DOSSIER PÉDAGOGIQUE AVEC LE SOUTIEN DE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE Le Petit Prince MICHAËL LEVINAS SAISON1415 WWW.GENEVEOPERA.CH/PEDAGOGIE +41(0)22 322 51 72 Le Petit Prince Opéra de Michaël Levinas Livret de Michaël Levinas, d’après Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (© Editions Gallimard. 1946) Co-commande de l’Opéra de Lausanne et de l’Opéra de Lille Nouvelle production Coproduction de l’Opéra de Lausanne, de l’Opéra de Lille, du Grand Théâtre de Genève, de l’Opéra Royal de Wallonie, et en collaboration avec le Théâtre du Châtelet (Paris) Créé à Lausanne, à l’Opéra de Lausanne, le 5 novembre 2014 Préoccupé par les exigences de son unique fleur, le Petit Prince quitte sa planète est arrivé sur Terre pour se faire des amis. Mais les grandes personnes et les animaux qu’il a rencontrés l’ont étonné ou déçu jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance d’un aviateur en panne dans le désert avec son avion. Guidé par la fragilité et la candeur du Petit Prince, celui-ci finit par découvrir un puits dans le désert : « Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part. » Puis peu à peu le Petit Prince explique au narrateur qu’il va devoir rentrer sur sa planète pour s’occuper de sa fleur dont il se sent désormais « responsable. » Mais il ne pourra pas emporter son corps trop lourd. Un serpent qui ne parle que par énigmes, a accepté de l’en libérer. En compagnie de l'aviateur, l’étonnant « petit bonhomme » revient sur le lieu exact de sa chute sur Terre. « il n’y eut rien qu’un éclair jaune près de sa cheville. » Six ans après le narrateur se souvient : « Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit à cause du sable. » Depuis ce jour, le Petit prince rie éternellement dans les étoiles. Les Jeunes au cœur du Grand Théâtre Programme pédagogique du Grand Théâtre de Genève avec le soutien de la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet et en collaboration avec le Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport de la République et canton de Genève Dossier réalisé par Isabelle Ravussin, Opéra de Lausanne, octobre 2014 et complété par Kathereen Abhervé, décembre 2014 ! 2! Table des matières Introduction 4 Rôles et distribution 5 La genèse du Petit Prince 6 En bref 8 Les personnages de l’histoire 9 Les planètes que visite le Petit Prince 10 Thématiques du Petit Prince 12 Antoine de Saint-Exupéry en quelques dates 14 Le Petit Prince, un opéra pour le jeune public et le moins jeune 16 La musique de Michaël Levinas : la presse en parle 17 À propos du compositeur 18 La metteure en scène Lilo Baur s’exprime sur son travail 19 À propos de la metteure en scène 20 À propos du chef d’orchestre 21 Annexe hors pagination : Notes et une page extraite de la partition du Petit Prince ! 3! Introduction Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants qui assisteront aux représentations scolaires de l’opéra Le Petit Prince de Michaël Levinas, les jeudi 8 et vendredi 9 janvier 2015, à 14h15 au Bâtim ent des Forces M otrices. Ce dossier a été réalisé à l’intention des enseignants par Isabelle Ravussin, responsable des activités Jeune Public à l’Opéra de Lausanne et complété par Kathereen Abhervé. Ce dossier contient suffisamment d’informations pour assurer une bonne préparation au spectacle des élèves du primaire et du cycle d’orientation. L’opéra Le Petit Prince, commandé à Michaël Levinas par l’Opéra de Lausanne et l’Opéra de Lille, a été créé à l’Opéra de Lausanne, le 5 novembre dernier, puis présenté en décembre sur la scène de l’Opéra de Lille. À ce jour aucun enregistrement n’a été réalisé. Nous ne pourrons par conséquent pas illustrer ce dossier d’extraits musicaux et comptons sur votre compréhension. Toutefois, nous vous proposons en annexe une page extraite de la partition de Michaël Levinas accompagnée de ses notes, que vous pourrez présenter à vos élèves afin qu’ils visualisent l’écriture musicale d’aujourd’hui. Nous espérons que vos élèves et vous-mêmes apprécierez ce spectacle « Jeune public » qui, après Genève, sera représenté au Théâtre du Châtelet de Paris puis à l’Opéra Royal de Wallonie. Nous vous remercions pour votre collaboration et vous donnons rendez-vous au Bâtiment des Forces Motrices. Kathereen Abhervé Chargée du service pédagogique du Grand Théâtre de Genève [email protected] 022 322 51 72 ! 4! Rôles et distribution Le Petit Prince de Michaël Levinas Co-commande l’Opéra de Lausanne et de l’Opéra de Lille Nouvelle production Coproduction de l’Opéra de Lausanne, de l’Opéra de Lille, du Grand Théâtre de Genève, de l’Opéra Royal de Wallonie, et en collaboration avec le Théâtre du Châtelet (Paris) Distribution Le Petit Prince Jeanne Crousaud L’Aviateur Vincent Lièvre-Picard La Rose Catherine Trottmann Le Renard/Le Serpent Rodrigo Ferreira La Rose multiple Céline Soudain Le Roi/L’Ivrogne/L’Allumeur de réverbères et L’Aiguilleur Alexandre Diakoff Le Vaniteux/Le Financier/Le Géographe Benoît Capt Avec la participation exceptionnelle de Patrick Lapp pour la voix du narrateur L’Orchestre de Chambre de Genève Direction musicale Arie van Beek Mise en scène Lilo Baur Décors et costumes Julian Crouch Lumières Fabrice Kebour Design vidéo Arthur Touchais & Grégory Casares / tolmao.ch Réalisation informatique musicale Augustin Muller Représentations scolaires : Jeudi 8 janvier à 14h15 et vendredi 9 février à 14h15 au Bâtiment des Forces Motrices, Place des Volontaires, Genève Durée 1h20 sans entracte L’édition musicale du Petit Prince a été possible grâce à André et Rosalie Hoffmann ! 5! Genèse du Petit Prince Pourquoi et comment Saint-Exupéry a-t-il donné vie à son Petit Prince ? Voici un sujet souvent discuté, plusieurs réponses et explications s’offrent aujourd’hui à nous. Un conte d’Andersen... Après l’armistice de 1940, Saint-Exupéry s’exile aux États-Unis. Hospitalisé pour soigner les séquelles de ses nombreux accidents, il est en train d’écrire Pilote de guerre. Pour le distraire, son amie, la comédienne Annabella, lui lit un conte d’Andersen : La Petite Sirène, ce qui lui aurait donné l’idée d’en écrire un aussi. Au même moment, René Clair, un autre ami, lui offre une boîte d’aquarelles. Cela tombe bien : Saint- Exupéry peut illustrer son histoire qui aurait pris naissance dans la solitude d’un lit d’hôpital. Il peut donner une vraie vie à ce petit personnage aérien qu’il n’arrête de dessiner depuis des années. Une com m ande... 1942. Saint-Exupéry dîne avec son éditeur américain Eugene Reynal. Comme à son habitude, il dessine sur la nappe des personnages inventés, dont un petit bonhomme. Séduit par cette silhouette d’enfant ailé, Reynal lui aurait proposé d’écrire un conte pour enfants, qu’il publierait à Noël. On raconte aussi que cette proposition serait venue de la part d’Elisabeth, l’épouse d’Eugene Reynal. Elle espérait offrir ainsi un remède au désœuvrement d’un auteur qui souffrait de son exil dans un pays qu’il n’aimait pas, blessé par l’accueil controversé de son dernier livre, Pilote de guerre, attaqué de toutes parts par ceux qui espéraient l’enrégimenter et lui en voulaient de ne pas partager leurs idées. Á m oins que... Selon d’autres sources, depuis sept ans au moins, Saint-Exupéry envisageait d’écrire un conte de fées. Dont le personnage principal aurait été un enfant..., son frère François, peut-être, qu’il aimait tant, perdu si jeune et qu’il nommait, à l’époque, dans leurs jeux, « le roi soleil »... D’ici à en faire un Petit Prince... Travail de nuit Sur les conseils de son ami Paul-Émile Victor, Saint-Exupéry s’achète des crayons aquarelles et quitte la jungle urbaine pour s’installer dans un manoir de Long Island. L’écrivain manie la plume à la nuit tombée, à grand renfort de café et de cigarettes. Il trace l’odyssée de son Petit Prince. En pleine nuit, il téléphone à ses amis pour leur en parler, solliciter leur avis. Parfois il leur demande de prendre des poses pour ses dessins. Le fils du philosophe De Konnick lui aurait servi de modèle pour certaines attitudes, le boxer de Sylvia Reinhardt pour un tigre, et le caniche d’un ami pour dessiner le fameux mouton. Parfois, épuisé, Saint-Exupéry s’endort sur son bureau. ! 6! Le livre enfin ! Saint-Exupéry travaille à son Petit Prince tout l’été et une partie de l’automne. A la fin de l’année 1942, il confie le manuscrit à son éditeur. Eugene Reynal fait traduire le texte et publie simultanément la version originale et la traduction anglaise le 6 avril 1943, au moment où Saint-Exupéry quitte les Etats-Unis pour rejoindre en Algérie les Forces françaises libres. La première édition française du Petit Prince sera publiée par les Editions Gallimard après la Libération et la mort de l’auteur, en 1946. ! 7! En bref L’auteur, aviateur, tombe avec son avion en plein désert du Sahara. Pendant qu’il s’efforce de réparer son appareil, apparaît un petit garçon qui lui demande de lui dessiner un mouton. L’auteur apprend aussi que ce « Petit Prince » vient de l’astéroïde B 612 où il a laissé trois volcans et une rose. Avant d’arriver sur la Terre, il a visité d’autres planètes et rencontré des gens bizarres : un roi, un vaniteux, un buveur, un allumeur de réverbères, un géographe... Sur la Terre, il a pu parler avec un renard qui lui a appris que pour connaître il faut « apprivoiser », et que cela rend les choses et les hommes uniques. « L’essentiel est invisible pour les yeux », dit-il. Pour retrouver sa rose, le Petit Prince repart chez lui en se faisant mordre par un serpent venimeux : c’est trop loin, il ne peut pas emporter son « écorce ». L’aviateur, qui a fini de réparer son avion, quitte lui aussi le désert. Il espère toujours le retour du Petit Prince et nous prie de le prévenir si jamais nous le rencontrons. ! (! Les personnages de l’histoire Les costumes et les décors ont été réalisés par le costumier, Julian Crouch Le Petit Prince et L’Aviateur, photo Marc Vanappelghem Le Petit Prince et L’Aviateur Le Roi - Le Vaniteux - Le Buveur - Le Financier (Le Businessman) - L’Allumeur de réverbères Le Géographe – L’Aiguilleur Le Serpent – La Rose - Le Renard - La Rose multiple. Le serpent, photo Marc Vanappelghem ! La Rose, photo Marc Vanappelghem )! Les planètes que visite le Petit Prince Chaque planète que visite le Petit Prince peut être perçue comme une allégorie de la nature humaine. Le Roi – astéroïde B 325 Dans le livre, le monarque que le Petit Prince rencontre, prétend qu’il règne sur tout et que son pouvoir est absolu. Son seul « sujet » est en fait un rat, qu’il dit entendre à la nuit tombée. Le roi exerce son pouvoir sur le soleil en lui ordonnant de se coucher à l’heure du coucher. Pour ne pas perdre la face ce drôle de roi donne des ordres « raisonnables » (« Je t’ordonne de t’asseoir »). Une façon comme une autre de satisfaire sa soif de pouvoir. Le Petit Prince n’est pas dupe et voit seulement en ce monarque une grande personne étrange. Photo Marc Vanappelghem Le vaniteux - astéroïde B 326 Coiffé d’un chapeau aussi voyant que ridicule, le vaniteux se voit comme le plus beau, le plus intelligent de sa minuscule planète. Le Petit Prince rappelle au vaniteux qu’il est seul sur sa planète, mais le vaniteux veut malgré tout être admiré, applaudi. Le Petit Prince reste perplexe face à autant de vanité : « Les grandes personnes sont décidément bien bizarres » se dit-il à luimême. Le buveur – astéroïde B 327 Il vit seul avec ses bouteilles et passe son temps à boire pour oublier qu’il a honte de boire. Le Petit Prince voit bien que cet homme est malheureux et veut l’aider. Le buveur s’enferme dans son silence et sa tristesse. Le Petit Prince est perplexe, face à cette grande personne qui tourne en rond. Photo Marc Vanappelghem ! 10! Le businessm an – astéroïde B 328 Photo Marc Vanappelghem C’est un gros monsieur très occupé qui n’a même pas le temps d’allumer sa cigarette. Il passe son temps à compter les étoiles qu’il dit posséder. Il consigne ces nombres sur une feuille qu’il dépose à la banque. Le Petit Prince tente de lui faire comprendre qu’il gaspille sa vie et que « posséder » c’est être utile à ce que l’on possède. Le Petit Prince lui parle alors de sa rose, qu’il arrose et protège. Le businessman en reste sans voix. Le Petit Prince est de nouveau déçu par les grandes personnes. L’allum eur de réverbères – astéroïde B 329 Le Petit Prince est tout abord, séduit par ce personnage. Son métier est utile : on allume le réverbère au coucher du soleil. Mais la planète de l’allumeur tourne de plus en plus vite et ce dernier doit sans cesse éteindre et rallumer son réverbère. « C’est la consigne » dit l’allumeur au Petit Prince qui respecte, malgré tout, l’effort de cette grande personne. Photo Marc Vanappelghem Le géographe – Astéroïde B 330 C’est un vieil homme qui recueille, dans de grands livres, les informations des explorateurs qui viennent à lui. Sa planète est vaste, mais il ne sait pas s’il y a des fleuves ou des montages car « le géographe est trop important pour flâner ». Le géographe apparait comme quelqu’un qui a besoin du récit des autres pour connaître les choses, alors que pour le Petit Prince l’effort est nécessaire pour connaître les choses. C’est le géographe qui envoie le Petit Prince sur la Terre en lui disant qu’elle a « bonne réputation ». Photo Marc Vanappelghem ! 11! Thématiques du Petit Prince Avec l’air de parler aux enfants, l’auteur du Petit Prince s’adresse à nous tous et son texte offre des niveaux de lecture divers et surprenants, du conte de fée au récit philosophique. Com prendre Le Petit Prince « L’essentiel est invisible pour les yeux », dit le renard. Le Petit Prince répète la phrase pour s’en souvenir, un moyen, pour l’auteur, de nous indiquer son importance pour la compréhension de l’histoire. Il l’avait déjà fait en commençant son texte avec les dessins de serpent boa « ouvert » et « fermé », susceptibles de nous indiquer que chaque chose, chaque être cache un trésor, un mystère que nous devons percer. Au-delà des apparences, il y a l’esprit qu’il faut découvrir avec le cœur. L’esprit L’esprit rend les choses uniques. Il est l’aboutissement de nos choix, de nos efforts, de l’amitié, de l’amour. Mille roses dans un jardin ressemblent à celle que le Petit Prince a laissée sur sa planète, mais celle-ci est unique parce qu’il l’a arrosée, parce qu’il l’a protégée, parce qu’il l’a « apprivoisée », pour reprendre les mots du renard qui ajoute : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » L’esprit crée des liens. Grâce à lui, le monde se peuple de signes : tel champ de blé rappelle les cheveux dorés du Petit Prince, les étoiles sont des grelots qui rappellent son rire, le ciel est habité de planètes où grincent de vieux puits parce que sur l’une d’entre elles vit un ami aviateur qui en avait trouvé un dans le désert. La vie véritable est dans l’esprit qui, au besoin, se passe bien de la matière, de « l’écorce. » Pour retrouver sa rose, Le Petit Prince sacrifie son corps de chair, il se fait mordre par le serpent venimeux. « J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai... », nous dit-il comme dernier message. Apprivoiser, aim er, se séparer... Dans le Petit Prince, nous retenons tous la leçon du renard : « si tu veux un ami, apprivoisemoi » (chapitre XXI). C’est à travers cet enseignement que le Petit Prince arrive à comprendre ce qu’il ressent pour sa rose : « Je crois qu’elle m’a apprivoisé » (chapitre XXI). Le Petit Prince comprend qu’en apprivoisant, il arrive à faire sortir de la « masse » un être qui devient, pour lui, « unique au monde ». Par ces mots Saint-Exupéry veut nous faire comprendre que nos yeux seuls ne peuvent pas percevoir la singularité d’un individu, d’une chose. Ces derniers sont enfermés dans leur apparence et c’est seulement en les apprivoisant que nous pourrons les connaître et apprécier leur singularité. « Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles. Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire... » (Chapitre XXI). C’est grâce à la somme de ces efforts que le Petit Prince a rendu sa rose unique au monde et qu’il en est tombé amoureux. ! 12! Il faudra au Petit Prince un voyage d’un an pour comprendre ses sentiments envers sa rose. Comprendre que le plaisir d’une rencontre se termine par la douleur d’une séparation. Apprivoiser un être, c’est accepter de le voir disparaître un jour ou l’autre. La « disparition prochaine » de sa rose, c’est ce qui plonge le Petit Prince dans la mélancolie et qui le pousse à se laisser mordre par le serpent pour la rejoindre sur B612. Les « grandes personnes » Hélas, avec l’âge, les enfants perdent le don qui leur permet de vivre naturellement en rapport avec l’esprit. Ils deviennent des « grandes personnes » dont la seule préoccupation est l’utile. Piégées par le côté matériel, vulgaire de l’existence, victimes de leur vanité, de leur cupidité ou de leur paresse intellectuelle, les « grandes personnes » jugent le propos de quelqu’un d’après son costume (c’est le cas de l’astronome turc), évaluent la beauté d’une maison d’après son prix et croient connaître un jeune ami d’après les revenus de son père. Pourtant l’enfant d’autrefois n’est pas mort : il est seulement enseveli et une expérience telle que la rencontre de l’aviateur (qui a « un peu vieilli ») avec Le Petit Prince lui permet de ressusciter. La sollicitation Puisque l’esprit, que l’on ne voit pas avec les yeux, est l’effort d’apprivoiser, de créer des liens, puisqu’il est, somme toute, la part d’imagination et d’amour que nous mettons dans les choses, la lecture du texte devrait suffire pour lui donner naissance. Au fil des pages, Le Petit Prince devient notre ami parce que nous lui accordons notre temps, parce que nous l’apprivoisons. Le conte de Saint-Exupéry n’est pas une leçon mais une sollicitation. Le Petit Prince et le Renard – Photo Marc Vanappelghem ! 13! Antoine de Saint-Exupéry en quelques dates 1900 - 29 juin : Naissance d’Antoine Jean-Baptiste Marie Roger de Saint-Exupéry, troisième enfant de Jean de Saint-Exupéry, inspecteur d’assurances, et de Marie de Fonscolombe. Le nom de SaintExupéry figure dans la salle des Croisades à Versailles. 1904 à 1917 - Élevé au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix, au Mans, et au collège Saint-Jean de Fribourg, en Suisse. En 1912, pendant les vacances d’été, Antoine effectue son baptême de l’air sur l’aérodrome d’Ambérieu en Bugey. 1917 – Juin : Saint-Exupéry est reçu bachelier. – Juillet : mort de son frère cadet François. SaintExupéry prépare l’examen de l’École navale en classe de mathématiques spéciales au lycée Saint-Louis à Paris, puis au lycée Lakanal à Sceaux. 1919 - Admissible à l’Ecole navale, Saint-Exupéry échoue à l’oral. 1920 - Élève à l’école des Beaux-arts (section architecture). 1921 - Service militaire au 2e régiment d’aviation à Strasbourg. Saint-Exupéry passe son brevet de pilote civil et militaire. 1922 - Promu souslieutenant, affecté au 34e régiment d’aviation au Bourget. Janvier 1923 - accident d’avion au Bourget (fracture du crâne). Saint-Exupéry quitte l’armée. 1923 à 1925 - Fiançailles, rompues après 3 mois, avec Louise de Vilmorin. Saint-Exupéry est contrôleur de fabrication aux Tuileries de Boiron, puis représentant des camions Saurer. 1926 – 1er avril : sa nouvelle L’Aviateur est publiée dans la revue Le Navire d’argent. – Octobre : engagé par la Compagnie Latécoère qui va devenir l’Aéropostale, et qui assure les liaisons aériennes entre Toulouse et Dakar, prolongées, à partir de 1928, jusqu’à Buenos Aires, puis jusqu’à Santiago de Chili et la Terre de Feu. 1927 - Octobre : nommé chef d’aéroplace à Cap Juby, au sud marocain, Saint-Exupéry rédige Courrier Sud. 1929 – Nommé directeur de « l’Aeroposta Argentina », Saint-Exupéry s’installe à Buenos Aires. Les éditions Gallimard publient Courrier Sud. 1930 - Juin : Accident de Guillaumet. Son avion s’écrase dans les Andes. Saint-Exupéry entreprend plusieurs vols pour le retrouver. Guillaumet réussit à se sauver en traversant les montagnes à pied. 1931 – Avril : mariage avec Consuelo Suncin (1902-1979), d’origine salvadorienne mais de nationalité argentine. – Mai à décembre : Saint-Exupéry est pilote de nuit sur la ligne Casablanca-Port Etienne. – Publication par les éditions Gallimard de Vol de nuit, qui obtient le prix Femina. ! 14! 1932 à 1933 - En poste à Casablanca, puis, après la disparition de l’Aéropostale, pour faire face à des difficultés financières auxquelles il ne réussira jamais à échapper, Saint-Exupéry s’engage comme pilote d’essai. Accident dans la baie de Saint-Raphaël. 1934 à 1935 - Réinstallé à Paris, Saint-Exupéry voyage en Afrique du Nord et en Indochine. Le journal Paris-Soir, l’envoie en reportage à Moscou. Il participe au raid Paris-Saïgon, nouvel accident : son avion s’écrase en plein désert, à 200 kilomètres du Caire. 1936 – Le journal L’Intransigeant l’envoie en Espagne, pour un reportage sur la guerre civile. Saint-Exupéry écrit un scénario à partir de Courrier Sud. Pierre Bion réalise le film. 1937 – À la sollicitation d’Air France, Saint-Exupéry prospecte une ligne aérienne entre Casablanca et Tombouctou. Il écrit le scénario d’Anne-Marie. – Octobre à novembre : Saint-Exupéry dépose quatre brevets d’invention. 1938 – Janvier : voyage aux États-Unis. – Février : parti de New York pour atteindre la Terre de Feu, nouvel accident au Guatemala (sept fractures du crâne). 1939 – Février : publication par les éditions Gallimard de Terre des hommes qui obtient le Grand prix du roman de l’Académie française. – Septembre : mobilisé à Toulouse comme instructeur, il réussit à se faire verser dans le groupe de reconnaissance 2/33, cantonné à Orconte. Saint-Exupéry accomplit des missions dangereuses. Ses missions, notamment du côté d’Arras, lui inspirent les pages de son nouveau livre : Pilote de guerre. 1940 – Le groupe 2/33 est replié à Alger. Démobilisé, Saint-Exupéry finit par partir, en décembre, pour les États-Unis. 1942 – Parution simultanée de Pilote de guerre en France (où le livre est interdit par les autorités de Vichy) et aux États-Unis, en version anglaise. – Eté-automne : Saint-Exupéry rédige et illustre Le Petit Prince, dédié à son ami Léon Werth. 1943 – Avril : les éditions Reynal et Hitchcock publient Le Petit Prince à la fois en français et en traduction anglaise. – Mai : Saint-Exupéry se rend en Algérie pour rejoindre le groupe 2/33 intégré aux Forces françaises libres. Du fait de son âge, il ne réussit que difficilement à se faire accepter comme pilote. 1944 – L’escadrille s’installe en Corse. Saint-Exupéry est promu commandant. Il est autorisé à effectuer cinq missions, il en accomplira huit. – 31 juillet : Pour sa 9e mission, Saint-Exupéry est envoyé en reconnaissance pour préparer le débarquement en Provence. Son avion est abattu par un pilote allemand et disparaît en mer. 1948 - Publication posthume de Citadelle. 1998 - Au large de Marseille, Jean-Claude Bianco, un pêcheur remonte dans ses filets une gourmette au nom de Saint-Exupéry. 2000 à 2003 - Une épave de Lightning est retrouvée près de l’île de Riou. Le numéro de série figurant sur la carlingue permet d’identifier l’avion comme étant celui de Saint-Exupéry. ! 15! Le Petit Prince, un opéra pour le jeune public et le moins jeune Note d’intention de Michaël Levinas D’emblée mon adaptation du Petit Prince ne s’est pas réduite au seul texte, tout en respectant son intégrité et sa perfection. Dans cette adaptation, le passage de l’imparfait au présent est au cœur de l’écriture théâtrale et de sa forme musicale et lyrique. Les dessins de Saint-Exupéry constituent avec le texte une unité totale. Leurs tremblés constituent aussi la mémoire inoubliable de ce Petit Prince si grave, de ces espaces et ces planètes qu’il traverse en sept jours (la Création du monde) quittant la Rose, unique parmi les roses de l’univers, avant de s’égarer sur notre Terre et rencontrer les créatures vivantes de Dieu dont le dangereux Serpent d’un Eden perdu ! Sept jours pour découvrir ce que la proximité avec « l’autre » engage de responsabilités, d’attachements et de larmes. Apprivoiser le Renard ? Ce serait devenir des inséparables, adultes et souffrants. Le Petit Prince pleure sur notre terre d’adulte. Il lui faut partir rejoindre son amour, la Rose ? Où ? Cet opéra se voudrait donc chanter l’adresse faite par Saint-Exupéry. [...] La structure du texte est déjà construite par Saint-Exupéry sous forme de dialogues principalement, ce qui constitue déjà une forme adaptée au théâtre. Les infinies variations de la langue, la syntaxe, la variété polyphonique des voix, (voix d’adulte, voix animale, voix d’enfant, voix d’ivrogne, voix de la rose amoureuse et duplice) appellent le chant lyrique et le mouvement du corps : le Serpent rampant, le Renard... Les espaces, l’infini de l’univers, les voyages à travers les utopies et les astres ouvrent la scène vers l’au-delà, l’au-delà d’où venait le Petit Prince et auquel il s’en va retourner. C’est une échappée fascinante. La scène de théâtre nous projette hors de son périmètre terrestre. [...] Le mythe théâtral du Petit Prince, a une dimension presque mozartienne. Il exprime à la fois le merveilleux et la grâce mais aussi la fragilité ultime et la gravité face au réel humain et impitoyable ; c’est là sa force paradoxale. ! 16! La musique de Michaël Levinas : la presse en parle Extrait de l’article de Christian Merlin (Le Figaro, mardi 11 novembre 2014) Habitué à analyser les grands chefs d’œuvre de l’art lyrique dans sa classe au Conservatoire de paris, et à accompagner des récitals de mélodies en tant que pianiste, il revient a une vocalité classique, quitte a multiplier les références : L’Enfant et les Sortilèges, Pelleas. [...] Nettement plus personnelle est son écriture orchestrale, prolongée par l’électronique : on y retrouve son attrait pour les boucles tournoyant sur elles-mêmes, créant cet au-delà poétique envoutant sans lequel on s’en tiendrait a un premier degré prosaïque. Extrait de l’article signé M.L.N (Classica, décembre 2014) La partition attachée à une esthétique spectrale, véritable musique des sphères, entre en parfaite symbiose avec l’esprit du texte, tandis que la vibration élaborée du son s’allie à une recherche intégrée de l’électronique. Extrait de l’article de Julian Sykes (Le Temps, vendredi 7 novembre 2014) « Le compositeur français savait qu’il s’attaquait à un monument de la littérature enfantine – encore qu’il s’agisse d’un livre à la portée universelle. Il n’a pas cherché à se mettre à hauteur d’enfant. Sa musique développe une vocalité contemporaine, plus narrative que lyrique. L’orchestration, centrée autour d’un piano et de claviers numériques, est riche et évocatrice. Certains sons sont traités électroniquement. Il y a une couleur spectrale dans cette partition, aux sons diffus, résonnants, parfois distordus, qui repose sur des motifs récurrents. On frôle par moments l’excès dans la « répétivité », mais c’est ce qui crée par ailleurs un climat lancinant. Le motif de la chute – chute de l’avion, chute du monde – est omniprésent. Du reste l’opéra commence dans les airs. L’Aviateur doit faire face à une panne de moteur (que l’on entend dans la musique). Son engin finit par chuter dans le désert. Et c’est là que, revenu à lui-même, celui-ci tombe sur un « petit bonhomme » venu d’une autre planète. Leur rencontre débouche sur les premières pages célèbres du livre : « Dessine-moi un mouton ! » Chez Michaël Levinas, la proximité entre l’Aviateur et l’enfant aux cheveux blonds prend une tournure émotionnelle. [...] Le spectacle prend son véritable tempo dans la deuxième partie. [...] Le meilleur se situe dans la galerie de personnages accompagnés de vignettes musicales (le Roi, le Vaniteux, l’Ivrogne, le Financier, l’Allumeur de réverbères…), prodigieusement incarnés par Benoît Capt et Alexandre Diakoff. Et Rodrigo Ferreira personnifie avec beaucoup d’aisance le Renard (oscillant entre voix de tête et voix de poitrine) et le Serpent (splendide costume !). La partition de Michaël Levinas ne craint pas un ton naïf. Elle recèle une dimension illustrative, avec des échos à d’autres partitions du genre (comme L’Enfant et les sortilèges de Ravel). Mais elle ne verse jamais dans la facilité. Elle crée son propre univers, moins bavard que celui des Nègres, autre opéra de Levinas. [...] ! 17! À propos du compositeur Michaël Levinas Fils du philosophe Emmanuel Levinas et de Raissa Lévy qui lui transmettent le goût de la musique, des langues et de l’écriture, Michaël Levinas reçoit l’enseignement très classique et exigeant du CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Paris, menant de front des études d’accompagnement au piano, de direction d’orchestre et d’écriture. C’est dans cet établissement qu’il rencontre des maîtres comme les pianistes Vlado Perlemuter, Yvonne Lefébure ou encore Yvonne Loriod à laquelle il présente ses premiers essais de composition. Celle-ci le fait entrer immédiatement dans la célèbre classe de Composition d’Olivier Messiaen, tout en l’aidant à développer son répertoire pianistique. Parmi ses premières œuvres, citons Arsis et Thésis (1971), Clov et Hamm (1973), Appels (1974), Ouverture pour une fête étrange (1979), Froissements d’ailes (1975), Concerto pour un piano espace (1977- 1981), La cloche fêlée (1988), Par-delà (1994), Evanoui (2009) et Amphithéâtre (2012). Nombre de ses compositions sont reprises par les ensembles, festivals et institutions les plus prestigieux, en France et à l’étranger, tels le Festival de Donaueschingen, les Rencontres Internationales de Darmstadt, l’IRCAM, la Cité de la Musique, l’Ensemble intercontemporain, l’Ensemble Ictus, le Klang Forum, Le Balcon, Radio France, Multilatérales ou la Biennale de Venise. Michaël Levinas est un pionnier du renouvellement de l’écriture instrumentale et de l’élargissement de la palette sonore. En 1973, avec ses camarades de la classe Messiaen, Tristan Murail et Gérard Grisey, il crée l’Ensemble Itinéraire qui donne naissance au courant m usical Spectral et qu’il dirige durant une longue période. Il s’affirme également comme compositeur d’opéras. Depuis La Conférence des oiseaux (1985), il reçoit des commandes de la part de scènes européennes importantes et crée notamment Gogol (1996) d’après la nouvelle de Gogol Le Manteau, Les Nègres sur le texte de Jean Genet (2004), La métamorphose (2010) d’après le récit de Kafka. Son dernier opéra, Le Petit Prince d’après l’œuvre de Saint-Exupéry est une commande conjointe des opéras de Lausanne et de Lille et sera présenté dans ces deux théâtres ainsi qu’au Grand Théâtre de Genève, au Châtelet de Paris puis à Liège. Michaël Levinas est actuellement professeur au CNSM de Paris et Membre de l’Académie des Beaux- Arts de l’Institut de France. Sa discographie compte de nombreux enregistrements dont l’intégrale des Sonates de Beethoven et l’intégrale du Clavier bien tempéré de Bach sur piano moderne, ou encore des compositions de Debussy, Messiaen, Ligeti, Boulez. ! 18! La metteure en scène Lilo Baur s’exprime sur son travail Lilo Baur répondait aux questions de Benoît Payn, assistant dramaturge au Grand Théâtre de Genève, dans un article intitulé « Dessine-moi un opéra » paru dans ACT’O n° 21, novembre 2014 (extrait de l’interview) [...] Benoît Payn Quelles sont vos premières impressions sur ce nouvel opus de Michaël Levinas ? Lilo Baur Michaël Levinas est un compositeur que j’ai découvert à travers ce projet. Je trouve qu’il existe dans sa musique une grande profondeur. Il est parvenu à donner une dimension très profonde à cette histoire du Petit Prince, et la tâche n’est pas simple puisqu’il a fallu faire tenir tout ce que le livre comprend en juste quatre-vingt minutes de musique ! Quand on dit qu’il s’agit d’un opéra contemporain, les préjugés ne tardent pas à fuser. Mais en fréquentant cette musique tous les jours depuis un certain temps, () j’ai peu à peu été frappée par les nombreuses facettes qu’elle peut déployer à l’oreille curieuse et ouverte. Je pense que les enfants seront très ouverts à cette musique, c’est souvent les adultes qui ont des préjugés en matière d’opéra ! (rires) BP M. Levinas a d’ailleurs déclaré avoir écrit « pour les enfants et les adultes de toutes les cultures ». LB Oui. L’opéra est en français mais c’est vrai, on ressent ce postulat au niveau de la musique. On perçoit de temps à autre des petites comptines. Évidemment les enfants au Japon ne chantent pas les mêmes comptines qu’en Europe mais elles sont aussi souvent basées sur un matériel minimal, comme des mélodies basées sur seulement trois notes. Je pense que ces comptines sont propres à toutes les cultures et qu'elles interpelleront autant les petits Européens que les enfants d'ailleurs. BP Est-ce que vous avez également recherché à mettre au point un spectacle possédant différents degrés d’interprétation, tout comme c’est d’ailleurs le cas de l’œuvre de Saint Exupéry ? LB Je pense toujours que les enfants font preuve de beaucoup d’honnêteté lorsqu’ils voient un spectacle et quand ils s’ennuient, on s’en rend vite compte ! Ils dégagent une grande vérité lorsqu’ils sont spectateurs. C’est peut-être un peu difficile avec Internet et les technologies actuelles, les enfants n’ont certainement plus la même attention qu’il y a vingt ou trente ans. Se plonger dans un livre ou observer pendant un certain temps une image, cela est bien différent de ce à quoi est confronté un enfant d’aujourd’hui. Ils sont maintenant habitués à des changements, des enchaînements bien plus rapides. Je pense que c’est la musique qui va les emporter, eux et également les adultes. Au niveau du texte, il est intéressant de voir que Michaël Levinas a souvent privilégié les répétitions, comme le fameux « Dessine-moi un mouton ». Et ces répétitions peuvent faire rire les enfants tout comme elles peuvent être interprétées plus en profondeur par les adultes, comme une forme de harcèlement par exemple. Saint-Exupéry tenait à transmettre cette histoire d’amour qui est avant tout parlante pour les adultes. Quant aux enfants, je pense que c’est à travers le jeu et la musique que ce message sera véhiculé. BP Parmi tous les personnages que comportent la fable du Petit Prince, quel est celui qui vous tient le plus à cœur et pourquoi ? LB Ce doit être le Renard. Lorsqu’il parle avec le Petit Prince depuis seulement deux minutes, il lui dit : « Si tu veux m’apprivoiser, il faut aller plus loin ». Lorsque des enfants rencontrent d’autres enfants, ils ont tout de suite une approche que l’on n’a plus du tout une fois devenu adulte, c’est-à-dire cette forme particulière de curiosité qui quelles que soient leurs cultures ou leurs origines, les font s’approcher les uns des autres. Le Petit Prince a cette curiosité par rapport à tout tandis qu’avec le Renard il y a une sorte de jeu qui se met en place entre eux. Il fait découvrir au Petit Prince son amour pour sa Rose, c’est lui qui crée ces liens avec la fleur et il en est donc responsable. Musicalement aussi, ce personnage est entouré par tant de tendresse. C’est aussi lui qui dira « le plus important est invisible », comme la plupart des messages de Saint-Exupéry. ! 19! À propos de la metteure en scène Lilo Baur Née en Suisse, Lilo Baur commence sa carrière à Londres comme comédienne. Elle se produit au Royal National Theatre dans L’Orestie, mis en scène par Katie Mitchell, puis dans The Merchant of Venice mis en scène par Richard Olivier. Très remarquée dans le spectacle The three lives of Lucie Cabrol mis en scène par Simon McBurney, elle obtient le Dora Canadian Award de la Meilleure Actrice ainsi que le Prix de la Meilleure Actrice du Manchester Evening News. Membre du Théâtre de Complicité, elle joue dans The Visit, The Street of Crocodiles, Help I’m alive, The Winter’s Tale et Lights. En France, elle interprète Gertrude dans La tragédie d’Hamlet mise en scène par Peter Brook, Le Narrateur dans Le martyr de Saint Sébastien de Debussy avec le London Philharmonic Orchestra au Théâtre du Châtelet, et elle intervient pour la radio BBC dans To the Wedding et Crazy night. Parallèlement, elle joue au cinéma dans Bleakhouse de Justin Chadwick, Don Quixote de Peter Yates, The way we live now de David Yates, Vollmond de Fredi Murer, The Devils Arithmetic de Dona Deitch, How about Love de Stephan Haupt, 2010 ou encore Das Ende der Nacht de Tim Fehlbaum. Elle joue aussi dans le film à succès Le journal de Bridget Jones de Beeban Kiedron. En tant que metteure en scène, elle réalise Le roi cerf de Carlo Gozzi et Le conte d’hiver de Shakespeare au Théâtre Amore ainsi que Robinson Crusoe et Grimm & Grimm (Tales) au Théâtre Porta, à Athènes, Cuisines et dépendances de Jaoui et Bacri au Théâtre Micalet à Valence et 33 Svenimenti par Meyerhold d’après Tchekhov, au Théâtre Vascello à Rome. Lilo Baur collabore en outre avec Peter Brook pour les spectacles Fragments, à partir de textes de Samuel Beckett et Warum Warum. Ces dernières saisons, elle signe les mises en scène de Fish love d’après des nouvelles de Tchekhov et Le conte d’hiver de Shakespeare au Théâtre Vidy-Lausanne, Le mariage de Gogol pour la Comédie Française et Didon et Enée de Purcell à l’Opéra de Dijon. En 2012, Lilo Baur met en scène La Resurrezione de Haendel à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, Le 6e continent, une collaboration avec Daniel Pennac aux Bouffes du Nord et Ariane et Barbe Bleue de Paul Dukas à l’Opéra de Dijon. Récemment, elle réalise une nouvelle mise en scène pour la Comédie Française, La tête des autres de Marcel Aymé, spectacle qui reçoit le Prix Beaumarchais ; sa mise en scène de Lakmé réalisée à l’Opéra de Lausanne est reprise à Saint-Etienne et à Paris. ! "+! À propos du directeur musicale, Arie van Beek Né à Rotterdam, Arie van Beek travaille comme percussionniste dans des orchestres radiophoniques avant de s’orienter vers la direction d’orchestre. Ses professeurs de direction sont Edo de Waart et David Porcelijn. Après avoir été directeur musical de l’Orchestre d’Auvergne, il est, depuis 2011, directeur musical de l’Orchestre de Picardie et également, depuis septembre 2013, directeur musical de L’Orchestre de Chambre de Genève. Il est par ailleurs chef permanent du Doelen Ensemble à Rotterdam ainsi que chef d’orchestre, professeur et programmateur de concerts au Codarts (Conservatoire Supérieur de Musique de Rotterdam). Arie van Beek est chef invité d’orchestres français tels que l’Orchestre Lyrique Régional d’AvignonProvence, l’Orchestre Poitou-Charentes, l’Ensemble de Basse-Normandie, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Orchestre Régional de Cannes PACA, l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, l’Orchestre National des Pays de la Loire, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre Lamoureux, l’Orchestre Colonne, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, l’Ensemble Orchestral Contemporain et l’Orchestre des Champs-Elysées. Il travaille également en Hollande avec les orchestres Het Orkest van het Oosten, Het Brabants Orkest ou Het Nieuw Ensemble ; en Allemagne avec le Nordwestdeutsche Philharmonie et l’Orchestre Philharmonique de Iéna ; en Pologne avec le Sinfonia Varsovia ; en Espagne avec l’Orchestre de Grenade et en République Tchèque avec l’Orchestre Philharmonique Boruslav Martinù. De la musique baroque aux œuvres du XXIe siècle, son répertoire ne connaît pas de frontières. Ayant à cœur de promouvoir les œuvres d’aujourd’hui, il travaille avec les compositions de Jean-Pascal Beintus, Guillaume Connesson, Suzanne Giraud, Hans Koolmees, Dominique Lemaître, Kaija Saahario, Aulis Sallinen, André Serre-Milan, Klaas de Vries ou Peter Jan Wagermans, pour n’en citer que quelques-uns. Arie van Beek est Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres et a reçu, en 2008, la Médaille de la Ville de Clermont-Ferrand. Il est également titulaire du prestigieux Elly Ameling-Prize pour sa contribution depuis trente ans au rayonnement artistique de la ville de Rotterdam. Récemment, il a dirigé le Requiem de Verdi au Théâtre impérial de Compiègne. ! 21!