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Banques françaises. Le bilan d’une décennie (2001-2010).
Banques françaises
Le bilan d’une décennie (2001
-
2010)
Avril 2011
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Banques françaises. Le bilan d’une décennie (2001-2010).
On ne trouvera pas ici une chronique de la décennie 2001-2010. Nous ne parlerons ni de
l’affaire Kerviel, ni ne commenterons particulièrement les grandes opérations de fusions et
acquisition survenues ces dix dernières années. Notre objectif est seulement de laisser parler
les chiffres, pour capter des tendances fortes qui, manifestes au cours de la décennie
écoulée, paraissent devoir peser sur celle qui vient de commencer.
Ces deux dernières années, les résultats des principales banques françaises ont été bons et
même un peu heureux car très dépendant, de fait, du niveau des taux d’intérêts. Ces
résultats, dès lors, ne doivent pas masquer qu’au cours de la décennie, la rentabilité des
mêmes banques a finalement assez peu progressé malgré le regroupement des centres de
traitement, malgré des investissements informatiques soutenus, malgré des efforts pour
accroître la part des commissions dans les résultats. Aujourd’hui, les principales banques
françaises présentent des coefficients d’exploitation assez éloignés des meilleurs standards
internationaux.
Or, pour les principales banques françaises, toute amélioration de leur rentabilité paraît
aujourd’hui suspendue à trois grandes problématiques :
leur capacià se développer effectivement selon le modèle de banque universelle
qu’elles ont jusqu’ici suivi.
Les contraintes d’une réglementation bancaire devenue un véritable facteur
d’incertitude.
La possibilité de valoriser des clientèles de masse en moyenne peu rentables et vis-à-
vis desquelles les économies d’échelle atteignent vite leurs limites.
Alors qu’une nouvelle décennie commence, les principales banques françaises semblent à la
recherche d’un nouveau souffle. A cet égard, les trois problématiques isolées ci-dessus ont
ceci en commun qu’elles touchent aux fondamentaux des métiers bancaires. Si l’on y ajoute
certaines innovations techniques, en cours d’apparition, tout semble réuni pour voir
apparaître des évolutions majeures dans les dix ans qui viennent.
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Banques françaises. Le bilan d’une décennie (2001-2010).
TABLE DES MATIERES
METHODOLOGIE
1/ LES RESULTATS DES BANQUES
Une progression considérable du PNB. La part des commissions dans les résultats des
banques. Impact du coût de refinancement. Niveau des encours.
2/ LA RENTABILITE
Evolution du résultat net. Evolution du ROE. Quels facteurs explicatifs peuvent être retenus
pour expliquer le tassement des ROE bancaires en France, ainsi que dans d’autres pays ?
Evolution du coefficient d’exploitation. Le poids des effectifs. Charges liées aux SI. Le récent
développement de l’externalisation des activités des banques françaises.
3/ TROIS ENJEUX POUR LA DECENNIE QUI VIENT DE COMMENCER
3. I./ LES MODELES DE DEVELOPPEMENT
Le modèle de banque universelle. Le crédit à la consommation. La BFI. La Gestion d’actifs et
l’Asset Servicing. L’assurance et les produits non financiers.
3. II./ LES ENGAGEMENTS
Engagements par zones géographiques. Engagements par types d’emprunteurs. De Bâle II à
Bâle III. La course aux dépôts.
3. III./ LES STRATEGIES CLIENTELES
Des clientèles de masse gigantesques. La rentabilité des clients. La problématique du multi-
canal. La problématique de la fidélisation. Les problématiques de la tarification. Quelles
stratégies pour la clientèle de particuliers ? Comment les réseaux sociaux vont changer la
banque.
CONCLUSION
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Banques françaises. Le bilan d’une décennie (2001-2010).
METHODOLOGIE
La présente étude porte sur les cinq principaux groupes bancaires français : BNP Paribas,
BPCE, Crédit Agricole SA, Groupe Crédit Mutuel et Société Générale. Nous leur avons ajouté
la Banque postale. Nous avons voulu considérer BPCE comme un groupe à part entière,
plutôt que de suivre séparément les Caisses d’épargne et les Banques populaires, même si
cela limitait évidemment le champ d’observation, BPCE n’ayant été créé qu’en 2009.
Même si nous pourrons faire référence à d’autres établissements au cours de l’étude, les
données propres aux six groupes ci-dessus listés nous ont paru suffisantes pour dégager
quelques tendances fortes du marché bancaire français, auxquelles d’autres établissements
pourront sans doute apporter des réponses propres mais dont ils ne pourront s’affranchir.
Par ailleurs, nous avons voulu utiliser un panel de banques étrangères afin de mener des
comparaisons. Par commodité, il n’était guère possible d’y inclure un nombre élevé
d’établissements et nous avons finalement retenu deux banques américaines, trois
européennes et quatre issues de pays émergents. Quant aux Américaines et aux
Européennes, nous aurions bien entendu pu choisir d’autres établissements mais on ne peut
vraiment nous disputer la valeur de benchmark de Bank of America, Wells Fargo, HSBC,
Santander et Deutsche Bank. Quant aux « émergentes », le choix était bien entendu plus
difficile : qui retenir ? Les principales banques chinoises et indiennes sont souvent publiques
et ne paraissent pas tout à fait obéir aux mêmes critères de gestion que leurs consœurs
occidentales. Fallait-il prendre en considération la taille des pays ? Sans doute mais cela
n’aurait pas rendu le choix plus aisé. Au total, nous avons retenu quatre établissements dont
le dynamisme et la stratégie nous ont frappé au cours de la décennie passée : la brésilienne
Bradesco, la marocaine Attijariwafa Bank, le groupe malaisien CIMB et la libanaise Blom
Bank. Nous ne prétendrons pas que ces quatre établissements sont représentatifs du monde
émergent dans son ensemble (cela d’ailleurs aurait-il un sens ?) mais qu’ils témoignent au
moins de son dynamisme actuel.
Toutes les données fournies nominativement ci-après, c’est-à-dire concernant un
établissement nommément désigné, sont puisées à la seule source des rapports annuels et
documents de référence publiés par les établissements. Les autres données sont issues de
nos bases ou d’autres sources indiquées. Elles ne correspondent qu’à des moyennes.
Les chiffres 2010 n’étant pas forcément disponibles pour tous les établissements lors du
bouclage de la présente étude, nous indiquons parfois « 2009 ou 2010 » dans les tableaux. Il
convient de souligner, de manière générale, le manque d’uniformité de beaucoup de
données, d’un établissement à l’autre comme d’une année sur l’autre pour un même
établissement.
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Banques françaises. Le bilan d’une décennie (2001-2010).
1/ LES RESULTATS DES BANQUES
En 2009 et 2010, les principales banques françaises ont affiché des résultats excellents et
étonnants dans le contexte d’une économie morose, à faible croissance et à peine sortie des
effets d’une crise mondiale ayant mis de nombreuses banques en péril. Il convient donc de
sonder ces résultats et, en premier lieu, la formation du produit net bancaire. Ce dernier, sur
dix ans, a considérablement augmenté. Mais, outre les opérations de fusion et acquisition,
importantes tout au long de la décennie, cela s’explique d’abord par l’évolution du coût de
refinancement des banques ; lui-même très favorablement conditionné par la baisse
historique des taux d’intérêt ayant suivi la crise. Cela souligne combien les principales
banques demeurent dépendantes de cette variable exogène, contrairement à ce qu’on croit
souvent.
Une progression considérable du PNB.
Sur dix ans, on constate une forte, voire une très forte progression de ce que l’on considère
être le chiffre d’affaires des banques, le Produit Net Bancaire (PNB).
Ceci se constate en France…
… comme à l’étranger, à quelques exceptions près :
La crise a donc finalement peu contrarié l’activité des banques. Comment l’expliquer ?
*
PNB en milliards d' 2001 2005 2009 ou 2010
BNP Paribas 14,4 21 43 199%
Crédit Agricole SA 6,3 13,6 20,1 219%
Groupe Crédit Mutuel 7,9 9,6 13,6 72%
SocGénérale 13,8 19,1 26,4 91%
PNB en milliards 2001 2005 2009 ou 2010
Bank of America (USD) 34 56 120 253%
Wells Fargo (USD) 20,1 32,9 88,6 341%
Santander (€) 15,5 19,8 42 171%
Deutsche Bank (€) 30,3 25,6 28,5 -6%
HSBC (USD) 25,8 61,7 80 210%
Bradesco (R$) 9,4 21,3 28,3 201%
Attijariwafa Bank (MAD) ns 4,5 13,3 196%
CIMB Group (RM) 2,6 4,6 7,6 192%
Blom Bank (USD) 0,1 0,2 0,4 300%
1 / 47 100%
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