recensement des communes 2001,
Programme ILO, Cornell University), auquel il faut ajouter les ressources de la pêche et de l'aquaculture (crevettes,
langoustes, + concombre de mer: voir l'article de LAVITRA, RASOLOFONIRINA, JANGOUX et EECKAHAUT dans
la revue Tsingy, n°9, 2ème semestre 2008). Le tableau vidéoprojeté sur l'évolution de trois productions importantes (riz,
manioc et coton) entre 1975 et 2009 (données issues du Ministère de l'Agriculture, Service Statistique) en rapport avec
la croissance démographique , permet de montrer aux élèves la croissance régulière des productions vivrières, mais
cahotique en ce qui concerne une culture de rendement comme le coton, laquelle par ailleurs est forte consommatrice
d'eau, et d'intrants -engrais-, et relativement épuisante pour les sols. Cette dernière production est aussi fortement liée
aux fluctuations du marché international. L'augmentation de la production est par ailleurs soutenue par de nombreux
programmes nationaux soutenus par l'aide internationale (MAP, PSDR). La place de la riziculture est aussi
prépondérante dans l'île: Madagascar a été exportateur de riz, y compris à destination de La Réunion, jusque dans les
années 70. Aujourd'hui, l'île est tributaire, dans certaines régions (le sud et le sud-ouest) de l'aide alimentaire
internationale dans les périodes de sécheresse. Mais l'ensemble des documents cités en question 2 mnotre que les
difficultés proviennent essentiellement de trois facteurs principaux:
–
l'absence de formation généralisée auprès d'agriculteurs, souvent peu alphabétisés (échec relatif du SRI)
–
la carence des pouvoirs publics, de l'État, aux prises avec la corruption et peu enclins à résoudre efficacement
les défis économiques et sociaux dans une perspective de « développement » éthique
–
la main-mise des investisseurs étrangers (chinois, coréens, …) qui se lancent ces dernières années dans une
politique d'achat ou de location des terres agricoles des pays les moins avancés, pour soutenir leur propre
développement démographique et économique.
A partir de ce dernier point, on peut mettre en perspective l'étude de cas, et enchaîner sur la carte des inégalités
alimentaires dans le monde (Doc Photo n° 8059, page 19, vidéo projetée): les élèves doivent pouvoir nuancer d'euxmêmes l'amalgame « pauvreté / sous-alimentation » par la mise en relation avec les facteurs socio-politiques, et par
l'observation attentive du phénomène à différentes échelles. En outre, l'étude de cas permet de relativiser la notion de
« Révolution verte », telle qu'elle a été appliquée en Inde: l'augmentation brute des rendements n'est pas un objectif
suffisant en terme de « développement »; il faut y adjoindre nécessairement la prise en compte du revenu des paysans et
les atteintes à l'environnement...
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