Aspects généraux
de la réponse immunitaire
> L’immunité naturelle
Les mécanismes anatomiques et physiologiques en
place avant la première exposition et qui contribuent
à l’immunité sont qualifiés “d’innés”. Beaucoup de ces
mécanismes sont primitifs (lysozyme, phagocyte),
alors que d’autres plus complexes existent seulement
chez les vertébrés et sont encore plus sophistiqués
chez les mammifères (ex : cellules natural killer ou NK)
(Tableau 1).
Chez les mammifères, le rôle initial de l’immunité
naturelle est d’éliminer les micro-organismes lorsque
cela est possible. Lorsqu’une infection survient, la
réponse naturelle conduit à un ou tous les résultats
suivants :
1. élimination de l’infection
2. limitation de la progression de l’infection (grâce à
des dispositifs “ralentisseurs”)
3. stimulation de l’immunité acquise avec production
d’une réponse inflammatoire précoce à l’infection.
L’immunité naturelle procure donc les “signaux de
danger” qui donnent l’alerte et activent les
réponses immunitaires acquises.
La reconnaissance des microbes
Les cellules de l’immunité naturelle possèdent des
récepteurs évolués qui reconnaissent des molécules
phylogénétiquement conservées. Ces profils molécu-
laires sont dénommés pathogen associated molecular
patterns ou PAMPS. Des exemples de PAMPS sont les
lipopolysaccharides (LPS) contenus dans la paroi des
bactéries gram négatif, l’acide lipotéichoïque contenu
dans la paroi des bactéries gram positif et la double
chaîne d’ARN des virus. Les récepteurs des PAMPS
incluent les récepteurs scavenger (récepteurs éboueurs),
les récepteurs au mannose et la famille des récepteurs
toll-like (TLR) (Akira, 2003). À ce jour, 10 TLR sont
connus chez les mammifères mais l’expression de ces
10 types de TLR n’est pas encore décrite chez le chat.
La plupart des TLR sont des protéines membranaires,
bien que le TLR9 se lie à un ligand intracellulaire
(ADN bactérien). La fixation d’un TLR à son ligand
entraîne l’apparition du facteur de transcription
nucléaire NF-kB, qui pénètre dans le noyau et se lie à
des sites spécifiques sur l’ADN de la cellule hôte,
conduisant à la transcription de gènes pro inflamma-
toires divers. Dans les macrophages et les neutrophiles,
ces gènes codent pour des cytokines (tumor necrosis fac-
tor ou TNF-a, IL-1 et IL-12), des molécules d’adhésion
(E-sélectine), la cycloxogénase (COX), l’oxyde
nitrique synthétase (iNOS), et sur les macrophages les
molécules de costimulation, CD80 et CD86, expri-
mées à la surface des macrophages.
T
ABLEAU
1 - E
LÉMENTS CLÉS DE L
’
IMMUNITÉ INNÉE
Composant Exemples Fonctions
Sécrétions épithéliales Élimination de l’infection, transport
de molécules antimicrobiennes
Barrières épithéliales Élimination de l’infection
Molécules antimicrobiennes défensines, lysozyme Destruction microbienne
Anticorps naturels IgM Opsonisation, fixation du complément
Phagocytes neutrophiles,
macrophages Phagocytose et destruction des microbes
Cellules tueuses cellules “Natural
Killer” (NK)
Lyse des cellules infectées ou néoplasiques,
activation des macrophages
Protéines de la coagulation thrombine Confinement physique des microbes
Complément Destruction des microbes, opsonisation,
chimiotactisme, activation des leucocytes
Protéine C-réactive Opsonisation
F
IGURE
4 - L
IGANDS ET EFFETS DES SIGNAUX ÉMIS
PAR LES
T
OLL
L
IKE
R
ECEPTORS
(TLR)
La voie classique de signalement après l’implication des TLR est l’activation du facteur de
transcription nucléaire NF-kB. Le dimère NF-kB activé diffuse ensuite dans le noyau où il
permet la transcription d’un nombre varié de gènes pro-inflammatoires.
NOYAU
CYTOPLASME
Bactéries gram +
Acide lipotéichoïque
Agent viral à
double ARN
• ADN viral: herpès
• Séquences bactériennes
CpG ADN
Phosphorylation par
la tyrosine kinase
NF-kB
TLR4
TLR1
TLR3
TLR9
TLR2
Facteur de transcription
nucléaire NF-kB
TNFa
COX2
CD80/86
iNOS
Bactéries gram -
Lipopolysaccharide
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Immunité