
Réseau Accélérométrique Permanent (RAP ; http://www-rap.obs.ujf-grenoble.fr) dans la cuvette
grenobloise.
L'existence de tels effets attire aussi l'attention sur la sensibilité potentielle des bâtiments de grande
hauteur (10 étages et plus) à de gros séismes plus lointains (Durance, Ligurie, Valais, ...) : dans les
tours les plus hautes de l'Ile Verte, le tremblement de terre du Friul en 1976 à 500 km à l'Est a
même provoqué une frayeur suffisante pour amener certains habitants à passer la nuit dehors, tandis
que lors du séisme de Remiremont du 22 février 2003 (Ml 5.4 à 400km au Nord) des témoignages
rapportent des vibrations ressenties dans les plus hauts étages. Tout récemment, le séisme de
Baumes les Dames dans le Jura (23 février 2004, Ml=5.4), localisé à environ 150km au Nord de
Grenoble, a été lui aussi fortement ressenti par la population. Les niveaux d’accélération dans la
cuvette grenobloise ont atteint 0.006g au sol et montraient des amplifications importantes dans une
gamme de fréquence comprises entre 0.3 et 7Hz, soit celles de la plupart des bâtiments de Grenoble.
De nombreuses études ont ainsi été menées (et continuent de l’être) telles que le forage de
Montbonnot (Nicoud et al. 2001), des reconnaissances géophysiques sur le remplissage quaternaire
(Dietrich et al., 20001), des mesures de bruit de fond (Lebrun et al., 2001 ; Bettig et al., 2001), des
reconnaissances géotechniques et des modélisations numériques (Moczo et al., 2000 ; Chaljub et al.,
2004) qui permettent de mieux prévoir les mouvements du sol susceptibles d’être observés dans la
cuvette grenobloise pour des scénarios réalistes : les estimations d'accélération maximale à la
surface du bassin peuvent atteindre et même dépasser 0.3 g à des niveaux spectraux notablement
supérieurs aux niveaux réglementaires, surtout pour les bâtiments de plus de 6-7 étages.
Cette "menace" (modérée) se traduit concrètement par le classement de la région grenobloise en
zone "Ib" du zonage sismique national, ce qui rend obligatoire l'application des règles de
construction parasismique (dites règles PS92) avec une accélération de calage de 0.15 g. Une
révision du zonage sismique national selon une approche probabiliste (Beauval, 2004) est en cours
dans le cadre de la préparation à l’arrivée de la nouvelle réglementation européenne à l’horizon
2005. Les résultats préliminaires des études en cours indiquent des niveaux de cet ordre de grandeur
pour l’ensemble de la zone « Nord des Alpes françaises », alors qu’elles révisent plutôt à la baisse
les niveaux dans les zones réputées les plus sismiques de métropole (Alpes-maritimes, Provence,
Pyrénées orientales, Sud-Alsace). Grenoble devient ainsi une des régions les plus sismiques de
France métropole, les effets de site particuliers (actuellement non pris en compte dans la
réglementation) aggravant encore cette situation.
La connaissance de l’aléa sismique local et régional à Grenoble justifie amplement les études
de vulnérabilité que nous menons actuellement. Cependant, le risque sismique grenoblois reste
modéré en comparaison des zones très actives qui ont vu se développer des méthodes d’évaluation
de leur vulnérabilité (par exemple, Etats-Unis, Italie, Japon…). Ces méthodes, souvent très
sophistiquées, nécessitent un coût de réalisation qui est difficilement justifiable pour un
environnement à sismicité modéré comme celui de Grenoble, même si le risque sismique n’y est pas
négligeable. L’objectif du projet VULNERALP n’est pas de proposer une nouvelle méthode
d’évaluation de la vulnérabilité, mais plutôt d’adapter celles existantes au cas de Grenoble.
Une première étape consiste donc à établir l’inventaire des constructions que l’on rencontre
dans l’agglomération. Cette dernière a été urbanisée à des époques différentes, ce qui donne une
variabilité importante dans les techniques de constructions employées. Cette première étape doit
permettre d’établir une typologie grenobloise de la construction dont les répartitions spatiales et
géographiques seront analysées. La ville sera ainsi divisée en zones (ou secteurs) homogènes au
sens de la vulnérabilité sismique, chacune d’entre elles caractérisée par une répartition de
construction de chaque type. La relation entre la typologie grenobloise et celle donnée par l’Echelle
Macrosismique Européenne (EMS98) sera systématiquement proposée, ce qui nous permettra
d’évaluer la vulnérabilité niveau 0 de Grenoble selon l’EMS98.