En Chine, le roi des animaux n’est pas le lion mais le tigre. Malgré sa quasi-extinction, il inspire toujours la plus
terrible frayeur. Des fables le place à la tête des plus féroces régiments. Et des généraux ont revêtu leurs hommes de
tenues zébrées comme la peau du redoutable félin, symbole suprême de force et de puissance. Dans l’imaginaire
populaire, une casquette tigrée protège l ‘enfant contre les mauvais esprits.
Souliers d’enfants décorés de têtes d’animaux censées protéger les petits contre les mauvais esprits.
Aujourd’hui encore, on peut acheter chez les apothicaires et sur les marchés un sexe de tigre déshydraté (qu’il ne faut
pas confondre avec le « baume du tigre » utilisé en Occident contre toutes sortes de maladies). Puis, il y a le mythe du
« tigre de papier ». A l’origine, ce talisman qui protège contre les méchants esprits était accroché partout aux murs,
comme le buis en Occident. Mao Zedong, en fin stratège, sut l’exploiter à des fins politiques. Il qualifia de « tigre de
papier » l’impérialisme américain et les bombes atomiques, par opposition à la solidarité du communisme, exalté comme
l’arme idéologique qui devait protéger le peuple chinois.
Le singe, lui, symbolise l’olibrius, l’excentrique, passablement borné. Tous les enfants chinois connaissent Sun
Wukong, le héros du roman « Le pèlerinage du singe », adaptation du « Xiyou ji » (« Voyage en Occident »), de Wu
Cheng’en, écrit au XVIe siècle. Après avoir offusqué les dieux taoïstes avec ses frasques, Sun Wukong trouve enfin
son maître ! le Bouddha. Mais, même devenu plus sage grâce à sa conversion, le singe fantasque fascine de nos jours
encore des millions de lecteurs et de spectateurs en culottes courtes, dans des bandes dessinées ou transformé en gnome
dans l’opéra traditionnel.
Les aventures du singe Sun Wukong : très populaire auprès des enfants.
Comme animaux domestiques, les Chinois apprécient particulièrement ceux qui flattent l’oreille : grillons, cigales, mais
surtout oiseaux chanteurs qu’ils promènent l’été dans leurs cages à travers parcs et jardins publics. Les foyers chinois
se doivent de posséder au moins une perruche. Ceux qui veulent se défouler des frustrations et des agressions de la vie
urbaine peuvent s’en donner à cur joie lors des fameux tournois de grillons : en Chine, ils jouent un rôle social
semblable à celui des combats de coqs dans d’autres pays.
Le panda –en chinois « maoxiong », « l’ours félin »- demeure le chouchou des Chinois. Dans les parcs zoologiques, il
est toujours le préféré des visiteurs. De même que, jadis, le dragon était le symbole par excellence de l’Empire chinois,
le panda est aujourd’hui celui de la République populaire. Ce « mignon petit animal » est devenu l ‘emblème d’une
nation qui s’ouvre au monde, exporte et s’occidentalise dans son mode de vie. Petit symbole familier, il trône sur les
valises, les crayons, les livres… Les Chinois ne veulent pas entendre parler d’extinction à propos de leur mascotte
nationale. Ils ont donc pris les devants en réussissant à mettre au point un procédé efficace d’insémination artificielle
dont ils sont très fiers.