OCEANOLOGICA
ACTA
1980-
VOL. 3 -
No
3
~
-----i.-
Succession écologique Phytoplancton
Bactéries
Structure des communautés
Activité hétérotrophe
de communautés bactériennes
d 1
' ' 1 t Phytoplankton
au cours e evo u
lOn
Communitys~~~:~~~
d'un
écosystème
phytoplanctoniqùëtrophi""'''''
marin expérimentai
RÉSUMÉ
ABSTRACT
3-1784/1980/293($ 5.00/
C>
Gauthier-Villars
Y.
P. Martin
Fondation océanographique Ricard,
Ile des Embiez,
Le
Brusc, 83140 Six-Fours-les-Plages, France
et Laboratoire
de
Biologie marine,
Faculté des Sciences, Saint-Jérôme,
13013
Marseille, France.
Reçu
le
18/1/80, révisé
le
7/3/80, accepté
le
12/3/80.
L'évolution comparée des populations phytoplanctoniques et bactériennes a été étudiée
lors de productions continues de phytoplancton marin, réalisées en bassin extérieur de
grand volume. Les communautés bactériennes hétérotrophes ont été définies à la
fois
en
termes de structure (numérations, appartenance taxonomique et diversité des écotypes) et
de fonction (physiologie; potentialités métaboliques, activité hétérotrophe). Cette analyse
a permis de délimiter trois systèmes bactériens différents, selon que
le
phytoplancton est en
bon état physiologique et exerce un
effet
simplement stimulant sur
les
bactéries,
ou
est
au
contraire sénescent,
ce
qui
se
traduit par une forte sélection de certains types bactériens.
Les
caractéristiques de la communauté bactérienne, associées au déclin du phytoplancton,
semblent indiquer que son apparition correspond au premier stade de la succession des
bactéries hétérotrophes qui diffère ainsi de celle survenant dans le phytoplancton,
débutant bien plus précocement dès l'apport de sels nutritifs. Ces données permettent de
penser que les peuplements bactériens suivent dans l'ensemble une évolution conforme à
celle des autres groupements d'êtres vivants, des stades pionniers faiblement structurés et
fortement actifs, vers des états plus organisés d'activité plus réduite.
Oceanol. Acta, 1980, 3,
3,
293-300.
Ecological succession
of
bacterial communities
during the development
of
an
experimental marine
phytoplankton
ecosystem
The comparative development of natural phytoplankton and associated heterotrophic
bacteria was studied during the continuous experimental production of marine
phytoplankton in an outdoor tank of very large capacity. Heterotrophic bacterial
communities were defined in terms of both structure (bacterial counts, taxonomie
analysis, diversity ofbacterial eco types) and function (physiology, catabolic potentialities,
heterotrophic activity). This analysis bas permitted the delimitation of three different
bacterial systems, depending on whether the phytoplankton
is
in a good physiological
state, and thus exercises a simple stimulative
effect
on the bacteria, or on the contrary
senescent which leads to a strong selection of certain bacterial types. Judging from its
characteristics, the bacterial community, which makes its appearance
at
the time of
phytoplanktonic decline, occurs
at
the beginning of the succession of heterotrophic
bacteria in this experimental ecosystem. In this respect, the heterotrophic bacterial
succession differs from that of the more precocious phytoplankton community, which
appears as soon as nu trient salts are added.
Our
data make
it
reasonable to suppose that
the dynamic pattern of bacterial communities
is
identical with that of other groups of
organisms, and reflects an evolution from poorly diversified but highly active pioneer
stages to more organized states in which activity
is
reduced.
Oceanol. Acta, 1980, 3, 3, 293-300.
293
Y.
P.
MARTIN
INTRODUCTION
L'analyse de l'évolution des communautés planctoniques
a montré l'existence de successions de populations
orientées, l'évolution s'effectuant selon plusieurs stades
qui correspondent à une structuration croissante du
système considéré (Margalef,
1958).
Cet accroissement de
maturité va de pair avec une organisation plus poussée
des peuplements dans l'espace qu'ils occupent, permet-
tant
ainsi une meilleure gestion du
flux
d'énergie. Ces
concepts écologiques d'une portée générale
ont
été
établis à partir de l'étude quantitative et qualitative des
composants biologiques de l'écosystème planctonique
(phytoplancton et éventuellement zooplancton). Bien
que de nombreux travaux aient révélé l'importance
quantitative des populations bactériennes associées
au
phytoplancton,
il
existe peu d'informations concernant à
la
fois
la structure
de
ces
communautés bactériennes et les
fonctions métaboliques qu'elles exercent
au
sein de ces
biocénoses. Des informations de cette nature sont encore
plus rares
d'un
point de vue dynamique.
Si
le
phénomène
de structuration progressive de l'écosystème phytoplanc-
tonique est bien établi, on ne sait
ce
qu'il en est dans
le
cas
de l'évolution des communautés bactériennes qui lui sont
associées. Ce manque d'informations est
à des causes
diverses. Un premier obstacle réside dans les difficultés
inhérentes à l'observation d'un phénomène dynamique
dans le temps, en milieu naturel et particulièrement en
mer (mélange des masses d'eau, conditions météorologi-
ques et état de la mer.
..
).
Le second obstacle est d'ordre
méthodologique :l'étude de la structure et de la fonction
des communautés bactériennes pose un certain nombre
de problèmes qui rendent son approche délicate. C'est en
particulier le cas pour l'identification des bactéries
rencontrées, et la délimitation de différentes commu-
nautés n'est pas aisée dans la mesure
celle-ci est
généralement réalisée en tenant compte de la composi-
tion spécifique des peuplements.
Nous avons tenté d'aborder
ce
problème d'une façon
expérimentale, grâce à l'utilisation
d'un
dispositif de
production continue de phytoplancton, en grand
volume, soumis aux conditions climatiques extérieures et
à l'élaboration d'une méthodologie permettant d'ana-
lyser simultanément la structure, la physiologie et
l'activité des communautés bactériennes qui lui sont
associées. L'estimation de
ces
caractéristiques autorise
alors la délimitation de
di!Térentes
communautés, qui
seront définies à la
fois
à partir de leurs propriétés
structurales (composition taxonomique, diversité des
écotypes) et métaboliques globales (physiologie, activité).
Cette étude a été réalisée au cours de plusieurs campagnes
dans
le
cadre d'un programme national de recherche du
Centre National pour l'Exploitation des Océans
(Programme Ecotron). La diversité des analyses
effectuées et la relative simplicité du système, dont
l'évolution peut être suivie régulièrement, ont donné lieu
à de nombreuses observations et analyses qui ont fait
l'objet de différentes publications.
La
synthèse des données obtenues
au
cours de
ce
travail
permet d'ébaucher un schéma de la succession des
294
communautés bactériennes au sein de cet écosystème
phytoplanctonique expérimental, schéma que nous
présentons dans cet article.
MATÉRIEL ET
MÉTHODES
Le dispositif expérimental utilisé a été décrit par ailleurs
(Riva, Vicente,
1978).
Il
se
compose d'un bassin d'un
volume efficace de
35
m 3, dans lequel un
flux
continu
d'eau de mer naturelle oligotrophe, pompée dans une
lagune proche (lagune du Brusc, Var, France), est enrichi
également en continu
par
un apport de
sels
nutritifs
(nitrate d'ammonium, silicates, phosphates), permettant
ainsi
le
développement du phytoplancton présent. Le
taux de dilution du bassin et
le
débit des sels nutritifs
peuvent être ajustés selon
les
besoins des expériences.
L'introduction des nutriments conduit à une augmenta-
tion de la biomasse phytoplanctonique, et à la mise en
place d'un peuplement paucispécifique faiblement
structuré avec une exubérance particulière des espèces
opportunistes des eaux méditerranéennes (Skeletonema
costatum, divers Chaetoceros),
ce
qui correspond, selon
Margalef, à l'installation d'un stade 1 de développement
phytoplanctonique (Travers,
1971).
Ce système de faible
maturité persiste pendant 8 à
10
jours avec un plateau de
la biomasse phytoplanctonique, puis on assiste à un
déclin du peuplement en place avec une chute des
paramètres indicateurs de biomasse. Les dinotlagellés et
le
zooplancton prennent une importance plus grande, et
ce
système mieux structuré
se
maintient au-delà avec des
oscillations quantitatives plus ou moins accusées (Nival
et
al.,
1978).
L'étude de l'évolution des communautés bactériennes a
été réalisée essentiellement pendant la période qui suit
l'impulsion initiale donnée au système par l'apport de
sels
nutritifs, c'est-à-dire pendant la croissance, la phase
stationnaire et
le
déclin du peuplement planctonique
initial. Cette période correspond à celle du développe-
ment du premier stade d'une succession phytoplanctoni-
que.
Les
dillërentes expériences de suivi continu ont duré
environ 1 mois.
La méthodologie d'étude des populations bactériennes et
de leur activité a également été décrite par Bianchi et
Martin
(1978),
Cahet et Martin (1978), Martin et Bianchi
(1980).
L'analyse des communautés bactériennes hétéro-
trophes a été abordée à la
fois
par l'étude des
caractéristiques des bactéries isolées du dispositif
(isolement au hasard d'échantillons de souches représen-
tatifs des populations selon un plan statistique pré-établi)
et, selon un aspect plus global,
par
appréciation des
réponses des communautés bactériennes hétérotrophes à
des tests réalisés sur des échantillons d'eau de volume
plus ou moins importants
in
situ. Cette stratégie permet
de décrire
les
communautés et d'en délïnir l'évolution de
deux façons complémentaires :
-en termes de structure, par estimation des paramètres
considérés comme caractéristiques des communautés :
abondance des individus, distribution des souches au sein
de groupes taxonomiques conventionnels, richesse et
diversité des écotypes bactériens déterminés
au
moyen de
programmes de classification automatique (indice de
Shannon; dominance);
-en termes de fonction, selon deux aspects.
D'une
part,
par
des études de laboratoire réalisées
sur
les souches
isolées, pures, permettant l'appréciation
in
vitro des
principales caractéristiques physiologiques
pouvant
intervenir
dans
la régulation de l'activité des différentes
souches bactériennes qui constituent
chaque
commu-
nauté : estimation des différentes potentialités catabo-
liques de ces souches (indice moyen d'utilisation des
composés
carbonés:
IMU;
équipement moyen en
exoenzymes : 1 ME);
d'autre
part,
par
des mesures
d'activité hétérotrophe
in
situ avec l'assimilation et la
reminéralisation de composés carbonés marqués (
14
C),
qui permettent
d'aborder
les relations existant
entre
l'activité hétérotrophe et la production primaire
particulaire et dissoute analysée selon une méthodologie
analogue, ainsi
que
le
taux de régénération de l'azote
ammoniacal
par
dosages chimiques directs.
La figure 1 résume les différents aspects de cette
méthodologie.
Numération des bactéries viables
(milieu
2216
E.1
autres milfeux)
A.
Échantillonnage
Isolements au hasard
20-25
souches par prélèvement
l
Purification
. l
Etude des caractères et
de
la
physiologie des souches
B.
Analyse des individus l
Comparaison des souches; dendrogrammcs
Structure et physioloLe des communautés
C. Analyse des
communauté~
R. h
~d"
. . d p .
1"
. b
1"
1c
esse et
1vers1te
es
otentla Ites meta o
1ques
écotypes; dominance. moyennes.
Genres
ou
groupes taxo-
nomiques prépondérants.
Dimension des communautés :
effectifs
(cf
A)
D. Activité
Renseignements d'ordre nutri-
tionnel-spécialisation des po-
pulations:
-IMU;
IME;
Prototrophie 1
Auxotrophie
Activité des communautés
-------·-------
Assimilation des composés Régénération
Je
l'azote
carbonés. ammoniacal.
Figure 1
\1i·r
lwdol<>!!Îe
d'étude des communautés bactériennes. Structure et
activité.
Metlwdology usedfor the study
of
bacterial commirnities. Structure and
activity.
295
SUCCESSION
DE
COMMUNAUTËS
BACTËRIENNES
RÉSULTATS
Structure
et
physiologie des communautés bactériennes
Les observations faites lors de deux expériences de
production
planctonique continue (printemps et
automne
1977)
nous
ont
permis de mettre en évi-
dence des successions de populations en relation avec
l'évolution
du
phytoplancton (Bianchi,
Martin,
1978;
Martin,
Bianchi, 1980). Les données recueillies
nous
ont
conduit
à considérer l'existence de deux
communautés
bactériennes différentes qui semblent
prédominer
selon
que
le
phytoplancton
est en
bon
état
physiologique
ou
au
contraire sénescent (Martin, Bianchi, 1980) :
-
la
première
communauté
est associée à
la
phase de
croissance exponentielle
du
phytoplancton
et
au
début
du
plateau de chlorophylle. Elle est caractérisée
par
un
peuplement bactérien dominé
par
des souches
apparen-
tées
au
genre Pseudomonas, et
la
diversité des écotypes est
élevée. L'équipement en exoenzymes des bactéries est
identique à celui des conditions initiales. L'indice
moyen
d'utilisation des composés carbonés est plus
important;
-la seconde se
met
en place lors
du
déclin
du
phytoplancton,
et
présente des caractéristiques différen-
tes qui se manifestent
par
une
dominance
des vibrions
halophiles, une faible diversité,
la
diminution de l'indice
d'utilisation des composés carbonés,
la
forte
augmenta-
tion
de
l'équipement en exoenzymes des souches, ainsi
qu'une
plus forte
proportion
d'espèces
auxotrophes
(Martin,
1979).
Ce
schéma
paraît
également justifié
sur
le
plan
de
l'activité hétérotrophe,
dont
l'intensité
peut
être reliée à
l'excrétion phytoplanctonique de vivo
ou
à
la
lyse des
cellules lors
du
déclin
du
phytoplancton
(Cabet,
Martin,
1978).
Au cours de ces expériences, l'étude de la structure et
de
la
physiologie des communautés bactériennes a été réalisée
à
partir
des informations obtenues
par
l'analyse
d'échantillons de souches isolées
sur
milieu 2216 E
(Oppenheimer, Zobell, 1952).
Dans
certains cas,
nous
avons utilisé
d'autres
milieux
de
numération,
chimique-
ment
définis
non
peptonés,
dont
la
composition a été
décrite
par
ailleurs
(Martin,
1979).
Dans
le bassin
expérimental, ces milieux
ont
parfois
montré
une
abondance
de bactéries nettement plus élevée
que
celle
estimée
sur
milieu 2216 E,
notamment
en
périodes de très
fortes floraisons phytoplanctoniques.
Par
contre, cela ne
fut
jamais
le cas
pour
le
flux
d'eau
entrant
provenant
de
la
lagune.
Nous
avons analysé la structure des
communautés
bactériennes à
partir
des souches isolées de ces différents
milieux
dans
ces conditions particulières (milieu 2216 E :
peptone
et extrait de levure; trois milieux chimiquement
définis,
de
composition de base identique mais différents
entre
eux
par
la source d'azote). L'échantillon
de
souches
isolées
sur
milieu 2216 E se différencie nettement de ceux
prélevés
sur
milieux chimiquement définis,
par
ses
propriétés physiologiques (capacité
de
production
d'exoenzymes et d'ammonification plus
importante
pour
l'échantillon 2216 E;
proportion
de souches
auxotrophes
Y.
P.
MARTIN
Tableau 1
Structure des populations bactériennes estimée à partir d'échantillons
de
souches prélevées sur différents milieux de numération.
Structure
of
the bacteria/ populations estimated from samples
of
strains iso/ated on different counting media.
Milieux d'isolement
Nombre de souches étudiées
Nombre d'écotypes différents
indice de Shannon H
Dominance, pour-cent
de
fréquence de :
l'écotype dominant d 1
les
deux écotypes
les
plus abondants d 2
2216E
(peptone et
extrait de levure)
23
19
4,14
13
21,8
Milieux chimiquement défmis
D
(azote ammoniacal B A
et
aminé) (azote ammoniacal) (dépourvu d'azote)
24
23 24
7 4 7
1,93
0,92
1,99
54,2 82,6
45.8
79,2
91,3
79,2
Appartenance taxonomique (fréquences exprimées en pourcentage)
Pseudomonas
Flavobacterium
Vibrio
Bactéries bourgeonnantes
Spirilles
Microcyc/us
Beijerinckia 1 Der xia
Indéterminé
21,7
8,3
0,0
34,8 0,0 0,0
8,7 4,2 0.0
8,7 0,0 0,0
13,0 4,2 0,0
8,7 0,0 0,0
0,0 83,3 100,0
4.4 0.0 0.0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
0.0
plus faible) et
surtout
structurales (tableau
1).
La
composition taxonomique des échantillons
met
en
évidence l'importance des azotobactériacées
dans
ces
écosystèmes phytoplanctoniques à effectifs très élevés
(teneur
en
chlorophylle a
de
70
mg/m
3
dans
le cas étudié
ici).
Lors
de
cette analyse, le
nombre
de bactéries
obtenu
sur
milieux chimiquement définis
était
sept fois plus élevé
que
sur
le milieu 2216 E. Ces données permettent
d'envisager l'existence
d'une
troisième communauté
bactérienne particulière
dans
certains cas.
Succession écologique, activité hétérotrophe et facteurs de
sélection des différentes communautés
Nous
avons
pu
suivre
la
succession de ces différentes
communautés bactériennes
au
cours
d'une
expérience de
production
phytoplanctonique (printemps 1978), et
analyser l'activité hétérotrophe ainsi que les relations de
ces communautés avec le
phytoplancton
(Martin, 1979).
Quelques ré,sultats de cette expérience sont présentés
sur
la
figure 2 (A, B, C).
log
bact./ml
A
chl.l
~dpm
mo;
c
so
so
10
3<>/3
1/4
10
15
20
296
L'examen de ces figures permet de délimiter grossière-
ment
trois périodes,
correspondant
à
l'apparition
des
trois communautés bactériennes distinctes :
-
du
2
au
5 avril
:période
d'installation
du
peuplement·
phytoplanctonique avec des organismes en
bon
état
physiologique.
Figure 2
Évolution des communautés phytoplanctoniques et bactériennes au
cours d'une production printanière continue de phytoplancton.
A.
Numérations bactériennes : milieu 2216 E (OZ); milieu
chimiquement défini dépourvu d'azote
(A);
bactéries protéolytiques sur
milieu gélose-gélatine (G); vibrions halophiles sur milieu TCBS
(Yb).
B.
Activité hétérotrophe estimée à partir de l'assimilation
de
différents
composés marqués au
14
C (glucose, Gu; serine,
Se;
glutamate, Gt;
pyruvate, Py et glycolate, Gy), exprimée
par
le
log. du nombre
de
désintégration par minute des organismes (log DPM).
C. Biomasse et activité du phytoplancton
:.__.,chlorophylle
a;
x · · · ·
x,
potentiel photosynthétique (
14
C-bicarbonate);
•-
-•.
production primaire excrétée.
Development
of
phytoplankton and bacterial communities during a
continuous production
of
phytoplankton, in spring.
A.
Bacterial counts:
2216
E medium (OZ); nitrogen free medium (A);
proteolytic bacteria on gelatin-agar medium (G); halophilic vibrios on
TCBS-agar (Vb).
B. Heterotrophic activity jrom the assimilation
of
different /abe/led
substrates
('
4C-glucose,
Gu;
14
C-serine, Se;
14
C-glutamate,
Gt;
14
C-pyruvate,
Py;
14
C-glycolate, Gy), estimated
by
the log.
of
desintegration number per minute from the organisms (log DPM).
C. Biomass and activity
of
phytoplankton:
e--e
chlorophyl/
a;
x , · · ·
x,
photosynthetic potential (
14
C-bicarbonate);
•-
-•.
extracel-
lular release.
Le
nombre de bactéries estimé sur milieu
2216
E est en
équilibre avec l'excrétion du phytoplancton, de même
que l'activité hétérotrophe qui est cependant modérée.
Les composés organiques excrétés par
le
phytoplancton
sont responsables de la stimulation des bactéries, dont
l'indice moyen d'utilisation des composés carbonés
présente un accroissement durant cette période (Martin,
Bianchi,
1980);
-du
15
au
21
avril : apparition des communautés
bactériennes associées aux écosystèmes phytoplanctoni-
ques à fortes concentrations cellulaires avec des
effectifs
bactériens très élevés sur milieu
A,
dépourvu d'azote.
L'apparition de ces bactéries coïncide avec les plus forts
taux d'excrétion du phytoplancton avec, en particulier,
l'excrétion de matériel constitué de
90
à
93
%d'hydrates
de carbone (G. Cahet, comm. pers.). C'est probablement
un facteur essentiel de la sélection de ces souches;
- à partir du
24
avril, on note une forte augmentation
des souches protéolytiques et des vibrions halophiles,
le
dernier
jour
du plateau de chlorophylle. Cette
exubérance de souches bien équipées en exoenzymes,
donc susceptibles d'hydrolyser les polymères organiques,
ne survient comme dans
les
expériences antérieures
(Martin, Bianchi,
1980)
que lors de la disparition de tout
ou partie des composants des communautés phytoplanc-
toniques, et elle est probablement consécutive à la lyse
des cadavres, de même
qu'à
une importante libération de
substances complexes dans
le
milieu. La proportion de
souches auxotrophes est élevée dans ces communautés.
Cette augmentation du nombre
de
protéolytiques et de
vibrions est accompagnée d'une forte activité hétérotro-
phe qui atteint alors son maximum dans cette expérienct.
Bell et Mitchell
(1972)
et Herbland
(1975)
ont insisté sur
cette importante activité hétérotrophe à la mort
du
phytoplancton.
On
peut remarquer que cette activité
paraît indépendante de la microflore bactérienne
«totale»,
qui montre ici une diminution. Diverses
expériences nous ont montré que c'est également durant
Tableau 2
SUCCESSION
DE
COMMUNAUTÉS
BACTÉRIENNES
cette période que peuvent être observés
les
plus forts taux
de régénération d'ammoniac à partir des substances
azotées (Martin,
1979).
DISCUSSION
A partir de ces différentes observations, on peut tenter
d'appréhender les caractéristiques essentielles des
communautés bactériennes associées aux divers stades
d'évolution de l'écosystème phytoplanctonique expéri-
mental,
afiri
d'analyser la succession de ces commu-
nautés.
Caractéristiques des différentes communautés : hypothèse
sur les stratégies adaptatives des composants
On
peut délimiter trois ensembles selon que
le
phytoplancton est :
-en bon état physiologique au début du plateau de
chlorophylle, ce qui correspond à un système de
production à dominante primaire (système P);
-sénescent,
il
s'agit alors
d'un
système de régénération
(système
R);
-très dense sur
le
plan des effectifs cellulaires, ce qui
semble constituer un cas particulier, notamment lorsque
les taux d'excrétion phytoplanctonique sont très élevés
(système FC). Les caractéristiques de ces différentes
communautés sont résumées dans
le
tableau
2.
On
peut remarquer une nette différence entre
les
populations du système de production primaire,
nutritionnellement versatiles, d'effectif élevé et d'acti-
vité réduite, et
les
représentants caractéristiques du
système de régénération, vibrions bien équipés
en
exoenzymes, dont les
effectifs
sont réduits mais dont
l'activité métabolique paraît très importante. Ces
observations rejoignent
les
conceptions déjà anciennes de
Winogradsky
(1949)
sur la proportion d'espèces
« zymogènes
>>
ou « autochtones » dans les commu-
nautés bactériennes des sols, reprises plus récemment en
Caractéristiques des communautés bactériennes associées aux différents stades d'évolution de l'écosystème phytoplanctonique.
Characteristics
of
the bacterial communities, associated to the differents stages
of
deve/opment
of
the phytoplankton ecosystem.
Structure
Physiologie
Activité hétérotrophe
Facteurs de sélection
Système P
Peuplements phytoplanctoniques im-
matures en bon état physiologique
(stade
1).
Peuplements taxonomiquement diver-
sifiés
: Pseudomonas et genres appa-
rentés dominants. Diversité des
écotypes élevée.
Équipement en exoenzymes moyen.
analogue à celui des conditions ini-
tiales, oligotrophes. Souches nutri-
tionnellement versatiles.
Système F.E.
Peuplements paucispècif1ques en état de
stress physiologique, taux d'excrétion
très importants.
Faible diversité; sélection
d'un
petit
nombre d'espèces. Azotobactériacés
dominants.
Souches peu équipées en exoenzymes;
indice d'u'tilisation des composés
carbonés élevé.
ProtoLrophes. Auxotrophes.
Proportionnelle
au
matériel organique Proportionnelle
au
matériel organique
excrété. excrété
Stimulation des espèces autochtones
par l'excrétion du phytoplancton. Sélection
de
certaines espèces
consécutive aux taux d'excrétion
élevés (hydrates de carbones en
particulier).
297
Système R
Période de mortalité des composants
des populations. Apparition de
dinoflagellé zooplancton.
Faible diversité: sélection d'un petit
nombre d'espèces. Vibrions domi-
nants.
Équipement en exoenzymes impor-
tant. · Sélectivité nutritionnelle
marquée.
Auxotrophes.
Proportionnelle
au
matériel organique
· issu de la lyse des cellules; très forte
activité.
.Sélection d'espèces ((zymogènes» par
la richesse du milieu en matériel
organique complexe.
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